Pensées sous pluie.

Ce sont des idées plus ou moins poussées. Rien qui n'aille loin, essayer de construire.
Il y en aura d'autres, certainement.

Je ferme les yeux, me laisse bercer par la musique, douce, pleine, chaude. Je sens que mes mains s'animent, cherchent une plume. Les idées affluent, s'envolent et s'entrechoquent, mais ce qui sort n'est que fouillis. Faire le tri entre clair et obscur, entre rires et larmes. Faire le tri de tout ces mots dépareillés ou les assembler, les lier pour l'éternité, faire de tous un seul bloc.
Il y a ceux-là qui veulent chanter tandis que ceux-ci voudraient rêver. Un petit s'extirpe de l'amalgame pour me souffler un rire à l'oreille, et ce grand secoue le tas et crie que ses pleurs sont plus beaux. Plus beaux que qui? Que quoi? Que ces douceurs et ces tremblements? Je les prends tous dans mes bras, les serre contre mon corps et m'en imprègne le cœur. Ils sont moi autant que je suis eux, le fruit de mes entrailles.

Elle danse sous les vagues de la pluie déferlante, les vêtements collés à sa peau claire. Virevoltant, les pieds dans la boue, les yeux dans les nuages, entre ciel et terre, entre plein et vide, elle tourne, tourne, les bras tendus et les paupières baissées. La tête offerte aux vents, ses lèvres entrouvertes avalent l'eau tombante, muette pour un temps, le temps d'un rêve qui s'éternise. Sautillante de pointe en pointe, de main en main, l'aveugle n'a peur de rien. Les gouttes sur le sol sont la mélodie de sa vie, entrainante et joyeuse, éphémère, comme ces papillons d'un jour grillés aux flammes de leur amour.
Aux fenêtres les gens curieux observent, admirent. Les enfants sortent, rejoignent cette fée virvoltante et s'entrainent dans son jeu infernal. La mélodie de l'eau s'est muée en chant de rires. Ils s'apostrophent dans la mare qui grandit, s'éclaboussent de sourires sous les yeux fous du ciel qui n'en finit plus de pleurer. Il pleure le passé, le présent, le futur, tout amoureux qu'il est de la danseuse joyeuse et de ces gamins querelleurs.
Elle attrape leur mains, et dans une ronde effrénée ils traversent les villes, les maisons, les campagnes. A la troupe enfantine se lient mille adultes. Et c'est riants et chantants qu'ils atteignent l'orée des rêves où ils s'envolent en farandole.

Le ciel est bas sur nos épaules. Lourd, lourd de ces larmes trop salées qui coulent et nous inondent. La terre les boit et s'en sature, l'eau ruisselle, torrentielle, jusqu'à nos mains vides que l'on ne remplit pas. Il aurait fallut apprendre à recevoir pour savoir refermer les doigts. Comme l'air froid faisant de ces gouttes des lances de glace, nos lèvres ont perdu leur sourire et notre tête ses rêves. Il faut réapprendre à rire et retrouver les enfances perdues. Alors on se jette dans la quête éperdue de la réussite en courant. On ferme les yeux sur les échecs, les douleurs, on tourne le dos au passé, on sourit au futur. On espère. On s'emplit le cœur de certitudes et on s'évertue à ignorer les doutes. Ne pas douter, les doutes n'amènent que le questionnement, la peur, l'hésitation et l'échec. L'échec par absentéisme. L'échec par excès de prudence.
Avancer pour vivre au maximum et rejeter le ciel dans ses hauteurs. Libérer nos épaules pour y poser un enfant rigolard ou quelque oiseau parleur. Allons, n'avez vous pas vu passer la danseuse? C'est elle qu'il faut suivre, celle qui court après ses rêves, celle qui est trop criblée de flèches pour encore sentir leur pointe chauffée au rouge. Nous nous devons d'apprendre à rire de nos douleurs, à s'attendrir de nos terreurs et jouer à son image sous les pleurs du monde.

Spoiler:

Le corps las et l'esprit embrumé, elle frissonne. Elle n'a pas froid, le ciel est clair, c'est sa danse d'hier qui a trop durée. Ses yeux se sont vidés à regarder le soleil s'éloigner, ses mains se sont ridées à jouer dans le feu des années. Le temps qui passe, pages d'éphéméride que l'on déchire, jour après jours, mois après mois... Le temps qui passe, et la peur du néant qui s'en va grandissante. Les masques s'affaissent, pertes d'illusions par perte de volonté. Les pieds s'emmêlent dans les pas trop complexes, la chute n'est plus loin qui recueille nos soupirs.
Elle a voulu croquer la vie à pleine dent avant de réaliser que l'ont ne croque pas l'irréel. Flottant dans l'illusion de l'éternel, l'idée d'un paradis voulut s'imiscer en elle. Alors allongée dans l'herbe humide elle laisse les nuages refléter ses espoirs. Elle sait qu'ils reviendront, différents, déformés, mais présents.

Spoiler:

J'aime beaucoup, c'est triste, mélancolique mais délicat.

Comme tu le précises ce sont des idées. J'aimerais assez qu'elles soient poussées pour qu'on puisse s'y plonger véritablement. ce ne sont pour le moment que des avants-goûts qui titillent nos neurones alors qu'ils voudraient en être saturés jusqu'à l'extase.
La plupart des images que tu utilises ont déjà été vues et c'est pour ça entre autre qu'on aimerait que tu développes, pour que tu les dises avec tes mots à toi.

J'aime cette phrase par contre, c'est celle qui m'a marquée.

Citation :: Ses yeux se sont vidés à regarder le soleil s'éloigner, ses mains se sont ridées à jouer dans le feu des années.

J'ai essayé de les reprendre ce soir et de travailler un peu plus dessus. Je ne sais pas trop si ça apporte un plus ou pas au tout, mais j'ai édité le premier post en laissant en spoiler le "premier jet". Pour le second, je n'ai pas encore réussit à vraiment le reprendre.

Merci en tout cas du commentaire Gren'. Heureux Bleu

Continues donc à nous faire danser sur cette plage Tàranis !

Comme le dit Grendy, des idées jetées sur le papier, aux figures de style parfois ressassées. Néanmoins, il y a déjà, des images que tu t'es accaparées, que tu foules du pied pour qu'elle s'adapte à ton envie.

On entre bien dans cette danse (évite les répétitions par contre comme justement "lance/danse" "glace/glacé"). On a la tête plein d'une style fluide comme une larme, léger comme un rire !

Et puis, l'intérêt reste dans la petite leçon de vie que revêt cet écrit. Ou plutôt le rappel à certains fondamentaux. On attend alors la suite...

Ne reste plus qu'à continuer de nous faire danser.

Je m'ajoute aux commentaires des autres, moi j'aime plutôt aussi. On sent que tu te laisses aller, que c'est de l'instinctif qui s'écoule, il y a des images déja entendues mais ton récit nous entraîne dans sa danse, on se laisse virevolter, les idées sont plutôt bien ajancées pour un premier jet. J'aime bien cette petite introduction plus lucide, plus sur la réflexion de l'écriture, sur la tienne, sur celle de beaucoup.
C'est plutôt mélodique ton récit.
J'ai vu juste trois fautes. J'aime bien tes images d'eau et de feu qui s'entremêlent.

Merci encore à vous deux. Pour les fautes, j'en ai corrigées quelques unes, mais peut être en reste-il. Quant aux répétitions, j'ai modifié ça. Chien

J'ai aussi étoffé un peu le second post. Je ne sais pas si ça donne mieux ou pas. A vous de me dire! ^^
En attendant, un autre court, qui n'est sans doute pas vraiment achevé, mais bon.

Le froid est tombé d'un coup, chape de plomb retirée, toute la chaleur s'en est allée, aspirée. Elle tente de réchauffer ses mains, les frottent entre elles, souffle dessus. Ses poumons se déchirent sous la morsure du froid, tous ses muscles sont contractés à en faire mal aux côtés. Des pointes douloureuses au cœur, un tremblement incontrôlable s'est emparé de son corps. Elle tape des pieds, respire des cristaux de glace, plisse les yeux. Froid.
Alors pour ne plus rien sentir, elle écarte les bras, laisse l'air la frapper, geler les larmes qui sertissent ses joues. Diamants de sel incrustés dans l'écorce de vie, bijoux piquants où perle un sang translucide.

Eclairs et pluie qui inondent le ciel. La foudre frappe, déchire, détruit, la fille a offert son corps à la fureur de la nuit. Elle est nue sous les nuées, consciente de sa peau hérissée, le froid des gouttes qui piquent et glacent, le claquement du vent dans ses cheveux éparpillés, et le bout de ses doigts ensanglantés qu'elle ne sent que trop bien. Elle pleure, l'eau salée de ses yeux brûlant ses joues gelées. Son cœur puissant cherche à fuir, tapant sur les côtes trop serrées. Il étouffe, réclame l'espace, l'air et le calme, il s'enflamme et cogne contre les barreaux de sa cage. Ses cordes vocales hypertendues laissent échapper les hurlements de son âme, l'horreur de sa douleur.
Elle se bat contre le vide, se débat dans le marais de ses désirs, racle de ses ongles sous la vase, le béton.

Illumination. Le ciel explose.

Elle est tombée, la tête sous l'eau, les yeux aveuglés par la boue, les mains enlisées et le cœur effrayé. "Laisse moi battre!" Il redouble d'efforts pour briser ces os trop solides, pour s'échapper de cette folie suicidaire inconsciente. Un sursaut, plus fort, plus grand. La peur qui s'insinue et la réveille, l'appel de l'air pressant, les poumons atrophiés brûlants. La tête enfin hors de l'eau, l'oxygène se répand, poison dans ses veines asphyxiées, poison pour la mort qui recule.

La fille haletante tremble. Elle a froid, perdue, "où suis-je?" Il y a de la lumière, hypnotisante. Irrésistiblement attirée, elle court. Des bras l'attrapent, la serrent, l'étreignent. Retrouvailles rassurantes. Chaleur de la mère, chaleur de l'Amour.

Une immense pièce claire et vide, sans porte ni fenêtre, au plafond haut, voilà où elle se trouve. Ses yeux se perdent dans la blancheur immaculée de ses contours, ses mains se gèlent au contact du sol carrelé. Il n'y a pas de lumière et elle est pourtant éblouie. Il fait froid et ce froid pénètre sa chair, ses os, jusqu'à son cœur qui ralentit, léthargique.
Il y aussi ce silence. Douloureux à ses oreilles tendues. Elle parle et ne s'entend pas, les paroles sont avalées aussitôt qu'elles lui échappent. Le claquement des talons s'éteint sans sonner, sa respiration laborieuse grésille à peine. Et elle a beau avancer, elle n'atteint jamais les murs qui semblent reculer, la fuir.

Elle s'allonge à même le sol, se recroqueville, le front sur les genoux et les bras autours de la tête. Sans crier. Sans souffler même un nom. Il n'y a plus personne, et les murs l'enveloppent.

"Ferme les yeux, endors toi, je suis là. Ferme les yeux, endors toi, je ne suis pas là."

Elle a oublié pourquoi, quand, comment. Elle oublie où.

Je n'ai pas relu les premiers mais juste les deux derniers et de mes souvenirs embrumés il me semble que tu as progressé, en même temps il y a toujours ce côté poétique et confession mais on sent presque une construction plus que l'impulsion. J'aime bien ce personnage, certaines phrases sont un peu encore lourdes où par la répétition de mêmes mots même si je comprend le jeu avec la sonorité ou des fois avec des phrases avec la construction abrupte ou avec des images un peu cliché. Mais en même temps tu donnes de ton univers,on a envie de suivre. Je suis sure que tu pourrais transformer toutes ces vagues d'émotion dans un ensemble narratif moins introspectif.
Continue. Toujours agréable à lire.

Vers qui ? Vers où ? Ses pieds s’emmêlent avant même de se poser. Comme si le sol était fumée, invisible et brouillard. Elle tend les mains au loin, dans l’espoir de toucher un mur. Mais rien ne vient. Elle est au milieu du vide, flottant dans l’immensité d’un oubli récurrent.

« Qu’est-ce que je fais là ? »

Des voix raisonnent dans son crâne douloureux. Elle presse ses paupières engourdies du bout des doigts, essaye de s’éclaircir les idées, mais la chose s’impose, énorme et incontournable : c’est son choix. Elle ne peut pas l’éviter, ne peut rien y changer, l’engrenage est enclenché. Alors malgré elle, elle déplie laborieusement son corps et lance une jambe en avant, puis l’autre. Même si le sol est impalpable, même si son regard est aveugle et qu’elle ne décèle que la buée des vagues qui l’habitent, elle ne doit pas s’arrêter.

Un pas. Deux pas. Elle égrène le temps à la mesure de ses mouvements : lentement. Au bout, peut-être, une lumière réchauffera son corps froid.

Nombre de messages : 2050 Age : 26 Date d'inscription : 07/02/2008

Ca me fait plaisir de te relire ici... Mais vraiment.

Un impression, du laborieux : pas la lecture de ton texte qui est laborieuse, mais le sentiment qui en ressort. La confusion est transmise est l'ensemble est juste beau. J'aime bien cette petite dernière.
Et j'ai relu la première, elle semble plus légère, tu devrais peut-être essayer d'alléger un peu la première.

» Le parfum de la pluie