[Recueil]Etincelles

(titre étonnant pour un début de recueil, c'est volontaire)

~ Epilogue ~

La nuit, reine soudaine, a envahi les dunes.
Les ombres allongées que dessine la lune
Finissent de plonger dans sa froide torpeur
Le désert ; isolée, bravant l’âpre noirceur
Que déverse sur elle un sombre mont de sable,
Une lumière danse, à en troubler le Diable.

Sur ses rameaux ardents, ce feu de bois crépite.
Des flammes caressant le sable et ses pépites
Aux étincelles qui conduisent en sifflant
L’épaisse fumée brune, il virevolte au vent.
Près de ce feu, un homme ; assis, jambes croisées,
Il affiche un regard où se lit le regret.

Il tient dans sa main gauche un papier manuscrit
Dont l’écriture noire, au rouge du feu, luit.
Et ce triste épilogue : au final, il l’attend.
Et l'autre silhouette apparaît froidement
A la chaude lueur du brasier ; le visage
Est creusé d’un sourire au funeste présage.

Emanant de ce sire en un voile noyé
Une aura colossale envahit le foyer :
L’homme assis voit la mort achever son dessein.
Lui qui s’est infligé tant de supplices vains
Pour allonger sa vie en a manqué le sel,
Car la vie, c'est écrit, tôt ou tard est mortelle.

merci beaucoup pour vos commentairestrès apréciables tous les deux (pas pour les même raisons), j'en tiendrai compte en éditant au fur et à mesure de l'inspiration. pour l'instant, quelques changements à la fin, sur les conseils d'Irrumo, qui ont dans l'ensemble renforcé mon propre sentiment.EDIT : Version2

Sur le thème déjà traité maintes fois du regret d'un homme devant la mort, d'avoir mené une vie caduque, tu fais un poème qui n'est pas mal, mais qui n'est pas assez cuisant, malgré le feu.
Du point de vue de la versification, les règles sont globalement bien respectées, je ne m'offusquerai pour le trimètre qui traine au milieu. Par contre le dernier vers n'est vraiment pas un alexandrin (ni césure, ni rythme ternaire net à la Hugo).

Un passage est un peu lourd et tordu, du point de vue de la construction de la phrase :
Sur ses rameaux ardents, ce feu de bois crépite,
Des flammes caressant le sable et ses pépites
Aux étincelles qui conduisent en sifflant
L’épaisse fumée brune au noble firmament.

Un vers est peu clair :
L’ironie ainsi faîte : au final, il l’attend.


Je trouve que tu as manqué la chute du poème:

Lui qui s’est infligé tant de supplices vains
Pour fuir cette faucheuse a raté l’essentiel :
Vivre ; et c’est là le plus grave oubli d’un mortel.

"rater l'essentiel" est une expression un peu triviale, passe par tout, qui jure avec le registre élevé (un peu ampoulé par ailleurs) du poème. Par ailleurs "vivre", en rejet c'est un peu pour moi le grand coup de cymbale qui sonne creux. La condamnation de celui qui oublie de vivre est une chose trop galvaudée pour que l'effet puisse saisir. Et derrière la notion de vivre, qui semble si "essentielle", on ne voit pas précisément ce que le poète a entendu précisément. La vie ainsi brandie comme grande valeur, est inhabitée, et somme toute, comme morte.