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Tr0n

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MessageSujet: [Brouillon] Extraits   [Brouillon] Extraits Icon_minitimeJeu 24 Sep - 23:57

[Un vieux texte incorporé dans une nouvelle que je retravaille depuis peu. J'ai encore tranché dans le vif, mais c'est loin d'une version finale. L'objectif est de jouer sur les sens et sur l'alliance entre la danse et les sons. Chapitre 2 Scène A.1]

Elle danse, lascive. Elle danse. Elle danse en cadence, en rythme sur des notes enivrantes. Elle danse. Son corps voluptueux, ses formes sensuelles, aux gestes serpentins, révèlent une exquise beauté, une hypnotisante égérie. Le galbe de ses hanches, ses bras minces ondulent dans les airs avec mesure, d’une harmonie subtile, presque angélique. Ensorcelante, comme les délicates sylphides franques. Ses mouvements graciles sont un délice pour la pupille. Elle fascine, elle subjugue, et d’un regard louvoyant, fuyant, elle saisit de sa paume vos yeux, et dérobe votre coeur. Elle ne s’imprègne pas de la musique, elle est la musique. Ses sons enjôleurs, cajoleurs provenant de derrière une tenture, sont une tendre et douce mélodie ; elle navigue sur des arpèges, vogue sur une clé d’ut. Elle offre ainsi un ballet qui caresse jusqu’au silence de la mélodie, qui frôle les dièses et les bémols. Elle éblouit d’un battement de cils, presque impudique. De cette chorégraphie ponctuée de postures envoûtantes, un visage, son visage stimule les fantasmes. Des mimiques séductrices, une attitude aguicheuse, une tonalité affriolante comme les voiles transparents qui révèlent sa nudité. D’une œillade provocatrice, d’un mouvement de doigt sur ses lèvres qui intime à se taire, d’une main dans sa chevelure, elle incite aux chimères. Sa nuque divine exhorte à l’amour. Elle m’appelle ; cette poitrine qui berce mes prunelles. Pantoise face à l’enchantement, ma langue pendrait presque de ce désir charnel inassouvi.
Une lumière pourpre et vermeille s’allume, vacillante et fugace.

Une dissonance apparaît, presque imperceptible. La finesse se métamorphose. C’est d’abord subtil. La grâce s’efface, les rythmes se ralentissent. Puis, les tonalités se meuvent en tumulte. Les ondulations de son corps, de cette beauté, deviennent rudes, durs et archaïques. La souplesse devient raideur comme happer brusquement par la peur. Les arabesques musicales se transforment en carrés. Les entrelacs se changent en rectangle rectilignes ; les sons deviennent primitifs. De l’élégance naît le grossier. Un bruit brut, discordant qui harcèle l’oreille. La douceur devient obsession. La mélodie suave et limpide n’est plus que contraste et cacophonie. Tout est désassemblé, irrégulier.

Les ombres chancellent et la lumière révèle les tourmentés.

Dans un coin de la pièce, deux corps dans une position libidineuse, presque lubrique. La chorégraphie de la danseuse n’est plus qu’une impulsion erratique de gestes biscornus. Une asymétrie presque monstrueuse naît d’un changement brutal du syncrétisme esthétique. La fureur ? Non… La démence la guette. Dans un coin de la pièce, deux corps dans ? Non… Deux cadavres désarticulés comme des poupées de cire, disloqués dans une disposition suggestive et immonde. L’illumination dévoile la scène infâme.  Des ossements disposés sur le sol, des fémurs brisés, des crânes fendus, des thorax éventrés. Abject théâtre issu d’un esprit malade, dégénérescent. De sombres tâches écarlates coulent entre les pierres mal agencées du sol. Coagulé, écailleux, le rouge domine même les voiles qui, disparates, ornent les murs. Ces diptyques de velours, tant diaboliques qu’effrayants, représentent l’opposition de l’orgueilleux face au Père. Cette splendeur aux couleurs chaudes achève ainsi de rendre le lieu sordide et glauque. Une décadence digne des plus beaux jours de Sodome et Gomorrhe.

Un relent nauséeux s’empare de moi.

Dans un recoin, vautré sur une curule d’ivoire, deux yeux ternes observent avec délectation.

Le silence de ses yeux jaillit comme un torrent et tranche. Tel l’acier, il débite en minuscules rondelles chaque parcelle de mon courage. Ma bravoure s’évade. Une goutte de sueur, un frissonnement… Un frémissement qui se meut en tremblotements. Non je ne le crains pas, non il ne me fait pas peur ; il me terrifie…


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MessageSujet: Re: [Brouillon] Extraits   [Brouillon] Extraits Icon_minitimeVen 25 Sep - 0:07

[Un second extrait dans le même genre, je n'en suis pas encore content car je trouve qu'il manque de transitions entre plusieurs phrases/phases descriptives. Il s'agit du prologue et de la présentation d'un personnage dans un univers que j'utilise en jeu de rôles. Il s'agit même d'une des descriptions issue de ma voie "in game"]


Par delà le voile, le néant domine. Lorsqu’il se déchirera ceux qui volent au-delà des mondes viendront. Et ils détruiront tout.

Murmure du crépuscule. Tel est mon nom. Ceux qui foulent notre sol périront par les flammes de Pyreos. Ceux qui souillent nos montagnes sacrées seront écrasés par les coups brutaux de Faerok. Ceux qui viendront au travers du voile, retourneront vers le néant. Tel est mon devoir.

Ses genoux saignaient sur les immenses dalles de pierre. Comme chaque jour, la lune pleine, sombre et noire, avait dévoré les derniers rayons du soleil. L’aurore ténébreuse avait envahi l’autel. Des psalmodies venues d’outre tombe berçaient son âme. Sa peau d’ébène, jadis si douce, était littéralement déchirée et  de ses plaies béantes coulaient un sang de couleur ocre.  Elle releva la tête.

" - Ô Anteklis, père de la fureur, doux prémices du malheur, hante mes frères par la douceur de tes horreurs."

Une brume opaque, noirâtre masquait les alentours. Quelques troncs d’arbres rongés par la corruption suintaient d’une résine jaune safran veinée de noir et leur écorce éclatée se désagrégeait en copeaux d’obsidienne. Les interstices des dalles commencèrent à se gorger de sang et des formes humanoïdes squelettiques se distinguèrent au travers des jeux d’ombre du brouillard.

" - Ô Pyreos, fils dévoreur de la flamme, ronge leurs os et consume leurs âmes. Ô Faerok, clame dans leurs songes, l’horreur des fosses de Vilume."

Elle regarda son visage dans la flaque de sang à ses pieds. Sa longue robe noire était souillée, ses pieds nus maculés de cette substance devenue visqueuse. Ce n’était plus du sang mais un mélange purulent de chaires broyées ; un mélange qui reflétait son visage devenu décharné. Elle n’avait ni mangé ni bu depuis trois lunes. Ses joues creusées, son regard neurasthénique et ses pupilles dilatées couleur nacre dévoilaient sa folie dont l’écho se ressentait jusque dans le timbre de sa voix éraillée. Son nez, aquilin, était cassé et un filet de sang empruntait les crevasses de ses pommettes pour se perdre à la commissure de ses lèvres. Son décolleté arraché ne dissimulait plus ses seins lacérés de minuscules entailles. Elle avait du être belle, elle était désormais cadavérique.

Sur l’autel, les yeux dans le vague, la bave aux lèvres, une fillette allongée n’était qu’un vulgaire pantin désarticulé. A moitié nue, allongé sur le dos, elle respirait douloureusement. D’un geste violent, Murmure saisit son arme et lui trancha une première fois la gorge. Le couteau n’était pas suffisamment aiguisé. Elle commença à découper la trachée comme de la viande. Des spasmes saisirent la fillette. De la gorge béante sortirent des borborygmes immondes et ses yeux endormis se réveillèrent soudainement. La douleur et la peur ; elle voulait hurler mais seuls quelques gargouillis insonores jaillirent du gosier. La douce et lente agonie débutait. Le rituel mènerait enfin ses frères à leur déchéance.
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Mike001
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MessageSujet: Re: [Brouillon] Extraits   [Brouillon] Extraits Icon_minitimeVen 25 Sep - 15:27

Tr0n a écrit:


Elle danse, lascive. Elle danse. Elle danse en cadence, en rythme sur des notes enivrantes. Elle danse. Son corps voluptueux, ses formes sensuelles, aux gestes serpentins, révèlent une exquise beauté, une hypnotisante égérie. Le galbe de ses hanches, ses bras minces ondulent dans les airs avec mesure, d’une harmonie subtile, presque angélique. Ensorcelante, comme les délicates sylphides franques. Ses mouvements graciles sont un délice pour la pupille. Elle fascine, elle subjugue, et d’un regard louvoyant, fuyant, elle saisit de sa paume vos yeux, et dérobe votre coeur [cœur]. Elle ne s’imprègne pas de la musique, elle est la musique. Ses sons enjôleurs, cajoleurs provenant de derrière une tenture, sont une tendre et douce mélodie ; elle navigue sur des arpèges, vogue sur une clé d’ut. Elle offre ainsi un ballet qui caresse jusqu’au silence de la mélodie, qui frôle les dièses et les bémols. Elle éblouit d’un battement de cils, presque impudique. De cette chorégraphie ponctuée de postures [ce passage est trop agressif] envoûtantes, un visage, son visage stimule les fantasmes. Des mimiques séductrices, une attitude aguicheuse, une tonalité affriolante comme les voiles transparents qui révèlent sa nudité. D’une œillade provocatrice, d’un mouvement de doigt sur ses lèvres qui intime à se taire, d’une main dans sa chevelure, elle incite aux chimères. Sa nuque divine exhorte à l’amour. Elle m’appelle ; cette poitrine qui berce mes prunelles. Pantoise face à l’enchantement, ma langue pendrait presque de ce désir charnel inassouvi.
Une lumière pourpre et vermeille s’allume, vacillante et fugace.

Une dissonance apparaît, presque imperceptible. La finesse se métamorphose. C’est d’abord subtil. La grâce s’efface, les rythmes se ralentissent. Puis, les tonalités se meuvent en tumulte. Les ondulations de son corps, de cette beauté, deviennent rudes, durs et archaïques. La souplesse devient raideur comme happer brusquement par la peur. Les arabesques musicales se transforment en carrés. Les entrelacs se changent en rectangle rectilignes ; les sons deviennent primitifs. De l’élégance naît le grossier. Un bruit brut, discordant qui harcèle l’oreille. La douceur devient obsession. La mélodie suave et limpide n’est plus que contraste et cacophonie. Tout est désassemblé, irrégulier.

Les ombres chancellent et la lumière révèle les tourmentés.

Dans un coin de la pièce, deux corps dans une position libidineuse, presque lubrique. La chorégraphie de la danseuse n’est plus qu’une impulsion erratique de gestes biscornus. Une asymétrie presque monstrueuse naît d’un changement brutal du syncrétisme esthétique. La fureur ? Non… La démence la guette. Dans un coin de la pièce, deux corps dans ? Non… Deux cadavres désarticulés comme des poupées de cire, disloqués dans une disposition suggestive et immonde. L’illumination dévoile la scène infâme.  Des ossements disposés sur le sol, des fémurs brisés, des crânes fendus, des thorax éventrés. Abject théâtre issu d’un esprit malade, dégénérescent. De sombres tâches [taches] écarlates coulent entre les pierres mal agencées du sol. Coagulé, écailleux, le rouge domine même les voiles qui, disparates, ornent les murs. Ces diptyques de velours, tant diaboliques qu’effrayants, représentent l’opposition de l’orgueilleux face au Père. Cette splendeur aux couleurs chaudes achève ainsi de rendre le lieu sordide et glauque. Une décadence digne des plus beaux jours de Sodome et Gomorrhe.

Un relent nauséeux s’empare de moi.

Dans un recoin, vautré sur une curule d’ivoire, deux yeux ternes observent avec délectation.

Le silence de ses yeux jaillit comme un torrent et tranche. Tel l’acier, il débite en minuscules rondelles chaque parcelle de mon courage. Ma bravoure s’évade. Une goutte de sueur, un frissonnement… Un frémissement qui se meut en tremblotements. Non je ne le crains pas, non il ne me fait pas peur ; il me terrifie…

Le jeu des sonorités (allitération et assonance) m'a paru réussi. Toutefois (je me répète avec le commentaire fait à Lilith), moins de « qui » ne serait-il pas préférable ?

Je lirai le second extrait plus tard (:
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MessageSujet: Re: [Brouillon] Extraits   [Brouillon] Extraits Icon_minitimeVen 25 Sep - 19:44

Des textes bien sympathiques à découvrir ma foi, tu m'a mis l'eau à la bouche. Je trouve la danse très réussie, là où le défi était de taille : malgré la taille conséquente du paragraphe, pas une phrase ne tombe à côté, ne fait tache à côté des autres. Chapeau bas, l'artiste.

Ce que j'ai préféré :
Tr0n a écrit:
[...] d’un regard louvoyant, fuyant, elle saisit de sa paume vos yeux, et dérobe votre coeur.

Ce passage-là surtout :
Tr0n a écrit:
Elle offre ainsi un ballet qui caresse jusqu’au silence de la mélodie, qui frôle les dièses et les bémols. Elle éblouit d’un battement de cils, presque impudique.
Miam ! Je donnerais cher pour voir danser cette Esmeralda.

En plus de la correction de Mike, j'ai remarqué quelques erreurs dans le deuxième paragraphe :
TR0n a écrit:
Une dissonance apparaît, presque imperceptible. La finesse se métamorphose. C’est d’abord subtil. La grâce s’efface, les rythmes se ralentissent. Puis, les tonalités se meuvent en tumulte. Les ondulations de son corps, de cette beauté, deviennent rudes, durs (dures) et archaïques. La souplesse devient raideur comme happer (happée) brusquement par la peur. Les arabesques musicales se transforment en carrés. Les entrelacs se changent en rectangle (rectangles) rectilignes ; les sons deviennent primitifs. De l’élégance naît le grossier. Un bruit brut, discordant qui harcèle l’oreille. La douceur devient obsession. La mélodie suave et limpide n’est plus que contraste et cacophonie. Tout est désassemblé, irrégulier.
Je ne sais pas si la répétition de "devient" était voulue, ou du moins acceptée. Parfois, je trouve que des répétitions peuvent avoir leur charme. Les scratchs de mon détecteur de répétitions se sont frottés l'un contre l'autre, mais c'était presque plaisant, comme si je me grattais un petit bouton de moustique.

Il y a une phrase aussi un peu vers la fin que je trouve bizarre, tu me diras ce que tu en penses :
Tr0n a écrit:
Dans un coin de la pièce, deux corps dans une position libidineuse, presque lubrique. La chorégraphie de la danseuse n’est plus qu’une impulsion erratique de gestes biscornus. Une asymétrie presque monstrueuse naît d’un changement brutal du syncrétisme esthétique.

J'aurais mis : "Une asymétrie presque monstrueuse naît du changement brutal de syncrétisme esthétique."
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MessageSujet: Re: [Brouillon] Extraits   [Brouillon] Extraits Icon_minitimeVen 25 Sep - 21:19

J'appose souvent des répétitions volontairement. Celle là, à la relecture, j'avoue que j'hésite. Je vais y réfléchir. J'ai bien noté pour les "qui". Les subordonnées, un vieux pêché mignon. C'est effectivement un jeu sur les sons pour essayer de faire ressentir une musique. La dissonance, le second paragraphe, nécessite un peu plus de techniques dont j'ai moins l'habitude. A me concentrer sur une façon d'écrire, j'ai fait de jolies fautes amusantes. Merci de vos commentaires. N'hésitez pas à être critique sur le contenu, si une chose vous embête, vous chicane, vous semble un peu "too much". Je travaille vraiment sur la sensation du lecteur.
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