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 Sanstiment

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Ruby

Ruby


Féminin Nombre de messages : 2216
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MessageSujet: Sanstiment   Sanstiment Icon_minitimeMar 14 Juil - 19:10

J’ai pris ma décision. J’en ai parlé à mes amis qui ont essayé de me faire changer d’avis, en me disant que j’allais regretter Je ne crois pas, il se trompe. Ils ne sont pas moi, ils n’ont pas eu la même vie que moi. Il y a peut être des gens qui ont connus pire que moi et qui eux y arrivent. Je n’aime pourtant pas les faibles. Et c’est pour ça que j’ai décidé de faire cette opération : écrivit Isabelle sur la feuille que lui tendait le docteur Marc Fitzberg.

"Vous comprenez , nous devons être garant d’une certaine stabilité mentale. Nous sommes responsables devant la justice si vous regrettez a posteriori votre acte. De plus nous devons analyser votre réponse et vos motivations pour savoir si ce n’est pas un coup de tête ou alors au contraire un acte de folie.": lui dit calmement Docteur Fitzberg en récupérant la feuille.

- Je comprends tout à fait, docteur"

Il se saisit alors d'un bloc note posé sur son bureau à côté de la typique photo de famille. Et de l'autre main décapuchonna un stylo plume bleu profond qu'on lui avait offert lors de ces cinquantes ans.
"J’aimerai mener un léger entretien avec vous. Comment avez-vous pensé à subir cette opération? Et êtes vous bien consciente des tenants et aboutissants de celle-ci?

Elle bredouilla un semblant d'explication, tout en recroquevillant ses doigts dans ses paumes.
- C’est bête, mais tout est venu d’un film. C’était un homme qui effaçait sa mémoire après une rupture amoureuse pour ne plus souffrir. La fin du film aboutissait à une morale christique qu’il valait mieux souffrir , que cela apportait plus que l’amnésie, que l’homme et la femme qu’il avait voulu effacer étaient des âmes sœurs. Un joli film mais avec une morale attendue. Et je me suis dit que c’était idiot. Ce ne sont pas les souvenirs qui font souffrir mais les sentiments. Ils sont toujours là, ils ne vous laissent jamais aucun répit. Sans cesse à vous assaillir."

Il la regarda alors bien droit dans les yeux, en essayant d'imposer à son regard la plus grande gravité possible.
"Mais vous vous doutez bien que l’opération ne supprime pas seulement les sentiments négatifs tels la tristesse ou la colère, vous perdrez aussi la joie, l’amour même si pour ce sentiment il y a des études encore en cours pour le déterminer sous ce dernier qualificatif. De plus je tiens à vous signaler que c’est plutôt encore expérimental.

- J’ai bien pris en compte tous les paramètres. La joie et l’amour ne sont que fugaces et celles-ci sont aussi source de douleur. Je pourrai très bien vivre sans les sentiments. Je saurai toujours les reconnaître chez les autres et savoir à quel moment je devrais ressentir. Ma raison ne va pas être supprimée par là même. Je sais que quand je regarderai un film parlant de rupture, de guerre je serai censé pleurer, je ne perdrai pas le message parce que je ne ressentirai rien. Je suis sure, claire d’esprit et déterminé dans l’exécution de cette opération. dit elle avec un léger énervement dans la voix

- Très bien, écoutez je vous contacte dans la semaine pour vous faire savoir ma décision."

- Merçi beaucoup docteur, à bientôt."

Isabelle lui serra la main de façon ferme pour montrer toute sa détermination, tout en lui décochant son plus grand sourire et sortit du cabinet.
Sa démarche si élégante changea petit à petit. Ses talons qui claquaient sur le sol d’une manière énergique ne faisaient plus qu’un chuintement assourdi, ses pieds trainant plus que marchant sur le sol. Cet entretien l’avait épuisé et quelque peu déprimé.

Pff quel vieux schnok pensa-t-elle! De quel droit il vient me juger et me fait attendre! Bien sur que je l’aurai cette opération, vu toutes les affaires et les scandales dans lesquelles il s’est empêtré il va pas refuser une opération juteuse! Et que dire de sa moralité! Ne suis-je pas folle après tout alors de m’adresser à lui il pourrait me rater et me transformer en légume. Mais qui d’autre le fera si ce n’est lui. Personne. Je suis trop fatiguée, c’est ma dernière lutte. Pas que j’ai des envies suicidaires mais là je ne vais plus y arriver si ça continue.
Elle s’arrêta songeuse à la boulangerie s’acheter de quoi petit déjeuner. Un croissant au beurre. Elle paya la boulangère tout en ne laissant rien paraître de son souci, la salua puis sortit dans la rue. Elle décida qu’un petit tour dans la forêt ne pourrait que lui rafraîchir les idées. Elle avait coupé son téléphone. Elle voulait se couper du monde pour mieux réfléchir. Mais même là bas elle ressentirait encore. Nulle part elle n’était à l’abri de ses sentiments. Ils rejaillissaient sans crier gare.

Sa démarche avait repris une mesure un peu plus cadencée, elle avançait dans la foret sans prendre le temps de s’arrêter pour observer la flore qui l’entourait ni les petits habitants qui y vivaient. Elle était comme privé de tous ses sens, ses oreilles faisaient barrage à l’écoute du chant de l’oiseau. Sa respiration se faisait plus brève. Elle sentait l’angoisse et l’émotion montait en elle. Elle s’arrêta enfin sur un banc en bois qui faisait face à une petite rivière qui coulait doucement, sans se préoccuper du réchauffement climatique qui la menaçait. Elle prit une profonde inspiration, mais les larmes bien malgré elle coulèrent le long de ses joues faisant couler tout le maquillage qu’elle avait pris soin de mettre pour l’entretien du matin, pour convaincre ce docteur de sa santé d’esprit en se présentant soignée et soucieuse de bien paraître.
Elle enleva ses deux baskets, puis ses chaussettes qu’elle roula en boule à l’intérieur des chaussures. On était en Automne. L’idée n’était pas vraiment bonne, mais elle se sentait poussée à le faire.
Elle se rapprocha pieds nus jusqu’ à la rivière sentant sous sa voute plantaire les gravillons et les feuilles tout juste tombées. Ce n’était pas forcément agréable mais ça ne la gênait pas. Elle réapprivoisait l’espace autour d’elle, le retrouvait. Elle mit alors un à un ces deux pieds dans l’eau. Elle était froide, même glacée. C’était tellement froid qu’elle avait l’impression qu’on lui brûlait les pieds. Mais elle ne se retira pas. Elle aimait cette sensation car elle avait le contrôle dessus, contrairement aux sentiments. Si elle avait trop froid, elle pouvait sortir de la rivière, essuyer ses pieds, les réchauffer en les frottant avec ses mains, leur mettre des chaussettes. La sensation de froid et de chaud étaient facile à gérer, il y avait toujours des expédients pour les contrer, couverture, eau fraîche, feu, parasol..
Elle ne sait pas combien de temps elle resta mais ne pouvant plus supporter cette vive et brève douleur,elle partit. Elle se rhabilla rapidement et se redirigea vers l’orée de la forêt.
Il ne s’agissait maintenant plus que d’attendre. Elle rentra chez elle à pied, l’activité physique occupait ses pensées et elle pouvait ainsi rejeter au loin tous les doutes qui l’assaillaient depuis qu’elle avait pris cette décision.
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