Sonne l'heure d'une bruine annonciatrice.

La bruine était fine, et la Lune absente. Pas un bruit, si ce n'était le léger tintement des fines goutelettes sur les feuilles de l'arbre sous lequelle je me trouvais. Sous le ciel nocturne, le paysage qui s'étalait silencieux d'un vert sombre ou d'un voile argenté. Il y avait des colines, des arbres, des ruisseaux, des maisons aux cheminées fumantes, des chevaux dans des prés, le tout mouillé, le tout morne et terne. En regardant derrière moi, le chemin qui m'avait conduit jusqu'ici s'enfonçait sous les arbres d'une forêt humide. Fait de terre soit-disant séchée, il était devenu boueux, mal-entretenu par ceux qui n'avaient pas l'envie de le garder en état ou de prendre la route. Mes bottes de cuir noir étaient glacées contre mes jambes, à cause du froid, à cause de la boue, à cause de la pluie. Je marchais depuis des nuits et plus encore. Je commençais à être fatiguée, j'avais besoin de repos, d'un endroit où dormir, d'un vrai lit. La route continuait, comme un long serpent glacé entre quelques maisonnées, d'autres près, d'autres petits bois, jusqu'au bout, là-bas, de l'autre côté, à l'horizon.

Dans mon esprit, ses mots retentissaient, comme un souffle d'un amour perdu, comme un murmure secret qu'il ne faut dévoiler, comme une folie trop étrange pour la prononcer à haute voix, comme quelque chose d'impossible que l'on ne peut qu'imaginer. Cette chose-là portait un nom. Ter Aelis. Je ne savais pas ce que c'était, où cela me mènerait, mais c'était ce que mon esprit me répétait, dans une litanie lanscinante, dans un leitmotiv incompréhensible, une rengaine têtue. Je devais m'y rendre, peut-être poussée par la curiosité, ou bien un véritable désir, un manque incontrôlable. Pourquoi, comment? Y étais-je? Etait-ce plus loin? Jusqu'où devais-je marcher? N'était-ce que le fruit de mon imagination? Je ne pouvais réellement le savoir, car je ne savais même pas où je me trouvais, ni où j'allais. Je soupirais de lassitude, d'exaspération. Mes cheveux collaient mon visage et laissaient tomber quelques gouttes. Je les sentais contre mon cou. Il fallait me presser, je n'avais pas de temps à perdre, façon de parler, bien entendu. Une chouette hulula non loin de là, signe que je devais y aller.

Sans un mot de plus, je repris ma route, vers ce mot dont je ne connaissais nullement la signification. Ter Aelis. Depuis mon départ, j'avais changé, cela avait été ma volonté. Avant, j'étais naïve, fragile, sotte très surement. Maintenant, j'étais hautaine, fière, arrogante et sauvage. Pas un bon changement me direz-vous? Peut-être, mais cela avait été la seule solution pour ma survie, pour que je reste encore debout ou bien l'on m'aurait retrouvé morte, six pieds sous terre. Je n'avais pas apporté grand chose, moi-même, une légère besace et une cape. Pourquoi je ne m'en servais pas? J'avais enroulé mes armes à l'intérieur, pour plus de discrétion, d'anonymat, je ne voulais guère attiré l'attention sur moi. J'étais peut-être une guerrière, une combattante, mais les brigants de grand chemins, je n'avais point envie d'en rencontrer, mieux vallait pour moi de voyager léger et discrétement. Plus j'avançais, plus je sentais mon esprit s'élever. Ter Aelis, je n'en étais plus très loin désormais. Je le savais, je le sentais. Ter Aelis, mon nom est Carnuial!

Chromatique Nombre de messages : 2373 Age : 31 Date d'inscription : 22/11/2007

Hé bien, on se plaignait il y a quelques mois de l'arrivée massive d'uniques graphistes, et très peu de littéraires. C'est cul par dessus tête que nous nous trouvons maintenant.

Sois la bienvenue par ici Carnuial (Encore un nom simple et concis, dont la prononciation est facilitée par des consonances fluides). J'espère que tu vas trouver ce que tu cherches, et que tu t'établieras longuement parmis nous. Si tu as la moindre question, je suis là ! MP, ou tout autres choses, j'attends.

A très vite !

Et alors que je passais au détour d'une ferme, d'un bois, qu'en savais-je, je reçus la bienvenue d'une voix peu élevée, un songe réveillé, qui avait parlé. Je détournais la tête, mais la silhouette, déformée par la bruine, la nuit, la fatigue. Cela m'interpela, à très vite? Malgré le froid qui envenimait mes sens et engourdissait mes membres, j'arrêtais mes foulées. Je regardais, essayais de scruter cette silhouette, cette personne qui m'avait parlé, apostrophée, je ne répondis pas tout de suite. Un étranger, je n'aimais guère les étrangers. Etais-je déjà dans ce que signifiait Ter Aelis? La politesse voulait que je réplique par l'expression appropriée, non? Alors, doucement, presque arraché de ma bouche et de mes cordes vocales qui depuis quelques temps n'avaient guère servies, je m'entendis murmurer.

- Merci.

Et repris mon chemin, sans mot ajouter...

On lui attribuait tant et tant de noms.
Mais on le surnommait souvent Legion.

L'homme en noir la connaissait, plus encore que sa propre ombre. Mais ne pensait pas la revoir bien vivante, si le terme pouvait vraiment lui être attribué, ici même, en ce lieu. Différente, elle l'était, mais tant d'années avaient passé depuis la dernière rencontre entre l'homme au masque de fer et cette jeune femme. Il la suivit, en silence, au loin, curieux de connaître ses intentions, sans parler, sans se montrer. Juste voir. Un spectateur assidu de ses premiers pas en ce monde complexe, un ange-gardien silencieux. Dans un sens, il lui souhaitait la bienvenue.

Carnuial posait inlassablement un pied devant l'autre par cette nuit brumeuse et sans Lune. Elle ne le savait pas encore, mais sa route ondulait maintenant en Ter Aelis. Qu'elle continue donc à avancer : c'est en voyageant que l'on crée.

Au détour d'un saule pleureur planté sur les berges d'une rivière qui longeait le chemin, Carnuial se retrouva face à une silouhette élancée dont les cheveux bruissaient doucement dans la nuit. En s'approchant, elle réussit à distinguer ses traits : une peau brune et rugueuse, des yeux lumineux d'un vert profond et un petit sourire en coin. Sa chevelure copiait en tous points celle du saule. La sylvade allait nue, corps enfantin et longiline, une main sur la hanche. Sa voix était douce et chantante, tendre murmure d'un ruisseau.

Bienvenue en Ter Aelis, Carnuial. Puisses-tu y trouver joies et inspiration. Et surtout, que jamais tu ne t'arrêtes de marcher. Je suis Cordelia Melicerte, fille du vent et de l'avenir. Le changement est mon amant.

La sylvade se changea alors en une femme aux formes épanouies. Ses longs cheveux noirs lui tenaient lieu d'habits. La main sur la hanche se posa sur le ventre rond, abri provisoire d'une vie à venir.

J'espère de tout coeur avoir le plaisir de créer avec toi.

Mido a écrit:: Carnuial (Encore un nom simple et concis, dont la prononciation est facilitée par des consonances fluides).

Sentirais-je une certaine ironie dans tes propos, Mido ? Sonne l'heure d'une bruine annonciatrice. 955735

Je marchais sur ses terres nouvelles, la lenteur éternelle de la fine pluie n'aidait nullement mon humeur maussade. Je ne voyais pas où ce chemin menait et la lassitude semblait se réveillait au plus profond de mon être. La nuit s'étirait, par delà toute vision, chaque paysage sur lequel je posais mes yeux n'étaient que pluie, brume, nuit et vent. Derrière moi, je laissais un passé de tristesse, de doute et de douleur. Je ne voulais plus y retourner, je ne voulais plus reposer mes yeux sur ce que j'avais laissé pour ne plus y retourner. Devant moi, j'espérai... Non, en réalité, je n'espérai rien, l'avenir me le dira. Une présence se fit sentir derrière moi, une ombre, plus noire que toujours, plus concrète que le monde éthéré où les ombres sont originaires. Je ne me retournais pas, je laissais cette présence derrière moi. Il m'avait retrouvé, ou bien m'étais-je tout simplement retrouvé dans le monde qu'il arpentait aujourd'hui? Je ne me retournai pas. Dans un sens, je le remerciai d'être là.

Mes pas me guidèrent jusqu'au fond de la petite vallée. Une rivière y serpentait, épousant le chemin que j'arpentai. Une voix retentie et je me retournai, dans la froideur d'une rencontre avec un nouvel étranger, ou étrangère. Une enfant, près d'un arbre? Véritablement? Mon visage n'exprima rien, si ce n'était qu'un air impassif et neutre. Je m'arrêtai, brusquement, étonnée qu'elle ne connaisse mon nom. Une pointe d'ironie s'afficha sur mes lèvres quand elle se présenta elle-même, à peine visible, éphémère. Elle prit soudainement une autre forme, et malgré toute ma neutralité, je dus me faire violence pour ne pas réagir. Encore une preuve que je n'aimais guère les étrangers. Dussè-je trouver cela ironique. Je venais de mettre le pied dans un monde que je ne connaissais pas, alors oui, de toute évidence, je ne pouvais rencontrer que des étrangers. Malgré tout, ma réticence me retint de m'approcher et ne fit que prononcer d'une voix tout aussi froide qu'était le vent.

- Merci.

Il me fallait continuer. Mes pas reprirent leur danse lanscinante, l'ombre me suivant toujours, du moins l'espérai-je, tout au fond de moi...

Les impressions de cruauté me bouleversent. Et pourtant, le Héraut de Ter Aelis ne peut s'empêcher de descendre (presque) le premier des murailles (purement diplomatiques, aucun mangonneau n'est venu défigurer les pierres lisses).

Oui, z'êtes perdue, vous. Enfin, façon de parler. On tombe jamais ici par hasard. Oh, vous avez des griffes. Z'êtes un peu animale, alors. Sauvage? Je ne vous offre pas d'animal de compagnie, alors? Bon.

Ces voyageurs qui se méfient de l'hospitalité. C'est bien aussi les gens qui jouent avec les mots. Avec les lettres aussi. On commence tout jeune, dans une soupe de pâtes en forme de lettre. Enfin, beaucoup arrivent avec cette passion pour le bon mot pour très rapidement dévier, se laisser tenter par l'un où l'autre des arts proposés ici. Donc, il est bon de caresser le pinceau dans le bon sens du poil, pour ne pas se trouver couvert d'encre.

J'ai hâte de lire les pensées d'une si fine plume, maintenant. Et bienvenue, aussi.

Un morceau de fromage?

*Chope le camembert des mains et fonce vers le but*
bonjour individu

Dans un coin de cuisine, le parquet, sur lequel se couchait la lumière poussiéreuse des vitres, regroupait des enfants, avec autour des objets sans intérêts, mais qui pour la marmaille, étaient des jouets, ou encore des "moteurs d'imagination". Je préparai le petit-déjeuner pendant que ces dieux miniatures inventaient un monde meilleur. Je tapotai doucement le corps de ma gitane filtre afin de nourrir le cendrier avant de l'écraser avec l'index et le pouce. Pendant la cuisson des omelettes et des tranches de lard, dont les appétissantes volutes creuser l'estomac, je contemplai l'activité des petits montres. Ils étaient dans des forêts, parfois des déserts ; ils parlaient d'eux bizarrement, ils évoluaient dans des bâtiments de rêve ou dans des îles venues d'autre planète. Les coins de tables étaient des promontoires, la vitre, une cascade figée par un sorcier, les pieds de chaises, des arbres métalliques.

D'un coup, les enfants se sont regroupés autour d'une chose.

Un nouvel enfant était là. C'était d'une jeune avec des yeux vifs, des yeux noirs, des yeux où s'abîment l'ivresse et le rêve. Tous voulurent jouer avec la nouvelle attraction. J'ai mis Légion et Cordélia au coin (de vraies teignes !), Airet Syl se cacha dans le four, Xupinette refit la déco de la cuisine, et Mido me mis un coup de poing dans le ventre avant de s'enfuir.

Après l'ordre, je me présente à la bizarrerie.

- Hello ! J'suis Questo, moi ! Pas Cuisto, hein ! D'habitude, c'est pas moi qui fait la cuisine, c'est le boulot à Cassiopée. Seulement, depuis son mal de dos, c'est moi qui m'tape c'te corvée ! (En plus, je dois lui masser les pieds... Et ceux de Franz aussi ! L'arnaque !). Légion a vendu la mèche : toi, c'est Carnuial ! Ca va, ça passe. Bon alors, t'aimes écrire ; tu peux nous pondre un 'tit truc, s'tu veux... Mais pas là, plutôt ici, après fait une visite aux espaces littéraires, ou si t'es du genre joueuse, j'te conseille les duels à mots ! Voilà, bienvenue. (Entre nous, si tu veux un acrostiche de ton nom, demande moi par MP, ça s'ra avec plaisir !)

Aussitôt la bienvenue de dit, la petite s'est envolée comme une chauve-souris. Je suis retourné devant les fourneaux, et je me suis demandé où était le camembert.