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 Goélands 2000

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dale cooper

dale cooper


Masculin Nombre de messages : 7649
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MessageSujet: Goélands 2000   Goélands 2000 Icon_minitimeVen 19 Fév - 3:18

Et là je m'aperçois en remettant le nez dans ma vitrine, que j'avais oublié de poster ce texte.

Ca date de l'époque du Board, alors que 3skell me persécutait régulièrement. A l'occasion d'un évènement (la starlette de la semaine pour ceux qui s'en souviennent), elle m'avait imposé d'écrire un texte à double contrainte, à savoir : "raconter la vie des goélands résidant dans la cour de mon immeuble, en exactement 2000 mots, pas un de plus, pas un de moins"

Le principe était complètement vicieux (venant d'elle d'un autre côté ^^); ce texte fut ma vengeance...

__________________________________





« Peupahh !!!!!!

_ Koi ????????

_ A faim ! A faim !!

_ Ta gueuuuuuuuuuule ta gueuuuuuuuuule !!!!!!!! »


Je ferme la fenêtre, dérangé par le bruit de l'extérieur.


« C'est quoi ce bazar dans ton appart' ?

_ C'est rien, c'est dehors...

_ Il y a une alarme dans ton immeuble ? Les pompiers dehors ?

_ Non ! C'est les goélands ...

_ Mais non c'est pas des oiseaux qui font autant de boucan ! C'est pas possible... »


C'est là, à ce moment précis que j'ai compris. Jusqu'ici je n'avais fait que me voiler la face. Il y avait quelque chose dans ma vie qui me faisait perdre pieds, perdre patience, perdre tout repère. Cet appel téléphonique de ma mère me fit ouvrir les yeux. Depuis que j'avais emménagé dans cet appartement tout partait en sucette : je devenais irascible, je ne dormais plus, je ne mangeais plus, en fait, je m'enfonçais dans la dépression.


Les oiseaux ! Ces trois putains de goélands me pourrissaient la vie depuis des mois. Et je venais juste de m'en rendre compte par cette simple remarque de ma mère : « c'est pas possible ».


Non c'était en effet impossible que ces créatures puissent me nuire autant. Et pourtant...



Tout avait bien commencé pourtant. Dans les premiers temps suivant mon emménagement, j'avais stocké pas mal de cartons dans la petite cour jouxtant mon appartement.


Un soir après le boulot, je descendis les marches qui y menait pour aller fumer une cigarette.


Un claquement soudain me surpris dès que j'y arrivai. Une volée de plumes blanches vint me chatouiller le nez, et j'éternuai aussi tôt.


« Atchaaaaaaaaaa !!!!!!!!!!

_ Dégaaaaaaaaaage ! M'aproche paaaaaaaaaaaaaaaas paaaaaaaaaaaaaaaaas ! »


Une voix criarde me perçait les tympans. Dans un brassement d'air, de plumes et de poussières je vis un grand goéland se débattre dans mes cartons. J'eus un mouvement instinctif de recul, me roulant en boule et me protégeant le visage pour m'écarter de son envol.


Mais il ne bougea pas ! Il resta me toiser de ses yeux d'une pâleur incroyable : j'eus été incapable d'en déceler la couleur. Etait-ce bleu clair ? Jaune transparent ? Peut-être était-ce tout simplement blanc. Quoi qu'il en fut je restai béat devant le volatile.


J'avais toujours aimé les oiseaux, de tout plumage. Ils symbolisaient pour moi la liberté, la grâce, la beauté faite animale. J'aimais à voir les grandes ailes blanches des oiseaux marins glisser dans le vent au dessus du port de ma ville. Quelle élégance.


Je fus ému d'en voir un si près moi, cohabitant à quelques brasses de chez moi.

L'oiseau lui ne semblait pas voir d'un aussi bon oeil cette promiscuité, mais peu à peu il se calma, tolérant peu à peu ma présence, puis l'acceptant définitivement au bout de quelques minutes. Pendant tout ce temps je n'avais pas bougé, ne voulant pas l'effrayer. Puis, tout doucement, je me tournai vers lui et m'agenouillai. Je le vis se dresser un peu puis tomber maladroitement dans un carton après avoir tenter de sauter sur le bord d'un monticule de cageots. En le voyant escalader son « repère » je compris qu'il était venu se poser là pour se reposer, car il semblait boiter. J'observais sa patte, qui ne me sembla pas pour autant cassée. Peut être une entorse ou une luxation... pour ce que j'y connaissais en anatomie ornithologique !!


N'ayant d'autre compagnie dans ma vie, qu'un bocal habité par une poignée de poissons japonais aussi ternes qu'ennuyeux, je décidai de faire mon possible pour aider mon nouvel ami. Ainsi pendant les jours suivants je le nourris, mis à sa disposition un vieux plaid rapiécé que je trouvais trop kitsch pour exposer dans ma demeure et me lia d'amitié pour cet oiseau.


« Connaaaaaaaard ! Connaaaaaaaaaaaard !! »


Il me saluait de sa voix nasillarde et crachotante dès qu'il me voyait. Il me reconnaissait depuis ces quelques semaines que nous nous côtoyions, mais il refusait systématiquement de manger dans ma main ou de se laisser toucher. Je lui déposais des morceaux de nourriture, souvent mes restes de repas, tout près de lui, et il les engloutissait aussi tôt. Au bout d'un moment, à force de patience il me laissa approcher très près de lui, ainsi je pus l'observer de vraiment près ; il y avait désormais une sorte d'accord implicite entre nous : il me laisser approcher d'aussi près que je le désirai, à la condition de ne pas essayer de le toucher ou d'entraver à sa liberté.


« Pauv' cooooooooooooon ! Pauv' cooooooooooooon ! »


Me disait-il le soir quand je venais lui souhaiter bonne nuit. Peu à peu j'apprenais à deviner et à reconnaître les intonations de sa voix.


Un jour, Alors que je venais dans la courette pour vider mon assiette près de son nid, je le trouvai vide. Ainsi mon ami avait repris toutes ses forces et s'en était allé rejoindre les siens. J'eus un pincement au coeur en voyant le plaid maculé de duvet, puis je me dis que je lui avais sans doute sauver la mise et qu'il avait regagné son seul bien : sa liberté, son vol, sa vie.


Je rebroussai chemin pour rentrer, lorsqu'un claquement d'ailes me décoiffa. Le goéland était revenu... accompagné !!


Un deuxième oiseau blanc, un peu plus petit nichait désormais près de lui. On était début mai. La saison des amours !! Mon protégé était parti draguer en ville et avait ramené une copine à la maison. La famille s'agrandissait !! Cette pensée en entraina une autre : un nid, un couple nicheur... un oeuf ?!


Oui c'était cela, il allait concevoir dans ma cour un nouveau petit goéland, qui bientôt allait piailler et grandir et apprendre à voler sous ma fenêtre. Je m'en faisais déjà une joie.


Je me mis bientôt à prendre des photos de mes deux compagnons. Mais je compris bien vite qu'il fallait que je me montre plus discret. La magie de la conception et de la couvée n'était pas sans aller avec la méfiance et la protection accrue du couple autour de leur domaine. Mon poignet en avait fait les frais !!


« Dégaaaaaage !!! dégaaaaaaaaage !! »


La voix très aigüe de la femelle me rappelait qu'il me fallait montrer patte blanche pour entrer dans la cour.


Ainsi je préférai pour quelques semaine les observer de ma fenêtre de cuisine entrouverte, pour ne pas trop les déranger. Désormais je laissais quelques victuailles sur le bord de l'embrasure.


Au fur et à mesure que passait les jours, le climat de confiance qui s'était instauré entre les animaux et moi se dégrada.


Ainsi je fus troublé de voir qu'un jour, la vitre de ma fenêtre était largement fissurée, à l'endroit où venait parfois se poser le mâle pour venir béqueter mes restes. Je sursautai aussitôt l'instant d'après. Les deux goélands tapaient de concert sur la vitre dans l'espoir de la faire sauter !!


Je me précipitai immédiatement dans la cour pour les remettre à leur place.


« Eh oh !! ça va pas de faire ça ? !!! Vous êtes cons ou quoi ?!! sales bêtes !!

_ Kessta touaaaaaaaaaaaa touaaaaaaaa ?!

_ Tais-touaaaaaaaaa touaaaaaaaaa !!! »


Je voyais leurs gueules grandes ouvertes quand ils hurlaient ainsi, toute langue dehors.


Puis, après tout ce raffut, me parvint une toute petite voix qui sifflait :


« A faiiiiiiim ! A faiiiiiiiiiiim ! »



Je compris alors pourquoi tant de hargne de la part des parents : ils voulaient nourrir très vite leur petit nouveau. La famille s'agrandissait !!!



Le jour suivant, alors que je me préparais à manger, un des volatiles tenta à nouveau de briser la fenêtre, fissurant un peu plus la vitre, qui menaçait désormais de voler en éclat. Je regardai l'oiseau derrière, me demandant ce qui se passait; je les avais pourtant déjà grassement nourrit deux fois aujourd'hui.


Ils devenaient gourmands et n'hésitaient plus à me racketter !!


Inquiet, je me mis à regretter de ne pas avoir de volets pour les cacher à ma vue. J'offris en sacrifice à leur apaisement une moitié de pizza micro-ondée...




« Conaaaaard !

_ Conaaaaaaaaaard !

_ A faiiiiiiiiiiiim ! »



Ahhhhhh !


Je me réveillai en sueur en pleine nuit, pris de panique. Cette histoire d'oiseaux commençait à me turlupiner. Un grand fracas de bris de verre parvenant de la cuisine finit de me sortir de mon sommeil. Je déboulais en caleçon pour voir d'où provenait le bruit.


La femelle fourrageait avidement dans ma vaisselle me regardant de son oeil torve, même pas effrayée. Les plaques des verres de ce qui fut ma fenêtre répandues sur le lino me coupèrent les pieds quand je me rua vers l'oiseau pour le faire déguerpir. Le jour commençait à pointer, les premières lueurs diurnes me signalant qu'il serait vain d'espérer dormir un peu plus ce matin là. Je tentai de calfeutrer le trou béant avec un calendrier.


La journée fut lamentable, parsemée de fatigue et d'appréhension; je redoutais de retrouver mon appartement sens dessus dessous.


Malheureusement mes craintes n'étaient pas à la hauteur du chaos qui m'attendait : je trouvai des plumes répandues partout dans la maison, mon aquarium renversé, vidée de son eau et de ses occupants...


Le jour suivant se fut la cafetière.


Le suivant mon clavier d'ordinateur était inondé de guano.


Aucun calendrier, aucune planche n'était à l'épreuve de leurs becs assassins.


Je n'avais bien sûrs plus accès à la cour. Mes moindres tentatives étant punies par des coups de becs et des déferlements de colère plumées.


Les cris incessants m'empêchant de dormir, nuit après nuit.


La honte me rongeait : comment pourrais-je expliquer à mon propriétaire ou à mon assureur que j'avais hébergé une famille d'oiseaux qui avaient pris leurs aises à tel point que la situation avait complètement dégénérée.


Il fallait pourtant que je trouve une solution. Et vite !


Je tentai de demander de l'aide à mes amis. Les uns me rirent au nez, les autres furent dégoûtés d'apprendre que j'avais essayé de faire habiter des goélands chez moi.


Sans compter que les fientes et les parasites tractés par ces maudits animaux m'avaient rendus malade. Les démangeaisons et allergies se faisant de plus en plus purulentes et abrasives, mon médecin me regardait bizarrement, se posant des questions sur mon hygiène de vie.


Je décidai de régler mes problèmes seuls. Je n'arriverais certainement pas à les faire déguerpir en les harcelant, ils semblaient bien plus doués que moi en la matière. J'avais déjà essayé de les affamer, en refusant de répondre à leurs sollicitations de plus en plus menaçantes. Mais rien n'y faisaient, ils se servaient eux-mêmes, renversant ma poubelle, crevant les sacs et volant mes fruits.


J'étais acculé. J'avais bien pensé à quitter l'appartement, mais l'idée de tout nettoyer et de tout réparer me désespérait. Alors quoi ? Partir sans laisser d'adresse ? La caution ne suffirait même pas à couvrir l'ensemble des dégâts. Mais quelle idée m'avait pris !!


J'avais envisagé de les attraper un par un pour les jeter dans la rue, mais je savais pertinemment qu'ils reviendraient au bout de quelques minutes.


Il me restait à les empoisonner. Mais avec quoi. J'ouvris l'armoire où je rangeais les produits ménagers. La bouteille de déboucheur de canalisations me fit des clins d'oeil. Je m'empressai de tremper de grands morceaux de brioche et de les lancer en direction du nid. Tout en m'essuyant les doigts brûlés par les produits chimiques je guettais le moment où mes ennemis ingurgiteraient le poison. Mais ils étaient bien plus malin que je ne l'aurais cru.


Je tentai l'expérience avec toute sorte d'autre mixture et mélange que je trouvais dans les supermarchés et les jardineries, mais rien n'y faisait. Il me faudrait me salir les mains et m'atteler à la tâche par mes propres moyens en terminant cette histoire débile en exactement deux mille mots.
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