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 [Background][Carnets d'Aelis] - Régence

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Exodus (...)
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MessageSujet: [Background][Carnets d'Aelis] - Régence   [Background][Carnets d'Aelis] - Régence Icon_minitimeVen 28 Mai - 1:59

Les Carnets d'Aelis



La vie des principaux habitants du fier pays qu'est Ter Aelis est connu de tous, leurs aventures faisant rapidement le tour des Citées, inspirants les artiste, servant d'exemples aux jeunes enfants, illustrant les vices et les vertus de chacun.
Qui ne connait pas le nom des Gardiens? Qui peut se targuer d'ignorer les citoyens les remarquables? Qui ose parler des Confréries comme d'un mythe? Personne, car chacun sait qu'ils existent et façonnent notre avenir en fonction de leurs choix, de leurs alliances et de leurs conflits.
Mais ils ne sont pas les seuls à composer l'Histoire. Certains les ont précédés, d'autres leurs sont rivaux, et d'autre encore patientent en attendant le jour de se révéler à nous. Sociétés secrètes, Civilisations antiques, Ethnies isolationnistes ou groupement utopistes, tous ont leur place dans notre Culture et notre Histoire.

Les Archives qui suivent sont des compilations de témoignages, d'enregistrement ou d'enquêtes, lesquels mènent systématiquement à la découverte d'un secret de Ter Aelis. Mais découverte ne rime pas toujours avec réponses, et il ne tiendra le plus souvent qu'à vous d'apercevoir la vérité au milieu de ces secrets.



Archive actuellement consultée: Régence.
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MessageSujet: Re: [Background][Carnets d'Aelis] - Régence   [Background][Carnets d'Aelis] - Régence Icon_minitimeVen 28 Mai - 2:17

RÉGENCE



10 Décembre, 3ème Année depuis les Damnés.

Je me nomme Karl Niels. C'est la première fois en 38 ans que me vient le besoin de coucher sur le papier ce qui a composé jusqu'ici mon existence, succession navrante de faits divers et banals, enfermés dans une routine issue de capacités innées, de choix simples et d'un travail satisfaisant. Tout du moins jusqu'à aujourd'hui.
Il y a deux jours, si on m'avait demandé de me décrire brièvement, j'aurais répondu simplement: Karl Niels, 38 ans, taille et corpulence moyenne, aux cheveux noirs et aux favoris légèrement grisonnants, citoyen respecté de Wilmarin, mentaliste-télékinésiste et amateur de poésie. Un homme comme il y en a tant en Ter Aelis.

J'hésite à devoir expliquer mon métier: il est d'une simplicité déconcertante pour moi et ce carnet n'a aucun autre destinataire que moi-même, voir même aucun destinataire. Mais ne devrais-je pas voir en ce petit objet de cuir et de papier un spectateur totalement ignorant, nature et objectif en toute chose? Dans ce dernier cas, il me revient de tout expliquer comme on le ferai à un enfant ou à un parfait étranger au surprenant pays qu'est Ter Aelis.
Je suis donc un mentaliste-télékinésiste. J'exerce cette profession depuis maintenant 17 ans et parvient de ce fait à maintenir un niveau de vie plus que correct, en témoigne ma résidence située près du Café des Poètes et surtout très loin des Chantiers et des Passerelles. Ce métier consiste à la simple exploitation d'un don inné: celui de la puissance de l'esprit, de la faculté à mouvoir un objet par la simple force de la volonté et de déchiffrer les pensées secrètes de quiconque se trouve en face de soi. C'est principalement grâce à ce dernier atout que la profession existe: les riches marchands, les politiques et les diplomates font appel aux gens de mon espèce pour s'assurer de la sincérité de leur partenaire et de la sécurité de leurs affaires. Ils nous passer le plus souvent comme un secrétaire ou un associé, nous demande discrètement à la fin des négociation si celui qui est en face tente ou non de les arnaquer et nous verse un généreux cachet, la plupart du temps proportionnel aux gains que l'affaire lui rapportera.
Il y a sur Ter Aelis peu de mentalistes professionnels comme moi. Tout au plus trois par grande cité, les autres étant disséminés dans de petites capitales de régions ou cherchant l'isolement dans les campagnes de Bethil par exemple (ces derniers sont en général des mentalistes puissants mais dont les activités tendent vers une certaine illégalité, d'où l'isolement). Certains enfin usent de leurs dons comme d'un outil fort utile dans d'autre professions comme par exemple le délestage de biens chez autrui, communément appelé vol à la tire. Des amateurs.
Il est à noter toutefois que mes dons et ceux de mes confrère n'ont aucuns liens, comme l'on supposé nombres d'ignorant savants, avec l'Essence arcanique dont font usage les mages et que nous ne rendons compte à aucune École de magie, même celle du Corail dont nombre de disciples usent de sorts se rapprochant de nos pouvoirs. Nos capacités sont issues de notre force mentale, naturellement supérieure à la moyenne et ne découlant d'aucune manipulation de l'Essence (il fut même prouvé que les mentaliste avait plus de mal que les autres a appréhender le concept d'Essence et à embrasser le voie des mages).
Le métier de mentaliste-télékinésiste est donc une profession parmi tant d'autres, dont la puissance est toutefois limités par la force dont on dispose et la réceptivité des éléments cibles: certains esprits sont ainsi naturellement fermés au mentalisme, tandis que certains matériaux ou éléments sont insensible à toute forme de télékinésie. Par exemple, il est de notoriété publique dans la profession que le liquide, de par son manque totale de constance, est parfaitement insensible à toute sollicitation télékinétique: au plus vous sera-t-il permis de voir quelques remous dans le contenu d'un verre d'eau.

Mais j'avoue maintenant douter de ce que viens d'écrire. La rencontre d'aujourd'hui m'a donné beaucoup à réfléchir. Je crois que le coucher sur papier reste encore la meilleur manière de le prouver.

Cet après-midi, aux alentours de quinze heure, on frappa à ma porte. Comme je n'attendais personne et étais passablement mal luné (une question de mauvais payement m'avait pris tout une partie de la nuit et donc de mes précieuses heures de sommeil), je fis la sourde oreille. Après quelques secondes les coups résonnèrent à nouveaux, cette fois d'une façon étrangement distincte, comme si on venait de frapper directement à la porte de mon esprit et non de ma maison. Intrigué, et un peu agacé, je décidai alors d'aller m'enquérir de l'identité de celui ou celle qui désirait tant me parler. J'ouvris la porte pour me trouver face à un jeune homme d'une vingtaine d'année, le visage taillé à la serpe et des cheveux blonds coiffés en arrière, portant des habits simples mais de bon goût en dessous d'une épaisse cape. Un imposant torque lui ceignait le cou, fait d'un métal semblable à l'acier mais parcourut de veines bleues, et sans qu'aucune ouverture ne soit visible.

- Monsieur Niels? Me demanda-t-il de but en blanc.
- Qui le demande? Lui répondis-je aussi sec.
L'inconnu effectua alors un rapide salut mais sans cesser de me regarder droit dans les yeux.

"Je me nomme Jhiol, initié, et suis ici pour vous parler au nom de mes pairs de la Régence. Puis-je entrer?"
Je restait un instant à le fixer, incrédule devant ce que je venais de voir. Ou plutôt ce que je n'avais pas vu: il n'y avait eu aucun mouvement de ses lèvres alors que sa voix venait de résonner dans ma tête. Interloqué, je fus pris d'une envie soudaine d'en apprendre un peu plus sur ce mystérieux invité et l'invita donc à entrer.
Je lui fis prendre place à la table du salon et lui demanda s'il désirait boire quelque chose. Il ne me demanda qu'un simple verre d'eau, que je lui apporta avant de m'asseoir en face de lui pour entendre ce que ce surprenant télépathe pouvait bien avoir à me dire.

- Bien, Monsieur... Jhiol, c'est bien ça? Puis-je connaître la raison de votre venu?
Le jeune homme me regarda un instant, sourit de manière étrange avant de me répondre, cette fois de vive voix.
- A votre avis?
Surpris mais décidé à ne pas laisser la main à mon interlocuteur, je lui répondis le plus naturellement possible.
- Et bien j'ai cru comprendre que vous représentiez une sorte de groupe ou de cartel, et suppose donc que vous êtes ici pour me proposer un travail en adéquation avec mes modestes talents...
- Mais? Car il y a un "mais", n'est-ce pas?
Encore cette désagréable impression qu'il savait à l'avance comment allait tourner la conversation. Et son sourire omniprésent.
- Je... En effet: vous êtes vous-même quelqu'un de talentueux. Votre démonstration de télépathie en est la preuve: vous êtes un mentaliste, et un bon mentaliste. Hors je ne crois pas avoir déjà entendu parler d'emploi double. Les gens de notre profession sont plutôt en concurrence constante et j'ai du mal à m'imaginer collaborer avec mes estimés collègues.
Je regardais le dénommé Jhiol droit dans les yeux: il avait l'air de s'amuser à me voir ainsi élaborer mes hypothèses.
- La question est alors la suivante: qui peut bien avoir les besoins et les moyens d'engager deux mentalistes, et surtout pour quelle sorte de travail?
- Vos hypothèses sont... intéressantes, mais en partie inexacte. Ce n'est pas à proprement parler un "travail" que je viens vous proposer, mais plutôt une occasion de trouver une utilité réelle à vos dons. Une occasion de servir ce pays et ses habitants et non plus uniquement ceux qui sont disposé à payer pour bénéficier de votre -de notre!- pouvoir.
La tournure des événement m'avait pris de cours. Celui qui se trouvait devant moi semblait vouloir me rallier à une sorte de cause idéologique farfelue, balayant d'une phrase toute mes idées de salaires monstrueux et de mécènes inconnus mais généreux. D'un ton soudain beaucoup plus froid je lui répondis:
- Je crains de devoir vous décevoir: je tiens farouchement à mon indépendance vis-à-vis de quelconque association et encore plus à mes honoraires. Je ne vois donc aucune raison d'accepter votre offre.
- Mais vous allez pourtant l'accepter.
J'avoue que c'est à cet instant que la peur prit racine en moi. Nombre d'illuminés étaient assez dérangés pour réduire au silence ceux qui refusaient de les suivre, et je ne pouvais m'empêcher de voir briller un éclat de folie derrière les yeux de Jhiol qui arborait un sourire découvrant une majeure partie de sa dentition. Je me penchais légèrement en avant et lui répondis doucement:
- Est-ce une menace?
Jhiol partit alors d'en un éclat de rire qui me vexa autant qu'il me surprit. Il chercha à reprendre son souffle avant de reprendre, encore hilare.
- Aucunement, monsieur Niels, aucunement! Je dis juste que vous allez l'accepter parce que..
Il stoppa sa phrase quelques secondes, fixant le verre d'eau posé devant et auquel il n'avait pas touché depuis le début de notre entretien.
La surface du liquide se mit alors à se rider avant de doucement monter le long des parois du verre. Puis, arrivé au bord, l'eau se regroupa en une bulle qui se mit à léviter à dix centimètre au-dessus de la table. Éberlué, je restait immobile à contempler le miracle auquel j'étais en train d'assister. La petite sphère fit le tour de ma tête avant de revenir flotter à vingts centimètres de mon visage.

- Parce que vous ne voudrez pas refuser, tout simplement.
Je fus incapable de répondre, fixant toujours la petite sphère liquide, faisant courir mes doigts sur sa surface pour vérifier qu'il ne s'agissait pas là d'une illusion. Pendant ce temps, Jhiol s'était relevé, avait sorti un papier d'une de ses poche et l'avait posé sur la table.
- Rendez vous demain à cette adresse, à l'heure de votre choix. Si votre réponse est positive, et je ne doute pas qu'elle le sera, je vous apprendrais tout ce qu'il y a à savoir. Bonne fin de journée, monsieur Niels.
Il quitta alors ma maison, me laissant seul en face d'une bulle d'eau flottante, cette dernière éclatant sur la table au moment où il ferma la porte.

A l'instant ou j'écris ces lignes je reste indécis quand à la voie que je dois prendre. Je n'ai aucune idée de ce qui m'attend: en quoi consiste son groupe, cette "régence" dont il n'a fait mention qu'une fois, brièvement. Je ne sais rien de ses objectifs ou de quoi que se soit d'autre de lui. Juste qu'il dispose d'une puissance mentale fabuleuse, digne d'un des membre du Conseil, et qu'il est apparemment près à la partager. Par une simple bulle, il a fait éclater toute mes convictions, toutes mes certitudes: un simple mentaliste ne peux pas servir le pays à lui seul, mais un groupe de plusieurs mentaliste, disposant de tels pouvoirs, serait capable même de changer le monde!

Je me nomme Karl Niels. Et c'est ce soir la seule chose dont de je suis sûr.




11 Décembre, 3ème Année d. D

J'y suis allé. Il n'y avait de toute manière aucun suspense là-dessus: après sa démonstration de la veille, j'étais guidé par ma seule curiosité, l'envie insatiable de savoir comment il avait réussi ce miracle! Et maintenant je sais... Comment mais aussi pourquoi. Je sais tout.

Je m'y suis rendu peu après midi, après avoir passé la matinée à me questionner. L'adresse qu'il m'avait donné correspondait à celle d'un café-restaurant de seconde classe, situé ente les Passerelles et l'Académie. Étonnamment, malgré la proximité des quartiers plus "populaires" de la cité, l'endroit conservait un charme particulier, avec des façades à colonnades blanches et des balcons fleuris, dans une tentative plutôt réussit de ressembler à un établissement du quartier des Poètes. Une fois la porte franchie, je me retrouvait au milieu d'un sympathique estaminet, occupé tout au plus par une vingtaine de personne, personnel compris.
Cherchant mon contact des yeux, je le vis confortablement installé dans l'une des alcôves du fond de la pièce. Les murs y étaient taillé en demi-cercle, creusé pour permettre de s'asseoir et garni de coussins aux couleurs bariolés, et au centre était placé une table circulaire. Un plateau contenant deux verres et une bouteille semblait m'y attendre. Je me dirigeais donc vers l'alcôve et m'y assis, en face de Jhiol qui me fixait avec éternel sourire.

- Vous avez mis plus de temps que ce que je ne pensais, me dit-il sur le ton de la plaisanterie. J'ai une faim de loup à vous avoir attendu tout ce temps!
-Vous m'en voyez désolé, mais j'avais des.. affaires à traiter durant le début de journée. Si ça ne vous dérange pas, pourrions-nous en arriver directement au sujet de notre rendez-vous?
Je me sentait étrangement nerveux, irascible, et mes réponses se faisaient plus sèches que je ne le voulais. Jhiol ne perdit pas sa bonne humeur pour autant et appela le garçon, tout en m'assurant que nous allions y venir.
-Pour ma part je prendrais tranches de lard, pommes de terre et un bon morceau de fromage avec ça. Monsieur Niels? N'hésitez pas, c'est moi qui invite.
-Non merci, je n'ai vraiment pas faim.
C'était faux: je mourrais de faim depuis un heure. Mais rien que l'idée d'avoir à avaler quelque chose me donnait la nausée, sans que je sache pourquoi. Comme s'il lisait en moi, il commanda la même chose pour moi auprès du garçon.
- Bon... Je vous sers du vin ou bien préférez-vous autre chose?
-De l'eau. Euh non, du vin... oui, du vin ira très bien.
- C'est comme vous l'entendez, répondit-il en remplissant nos verres. Il but la moitié du sien en une gorgée, avant de braquer son regard sur moi. Avez-vous jamais entendu parler de la Régence, monsieur Niels?
La discussion commençait encore une fois bizarrement. Je soupçonnais sa question de n'avoir pour seule but que de souligner mon ignorance et renforcer son petit côté théâtrale, ce qui avait le don de m'agacer prodigieusement,bien que je pris grand soin de ne pas le montrer.
"Pas du tout Karl, je ne me permettrais en aucune manière de vous rabaisser."
Je restait pétrifié. Il n'avait pas juste parlé dans mon esprit, ce que chaque mentaliste pouvait faire, non: il m'avait sondé, moi en autre mentaliste, sans que je ne sente aucune intrusion de sa part. Malgré le verrou que je plaçai en permanence sur mon esprit, comme tout ceux de mon espèce, il avait littéralement violé mes pensés et sans que je me rende compte de quoi que ce soit. Sa puissance, depuis hier soir, semblait avoir grandi de manière inquiétante.
-Répondez à ma question... s'il vous plait.
Je repris mon souffle, tentant de me calmer. Puis j'essayais de formuler une réponse à peu près satisfaisante, bien que ne sachant pas réellement comment répondre à sa question.
- Et bien, je n'ai jamais entendu parler d'un groupe ou d'une association appelé ainsi, mais... je sais qu'une régence signifie la garde d'un pouvoir, en attente de l'arrivée d'une autorité légitime. Je suppose donc que votre "Régence" garde quelque chose, un... pouvoir, et attend de pouvoir le rendre à qui de droit?
- Plus ou moins, me répondit-il. Mais à votre avis, de quel "pouvoir" est-il question?
- Je... Je ne sais pas...
J'avais beau me creuser la tête, je ne trouvais aucune réponse cohérente. Quel sorte de pouvoir pouvait donc avoir besoins de mentaliste? Une des Grandes Citées? Avaient-ils l'intention de prendre contrôle d'une des citée et de la déclarer indépendante (car je ne me leurrais pas: Jhiol avait beau parler de régence, il était clair que, qui qu'ils soient, ils ne gardaient rien: ils attendaient sans doute de s'en emparer.)? Et à côté de ça, rien ne me disait de combien de membre était composé ce groupe: il pouvait tout autant s'agir d'une organisation puissante ayant des contacts dans les hautes sphères que d'une dizaine d'illuminé se réunissant dans des caves. Mais même une poignée d'individus, s'ils possédaient la même puissance que Jhiol, pouvait être redoutables. Enfin, malgré toutes ces réflexion, aucune réponse valide ne me venais à l'esprit.
- Euh... une Citée? me hasardais-je. Vous "gardez"une grande citée?
- Vous regardez trop petit, Karl! Pourquoi se limiter à une ville, aussi grande soit-elle: ouvrez les yeux, cessez d'observer à l'aide d'une loupe et cherchez ce que forment les Citées!
Je compris enfin où mon jeune interlocuteur voulait en venir et ne pu retenir un rire nerveux.
- Vous... C'est absurde! Ter Aelis a déjà un pouvoir! Il est entre les mains des Âmes Damnées et...
- Ce sont des despotes! Le visage de Jhiol venait de perdre toute sa joie et avait en échange gagné en couleur. Qu'ont-ils fait pour cette terre à par la saigner et la modeler selon leur bon vouloir?
- Ce sont des mécènes, répondis-je un peu choqué par ce changement aussi soudain que inattendue. Ils ont développé la culture de notre pays à un point qui n'avait jamais été atteint et -
- Avez-vous déjà goûté une peinture, Mr Niels?
- Pardon?
- Avez-vous déjà mordu dans un poème? Mâché le cuir de la couverture d'un livre pour oublier votre faim?
Pour moi, il venait de sombrer dans la démence. Malgré tout j'essayais de le calmer, ou au moins de lui faire comprendre que j'étais de son côté, car je savais d'expérience qu'il n'était jamais bon d'être mal vu par un mentaliste en colère, et encore moins quand celui-ci perdait les pédales.
- Certes, certes, la culture ne fait pas un pays, lui répondis-je sans en penser un mot, tentant de le faire baisser d'un ton avant que le patron ne se décide à nous jeter dehors pour réduire le volume sonore, lequel avait soudainement atteint des sommets. Mais pour ce qui est de nos besoins vitaux, les ducs sont toujours à la tête des Citées, et aux dernières nouvelles nous n'avons pas à nous en plaindre...
Avec un rire dédaigneux, Jhiol vida son verre d'un bref mouvement du poignet, avant de le reposer sèchement sur le bois de la table et de me fixer avec un regard que je trouvais condescendant (et un peu vexant).
- Vous croyez franchement en ces nobliaux? Ils ne valent rien, dit-il en accentuant son opinion d'une grimace, semblable à celle que ferait un elfe après avoir bu une choppe de bière. Ce ne sont que des lèches-bottes, rampant pour une miette de pouvoir, et incapables de se rendre compte que pour chaque parcelle d'autorité que les Damnés leur lancent, ils en perdent le double. Les grandes dynasties qui ont fait la gloire de ce pays ont disparue.
Il semblait se renfrogner, parlant de plus en plus bas, comme s'il répugnait à continuer à voix haute. Ses yeux semblaient fixer le vide, tandis que ses mains jouaient à faire tourner son gobelet maintenant vide.
- Les Jadh ne sont plus à la tête de Bethil. Les Ducs ne sont plus qu'une illusion et notre pays est à la merci d'un groupe de tyran élitiste. Les Gardiens ne sont nommés que par leur puissance et leur savoir, avant même leur intérêt pour les habitants.
Je me demandais à cet instant s'il avait ne serait-ce qu'une fois ouvert un livre de l'Histoire de ce pays, car la définition qu'il me donnait du régime des Damnées et de leurs Gardiens semblait étrangement proche de ce qu'avait été les Ducs pendant une longue période. Mais l'écouter était amusant - a défaut d'être intéressant - et je me décidais à ne pas le couper dans sa morose restitution des faits.
- Ils ne sont pas appelés "Gardiens" pour rien... Ils sont chargés de nous surveiller, et si l'occasion se présente de nous écraser! Les armées des Citées n'ont jamais été aussi importante depuis la Guerre Civile et vous savez pourquoi, n'est-ce pas?
- Une peur des pays voisins? Une recrudescence des pillages dans les contrées du Nord? Les explications sont nombreuses, lui répondis-je avec une pointe d'agacement pour ses innombrables questions.
- Non, il n'y en a qu'une seule: la peur de ce pays lui-même. Ils savent qu'ils ne tiendrons pas la population en laisse bien longtemps, alors ils tentent de l'endoctriner, de la focaliser sur une menace aussi réelle que leur soi-disante légitimité! De plus personne n'oserait s'en prendre à une force armée aussi puissante que celle qu'ils sont en train de rassembler.
- Diviser pour mieux régner?
- Vous ne croyez pas si bien dire, me répondit-il avec un mauvais sourire. Avez déjà entendu parler des Confréries?
Évidemment, comme n'importe qui de correctement informé dans la Citée, j'avais lu et entendu pas mal de rapport sur ces groupes plus ou moins bienveillants. Parfois inoffensifs, parfois para-militaires, voir quasiment sectaires, ils avaient connu une croissance fulgurante avec la bénédiction des Damnés, qui avaient encouragé la formation de ce qui étaient devenus de véritables organisations, souvent rivales et s'ignorant royalement le reste du temps. Le plus surprenant au sujet de ces Confréries restait l'influence qu'elles avaient acquise, politiquement et géographiquement parlant: nombre des fameux Gardiens avaient prêtés allégeance, voir même formé leur propre fratrie, et de nombreuses citées de moindre importance avaient elles aussi souhaité (parfois sans trop avoir le choix...) bénéficier de la protection et de la gloire des Confréries les plus puissantes. Mais au final, rien de ce qui les concernaient ne m'inquiétait outre mesure du haut de ma tranquille demeure volante.
- J'ai bien entendu quelques rumeurs à leurs propos, oui. décidais-je de lui répondre, curieux de connaître son point de vue sans doute fantasque sur la chose. Mais je suppose que vous pourrez m'éclairer de vos lumières?
Faisant comme si il n'avait pas remarqué le ton sarcastique que je n'avais pas peu empêcher, il se resservit un verre avant de continuer d'un ton aimable, presque amusé, comme si nous parlions soudain du temps qu'il ferai demain. J'en venait à croire que ses talents de mentaliste s'amenuisait proportionnellement aux nombres de verres qu'il avalait, car il ne réagissait même plus à mes remarques personnels.
- Ça ne m'étonne pas que vous n'en sachiez pas plus que ça, les détails qui les concernant sont tenues à l'écart du grand publique la plupart du temps. Sachez juste qu'elles regroupent suffisamment de puissance pour mettre le pays à feu et à sang: ceux qui en compose les rangs sont presque tous des êtres de pouvoirs, et nombreux sont ceux qui nourrissent des ambitions vis à vis de notre pays.
"Ce qui ne les diffère pas tant que ça de vous si j'ai bien compris" eu-je envie de lui répondre.
- Et comme si cela ne suffisait pas, elles sont depuis quelques temps en conflit ouvert les unes avec les autres, pour des raisons futiles, et ces maudits Damnées ne font rien pour les en dissuader! Au contraire, on croirait qu'ils s'amusent à voir Ter Aelis sombrer peu à peu dans le chaos... Si rien n'est fait, ce pays ne tiendra pas plus d'une année.

Achevant son discours sur cette sombre (et selon moi totalement infondée) prédiction, il soupesa la bouteille de vin, soupirant quand son poids lui indiqua qu'il était maintenant en pénurie de boisson. Or avec un superbe timing, le garçon arriva avec nos plats et, après les avoir déposé, reparti la bouteille dans les mains, chargé la sainte mission de nous ramener sa petite sœur.
Jhiol se jeta alors sur son plat comme s'il s'était agis de son dernier repas. Toute trace de morosité avait disparue, laissant place à une joie simple. Pour ma part, après avoir osé avaler un morceau, je trouvais que les pommes de terre n'étaient pas assez cuites, mais là n'était pas le plus important. J'attendais en effet toujours qu'il en arrive au secret de sa puissance, qu'il avait plus ou moins promis de révéler si je venais à ce rendez-vous. Et la chose, à mon humble avis, commençait à trainer en longueur.
Mais, alors même que j'allais lui demander d'en venir aux choses sérieuse, il me devança, entre deux bouchées.

- Vous comprenez aisément, Mr Niels, qu'on ne puisse laisser la situation dégénérer. Ce pays a besoin d'un pouvoir apte à contrer celui des Damnées et de leurs pantins, un pouvoir au service de son peuple uniquement! Et c'est là que vous et moi intervenons, car ce pouvoir nous l'avons.
Vous oui mais pas moi, me mis-je à penser.
"Mais cela ne serait durer Karl, vous le savez au fond de vous."
Nouvelle irruption au seins de mes pensées, encore plus subtile cette fois que la précédente. Je n'avais rien senti, pas même un résidu de passage psychique dans mon esprit. Moi qui le croyais presque endormis, il me prouvait que son pouvoir était bien là, toujours aussi écrasant.
- Alors qu'en dite vous Mr Niels? Allez vous tourner le dos à votre destin, ou bien choisirez vous de servir vos frères et de les libérer? Sauriez-vous vous contenter de l'asservissent qui vous est peu à peu imposé, ou oserez vous vous relevez avec nous?
Il me fixait du regard en attendant ma réponse, ses yeux réfléchissant une sorte de folie presque contagieuse.
- Je n'en sais vraiment rien, avouais-je alors. Je n'en ai strictement aucune idée et pour être tout à fais franc, je crois bien que je m'en moque.
A ma grande satisfaction, je vis son visage afficher un air de profonde surprise. Pour une fois qu'il ne prévoyais pas mes réponses... Sans lui laisser le temps de se reprendre, j'enchainais immédiatement.
- Je ne suis pas venu ici pour vous écouter vous épancher sur le sort réservé à ce pays. Je ne veux qu'une chose: savoir comment vous avez obtenus une telle force. Le ton de ma voix variait tant que j'en était moi même surpris, montant dans les aiguës sur certains mots à en devenir comique. J'ai passé plus de 15 ans de ma vie à m'entrainer à dompter mes pouvoirs de mentalistes, à atteindre un niveau que beaucoup voient comme la limite de cette profession. Or voici qu'en un soir, un gamin sortit de nul part fais voler ces barrière en éclats! Avouez qu'il y a de quoi devenir légèrement... perturbé.
Je repris le contrôle de ma voix, tapotant nerveusement le bois de la table avant de me saisir de mon verre auquel je n'avais pas encore touché, le portant à mes lèvres puis le rabaissant, sans en avoir bu au final une seule goute.
- Alors je vous le demande encore une fois: dite moi juste comment.
Me fixant avec des yeux écarquillés, il resta immobiles pendant quelques seconde avant de lâcher un léger soupir, ses épaule s'affaissant sur le coup, un petit sourire compatissant et profondément énervant se dessinant sur ses lèvres.
- Il m'avait prévenu, dit-il alors à voix basse. Le Régent m'avait dit qu'il vous faudrait gouter au pouvoir avant de comprendre comment vous pourriez l'utiliser... Très bien Karl, tendez votre main!
La dernière partie de sa phrase, prononcée à voix haute, me pris de court. Mais avant même que je ne décide de ce qu'il valait mieux faire, mon bras était déjà tendu dans sa direction, la main écartée.
Jhiol retira alors l'une des deux bagues qu'il portait à la main droite. Il s'agissait, en y regardant de plus près, d'une espèce de chevalière, dépourvue de sceau et forgée en un seul bloc. Le métal, le même que celui qui semblait composer son torque, faisait penser à de l'acier mais était parcourut de fines veines bleu-vertes qui couraient sur tout la surface grise. Puis il lâcha la chevalière dans le creux de ma main, sans un mot.


Il est difficile de retranscrire par écrit ce que je ressentis au contact de l'objet. D'une certaine manière, c'était comme mon être s'était soudain étendue au delà de mon corps, mon esprit dépassant brièvement les limites que je lui connaissait. J'entendais une multitude de voix résonner vaguement dans mon crâne, tantôt celle du garçon, tantôt celle d'un client, accompagné en permanence par une sorte de murmure à peine audible.
La perception que j'avais de mon environnement fluctuait en permanence, tandis que je sentais de multiples prises psychiques s'étendre de mon corps pour attraper tout ce qui se trouvait à portée. Lentement, les couverts posés sur la tables se mire à flotter à quelques centimètres du plateau, puis se fut au tour des verres et des assiettes. Que je sois damné si je ne suis pas sûr d'avoir vu le vin que contenait mon verre quitter le fond de celui-ci pendant plusieurs secondes.
C'est lorsque résonna le bruit de la chute d'un verre qu'amenait le garçon à une autre table que Jhiol se pencha pour récupérer la chevalière. Au moment où il se saisit du bijou et que celui-ci quitta ma paume, mon monde redevint normale. D'une affligeante normalité. Le silence s'était fait. Les fourchettes ne défiaient plus les couteaux en un duel aérien, tandis que les assiettes avait cessé leur numéro de lévitation. Enfin, le vin restait désespérément plat dans mon verre, sans une ride à sa surface. La seule chose qui pouvait témoigner de ce qui venait de se passer était le patron en train de sermonner le garçon au sujet d'un verre brisé, ce dernier ne comprenant pas comment le verre avait bien pu passer du milieu de son plateau jusqu'au carrelage.

- Alors, votre verdict? Me demanda un Jhiol apparemment ravi. Je sais d'expérience que le premier contact est particulièrement intense, mais on s'y habitue très vite. Toutefois, ajouta-t-il en se tapotant le menton, vous êtes l'un des premiers qui ai eut autant d'expérience dans son domaine avant le premier contact, aussi est-il possible que celui-ci fut plus... grisant?
Je ne suivais même pas un mot sur deux de ce qu'il me disait. Ce que je venais de faire m'avait subjugué, me prouvant que les limites que je croyais avoir atteint n'existait uniquement du fait de mon manque d'ambition. Mais l'extase avait été de courte durée. J'étais en sueur. La sensation de manque était trop présente pour que j'arrive à retrouver mes esprit et je ne demandais qu'une chose: retoucher encore une fois cette chevalière, juste une infime portion de ce métal dont elle était composée. Je regardais Jhiol remettre son bijou en place, à côté de son jumeau. Plus je le fixais et plus le métal me sautait aux yeux. Là, une broche! Ici, un bracelet fin! La boucle d'oreille peut-être? Derrière ses yeux, se pouvait-il que... oui, cela expliquait peut être cette drôle de lueur? Et le plus beau: son torque de près d'un pouce de hauteur, encerclant son cou de ses reflets bleus et verts.
- Encore... S'il vous plait... m'entendis-je supplier. J'accepte votre proposition. Je vous rejoint, qui que vous soyez... Mais pitié, juste une seule fois...
Jhiol me regarda avec une sévérité inattendue, croisant les bras devant lui comme pour me cacher une partie de l'objet de mes convoitises.
- Non, pas tout de suite. Il vous faut d'abord récupérer, vous faire à l'idée de ce qui vient de se passer. Buvez un verre, respirez calmement puis enfin rentrez chez vous. Je viendrais vous chercher demain aux aurores, reposez vous d'ici là. Emportez quelque chose si vous le souhaitez. Mais surtout réfléchissez, méditez sur ce que vous pourriez faire avec un pouvoir aussi important que celui auquel je vous ai fait goûter.
Il se leva alors, l'air content de lui, et sortit de son manteau une petite bourse de cuir. Juste avant de se diriger vers le comptoir, il se pencha vers moi et murmura:
- Et dites-vous bien que tout ceci n'était qu'un fragment de ce que la Régence possède.
Ensuite de quoi il paya la note puis quitta l'établissement aussi naturellement que possible.

La sensation est maintenant partie. J'ai retrouvé mes esprits et commence à prendre le recul nécessaire pour analyser ce qui s'est passé en ce début d'après-midi. Le secret vient du métal, j'en suis certains. Il doit, d'une manière ou d'une autre, abolir les barrières de l'esprit, et donc chez un mentaliste, permettre d'accéder à une puissance incroyable.
Cette Régence possède possède le métal et apparemment les mentalistes-télékinésistes. Si je veux y avoir accès, je n'ai pas d'autre choix que des les suivre. De plus, tout les effet n'ont pas cessé: le murmure est toujours là, aussi inaudible qu'avant mais me rappelant sans-cesse l'effet grisant qu'est celui de savourer une puissance sans égale.
Demain il viendra me chercher. Demain, j'aurais mes réponses. Toutes mes réponses.
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