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Aillas
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Aillas


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MessageSujet: Gröoar ?   Gröoar ? Icon_minitimeVen 28 Jan - 6:59

Utopie dans le bleu qui se lève, je vois le soleil croître à mesure que les minutes passent et je crois encore qu'il est possible de faire des choses belles et sincères sous ce ciel. Une batterie tape le cœur qui bat dans ma poitrine, un harmonica l'accompagne et me porte au bord des lèvres une chanson que je ne connais pas. Comme tout ces autres qui ont regardé dans un spleen solitaire un paysage si beau, j'ai envie de chanter ce qui sonne et m'étreint le corps en violence, je ne suis que feu et puissance. Pourvu que ça dure, j'ai la patte fébrile alors que je m'immerge dans cet instant déséquilibré, ancré dans le néant de la peur partagée à la plénitude d'être. Je comprends ceux qui croient qu'il existe une entité supérieure, je comprends ceux qui prient pour elle, je comprends cette passion pour l'existence, cette gratitude à exprimer et qu'il nous faut exprimer. A quelqu'un, à qui ?

Mais au fond de moi je sens monter un tourment déchirant. Dans les interstices de ma détermination j'implore de pouvoir vivre cette idylle de vie sans en payer le prix. Il y a dans les cadeaux que l'on nous a fait un quelque chose qui fait de moi l'esclave des autres, ce pourquoi même je suis heureux d'être vivant et serein quant à mon chemin. Cette dépendance me leste dans un présent tumultueux et ordonné qui n'attend de moi que la soumission et mon abandon profond et total à son sein. Ce à quoi je ne peux me résoudre, n'arrivant que par intermittence à poser au sol mes pieds si vulnérables. J'ai l'utopie du ciel bleu, infini et empli d'espoir, de transcendance. C'est l'image de l'albatros de Baudelaire, dans toute la quintessence de mon sentiment de pouvoir je n'apporte rien de nouveau sur cette Terre.

J'aurais voulu raconter l'histoire d'un homme qui ne vivait que dans le temps qu'il pouvait sentir et voir poindre, d'un homme dont les rêves sont simples et dont le bonheur l'est tout autant. Il aurait des yeux à damner des saints, des paroles à faire tomber les feuilles, cet homme saurait compter ce qui est cher en ce monde et n'aurait à dire à personne pourquoi ces choses le sont et pas les autres. Dans cette histoire, on irait toujours de l'avant, les aventures seraient héroïques, d'un héroïsme du quotidien, de ceux qui trouvent toujours à bâtir et ce même dans les sables les plus volatiles, même dans le sang le plus tenace. Parce que l'homme dont je voulais conter l'épopée n'aurait pour seul regard que celui insatiable et pourtant contenté du plaisir consommé dont il sait que le suivant lui parviendra, différent, changé, nouveau. Ce personnage donnerait à ceux qu'il croiserait, leur prendrait aussi, ne s'acharnerait pas sur les échecs passés pour continuer à construire avec les gens qu'il aurait comme amis.

Mais l'homme que je suis n'est pas ce genre d'homme. L'homme que je suis s'embarrasse jour après jour de questions démesurées auxquelles nulle réponse ne figure dans aucun livre. Celui que j'incarne dans la routine de ma vie aime à vivre dans la société, se fondre et s'attacher aux personnes de façon à se former un cocon protecteur face à ceux qu'il juge comme ces adversaires, ses prédateurs. Je laisse toujours germer dans mon esprit la graine insidieuse du regret, du remord pour les expériences passées, celles qui ne sauraient réapparaître en aucune façon. Dans un encéphale aussi fertile on pourrait ensemencer suffisamment de champs pour nourrir la planète entière, alors ce sont ces femmes qui rejaillissent, ces amis disparus que l'on a perdu de vue, ces instants vains dont on ne peut que perdre la trace. Non, vraiment, l'homme que je suis n'a d'yeux que ceux qu'il a derrière le crâne et son attention aux choses est aussi durable qu'elle est épisodique.

Pourtant, parfois je me laisse aller à devenir ce que j'aspire à être. Il m'arrive d'être fort, d'avoir dans mes pensées le moment qui se déroule, sous mes pieds la route qui se dévoile, sur mes lèvres le parfum qui se découvre. Inconsciemment, je parviens à créer ces plaines de plénitude qui me comblent de joie, ne plus se soucier de ce qui fait le pourquoi, ne répondre qu'à peu de questions, ne s'appesantir que sur celles dont la réponse demeure dans sa poitrine, frétillant de savoir. Si j'aime autant disparaître c'est d'abord pour me départir des interrogations qui me laissent bredouille, j'ai en horreur d'avoir à mettre des mots sur les choses auxquelles je n'ai pas encore réfléchi ou pour lesquelles mon sein n'a pas plus de paroles à donner qu'à un nourrisson que je devrais allaiter. Je ne donne que ce que je sais pouvoir donner et bien trop souvent je ne sais pas ce que je dois donner.

Avec les rêves que j'ai, et quand j'entends rêve je pense bien sûr à ceux que je fais lorsque je dors, mon passé me rattrape avec trop de facilité. C'est comme si un détail m'avait manqué, que l'œil neuf de l'imaginaire redorait le blason d'une image dont le temps est écoulé. Trop de fois des idées que j'avais écartées se redessinent avec entrain dans mon cerveau dans des moments où jamais je n'aurais cru avoir à me pencher à nouveau sur ces instants. Il me faut l'oubli pour persévérer, une mémoire bénigne qui ne cherche pas incessamment à me remettre la tête sous l'eau, là où je n'arrive plus à répondre, là où je ne suis plus que fuite et disparition. Mais je crois que je n'aurais pas cette chance, ces songes ne sont pas les affabulations d'un autre mais bel et bien une partie de moi qui s'exprime et qui hurle aussi fort que mes tympans peuvent le supporter les désirs qui me tourmentent. Les vociférations de mes rêves sont aussi vivaces ensuite que la réalité qui me porte, elles se fichent dans mes réflexions, axant toute mon âme sur la question irrésolue dont l'oubli m'avait privé de manière salvatrice et fugace.

Alors même que ces souvenirs remontent douloureusement à la surface, ce sont les éléments du monde qui se manifestent pour faire en sorte que le réel s'immisce encore. Les tracas qui m'agitent prennent brutalement vie et se donnent corps, me visitent et me hantent. L'homme que j'aimerais être pourrait se sauver de cette damnation mais pas moi, je suis coincé entre deux tâches d'encre, deux pans d'un mur qui se désagrège et se reforme constamment.
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Green Partizan
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MessageSujet: Re: Gröoar ?   Gröoar ? Icon_minitimeVen 28 Jan - 20:46

Quelle musicalité dans les premiers paragraphes ! Tant de rimes que tu as disséminé partout, c'est envoûtant. Content Vert
Ca revient un peu plus dans les derniers également.

Pour le fond, il y a là une profonde introspection plutôt bien construite et menée, et nourrie de nombreuses images et références. J'aime particulièrement le troisième paragraphe, qui est le plus lyrique. D'ailleurs à son terme intervient la coupure du texte, et le début du réel auto-commentaire. Les deux avant-derniers paragraphes sont peut-être un brin redondants, mais leur richesse syntaxique et leur fluidité font bien passer la pilule.


Citation :
son attention aux choses est aussi durable qu'elle est épisodique.
La comparaison semble assez compliquée vu qu'on est face à des contraires. Tu conviendras qu'on ne peut dire de quelqu'un qui est "aussi grand qu'il est petit", on ne verrait pas alors le sens.
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Ruby

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MessageSujet: Re: Gröoar ?   Gröoar ? Icon_minitimeMer 16 Fév - 23:31

Bien agréable à lire. Bien aimé peut être que cela vient du fait que ça semble plus modeste, honnête ; ce texte semble plus personnelle et y gagne peut être : ce n'est pas ta première réflexion mais celle-ci porte sur les sentiments et non la raison.

Pourquoi ce titre?
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Aillas
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MessageSujet: Re: Gröoar ?   Gröoar ? Icon_minitimeJeu 17 Fév - 14:13

Merci de vos lectures. Pour te répondre Xupinette, j'ai écris ce texte sur une profonde douleur sentimentale, chose fort banale en ces temps de libéralisme moral. Il s'intitule ainsi parce qu'il est né de la même personne qui m'a inspiré "Croöa". Ici cependant, on comprendra bien qu'il s'agit d'un cri vers le Grand, d'un défoulement de frustration et de passion, d'où le choix de cette onomatopée ci comme réponse à l'autre. Le point d'interrogation n'est qu'un espoir de changement, d'une possibilité de retour en arrière, la caractéristique de l'homme que je suis et non de l'homme que je voudrais être.

Green, est ce difficile d'imaginer quelque chose qui dure dans le temps en apparaissant et disparaissant régulièrement ? Ce n'est pas une provocation que je dis, je te demande simplement hein. Si je dis par exemple "La pluie sur Londres est un phénomène aussi durable qu'épisodique", je comprends que la pluie continuera toujours de tomber sur Londres, mais par intermittence.
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Green Partizan
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MessageSujet: Re: Gröoar ?   Gröoar ? Icon_minitimeJeu 17 Fév - 16:00

Je vois mieux les choses, autant pour moi. Content Vert
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MessageSujet: Re: Gröoar ?   Gröoar ? Icon_minitimeJeu 17 Fév - 16:24

Simplement beau ^^, une très belle présentation de réflexions personnelles, des images agréables à voir, un style rond, doux, comme une confiserie.

J'aime beaucoup
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MessageSujet: Re: Gröoar ?   Gröoar ? Icon_minitime

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