Mosaïque III

Citation :

Mosaïque à 14 mains: Tàranis, Cocoon, Cassiopée, Lilith, dvb, Cordlia, Chikoun
5mn pour écrire
une phrase "Je crois que c'est fait exprès"

Je crois que c'est fait exprès. Impossible autrement ! Trop de mots pour ne rien dire, enrobés de bons sentiments à en vomir rose. Ils sont là, tous les deux, le sourire bienveillant et la langue bêlante. Ils en disent, des phrases couronnées de petits cœurs ! À croire qu'ils ne parlent que pour se l'entendre dire, encore et encore. Je crois qu'ils l'ont fait exprès. De me le dire : à moi. Ils ont longuement aiguisé leur discours et sont venus m'achever de l'amour plein les yeux. Je peux mourir en paix, semblent-ils me crier, car voilà que maintenant ils sont heureux.


Je me suis tu, doucement et faiblement. Epuisée et vaincue. Je me suis laissée allé sur le bord de la route, comme une chimère qui s'efface. Le temps d'un songe. Je ne suis rien. N'ai aimé qu'un rien. Et rien ne me reste. Je divague seule au jour qui pointe. Et semblable aux aurores évanouies, je foudroie la nuit de mes regrets.
Je ne suis rien. N'ai rien vécut dont je ne me souvienne pleinement. Rien ressenti qui ne m'emplisse pas. Mais j'ai fermé les yeux et les lèvres. Et le coeur en attente, j'écoute. Je m'abandonne aux souvenirs passés. Je crois que c'est fait exprès.


Les murs sont comme repeints par un gamin, bariolés de toutes les couleurs de l'arc en ciel, et même un peu plus. Il n'y a pas de logique dans ces traits bordéliques et on décèle même par-ci par là quelques vagues visages rondouillards. C'est assez laid dans l'ensemble, mais je crois que c'est fait exprès. Ils ne veulent pas la vendre, juste mettre des annonces et rameuter du monde à leur festin.


Je crois que c’est fait exprès si la gente masculine émascule in vitro les ronds de jambes des rombières sur les pas de la nuit. Elle ronfle et se gonfle à merveille pour trouver la donzelle mais ne trouve que potiches qui toutes empuantissent et empeste le pastiche. Pauvre petit homme qui scrute dans le noir la galante qui éructe des mots si creux d’espoir. Il perd ses quelques sous pour de fiers dessous mais loue ses vieilles gamelles pour de fausses demoiselles.


Désolé, je voulais pas. J'm'excuse. M'en voulez pas. C'était pas fait exprès, enfin je crois. J'avais la tête ailleurs, l'esprit dans votre corsage. Je vous avais pas vu. C'est bien dommage. Je vous trouve charmante maintenant que je vous ai remarquée. Non pas que vous ne soyez pas remarquable. Juste que j'étais absorbé par vos jambes, envoûté par vos mains. Je n'y peux rien. Si je vous ai rencontré, c'était peut-être fait exprès, qui sait ?


« Je crois que c’est fait exprès ».

Dubitatif je regardais Julie, qui elle ne semblait avoir aucun doute sur le sujet.

Son regard, qu’elle voulait expert, semblait remarquer chaque détail, chaque dégradé et chaque irrégularité de texture sur la toile. Je l’observais avec la même ferveur qu’elle scrutait l’œuvre. Debout face aux significations torturées et aux symboles universels, elle se tenait droite, un bras enserrant sa taille, l’autre plié pour maintenir son menton, dans une immobilité extatique et inspirée.

A travers la toile elle devinait, supposait, s’évadait.

Sentant que mon regard risquait d’une seconde à l’autre de devenir insistant, je détournais les yeux à mon tour vers la croûte.

J’avais beau « ouvrir mon esprit » et « oublier mes présupposés », je ne voyais rien d’autre qu’une épaisse couche de blanc étalée grossièrement sur une toile tout aussi monochrome.

« En fait, je crois que c’est vraiment fait exprès »


Je crois que c’est fait exprès. On arrête pas de me rabâcher les oreilles avec des tas de mauvaises nouvelles, des morts, des crises économiques, des chinois, des gouvernements foireux qui veulent pas démissionner à cause de leur incompétence, comme une croute noire et poisseuse qui tient à rester au fond de son plat, misérable répugnante aberration de la création.

Mais je crois bien que c’est fait exprès, on veut nous rabaisser. Moi je dis : ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE !

Plus de télé, plus de radio, j’en ai plein le cul de vos saloperies, c’est quoi ces merde ? J’veux des pâquerettes, des animateurs avec la banane, au taquet tout les matins ! J'veux des blagues carambars, des conneries à plus savoir quoi en foutre ! Du rire, du gag, du lol merde !

Maintenant il faut tout changer, on doit réviser le monde, lui redonner un coup de peinture. On repasse sur photoshop, et on change tout ce qu’a fait le saint père.

J'veux que chacun puisse avoir de quoi s’éclater, j'veux que les gens libèrent leurs pensées, leurs envies, leurs émotions ! Nous avons le pouvoir de l’imagination, pourquoi le gâcher à créer des polars de merde à la « Julie Lescaut ? » ? sérieusement ! Arrêtez le massacre, place au rire ! Place à la folie ! Je veux retrouver cette énergie perdue, je veux voir dans chacun de vos yeux la même lumière que dans ceux de mes enfants.

Et le premier qui dit non, j'l'envoie direct sur Bashfr ! Vous savez quoi ? Ce nouveau siècle, moi j’dis que ça va être marrant !

C'est amusant car je l'avais remarqué déja dans les autres mosaiques, chaque micro-texte est un extrait de vous, on reconnait votre écriture et votre personnalité transpire. Le jeu serait aussi de dissimuler vraiment son texte, tenter d'écrire comme un autre, et non avec ses veines.

Disons que faire transparaître un faux semblant, copier le style de l'autre, tout en respectant un thème donné dans un exercice de seulement cinq minutes... ouh là ! je crois qu'on perdrait justement la spontanéité, c'est à dire ce qui fait le charme de la discipline.

Par contre ça pourrait être une idée pour un autre type d'exercice.