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 [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]

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Sanz
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MessageSujet: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeLun 14 Nov - 1:21

Elle trône au milieu de la salle dans l'obscurité lourde de la salle basse. On l'y  a conduit sous bonne escorte, supprimant d'un revers de la main son regard interrogatoire, ôtant ses habits et la laissant nue dans cet espace froid et mal éclairé. Longtemps elle attendit, longtemps personne ne vint jusqu'au bruit léger d'une robe froissée par les mouvements silencieux d'une jeune femme aux yeux bleus. Sur son front un jeune dragon pulsait comme s'il était vivant. Son corps mariait l'élégance des femmes de haut rang et la sauvagerie des Amazones guerrières.  Pendant un bon moment, Anwen fixait Nayima tout en tournant autour d'elle jusqu'à ce qu'elle croise le regard de l'elfe et lui sourit tendrement.

Vous êtes bien joli, que faites vous ici?


Devant son silence elle s'approcha et glissant sa main sur la joue sentit batte le coeur de l'elfe si rapidement qu'il semblait sauter quelque battement. Puis son geste descendit lentement du visage jusqu'à la blessure qui dominait tout le ventre de Nayima. L'effleurant avec douceur, elle soupira

Tout cela va s'aggraver, la chair va continuer de brûler lentement. Vous allez vous défendre, puiser tout votre énergie pour vous soigner et... vous affaiblir lentement. Et cela..va continuer de progresser en brûlant le corps jusqu'à ce qu'il ne reste rien.

Le souffle de l'Amazone touchait le cou de l'elfe tandis qu'elle faisait lentement le tour de la blessure, comme pour la circonscrire. Puis s'éloignant de quelque pas, elle se retourna non sans murmurer:

Ils ne viendront pas avant une semaine. Vous n'aurez ni repas ni eau. Vous n'aurez pas de visite. Survivez en attendant.
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Méli
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeVen 18 Nov - 14:03

La caresse de la jeune femme autour de la blessure avait été un contact dérangeant. Cette plaie qui alternait entre l’expansion d’un feu dévorant et une lente cicatrisation. Sa capacité de guérison n’était pas assez puissante pour mettre fin à ce duel. Un statut quo qui lui laissait l’existence d’un lien particulier avec le Prince.

L’entaille, réalisée par l’arme mystique du Prince, ne cessait de brûler son essence ; sa capacité régénératrice ne parvenait pas à prendre le dessus. Il ne s’agissait pas uniquement d’une perversion de sa chair, son don d’empathie était fatalement attiré le long de ce lien. Nayima entendait en écho l’Appel, cette chanson insidieuse qui possédait le Prince.

La jeune elfe savait qu’elle n’avait pas encore réalisé toutes les conséquences de ce lien. Les membres de la Confrérie et le Sang lui-même seraient essentiels dans sa survie, dans sa lutte contre l’Appel.
Elle espérait également avoir ainsi la possibilité d’alléger le fardeau du Prince.

Le Prince Sanz et la Dame Cassiopée lui avaient quelque peu expliqué l’histoire et les raisons de l’existence de la Confrérie, son rôle fondamental. L’équilibre était la clé. Elle devait trouver son propre équilibre.

La jeune femme lui avait prédit sept jours d’isolement, sept jours sans interruption extérieur de sa méditation. Nayima avait donc la chance de se trouver, sans masques, sans mensonges, toute entière, nue de toutes entraves. Sept jours.

************

Une fois déjà, elle s’était isolée. A l’époque, il était nécessaire qu’elle prenne le temps de se reconstruire loin de toutes interférences afin de ne pas tomber dans la folie. Elle avait rejeté certaines parts d’elle-même qui ne lui convenaient pas, celles qu’elle pensait être détestables.

Aujourd’hui, elle savait que ces fragments étaient tout aussi essentiels à son équilibre que ses qualités, elle devait les découvrir et les accepter.

Alors que s’écoulaient les longues heures de cette première journée de confinement, Nayima s’abandonna à ses souvenirs. Elle espérait y trouver une part d’elle-même dont elle avait toujours cherché à nier l’existence. Elle s’observait, résolue à se juger sans le poids de la moralité. Chaque sentiment, chaque réaction, dans toute leur sincérité.
Elle devait trouver sa part sombre pour se connaître, pour être entière.


************

La deuxième journée ne fut pas bien différente de la première. Nayima n’avait jamais beaucoup manger, et son séjour dans la Forêt lui avait offert une certaine résistance à ses besoins primaux. Elle continuait donc sa méditation.

Il est difficile de se juger objectivement. Il est compliqué de se détacher des valeurs éduquées, d’une vision du bien et du mal qui a dirigé sa vie. Il est difficile d’admettre sa propre noirceur.

La peur, le déni, la fuite, il était tellement plus facile de leur céder. Mais c’était là ses faiblesses, ce qui provoquait son déséquilibre.

Déterminée, Nayima creusait sa personnalité, disséquer les moindres hésitations, sonder chacune des tentations qui l’avaient effleuré. Elle explorait ses sentiments déplaisants. La crainte, la rancœur, le regret, la jalousie, la convoitise ; ils étaient une partie d’elle qu’elle avait préféré refouler, ignorer.

La fin de cette deuxième journée laissa Nayima face à ses démons.


***************


A l’aube de la troisième journée, la jeune elfe sentait son corps et son âme souffrir. La fatigue nuisait à sa concentration, elle se perdait dans des rêves à demi-éveillée. La faim et la soif commençaient à tirailler son corps, elle gisait telle une loque sur le sol froid, recroquevillée en position de fœtus, tentant de garder la chaleur en elle.

Elle s’était cru forte, elle s’était crue supérieure. Triste retour à la réalité que la faiblesse de son corps et sa volonté. Quelle arrogance de croire qu’il s’agissait d’un combat si simple. Nayima pleurait sa faiblesse, pleurait ses désillusions. Chaque larme était un coup porté à son triste rêve. Un rêve ancien, un rêve irréaliste, un rêve utopiste, ce rêve qui lui avait été imposé par la vie, par l’éducation, par sa famille. Un rêve qu’elle était venue brisée. Ce rêve qui était cerné par des questions de moralité subjective, par des objectifs prédéterminés pour des genres. Un rêve qui ne lui était pas propre mais prédéterminé, dicter dès sa naissance. Chaque larme était donc une libération, l’affranchissement du carcan de la communauté, de la contrainte de la société, de la tutelle du peuple. Chaque larme lui permettait de découvrir davantage sa nature brute, originelle, primitive.

***************


Le quatrième jour, Nayima n’était plus tout à fait consciente, alternant des phases de réveil plaintif, et des temps de torpeurs où des cauchemars l’agitaient. Des spasmes secouaient son corps déjà anémié et diminué. Mais c’est la folie qui était le plus grand danger qui guettait l’elfe. Dans sa recherche effrénée de sa vraie nature, elle s’était perdue. Dans sa quête de libération des entraves morales, elle s’était privée de ses repères, de ses croyances, sans savoir les remplacer, sans avoir la force d’en imposer de nouvelles.

Elle avait besoin de la Confrérie, que celle-ci soit le ciment de ses nouveaux repères.

***************

Le cinquième jour, la jeune elfe s’évanouit. Il lui sembla se réveiller. Il s’agissait de la même pièce. Elle y était debout sur un côté de la pièce. Une lumière semblait venir de nulle part. Elle n’était plus nue, des lianes couvraient légèrement son corps, de douces feuilles vertes l’habillaient. Elle ne sentait ni la faim ni la soif, ni même la fatigue ; au contraire, elle sentait extraordinairement bien, satisfaite. Elle était heureuse, un sourire francs illuminait son visage, ses yeux pétillaient de bonheur.

Soudain, un rire dur meurtrit ses oreilles. Levant les yeux vers l’origine du ricanement, elle vit une silhouette s’avancer d’un coin sombre de la pièce. Abasourdie, Nayima se vit apparaître. C’était elle, la jeune elfe en avait l’étrange certitude, mais cette apparition était dérangeante ; quelque chose en elle était perturbant.

L’autre avançait vers la lumière mais sans jamais l’atteindre, ou plutôt comme si la lumière était repoussée. Lorsqu’elle fut suffisamment proche, Nayima fut choquée. Un inquiétant rictus et un regard moqueur était posé sur son visage.

« Tu transpires la peur. Tu me cherches depuis plusieurs jours, mais crois tu être prête à me voir, à m’accepter ? Faible créature qui préfère nier sa nature, jouer les aveugles. »

Alors que le septième jour finissait, Nayima était amenée à tester sa volonté et son courage.


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Sanz
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MessageSujet: ach   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeSam 26 Nov - 20:02

C'est le Septième, Mon Prince.

L'horloge grinça lourdement et l'aiguille passa pour la septième fois devant le dragon enlacé qui servait de repère. Accroché au dessus de la porte tel un front, elle était entourée de savantes sculptures symbole du temps polymorphe qui transforme les essences et leur donnes formes étranges et destins étranges. Debout face au seuil, il reste immobile, observant chaque trait et chaque courbe, cherchant au sein de ces nervures murales l'ordre d'une pensée, d'une clef qui lui permettrait d'affronter une nouvelle fois les règles violentes de la purification.

Car elles étaient sauvages et barbares, car elles détruisaient autant qu'elles créaient, car elles étaient nécessaire et viscérales. Car il fallait qu'elles soient pour être certain de l'être qui attendait depuis sept jours dans la nuit et la privation.

A côté de lui, le frôlement d'une robe attira son attention. Anwen s'était approchée, discrète, et se tenait droite, mù par l'instant du lion qui sent l'heure d'un éventuel dîner approcher. Ses yeux fendus en forme d'amandes fixaient le Prince, mordu par la faim. Quand elle fit élever sa voix de cristal, il sembla qu'une harmonie résonnait dans les salles basses

C'était une erreur. Elle ne ne le supportera jamais. Nous ne devions pas la marquer ainsi. Le mérite t'elle? Ce n'est qu'une elfe de plus, une elfe de moins. Etes vous devenu si faible pour que vous repartiez en chasse d'âme, que craignez vous? Où allez vous?

Elle s'est liée naturellement à notre Destin, répondit-il de sa voix rocailleuse.

La réplique devait être suffisante puisqu'elle n'osa pas continuer et poussa les portes du Seuil. Dans un coin, ils découvrirent, plongé dans l'ombre, le corps d'une femme couverte de lierres, de lianes et d'autres végétations brillantes. Face à elle, l'ombre d'une autre siégait, immobile, partageant son corps indistinct avec l'ombre, mêlée à l'incertitude des reflets qui manquent de s'effacer au moindre souffle. C'était une construction intuitive, le rejet formalisé de la douleur qui déchirait son ventre - le noeud de corruption avec un visage, l'écho d'une chair et le miroir d'une émotion. Les Deux spectateurs mirent longtemps avant de se décider d'intervenir, brisant la solitude qui les avait menées l'une contre l'autre.

Le Prince s'exprima lentement, avec un léger sourire aux lèvres tout en continuant d'observer l'ombre de Nayima :

Il n'y a que les monstres qui se repaissent de la nuit, et privés de toute nourriture, se multiplient pour survivre, finissant par dévorer les enfants nés de leur entrailles. Ainsi peuvent-il affronter les dures époques du Temps qui rongent leurs entrailles. Les elfes sont des faibles, il ne survivent pas si bien. Vous n'êtes pas des leurs.

Du moins, elle ne l'était plus. Le feuillage de sa survivance même qui recouvrait chaque parcelle était nimbé d'une couleur sombre, approchant dans ses reflets du pourpres et du bleu marin. Ses défenses se couvraient d'une aura de possession maladive. Elle finira immanquable par devenir " comme eux".

Comme nous
, murmura Anwen qui semblait perçer l'esprit du Prince pour pressentir sa pensée tandis qu'il continuait de les fixer de ses yeux flamboyants.

Le jeun d'une semaine entière semblait l'avoir a peine affectée, sa peau n'étais pas sèche jusqu'à craquer aux jointures et son corps respirait les rondeurs habituelles du corps reposé qui n'avait souffert de rien, sinon d'une anémie relative étouffée par les propres dons de l'elfe. Une survie remarquable dans ces salles basses qui n'avaient jamais connues pareil spécimen.

Anwen s'approcha et relevant avec douceur le feuillage, effleura la peau soyeuse, cherchant le moindre effet lié à la faim et la privation. Elle ne trouva rien sinon cette fine pellicule verte.

Comme nous, elle s'adapte et puise en elle l'excroissance du corps pour se nourrir et survivre, en dépit des territoires hostiles. Comme nous elle tient, fière, au fond des abîmes et garde l'âme pure, le corps intact du temps qui ronge le vivant. Elle est, mon Prince, digne fille de ton héritage. Mais elle n'est qu'une elfe. Elle ne vaut..


Elle ne termina pas sa phrase, sa main armée des griffes tranchantes taillada la chair des végétation, infligeant dans cette improbable armure régénératrice une blessure suintante du poison qu'elle avait au bout des ongles. Ne se contentant pas de la blesser, ses coups suivirent de volée en volée jusqu'à ce qu'épuisée elle finisse par murmure " Rien..." laissant exsangue le corps mutilé de l'elfe. Elle n'avait pas touchée a à sa peau mais des feuilles, il ne restait plus qu'un sang noir qui filait sur les dalles, suivant le sillon des jointures pour dériver vers le centre de la pièce en flot. Le Prince était resté immobile, contemplant son âme se déchaîner comme un fauve avant de s'écrouler, fatiguée. Anwen avait le cour traversé de jalousie et de haine, et d'une peur de perdre sa place aux côtés du Prince. Et le fond de son âme criait l'inquiétude qu'il la délaisse et l'abandonne pour une âme plus fraîche, plus vaillante probablement. L'acharnement était une façon de véhiculer sa rage sans blesser la proie de Sanz, sans le mettre en colère. Elle était resté à distance, n'effeuillant que le feuillage, livré seulement a un acte sans réelle conséquence. Simple acte de délivrance.

Assise devant Nayima, elle lui murmura son langage comme on murmure à un enfant :

Tu as été jugée puis choisie. Mais pour exister réellement, ici, tu vas devoir tout perdre. Ton sang n'est pas le notre, ton histoire n'est pas la notre. Il se peut que tu oublies tout ici, mais il faut que tu comprennes que le Sang ne parle qu'au Sang, la pureté qu'a la Pureté. Il n'y a qu'une seule harmonie qui mérite de vivre ici. Il faut que tu comprennes. Que tu n'es rien, tant que tu n'es pas morte ici.

Le visage de Nayima se releva lentement à la fin du discours pour rencontrer le regard de la jeune Amazone vêtue de pourpre et de bleu marin. Ses pupilles fragmentées étaient plongées dans une mélancolie sourde, absente de compassion. Quand la voix de Sanz vola dans l'air, les deux se retournèrent :

Et puis, il faut bien que l'on comprenne ce que tu es devenue.


To continue...
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Méli
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeLun 28 Nov - 3:07

Alors que Nayima faisait face à son double, la voix du Prince sembla ébranler la pièce. Elle ne comprenait pas, l’homme n’était pas dans la pièce. Pourtant, l’autre se tourna vers l’origine de la voix. Elle vit apparaître un rictus de haine ; l’ombre se redressa, toute emprunte d’arrogance. Nayima ne voyait toujours pas Sanz.

L’ombre tourna son regard malveillant vers la jeune elfe.

« Petite chose si faible et fragile »

La sentence froide et venimeuse résonna dans la tête de Nayima, sans qu’aucun son ne sorte de la bouche de l’ombre. Sa vision s’étira, la pièce semblant se déchirer. Alors Nayima fut projetée du rêve à la réalité, elle vit le Prince, la jeune femme ; elle vit aussi son ombre qui l’observait, attendant.

Trop abasourdie, Nayima entendit que la fin de paroles de la jeune femme « elle n'est qu'une elfe. Elle ne vaut... rien ». La violence de l’attaque avait surprise l’elfe qui n’avait aucunement réagit.

« Elle a raison, tu ne vaux rien. Te voila prostrée, gémissante. Pas même capable dé répliquer, de combattre. Si faible, si inutile. Ta mort soulagerait le monde de ton utilité. Abandonnes ! Fuis !»

La voix de l’ombre, sa voix, vibra dans sa tête tel un écho. Des vagues de dégoût, d’humiliation, d’indignité, l’accablèrent.

« Tu as été jugé puis choisie. Mais pour exister réellement, ici, tu vas devoir tout perdre. Ton sang n’est pas le notre, ton histoire n’est pas la notre. Il se peut que tu oublies tout ici, mais il faut que tu comprennes que le Sang ne parle qu’au Sang, la pureté qu’à la Pureté. Il n’y a qu’une seule harmonie qui mérite de vivre ici. Il faut que tu comprennes. Que tu n’es rien, tant que tu n’es pas morte ici »

« Et puis, il faut bien que l’on comprenne ce que tu es devenue »

Les paroles se propageaient dans son esprit affaiblit ; Nayima abandonnait, lasse de combattre. Alors, l’ombre rit. Elle rit à gorge déployée, semblant savourer sa victoire.

« Oui abandonne, lâche créature. Alors je serais libre de tes chaînes »

La médisance de l’ombre réveilla la fierté de Nayima. Cette faible lueur entendit toutes les détractions qu’elle avait subit. Elle avait fini par croire qu’elle était lâche, craintive, peureuse. Que savaient-ils d’elle ? Qui étaient-ils pour la juger seulement à partir de sa nature d’elfe ? Pour la traiter tel un pantin que l’on peut battre à loisir, une chose sans importance, sans résolutions?

Alors, une autre lueur s’alluma, celle de la colère. Avec la colère, Nayima retrouva de la puissance. Elle ouvrit les yeux, et vit que les lianes, les feuilles, dépérissaient. En abandonnant, l’elfe avait donné du pouvoir à l’ombre, celle-ci détruisait ses protections feuillues, qui se nourrissait de lumière ; l’ombre souhaitait sa lâcheté, car c’était la clé pour qu’elle prenne la maîtrise.

La rage gronda en son sein, une rage nourrit par des années de restriction. Nayima se rappela son introspection, se rappela de la leçon qu’elle était venue apprendre. L’elfe cessa alors de restreindre sa rage ; au contraire, elle la laissa libre, indomptable.

Puisque la lumière détruirait l’ombre, elle deviendrait lumière. Son sang se souvint du phœnix, son sang lui offrit le feu, créateur de lumière. Nayima ne se transforma pas. Ce fut son aura qui se para de plume de feu. Ce fut sa volonté qui s’éleva tel un serpent géant. Un immense serpent aux plumes de feu qui cherchait une victime à sa fureur. L’animal observa l’ombre. C’était la proie. Un sifflement strident retentit. La créature attaqua avec vitesse surréaliste. Le poison qui l’avait tantôt attaqué était dorénavant son arme. Les crocs emprisonnèrent l’ombre, les ailes de feu l’acculèrent. Alors le serpent avala sa proie. Rassasié, l’animal s’enroula autour de Nayima, sa tête au niveau de celle de l’elfe, il observa d’un œil froid les deux autres spectateurs. Un geste d’eux, une pensée de Nayima, et il détruirait tout. La rage n’avait était nourrie que pour un temps. Réveillée, laissée libre, elle ne se laisserait pas à nouveau emprisonnée, seule la mort pourrait dorénavant l’arrêter. Nayima était dorénavant rage. Une rage visible sous la forme d’un gigantesque serpent aux ailes de feu, possédant des crochets à venin redoutablement mortel.


Dernière édition par Nayima le Mar 14 Fév - 22:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeVen 2 Déc - 17:29

Elle était devenue. Dans un accès de rage brusque, sauvage, tel un fauve qui s'éveille et fixe sa proie, Nayima était devenue et le regard du Serpent fascinait le Prince. Non, il ne s'y attendait pas. Au fond de lui, une vague excitation affleurait son sang, et ses mains tremblèrent légèrement. Ses yeux formèrent des alvéoles embrasées qui contemplait les formes agressives de la bête enserrant l'elfe dans son corps tordu. Et peu à peu, par le lien qui les unissait, par cette blessure au ventre et ce rejet de puissance qu'il avait jeté dans le corps de l'elfe, la rage qu'elle exprimait devenait sienne. Peu à peu, il copiait cette émotion confuse, ce noeud du Fauve qui s'éveille et prend conscience de toute la violence qu'il comprime chaque jour de peur qu'elle ne le dépasse et l'emporte.

Dans son dos, des ailes réapparaissaient, sales et sanglantes, et sur son front les signes du destin en lettres noires, langue de dragon, se redessinaient. Il n'éprouvait rien sinon l'imitation de son esprit sur celui de sa proie. Rage contre rage, puissance contre puissance. Son corps se craquela et le pouvoir du Sang affleura sur chaque parcelle de sa peau. Dans le même temps, à ses côtés, la louve dorée s'était transformée en une bête sanglante aux yeux révulsés ; ses griffes grandissaient tel des rasoirs tranchants et ses crocs affamés dépassaient des babines entrouvertes. Une seconde, l'idée qu'il allait combattre sa proche chair le traversa, puis tout se précipita, et il n'eut plus le temps de penser.

Dans un éclair il se propulsa sur le serpent, l'arme devant lui levée telle une masse. Mais la réaction du serpent sembla plus rapide, plus adaptée. D'un revers de queue puissant, l'animal l’éjecta contre un mur. Équilibrant sa chute dans un battement d'aile, il changea d'angle de jetée et engagea à nouveau. L'instinct du Serpent semblait infaillible, ses ailes de feu aveuglant temporairement sa cible à l'impact, l'empêchant de redresser sa course. Jusqu'à ce qu'Anwen entre en jeu et ne l'oblige à faire double front. La louve était plus rapide, mieux entrainée, son corps puissant couvrait la distance d'un bond, devinait les mouvements du reptile et visa le coup. Le choc fut bref tandis que les crocs pénétrèrent dans la chair. Ce ne fut que grâce aux ailes embrasées que l'étreinte se relâcha devant le gémissement de douleur d'Anwen. Sa peau semblait brûlée là ou l'aile avait frappé.

Alors le Serpent blessé sembla parler, et le Prince écouter :

- Qu’espère tu en te battant contre moi ? Je devine tes rêves, je devine tes secrets. Je vois ton âme et je sais quel chemin tu prends, tous tes chemins. Je vois tes mondes, je vois tes sceaux. S’il n’y avait pas cette…louve, tu n’arriverais à rien. Je te hais pour nous avoir trahis, pour nous avoir condamnés, et ma rage nait d’ici. Et tu oses te convier au jeu, en imitant ma colère. Pourquoi veux-tu donc sa mort ? Après l’avoir souillée de ta maladie sombre…


Il resta silencieux, l’arme légèrement levée, occupé à se demander pourquoi il avait du mal a comprendre cette voix, pourquoi certains mots lui échappaient. Anwen retrouva sa forme humaine et laissant voir son corps de femme a demi brulé, a demi baignée de sang, murmura à l’encontre du Serpent :

Il ne vous hait pas, il ne vous veut pas de mal. Il n’éprouve rien. Il n’est pas humain, et il n’est pas d’ici. Il te comprend mal. C’est un enfant du Sang, Noz’ rem, il sait qu’il t’a touché mais il ignore encore comment. Tu es venu ici, pour être des nôtres. Notre loi d’ici est de te tuer pour qu’enfin tu rejoignes le Sang pur. Nous ne te voulons aucun mal.
Elle s’était approchée, tendant vers eux ses bras brûlés et ses mains tachées de sang.

Il faut que tu cesses d’être en colère, étrange chose, si tu la défends elle ne mourra pas, mais elle doit renaître dans notre harmonie, dans notre monde. Elle a besoin de nous. De jour en jour, de nuit en nuit, elle va s’épuiser à vouloir combattre la marque et peu à peu ses forces vont lui manquer. Tu ne la sauveras pas, petite chose, tu ne pourras pas la sauver longtemps. Nous comprenons que tu t’inquiètes, nous comprenons ta colère mais il nous faut t’aider. Pardonne-nous notre sauvagerie, mais nous ignorons ce qui est tendre et doux, nous avons le néant dans ventre et la haine dans nos yeux.


Le regard d’Anwen était devenu plein de larme qui tombait au sol et se brisait comme un éclat de diamant qui se brise contre la pierre. Ses pas étaient hésitants et son corps blessé avait du mal de la tenir debout. A l’ombre, dans un coin de la pièce, le Prince était immobile. Ses ailes s’étaient repliées et l’émotion qu’il avait éprouvait se dissipait peu à peu. Les raisons qui l’avaient poussé à se battre s’en allaient au rythme du sentiment qui s’étouffait. Il retrouvait une conscience apaisée qui regardait le serpent blessé desserrer son étreinte et laisser libre le corps de Nayima.
Dans la salle basse, des petites lumières s’étaient allumées, couvrant la salle d’une aura lumineuse. Au seuil, se tenait l’ombre d’une femme enveloppée d’ombre qui murmura d’une voix contrariée :

Tu deviens incontrôlable… Pourquoi n’as-tu pas attendu ?

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Cassiopée
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeDim 4 Déc - 19:56




[Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Confro10




La contrariété de Cassiopée était presque palpable. L’ombre sombre qui environnait La Dame du Sang se tordait en lourds courants noirs. Mouvante, elle grondait sa colère contenue.
Suite à l’intervention prématurée de Sanz, Nayima avait été contrainte à agir bien trop tôt pour se défendre à un instant crucial dans le long périple qui lui était imposé.

En pénétrant dans la salle, elle s’approcha de Anwenn, observant ses brûlures sur lesquelles de grandes cloques avaient fait leur apparition. Certaines, éclatées, laissaient les plaies à vif et la peau suppurer. Elle se détourna du triste tableau pour s’adresser à Nayima.

-La Valeur éprouve l’homme par la gestation qu’elle lui incombe. Peu féconde, elle n’apparaît qu’au prix du temps pour que la fusion des talents puisse accoucher d’un don. Le don de soi est sans doute celui qu’il est le plus difficile à gagner car il impose à l’homme d’atteindre sa source afin de concevoir un instant son destin.
Tu n’as pas encore accédé à la source. Par sa faute.


Les yeux de Cassiopée se plissaient sous l’effort qu’elle concevait pour comprendre les fondements qui faisaient agir le Prince du Sang sans en mesurer les conséquences.
Bien-sûr, elle savait que les âmes déchirées qui grouillaient dans son sang devaient le maltraiter à longueur de temps. Mais, il avait jusqu’ici été capable de supporter la douleur criée par ses milliers de morts au nom d’un espoir qu’ils étaient seuls à attendre.
Elle craignait d’envisager son incapacité à poursuivre sans aide.

Nayima était lentement retombée sur le sol. Le majestueux serpent de flamme avait plié ses ailes et s’était enroulé autours de la silhouette meurtrie de l’elfe pour s’évanouir à leur vue.
Elle semblait prostrée, les bras serrés sur son corps encore fumant. Son visage émacié par les jours de jeun paraissait s’être refermé.

Elle se tourna alors vers Sanz :

-C’est la deuxième fois que tu agis ainsi, deux fois que tu lui refuses ce pour quoi tu la destines. Que cherches-tu ?

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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeMer 7 Déc - 4:06

Le serpent aux ailes de feu était né de la rage de Nayima. De cette rage si longtemps enfouie. Cependant, il n’était pas que la transposition éphémère d’un sentiment. Il était une partie de Nayima qui avait été étouffée. Une partie de Nayima qui avait été nourrie de toutes ses émotions malsaines, de toutes ses rancœurs, ses déceptions.

Quand l’elfe s’abandonna, cette partie d’elle gronda. Quand l’elfe abandonna ses chaînes, cette partie d’elle se libéra. La jeune femme devint aveugle à la raison. Alors le serpent aux ailes de feu se matérialisa par la force de sa fureur. Nayima avait subis bien trop de blessures, toute menace serait détruite. L’ombre était la menace. Elle fut détruite.

La créature s’enroula autour de Nayima et observa le groupe, attendant une décision, attendant l’intervention du Prince. Le lien entre l’homme et Nayima révélait à la créature les sombres pensées du Prince. Il n’avait aucune chance de l’atteindre. Mais la créature ne pouvait le tuer, ce lien tuerait Nayima si l’homme venait à mourir. Alors, quand le Prince vit son impuissance, quand sa compagne fut suffisamment blessée, l’entité parla.

Ce fut la compagne qui répondit, ce fut elle qui expliqua au serpent aux ailes de feu. Mais la créature savait, mais ces mots devaient être dits pour Nayima. Son elfe devait comprendre.
Quand la femme entra, contrariée, emprunte de tant de reproches, l’entité sut qu’elle n’avait plus son rôle. Elle se tourna vers Nayima et ses yeux vert saphir semblèrent transpercer l’elfe. Sa voix résonna dans l’esprit de la jeune femme :

« Tu comprends ? Ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent ? Ce qui est nécessaire ? Tu comprends ? Tu n’as pas eu le temps nécessaire. Mais tu sais maintenant. Ces âmes profiteront de tes faiblesses. Chaque partie de toi te rend forte, chaque partie de toi te rend entière. Etouffes l’une d’elle et tu seras faible. Ignores l’une d’elle, et tu seras infirme. Tu dois les accepter. Tu m’as libéré alors que tu m’avais enchaîné. Je suis incomplet encore. Tu dois tout accepter. Je suis Firitheldaion, ton ombre. »

Alors le serpent replia ses aimes de feu, et sembla quelque instant entourée Nayima tel un cocon. Puis il disparut progressivement, laissant l’elfe prostrée.

« Je comprend Firith »

La rage avait quitté le regard aveugle de Nayima. Elle pleurait. Elle pleurait ce qu’elle avait été, ce qu’elle ne serait dorénavant plus. Puis les larmes cessèrent. Son deuil terminé, Nayima releva la tête, fière malgré son corps frêle, fière malgré sa nudité. La détermination de ses yeux semblait étrange sur son visage émacié par la faim. Pourtant, elle se leva digne.

Elle considéra un par un les trois autres occupants de la pièce, semblant défier chacun d’entre eux de la dénigrer. Alors, elle hurla tel un loup qui hurle à la lune. Elle hurla sa renaissance, l’ébranlement de son être. Elle hurla pour se donner la force et le courage. Elle ne cessa que lorsque la voix lui manqua. Alors la faim, la fatigue, les bouleversements, la rattrapèrent. Elle s’effondra.
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Sanz
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeMer 7 Déc - 20:46

Un vent calme, nœud d'apaisement, souleva les cœurs des âmes présentes dans la pièce. la colère s'était dissipée, et les visages s'étaient rassurés. Le dernier hurlement semblait clore les événements qui les avaient éprouvé. Ils n'étaient plus des étrangers les un aux autres. Le Prince s'adossa sur l'un des murs et s'assit tranquillement, comme si la scène lui devenait soudainement lointaine. Le Serpent l'avait obligé à battre en retraite, impuissant face au feu, face aux crocs, comme une barrière qui l'empêchait d'atteindre la jeune femme épuisée au sol. Et cette défaite atténuée par le succès d'Anwen trottait dans sa tête comme une légère amertume. Dans le même temps il prenait conscience du lien qui s'était tissé au travers de la blessure au ventre de Nayima. Dans cette liaison, elle semblait avoir accès à la mémoire de son sang. Elle pouvait alors sans demi mesure deviner, comprendre, peut être lui tenir tête. Mais si elle le pouvait, il le pouvait aussi. Ses yeux bleus fixèrent le corps fatiguée de l'elfe, et par quelque lents efforts, il pénétra dans sa conscience.

Noir ébène torsadé de vent et d'émotion confuse ; nuit couchée dans dans le lit de vieilles pensées épuisées, et l'écho d'un coeur de reptile endormi dans sa gangue. Dieu étrange qui veille sur un corps humain, sur une volonté fragile, épuisée par la faim, la soif, la fatigue. Et peu à peu le noeud d'essence qui la tenait vivante se ralentissait, appelant l'abandon, la mort, le silence comme un vœu lascif. Dans ce désordre il savait qu'elle était prête dorénavant.

Il se releva lentement et rejoignant avec difficulté l'elfe, titubant à chaque pas, souffrant des blessures béantes qui s'étaient ouverte dans le combat et qui se régénéraient lentement. Il s'assit près d'elle et tirant le corps de Nayima vers elle déposa sa tête sur ses genoux, puis dans un geste bref et précis taillada son cou pour laisser filer le sang vers le sol. AU sang qui coulait en flot du corps de la femme il sentait les lentes vibrations de l'onde écarlate passer au travers de sa main.

Et tandis qu'elle se vidait de son sang par le cou, il regardait Cassiopée les fixer tous deux, le regard encore affecté par l'attitude du Prince. Il répondit lentement, en prenant son temps, à la question qu'elle lui avait posé

Je ne cherche rien, pas vraiment. Elle lit dans mon âme, je lis dans la sienne. Et cela me rassure. Elle fera un bon chevalier.

Il savait que la question n'était pas là, et qu'elle lui reprochait davantage de ne plus pouvoir contrôler ses accès de rage et de faim. Peu à peu le Dragon qui dormait en lui se nourrissait de son énergie, et il peinait chaque jour un peu plus de le maintenir sous contrôle. Il se réveillait à mesure qu'il faiblissait. Dans ses mains, le sang continuait de couler et les paupières de Nayima se fermèrent lentement. Elle s'abandonnait doucement à une lente torpeur, contorsionnant son corps pour se lover comme un foetus.

Il va falloir les appeler, le rituel peut commencer bientôt.

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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeVen 9 Déc - 15:21

Nayima errait parmi d’immenses dunes de sable brûlant. Le soleil l’éblouissait, sa vue baissait et bientôt ses yeux seraient définitivement brûlé. Chaque parcelle de son corps réclamait de l’eau, sa peau se desséchait, semblant vouloir se détacher d’elle. Tout son corps souffrait, mais la douleur la plus insupportable résidait dans sa gorge. Bien trop déshydratée, elle ne parvenait plus à atténuer la douleur avec sa propre salive. Le supplice était inimaginable. Il lui semblait être perdu dans cette immensité depuis si longtemps. Elle avait besoin d’eau, l’eau était son salut. L’eau ou la mort la libérerait.

Elle pensa à sa Forêt. Elle comprenait maintenant. Quand la Forêt l’avait accepté et adopté, elle avait naturellement pensé que c’était en raison de son longue isolation parmi elle. Son errance dans ce désert lui permettait de réaliser qu’elle avait autant besoin des arbres, qu’un homme a besoin du contact de ses semblables pour ne pas devenir fou. Les arbres étaient également son espèce, son origine. Elle n’était pas uniquement d’origine animale, mais également végétale ; sans quoi son sang aurait été limité à une imitation animale uniquement.

Elle avait essayé de se transformer en une plante ou un animal plus résistant à cet environnement, mais son sang ne lui répondait pas. Tel l’eau si vitale qui disparaissait, son sang semblait lui aussi quitter son corps, le laissant vide, asséché. Désespérée, elle continuait sa marche en quête du liquide. Elle désirait une mort rapide, pas une mort si intolérable.

Soudain, elle vit quelque chose se mouvoir sous le sable. Cela se dirigeait rapidement vers elle. Elle n’avait même pas la force d’avoir peur. Au contraire, peut être cette chose lui offrirait-elle cette mort rapide désirée. Alors, l’être immense surgit devant elle, se dressant de toute sa hauteur, son ombre lui offrant quelque instant de répits à l’assaut des rayons destructeur du soleil. Nayima leva la tête, mais elle était comme aveugle, après avoir été si longtemps éblouis. Ce fut si difficile d’adapter sa vue pour découvrir qui serait son libérateur, découvrir qui lui apportait la mort bienfaitrice.

Peu à peu elle vit. Elle vit des écailles sombres, formant des anneaux, elle vit la tête plate d’un immense serpent qui l’observait. Ses crocs dangereux ne laisseraient aucune chance à sa victime. Et elle vit de magnifiques ailes immenses semblant constituées de flammes. De flammes instamment bleutée, comme pour se démarquer de cet environnement composé de toutes les teintes du jeune.

« Es tu venu répondre à ma prière Firith ? Vas-tu m’offrir la mort ? »

« Mon aimée, la mort sera ton choix et ta réalisation. Je t’accompagnerais dans la mort si tu choisis l’abandon. Mais ce n’est pas moi qui te l’offrirais. Sache que tu es seule à pouvoir de sauver. Je suis toujours incomplet. Tu es encore fragile. »

Le sol trembla. Déséquilibrée, Nayima tomba. Alors que le tremblement ne cessait, un bruit immense l’assourdissait. Nayima se retourna, et ce qu’elle vit dépassait son entendement. Devant elle, la terre semblait s’effondrer, disparaître. Tel un immeuble qui s’effondre, le désert chutait pour disparaître, une sorte de magma noir semblait en être responsable.
Elle qui désirait la mort plus tôt, était maintenant effrayée. Nayima se retourna vers son serpent, y cherchant réconfort. Mais les yeux verts de Firith étaient inquiets.

« Tu dois te dépêcher ! La mort ne sera pas clémente avec toi. Tu meurs, tu le sais rappelles-toi ! Ton sang te quitte, et la force qui combattait le mal de ta blessure disparait avec lui. Ce mal prendra possession de toi. Tu n’as d’autres choix dorénavant, tu n’as pas plus le temps, tu dois trouver. »

Nayima réalisait enfin qu’il s’agissait d’un rêve. Le rêve de sa mort. Le Prince l’avait blessé mortellement. Elle s’était retrouvait dans le désert. Elle avait marché sans but. Toujours prisonnière de ce carcan d’idées prédéterminées. Dans un désert, elle devait marcher pour trouver l’eau.

Combien de fois faudrait-il pour qu’enfin elle se libère ?

Si son inconscient avait choisit le désert, ce n’était pas par hasard. Elle s’assit et chercha. Perplexe, elle se rappela qu’elle avait réalisé son lien génétique avec le végétale. Cela était important, elle le savait.
Firith s’enroula autour d’elle, semblant lui créer un cocon protecteur. Nayima se rappela, il ne cessait de lui répéter qu’il était incomplet.
Firith suivait le résonnement de son aimée, l’espoir brillait dans ses yeux.

« Tu es fille protégée de la nature. Tes dons sont la traduction de qui tu es. Tu as entraperçue certains d’entre eux. Mais tu dois pleinement les réaliser. »

Firith avait été la réalisation de sa rage. Il était feu et vent. Il était le feu dévorant, insensible aux supplications s’il n’était pas contrôlé, détruisant tout sur son passage, portée par un vent furieux le poussant toujours plus loin, plus fort, plus destructeur. Cependant, Nayima comprenait qu’elle ne l’avait pas libérer de ces chaînes. Seules ses ailes étaient de flamme, il aurait du en être autrement. Elle dirigea ses yeux vers ceux du serpent : « Tu es incomplet. Je te rends si faible. Je comprend, je dois véritablement te donner liberté »

Alors que Nayima se levait, Firith lui donna un coup de tête qui l’a fit retomber sur ses fesses.

« Non, tu ne peux me libérer sans être capable de me contrer. Je serais incomplet, jusqu’à ce que tu ne le sois plus. Tu dois te trouver. Tu as les réponses. »

Elle devait le contrer. Firith était la partie d’elle insensible à autrui, celle qui détruisait, habitait d’une faim dévorante, instable. Elle devait être son contraire, l’élément stable, mouvant, créateur. Il lui avait dit qu’elle était fille de la nature.

Soudain, elle se rappela. Quand l’ombre était apparu, elle avait été entourée d’une aura réparatrice et sereine, elle avait été recouverte de végétation. Elle devait donc être terre et eau, les éléments créateurs de vie. L’eau, élément insaisissable, voyageur, serein, source vitale de vie. La terre, fondation, stabilité, nourriture de la vie. La terre, capable d’étouffer le feu, de créer à partir de sa destruction. L’eau, voyageant au grès des mouvements du vent, de l’air ; l’eau pouvant éteindre le feu, qui ne peut être détruite.

Elle avait cherché l’eau dans le désert, alors que c’était elle que Nayima cherchait. Son sang était l’eau et la terre, créateur, nourrissant. La colère, la rage étaient des sentiments destructeurs et éphémères, sur lesquelles rien ne pouvait s’épanouir. Elle était le sol stable et solide sur lequel la vie pouvait grandir, se nourrir et créer.

Réalisant ce qu’elle était, Nayima fut enveloppée de cette même aura verte que lors de sa rencontre avec son ombre. Une aura qui agissait comme un baume sur sa peau irritée. A nouveau elle était habillée d’un feuillage du vert clair d’une végétation naissante.

Levant la tête, elle vit Firith se redressait. Ses yeux autrefois vert émeraude, avait pris une teinte dorée. Ses écailles étaient devenues obsidienne, un noir profond où se reflétaient dorénavant les flammes qui couvaient son corps majestueux. Il était magnifique. Il était dangereux. Il était l’être sauvage indomptable, aveuglé par la faim.
Et il était nécessaire. Pour créer à nouveau, il était nécessaire de détruire. Ils étaient un tout. Un tout en perpétuel combat. Leurs qualités et leurs faiblesses se complétant, ils étaient l’équilibre.

Elle fit Firith relevé la tête dans une posture d’attaque. Confiante, elle le vit foncer sur elle. Alors ils ne firent plus qu’un. Les yeux brûlant de combativité, elle se retourna vers la masse destructrice. Vers ses âmes affamées qui voulaient prendre son être. Elle savait qu’elle ne pouvait gagner alors que son sang la quittait, mais elle ne les laisserait pas gagner. Elle se battrait et mourrait, sans leur laisser son âme.
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Sanz
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeLun 12 Déc - 15:54

La porte de marbre se releva lentement tandis qu'elle laissait place à des invocateurs à la capuche baissée jusqu'aux yeux, tel des apôtres de sinistres religions. Ils pénétrèrent dans la salle en file indienne puis se placèrent en cercle parfait autour des Seigneurs. Organisé tel un cadran solaire, ils s'agenouillèrent et plongèrent leurs mains dans le flot de sang qui s'écoulaient lentement dans les sillons de sol.

Au sol, les sillons formaient des figures étranges de symboles draconiens tel des reliefs qui conduisaient le sang dans un cercle rayé de rayon, penchés de tel sorte qu'il s'écoulaient vers la figure centrale : un dragon enserrant dans son corps puissant une femme. Et c'est dans cette disposition architecturale que, lentement, la pièce absorbait la vie de sa victime, l'affaiblissant à mesure qu'elle perdait son énergie. Les lumières des mures s'étaient peu à peu renforcés, laissant voir aux yeux des personnes présentes la complexités des scènes qui enrichissaient chaque bas relief et chaque statue. C'était un véritable festival de marbre, pierre ciselés par des orfèvres d'une autre époque et qui écrivaient le passé obscur et violent du Sang Les Lumières mêmes formaient des yeux de sombre monstres qui observaient le rituel commencer ; ce rituel même qui devait donner une nouvelle naissance à l'Elfe.

Le Prince continuait de serrer tendrement le corps de Nayima tandis qu'elle perdait son sang. Le flot s'était ralenti et formait désormais des gouttes vermeilles ponctuelles qui éclataient dans le sillon de pierre. Quand il sentit enfin sous la peau le coeur s'endormir peu à peu pour finir par devenir silencieux il se tourna vers Cassiopée et murmura :

Elle ne supportera pas d'autre sang que le mien, et nous savons que si je lui donne... son état va empirer. Le noeud de corruption va enfanter d'une pensée sombre et c 'est un semi-monstre que nous allons voir s'éveiller à la fin du rituel : l'ombre de nos files et de nos malédictions... . Peut être était ce une erreur de la marquer...mais j'ai besoin d'elle pour survivre. Hezeriel* est mort et nous sommes incapable de le retrouver. Si je ne trouve pas rapidement un moyen de me soigner, il ne sera pas le seul à s'enfoncer dans l'ombre des morts. Si, intuitivement, elle arrive a se défendre et se soigner contre le mal qui la submerge, si elle peut supporter et tenir tête contre le Démon qui dévore ses entrailles, alors elle pourra m'aider à supporter le mien. Elle trouvera les soins nécessaires pour que la gangrène s'épuise et laisse tranquille ma chair, elle trouvera les soins pour endormir l'Appel qui déchire mes Âmes. Alors, je pourrai dormir enfin... .

Du visage du Prince des larmes de sang semblaient couler qui ravageaient sa peau, la creusaient tant que des plaies se formaient sous les larmes, déchirant l’épiderme. Il reprit la parole d'une voix brisée par la fatigue.

Nous devons mener cette Guerre et la gagner, nous devons nous préparer aux Temps qui vont voir s'affronter des Dieux contre des Dieux et nous devons y avoir notre place. Notre rôle est de faire renaître le Sang par le Sang, de voir refleurir nos Empires et de reprendre aux traîtres nos Temples et nos Convents, nos terres et nos enfants. Mais il faut d'abord guérir les plaies noires de nos anciennes guerres, et reforger de meilleures armes. Cette elfe ne connait pas son Destin, mais nous, nous le savons.


Enfin il se tut, et approchant sa dague de son poignet il le taillada d'un coup bref. le sang qui gicla macula son bras puis se déversa dans la plaie de Nayima. Le corps de l'elfe sembla pris de convulsion tandis que le Sang du Prince s'insinuait dans la blessure, affectant chair, organes et veines, plongeait au fond de chaque tissu pour s'imprégner du corps et le dévorer. Ce Sang maudit était une ombre vivante, un flot de colère noir qui ne savait qu'emporter sans sa soif ses victimes pour les soumettre à sa mémoire damnée. Et ce fut dans sa mort silencieuse qu'il atteint le nœud de la jeune femme pour chercher son âme.

Autour d'eux les invocateurs commençaient à murmurer de longues litanies qui embrasaient le sang originel de l'Elfe afin de supprimer la moindre trace, le moindre écho de son ancienne vie. Ils nettoyaient méticuleusement l'être qu'elle avait été, pour que sa coquille vide puisse accueillir enfin les présents du Sang qui lui étaient destinées. Et ce fut dans ces voix chantantes qu'une brume de sang s'éleva pour inonder l'espace de la salle basse,engloutissant ses habitants d'un voile rouge et épais.
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeVen 16 Déc - 22:06

Nayima voyait le monde autour d’elle s’effondrer. Il n’y eut bientôt plus rien d’autre que le néant. La masse informe s’était figée, comme si elle avait disparu. Cependant, elle était toujours là, en attente.

L’elfe flottait dans ce néant, observant la masse. Il n’y avait plus qu’un lien tenu qui l’empêchait de partir définitivement. Comme si plus rien ne la retenait à son corps, à la terre. Un lourd silence, étouffant, se fit. Ce silence était perturbant, alors qu’elle n’avait pas eu conscience des sons l’entourant auparavant. Ce silence, c’était l’absence des battements de son cœur, la disparition de la vie, la disparition de sa vie.

Puis, le néant se transforma en myriade de couleurs, des souvenirs, des connaissances, qui se mélangeaient, qui étaient trop rapides pour être véritablement perçus. L’histoire du Prince, l’histoire des âmes, l’Histoire. Toute la connaissance l’envahissait. Un savoir immense qu’elle ne pouvait saisir. Un savoir si proche et pourtant inabordable.
Puis le monde devint carmin. Une vague pourpre envahit l’espace. Elle venait de partout autour de l’elfe, et se dirigeait, immense, dangereuse, sur Nayima. La jeune femme se sentie à nouveau attirer par une certaine gravité, retenue. Le sang, la vie l’avait rappelé.

Nayima sentait ses forces revenir mais dans le même temps, la masse prenait de l’ampleur. Elle put alors distinguer ce qui formait cet agglomérat. Des milliers de formes, certaines humanoïdes, certaines humaines. Les âmes approchaient, son corps était dévoré par la progression rapide du mal, et bientôt, ils essaieraient de l’asservir.

A quelques distances devant la masse apparurent des âmes plus rapides, déterminées à la posséder. Des âmes solitaires, puissantes, chacune refusant de partager. Alors Nayima entrevit l’espoir. Les âmes se battraient entre elles pour l’obtenir, elles n’étaient pas alliées contre elle. Une âme était plus rapide. Probablement plus forte. Elle disposait d’une avance considérable.

Nayima voyait sa mort s’approchait, elle rassembla tout son courage, toute sa volonté. Firith apparut autour d’elle, formant un écrin protecteur. Une fois de plus, Nayima fut éblouie par sa beauté, sa force. Ils allaient périr, mais elle aura eu la satisfaction d’avoir pleinement libéré Firith. L’elfe était complète, elle s’était acceptée intégralement, elle s’était parfaitement réalisée.

Le serpent de feu sifflait, l’ennemi était dorénavant très proche. La jeune femme observa sa mort. Elle avait la forme d’un aigle. Immense rapace de la taille inconcevable d’un dragon. Magnifique animal de la blancheur de la neige immaculée. Des plumes dorées formaient une couronne sur sa tête ; d’autres constituée les dernières plumes de ses ailes et sa queue.

L’aigle piqua en flèche vers eux. Firtih se dressa en posture d’attaque, ses ailes prenant une ampleur impressionnante. Il prenait soin de protéger Nayima de toute attaque. Resserrant son long corps autour de l’elfe, ne laissant aucune ouverture d’attaque directe.

Mais le rapace n’attaqua pas, il se posa majestueusement devant eux, à quelques mètres, perdant l’avantage d’une attaque aérienne. Nayima sentit Firith se préparer à engager le combat. L’aigle observait l’elfe, semblant ne pas craindre le serpent de feu. Nayima retint son ombre et laisse l’âme la jauger.

Firith claquait sa queue furieusement, lançant des étincelles à chaque coup. Il ne comprenait pas pourquoi Nayima le retenait. Il était déjà fiévreux, fébrile de sa rage contenue. L’être fixait la jeune femme qui soutenait son regard froid. L’ombre n’appréciait pas cet échange. Pourquoi l’elfe accordait cette promiscuité à leur ennemi ? Pourquoi lui accordait-elle cet échange si intime ?

Déjà devenu fou par l’imminence du combat, par les enjeux, par la faim de la fureur contenue enfin relâchée, la jalousie mit fin à sa retenue.

Nayima ignorait pourquoi, mais elle savait qu’il était nécessaire de laisser le temps à l’inconnu. Elle lui rendait son regard scrutateur, sans faiblir, sans laisser le doute ou la peur l’envahir. Elle vit l’aigle relever doucement la tête. L’examen devait être fini. Alors qu’elle était entièrement concentrée sur l’âme, elle sursauta lorsqu’elle sentit tout le corps de Firith remuer. Alors qu’elle abandonnait l’étrange lien qui pendant quelqu’un instant l’avait rattaché à l’aigle, elle reçut telle un souffle brûlant toute la rage de Firith. Il allait attaquer.

Prise de panique, elle hurla à son ombre d’attendre. Mais il était trop tard, le serpent de feu s’élança vers l’aigle, la gueule grande ouverte où apparaissaient les deux énormes crocs abritant un poison puissant. Il visait le cou de l’aigle, il ne souhaitait pas le combat, mais sa mort. Ses longues ailes de feu devinrent éblouissantes tel un soleil, empêchant sa proie de riposter efficacement.

Nayima vit se dérouler la scène avant une lenteur surréaliste. Ce combat, qu’elle avait patiemment attendu, avec détermination, elle le redoutait dorénavant. Ce n’était pas la peur qui lui donnait ce sentiment, mais l’étrange certitude que cette âme ne devait pas être tuée. Paralysée, elle ne sut qu’observer avec crainte.

L’aigle n’avait pas bougé. Il regardait le serpent de feu se précipiter sur lui. Quand l’ombre l’atteignit enfin, il ne fit aucun geste. Dédaignant l’ombre qui lui passa au travers, il fixa à nouveau son regard sur Nayima et daigna enfin lui adresser la parole :

« Etrange créature qui a soulevé l’intérêt chez l’Héritier du Sang. Il est un fait qu’il est dangereux d’intéresser le Prince. Son indifférence est un bien meilleur gage de survie et de tranquillité ; ou tout au moins de mort rapide.

Te voila confronté à des épreuves qui dépassent tes capacités. Ta mort en est la conclusion logique. Pourtant tu es toujours là. Etonnamment déterminée. Tu es faible, si faible et si fragile. Pourtant tu es encore là, déterminée.

Ce lien au Prince aurait dû te tuer mais tu as résisté. Son Sang tuera ton âme, ou la transformera d’une telle façon que nul ne pourrait considérer que toi, Nayima, tu es encore.

Je suis Iolar. J’ai accepté le sacrifice, mais l’enfermement me lasse. Je suis une âme puissante, bien plus que les autres. Je peux les contenir si tel est mon désir. Tu ne serais qu’une possession éphémère pour eux, la folie te détruirait trop vite. C’est pourquoi ils n’oseront pas me défier, tu n’en vaux pas le risque. Bien sûr certaines des âmes puissantes essaieront, mais elles sont maîtrisables si elles sont isolées.

Nous avons donc cet accord, tu m’accordes résidence dans ton corps, et je protège l’accès contre les autres âmes. Je n’essaierais pas de prendre le contrôle définitif si tu me laisses certaines libertés. »


Sans même attendre son accord, son assentiment, l’aigle prit son envol. Arrivée à une certaine hauteur, il poussa un cri si aigu qu’il sembla à Nayima que sa tête allait exploser. La masse d’âmes fut stopper et s’évapora doucement jusqu’à ce qu’il ne reste que quelques âmes. A nouveau, retentit le cri perçant de Iolar. Les dernières âmes disparurent. L’aigle se retourna, et descendit en piquet sur Nayima. Il fonça droit sur elle, et cette fois il ne s’arrêta pas devant elle. Alors que l’aigle entrait en collision avec la jeune femme, le monde éclata.

Le rêve de sa mort, de sa bataille finale prenait fin.

*************

Nayima s’éveilla dans un sursaut, dans un mouvement de recul. Elle vit toute la scène dans un bref instant, le sang formant d’étranges mosaïques, des hommes en cercle autour d’elle, le Prince qui l’enserrait, la colère de Cassiopée. Elle vit en un instant, et elle n’eût que cet instant de lucidité.

Firith était toujours dévoré par la faim et sa fureur ne faisait que s’amplifier alors que sa proie était dorénavant hors de sa portée. La faim devait être assouvie, alors la folie envahit Nayima. Le Prince vit les yeux de l’elfe devenir dorés et se poser sur lui. La jeune femme se releva brusquement. Son corps nu fut lentement recouvert de feuilles or, dans lesquels se reflétaient les lumières qui éclairaient la pièce et le sang ; donnant ainsi l’impression de flammes mouvantes. Les cheveux de Nayima devinrent tel un une cascade de flammes. Apparurent deux immenses ailes blanches bordées de plumes dorées.

La folie avait pris possession de l’elfe en un instant, si vite qu’elle n’avait eu le temps de réagir. Seul le désir d’assouvir sa faim importait et sa proie était le Prince, celui à l’origine du mal. Son corps transformé était le miroir de sa renaissance, le feu de Firith, les ailes de Iolar, la vie régénératrice de Nayima résidant dans ses feuilles protectrices. Un pouvoir important devenu hors de contrôle.

Le Prince n’eût le temps que d’apercevoir un rictus satisfait sur le visage de l’elfe avant de prendre de plein fouet son attaque. De long ongles d’où suintait du venin enserrèrent le cou de Sanz, les flammes de ses cheveux léchaient son corps laissant de longues trainées de peau noircie chaque contact avec les feuilles dorées laissait une profonde coupure. La soudaineté de l’attaque n’avait laissé aucune chance de réaction. Les yeux dorés de l’être devenu fou brillaient déjà de satisfaction. Sadique, sa folie voulait voir la mort dans les yeux de sa proie.

Alors, la jeune femme vit les traces des larmes de sang qui avaient creusé des plaies sur le visage du Prince. La folie vacilla. Le Prince releva son bras, dirigeant sa main comme pour caresser son visage. Alors, la jeune femme vit la profonde entaille où coulait encore le sang. La folie se rebella. La folie réclamait son dû. Elle ne serrait satisfaite qu’en le voyant souffrir. Déterminée, elle serra davantage le cou de Prince, elle se coula sur lui, augmentant le contact avec sa peau tranchante.

A nouveau, elle leva les yeux vers ceux du Prince. Ce n’est pas la souffrance qu’elle y vit, mais la résignation. Pas celle de sa mort, mais la résignation sur son sort, il ne mourrait pas des mains de Nayima devenue folle, mais tôt ou tard, il ne saurait plus lutter, il ne pourrait plus survivre. La folie de l’elfe l’avait résigné, tout espoir disparut. La folie comprit qu’elle n’aurait satisfaction. La faim ne serait pas assouvie. Désarçonnée, le folie perdit de sa force, perdit le contrôle.

Les ailes disparurent, les cheveux perdirent leurs flammes, les feuilles devinrent vertes et douces et guérirent les plaies de Prince en contact avec elles. Les yeux de Nayima furent à nouveau bleus et s’inondèrent de larmes. Elle était effondrée sur le Prince, secouée par des spasmes, hantée par la peur et la culpabilité.
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeLun 19 Déc - 17:33

« Le porteur d’âmes ne supportait plus la charge du monde dont il détenait la clé. »
Seule, cette réflexion encombrait l’esprit de Cassiopée.
L’état du Prophète avait considérablement empiré ces derniers temps mais elle n’avait pas pris conscience qu’il en était en point de libérer le flot.
Sa pensée suivit le flot d’âmes en filant le Sang que le Prince du Sang laissait s’écouler lentement de son entaille. Elle le suivit jusque dans les entrailles de Nayima, sur les pentes veineuses. Elle s’insinua aux côtés des fantômes avides des armées du Sang. Elle n’écouta pas les hurlements stridents qui menaçaient le faible équilibre sauvegardé dans le bain des âmes dévastatrices.
Elle ne put, cependant, éviter Iolar qui encombrait le passage vers l’âme perdue de Nayima. Celui-ci se gonflait de son ancien pouvoir pour écarter les millions qui l’entouraient de leur masse sauvage et cruelle. Il paradait et montrait sa Force.
Cassiopée avait un très net souvenir de ce puissant guerrier qui avait presque toujours rendu le Sang vainqueur face à l’Unique. Il avait sans doute été le combattant le plus béni des dieux pour ses exploits. Mais Cassiopée connaissait aussi sa fourberie. Elle se remémora le chemin par lequel le grand chef avait mené son armée pour entrer dans l’Etat Major Unique en leur jurant sur tous les dieux qu’il était un exclu du Sang. Il avait réussi à leur faire croire que seul l’unique pouvait le sauver. Sa perfidie avait trompé les fanatiques et son coup de maître aurait pu réussir sans la traitrise de Moshe’Dan.
Iolar leur avait toujours été fidèle mais il devait être, parmi les âmes violentes, celui qui criait le plus fort sa hargne de vengeance.
Sous les yeux mentaux de Cassiopée, le visage de Nayima brûlait de mille feux. Il avait la force ancestrale de la sève et la vivacité reptilienne au sang froid et cassant.
Elle entendait Nayima qui écoutait Iolar lui conter sa gloire. Elle ne fut pas surprise de voir l’elfe céder sous le charme de l’âme guerrière. La force ancestrale était séduite par la puissance magistrale de l’aigle vengeur.
Insinuée en Nayima, la pensée de Cassiopée observait.
Elle émit l’Appel profond quand elle sentit le joug flatteur s’écarter des autres âmes pour s’emparer de l’être sans vie.
Sous la voute de la salle du Palais du Sang, de grandes images kaléidoscopiques s’élevaient au dessus des émanations sanguines. Elles tournaient sur elles-mêmes tout en suivant une révolution incessante et cosmique.
Cassiopée n’avait pas bougé quand le corps de Nayima avait repris vie et que sous leurs yeux elle s’était parée de l’Or des batailles et des feux justiciers. Elle avait seulement frémi quand elle avait senti la menace que l’elfe faisait planer sur l’existence de leur prince.
Elle semblait se dissiper dans l’atmosphère ambiante. Mais l’aura qui l’entourait s’enfla d’une lueur chaude et dorée.
Son corps évaporé s’enveloppait d’une lumière dont l’intensité laissait deviner la silhouette élancée et gigantesque d’une licorne dont les yeux luisaient d’un monde étoilé. Sur son front, une longue corne torsadée étincelait d’une lumière intérieure. Cassiopée tenait dans sa main la corne jumelle. Elle était prête.

Quand Iolar s’était emparé du corps de Nayima, elle savait qu’il serait le seul capable de maîtriser les âmes violentes qui avaient déferlé en elle. Iolar avait le pouvoir de protéger l’âme elfique. Mais il avait aussi le pouvoir de la tuer.

Epuisée par l’épreuve qu’elle venait d’endurer, Nayima ne se souciait plus de sa survie. Elle lui semblait acquise et malgré sa faiblesse pouvait se sentir forte.
C’est à ce moment que Cassiopée plongea sa corne entre les omoplates de Nayima, pour en atteindre le cœur.
Au même moment, la voix féminine d’Epoé s’éleva dans la salle, amplifiée par l’immensité des cieux.

- Non Iolar, ton temps n’est pas encore venu. Ce cœur est protégé des dieux. Tu ne t’en empareras pas encore. Tu attendras ton heure.

Iolar émit une sorte de hurlement de rage qui ébranla les murs du Palais. Il rugissait son appel à la vengeance.

- Sois heureux Iolar, ton temps viendra. Et tu remercieras encore longtemps ce cœur que le Sang a choisi pour porter les âmes. Nous t’offrons un rôle digne de ta fidélité à notre devise. Tu seras Chevalier de notre gardienne des âmes. Mais sois certain que tu ne pourras pas t’emparer de cet enfant là.

La corne s’évanouit lentement aux yeux des hommes. Elle ne laissa que la trace d’un violent rayonnement dont le cœur de Nayima était le centre.
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Sanz
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeMar 20 Déc - 20:32

Dans les vagues de sang que l’air embrasait, le Prince ne sentait, ne voyait rien. Les yeux fermés, son pouvoir dessinait lentement dans le corps de Nayima les sceaux des Immortels ; ceux-là qui inscrivent le Destin d’un corps dans le Destin du Sang et lui offrent pour prix de son affiliation l’immortalité et l’affection au Sang. Toute son énergie, toute sa concentration cousait la marque du Pouvoir du Sang dans la chair de l’initiée. Inconscient de la fuite de ses âmes, Il se perdait dans la lenteur de son ouvrage, ouvrant les voix de son héritage au corps fragile de l’elfe. Dieu seul savait pourquoi ses antiques murailles, ses antiques mécaniques de défenses s’étaient autant affaiblies.

Et Dieu seul savait également pourquoi la jeune femme dans ses bras, après s'être acharné sur son cou, s'effondrait en larme, malade de sentiments que le Prince pouvait difficilement comprendre. Mais pour une fois, dans le noeud de son existence, face aux yeux criminels, en sentant les ongles arracher sa peau et instiller l'ombre d'un venin, il lui sembla qu'il était humain et qu'il accueillait cette violence d'une tendresse oubliée. Dans sa voix, il ne sut prononcer qu'une seule phrase au fond duquel le ton marquait l'impuissance des êtres à s'échapper du Monde :

" Nous ne sommes qu'enfant du Destin".


Et sa main qui aurait du chercher vengeance du sang contre le sang caressa le visage de Nayima, éloignant une mèche trempée par la sueur et les larmes et dessina sur son front de son doigt brûlant la forme d'une croix brûlante, la même qui brulait le poignet du Prince depuis sa naissance. Puis les feuilles guérisseuses s’amoncelèrent dans l'entrelac des blessures infectées et de la chair minée par le poison. Les tissus se reformèrent lentement, retrouvant la grâce et la couleur de leur jeunesse. Et le corps de Nayima s'apaisa.




Alors il releva légèrement la tête et aspira les miasmes de sang pour retrouver un semblant d’énergie avant de voir Cassiopée poignarder Nayima. Se yeux aux pupilles violacées suivirent le geste sans avoir la force d’intervenir et sa conscience épousa le bruit de la chair qui essuie le coup. Il ignorait pourquoi elle agissait ainsi mais se douter qu’une raison cosmique ordonnait son âme. Après tout, elle devait défendre quelque chose que sa mémoire avait oublié. Il se releva péniblement, abandonnant le corps de la femme en murmurant pour lui-même :

Je crois que j’ai terminé.


Mais s'il était certain d'une chose, c'est qu'il s'était contenté de ne rien faire, si ce n'était de lui offrir l'espoir de survivre aux démons qui allaient l'assiéger par l'immortalité des Elus. Ou peut être était ce encore là une malédiction qu'il glissait insidieusement, trop craintif qu'elle ne puisse l'aider comme il l'entendait, égoïsme latent de ceux qui siègent dans les rang des Dieux.

Sur ses traits fatigués, les arabesques semblaient vivantes et enlacer le contour de son visage. A l’ombre, Anwen, la lionne d’or le fixait de ses yeux ordonnés. Il lui demanda lentement, d’une voix éreintée :

Pourquoi parle- elle d’Iolar ?


Il semblerait que sa cage l’ennuie et qu’il ait décidé de dire bonjour à l’elfe. Il s’est logé à l’ombre, dans sa tête. Tes sceaux cèdent, les uns après les autres, tu t’affaiblis, tu n’es plus maître de grand-chose. Est-ce si dur ?

Il ne répondit pas. Ses lèvres se fermèrent, il se retourna pour s’approcher de la sortie. Un dernier regard lui présenta le corps de l’elfe au sol, marqué du Temps violent qui ne lui épargne rien. Après tout désormais, ce n’est pas qu’une elfe.

Quand à Anwen, peut-être envisageait-elle l'ombre d'une liberté, la fragilisation du joug qui l'obligeait à obéir à son Maître. Ses yeux ardent fixaient le Prince comme un vieillard qui se rendait compte lentement que le système qui les assujettissaient tous pouvait rompre un jour, tôt ou tard. Mais au fond du vieillard, il y avait encore l'ombre du Dragon, leur Père et leur plus terrible geôlier. Elle humidifia ses babines de sa langue avant de rejoindre le Prince, le suivant pas à pas. Iolar pouvait poser problème, tout comme l'elfe.

Ensemble ils sortirent et remontant les longues marches qui rejoignaient la surface, accueillirent la dureté du vent, du froid et de la neige dans un souffle d'apaisement. Immobiles dans la cour, ils fixèrent l'horizon, un moment silencieux avant qu'Anwen s'exprime une fois encore :

Elle travaille peu à peu contre nous , mon Maître. Elle daigne vouloir contrôler Iolar dans le Sein de notre choix, elle travaille à réduire les possibilités dont nous disposons pour résoudre les Prophéties de notre Lignée. Elle pourrait mettre en danger l'elfe pour peu que cela conduise à l'Equilibre qui épuise notre volonté et nous oblige à vivre seul dans nos Cauchemars. Nous pourrions être plus libre, nous pourrions appeler plus de puissance en nous que nous ne pouvions faire, avant de la rencontrer, mais elle s'obstine à nous défendre d'espérer vivre mieux. Iolar...

est revenu, et il faudra faire avec,
coupa t-il brusquement. A défaut d'âme humaine pour nous réguler, nous nous contenterons de cet elfe et de cette âme rageuse confinée dans son corps. Et si elle trouve moyen de nous soigner... Alors... Noz'drem sera heureux d'apprendre qu'il est temps d'envisager d'en finir avec nos ennemis. Quels qu'ils soient, dans le cœur des mortels, ou dans ceux de nos anciens frères Traîtres liés par le Serment. D'ailleurs je veux que dès que les Invocateurs auront fini de la soigner pour les éventuels désagréments qu'on l'amène au Convent, à l'intérieur du Sanctuaire, là ou Siège Père et Mémoire. Qu'elle comprenne pourquoi nous existons

S'inclinant humblement, Anwen se faufila entre les flocons de neige pour disparaître dans le dédale des sous terrains afin de rejoindre l'Elfe. Demain, elle comprendra.


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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeJeu 22 Déc - 23:03

Nayima n’était plus tout à fait consciente des évènements. Cassiopée l’avait poignardé en visant son cœur. Elle n’avait même pas eu la force de réagir, de s’affoler, pas même de s’inquiéter. Elle n’entendait même plus leurs paroles.

L’elfe se sentit horriblement las. Il lui semblait qu’elle venait de vivre des siècles de lutte. Quoiqu’il puisse arriver maintenant, Nayima n’était même plus en mesure de s’en rendre compte. Alors la jeune femme exténuée décida de s’abandonner à la fatigue, au sommeil. Elle ferma les yeux, et dorénavant insensible au monde réel, elle s’endormit.

Malheureusement, ce ne fût pas un sommeil réparateur qui l’accueilli, mais l’écho de souvenirs qui ne lui appartenaient pas. Fiévreuse, elle s’agitait, naviguant dans un univers qu’elle ne connaissait pas, parmi des connaissances qui restaient hors de portée de sa compréhension.

Il lui semblait qu’on lui refusait le moindre repos. Mais elle n’avait pas la force de se réveiller. A défaut du repos de son conscient, peut être son corps se verrait accorder un répit. Tant de changement étaient survenus qu’elle sentait la moindre parcelle de son être tiraillée.

A bout de nerf dans ce chaos, Nayima appela à elle des souvenirs sereins, paisibles. L’elfe invoquait une quiétude inébranlable, celle des grands arbres millénaires que rien ne peut perturber. Elle voulait s’imprégner de cette sérénité, elle voulait le calme dans son esprit.

En se remémorant son année passée dans le Forêt des mille sapins, Nayima se rappela également les raisons de son isolement. A l’époque, elle s’était sentie perdue, déchirée. Lentement elle s’était peu à peu reconstruite. Si elle avait pu surmonter cette époque, si les sentiments d’alors pouvaient aujourd’hui lui sembler si futiles, alors elle surmonterait aussi ceux d’aujourd’hui. Du temps, elle avait seulement besoin de temps.

Atteinte d’un certain fatalisme, Nayima n’essaya plus de lutter contre les souvenirs étrangers. Elle laissa ces connaissances hors de portée sans chercher à les atteindre, à les comprendre. Elle admettait leur présence, mais n’essayait plus de se les accaparer. Alors, le tumulte cessa de s’agiter. Ils étaient toujours là, mais posés, comme en attente. Toujours inatteignable, mais ils ne cherchaient plus à fuir.

Enfin, un sommeil profond investit l’elfe. Elle cessait de s’agiter, et se reposer paisiblement.

Durant ce temps, les Invocateurs finissaient de la soigner. Nayima ignorait combien de temps cela prit, mais lorsqu’elle fut réveillée par Anwen, elle ne sentait plus le poids des derniers passés. Devenant une habitude, elle était encore parée de feuilles qui l’entouraient d’une douce aura chaleureuse qui la protégeait du froid.

Alors qu’elle observait cet étrange accoutrement, elle remarqua que des feuilles différentes recouvraient la blessure de son ventre. Celles-ci étaient argent, et lorsqu’elle les toucha, elle fut presque brûlée. Dans son mouvement de recul face à la surprise, elle sentit quelque chose au niveau de son cou, alors qu’elle dirigeait sa main à la recherche de l’objet, elle vit qu’en bracelet noir en forme de serpent entourait tout le long de son avant-bras. Deux émeraudes représentaient les yeux du reptile dont la tête finissait au milieu du dos de sa main.

Emerveillée, elle cessa cependant son observation pour chercher l’étrange objet au niveau de son cou. Parmi le feuillage, il reposait un aigle d’or et d’or blanc aux yeux saphir, accrochait à son cou par un lien assez fin d’un rouge profond.

Elle fût sortie de sa contemplation par Anwen qui l’a bouscula, la sommant d’accélérer. Elle se concentra donc à nouveau sur la lionne qu’elle suivait sur le chemin enneigé.
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeMar 27 Déc - 23:06

Dans les terres neigeuses, face aux falaises blanches sculptées par le vent, se terminaient le chemin sur un précipice insondable qui donnait vue sur les lointaines vallées du sud d'Echoriath. Anwen se tenait droite, face au vent et face à l'horizon. Ses yeux en amande semblaient faire légèrement trembler ses pupilles brisées. Derrière elle, Nayima attendait, jusqu'à ce que de formidables dragon découpèrent la vue et se placèrent devant eux en vol stationnaire. Leur ramages immenses jetaient la nuit sur les falaises. Les bêtes majestueuses s'inclinèrent devant la Reine des Vampyres avant de lui murmurer dans le langage des Dragons:

On vous attend dans l'Hétyr, nous sommes impatient de la rencontrer, Er Anwënr.

Elle s'inclina lentement avant de poser sa main sur l'encolure du Dragon qui lui faisait front puis, d'un bond, sauta sur son dos. Invitant Nayima à faire de même , les deux bêtes s'envolèrent d'un même bon dans les courants chauds des falaises de nacre jusqu'à s'abandonner dans un piqué élégant pour finir par s'engouffrer dans une aspérité fine de la roche ouvrant sur une large caverne. Ici, l'air semblait chaud et tendre. Une fontaine finement sculptée donnant la forme de deux anges aux grandes ailes ouverte et au front incliné les observait de son flot calme et limpide. AU sommet brillait une croix de marbre blanc enserré par un Dragon d'ébène aux yeux rouge sang. Anwen tira une fine dague de sa taille avant de se couper l'annulaire puis de verser quelque gouttes de sang dans l'eau clair. Du fond de la grotte, un grondement sourd se finit entendre puis la fontaine se vida de son onde et laissa paraître une trappe fermée. Pénétrant dans la fontaine, elle l'ouvrit en silence et s’enfonça dans un long escalier en colimaçon qui les menèrent au plus profond de la montagne jusqu'en unlieu dont la vue fit trembler son cœur même si ce n'était pas la première fois qu'elle était venu ici.

Face aux deux jeunes femmes, ce qui ressemblait à une citadelle de lumière éclatait comme un soleil triomphant au sein d'une grotte dont les dimension paraissaient infinies. Elle étaient au coeur des vestiges de l’Empire du sang : Un convent majestueux creusé dans la roche jusqu'en des profondeurs insondables et dont la perfection des formes semblait donner a l'ensemble l'allure d'un monde fascinant et indéfinissable. De longues arcades de pierres reliait la citadelle a l'ensemble des grottes , formant une étoile élégante plongeant dans la nuit. AU nord, dans un coin, l'Hetyr de sa blancheur spectrale brillait autant qu'un soleil perdu dans l'ombre épaisse. Anwa montra avec un doigt le lieu glacé en murmurant :

C'est ici que nous allons, quand l'accès nous sera donné.


Ils durent attendre de longues minutes avant que de jeunes dragons ne s'avancent et observant les deux femmes pendants quelque secondes remarquèrent l'empreinte du Prince au poignet : la croix du Sang. Ils s'inclinèrent alors et offrirent leur échine aux jeunes femmes pour qu'elle montent et s'accrochant à leur dos robustes s'enfoncèrent dans l'ombre jusque vers l'Hetyr. Au seuil de cette caverne lumineuse, la lumière était si pure et si aveuglante que leurs pupilles semblaient s'embraser d'un feu violent qui les obligèrent à plisser les yeux. Les Jeunes Dragons se posèrent sur un promontoir gelé d'ou l'on pouvait discerner l'ensemble de la pièce. C'était un véritable joyau de glace saturés de petites niches ou des oeufs variant de taille et de couleurs dormaient depuis probablement de longs siècles, confinés et protégés par l'air glacial qui régnait. Alors, arrosé de cette lumière pure qui émanait des glaces, Anwen prit la parole :

Ce que tu es, nous ne savons encore. Mais tu as fais bien plus qu'entrer comme simple Seigneur au sein de cette Confrérie. Rare sont ceux qui accèdent à l'Hetyr: regarde tous ces oeufs parfaits oubliés par le temps et par nos ennemis, c'est la Progéniture de cette Reine toute puissante qui commande Au Sang, c'est son Avenir et par là même notre Avenir... . Dans ce sang coule le flot des vengeances qui baignent le Sang depuis mille ans et qui n'attendent qu'un souffle pour s'éveiller. Si le Prince t'entraîne ici c'est qu'il croit en toi et qu'il espère qu'en dépit des récents événements tu pourras te montrer digne du Rôle qui t'incombe au sein de notre lignée. Non que tu sois la meilleure ou la plus apte à remplir ce rôle d'ailleurs, mais que tu es la seule.

La fin de son propre résonna lentement contre les parois en échos puis le silence reprit son droit sur l'espace. Nayima put alors prendre son temps pour observer l'Hétyr depuis sa position. Il y avait dans ces nids peut être l'espoir de milliers de dragons attendant l'heure de l'éveil, confinés dans l'espérance qu'un jour ils naîtront pour réclamer ce qui leur appartenait et qu'on leur avait volé. Elle put à loisir contempler l'architecture parfaite avant que l'ombre d'un dragon immense n'assombrit l'hetyr et forma une silhouette sur les blancheurs glacées.

Derrière eux se tenait Sanz sous l'apparence de Noz'drem, les ailes déployés comme pour couvrir le seuil entier de son air gigantesque. Anwen frissonna et s'inclina devant son maître tout en lui criant dans la langue des Dragons que Nayima comprenait encore mal:

Elle est ici, comme convenu.

Bien, lui répondit-il d'une voix rocailleuse , nous attendrons le Conseil au Sanctuaire. Il est temps pour nous de savoir ce que nous attendons d'elle.

Puis il s'éloigna d'un vol lent rejoindre la citadelle aux milles arcades. La Reine attrapa la main de l'Elfe et la tira vers un chemin de glace qui courait en longue ligne droite vers le centre du Convent où on les attendait. EN route, la nuit se fit plus épaisse et le froid s'adoucit pour laisser place à une température acceptable et à une vue médiocre des alentours. Parfois il semblait qu'une aile ou un coup de vent les frôlait avant de disparaître dans l'ombre. D'autres fois c'était des yeux flamboyants qui les observaient avant de disparaître, comme si la vie en ces sombres cavernes existait cachée, tapie comme un prédateur attendant que sa proie s'avance encore plus près, toujours plus près. Longtemps ils durent marcher pour rejoindre le Convent de marbre et de pierres. Quand ils purent enfin contempler les grandes portes de granit surplombés par des Gardiens haut de vingt mètres, ils surent qu'ils étaient arrivés. Les portes s'ouvrirent d'elle même et les rues étroites qui montaient en colimaçon les amenèrent vers la nef centrale. Tout autour, c'était vide et sans âme. Pourtant, l'architecture laissait croire à une véritable ville faite de demeure et de jardin, de fontaîne et de place, mais il n'y avait pas l'ombre d'une personne ou d'une bête dans toute la cité basse. Ce ne fut qu'arrivé vers la nef, devant les lourds battants de bois d'ébène qu'ils rencontrèrent des dragons endormis à l'échine rougeoyante. Immobiles et patients, ces jeunes souverains d'écaille montaient la garde du Sanctuaire, ultime Demeure au dessus de tout autre qui dominait de sa stature l'espace tout entier. Devant eux se tenait le Prince sous sa forme humaine, l'arme sorti et le regard pourpre. Sa peau était redevenue lisse et son visage beau et fin. Le Dragon l'avait quitté pour se reposer au sein du Sanctuaire, soigné par des traitements impuissants.

Il tendit légèrement sa main et des ombres se matérialisèrent ; chacune avait la marque du Prince à son poignet et tous s'inclinèrent légèrement avant d'entourer les deux jeunes femmes. Puis, ensemble, ils passèrent les portes du Sanctuaire et silencieusement écoutèrent le Prince murmurer dans la langue des Dragons :

" Er Noz'drem, Elle est arrivée"


Dans la nuit du sanctuaire, une aile géante se leva légèrement avant de s'effondrer à nouveau et des pupilles de feu grande comme un homme s'allumèrent. Le Gardien fixa l'elfe de ses iris brisés avant de répondre lentement :

" Ce n'est qu'une Mortelle, Sanz'Drem.... Que veux que tu que nous serve si petite chose ?"

Le Prince se retourna vers elle, resta longtemps silencieux en observant Nayima. Elle semblait calme et reposée, et ne montrait aucune signe d'effroi d'anxiété. Aussi impassible qu'elle pouvait l'être, son coeur battait légèrement trop vite et l'écho dans le tissu de sa chair était assez bruyante. C'était à travers cette faible parcelle d'humanité qu'il reconnut intérieurement qu'en dépit des rites elle restait un semblant de mortelle, rattaché au fruit de sa première Origine. Mais elle était tout de même arrivé ici, jusqu'au sanctuaire. Peut être ne méritait-elle pas sa place en raison de sa filiation mais son rôle et ses talents justifiaient encore les efforts prodigués pour l'amener au Berceau. Et si elle pouvait survivre au rôle qu'on lui invoquerait, il est probable que sa place auprès du Conseil serait largement acceptée. Restait à prouver qu'elle avait la force d'assumer son Destin. Il reprit la parole plus rapidement, renforçant sa parole d'un ton plus grave :

" Elle a goûté à mon sang, elle vit en moi comme je vis en elle. Iolar s'est figé dans son âme et... elle porte quelque chose qui nous intéresse"


Il attrapa brusquement le bras de l'elfe pour le tourner et le présenter au Gardien. Le Serpent semblait luire faiblement dans le reflet des yeux du Dragon, comme si les formes étaient en vie. Noz'Drem sembla indécis avant de répliquer lentement

" Ah... cela fait longtemps qu'avaient disparu ces symboles. C'est donc grâce à cela qu'elle survit... ."


Alors le Gardien s'approcha et approchant sa lourde tête vers Nayma de telle sorte qu'elle puisse sentir son souffle chaud et fétide dans son cou puis s'insinua habilement dans sa conscience, chercha l'Aigle le Serpent mais ne trouve que de longs filaments de pensés désorganisés, chaos sans nom qu'un maître lointain à l'ombre remuait pour empêcher le Gardien d'affluer vers l'âme de sa proie. Alors la pression mentale de Noz'drem s'accrut, l'elfe hurla sous l'étau et s'agenouilla au sol tandis que les brumes de son esprit restaient inébranlable. Ce ne fut que lorsque les portes du Sanctuaire s'ouvrit une seconde fois qu'il relâcha l'étreinte pour observer qui venait. Nayima resta au sol, le front en sueur. Le Prince l'aide à se relever tout en regardant l'inconnue habillée de brume qui venait d'arriver, faisant entrer des vents chaud et violents dans le Temple. Il commenta l'arrivée en disant :

" Soit. Issac arrive bientôt"








( suite)
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeVen 6 Jan - 20:15

Nayima avait observé, admiré l’Hetyr. Un magnifique spectacle s’offrait à elle. Pourtant son esprit n’était pas en mesure de l’apprécier pleinement. Un écho, un murmure attirait son attention. Une image, un nom ne cessait de surgir dans son esprit.

Obnubilée par cette pensée persistante, l’anxiété ne pouvait l’atteindre. L’impressionnant, l’effrayant Noz’drem la scrutait, mais ce n’est pas lui qu’elle voyait, ce n’est pas lui qui perturbait ses pensées.

Les paroles d’Anwen, celle du Prince résonnait dans son esprit. Sanz lui accordait une place, un statut particulier. Des images de son intronisation s’imposèrent. Il pouvait tout à la fois se montrer cruel, et tendre.

Le Prince attrapa brusquement son bras pour le présenter au Gardien. Ce geste inattendu fut un choc suffisant pour enfin prendre conscience de cette rencontre, de son importance. Alors, enfin, l’elfe observa le Dragon. Il était immense, majestueux, la force d’un être au-delà des simples préoccupations de la futile chose qu’elle était.

Le Gardien observait Firith à son poignet. Elle sentit l’ombre de son serpent se redressait. Si l’elfe se sentait minuscule, ce n’était pas le cas de son ombre qui, orgueilleuse, exhiba ses forces dans une position de défi.

Elle sentit la désapprobation de Iolar, mais avant même de pouvoir s’en inquiéter, il lui sembla que le monde s’ébranlait. Une présence étrangère tentait de s’approprier ses pensées, ses souvenirs. Firith contra l’attaque ; s’il ne pouvait empêcher l’intrusion, il ne laisserait pas ainsi l’esprit de Nayima être violé.

Nayima se sentit étouffer, la pression était trop forte. L’attaque redoubla d’intensité et Iolar n’eut d’autres choix que soutenir le serpent de feu. Ce n’était pas seulement le refus de laisser son esprit investit, mais une protection naturelle que l’elfe ne contrôlait pas. Il lui semblait que la douleur déchirait sa conscience. Elle hurla et tomba au sol. Une fois de plus, le destin s’acharnait à l’éprouver. N’éprouvait-on que haine à son égard ? Elle avait tant besoin d’un peu d’affection, de réconfort.

Soudainement, la pression cessa, Nayima s’effondra au sol fiévreuse. Alors que le Prince l’aidait à se relever, elle rêvait de s’abandonner dans ses bras, alors qu’il semblait si peu se préoccuper de son bien-être.
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Sanz
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeMer 11 Jan - 15:06

En même temps que l'ombre d'Issac approchait le Sancutaire, dans la nuit des Cavernes des silhouettes se formèrent, s'extirpant de leur discrétions pour entourer les personnes présentes. D'abord une haute stature de Dragon dont le bleu marin et brillant sembla jurer avec les couleurs de l'endroit. Ses yeux glaçés couvraient des iris fendus et ses ailes immenses et fines semblaient perler des gouttes d'eaux à l'infini. Le Gardien de l'Eau, Aka'zol l'Oublié, levait son corps géant aux côtés du Gardien du Sang comme pour affirmer ses liens avec le Gardien du Sang. Sanz le connaissait pour avoir demandé son aide dans les profondeurs d'Atalantë où il avait retenu prisonnier l'enfant de Grendelor dans les Palais de Glace. C'était ce sombre Aspect qui lui avait permis de retenir dans les salles sans fin ses pourchasseurs afin qu'il puisse terminer son ouvrage. Il leur avait toujours été fidèle, protégant le Trahi lors de son retrait lors des guerres Anciennes, détruisant régulièrement dans des tempêtes effroyables ceux qui s'opposaient au Destin du sang, et par son onde couvert bien des secrets sous les les lacs des Cavernes. Aka'zol avait toujours affirmé son attachement au Gardien trahi et, aujourd'hui encore, il se tenait à ses côtés pour définir avec lui le rôle de cette jeune elfe. Jeune et pourtant puissant, il cachait dans son ombre le corps d'ébène noir de celui qu'on appellait son frère Per'zol le brutal. Monstre à la fois minérale et organique, créateurs de pierre et de chair, son corps se perdait, a semi mélangé dans le sol lui même. Dans l'obscurité on distinguait à peine les étranges angles que formait ses ailes atrophiées qui l'empêchait de voler aussi bien que les autres de races, l'obligeant à ramper sous terre et sur terre, tel un lézard. Animé des fureurs du monde, détruit par les Anciennes guerres, reconstruit par Issac il y a longtemps sur la base d'anciens artefacts, il était probablement l'Aspect le plus étrange et le plus effrayant. Personne ne savait au juste de quoi il pouvait bien être gardien mais tout le monde le craignait pour sa cruauté latente, propre à déverser un flot de destruction sur ce monde qu'il haïssait depuis des siècles. Ensemble ils formaient l'héritage de l'Appel sombre, l'Arme des Anciens Dieux et protégeaient le Destin du Sang des Aspects liés par le Serment.

Ainsi, immobile face a à Cassiopée, ils regardèrent les vents derrière elle se troubler et former le corps incertain du Lieur de Vent, Issac. Ce dernier était probablement le seul Aspect qu'ils acceptaient modérément dans le Convent du Sang, que ce soit par dette ou par sympathie étrange pour un Aspect qui n'affichait ni camps ni destin et semblait se contenter de protéger l'équilibre du monde au mépris des aspirations sanglantes des deux bords. Sanz s'exprima lentement devant son apparition:

Que ne serait ce conseil sans l'Observateur, n'est ce pas. Issac, Lieur de vent, qui vous a mandé jusqu'à suivre dans sa trace une fille du Sang?


La voix du Lieur gronda comme un rage qui se répercutait en écho contre les parois du Convent

N'oublie pas qu'elle aussi tissée de mes rêves et de mon souffle, jeune enfant.. Qui permet encore aujourd'hui qu'en de telle réunion tu puisse lever ta voix et afficher tant d'arrogance?

Cet Enfant est le mien, nak'sha*, répliqué Noz'drem, manque lui de respect et tu sentiras ma colère dans ses yeux.


Je ne suis pas ici pour m'opposer à votre Destin, Gardien d' Akar. Tu le sais bien pour tout ce que j'ai pu faire pour ta couvée.

Et pour tout ce que tu as oublié de faire, nak'sha.

Se relevant difficilement, Noz'Drem leva ses ailes pour s'approcher de Cassiopée et d'Issac. Sous lui des flots de sang coulaient lentement, comme un lent suintement sur la pierre du sanctuaire. Face à face ils s'observèrent jusqu' à ce qu'Aka'zol sortit de son silence pour calmer les deux Aspects:

Il n'est pas l'heure de rendre des comptes à l'Histoire, Noz. Il nous faut statuer rapidement sur l'elfe, tu le sais.

Le Gardien du Sang émit un léger grondement avant de reculer aussi lentement qu'il s'était approché. Se replaçant dans son bain de sang séché, il laissa entrer le Lieur et sa dame dans le Sanctuaire, se contentant de les fixer de son œil sombre.

( suite)

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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeMer 18 Jan - 3:55

L’affrontement qui avait opposé Issac à Noz’Drem n’était pas le premier dont Cassiopée était le témoin. Pourtant celui-ci avait comme les fois précédentes des répercussions dans le Sang qui circulait sous sa peau. Il fallut tout l’Art d’Issac pour que l’ébullition interne dont elle était victime se calme et qu’elle retrouve l’équilibre dont elle était garante.

Cassiopée pénétra dans le Sanctuaire les sens en pleine effervescence. Le poids de la chair amenuisé par la présence spirituelle d’Issac qui escortait toute sa personne, ses pas flottaient en suivant les Vents précieux qui la guidaient.
Elle paraissait infiniment petite dans l’espace grandiose qui l’environnait. Pourtant, sous l’effet d’une tension intense, son être rayonnait d’une aura lumineuse qui la rendait brillante au milieu des ombres rougeoyantes des alcôves dans lesquelles bruissaient des lambeaux d’histoire. Elle semblait un point luminescent et attirait l’attention par le contraste qu’elle représentait.

Elle avançait lentement sans aucune brusquerie pour se positionner près de Nayima à qui elle sourit.
L’elfe avait le visage grave et déjà marqué par les stigmates du fardeau qu’elle portait en son âme. Leurs yeux se croisèrent le temps pour Cassiopée de lui offrir mentalement un peu de l’énergie qu’elle entretenait en elle. Mais elle sentit que son aide n’était pas souhaitable.

Brusquement, elle sentit Issac la lâcher et perçut plus lourdement la pression de Noz’Drem sur son corps.
Les yeux du Dragon luisaient au fond de leurs puits insondables en l’observant. Elle discernait distinctement la faim sans nom et la douleur profonde qui entaillaient le Sang de millions de coups d’une violence inouïe.
Cassiopée ne put conserver bien longtemps un contact d’une telle intensité, Elle para l’agression en se plongeant dans le Sang Pur qui l’alimentait. Ecouter son corps tout en mesurant la tension qui l’avait cruellement affectée dans l’instant, lui permit de conserver la stabilité qu’elle devait maintenir.

Pendant ce court laps de temps, les Vents dont Issac se faisait le porteur se tressèrent, mêlant l’ombre et la lumière en une torsade dont la dynamique mobile vint prendre place au côté d’Aka’zol. Au moment où le flux d’énergie pure atteignit la place qu’il s’était choisi, l’image d’un dragon majestueux vient couvrir de son ombre tout l’espace. Il déploya ses ailes et impressionna ses alter egos par l’envergure et la majesté de leur stature. D’un battement qui claqua comme un coup de fouet, il assit sa position.
Le bleu nuit que Cassiopée lui connaissait se teintait d’or.
Il choisit de prendre la parole avant que Noz’Drem ou Sanz ne commence le Concile.

- Je voudrais, Noz’Drem, que tu entendes ceci avant que la position de Nayima ne soit décidée : J’accompagne Cassiopée et par elle ma place auprès du Sang est acquise. L’Appel Sombre vient. Mais le lieur ne saurait s’attacher à un quelconque serment. Je serai néanmoins témoin de vos pactes.

Cassiopée frissonna sous la rafale glaciale qui accompagna ces mots et se rapprocha encore de Nayima, comme pour puiser en elle une chaleur humaine qui faisait défaut dans l’assemblée présente.



Dernière édition par Cassiopée le Sam 21 Jan - 13:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeJeu 19 Jan - 20:10

Perz'ol grogna en entendant le discours du Lieur mais resta immobile. Ses yeux perçaient les mouvements délicats du Dragon de vent comme s'il cherchait à déterminé quel choix il avait déjà fait avant même d'arriver ici. Puis son attention faiblit et il se retourna vers l'elfe immortelle. Au même moment son frère glissa sa voix harmonieuse :

De toute façon, quelque que soit les circonstances, nous n'avons plus le choix. On m'a rapporté que le Lieur de Serment levait des armées sur l'ancien continent, liant de vieilles races à son chant et tenant pour Empire l'Estie. Nous devons répondre également, et si nous nous retrouvons pas l’Équilibre du Sang bientôt, il sera difficile de riposter convenablement. Cet elfe pourrait probablement changer la donne si on lui en donnait l'occasion.

A l'évocation d'un espoir de guérir des malédictions qui pesaient sur sa chair, il sembla se mouvoir lentement mais c'était pour lever une aile malade vers Nayima et lever son front. De regard à regard il se contint de ne pas fouiller une seconde fois dans son âme. Elle était protégée par d'étranges dieux et d'étranges ombres qu'il connaissait mal et qui lui disait pourtant quelque chose. C'était loin, sur d'autres continent, d'autres époques. Devant les yeux qui convergeaient vers lui il parla

Je fais confiance à cette Dreshka* pour nous trouver quelque chose de satisfaisant. Quand aux autres de l'autre rive... à en croire ce que nous savons, ils auraient bien voulu l'avoir également. A croire qu'elle est plus précieuse qu'on aurait pu croire. Je veux qu'en toute circonstance elle soit préservée du moindre mal. Elle ne doit pas mourir. Prince...




Sanz s'approcha en inclinant légerement la tête

Vous serez personnellement garant de sa survie, quelque soit les événements ainsi que de l'avancée de ses travaux
.


(suite)
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeSam 21 Jan - 17:46

Aux yeux de Cassiopée, l’Hetyr ressemblait à un joyau gigantesque dans lequel elle prenait place comme un éclat qui éclairait l’ombre invisible pour la Lumière présente.
Les masses colossales des Aspects Gardiens remplissaient le sanctuaire et laissaient planer dans l’air leur aura de puissance qui s’appuyait sur les trois femmes dressées les unes à coté des autres.
Sanz s’étant avancé pour acquiescer d’un mouvement de front aux injonctions du Gardien du Sang, Anwen était venue se placer de l’autre coté de Nayima.
L’elfe était en proie à une lutte constante pour conserver son âme et Cassiopée pouvait sentir ses tensions internes.
Alors qu’elle se baissait pour l’aider à soutenir son corps encore fragile qui flanchait sous les assauts des esprits, son regard croisa celui de la Reine des Vampyres.
Les yeux aux iris explosés étaient gorgés de vermeil et semblèrent alors lui lancer une arme en plein cœur. Il ne lui fallut qu’un très bref instant pour qu’au regard assassin s’ajoute un rictus de mépris.
Surprise de découvrir chez Anwen un tel sentiment à son égard, Cassiopée en perdit de son assurance et détourna les yeux pour les plonger dans la contemplation d’Issac.
Aux courbes harmonieuses du dragon se mêlèrent un vent qui exprimait la fatalité.

Elle sut, alors, combien la présence de Nayima était importante pour le Sang. Elle sentait peu à peu les verrous protecteurs se desserrer et savait que son pouvoir seul ne pourrait protéger encore longtemps l’Harmonie d’un Serment Violeur et Sanz s’affaiblissait.

Sa voix, claire et douce, parut venir de terre ainsi que le clapotis d’une source fraiche. Elle s’exprima en baissant la tête.

- Noz Drem, permets-moi de prendre la parole devant vous….

Comme Noz-Drem semblait ne pas réagir, elle poursuivit :

- La Gardienne n’est plus, et sa place perdue a creusé un chemin probable pour que le Serment s’inscrive en réalité au sein de l’Harmonie. J’en appelle à votre bon jugement afin que Nayima puisse réussir à maintenir l’Appel jusqu’à son Temps. Il est encore trop tôt, Noz’Drem….





Dernière édition par Cassiopée le Sam 10 Mar - 21:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeMar 24 Jan - 4:28

Si peu de temps, et tellement se réalise.

Nayima se laissait entraîner sans être en mesure de comprendre. Les paroles étaient graves, les actes lourds de tension, le ton empreint de gravité. Nayima percevait la solennité du moment sans pour autant pouvoir en saisir la valeur, sans la concevoir.
Il n’y avait de cesse aux épreuves. Des tests, des défis dangereux, qui l’affaiblissaient de plus en plus, tellement. Elle voyait l’incompréhension dans leurs regards. Elle sentait qu’elle n’aurait dû pouvoir dépasser ces provocations. Elle ignorait pourquoi elle survivait. Elle ne savait pas ce qui les surprenait en elle, ce qu’ils attendaient d’elle, sa valeur, son utilité.

Firith et Iolar maintenaient farouchement la protection contre le Noz’drem. Il n’était pas question de le laisser briser l’esprit de l’elfe. Firith devait déjà la partager avec cet esprit étranger. La colère grondait encore en lui, sa fierté blessée. Il ne laisserait pas ce dragon goûter à son elfe.
Iolar était perturbé. Il ne comprenait pourquoi il protégeait cet être. Cette nouvelle pseudo liberté, dans ce corps, était insignifiante face à Noz’drem. Il s’opposait à celui pour qui il se battait, pour qui il se sacrifiait. C’était insensé, incohérent. Pourtant, conscient de cette irrationalité, il poursuivait la défense de la jeune femme, fermement. Qu’était donc cette âme pour ainsi rallier à ses côtés de tels êtres. Il la voyait souffrir, se battre et pourtant toujours là, devenant l’objet d’espoirs. Des espoirs qui l’habitaient lui-même, sans qu’il en comprenne la raison, juste la certitude qu’il devait en être ainsi.

Firith fulminait, le gros dragon venait d’ordonner au prince de protéger son elfe, le rendait responsable du bien être de Nayima. Cet homme qui n’avait eu de cesse de la blesser, de la faire souffrir, devrait dorénavant la protéger. La rage grondait, c’est de cet homme qu’elle devait être protégée, et c’est Firith qui garantirait sa protection. Aveuglé par la colère, le serpent aux ailes de feu profita de la faiblesse de Nayima pour se libérer de son emprise. Fier et majestueux, il montrerait que l’elfe avait déjà un gardien, un protecteur.

Nayima avait senti la résolution de son ombre, mais bien trop tard. Elle se cambra, et dans un cri silencieux, apparu un immense serpent noir parcouru de flammes. Se dressant de toute sa hauteur, Firith dévoila toute l’envergure de ses ailes de feu. Il tint une posture de défi, scrutant de yeux dorés chaque membre de l’assemblée, les bravant de mettre en doute sa force.
Soudainement, il plongea sur Nayima, s’enroula autour de son frêle corps, autant pour la soutenir que pour marquer sa possessivité. Assuré, qu’elle était protégée, Firith dirigea son attention sur le Prince. Il n’avait aucun droit sur elle. L’ombre avança lentement sa tête plate vers l’homme sans cesser de le fixer. A un souffle du Prince, Firith s’arrêta et attendit. S’il l’attaquait, Nayima ne lui pardonnerait pas. Alors il patienterait, jusqu’à ce que l’être l’attaque, jusqu’à ce qu’il le défi en prétendant droit sur son elfe.
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeSam 25 Fév - 4:36

Ce qui pouvait être ennuyeux dans une terre consacrée, c'est que le combat était toujours déloyal. Sanz fixait le serpent, impassible. L'affront semblait le laisser de marbre. Il était ici dans le berceau du Sang. La terre, l'air, et même la poussière qui volait lentement au rythme des courants de vent étaient imprégné de la domination du Gardien. A chaque instant, la moindre fibre de ce sanctuaire pouvait se soulever et combattre d'un seul cœur celui qui menaçait le Prince ou le Gardien. Mais il n'y eut aucune réplique jusqu'à ce que la langue de lézard de Per'zol s'abatte brutalement, poing de pierre, sur Firith et le bloque au sol de tout son poid. Nayima bascula dans l'élan. Un grondement ébranla le silence tandis que le serpent maintenant sous l'étreinte de l'aspect tentait vainement de bruler la pierre d'obsidienne qui l'étouffait. Ce ne fut que lorsque le Prince leva légèrement la main comme pour lui demander de cesser qu'il retira sa langue et se contenta d'observer en grognant.

Tu veux l'affrontement, certes. Mettons nous y si c'est que tu veux, étrange bête, mais n'oublie pas dans quel lieu tu es, et pourquoi tu es ici.

Il sortit lentement son arme qu'il présenta devant lui en se signant légèrement, us et coutume des Chevaliers du Sang puis se plaçant face à son adversaire qui se relevait péniblement, aidé par Cassiopée qui songeait plus à préserver l'elfe que son Gardien. Puis il engagea frontalement sans autre forme de procès. A la différence du premier affrontement, ses pas étaient rapide et précis, ses choix insaisissable. Dans son dos, ses longues et majestueuses ailes blanches suivaient le mouvement tout en aveuglant continuellement les yeux du Serpent dans un afflux de lumière surnaturel. Ici, Le Prince évoluait librement, piégeant son adverse dans des passes d'armes qui l'obligeaient a redresser la tête et prendre de plein fouet l'éclat brulant du ramage. Jusqu'à ce que la lame effleure le cou de Nayima et blesse Firith. Il temporisaen murmurant :

C'est différent ici n'est ce pas...? L'air te semble lourd, presque irrespirable, tes mouvements lent et difficiles. Tu es dans la gueule du monde, mais ce n'est pas le tien. Tu n'as aucune force aussi quoique tu veuilles paraître, comme tu n'as aucun droit. Elle ne t'appartient plus, tu n'es que son Gardien et pour cela même...il faut que tu partage avec l'Aigle.


Les propos provocants de Sanz furent immédiatement suivis par une rafale d'aile qui l'effleura et brula légèrement ses joues. Mais la blessure infligée, celle ci se refermait aussi tôt, laissant la peau de son visage intacte, comme s'il ne s'était rien passé. Le Prince eut un sourire de mépris avant de se retourner.

Elle ne t'appartient plus, Firith. Elle fait partir désormais de notre destin.
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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeSam 10 Mar - 22:29

Lorsque Firith s’était érigé pour défier Sanz, Cassiopée qui soutenait Nayima avait senti l’elfe se raidir et se redresser. Mais toute sa vigueur disparut quand Per’zol brisa son élan d’un simple coup de langue. La faiblesse de Nayima lui coupait le souffle et elle respirait avec difficulté.
Pourtant, Cassiopée sentait toute la rage qui irradiait des flammes qui crépitaient du corps presque irréel de Firith. Ses feux agressaient l’air autour de lui.
Elle attendit patiemment que Sanz ait terrassé le serpent de feux, se contentant de soutenir Nayima que les coups portés ne laissaient pas indifférente.

Lorsqu’enfin, le serpent se replia vaincu mais hargneux et coléreux. Elle s’adressa à lui dans ce langage tissé d’images et de liens qui n’appartient qu’aux dragons mais dont la compréhension est universelle.


-Tu fais, dés à présent partie de notre Destin Firith. Ne reconnais-tu la place qui t’est impartie ? Ne vois-tu pas le rôle offert à ta protégée ? Elle n’est plus seule aujourd’hui.

Certes, la solitude n’a d’autre obligation que la vie que l’on choisit.

Cette solitude t’offrait la liberté de l’accompagner sans même qu’elle soit consciente de ta présence. Elle t’offrait la puissance de l’être Unique. Seul protecteur, seul décideur.

Mais Nayima fait maintenant partie intégrante de notre Humanité et au-delà de notre Humanité, elle accèdera aux sources. Tu ne peux plus lui retirer ce privilège maintenant qu’elle y a goûté. Elle a y gagné des souffrances insoupçonnées, bien plus profondes que toutes celles qu’elle avait connues jusqu’ici. Mais ces souffrances sont le prix à payer pour la survie de cette Humanité.

Quant à toi… Si tu déploies tes ailes majestueuses. Si tu choisis de te montrer dans toute ta puissance dans ce sanctuaire autrement que pour lutter avec des armes qui te seront toujours défavorables, peut-être verras-tu tout le gain de cette solitude perdue car ce n’est plus un seul être dont tu as la charge mais bien une Humanité qu’il te faudra apprendre à voir. Le pouvoir qui sera le tien sera bien plus grand alors.

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MessageSujet: Re: [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang]   [Conf. Sang ]Le Noeud du Fauve [Histoire du Sang] Icon_minitimeMar 13 Mar - 7:08

Nayima n’avait pu retenir Firith, mais le voir ainsi traité, comme s’il était rien d’autre qu’un animal que l’on remet à sa place, elle ne pouvait l’accepter, elle sentait sa propre fureur prendre de l’ampleur, gonfler, la noyer. Alors que le Prince et la Dame avaient la prétention de donner une leçon d’humilité à son ombre, la fureur se nourrissait de l’indignation et du ressentiment que partager Firith et l’elfe.

Iolar observait avec une certaine incrédulité la transformation de son hôte, ne comprenant toujours pas les facultés rares de la jeune elfe. Il avait conscience du danger à laisser leur fureur s’exprimer, mais il était également curieux de la réaction des protagonistes. Alors il continuait d’observer. Les feuilles vertes qui ne cessaient de protéger l’elfe prenaient peu à peu une teinte dorée et recouvrait progressivement tout son corps, jusqu’à avoir cet aspect métallique dorée où la lumière se reflétait en dessinant des flammes. Ses yeux devinrent d’un rouge sombre, le rouge du Sang, lui donnant un air meurtrier que nul ne pourrait ignorer. Ses cheveux se transformèrent en une cascade de feu ; il lui semblait même y voir des crépitements. Tout le long Nayima n’avait semblé faire le moindre mouvement. Et alors que de longues ailes aux plumes blanches bordées de plumes dorées prenaient leur ampleur dans son dos, un rictus mauvais transforma le visage de Nayima. Ses poings serrés s’ouvrirent, libérant de longs ongles d’où suintait le venin créé en trop grande quantité.

D’un saut d’une agilité surprenante, Nayima vint se placer aux côtés de son serpent de feu. En suspension, battant furieusement des ailes, elle prit soin de bien capter l’attention de toute l’assemblée afin que nul n’oublie son avertissement.

« Vous qui avez la prétention de donner des leçons d’humilité tout en vous déclarant d’une supériorité inatteignable, sachez que les êtres qui se tiennent devant vous, que vous avez l’orgueil d’estimer insignifiant, gardent le choix du refus. Prenez garde à ce que la chose dont vous avez besoin ne décide pas qu’elle a été bien trop meurtris pour choisir ce camp éternellement. Nous n’accepterons d’être traité tels des animaux. Vous le Prince et vous le Gardien, qui ne savez nous montrer le moindre respect, prenant comme bon vous semble, je vous offre cet avertissement : La Furie est un danger que vous ne pouvez contrôler, indomptable ; vos pouvoirs ne pourront la réduire en esclavage, elle choisira la mort. Et par cette cicatrice, ce lien, vous lui avez offert le moyen le plus efficace de se donner la mort ; une mort vengeresse qui fera des ravages. »

Sans un mot de plus, Nayima la Furie se retourna vers Firith. Voyant son ombre se tenir fièrement, elle ressentit de l’orgueil à savoir qu’il lui appartenait ; ses yeux reprirent une teinte dorée, plus douce. Elle tendit les bras vers lui tandis qu’il prenait son envol vers elle. Il fonça droit sur son cœur pour disparaître. Nayima se cambra, et une aura d’étincelle d’or l’entoura quelques instants. Un dernier regard à l’assemblée, et elle prit son envol pour sortir du sanctuaire.

Une fois libéré dans le paysage neigeux, elle vola haut et loin, jusqu’à ne ressentir plus que l’ivresse de ce vol. C’était la première fois qu’elle volait, mais c’était tout aussi naturel et instinctif que respirer. Elle profitait pleinement de ces sensations enivrantes, oubliant tout, ne jouant plus qu’à tomber en piquet brusquement, si vite, sans contrôle, jusqu’à se redresser qu’à la dernière seconde en frôlant la cime de arbres. La Furie était lâchée, Nayima la laissait libre, la laissait évacuer son ressentiment. Ici personne ne risquait de mourir. Ce n’est qu’une fois épuisée qu’elle se posa près d’un lac, et s’effondra au sol pour s’endormir immédiatement d’un sommeil profond.
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