De la résignation et la soumission.

Je n'ai jamais aimé les gens. Ils m'insupportent, transpirent de la bêtise, vomissent des banalités, pleurent de la joie. Voir ces personnes heureuses se tenant par la main, sautillant, dansant autour du feu me rendait mal à l'aise. Si j'avais pu l'éviter. Si seulement. Mais non, je suis contraint de faire avec. Alors à défaut de pouvoir m'en débarrasser, je me tiens à l'écart, derrière leur ronde malsaine. Il ne me faut que peu de temps pour ne plus pouvoir les regarder. J'ai la boule au ventre, les mains moites, les larmes qui montent. J'ai envie de les secouer fort voire d'en claquer un ou deux. J'ai envie de leur demander s'ils se rendent compte de ce qu'ils font. Bien sûr que non, ils ne savent pas. Ce sont des imbéciles qui se complaisent dans leur ignorance.

Je préfère baisser les yeux. Me taire devant cette masse d'illettrés jouant avec le feu. Ceux-ci apportant constamment du combustible, entretenant ces fouets rouges de la destruction. Ces menottes brûlantes et mortelles. Ils rigolent, se gaussent, hurlent des bruits qui m'effrayent. Jamais je n'avais entendu cela et inconsciemment je rentre la tête dans les épaules. Un geste inutile puisque rien ne me sauvera de ces monstres. Je n'ose pas m'enfuir, j'ai trop peur des retombées. Ma volonté est trop faible, je suis faible.

Je suis finalement poussé vers le bûcher tout en bafouillant quelques protestations qui se perdent dans le son de la perdition. Physiquement, je suis anéanti. Je n'ai plus aucun contrôle sur mon corps, je suis leur pantin, leur automate. Et là, vient ma fin morale. Lorsque courbé devant les flammes et à côté des assassins je balance le livre. Désormais agenouillé, je me vide de mon eau, je me vide de tout espoir. Asséché par Moloch, abattu par ses serviteurs.

Nombre de messages : 2050 Age : 26 Date d'inscription : 07/02/2008

J'aime énormément.

Très jolie description de ce ressenti, très juste.

Bravo !

whoua! j'étais complétement dedans. c'était claire, distinct, comme si on me faisait la lecture, j'avais même envie d'une suite. sans doute suis je trop gourmande. Gêné

en tout cas c'est chouette ce que tu as écris. Satisfait

Un sentiment étrange distillé au travers d'un texte très immersif qu'on lit avec plaisir.

On suit le protagoniste de cette histoire dans sa lâcheté avouée

On voit un changement de registre au seul moment où une volonté de rébellion se lit.

Citation :: J'ai envie de les secouer fort voire d'en claquer un ou deux. J'ai envie de leur demander s'ils se rendent compte de ce qu'ils font. Bien sûr que non ils ne savent pas. Ce sont des imbéciles qui se complaisent dans leur ignorance.

Le passage à un langage familier et plus "oral" retransmet bien la colère étouffée face à ces autres qui l’insupporte.

Mais on revient bien vite à un registre courant voire soutenu dans les deux autres paragraphes, ultime résignation face à l'adversité. Jusqu'à l'abdication :

Citation :: Ma volonté est trop faible, je suis faible.

Le dernier paragraphe où l'abdication est totale, physique et morale.

Un texte qui fait passer un sentiment fort.

J'ai aimé.

Moi je n'ai pas du tout compris ce texte Triste

Je ne vois pas du tout ou le narrateur veut en venir, à part vomir un dégout d'origine inconnu sur le monde.

"je rentre la tête entre les épaules."
==> il me semble que l'ont dit "rentrer la tête dans les épaules"

Lilith a écrit:: Moi je n'ai pas du tout compris ce texte
Je ne vois pas du tout ou le narrateur veut en venir, à part vomir un dégout d'origine inconnu sur le monde.

Les thèmes sont l'autodafé, la faiblesse de l'Homme face à des choix difficiles à prendre, la lâcheté morale.

Citation :: "je rentre la tête entre les épaules."
==> il me semble que l'on dit "rentrer la tête dans les épaules"

Si, j'avais hésité entre les deux justement.

Merci à vous de m'avoir lu et commenté (:

Au premier abord, j'étais comme Lilith, totalement déroutée. Je ne savais pas si on parlait de satanistes faisant un rituel étrange, de membres de KKK, d'un épisode de la vie des Uniques... Et puis, l'illumination avec le livre, confirmée par ta réponse à Lilith.

Du coup, après relecture, c'est plus clair. J'avais raison, c'est tout ça à la fois, des sataniques au service de l'Unique qui au lieu de brûler des noirs comme le KKK brûlent des livres. Et lui, il ne fait rien, se soumet malgré le fait que son âme lui souffle qu'il devrait se rebeller, que tout ça est mal.

Du coup, ce texte est pas mal, même si un éclaircissement pourrait faciliter sa compréhension.

Citation :: Du coup, après relecture, c'est plus clair. J'avais raison, c'est tout ça à la fois, des sataniques au service de l'Unique qui au lieu de brûler des noirs comme le KKK brûlent des livres.

L'Unique vous brûlera tous, bande de païens.

Citation :: Et lui, il ne fait rien, se soumet malgré le fait que son âme lui souffle qu'il devrait se rebeller, que tout ça est mal.

Je divague un peu, mais au final ça peut être intéressant. Je ne parlerai pas d'âme, j'ai trop l'impression (à tort peut-être) qu'une âme dans les esprits est pure et sans souillure. Je préfère moi parler de "morale". C'est sûrement dû à ma démagogie d'athée mais je trouve que ça laisse plus de possibilités tout en étant encré dans le concret et le réel. Ladite morale peut alors être de plusieurs nature : blanche, grise ou noire.

Citation :: Du coup, ce texte est pas mal, même si un éclaircissement pourrait faciliter sa compréhension.

Je pense que justement cela fait une bonne chute et que la compréhension arrive à la fin. Personnellement, je ne vois pas la peine d'éclaircir un début qui ne le "mérite" pas.