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 Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)

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D.A.

D.A.


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MessageSujet: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeJeu 19 Juin - 1:45

Bonsoir à tous. J'ai repris l'écriture depuis quelques jours et je suis curieuse de savoir ce à quoi ça peut ressembler dans les yeux d'autres personnes. L'histoire n'est pas finie mais je suis actuellement dans un bon rythme, j'espère que la pression ne va pas retomber d'un coup comme pour l'Horror Maniac (dont les notes et les morceaux se rassemblent au ralenti ; trop au ralenti). Vous retrouverez sûrement un peu de l'ambiance mais cette fois j'ai voulu vous emmener à Coney Island, Brooklyn, un lieu que je fantasme beaucoup dans mon imaginaire et sur lequel je souhaite écrire depuis un bon moment. J'ai pris un malin plaisir à rassembler des photos de l'endroit et même sans y avoir jamais mis les pieds, je m'y sens un peu chez moi. Hope you'll like it too.


V. 12 sep. 14 : Ajout de 4000 caractères, de 'Qu’est ce que tu regardes comme ça, chéri ?' à 'le métisse aux dreads souriait de toutes ses dents.' + correction mineures par Chik + entailles du texte sur conseils de dvb. AJ.  



Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Sans_t12



Grayce n’avait jamais aimé les parcs d’attractions. C’était un melting-pot de gens de toute sorte, un chaos informe de rires, de cris, d’exclamations et d’insultes. C’était bruyant, truffé de types louches et bourrés, d’enfants brailleurs, de gonzesses en minijupes pendues au bras de petits cons prétentieux. Ces endroits avaient grand besoin d’un bouton d’urgence ‘Stop aux décibels’ ou de disparaître simplement du monde. Même à l’époque où il avait été lui-même un jeune con, il avait détesté y aller pour faire plaisir à sa copine du moment, Ericka. Bon, ce n’était pas complètement vrai. Ce qu’elle lui avait fait dans la grande roue avait valu le déplacement, mais la vitesse avec laquelle ces conneries de manèges finissaient lui avait donné une autre bonne raison de détester tous ces trucs.

C’est pour le boulot, Grayce. Ferme ta gueule et marche. Et ne la perds pas de vue.

Il était sur les nerfs. Et sacrément vexé pour couronner le tout. Ca faisait des mois qu’il avait suivi scrupuleusement chaque piste, rendu visite à chaque parent proche ou éloigné, et il retrouvait la trace de cette fille au beau milieu d’une fête foraine. Il veillait à laisser une bonne dizaine de mètres entre eux. Des avis de recherche avaient été imprimés en pagaille, des photos d’elle agraphées sur chaque poteau téléphonique, des heures de porte à porte, en bref tout se qui se passait quand on tenait particulièrement à une personne qui disparaissait sans laisser le moindre indice de départ ou d’enlèvement. Il avait épuisé tout ce qu’il avait pu se mettre sous la dent sans le moindre résultat.

Il détestait le fait que cette enquête, qu’il avait depuis peu mise de côté au profit d’autres plus prenantes, lui revienne en pleine figure.

Il tripota l’enveloppe dans la poche intérieure de sa veste. Ce bout de papier ridicule qui en faisait baver à son ego, à la réputation de son flair irréprochable. Comment allait-il pouvoir expliquer ce merdier ? Quelqu’un savait où était la fille. Quelqu’un l’avait guidé tout droit jusqu’à elle. Quelqu’un qui savait qu’elle allait se promener ce soir là dans cette fête foraine. Il avait cherché après la découverte de l’enveloppe, il s’agissait du grand parc sur la côte de Coney Island, un vrai monument dans l’histoire du divertissement dont l’origine remontait aux années 1900. Tout ce temps qu’il avait passé à chercher une trace de cette fille, et il la retrouvait grâce à quelqu’un d’autre en train de flâner au milieu de tous ces manèges crasseux, comme si de rien n’était, comme si personne ne s’était jamais inquiété pour elle. Ce comportement lui filait la nausée. Même s’il comprenait le besoin fugues pour certains jeunes, le besoin de partir sans regarder en arrière, il avait du mal à faire passer la pilule, et se raccrocher à tout ce qui pouvait la faire passer pour la méchante était son moyen de se passer les nerfs sur son échec. Elle avait quand même disparu sans crier gare alors que des gens (vraisemblablement des gens bien) perdaient espoir de la revoir un jour. Qu’on ait des circonstances atténuantes ou non, c’était dégueulasse.

Les mains dans les poches, Grayce tapotait nerveusement la coque en plastique de son portable. Il savait qu’il était bon à ce qu’il faisait. Depuis ses seize ans qu’il faisait d’affaires impersonnelles une ambition très personnelle, il savait qu’il avait du talent. Mieux que ça, qu’il était un as de la traque informatique, de la chasse aux détails. Des fois, des flics venaient le voir pour qu’il pratique un peu de sa magie virtuelle sur quelques uns de leurs dossiers spéciaux. Ils ne pouvaient pas l’encadrer, c’était un fait, mais ils devaient admettre que Grayce avait ce fameux truc qui faisait les traqueurs internet, qu’il retournait chaque élément et chaque détail dans tous les sens jusqu’à trouver la bonne perspective, la petite faille qui remettait tout en question, et qu’il ingurgitait ce tout jusqu’à ce que ce soit limpide. Le déclic. Il adorait les déclics. Une vieille obsession qui remontait de l’adolescence. L’ordinateur et l’univers noir et blanc qui s’étendait derrière était son vrai chez-lui.

Il soupira et profita d’un bref arrêt de la fille au milieu des stands poisseux pour regarder encore la photo. Glissée dans cette enveloppe maudite, avec le mot inscrit au marqueur noir derrière. Qui avait bien pu l’écrire ? Qui avait pris cette photo d’elle ? Le format était trop grand pour qu’il s’agisse d’un cliché de photomaton, mais la pose y ressemblait. La fille fixait l’objectif sans détour, un portrait simple en noir et blanc qui faisait honneur à la franchise de son regard. Ses yeux exprimaient un tumulte d’émotions, ou plutôt semblaient ne rien cacher le temps de la photo. Ce que Grayce y voyait était mélancolique, résigné et pourtant étrangement heureux. Un mélange surprenant qui le poussa à regarder l’originale. Putain, Grayce, tu l’as perdue ! Il se serait foutu des claques. Il sillona la foule sans trop en faire pour ne pas attirer l’oeil des curieux, et la retrouva une quinzaine de mètres plus loin, cachée par un grand type qui apprenait à son fils à tirer à la carabine. Elle observait le jeu avec un regard qui s’apparentait à celui de la photo. Quand le gosse remporta un prix pour son tir, un gros nounours rose informe, elle le félicita et se détourna. Elle ne semblait pas les connaître personnellement. Il y avait surtout des jeunes en quête de gros manèges ce soir là, peu de personnes dans l’allée où ils circulaient, réservée manifestement aux stands de confiserie et aux jeux ennuyeux pour mômes.

Grayce ne voyait pas pourquoi il était si tendu. Certes, cette histoire le faisait chier et ça devait influer sur sa tolérance, mais elle devait être loin de se douter que quelqu’un soit sur ses talons ce soir, surtout après tout ce temps. Et le type qui avait envoyé la photo, où était-il ? Se pouvait-il qu’il soit là, à l’observer lui en train d’observer la fille ? C’était trop tordu de l’envisager, même pour Grayce. Il chassa cette pensée comme une mouche volant trop près de sa figure.

La fille observait les gens. Elle n’avait pas l’air d’être venue pour se mettre la tête à l’envers comme tous les fêtards ado du vendredi soir, elle avait l’air seule et semblait juste apprécier une promenade au travers de cette marée humaine humide et gémissante. Alors pourquoi faisait-elle la gueule ? Quand elle s’arrêtait et apparaissait de profil, elle ne perdait rien de sa franchise. Elle n’avait pas l’air de vouloir cacher toutes les émotions qui passaient sur son visage, s’y inscrivaient, s’épanouissaient dans ses expressions. A ce moment là, les yeux dirigés dans le vague de la foule, elle était pleine d’une mélancolie trouble. Mêlée à ce sourire doux qui élargissait à peine sa bouche, elle ressemblait en tout point à la fille de la photo. Heureuse dans sa tristesse. Cette photo aurait aussi bien pu être prise le jour même. Grayce se rapprocha d’elle dans la foule qui devenait plus compacte (ils avaient repris à droite dans une allée plus fréquentée, pleine de rollers coasters vertigineux), de peur de perdre sa trace. Elle prit à gauche, et le tumulte se fluidifia à nouveau. Grayce soupira longuement. Il retrouva la tête brune sans mal au calme. Elle portait un jean clair élimé, un débardeur jaune sous une veste de cuir ample, des converses rouges. Ses cheveux ondulaient bas dans son dos.

Il profita d’un arrêt de sa part pour s’accouder à un poteau et reluquer une nouvelle fois la photo. Il relut le dos : “Anja sera à la fête sur Surf Ave ce soir. Tu viens ?”

Quelqu’un se foutait de sa gueule. Il évalua rapidement la possibilité qu’il s’agisse d’un coup fourré d’un de ses confrères, qui le méprisaient sans exception, mais il écarta cette idée. S’il n’avait pas pu dénicher le moindre indice, aucun de ces bras cassés n’avait pu. Pas très pro, Grayce. Peut-être qu’un de ces couillons avait mis la main sur un des bouts de pain que la fille avait laissé derrière elle avant qu’il puisse s’en mêler, qu’il avait attendu le moment idéal pour lui renvoyer en pleine tronche... en théorie, c’était possible. Il fallait être assez tordu de nature, avec un grief assez puissant pour motiver de garder caché un indice essentiel à une enquête de police, ou n’avoir carrément aucune éthique. Autrement dit, il avait l’embarras du choix. En réfléchissant à tête reposée derrière l’écran noir de son pc, il pourrait procéder à un rapide jeu de spéculations pour écarter la plupart de ces connards. Mais pour l’instant, la musique tonitruante qui envahissait les allées l’empêchait de se concentrer.

L’écriture du mot ressemblait à une de celles qu’on voyait dans les génériques de cartoons. Brrr, les cartoons... Cette idée lui faisait froid dans le dos. Il aurait bien pissé sur cette mauvaise blague, mais ça non plus, ça n’aurait pas été très pro. Il la rangea dans le revers de sa veste et se grilla une clope. Il en avait bien besoin.

Il passa la main dans ses cheveux décolorés. Il s’autorisa quelques bouffées salvatrices tout en guettant les faits et gestes de la fille. Elle s’était arrêtée devant le guichet de la grande roue et payait pour faire un tour. La seconde d’après, elle passait la bande qui la séparait du manège et montait dans une des cabines. Grayce s’autorisa un petit instant de nostalgie pour la bouche d’Ericka. Elle lui avait si bien servi ce jour là. La vue de la roue qui tournait indéfiniment sur elle-même lui arrachait même une petite moue tendre. Au bout de quelques minutes, et deux cigarettes plus tard, il commença à se demander quand ce truc allait finir. C’est vrai, la plupart du temps un tour signifiait en réalité plusieurs pour rentabiliser le ticket, surtout quand il n’y avait pas foule, mais ça commençait à faire long. Grayce s’approcha du guichet et tapa sur la vitre pour tirer la femme derrière de son… magazine féminin ?

“Excusez-moi, la dernière fille qui est montée dans le manège, la jolie brune, c’est normal qu’elle ne soit pas encore redescendue ?”

Ils l’avaient peut-être oubliée. Il n’y avait pas grand monde après tout, et elle n’avait pas l’air particulièrement happée par son boulot, sans parler du type qui faisait monter et redescendre des fantômes depuis tout à l’heure. Apparemment, elle était très prise par la lecture de l’article : ‘Un ventre plat pour cet été’. Grayce ferma les yeux pour s’empêcher de l’ouvrir à la vue du ventre flasque de l’employée.

“Elle a payé pour vingt-cinq tours.
- Vingt-cinq, pourquoi vingt-cinq ?”

La femme le dévisagea, visiblement irritée.

“Comment je le saurais ? Je ne fais que donner les tickets. Elle voulait qu’on la laisse tranquille pour environ vingt cinq tours. Mais puisqu’il n’y a pas grand monde ce soir et qu’elle a payé…
- Je vois. Merci.”

Grayce se détourna, troublé. Il jeta un coup d’oeil à la roue géante qui tournait doucement sur elle-même, montait pour descendre. Il revint au guichet.

“Donnez-moi autant de tours qu’il lui reste à faire, s’il vous plait.”

Il ne savait pas ce qu’il faisait. Mais plutôt que poireauter dans le froid à attendre qu’elle descende de son perchoir, autant en profiter. Il était de plus en plus nostalgique. Ne pense pas à la bouche, cette bouche si rouge et agréable… Tu bosses là.

La guichetière blasée lui remit le talon des tickets qu’il remit à son tour au type qui les poinçonnait, près des cabines.

“Autant qu’elle ? Vous la rejoignez ?
- Non. Dans une autre cabine. Pas loin, si vous avez.

Evidemment qu’il avait, toutes les autres étaient vides. Il hocha la tête avec une expression intriguée.

- Justement, elle redescend.”

Dix secondes plus tard, la cabine blanche où elle s’était installée passa devant lui. Elle ne le remarqua pas, pour la simple raison qu’elle dormait. En tout cas, ses yeux étaient fermés. Elle était recroquevillée au fond de la banquette, la tête appuyée sur la vitre. Grayce monta dans la cabine suivante, peinte en rouge criard, qui trembla un peu avant de décoller. Les bruits de foule alentours et la musique se noyèrent un peu plus grâce aux épaisses vitres qui l’encerclaient. Il tira beaucoup de bien de cette accalmie. Il put voir le parc de très haut, dut admettre à sa petite aversion que ça avait aussi son charme. Ah, il ne manquait plus que sa petite Ericka et sa bouche rouge… Après un tour et un autre, il se rendit compte que c’était beaucoup plus long que ce qu’il avait prévu. La fille n’avait dû faire que deux ou trois tours toute seule. Quand il arriva tout en haut de l’engin, il glissa un regard à la cabine du dessous. Elle avait toujours les yeux fermés. Les gens venaient dans ces attractions molles pour profiter de la vue, mais elle n’avait pas l’air de comprendre le principe du manège. Pourquoi en acheter pour vingt-cinq tours ? Elle n’avait pas d’autre endroit où piquer un somme ?

Ferme-la et prends ton mal en patience Grayce, t’en as pour un moment.




Ses paupières avaient du mal à s’ouvrir. Grayce cligna plusieurs fois des yeux et les frotta du revers des doigts. Sonné, il étudia son environnement comme s’il sortait d’une mauvaise cuite ou d’un mauvais rêve particulièrement réaliste. La porte de la cabine était ouverte face à la bande de sortie. Personne ne lui avait demandé de descendre, il était presque sûr de s’être réveillé tout seul. Il voulut sauter de son siège pour s’extirper de la boîte rouge mais ses jambes mirent plusieurs secondes à lui répondre. Il tituba comme s’il venait de sortir du lit. Les mains appuyées sur la porte et le flan de la cabine pour se soutenir, il grimaça en sentant une épaisse couche de poussière salir ses doigts. Il les épousseta sur son pantalon, cligna encore des yeux. Le rouge de la cabine lui paraissait plus terne que quand il était rentré. Il avait l’impression d’avoir sniffé une ligne. Une longue ligne. Il marcha en se tenant aux rebords des escaliers, jusqu’en bas, près du guichet, en se tenant la tête. La grosse employée amatrice de magazines féminins s’était faite la malle. En réalité, il le constata avec horreur : tout le monde s’était fait la malle. L’allée était déserte.

Le parc était désert.

Ce que Grayce ressentit sur le coup s’apparentait à l’expérience flippante d’un bad trip ou d’un cauchemar saisissant, l’impression d’avoir été laissé en plan par le monde entier. Tout le parc n’avait pas pu se vider d’un coup le temps d’un petit égarement, il l’aurait remarqué ! Comment avait-il pu ne pas réaliser que la grande roue avait cessé de tourner ? Pourquoi personne ne l’avait prévenu que le parc allait fermer ?

Où était la fille ? Bon dieu. La fille ! Il jeta bêtement un regard au manège arrêté. Toutes les lumières rouges et blanches de son flan étaient éteintes. Peut-être qu’ils l’avaient oubliée aussi. Il examina la cabine qui l’avait précédé en se mettant sur la pointe des pieds, mais elle était bien vide. La fille était repartie on ne sait où pendant qu’il s’était endormi, et tout le parc avec ! C’était la meilleure de l’année.

C’était sa chance, ce soir. Sa chance de remettre un peu d’ordre dans le bordel de cette enquête impossible à résoudre. Jamais il ne retrouverait cette fille… Il avait tout fait foirer.
Il tituba plus loin dans l’allée, happé par un dangereux mal de crâne qui le fit plier en deux. Il regarda des deux côtés. Les enseignes étaient toutes éteintes, seuls quelques lampadaires veillaient à ce que les allées soient éclairées. Il n’en revenait pas. Ce qui lui arrivait était pire qu’improbable. En face de lui, à une bonne centaine de mètres, se dressait le gigantesque Cyclone, le plus grand roller coaster de Coney Island. Etrange. A son arrivée, il lui avait semblé qu’une autre rangée de vendeurs et de stands lui barraient la route vers le Cyclone. Pourtant, il n’avait qu’à marcher en ligne droite pour le rejoindre.

En approchant de l’immense attraction, il réalisa vite que quelque chose clochait. On avait dû le droguer, forcément… Le Coca Light qu’il avait acheté sur la place ? Le Hot Dog de chez Nathan’s ?

Les rails tenaient dans le vide. La structure en bois qui la soutenait avait entièrement disparue. L’attraction s’élevait à des centaines de mètres dans le ciel.

La bouche ouverte, Grayce se mit à trembler, avec l’impression tenace que le monde lui pissait dessus et lui jouait un mauvais tour. En s’approchant davantage (il se tenait les bras pour empêcher le froid de s’insinuer sous sa veste), il entendit des cris sauvages venant du sombre roller coaster. Un wagon descendit une pente raide à une vitesse fulgurante, les hurlements redoublèrent. Puis un deuxième. Ils étaient si loins et hauts dans le ciel que les cris se fondaient dans la nuit. Grayce assistait à un spectacle impossible. Il cauchemardait. Il ne s’était jamais réveillé, il dormait encore dans cette Wonder Wheel couverte de poussière. Un instant, il fut décidé à retourner dans la cabine, espérant qu’un déclic se produirait. Mais les cabines étaient tellement plus grises et sombres avec toutes les lumières éteintes… Grayce n’était pas un froussard de nature, mais l’idée de retourner dans cette petite boîte de métal lui retournait l’estomac. Elle lui paraissait beaucoup plus exiguë.

Il resta plusieurs minutes immobile à observer d’un oeil vide les loopings du monstrueux Cyclone. Personne n’en descendit.

Le ventre noué, l’esprit en vrac, Grayce se mit à marcher le long de l’allée en retournant la situation dans tout les sens. Derrière lui, les cris sur le manège continuaient d’aller et venir. Pendus dans le vide, les wagons filaient à une vitesse phénoménale, mais c’était si loin dans le ciel… Les néons rouges du Cyclone clignotaient sur la structure imaginaire. Grayce avait la colonne crispée, des insectes qui lui couraient partout sous la peau. L’impression tenace de n’être jamais sorti de cette cabine rouge crasseuse le tenait au corps. Grise. A part quelques points de couleurs vives, il réalisa que le monde tirait vers le gris. Les lettres du Cyclone, le flan des cabines, d’un rouge passé… Les lampadaires diffusaient une lumière grise. Le sol était gris. Les vieux papiers et les emballages sales de frites étaient gris. Ses mains, il le constata une seconde plus tard, étaient grises. Il était dans un vieux film à pellicule.

Grayce continua de marcher, laissant derrière lui le Cyclone et la Wonder Wheel, les stands fermés, les attractions vides. Quelques minutes après, il réalisa qu’il avait quitté le parc. Il regarda en arrière et vit les os terrifiants du grand huit. Il n’entendait plus aucun cri. Il semblait aussi vide que le reste. Peut-être étaient-ils enfin descendus ? Il fut piqué par l’idée de rebrousser chemin et aller voir s’il y avait quelqu’un près des guichets. Il eut une pensée pour sa titine, garée dans le parking étroit derrière le Cyclone. La perspective de se retrouver en dessous de ce géant d’horreur ne l’enchantait pas. Un insecte minuscule sous un pachyderme noir au squelette de rails.

Les bâtiments de Brooklyn s’élevaient de chaque côté, gigantesques et ternes. Il marchait dans une grande rue déserte manifestement fréquentée en temps ordinaire. Le ciel était gris au dessus de lui. Il bifurqua à plusieurs reprises et déboucha dans une rue plus étroite. Il y distingua une variation de couleur. Manifestement une enseigne. En s’approchant davantage, il lut en lettres rouges stylisées : “Roll & See”. Un cinéma de quartier. Les guichets étaient fermés, les bandes tirées, les rideaux de fer tombés. Il continua d’explorer les rues désertes. Grayce était flippé mais la curiosité se distillait en lui comme une substance sournoise. Il voulait retourner cette situation comme un Rubik’s Cube. Il observait chaque enseigne grise, chaque écriteau routier couvert de crasse, chaque bouche d’égoût, chaque chewing-gum écrasé sur le sol. Pour que les rues soient si silencieuses et vides, il devait être tard…

Grayce s’arrêta net en apercevant une silhouette se découper au bout de la rue.

Elle était la fille du portrait, dans un parfait noir et blanc. La fille ! Grayce émergea. Elle était là, tout au bout de la rue. Son vernis était un nouveau point de couleur dans le gris ambiant. Ses ongles multicolores. Elle le regarda un moment avant de reprendre sa route, disparaissant dans une rue transversale. Il se mit à courir, à marcher vite, sans réaliser ce que ses jambes acceptaient de faire. En tout cas, il n’était pas assez rapide. Il constata sans surprise qu’elle était hors de vue une fois à l’endroit où elle s’était arrêtée. Encore une fois. Volatilisée.
Il chercha bien de ce côté-ci, mais il n’y avait aucune plaque portant le nom de la rue. Grayce réalisa la présence d’un autre point coloré dans la rue qu’il avait parcourue, se demanda comment il avait pu ne pas le voir jusque là. Il s’approcha, lut les mots rouge clair au dessus de la porte. “White Wings”.

Il y avait des gens à l’intérieur, bougeant et parlant. Il passa une main dans sa tignasse décolorée et crade. Sa tête le lançait toujours par moments, un mal à se la cogner contre un mur. Il releva les yeux vers une femme qui déambulait à côté de lui. Elle toussa en se tapant la poitrine, se racla la gorge et libéra un glaviot noir sur la chaussée. Grayce, qui allait lui dire que c’était crade, se retint de justesse. Cette chose sortie du fond de sa gorge avait l’air de l’avoir fait souffrir, mais l’idée de pouvoir se recevoir la même en pleine figure lui coupait l’envie de s’en faire une ennemie. Sur sa silhouette trop fine, le minuscule ensemble noir échancré la faisait paraître encore plus squelettique. Ses jarretières étaient tirées à bloc, son rouge à lèvres vulgaire. Il l’imaginait prune dans la grisaille, mais la couleur n’existait plus sur elle, sa bouche n’était rien d’autre qu’une tâche sombre. Ses yeux étaient vitreux, dilatés. Une camée.
Elle s’avança vers lui les mains sur les hanches. Grayce avait à faire à une pute qui tentait manifestement d’attirer son attention, mais il imaginait aisément le couteau glissé quelque part, scintillant dans sa main. Ses dents lui souriaient, sa pose se voulait tentante. Il vit l’amorce d’un tatouage obscur qui semblait finir dans son dos. Impossible d’en deviner complètement le motif.

“Salut, dit simplement Grayce.
- Qu’est ce que tu regardes comme ça, chéri ?
- Je cherche quelqu’un. Elle est passée par là.
- Ça ne veut pas dire grand chose, “passer par là”.

Grayce sortit la photographie de son blouson et la déplia pour lui montrer.

- Elle te dit peut-être quelque chose ?”

La fille des rues plissa les yeux en posant un doigt sur la photo, éleva sur lui un regard analytique.

“C’est la nana du démon blanc. Elle traîne souvent dans le coin.
- Le ?”

Il imagina un surhomme à la tête d’un gang obscur et un frisson lui tendit l’échine, venu de nulle part.

“Où est-ce que je peux la trouver ?
- Toi ?” Elle partit dans un rire sonore. “Aucune chance.”

La fille se détourna et s’éloigna, laissant à Grayce le loisir d’admirer la queue de l’étrange animal qui lui enserrait la nuque. Le tatouage brillait dans la nuit comme une encre à peine posée. Il donnait réellement l’impression de la lui compresser.

Grayce poussa la porte du White Wings. Elle eut beau grincer lourdement, personne ne se tourna vers lui pour le dévisager. Un type à blouson de cuir était assis avec un autre à une table du fond, un troisième buvait dans son coin près d’un tableau poussiéreux, un métisse griffé étrangement était assis au comptoir. Il souriait en posant un verre émeraude contre ses lèvres. Grayce s’installa à côté de lui tandis que le barman sortait de l’ombre pour le servir, l’oeil sombre et éteint. Le crâne rasé, un des deux yeux entièrement noir, les cils inexistants. Sa bouche était un pli qui suggérait de ne pas l’emmerder. Il dominait le comptoir et n’importe qui d’autre dans ce bar. Ses mains étaient gigantesques.

“J’aimerais une bière. N’importe laquelle. Merci.”

Le géant lui versa une bière verte dans un grand verre et Grayce hocha la tête de satisfaction quand il la déposa devant lui. Une nouvelle migraine lui écrasa le cerveau. Il but une grande gorgée du liquide vert pour se reprendre.

Il détailla l’homme à sa gauche. Ce grand métisse à la peau ambrée portait un manteau de cuir marron et un chapeau haut de forme usé jusqu’à l’os. De longues dreadlocks tombaient jusqu’en bas de son dos. De petites clochettes étaient accrochées au lobe de son oreille droite. Fixés à son chapeau, des rubans, des fils entrelacés, d’autres babioles clinquantes. Il se tourna vers Grayce et sourit de cette analyse peu discrète. Il avait une bouche faite pour se tordre de rire. Son visage l’intriguait si fort que Grayce n’eut pas la présence d’esprit d’arrêter. Le métisse avait un nez droit au dessus du rictus sarcastique et des yeux dorés. Dorés ? Grayce s’en rendit subitement compte. De grands yeux de fauve qui le scrutaient. Son sourire redoubla d’intensité.

“Je cherche quelqu’un, dit Grayce pour couper court à l’inquisition de ce regard jaune. Cette fille.”

Il posa la photo sur le comptoir en bois noir. A force d’être pliée dans ses poches, elle commençait à s’abîmer. Le visage était parcouru d’une longue strie blanche d’usure.
Le métisse toucha la photo du bout des doigts. Il secoua lentement la tête pour signifier un non.

“Une amie ?
- Non. Mais je la connais.” Il hésita un moment. “On m’a dit que c’était la nana d’un certain “démon”. Le démon blanc. Une idée de qui ça peut être ?”

Le métisse ricana bassement, amusé par la situation. Il se détourna pour regarder par la fenêtre. Un tumulte de bruits émoussés envahissait les rues. Des bruits de pas. Beaucoup, comme si des centaines de gens défilaient en même temps. Les vitres du bar étaient sales mais on voyait suffisamment au travers pour constater que c’était le cas. D’ici ça n’était que des ombres allant dans la même direction et Grayce se demanda ce que signifiait toute cette soudaine animation. Il regarda les quelques clients à l’intérieur du bar, tous les yeux tournés vers l’étrange parade qui avait lieu dans la rue. A côté de lui, le métisse souriait toujours. Il désigna du doigt la fenêtre de gauche.

“Tu devrais regarder dehors.”

Grayce scruta de nouveau les larges fenêtres et eut un haut le coeur. Près de la vitre se tenait un homme dont la taille défiait les lois de la nature. De dos, il eut tout le loisir d’observer les cheveux blancs qui coulaient sur la noirceur de son manteau. Grayce aurait ri si la décharge de ce déclic ne lui avait pas provoqué un frisson si détestable. Le démon blanc était un albinos. La nana du démon blanc, c’est ce que la pute lui avait dit. Peu à peu, le puzzle se remettait en place, pièce par pièce. Des articulations intelligentes et des os de vérité qui craquent. Il vénérait la sensation.

Grayce déposa un billet sur le comptoir et tenta de se lever pour sortir le rejoindre, mais il n’arrivait pas à dévisser son cul du siège. La tête lui tournait. Le dé - l’albinos sortit de son champs de vision, continuant son chemin dans la rue. Impossible de se lever. Il fixa d’un oeil perplexe le verre dans sa main. A côté de lui, il le vit avant de sombrer dans un tourbillon noir : le métisse aux dreads souriait de toutes ses dents.


(...)



Dernière édition par Anastasis le Ven 12 Sep - 12:34, édité 8 fois
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dale cooper

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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeJeu 19 Juin - 12:46

Bon, je n’ai malheureusement pas le temps de te faire un commentaire détaillé sur la forme et la syntaxe et les quelques rares fautes de grammaire que j’ai vues. Dans l’ensemble ça se tient, il n’y a pas de grosses erreurs de syntaxe, mais il y a tout de même pas mal de tournures un peu approximatives, certaines assez pesantes, d’autres un peu maladroites. Enfin, il y a quelques phrases que j’ai du relire deux ou trois fois pour bien comprendre le sens.

Certes, comme je l’indiquais, dans l’ensemble ça passe puisqu’on arrive à suivre l’histoire et que ce ne sont que les tournures de phrases qui m’ont fait tiquer.

A mon avis, il ne faudrait pas grand-chose pour lisser le tout, le rendre plus homogène et réparer ces quelques erreurs, qui tiennent avant tout de ton style d’écriture - ou tes premières habitudes, si tu préfères ).

Mais à la limite, il s’agit là d’un travail de relecture/réécriture, qu’il vaudrait mieux que tu effectues en fin de rédaction (en postwork comme dirait nos amis gfx). Pour l’instant, et pour ne pas perdre ta motivation à écrire ton histoire, tu devrais avant tout te concentrer sur sa rédaction et l’emmener jusqu’à son terme.

Un bon moyen d’avancer régulièrement sur les formats longs : relis les derniers paragraphes de ta précédentes session d’écriture avant de reprendre l’écriture, ça permet de retrouver l’esprit qui t’animait, le fil de l’histoire et de repérer les quelques fautes ou détails que tu peux corriger rapidement.



Sur le fond :

En effet on retrouve un peu l’ambiance de l’horror maniac, et c’est une ambiance qui te va parfaitement, c’est agréable de constater que tu sais où tu vas, que tu évolue dans un environnement que tu as étudié et dans lequel tu te sens à l’aise. Ca apporte beaucoup au plaisir de lecture.

Il y a bien un ou deux clichés dont tu pourrais te débarrasser pour donner un peu plus de relief au personnage ; je pense avant tout à son rapport à la police : le détective ultra méticuleux qui trouve les détails insignifiants délaissés lors des enquêtes et qui est détesté par les policiers mais qui font quand même appel à ses services… c’est tellement TF1 quoi ><
Je pense que tu peux faire l’impasse sur ce genre de détail, même si ça participe à l’ambiance américaine, tout ça… c’est franchement pas un passage obligé Très Heureux

J’ai regretté de ne pas être allé à Coney Island lors de mon passage dans la région. Je n’avais pas eu le temps de consacrer plus d’une journée à Brooklyn mais je désespère pas d’y retourner.

Je pense que c’est un bon choix pour poser ton action, même si ça reste un endroit tellement typique et galvaudé (c’est ce que je me suis dit au début en tout cas). Mais à la limite, comme le récit bascule assez vite dans le fantastique, ça n’a plus vraiment d’importance : tu peux en faire ton own personal Coney Island (le titre en anglais est pas forcément nécessaire non plus…).

Niveau personnage et ambiance et décors cracra, c’est pas sans me rappeler un peu Neil Gaiman. Tu connais ? Tu apprécies ? C’est voulu ? C’est un compliment !

Vas-y fonce, continue à écrire cette histoire, t’arrête surtout pas ! Tu as tout l’été pour le faire, on t’aidera tous à le surmonter et à le corriger et à l’améliorer, le rendre plus dur, meilleur, plus rapide, plus fort… ôÔ

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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeJeu 19 Juin - 15:21

Oh, oh oui... x)

Le personnage et son rapport à la police, qu'est ce que ça me fait marrer. Oui, c'est carrément cliché, et c'est carrément voulu. En tout cas pour le premier jet, je garde. Après, postwrite comme tu dis, je réfléchirai à d'autres scénars, j'ai bien d'autres petites anecdotes pour le nourrir, mais là mon petit rebelle inspecteur TF1 me plait trop.

Coney Island, ce n'est pas vraiment de l'ordre du choix. L'histoire est venue à moi de cette manière, je ne la contrarie pas. C'est un endroit typique et galvaudé, tu n'aurais pas pu mieux décrire, en tout cas de ce que j'ai vu, lu, entendu. C'est ce qui me plait. Un endroit rendu difforme avec le temps, d'une beauté singulière, pourrie et tordue.

Le titre anglais, j'y tiens, très peu de mes textes ont un titre français. Parce que les mots me parlent plus dans cette langue, que j'aime la manière dont les sons roulent sur ma langue. Et mes titres, en général, je les trouve simplement magiques. Ils conjurent à eux seuls toute l'histoire.

Neil Gaiman, vraiment ? Je suis fan de l'univers et du style. Coraline est mon préféré, j'ai aussi lu De Bons Présages (co-écrit avec Pratchett) et l'Etrange Vie de Nobody Owens. Il a une façon très classe d'être cracra ! Très personnelle. Je suis flattée, en revanche je ne vois pas la ressemblance.

Merci pour tout dvb, la suite très bientôt  Diable 

// Quelques modifs au niveau de l'orthographe ont été faites grâce à Chik aujourd'hui.


Dernière édition par Anastasis le Jeu 28 Aoû - 19:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 19:43

Il est beau mon projet d'été, tiens. Puisque dvb et Lilith m'ont chaleureusement conseillé de tenir à jour ce topic même si je n'avais pas trente-six pages à fournir, que ça me motiverait à continuer... J'ai décidé de l'écouter, here I am.
Cette suite me plait moyennement. Elle n'a pas l'aspect que je voulais extorquer d'elle au départ, mais je vais aussi suivre l'autre conseil de dvb donné ci-dessus : écrire jusqu'au terme, et puis je m'amuserais à reprendre les couleurs une par une, jusqu'à ce que ce soit parfait. Je n'ai pas de demande particulière à formuler pour le moment... Des avis sur le fond et la forme sont toujours bienvenus, les questions particulières viendront sans doute quand le tout aura été tapé. Pour l'instant, je nage dans le flou. Mais c'est un bon flou.




Le ventre noué, l’esprit en vrac, Grayce marchait le long de l’allée en retournant la situation dans tout les sens. Il était resté plusieurs minutes à observer d’un œil vide le spectacle impossible du roller coaster. Personne n’était descendu.

Grayce flippait à mort. Il espérait croiser quelqu’un qui pourrait lui expliquer pourquoi le monde était devenu aussi bizarre, ce qui avait bien pu se passer pour qu’il devienne un tel bordel. Il n’avait abusé de rien ce soir là. Quelques clopes ne pouvaient pas être tenues responsables d’un tel cauchemar de conscience. Derrière lui, les cris sur le manège continuaient d’aller et venir au gré des gigantesques loopings. Pendus dans le vide, les wagons filaient à une vitesse phénoménale, mais c’était si loin dans le ciel… Peut-être n’avait-il fait qu’imaginer tout ça, qu’il était trop loin pour bien voir dans la nuit ? Les néons rouges du Cyclone clignotaient sur la structure imaginaire. Grayce avait la colonne crispée, des insectes qui lui couraient partout sous la peau. Il ne se souvenait pas avoir jamais vécu pareil trip morbide. Et pourtant, il se rappelait des tas de détails datant de ces fameux soirs où il s’était défoncé avec des filles et des potes déjantés dans un vieux garage, sur un matelas pourri couvert de tâches.

L’impression tenace de n’être jamais sorti de cette cabine rouge crasseuse le tenait au corps. Grise. A part quelques points de couleurs vives, il réalisa que le monde tirait vers le gris. Les lettres du Cyclone, le flan des cabines, d’un rouge passé… Les lampadaires diffusaient une lumière grise. Le sol était gris. Les vieux papiers et les emballages sales de frites étaient gris. Ses mains, il le constata une seconde plus tard, étaient grises. Il était dans un vieux film à pellicule.

Grayce persista dans sa marche, laissant derrière lui le Cyclone et la Wonder Wheel, les stands fermés, les attractions vides. Un moment, il se demanda si le monde avait toujours été comme ça. Parfois en se réveillant, il est difficile de dire qui l’on est et où nous nous trouvons. Peut-être que c’est vrai, ce que je vois ? Il n’arrivait pas à croire le tour que prenaient ses pensées. Il nageait la brasse dans une confusion opaque, buvait la tasse.

Quelques minutes plus tard, il réalisa qu’il avait quitté le sol du parc. Il regarda en arrière pour vérifier que le roller coaster était toujours en vue. Il l’était, mais si loin à présent que les cris d’horreur étaient inaudibles. Peut-être étaient-ils enfin descendus ? Il fut piqué par l’idée de rebrousser chemin et aller voir s’il y avait quelqu’un près des guichets. Il n’était pas arrivé de ce côté en arrivant, et il se demanda brièvement pourquoi il avait tenu à errer dans ce délire noir au lieu de retourner au parking et renter chez lui. Sans doute parce qu’il aurait fallu traverser le parc jusqu’au Cyclone, derrière lequel il avait garé sa bagnole. Et la perspective de se retrouver en dessous de cette horreur de manège ne l’enchantait pas.

Les bâtiments de Brooklyn s’élevaient de part et d’autre de lui, gigantesques, noirs aux fenêtres diffusant une blancheur irréelle. Une bande dessinée aux contrastes marqués. Il marchait dans une grande rue déserte, un axe manifestement fréquenté en temps ordinaire. Quelques voitures étaient garées aléatoirement, mais pas de signe des propriétaires. Le ciel était d’une noirceur d’encre au dessus de lui. Il bifurqua dans une autre direction, une large avenue aux immeubles tout aussi inhospitaliers. Plus loin, il distingua une tâche de couleur. Manifestement une enseigne. En s’approchant davantage, il lut en lettres rouges stylisées : “Roll & See”. Un cinéma. Les guichets étaient fermés, les bandes tirées, les rideaux de fer tombés. Il continua de marcher dans les rues désertes. Grayce était toujours aussi flippé, mais la curiosité l’emportait. Il voulait retourner cette situation comme un rubicube et comprendre ce qui se passait dans sa tête et ailleurs. Il observait chaque enseigne grise, chaque écriteau routier couvert de crasse, chaque bouche d’égoût, chaque chewing-gum écrasé sur la chaussée. Pour que les rues soient si silencieuses et vides, il devait être tard…

Grayce s’arrêta net en apercevant une silhouette au bout de la rue.

Elle était la fille du portrait, dans un parfait noir et blanc. La fille ! Grayce émergea. Elle était là, tout au bout de l’avenue. Elle était si loin qu’il ne l’aurait même pas reconnue si un détail ne l’avait pas trahie. Son vernis. Un point de couleur. Dans le noir et blanc troublant de l’horizon, ses ongles étaient multicolores, tranchaient le paysage au couteau. Elle le regarda un moment, puis continua sa route dans une rue transversale. Il se mit à courir, à marcher vite, sans réaliser précisément ce que ses jambes acceptaient de faire. En tout cas, il n’était définitivement pas assez rapide. La traversée de la rue lui parut durer une éternité. Sans surprise, le cœur en chute libre à travers la foule d’organes noués dans son ventre, il vit qu’elle était partie. Encore une fois. Volatilisée. Aucun mot n’acceptait de franchir la barrière de ses lèvres. Il s’appuya au mur de la rue pour reprendre son souffle. Il avait l’impression d’avoir couru dix kilomètres.

Il suivit le cours de la rue où elle s’était évaporée. Plus large que toutes celles qu’il avait parcourues, nimbée d’une lumière plus jaune que blanche. Les lampadaires faisaient plus que leur boulot… Non, ça venait forcément d’ailleurs. Il dépassa une benne à ordures qui prenait toute la largeur du trottoir, s’avança sur la route, mais toujours pas signe d’âme qui vive, ni de la fille. Grayce décida qu’il en avait sa claque de ces conneries. Il rebroussa chemin et se prit le pied dans une plaque d’égoût mal engoncée, s’aperçut qu’il avait encore la faculté de râler.
Il quitta cette rue en quatrième vitesse, agressé par cette lumière. Il regagna l’avenue précédente aux immeubles noirs ponctués de vitres blanches. Il préférait encore ça. Il chercha bien de ce côté-ci, mais il n’y avait aucune plaque portant le nom de la rue. Grayce réalisa la présence d’un autre point coloré, se demanda comment il avait pu ne pas le voir. L’univers se foutait de sa gueule. Il s’approcha, lut les lettres rouges au dessus de la porte. “White Wings”.
Il y avait des gens à l’intérieur, bougeant et parlant. Il retint sa respiration. Il n’avait pas pu passer à côté, impossible… Une voiture passa à côté de lui, manquant de le faucher. Cette soudaine animation le laissait sur le cul.

Il passa une main dans sa tignasse décolorée et crade. Il aimait de moins en moins ce tour que lui jouait l’univers, mais il était manifestement soulagé de constater que la réalité reprenait ses droits sur le délire. Sa tête lui faisait toujours un mal de chien par moment, un mal à se la cogner contre un mur.

Après le passage de la voiture, la rue était redevenue silencieuse. Seuls quelques rares points de lumière à l’intérieur du bar et celle, diffuse, des lampadaires soustrayaient un peu d’obscurité à l’environnement inhospitalier de la rue sans nom. Il releva les yeux vers une femme qui crachait goulûment sur le trottoir. Elle toussa en se tapant la poitrine, se râcla la gorge et libéra un glaviot noir sur la chaussée. Grayce, qui allait lui dire que c’était crade, se retint de justesse. L’idée de recevoir une moisson pareille en pleine figure lui avait coupé l’envie de s’en faire une ennemie. La tenue qu’elle portait lui rappelait les putes de bas quartiers dans les films d’époque, tout en froufous embarrassants, jarretières tirées à bloc et rouge à lèvres vulgaire. Il l’imaginait ainsi dans la grisaille, mais le rouge n’existait plus sur elle, sa bouche n’était rien d’autre une tâche sombre au maquillage mal distribué. Ses yeux étaient vitreux, dilatés. Une camée.

Elle s’avança vers lui en déglutissant bruyamment, les mains sur les hanches. Grayce avait à faire à une pute qui tentait manifestement de se faire acheter, mais il avait plutôt l’impression qu’elle était du genre à lui mettre un couteau sous la gorge pour obtenir ce qu’elle voulait. Ses dents cariées lui souriaient, sa pose se voulait tentante.

“Salut, dit simplement Grayce en la regardant fixement.
- Qu’est ce que tu regardes comme ça, chéri ?



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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeMar 2 Sep - 18:22

Mouais c'ets pas mal. C'est assez raccord avec le début en tout cas.

Ce passage, qui est une belle transition mérite peut-être quelques affûtages : il est trop long. Certains éléments sont un peu répétitifs. Surtout au niveau du ressenti intérieur du protagoniste : à mon avis tu devrais moins t'attarder sur cet aspect pour préserver l'aura de mystère qui l'entoure, ne pas trop insister (en tout cas un peu moins) sur le décalage entre ce monde et sa réalité. A mon avis ça te servira un peu plus tard, où que ton histoire te mène. D'ailleurs à se propos, petit conseil : ne te laisse pas trop mener par ta propre histoire, tu dois demeurer maîtresse de sa direction ; ça paraît con, mais c'est un bon moyen pour ne pas se perdre et garder le cap jusqu'au bout.

Par contre j'aime vraiment la façon dont tu poses l'univers : les éléments de décors sont très intéressants et très riches. D'habitudes je n'aime pas trop les descriptions, mais les tiennes sont très incisives et ajoutent une densité à cet univers qui le rendent plus palpables, plus oppressant. C'est une bonne chose Heureux

Je m'attarde pas trop pour l'instant ; j'attends de voir où tu vas aller pour la suite (et une fois que tu auras terminé ton brouillon, je pourrai t'aider à tailler dans le gras pour affiner l'ensemble Heureux ).
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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeMar 2 Sep - 18:32

Show, don't tell... Probablement ma citation fétiche. Seulement des fois c'est telleeement dur de s'empêcher de faire les deux ! J'amputerai dedans quand ce sera fini. Chik m'avait fait la même remarque.

Ça me fait plaisir d'entendre que mes descriptions sont riches, c'est l'effet recherché. Thanks dvb
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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeVen 12 Sep - 12:48

Hier, j'ai profité d'un élan de bonne volonté pour pratiquer les entailles conseillées et rédiger la suite logique du dernier passage. J'espère que l'aura s'en trouve mieux conservée à présent. Mon premier post / affiche a été repris et mis à neuf. J'arrive aux 2/4 de mes 25 tours. J'ai aussi repris le personnage de la prostituée qui ne me plaisait pas ; il est bien mieux à présent.



Il chercha bien de ce côté-ci, mais il n’y avait aucune plaque portant le nom de la rue. Grayce réalisa la présence d’un autre point coloré dans la rue qu’il avait parcourue, se demanda comment il avait pu ne pas le voir jusque là. Il s’approcha, lut les mots rouge clair au dessus de la porte. “White Wings”.
Il y avait des gens à l’intérieur, bougeant et parlant. Il passa une main dans sa tignasse décolorée et crade. Sa tête le lançait toujours par moments, un mal à se la cogner contre un mur. Il releva les yeux vers une femme qui déambulait à côté de lui. Elle toussa en se tapant la poitrine, se racla la gorge et cracha un glaviot noir sur la chaussée. Grayce, qui allait lui dire que c’était crade, se retint de justesse. Cette chose sortie du fond de sa gorge avait l’air de la faire souffrir, mais l’idée de pouvoir se recevoir la même en pleine figure lui coupait l’envie de s’en faire une ennemie. Sur sa silhouette trop fine, le minuscule ensemble noir échancré la faisait paraître encore plus squelettique. Ses jarretières étaient tirées à bloc, son rouge à lèvres à moitié effacé. Il l’imaginait prune dans la grisaille, mais la couleur n’existait plus sur elle, sa bouche n’était rien d’autre qu’une tâche sombre. Ses yeux étaient vitreux, dilatés. Une camée.
Elle s’avança vers lui les mains sur les hanches. Grayce avait à faire à une pute qui tentait manifestement d’attirer son attention, mais il imaginait aisément le couteau glissé quelque part, scintillant dans sa main. Ses dents lui souriaient, sa pose se voulait tentante. Il vit l’amorce d’un tatouage obscur qui semblait finir dans son dos. Impossible d’en deviner complètement le motif.
“Salut, dit simplement Grayce.
- Qu’est ce que tu regardes comme ça, chéri ?


- Je cherche quelqu’un. Elle est passée par là.
- Ça ne veut pas dire grand chose, “passer par là”.
Grayce sortit la photographie de son blouson et la déplia pour lui montrer.
- Elle te dit peut-être quelque chose ?”
La fille des rues plissa les yeux en posant un doigt sur la photo, éleva sur lui un regard analytique.
“C’est la nana du démon blanc. Elle traîne souvent dans le coin.
- Le ?”
Il imagina un surhomme à la tête d’un gang obscur et un frisson lui tendit l’échine, venu de nulle part.
“Où est-ce que je peux la trouver ?
- Toi ?” Elle partit dans un rire sonore. “Aucune chance.”

La fille se détourna et s’éloigna, laissant à Grayce le loisir d’admirer la queue de l’étrange animal qui lui enserrait la nuque. Le tatouage brillait dans la nuit comme une encre à peine posée. Il donnait réellement l’impression de la lui compresser.

Grayce poussa la porte du White Wings. Elle eut beau grincer lourdement, personne ne se tourna vers lui pour le dévisager. Un type à blouson de cuir était assis avec un autre à une table du fond, un troisième buvait dans son coin près d’un tableau poussiéreux, un métisse griffé étrangement était assis au comptoir. Il souriait en posant un verre émeraude contre ses lèvres. Grayce s’installa à côté de lui tandis que le barman sortait de l’ombre pour le servir, l’oeil sombre et éteint. Le crâne rasé, un des deux yeux entièrement noir, les cils inexistants. Sa bouche était un pli qui suggérait de ne pas l’emmerder. Il dominait le comptoir et n’importe qui d’autre dans ce bar. Ses mains étaient gigantesques.

“J’aimerais une bière. N’importe laquelle. Merci.”

Le géant lui versa une bière verte dans un grand verre et Grayce hocha la tête de satisfaction quand il la déposa devant lui. Une nouvelle migraine lui écrasa le cerveau. Il but une grande gorgée du liquide vert pour se reprendre.

Il détailla l’homme à sa gauche. Ce grand métisse à la peau ambrée portait un manteau de cuir marron et un chapeau haut de forme usé jusqu’à l’os. De longues dreadlocks tombaient jusqu’en bas de son dos. De petites clochettes étaient accrochées au lobe de son oreille droite. Fixés à son chapeau, des rubans, des fils entrelacés, d’autres babioles clinquantes. Il se tourna vers Grayce et sourit de cette analyse peu discrète. Il avait une bouche faite pour se tordre de rire. Son visage l’intriguait si fort que Grayce n’eut pas la présence d’esprit d’arrêter. Le métisse avait un nez droit au dessus du rictus sarcastique et des yeux dorés. Dorés ? Grayce s’en rendit subitement compte. De grands yeux de fauve qui le scrutaient. Son sourire redoubla d’intensité.

“Je cherche quelqu’un, dit Grayce pour couper court à l’inquisition de ce regard jaune. Cette fille.”

Il posa la photo sur le comptoir en bois noir. A force d’être pliée dans ses poches, elle commençait à s’abîmer. Le visage était parcouru d’une longue strie blanche d’usure.
Le métisse toucha la photo du bout des doigts. Il secoua lentement la tête pour signifier un non.

“Une amie ?
- Non. Mais je la connais.” Il hésita un moment. “On m’a dit que c’était la nana d’un certain “démon”. Le démon blanc. Une idée de qui ça peut être ?”

Le métisse ricana bassement, amusé par la situation. Il se détourna pour regarder par la fenêtre. Un tumulte de bruits émoussés envahissait les rues. Des bruits de pas. Beaucoup, comme si des centaines de gens défilaient en même temps. Les vitres du bar étaient sales mais on voyait suffisamment au travers pour constater que c’était le cas. D’ici ça n’était que des ombres allant dans la même direction et Grayce se demanda ce que signifiait toute cette soudaine animation. Il regarda les quelques clients à l’intérieur du bar, tous les yeux tournés vers l’étrange parade qui avait lieu dans la rue. A côté de lui, le métisse souriait toujours. Il désigna du doigt la fenêtre de gauche.

“Tu devrais regarder dehors. C'est peut-être ton jour de chance.”

Grayce scruta de nouveau les larges fenêtres et eut un haut le coeur. Près de la vitre se tenait un homme dont la taille défiait les lois de la nature. De dos, il eut tout le loisir d’observer les cheveux blancs qui coulaient sur la noirceur de son manteau. Grayce aurait ri si la décharge de ce déclic ne lui avait pas provoqué un frisson si détestable. Le démon blanc était un albinos. La nana du démon blanc, c’est ce que la pute lui avait dit. Peu à peu, le puzzle se remettait en place, pièce par pièce. Des articulations intelligentes et des os de vérité qui craquent. Il vénérait la sensation.

Grayce déposa un billet sur le comptoir et tenta de se lever pour sortir le rejoindre, mais il n’arrivait pas à dévisser son cul du siège. La tête lui tournait. Le dé - l’albinos sortit de son champs de vision, continuant son chemin dans la rue. Impossible de se lever. Il fixa d’un oeil perplexe le verre dans sa main. A côté de lui, il le vit avant de sombrer dans un tourbillon noir : le métisse aux dreads souriait de toutes ses dents.
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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeVen 12 Sep - 14:02

drolement sympa comme histoire, j'ai eu un peu de mal à accrocher ceci dit, mais j'aime bien.  Content
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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeVen 12 Sep - 15:21

C'est chouette que tu l'aies lue Tu peux pas test mais saurais-tu expliquer pourquoi tu as eu du mal à accrocher ? Est-ce simplement personnel, l'histoire qui ne te branche pas, ou est ce que tu as décroché à un moment pour une raison disons, technique ?
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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeVen 12 Sep - 15:33

Rien à voir avec l'histoire! 
C'est juste qu'avec un texte long, quand il n'y à pas de résumer pour savoir si ça va me plaire ou pas, surtout si c'est pas une piéce de théatre, je peu mettre un moment à accrocher, la raison?
Ma flemme... Gêné
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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitimeVen 12 Sep - 15:35

Ah ! ça c'est autre chose, je connais ! Succès total

Je vais songer à faire un résumé, c'est une très bonne idée. C'est vrai que ça commence à être long... Même moi je me perds dans toutes ces lignes.
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MessageSujet: Re: Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)    Twenty-five Turns (Vingt-Cinq Tours)  Icon_minitime

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