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 [Background] La Déchéance

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Aillas
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MessageSujet: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeMer 23 Jan - 18:11

Recueil des Fondations

Ter Aelis

Tome: La Déchéance



"Bonjour, Dame Oiselle, Noble Sir,

Je me présente d'abord, Defeus Cliten, historien en titre de l'Ordre Pourpre. Après avoir lutté pendant des années contre la corruption dans les établissements de colonisation des nouveaux mondes et pour faire prévaloir le droit à l'enseignement pour tous, je me suis attelé à la tâche ardue et difficile de retracer toutes les mémoires de notre chère et belle patrie, j'ai nommé: Ter Aelis.

Cette écriture, bien qu'elle me coûte un temps démentiel, me procure un immense plaisir, car chaque strate de l'Histoire que je redécouvre avec vous est un délice pour mes sens. Aussi, je vais essayer de vous confier mes dernières nouvelles aussi rapidement que possible. Appréciez cette œuvre, sans pour autant lui donner le ton prérogatif que les gens donnent aux écrits. Celui-ci est l'Histoire non-exhaustive de Ter Aelis et est loin d'être complet, il n'est que l'une de ses multiples facettes. Il est important de noter que cette vision de l'Histoire n'est pas l'Unique.

De plus, cette retranscription est essentiellement orale, c'est pourquoi vous vous retrouverez plongés dans un récit centré sur les hommes et femmes dont j'ai réussit à récupérer les mémoires. Certains récits sont cependant trop subjectifs ou fragmentaires pour permettre une lecture seule ou une compréhension précise, aussi me suis-je permis de joindre quelques annotations plus globales sur certains faits ou certains états de faits."


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MessageSujet: Re: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeSam 26 Jan - 2:12




"Ter Aelis est un pays formé de cinq cités datant de l’époque du colonialisme des fuyards d’Outre-mer, ces villes se sont formées sous une unité qui a vécue bon gré mal gré au fil des siècles, faisant prospérer ses ressources et forgeant d’année en année de nouveaux outils, formant de générations en générations de vastes armées, construisant de cycle en cycle de moelleux foyers.

Les cités formant ce pays avait chacune une particularité qui lui était propre, un peu comme une vérité qui la définissait et lui donnait sa force. Les éléments même avaient contribué à la diversification des populations. Hélas, il a fallu que l’un des éléments ne soit pas représenté, que les cœurs ne puissent être apaisés, pour que de bien grands malheurs surviennent. Ter Aelis était secoué par les velléités ambitieuses et belligérantes des Ducs. Car à l’époque où je narre, il se trouve que notre pays était divisé en cinq Duchés et que chacun possédait ses terres, ses familles, ses emblèmes et ses armées. Chacun avait en lui la fierté de son peuple et de son aspect, chacun avait le défaut de croire en sa supériorité. Tout simplement parce sans chefs pour unifier tout le pays, il n’était pas possible de songer à la paix. Il existerait toujours une lanterne illuminée à la tour de guet, un poignard sous l’oreiller ou des espions les yeux braqués sur les voisins tant que les aelissiens n’auraient de chef que leur Duc.

Notre patrie était alors constituée des Cités-Etats suivantes ; Echoriath la ville nichée dans les montagnes minant les entrailles de la montagne pour obtenir des minerais incomparables, Atalantë la cité bâtie sur la cité engloutie dont les bateaux sillonnent l’océan avec une célérité sans pareille, Galvorn la paria de ses sœurs et pourtant la plus peuplée, car elle renferme en son sein tous les hommes ambitieux du pays, Sul-Nâr la brûlante ville des sables assise près d’une oasis et illuminant ses voisins par son artisanat incroyable et enfin Wilwarin la récente volante, la cité des airs, propulsée par antigravitation dans le ciel de Ter Aelis."


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MessageSujet: Re: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeSam 26 Jan - 3:47

[Background] La Déchéance Ladchancechapitre1copiewv1


Aurélia ouvrit les yeux, de vives lumières venaient de la réveiller. Elle battit plusieurs fois des paupières pour dissiper la torpeur du sommeil et se passa une main dans les cheveux. Elle s’assit sur le bord de son grand lit à baldaquin, les rideaux ouverts projetaient les rayons d’un froid soleil d’hiver. Aurélia se leva et sortit de la chambre, dehors, deux servantes l’attendaient pour les ablutions matinales. Comme toujours, elles savaient deviner quand leur maîtresse se réveillerait et la température de l’eau était idéale pour un lever agréable. Ensuite, aidée de ses deux femmes de chambre, elle s’habilla d’une longue et chaude robe bleue unie. Ses cheveux furent coiffés pour former une unique tresse auburn qui lui descendait dans le dos. Une fois fin prête, elle sortit de ses appartements.

Aurélia passa à la cuisine pour prendre un léger repas. Elle préférait ne pas commencer la journée sans rien dans le ventre, surtout s’il lui fallait aider son père ou s’occuper de l’administration du château. Fille de Roi, Aurélia portait le nom de son père, symbole de puissance parmi les pauvres gens. La maison Jadh arborait son nom tel un blason que l'on étale devant tous pour montrer son influence. Et entre autre, la famille royale était très influente, d'abord par son rang, mais surtout par les mailles solides que formaient la parenté. Chaque membre de la maison, comme dans un clan, occupait un poste plus ou moins stratégique ou clé du système d'Echoriath. Seconde et dernière enfant du Roi, Aurélia avait un frère, sept cousins et cinq cousines, des poignées de parents dont elle ne connaissait même plus les noms, faute de leur avoir un jour parlé. Mais lorsque l’on portait le nom de Jadh, il n’était pas permit de faire du cœur et de se soustraire à ses obligations pour aller s’amuser ou se prélasser en compagnie de ses amis. D’ailleurs, des amis, la belle Aurélia n’en avait presque pas, Peut-être que les gens avaient peur des titres et que le fait d’être née d’une famille si noble empêchait tout regard attendrit sur sa personne. Pourtant Echoriath transpirait la force de la vie et du rire… Alors pourquoi ?

Toute à ses pensées elle marchait dans le couloir principal non loin de la Grande Salle. Mais sa mère la retint soudain par le bras, les sourcils froncés.

-Et bien, où vas-tu donc comme cela Aurélia ? Aurais-tu oublié quel jour nous sommes ? Elle plaça un doigt sous le menton de sa fille pour le relever sans tendresse. Et ne me réponds pas surtout ! Oh, tu m’énerve, c’est bien toi, à te défiler lorsque tout le monde aurait bien besoin d’un coup de main. J’ai vu des jeunes filles qui abattaient plus de travail en une heure que toi en une semaine.

Toujours à ses récriminations, la Reine poursuivit son chemin. Comme si on avait besoin de feignants le jour où tous les dignitaires des grandes Cités viennent pour discuter de sujets aussi important que le choix de la nouvelle capitale… Non mais on aura tout vu…

Aurélia soupira enfin lorsqu’elle fut suffisamment éloignée pour ne plus entendre sa mère marmonner sans fin contre tout. Bien que très strict, celle-ci pouvait être un peu agressive sous le stress. Néanmoins, elle avait foi en son mari et cela pouvait l’excuser. Bien sûr qu’elle n’avait pas oublié, cela faisait des jours que le château était sans dessus-dessous pour les préparations, chacun tentant de donner le meilleur pour rendre leur demeure plus belle encore. Voilà près d’une semaine qu’elle n’avait pas vu son frère tellement il était occupé à organiser à la perfection les parades militaires et l’organisation pour le rassemblement des fournitures. Aurélia quand à elle avait été assignée à l’aide des cuisines, à douze ans aucune autre place ne lui serait donnée, son âge entravant ses possibilités d’action aussi bien qu’une laisse empêche un chien de courir où il l’entend. En épluchant les légumes elle se prit à rêver qu’elle aurait put naître dans une famille d’aventure, où elle aurait vécu en suivant la voie de la nature, comptant parmi ses amis des créatures fantastiques, des elfes et de centaures, qui l’auraient emmené faire la fête tous les jours à rire et à danser. Elle crevait d’envie de vivre un conte de fée, mais tout ce qu’il l’attendait c’était une vie troublée par les responsabilités, un mariage d’Etat et des années à être dans l’ombre de son mari… Malheureusement, Aurélia n’eut pas longtemps le droit de rêvasser, bientôt les cuisinières la pressèrent tellement qu’elle n’eut plus que le temps de penser uniquement à ces carottes, ses pommes de terre et la viande sur le feu.

Vers onze heures le quartier des cuisines fut en ébullition, partout les marmitons passaient chargés de sauces, de plats, de vaisselles. Les valets avaient envahit la Grande Salle et avaient dressé d’immenses tablées pour accueillir les dignitaires des autres villes. Sur les nappes rouges satinées des fleurs, de petites lanternes et bougies attendaient leur heure pour éblouir tout le monde. Les ultimes préparations étant en cours, les femmes plus âgées avaient décrété qu’Aurélia serait plus gênante qu’autre chose dans leurs jambes. Ravie d’avoir été libérée de ses devoirs, celle-ci ne prit pourtant pas le risque de croiser sa mère, chose qui lui aurait sûrement coûté quelques tâches désespérantes d’inutilité qu’affectionnait sa mère comme enlever la cire qui avait coulé des bougies ou aller prier dans la chapelle jusqu’au repas. Sa mère disait que cela apportait humilité et patience. Chose que la petite fille avait du mal à comprendre. Aurélia se dirigea donc vers les écuries pour y retrouver Nohédie, son amie de toujours, la seule fille qui ne l’eut jamais jugée que sur son caractère et non sur son arbre généalogique.

Retrouvant sa copine, elles jouèrent à chat dans les étables pendant un certains temps et lorsqu’enfin elles s’arrêtèrent, toutes en sueur, elles s’assirent sur la palissade d’un enclos à poneys. C'était le moment que choisirent les délégations pour arriver en ville et pénétrer l'enceinte fortifiée, les tambours et les trompettes accompagnèrent la marche comme pour tenter de charmer les dignitaires des autres provinces. Nohédie s’enthousiasma.

-Ohlalala, tu imagines si Echoriath devient la capitale de Ter Aelis ? Je suis certaine que nous deviendrions tous riches. Elle regarda Aurélia, les yeux brillants. Et j'aurais peut-être une robe aussi jolie que la tienne.

Aurélia haussa les épaules.
-Je peux toujours t'en donner une si tu y tiens. Pour ton anniversaire.

Nohédie eut une mine déçue.
-Je voudrais que ce soit mon père qui me l'offre.

-Je comprends ça...

-Peut-être. Mais elle ne semblait pas réellement convaincu.


Après avoir écouté les chants et les musiques dédiées aux nouveaux arrivants, l’appétit des deux jeunes filles prit le pas sur l’enchantement des mélodies et elles se dépêchèrent de retrouver leurs parents respectifs pour assister au buffet, qui devait être somptueux. Nohédie rejoignit donc les étages inférieurs de la ville. En la regardant partir en trottinant Aurélia eut un pincement au cœur, elle aurait aimé que tout soit aussi simple. Détournant le regard elle commença son ascension vers le Palais, où ses parents ne la prendraient pas en charge, une fois de plus.

En effet, Aurélia mangea à cent mètres de ses parents, ceux-ci bien trop occupés pour pouvoir consacrer une once de leur précieux temps, préférant s’attarder longuement sur leur fils aîné et la politique à aborder. De sa table, Aurélia profita de sa solitude pour observer tous les nobles de différentes maisons. D’abord il y avait le fin et svelte Tharess Omplet de Wilwarin, à sa droite le robuste et rustre Gregorius Aardsson de la Cité de Galvorn au centre se situait Beneth Jadh comme sa position d’hôte l’autorisait. A sa gauche le ventripotent et affable Majend’ha Narb’e de la Cité de Sul-Nar et enfin Morade Kolth de la Ville littorale d’Atalantë. Ils n’étaient donc plus que cinq en lice pour cette compétition ayant pour trophée le titre de capitale la Cité qui remporterait la partie. Au début, selon Beneth, Il n’y avait pas moins de trente huit postulants. Au fil du déroulement des évènements, les maîtres des villes avaient décidé de retirer leurs candidatures ou les adjoindre à celle d’une Cité mieux placée, plaçant ainsi leurs espoirs dans les promesses que les villes importantes leurs faisaient. Grâce à son commerce de lames et d’armes plus modernes Echoriath jouissait d’une certaine popularité vis-à-vis des autres cités, d’où sa place de préposée à la capitale. Aurélia n’avait jamais trop compris l’engouement de ses contemporains pour cette reconnaissance qu’elle jugeait futile et inutile. Enfin bon, cela n’avait jamais tué personne, pas besoin de dramatiser.

Le repas s'était déroulé dans une parfaite consensualité de la part des invité et une affable ironie de celle des hôtes. Puisque ses parents n’avaient pas l’œil sur elle, Aurélia s’en alla rapidement retrouver son amie en emportant des gâteaux au miel dans une serviette. L’après-midi passa avec la simplicité d’un bonheur d’enfant. Jouant à des jeux que les grands ne comprennent plus, les deux petites filles parcoururent la ville devenant tour à tour guerrières et magiciennes ou échangeant leurs rangs, comme ça, pour voir. Lorsqu’elles virent les soldats des autres villes partir, emmenant avec eux les nobles qui devaient renoncer à leur ambition de faire de leur Cité la capitale, elles surent qu’il était temps de rentrer chez elles. De toute manière la nuit ne tarderait plus alors autant se dépêcher.

Aurélia arriva dans le château ravie de sa journée, finalement elle avait put voir Nohédie presque tout le jour et on ne l’avait pas surchargée de travail le matin. Malgré tout, quelque chose ne semblait pas aller, comme un léger parfum d’agressivité et de peur. Peu rassurée, elle chercha ses parents, avant qu’on lui indique qu’ils étaient dans la Grande Salle. Elle entra par une petite porte de côté pour rester inaperçue et ne pas déranger toutes les personnes rassemblées. C’était étrange, la jeune Aurélia n’avait jamais vu une telle tension parmi les membres de sa maison. Les gens débattaient tout bas, en lançant des regards tantôt inquiets, tantôt colériques autours d’eux. Seul son père sur le trône ne gesticulait pas et paraissait réfléchir, le regard dur. Il ne bougeait pas d’un pouce sondant de ses yeux noirs ses nobles, ses administrateurs et ses valets. Lorsqu’enfin arriva Herlan, son fils, il sortit de son mutisme et se leva. Ce mouvement soudain venu de sa majesté royal provoqua un lourd silence. Beneth descendit les quelques marches qui faisaient surplomber son trône du reste de la salle, puis traversa la foule pour arriver jusqu’à la table royale où étaient posées un nombre considérable de cartes. Il saisit une carte du pays, vierge et la tendit à l’un des valets pour qu’il la montre à tous.


-Mes amis, vous qui m’avez bien servis jusqu’à présent, je suis désolé de l’admettre, nous avons échoués aujourd’hui. Un léger murmure parcourut la salle. Les autres Cités n’ont pas accepté de céder leur place face à nous. Et pourtant notre supériorité était flagrante. Ces fous nous ont lésés et c’est intolérable. Aussi, vous, mes fidèles sujets, je vous présente notre nouveau territoire, puisqu’ils ont refusé de nous donner ce qui nous revenait de droit, alors nous le prendrons par la force. Bientôt toutes ces terres nous appartiendrons et ils seront forcés de reconnaitre notre puissance. Il fit une petite pause pendant laquelle les hommes et femmes présents parurent comme en ébullition. Mais… Mais nous ne devrons pas garder ces terres. Nous ne les garderons pas parce que nous n’avons pas la démesure de soumettre tous ces peuples dont nous ne connaissons pas vraiment les horizons. Malgré nos victoires nous devrons rester honorables. Pas de massacres ni de pillages, pas d’exécutions sommaires ni de chasses aux collaborateurs. Notre victoire doit être, et sera, sans bavure. Il tendit le bras vers son fils. Herlan nous a montré maintes fois son courage et ses capacités militaires. J’entends faire de lui notre chef de campagne. Il mènera les assauts et suivra directement mes instructions. Aussi tout refus à son autorité revient à un refus de ma propre autorité.

La foule était submergée par les nouvelles qui déboulaient en cascade à leurs oreilles. Le brouhaha commença à s’installer alors que Herlan se faisait féliciter de tous côtés par ses amis et ses courtisans. Dans son coin, Aurélia ne savait pas quoi penser. Elle voyait devant ces yeux ébahis, des gens se ruer à la guerre avec le sourire aux lèvres et en étant persuadés de vaincre et d’être dans leurs droits. Mais y avait-il le droit de tuer ? Tous ces courtisans semblaient oublier que les morts sur le champ de bataille ne verraient jamais l’apogée de leur belle Cité. Echoriath en sortirait grandie, mais à quel prix ? En profonde réflexion sur les biens et les maux de cette future guerre, Aurélia n’écouta plus son père et ses administrateurs qui faisaient maintenant le répertoire de toutes les possessions du Royaume. Aurélia était partagée entre la joie contagieuse des gens autour d'elle et de leur confiance totale en leurs moyens et un questionnement sourd qui martellait en puissance sa propre assurance.

Lorsqu’elle se coucha cette nuit là, elle eut peur. Peur de voir tout ce qu’elle avait connu s’effondrer et l’engloutir en même temps. Du haut de ses douze années, elle regrettait de n’avoir jamais put dormir avec ses parents. Comme toutes les jeunes filles faisaient lorsqu’elles n’étaient pas rassurées. Comme ce soir là.


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MessageSujet: Re: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeMer 30 Jan - 13:33

Deux semaines plus tard, dans le bureau du seigneur de la ville des montagnes d’Echoriath, Beneth attendait les représentants de la race naine. Ses plans avaient été déjoués et une catastrophe d’une ampleur qu’il avait du mal à appréhender se préparait. Lorsqu’il avait déclaré la guerre aux autres contrés il pensait mener des batailles honorables pour prouver la suprématie de son peuple et les capacités de son Royaume à supporter le titre de capitale du pays. Sauf que de ses plans il n’avait pas admit que les autres Cités aient put elles aussi se mettre en guerre. D’un statut d’affrontement bilatéral, la guerre avait tourné de façon à ce que tous les peuples libres soient impliqués et luttent les uns contre les autres. Avant même que ses troupes arrivent près des frontières ennemies, des hordes déferlaient partout dans le pays pour assouvir leur besoin de puissance. Son attaque surprise avait été prise de court par une guerre totale dans laquelle tout le monde ne suivait que ses propres règles. Les beaux mots avaient été abandonnés et maintenant chacun tentait de soumettre son voisin avant que celui-ci n’y parvienne. Le seigneur fut arraché à ses pensées par l’arrivée de ceux qu’il attendait.

Le nain qui entra avait la stature noble et digne de ceux de sa race. Vêtu d’une cotte de maille finement ouvragée et d’une cape d’un gris pénétrant, le porte parole s’avança vers le roi et le salua.


-Notre roi vous transmet ses salutations seigneur Beneth.
-Notre peuple lui souhaite honneur et courage. Merci d’être venu. Sachant que la fierté du nain lui empêchait de s’asseoir, il ne lui proposa pas. Comme vous le savez, la guerre va embraser tout le pays et elle est maintenant en dehors de notre contrôle. Que répond votre roi à notre requête ?

-Votre demande de soutien a été rejetée par l’assemblée, nous n’entendons pas nous impliquer dans une guerre qui n’est pas la nôtre mais celle des hommes qui l’ont engendrée, nous refusons de faire couler notre sang pour les ambitions de ceux qui oublient de penser à leur peuple et font passer leur prospérité après leur soif de pouvoir.

Le nain ne parlait pas clairement du seigneur d’Echoriath mais son ton laissait entendre qu’il désapprouvait totalement les démarches de Beneth. Il reprit.
-Nous ne prendrons pas les armes pour partir sur le champ de bataille. Débrouillez-vous avec la situation dans laquelle vous vous êtes englué. Notre peuple ne réagira que si sa sécurité est en danger. Pour le moment vous resterez seuls.

Avant que le seigneur puisse répondre l’émissaire fit le salut militaire et se tapa sur le cœur avant de partir, laissant Beneth de nouveau seul dans sont bureau. Déçu et en colère celui-ci pesta contre cette race trop fière et incompréhensible qui n’arrivait pas à admettre le besoin des hommes de s’étendre toujours plus loin. Alors ils seraient seuls et tant pis. Lui, Beneth, mènerait ses troupes à la gloire et gouvernerait le pays qui devait être le sien. Que ces nains retournent dans leurs mines et qu’ils n’en ressortent plus. Il appela ses conseillers et leur demanda un nouveau rapport sur les forces en présence et sur celles qu’il possédait, il devait composer une stratégie pour prendre les villes ennemies les unes après les autres et qu’importe s’il devait y sacrifier ses nuits.

Aurélia, qui jouait dans les couloirs du château était passée devant le bureau de son père juste après avoir vu un nain y entrer. Bien qu’elle sache que cela lui était interdit, elle écouta à la porte. Elle entendit les paroles de l’émissaire de ceux du dessous et celles ce son père. Elle eut envie de soutenir le nain et de faire comprendre à son père que cette guerre n’était pas bien, mais elle se retint. Elle n’aurait même pas dû savoir ce qui s’était dit, alors de là à en parler. C’était la correction assurée. Soudain, le nain sortit avant qu’elle puisse partir et Aurélia se retrouva sur le derrière devant un nain à l’air interrogateur. Reconnaissant la petite il lui sourit et la remit sur ses pieds. Toute hésitante elle lui demanda.

-Vous n’en parlerez à personne n’est ce pas ?
-Bien sûr jeune princesse. Répondit-il de sa voix gutturale. Néanmoins, essaie de faire attention la prochaine fois, bien que ton statut te permette certaines choses, si l’on te prenait à écouter à la porte de ton père tu risque de le mettre en colère. Et tu n’aimerais pas ça je pense.

La petite acquiesça de la tête, trop contente de sa bonne chance pour dire un mot. Mais lorsque le nain fit mine de s’en aller elle s’écria.
-Au fait, je suis d’accord avec vous ! Je ne veux pas que cette guerre commence.

Surprise elle-même par ses paroles elle s’arrêta. Le nain fit lentement demi-tour et lui sourit une nouvelle fois.
-Si seulement ton père pensait comme toi… Il repartit pour de bon cette fois-ci.

Aurélia descendit les escaliers qui menaient aux salles communes comme une flèche, mue par la peur d’avoir failli se faire prendre à écouter à la porte du bureau de son père pendant une entrevue importante et excitée d’avoir rencontré un nain. Ils ne sortaient pas souvent de leurs souterrains et n’avaient pas pour habitude d’être particulièrement sociables, mais il arrivait fréquemment que des taverniers viennent se plaindre au palais que les beuveries des petites gens fassent trop de dégâts dans leur établissement. D’un tempérament hargneux, les nains avaient tendance à devenir joueurs et bagarreurs lorsqu’ils avaient trop bu.

Ainsi elle arriva dans la plus grande des salles communes, choisissant un canapé qui n’était pas occupé la jeune fille s’assit confortablement et regarda les gens autour d’elle. La petite Jadh adorait regarder ces hommes et ces femmes vivre leur vie au quotidien. Du petit valet qui essayait de subvenir du mieux qu’il pouvait aux besoins de l’un des princes ou de faire ce que ses supérieurs lui demandaient, et de la femme de chambre qui passait chargée de literie propre et parfumée pour aller les installer dans les chambres d’hôtes, en passant par l’éternel chien qui avait été adopté par habitude par les habitants du château et qui errait en fonction des odeurs qu’il percevait, et en arrivant finalement aux courtisanes volubiles qui n’arrêtaient pas de piaffer lorsque l’un des jeunes nobles passait devant elles. Subjuguée par sa passion de la contemplation, Aurélia ne vit pas son frère qui s’était approché de côté. Il lui tapota l’épaule pour lui faire remarquer sa présence sans toutefois la faire sursauter. Lorsqu’elle leva ses yeux sur lui elle sourit, elle adorait son frère, plus vieux qu’elle de neuf années. Il avait l’air indescriptible de ceux qui avaient quelque chose d’important à dire. Il fronça les sourcils.


-Tu es incorrigible Aurélia, toujours là à trainasser et à paresser, n’as-tu pas de cours auxquels assister ? Maître Greël n’est pas du genre à lésiner sur le travail alors pourquoi ne fais tu rien ?

La petite fit la moue devant les remontrances de son frère, elle détestait lorsqu’il la reprenait et encore plus lorsqu’elle savait qu’il avait raison.
-Et bien je regarde les gens. Tu devrais plus les regarder Herlan, sans paraître, ils ont tous quelque chose à dire à leur façon.
-Tu perds ton temps sœurette. Il fit une pause pendant laquelle le sourire lui vint, puis s'effaça de nouveau. Je voulais te parler une dernière fois avant mon départ.

Aurélia sursauta.
-Tu pars déjà? Mais où ?

-Arrête donc de m’interrompre et écoute moi, notre père m’envoie à la tête d’une grande armée pour essayer de dissuader les troupes d’Atalantë de s’en prendre à nous. Comme ce sont eux qui sont les plus malléables pour le moment, père pense préférable de ramener la menace à plus tard, lorsque nous en aurons fini avec les autres Cités. Morade Kolth a déjà montré des sympathies vis-à-vis de notre Ville, il se pourrait qu’il s’en souvienne maintenant que la guerre a débuté. Sa sœur eut un regard inquiet. Non, ne crains rien, c’est une mission qui ne devrait pas poser de soucis. Cependant, pour mettre notre père dans une position de force, il nous faut assiéger Galvorn. Beneth tient Gregorius pour le plus dangereux de nos actuels adversaires, il est sans foi ni loi et apporterait une catastrophe en cas de victoire de sa part. En cas de refus d’Atalantë, je devrais l'assiéger à la suite de la chute de Galvorn.

Aurélia avait les larmes aux yeux. Herlan la prit doucement dans ses bras et la berça affectueusement. Elle n’avait pas beaucoup de liens avec sa famille et son frère était son modèle et l’une des rares personnes dont son rang n’avait pas finit par ronger l’amitié. L’idée qu’elle puisse le perdre lui paraissait inconcevable et pourtant, aujourd'hui elle avait un sérieux doute.

-Mais je vais rester toute seule…

-Non, tu ne seras pas seule, il y aura toujours père et mère pour subvenir à tes besoins. Et puis au final nous finissons toujours tous seuls...

-Tu les connais Herlan, ils n’ont jamais eut de yeux que pour toi. C’est à peine si père me remarque lorsque je mange à sa table.

-Je te trouve un peu dure, Beneth fait le maximum pour notre communauté, il est sans cesse à réfléchir à de meilleurs horizons pour nous, aussi il a du mal à témoigner de l’affection à ceux qu’il devrait. Mais je sais qu’il t’aime.

-J’admets… Mais je ne suis pas d’accord avec lui. Nous étions très bien comme cela, pourquoi chercher à conquérir tout ce qui peut nous passer devant ? Des gens vont mourir pour ça et je n’aime pas cette idée. Je ne suis pas du tout d’accord avec père et…

-Je sais Aurélia, moi non plus je ne suis pas d’accord, mais je dois montrer la force de notre belle Cité maintenant que nous sommes au cœur du conflit. Je ne le fais pas de bon cœur mais je dois prouver que notre Roi est fort. C’est mon devoir de fils.

-Et qui me protégera si tu meurs pendant ton devoir ?

-Toi.

-Moi ? Mais je ne sais même pas me servir d’une dague, comment veux-tu que je puisse arriver à me défendre contre des gens qui ont passé leur vie à la guerre ?

Herlan fit la moue.
-Je n’aime pas trop ce que je vais te demander, mais c’est pour ton bien et pour que tu deviennes forte et que tu protèges ceux dont tu passes des journées à contempler. Dit-il en agitant vaguement la main vers la foule mouvante du reste de la salle. Je veux que tu apprennes à manier toutes les armes connues et que tu connaisses les plus fines des manœuvres militaires. A côté de ça je veux que tu t’investisses à fond dans l’étude des langues et de la diplomatie. Connais l’histoire de notre peuple et ses racines. Demande que l’on t’enseigne la géographie et les coutumes des autres Cités. Et enfin, apprend à chevaucher. Après cela, tu sauras bien mieux te défendre que moi et tu seras à même de me suppléer. J’ai peur que cette guerre ne s’éternise, malgré l’optimisme qui plane dans le château.





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MessageSujet: Re: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeDim 8 Juin - 7:25

[Background] La Déchéance Ladchancechapitre2copiesu6

Aurélia reposa sa plume dans l’encrier et s’étira les muscles du dos en baillant. Elle venait de finir de recopier plusieurs chapitres clés du volume intitulé « L’alchimie de bataille ». Mue par l’adoration que la petite fille vouait à son frère elle s’efforçait de suivre ses instructions à la lettre. Depuis des semaines qu’il était parti elle noyait sa solitude entre Nohédie et ses études. Au début, sa mère avait parut méfiante quand aux demandes de sa fille en matière d’enseignements mais quelques discussions avec son mari avaient suffi à la convaincre. Greël lui avait fourni une pile de manuscrits à tomber par terre et lui avait communiqué la liste de ses nouveaux professeurs. Elle avait ses cours théoriques le matin et enchaînait l’après-midi avec des entraînements militaires et équestres. Le soir, elle avait droit à quelques quartiers libres qui lui permettaient de passer un peu de temps avec son amie ou de soigner les ecchymoses reçues pendant la journée.

Greël qui lisait, assit dans un grand fauteuil de velours rouge, sembla noter que l’attention de la jeune fille faiblissait. Depuis trois heures qu’elle s’échinait à maîtriser toutes sortes de stratégies, il était temps de voir ce qu’elle en avait tiré. Il referma son livre et retira le volume que recopiait Aurélia.


-Bon, voyons voir ce que tu as appris de ce livre. Il le feuilleta quelques secondes pour y trouver un peu d’inspiration. Alors, imaginons que tu possède une force composée de deux cent cinquante hommes, tu es coupée de toutes voies de ravitaillement et de renforts. Ton contingent doit explorer une zone hostile de plusieurs centaines de lieues. Comment disposeras-tu ton campement ?

Aurélia réfléchit un peu et répondit.

-Je placerais d’abord le campement à une distance et demie de tir d’arc d’une forêt, je construirais une barricade avec le bois récolté. Je ferais creuser un fossé autour. Je situerais les chevaux et les chariots à l’une des extrémités pour ne pas embarrasser les hommes qui dormirons en faisant des quarts de quatre heures, deux de sommeils et un de garde. Les sentinelles seront postées à cent mètres les unes des autres avec un diamètre de cinq cents mètres autour du camp.

Le maître fronça des sourcils.

-Tu commets deux erreurs fatales. Tes sentinelles seront trop éloignées les unes des autres, un éclaireur habile ou un assassin pourra facilement passer en pleine nuit. Et puis cette idée d’une zone de surveillance aussi rapprochée, c’est stupide, tes sentinelles seront perturbées par les bruits du camp et elles n’auront quasiment pas de marge pour donner l’alerte. Ensuite, les bêtes et les fournitures doivent être placés au centre du campement. Avec ta technique une bande de soldats organisés peuvent sans trop de mal faire fuir tes chevaux et mettre hors d’état la majorité des armes de ton régiment. Aussi, au niveau du sommeil, six suffiront, vous êtes en territoire hostile, tes hommes doivent être prêts à tout moment. Découpe ta force en quatre et laisse-leur des tranches de deux heures pour dormir. Fais rouler les tours de garde chaque jour pour éviter l’habitude. Tu as oublié de me dire où tu aurais placé ta fosse d’aisance, donc je te le dis, elle devra se situer là où tu pensais mettre tes chariots. Bon, imagine maintenant que tu n’aie pas de forêt mais une rivière à la place.

-Hum… Je pense que je mettrais mon contingent en demi-cercle le long de la rivière, le centre sera occupé par les chevaux et les chariots et mes hommes bâtiront une fosse et une butte autour du camp. Je donnerais à mes hommes l’ordre de faire leur garde sur diamètre séparés chacun de cinquante mètres et ce sur un diamètre de deux kilomètres.

-C’est tout ?

-Heu… Oui. Pas besoin de fosse d’aisance puisque la rivière évacuera elle-même les déchets.

-Bon, alors il y a plusieurs défauts importants. D’abord tes déchets, si tes hommes salissent l’eau en amont et en aval, tes guerriers en aval seront rapidement malades. De plus, toute surveillance de la rivière en aval pourra constater qu’une troupe campe plus haut. Cela gâche totalement l’effet de surprise ou la discrétion permise par un petit groupe de guerriers comme le tien. Le deuxième défaut, le plus important en fait, c’est le fait de donner à tes hommes des ordres contradictoires. Tu as environ soixante deux hommes par quarts qui pourront garder le camp. Toi tu en utilise plus du double. Pour une force de cette taille, un périmètre de un kilomètre de diamètre sera largement suffisant et c’est le seul qui soit à peu près efficace. Trop de capitaines laissent trop de place entre leurs sentinelles ou n’arrivent pas à doser la surface à couvrir en fonction du nombre de soldats disponibles par quarts. C’est une des raisons pour laquelle je me suis permis de pousser un peu tes études dans le cadre des mathématiques. Sans certaines bases, tu resteras dans l’inconscience de commettre de graves fautes.

-Merci Maître Greël.

Le vieil homme lui sourit, bien que fatigué par les années, il restait d’une beauté certaine. Solide et fier. Il avait dû abandonner sa carrière militaire à la suite d’une blessure handicapante à la jambe. S’étant plongé totalement dans les livres durant toute sa convalescence il devint rapidement un érudit et fut élevé au rang d’enseignant à Echoriath. Des années plus tard, il était maintenant devenu le précepteur de la fille du Roi de la Cité de la Montagne.

-Tu fais tout cela pour ton frère n’est ce pas ? La petite hocha la tête, stupéfaite. Ce qu’il te demande est bien Aurélia. Je sais combien il est dur pour toi de suivre cette voie mais c’est très important. J’ai vu combien tu aimerais ne pas être née telle que tu es.

Aurélia ouvrit de grands yeux, inconsciente jusqu’alors d’exister aux yeux de son maître autrement qu’au titre d’élève. Il ria.

-Ne me regarde pas comme ça ! Je n’ai nul mérite de l’avoir remarqué, tu n’as cessé de regarder par la fenêtre depuis que je t’enseigne et depuis que ton frère est parti, tu t’adonnes comme une diablesse aux mêmes travaux dont tu ne te souciais guère auparavant. Je suis content que tu aies envie d’apprendre et je note que tu fais beaucoup d’efforts pour ça. Mais n’oublie surtout pas que ces connaissances ne sont faites que dans un seul but, le terrain. Un jour peut-être tu seras amenée à utiliser ces enseignements, cela dit je ne te le souhaite pas. Et ce jour là tu apprendras ce que veux dire commander, ce que veux dire tuer, et ce que veux dire avoir peur.

Voyant le regard atterré que lui fit la petite fille il s’arrêta.

-Enfin, n’oublie pas ça quoi. Bon, demain nous commencerons à voir les ordres de bataille et signaux à utiliser. Tu verras, c’est barbant à souhait, tu vas adorer. Maintenant, vas donc prendre le déjeuner, tes cours de combats à l’épée nécessiteront toutes tes forces.

Aurélia resta devant son mentor, ébahie par le ton nouveau dont il faisait maintenant usage pour s’adresser à elle. Comme si quelque chose avait changé depuis qu’elle avait décidée de se mettre au travail. La voyant rester debout sans bouger il cria férocement.

-Ouste, sale bête !

Finalement il n’avait pas trop changé pensa elle en courant pour éviter le manuscrit qu’il venait de lui lancer dessus en claquant la porte. Une fois en sécurité dans le couloir elle ramassa le tome qui était désormais à terre, c’était celui sur les ordres de bataille, tant mieux, elle pourrait prendre un peu d’avance dans son lit ce soir comme cela.


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MessageSujet: Re: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeVen 15 Aoû - 4:38

Herlan prit la gourde attachée à sa cuisse et but une longue goulée. Les journées étaient longues et fatigantes, le soleil ne les épargnait guère. Sur tout le long de la colonne, les guerriers étaient moroses et la l’enthousiasme du départ s’était évanoui progressivement sous la chaleur cuisante. Remettant la gourde à sa place, Herlan se retourna vers le général Marca.

-Dîtes moi si je me trompe, général. Nous arrivons à la confluence du Bolrëon et de l’Arée, n’est ce pas ?

-Exactement. Marca sourit. C’est assez visible avec le Bolrëon. Il désigna le fleuve sur sa gauche. Le lit s’élargit et le courant ralenti, avec la rencontre qui s’effectue dix kilomètres plus bas, nous allons avoir bien besoin des barges de transport.

Herlan acquiesça. Maintenant que les contreforts montagneux se faisaient plus lointains et que le sol devenait graduellement moins pentu, il allait devenir possible de faire embarquer l’armée sur les barges et descendre bien plus rapidement dans le Sud. Son père avait ordonné la construction de centaines de barges pendant l’hiver, et maintenant que le printemps pointait le bout de son nez, celles-ci allaient recevoir leur baptême. Par contre, elles deviendraient bien moins utilisables dans le sens inverse lors du voyage de retour. S’il y avait un voyage de retour bien évidement.

Une voix retenti plus en avant dans la colonne.


-Nous sommes à la confluence !

Herlan regarda son général et éperonna son cheval. En effet, on pouvait voir la rencontre des eaux plusieurs kilomètres plus bas. Les éclaireurs rapides étaient déjà sur place à couper les arbres des rives pour faciliter l’embarquement. Avec de la chance, l’armée serait sur le fleuve avant la tombée de la nuit. Le fils du Roi arriva en tête de colonne et se fit suivre par deux escouades de cavaliers pour aller au gué et voir comment se déroulaient les préparatifs. Herlan était le genre de chef à tout vouloir faire lui-même et puisqu’il ne pouvait le faire; il s’assurait de près de la bonne marche des opérations. L’un des éclaireurs et passeur laissa sa tâche de côté pour accueillir son seigneur. Celui-ci le remercia et posa ses questions avec concision, et l’homme du nom de Roself lui répondit avec une déférence et un professionnalisme marqué.

La rive était nettoyée lorsque l’armée arriva enfin au pas des soldats et les embarcadères étaient fins prêts pour entamer le voyage à flot.
L’embarquement des troupes et des chevaux se fit sans troubles ni incidents. Tout avait été planifié depuis des mois et les hommes étaient prêts. La méfiance du Roi vis-à-vis de ses contemporains payait aujourd’hui par une confiance de l’armée et une assurance due à la répétition d’un scénario entendu longtemps à l’avance. Sauf que dans une semaine ils devraient amarrer sur la rive Ouest au Nord de Galvorn et là s’éteindrait la répétition pour faire place à l’indécision et à l’instinct.

Le fils royal était plein d’incertitudes lorsqu’il convoqua son général. Il y avait trop de points qui dépendaient de trop de choses. Beneth était un politicien avéré et un combattant solide, mais il était stratégiquement faillible ; chose qu’Herlan tentait par tous les moyens de faire passer inaperçu en modifiant à sa façon les ordres et faire en sorte que les erreurs de son père ne soient vues de personne.
Marca écarta la tenture qui faisait office de porte par cette soirée tiède. Il allait la replacer de manière à obstruer complètement l’entrée quand Herlan l’interpella.


-Non. Laisse donc cette tenture écartée, il fait bien assez chaud ce soir pour avoir à supporter un air stagnant. Il lui tendit une coupe de vin coupé. Buvez donc, et assoyez-vous. Herlan s’assit dans les coussins de ses quartiers et attendit que son général fasse de même. Quels sont les rapports ?

-Les éclaireurs ne signalent aucun mouvement de la part d’éventuelles troupes de Grégorius. A vrai dire, les paysans du secteur sont assez peu nombreux et l’armée circule maintenant assez vite pour que nous arrivions avec à peine une journée de retard sur un éclaireur. L’aval du fleuve est très calme lui aussi, tout est tranquille dans la région. Il parlait avec assurance et entrecoupait ses paroles de petites gorgées de vin. On dirait bien que Sire Aardsson n’a aucune intention de remonter vers Echoriath ou de venir à votre rencontre vous demander pourquoi vous passez sur ses terres avec une telle armée. Tout se déroule mieux que prévu, je me réjouis.

Herlan parut étonné.

-Vous vous réjouissez ? Pour ma part, ce calme m’intrigue et me parait dangereux. Les habitants de ces lieux ne sont pas de fervents admirateurs des provinces étrangères et pourtant nous n’avons aucune manifestation d’aucune sorte de la part des résidents.

-Peut-être que vous avez peur d’apprécier une victoire trop facile, maître.

Ledit maître releva les yeux de sa coupe pour les scruter Marca. Ce dernier était jeune, surtout pour un général, et si le pistonnage n’avait pas été une tradition dans la famille royale, Herlan aurait sans doute préféré voir à sa place quelqu’un de plus compétent ou du moins de plus endurci par la guerre. Le général avait passé sa promotion et la totalité de ses grades dans la Région frontalière, bien qu’elle fut plutôt calme. Les affrontements contre les gobelins avaient sans doute forgé des qualités martiales respectables et un certain talent pour briser le moral adverse, mais cela n’avait sans doute pas assez sollicité de stratégie de dernier instant ou d’improvisation aléatoire. Cela n’avait sans doute pas dû lui inculquer la prudence. Herlan vida son verre de vin et sourit.

-Peut-être. Bon, envoyez quelqu’un me faire un rapport dans six heures et allez vous reposer tant que nous n’avons besoin de nos forces ni pour marcher, ni pour combattre. Demain, nous aurons peut-être de mauvaises surprises. Herlan passa au tutoiement. Et ferme donc cette tenture, s’il te plait.

Se levant pour obéir à son seigneur, Marca avait l’air de trouver le pessimisme d’Herlan malvenu. Il quitta les quartiers de son suzerain en rabattant la tenture d’un geste nonchalant. « Trop jeune » pensa Herlan, « Beaucoup trop jeune ».

Il posa la coupe vide sur sa petite table et alla s’asseoir sur son lit pour enlever ses bottes et ses vêtements. Il se glissa ensuite sous les draps et pensa à la seule femme de sa vie ; Aurélia Jadh. Que lui demandait-il de devenir ?


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MessageSujet: Re: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeMar 28 Oct - 1:34


Ce furent les rayons du soleil qui mirent Herlan sur pied ce matin là, la tenture avait légèrement glissé sur la barre qui la soutenait et elle ouvrait maintenant l’habitacle sur le pont calme et serein du bateau. En regardant l’heure, Herlan se rendit compte qu’il avait dormi près de huit heures et que personne n’avait cherché à le réveiller pendant cet intervalle. Il grommela en se lavant rapidement au dessus d’une bassine. Si Marca ne comprenait pas que le simple fait d’être ponctuel était une marque de respect autant qu’un symbole d’efficacité il allait y avoir de l’eau dans le gaz. C’était pourtant assez simple de respecter un ordre de ce type lorsqu’on est censé commander à plus d'une de milliers d’hommes.

Il enfila une chemise bouffante de lin et un pantalon tenant au corps, après s’être servi une coupe de lait tiède et avoir croqué dans une pomme il chaussa ses bottes fines de combat. Leur cuir doux rembourré à l’intérieur donnait au pied un confort certain et au mollet une tenue protégeant des foulures. C’était le genre de bottes que seuls les riches pouvaient s’offrir et c’était le genre de bottes qui pouvaient donner la victoire lors d’un affrontement. Comme quoi les riches auraient toujours les meilleures armes. Herlan sortit enfin de ses appartements et se campa au milieu du pont en plein soleil. Autour de lui quelques matelots vaquaient à leurs occupations et les membres de sa garde étaient à leur poste comme de convenu.

Herlan entreprit d’aller à l’arrière de l’embarcation pour contempler ceux dont il avait la charge. Près de deux cent cinquante barges avançaient sur l’Arée en glissant dans l’eau clapotant du fleuve. C’était d’un silence sourd dans lequel perçaient seulement quelques ordres brefs de sergents ou de capitaines. Nul homme ne ramait, nul voile ne claquait au vent. Pour une simplicité extrême, les embarcations ne transportaient qu’une cinquantaine d’hommes chacune ou des fournitures et des montures pour la cavalerie, il n’y avait pas de moyens d’avancer autre que le courant qui les emmenait à sa guise. En y réfléchissant bien, c’était la première véritable armée qu’il avait sous ses ordres. Il avait fait ses premiers pas dans l’ordre militaire sous l’exemple de son père dans la Région frontalière. Herlan avait passé presque une décennie là-bas à apprendre les arts de la guerre et à se confronter aux réalités d’un territoire à la loyauté changeante. De par sa situation excentrée, la Région frontalière était à l’extrême limite de l’autorité de Beneth Jadh, le maître d’Echoriath. Si celui-ci n’avait pas envoyé son jeune fils Herlan pour y instaurer la paix et l’ordre, la Région aurait été perdue au profit des elfes noirs et des bézéristes infestant les montagnes. Le fils du Duc était un homme charismatique et plein de bonne volonté, il avait des ressources et un esprit imaginatif, aussi, les manigances des membres de sa cour ou des prétendants à la souveraineté de la Région frontalière avaient généralement une durée de vie brève.

La guerre vous rend parfois plus fort, parfois même elle vous transforme en héros et vous êtes transportés aux nues avec les vivas de la foule. Mais elle prend toujours chez vous une part de votre innocence, effaçant les rêves héroïques d’enfants sereins pour des nuits de sueurs froides où les morts des champs de bataille viennent vous hanter. Les guerriers n’ont pas le sommeil heureux, parce que pour chaque vie prélevée, c’est un poids de culpabilité qui tombe sur leurs épaules. Herlan avait souffert de donner la mort par ses ordres ou par sa hache. Il se demandait souvent si, au final, il servait réellement le bien ou s’il avait changé de chemin et qu’il aidait au chaos. Et comme il était impossible de trouver une réponse à cela il s’était résolu à ne se fier qu’à ses propres principes et de suivre de son mieux ceux de son père. Comme il se l’était promis, il s’était fixé une morale personnelle et faisait au mieux pour s’y tenir, il avait noté ce qu’il pouvait et ce qu’il ne pouvait pas, créant son propre livre saint et s’arrogeant ainsi une paix de l’esprit. C’était là le seul moyen qu’il avait trouvé pour satisfaire sa conscience.

Sauf que maintenant c’était une guerre qu’il allait devoir mener, une guerre stupide pour donner à son peuple le droit de devenir le centre de Ter Aelis. Pour donner à Echoriath le droit de devenir la capitale du pays. Bref, du sang qui coulerait pour des histoires de pouvoir. Toujours.

Il s'écarta du bastingage et se dirigea vers les appartements de son général. Ils avaient à discuter et ce n'était pas en restant à penser en contemplant ses hommes qu'il ferait avancer les choses. Soufflant un bon coup, Herlan se prépara mentalement à entamer un houleux débat sur la marche à suivre prochainement, il sentait de là que son général ne voyait pas du tout les choses de la même manière que lui.


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MessageSujet: Re: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeDim 18 Jan - 18:23

Et ça ne manqua pas. L’adversaire d’Aurélia lui assena un coup de taille qui fit voler sa garde ainsi que son épée. La lame de l’homme s’attarda quelques secondes devant ses côtes pour signifier sa défaite puis retomba quand celui-ci rompit sa propre garde.

-Ne garde pas un bras si rigide, voyons. Aurélia eut une mine dépité, c’était la cinquième fois qu’il la battait sans même qu’elle n’eut à un quelconque moment l’avantage. Quand tu te prépares à encaisser un coup puissant, il faut déporter sa force plutôt que de l’encaisser. Vu ton gabarit, encaisser un coup est hors de question, si ta lame casse c’est la mort assurée. Maintien ton arme de biais et poste toi de profil de façon à guider la lame de ton adversaire devant toi. Tu auras une ouverture sur son bras d’arme et son flanc.

Il mima le geste plusieurs fois et elle l’imita.

-Oui voilà, comme ça.


Il se remit en position de combat et l’invita à faire de même d’un geste de la main. Aurélia avait le visage fermé par la concentration. Ils reprirent l’entrainement plus lentement pour qu’elle puisse mémoriser les gestes et adapter sa posture en fonction des attaques de l’homme. L’épée n’était pas l’arme favorite de la jeune princesse mais elle avait promis de s’entraîner au maniement de toutes les armes et cela passait donc aussi par celles qui lui rappelaient sa faible constitution. Il la désarma encore deux fois successivement puis mit fin au combat et s’écarta après un bref salut.

Tant qu’à être à terre, Aurélia en profita pour se mettre en tailleur et souffler un peu, elle venait de récupérer une ecchymose qui tournait lentement à un violet coloré et elle avait encore le bras vibrant du dernier coup qu’elle avait tenté d’encaisser. Jarron, le maître d’arme s’approcha d’elle.


- Donne-moi ton épée. Elle s’exécuta et lui tendit l’arme toute couverte de tissus. Je t’ai regardé te battre, on dirait un mur qui essaie de bloquer un bélier, tu ne bouges pratiquement pas. Il va falloir que tu apprennes à placer tes pieds et te positionner pendant un combat, sinon, toutes les passes que nous pourrons t’apprendre seront inutiles. Il lui tendit une main secoureuse à laquelle elle s’agrippa pour se remettre sur pied. Fais le tour du terrain jusqu’à ce que tes jambes crient grâce, et prie pour que demain tu aies compris ce que signifie le verbe « bouger ».

Aurélia baissa les yeux et commença à s’éloigner de lui en trottinant. Jarron était de loin le meilleur maître d’arme qu’un jeune apprenti aurait pu vouloir, néanmoins, il était aussi rude que le roc dans lequel il semblait bâti. Une, deux, une, deux, on garde un souffle régulier, on évite de déglutir, on suit une vitesse constante, on arrondi les angles. Elle en avait pour quelques dizaines de tours et préféra ne pas penser à l’état dans lequel elle serait à la fin.




Quand on est de sang royal il faut se faire une raison sur la vanité des gens qui nous font la cour, c’est pourquoi, une fois qu’on a admis que de toute manière rien ne pourrait changer ce statut, il faut accepter de se faire suivre par une troupe de jeunes nobles en quête de faveurs. Et pour cause, à peine Aurélia s’était lavée et délassée dans ses appartements après son entraînement martial, ses courtisans étaient déjà en train de l’attendre.

Rien n’était plus épuisant que de devoir distribuer des marques d’affection à des inconnus que l’on n’apprécie pas pour des raisons diplomatiques. Elle devait veiller à n’en favoriser aucun et de faire semblant de prêter attention à leurs remarques pompeuses et sans intérêt, adresser des sourires pour donner la sensation d’une écoute attentive et profonde, donner la réplique courtoises ainsi que des compliments sur des futilités pour combler les vides des discussions. Bref, sacrifier toute honnêteté relationnelle pour préserver la paix et éviter que le confinement de chacun ne semble d’une lourdeur incroyable.

Elle en venait à considérer ses séances d’apprentissage avec Greël et Jarron comme des moments privilégiés où elle pouvait enfin laisser libre court à son envie de silence. La seule amie qu’elle eut et qui pu s’exprimer simplement avec elle n’était pas de sang noble et proscrite par sa mère de sa liste de fréquentations. Les instants partagés ensemble étaient aussi intenses que rares et cela lui pesait.

Aurélia mangea dans la salle commune comme d’habitude, d’un bon appétit à cause de l’éreintante séance que lui avait imposé Jarron. En prenant excuse de la fatigue, elle grimpa dans ses appartements dès qu’elle pu et s’allongea sur son lit dans un grand soupir. Heureusement qu’elle avait au moins ce petit refuge pour ses nuits, elle pouvait se consacrer aux tâches qui lui restaient et prendre de l’avance sur ses cours prochains. Elle sortit le volume sur les signaux que Greël avait jeté dans le couloir et l’ouvrit à la première page. Il était inscrit en lettres sobres et soignées « La victoire est affaire de communication ». Aurélia se plongea dans la lecture. Le premier chapitre relevait les défaites et les victoires qui étaient principalement dues à l’utilisation des signaux, bonne ou mauvaise selon le cas.

Elle eut juste le temps de finir cette entrée en matière avant que ses paupières ne papillonnent sous l’effet de l’épuisement. Posant le manuel sur la table de chevet, elle se déshabilla, vêtit sa chemise de nuit et s’effondra rapidement dans un sommeil sans rêve.



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MessageSujet: Re: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeDim 25 Jan - 21:08

Herlan ouvrit la porte de la cabine de l’officier supérieur Marca. Celui-ci était penché sur quelques cartes au milieu d’instruments de mesure et de papiers de rapports. Marca leva à peine la tête, même quand Herlan s’approcha à quelques pas de lui. Le prince se racla la gorge pour arracher l’officier à son travail.

-Ces rapports, pourquoi ne les ai-je pas eu ?


-Bonjour mon prince. Marca lui sourit. Vous vouliez les voir ?

-Si je voulais les voir ? Bien sûr que je voulais les voir, je suis à la tête d’une armée de plusieurs milliers d’hommes, comment puis-je commander décemment si je ne suis pas au fait de tout ce qui a attrait de près ou de loin à cette mission ?

-Bien, je vous ferais parvenir ces rapports.

-Et les prochains.

Marca eut une légère hésitation, puis il sourit en lâchant un peu prise.

-Et les prochains aussi, mon prince. Ce sera tout ?


-Non. Herlan vit la contrariété percer un bref instant sur le visage de son subordonné. Qu’êtes-vous en train de faire ?

-Je suis en train de calculer notre progression actuelle et du temps qu’il nous reste avant d’arriver à notre destination. Il désigna les rapports. Je comparais aussi les comptes-rendus des éclaireurs pour évaluer la discrétion de notre approche.

Herlan s’assit en face de Marca et commença à lire les rapports.

-Il semblerait qu’il n’y ai rien d’inquiétant pour le moment. Il reposa les documents. Je reste tout de même sceptique sur la discrétion d’une armée d’une taille si importante. A mon avis, d’une rive à l’autre les provinces ont été averties de notre présence et doivent se douter de l’endroit où nous allons.

-Peut-être bien, c’est une hypothèse négligeable cependant, il a peu à parier sur le fait que les forces de Galvorn aient pu être rassemblées s’ils ne sont au courant que maintenant. Par contre, une fois à Galvorn, il faudra tenter de traiter au plus vite avec Wilwarin et Atalantë. Sul-Nâr restant encore pour le moment une menace toute relative compte tenu de sa position géographique.

-Peut-être, mais cela tient compte du fait que nous puissions nous emparer de Galvorn en un temps réduit. Sans quoi je doute fort que nous puissions convaincre les autres cités que nous sommes dans une position forte. Cela tient compte aussi du fait qu’il ne puisse y avoir d’alliance entre aucun des autres concurrents. Si Wilwarin en venait à s’allier à Sul-Nâr, nous n’aurions plus aucune possibilité de repli et Echoriath se retrouverait prise d’assaut avant que nous ne soyons à même d’intervenir.

-Vous aussi comptez beaucoup sur les « peut-être », mon prince. Dois-je vous rappeler que nous sommes en bons termes avec sire Omplet ? Il n’y a donc pas à craindre de ce côté. Vous vous souciez de problèmes qui ne se poseront pas.

Herlan passa outre la réprimande.

-Nous devrions poster dès maintenant un contingent de cinq cent hommes sur la rive Est du fleuve. Ainsi, nous serions aussitôt prévenus de toute intrusion sur nos terres ou de tout mouvement ennemi.

-Hum. Le commandant sembla réfléchir quelques instants. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, nous aurons besoin de toutes les troupes disponibles lors de l’affrontement contre Gregorius. Il n’est donc aucun homme dont nous puissions nous séparer.

-Et bien considérez alors qu’il ne s’agit plus d’une suggestion mais d’un ordre qui se doit d’être appliqué à la lettre.

Il y eut un silence pesant dans la cabine avant que Marca ne soupire et finisse par plier.

-Comme vous voudrez, mon prince.

-Bien, je vous ferais passer un feuillet détaillé sur les dispositions qui seront prises. Je compte sur vous pour transmettre et faire en sorte que tout se déroule le mieux possible. Il signifia d’un geste de la main qu’il avait fini et sortit de la cabine.


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MessageSujet: Re: [Background] La Déchéance   [Background] La Déchéance Icon_minitimeLun 11 Jan - 6:51

Herlan retourna à ses quartiers, il était déçu. Marca avait beau être un habile guerrier et un stratège accompli, l'enthousiasme de Beneth l'avait consumé et le menait droit à un vaste mur qu'il ne pourrait franchir. Après la convocation des grands seigneurs de Ter Aelis, le père d'Herlan, le Roi d'Echoriath, avait juré de faire parvenir sa cité en de glorieux sommets. Dans sa folie des grandeurs, il avait juré que même les dieux de Dol-Heldrin considèreraient son peuple avec estime lorsqu'il aurait unifié la vaste contrée de Ter Aelis. Quelle présomption. Tous les rois de toutes les cités avaient dû faire pareil serment alors qu'ils rentraient dans leurs foyers. Chacun voulant acquérir une gloire qu'il ne pouvait jusque là qu'imaginer, transformer leur royaume en un empire prospère et riche.
Mais ce que la raison aurait dû leur dicter c'est que la guerre de conquête n'amène qu'à la ruine de la civilisation. Avant eux, nombreux sont les meneurs d'hommes qui ont foulé la Terre en quête d'honneur, tuant et possédant au nom de la gloire. C'était là une futilité de l'orgueil, le vice des grands hommes, la perte de tous.

Il s'arrêta devant sa cabine. C'était très bête d'en arriver là, après tant d'efforts pour coexister avec les autres, on ruinerait tout sur des fantaisies de vieux enfants victorieux ? Cela ne devait pas se passer ainsi, cela ne pouvait pas se passer ainsi. Il avait prêté serment à son Roi, il avait prêté serment à son peuple et aujourd'hui l'un avait décidé de mener l'autre à la soumission. Herlan frappa dans le mur de bois de sa cabine et passa quelques minutes le poing figé sur le chêne. Il attendit.

Finalement, un homme s'approcha dans son dos. Hésitant à interpeller son seigneur qui lui tournait le dos, il avança maladroitement sa main pour l'avertir puis se ravisa, il prit le parti de faire son salut militaire en faisant le maximum de bruit, de manière à se couvrir sur une éventuelle réprimande d'une familiarité avec un descendant royal.

Herlan se retourna et fixa le soldat dans les yeux. Ce dernier se courba légèrement en tendant une liasse de papiers manuscrits.

-Les rapports des éclaireurs, monseigneur.

Le prince les prit, il les regarda brièvement avant de faire un signe de tête au militaire qui s'en alla.

Une fois à l'intérieur, une coupe de vin servie et les rapports sur le bureau, Herlan se mit à la lecture de ceux-ci avec attention. C'était encourageant, les éclaireurs montés qui devançaient la colonne fluviale semblaient formels, aucune troupe ennemie n'avait été aperçue, les villages qu'ils avaient croisés et infiltrés ne montraient aucun signe de troubles, ce qui démontrait la tranquilité de la région. Il comprit un peu la sérénité de Marca, tout se passait comme prévu, les rapports parvenaient à l'heure et tous les signes semblaient rehausser la théorie du commandant. Néanmoins, Herlan n'arrivait pas à faire confiance aux apparences, c'était pour lui qu'une disposition de Gregorius pour les amener jusqu'à devant ses portes.

Alors qu'il achevait la lecture du dernier rapport, le prince entendit de l'agitation à l'extérieur. En consultant l'horloge de cabine, il se l'expliqua, cela faisait quelques heures qu'il lisait et les hommes avaient achevé leur repas de midi pour s'adonner à leur entraînement quotidien. Car malgré le confort de route dont faisaient bénéficier les péniches, il était important que les soldats ne prennent pas de mauvaises habitudes et délaissent le maniement de la hache.

Ce fut le capitaine Hervis qu'Herlan rencontra alors qu'il embarquait depuis une chaloupe pour une barge de soldats. Ils se saluèrent chaleureusement, depuis quelques années, c'était Hervis qu'Herlan avait eu pour mentor et confident, ce qui restait assez précieux aux yeux du prince.

-Comment vas-tu aujourd'hui, Herlan ?

Le fait que son subordonné le tutoie lui fit plaisir, dans un monde où tout le monde craint de voir la foudre s'abattre ou attend un discours solennel à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, les rares intimités dont on lui faisait preuve s'avéraient bienvenues.

-Plutôt bien pour un homme qui va au devant de la ruine de son peuple.

-Ah. Tu remets ça sur le tapis. Marca ne t'a pas informé du beau temps stratégique que nous avons ?

-Si, il l'a fait.

-Alors ?

-Alors, j'ai l'impression qu'on nous laisse nous enfoncer dans un canal à sec et qu'on attend que nous soyons assez loin de tout secours pour ouvrir grand les vannes.

Le capitaine regarda Herlan avec empathie puis se retourna vers le fleuve pour s'appuyer sur le bastingage.

-Je ne sais pas vraiment ce qu'il en est, en tout cas je trouve l'image assez appropriée. Il sourit. Tu as toujours été quelqu'un de prudent dans tes stratégies, j'imagine que c'est normal que tu aies des doutes sur la témérité de celle-ci. Cependant, tu as embarqué comme commandant suprême de cette armée d'invasion et par conséquent tu te dois de montrer l'exemple à suivre.

-Oui, je sais ça. Je suis toujours juste avec les soldats, mais c'est triste de penser que cette expédition va surement coûter leur coûter la vie.

Hervis pivota légèrement pour dévisager le prince.

-La guerre coûte des vies dans chacune de ses batailles. Tu as été formé à ça, tu l'as vu et revu. Qu'est ce que c'est que cet accès de mélancolie d'un coup ?

-Sûrement que je n'approuve pas et que ça me donne des remords que de faire ce que je fais d'habitude. Quand il le faut je sais faire ce qui doit l'être sans broncher. Mais ne pas avoir foi me fait douter de mon droit.

-Cesse de douter de ton droit et concentre toi davantage sur tes chances de réussite. Ta mission est claire et à moins que tu ne retournes à Echoriath et que tu fasses changer d'avis le Duc, tu n'y peux rien. Alors, si tu ne peux te satisfaire de ce que tu as, fais en sorte de mettre toutes tes énergies à satisfaire tes objetifs.

Herlan resta un moment pensif. Puis, il opina de la tête.

-Oui. Tu as raison.

-Comme toujours.

-Peuh. Bon, je vais retourner sur la barge de commandement, ça ne fait pas très réglementaire que d'aller discuter avec ses capitaines quant on hésite à le faire avec son commandant, n'est ce pas ?

-Surement oui.

Les deux se sourirent.

-Ah oui, j'ai demandé à ce que cinq cents hommes restent sur la rive Est pour empêcher ou retarder un encerclement et faciliter le voyage de retour.

-Bonne décision. Maintenant, retourne sur ta vaisseau royal, Herlan, ou ton père viendra te tirer les oreilles.

En descendant vers la chaloupe, l'interpellé fit semblant de se masser les oreilles douloureusement, puis il retira les amarres et retourna jusqu'à sa propre barge.
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