[Rp] La Nuit est mère de Destin

Voilà un des mes textes... Le début d'un scénario très long, en vérité.

Voilà, avec toute la honte que ça peut avoir, il s'agit d'un rp basé sur la fiction "Harry Potter". Le personnage est de mon invention, mais l'univers entourant ne m'appartient en rien. Le scénario est le fruit d'une collaboration.



----------------------------------
Une nuit d'hiver s'était abattue sur le chateau depuis de longues heures déjà, et une bise glacée remontait du sol, sifflait entre les pignons médiévaux et faisait trembler les gargouilles sur leurs socles de pierre. Dans la tour Nord, là où le vent était pourtant le plus violent, une personne n'était apparemment pas troublée par cette sarabande nocturne des éléments. Enfin pas si sûr...

Auparavant plongée dans un sommeil artificiel et sans rêves, du moins, c'est ce qu'elle croyait, Rêverie s'éveilla dans un violent sursaut qui manqua de faire chuter tout le fatras de son bureau sur le sol. Elle avait entamé sa nuit sur une carte jaunie de Londres, à son bureau dans son appartement de fonction, blottie au creux de son fauteuil capitonnée et couverte d'un plaid écossais. Légèrement nauséeuse et prise de picotements étranges, elle se frotta les yeux du plat de la main... Elle se souvenait s'être réveillée en ayant eu la perception éphémère de couleurs crépitantes, du bronze, de l'argent, du bleu... Alors qu'elle allait tourner son regard vers la fenêtre pour voir si ce n'était pas le reflet de quelque chose qu'il l'avait réveillée, elle fut prise d'une soudaine tension au creux du ventre, une douleur, une angoisse sourde et diffuse qui remontait lentement son organisme. Instinctivement, elle se retourna vivement pour regarder derrière elle... La pièce était vide. Et étrangement, Rêverie se sentait vide elle aussi, son appartement habituellement accueillant lui semblait presque froid et étranger... Avec un soupir mi-soulagé mi frustré, elle se retourna dans son coin douillet...

Son coeur cessa de battre l'espace d'une seconde, et quand il reprit sa pulsation, le bruit lui semblait si assourdissant qu'elle crut le sentir résonner dans tous les murs du chateau. Ses pupilles se cristallisèrent au fond de ses yeux, pour s'arrêter sur un objet qui n'était pas là avant.

Posé juste à côté de là où était la tête de la professeure quelques minutes avant, un livre. Pas un de ces livres ordinaires, sortis du fond de la Réserve, non, un vrai grimoire, épais mais élégant, décoré sans en être alourdi... Rêverie avait passé suffisament de temps au milieu des livres pour savoir en reconnaître un beau. En revanche, il était fort rare qu'un livre surgisse du Néant...

De même, s'il n'était pas rare que les manuscrits soient forts décorés, comme celui-ci avec sa superbe améthyste, il était nettement plus rare que les couvertures soient animées. Or, un magnifique aigle battait des ailes, comme impatient, le bec ouvert. L'aigle du blason de Serdaigle...Au fond d'elle même, elle sentait qu'aucun objet n'aurait mieux pu représenter sa maison, ni pu être aussi proche d'elle, spirituellement parlant. La connaissance rayonnait et attirait la jeune femme comme un papillon de nuit attiré par un feu de camp. Sa main chercha instinctivement le contact, alors que sa raison lui criait dans le vide que c'était dangeureux. Au premier toucher, un frisson lui parcourut la colonne vertébrale.
Aussitôt, elle tourne les pages, frénétique. Les mots calligraphiés défilent sous ses yeux, succession d'enluminures dans les marges et de gravures splendides. La respiration retenue, elle cherche de quoi il retourne au fil des pages parcheminées. Un hoquet l'arrête dans sa lecture, à la page de garde.

Au milieu de la page, des lignes bleues au milieu d'arabesques argentées.


Le Grimoire de Rowena Serdaigle,
Recueil des Sortilèges du monde des Sorciers.
Toi qui lis ces lignes, garde les en mémoire,
Car les cœurs et les âmes sont changeantes.


Est ce que c'est une farce??!!
Les pages défilaient sous ses yeux, les images et les lettres finissaient presque par se mêler dans son esprit quand elle referma le grimoire avec une certaine violence. Le bruit sourd mit un moment à disparaître de ses oreilles, et laissa place à une sensation diffuse de mal être. L'aigle la regardait avec un énervement visible... Nerveuse, elle reposa le livre sur le bureau, reliure contre le bois, et ferma les yeux pour dissiper cette angoisse qui l'empêchait de penser correctement.
Tu rêves, ma pauvre Rêverie, c'en est pathétique... Concentre toi sur autre chose, ça va passer...
Elle secoua la tête pour dissiper la nuée de pensées qui l'avait assaillie, et se rappela qu'elle avait oubliée de ranger la carte, et qu'elle devait être froissée à présent!

Ooooh... Pourquoi moi, hein?

Elle rouvrit les yeux, et son coeur s'emballa. Le livre était non seulement encore dans sa main, mais plus grave, il rayonnait. La lumière du chandelier frappant l'améthyste avait crée un fin rayon lumineux bleu violacé, qui frappait le coeur de Londres. Elle s'approcha de la carte. L'Allée des Embrumes...
La gorge nouée, elle inclina légèrement le volume de quelques degrés. Le rayon lumineux ne bougea pas d'un pouce. Elle lâcha le livre aussi vite que s'il l'avait mordue. Alors qu'il retombait à plat sur la table, l'Allée des Embrumes émit un dernier battement lumineux, comme une pulsion cardiaque, avant de retrouver son état normal.

Les livres n'échappent pas aux règles de la physique... Donc ceci n'est pas un livre. Du moins, pas un livre normal... Un grimoire qui apparait tout seul, qui m'indiquerait quelque chose... On se croirait dans un mauvais roman!

Elle se leva brusquement, se tenant écartée du grimoire comme d'un serpent venimeux. L'aigle piaillait sur sa couverture, tandis qu'elle même ressentait toujours de la peur, et l'attrait de l'objet par rapport à elle. Elle se mit à martyriser le tapis en faisant les cent pas, agacée, entre son bureau et le mur du fond de sa chambre. Son esprit tournait à plein régime, mais en rond. D'où venait-il? Que se passait il? Que voulait on lui dire? Elle posa ses doigts sur ses tempes.
Restons logiques... logiques, logiques, logiques...

Le sifflement du vent fut sa seule réponse.
Soit il se passe vraiment quelque chose, soit on essaye de m'attirer là bas... Mais cette angoisse, elle ne vient pas de moi!
Elle se rendait compte que quelqu'un, ou plutôt plusieurs personnes (!) projetaient leur peur sur elle, à travers elle et en elle, comme un appel au secours. Elle était encore plus perturbée que de telles choses arrivent à percer ces barrières mentales. Quoi qu'il en soit, elle se rendait à l'évidence: pour mettre fin à ses doutes, il fallait quitter la tour. Elle releva les yeux, et croisa son reflet dans une glace.
Toi sortir? Prendre un risque? Laissez moi rire! semblait lui hurler sa mauvaise conscience.

Le regard fixé sur elle même, elle marqua une pause, un instant. Des cernes, des yeux apeurés... Elle ne supportait plus ça. Les choses avaient changé, sa vie, autrefois réglée comme du papier à musique, était beaucoup plus mouvementée qu' avant. D'un geste rageur, elle envoya le miroir au sol, qui se brisa sur le sol avec un bruit cristallin. Et au diable les 7 ans de malheur!
Elle ramassa les morceaux, qu'elle alla jeter sans ambages dans la corbeille du bureau, avant d'ouvrir les portes de son armoire personnelle. Fourrageant au milieu de ses habits, elle saisit un manteau en laine et une cape d'hiver fourrée, avant d'enfiler des bottes, une grosse écharpe et des gants. Il faisait froid dehors... Elle se rua hors de sa chambre, rouge de tant d'excitation, et attrapa sa baguette sur le rebord de la cheminée, puis retourna chercher le Grimoire. Arrivée devant la cheminée du salon, elle se retourna. Sur le canapé du "salon", son renard domestique dormait, roulé en boule et chauffé par les braises de la cheminée. Est ce qu'elle pouvait le laisser là? Si elle ne revenait pas, qui s'en occuperait? Elle se rappela alors les elfes de Poudlard.

Je peux partir tranquille... N'est ce pas?
Une poignée de poudre de Cheminette dans la main, elle songea qu'elle n'avait personne à prévenir. Mais étrangement, elle sentait de manière obscure que quelqu'un essayait de la prévenir elle, d'attirer son attention... A travers le Livre. Elle baissa les yeux, et s'aperçut qu'elle le tenait serrée contre elle. Ses sourcils esquissèrent un vague froncement, et sa main jeta la poignée de poudre dans le feu.

Appartement de Rêverie Nightmare, Londres!

Arrivée dans son ancien appartement désert, aux murs nus, elle transplana dans l'Allée des Embrumes.
CRAC
Elle mit un instant à reprendre ses esprits, l'abus de transports magiques n'étant jamais bon pour son équilibre. La rue était toujours aussi grise, sale et inquiétante, mais surtout déserte... Cependant, elle était longue, très longue... Elle tourna la tête de droite à gauche, inquiète et cherchant désespérément la cause de son tourment. Ne voyant rien, elle se mit à courir vers le fond de l'allée, s'éloignant de plus en plus du Chemin de Traverse et de ce qu'elle connait. Laissant derrière elle le connu, elle court, l'air froid lui brûlant le visage, la gorge et les poumons, vers ce qu'elle ne connaît pas. Les bicoques sales disparaissent derrière ses enjambées, elle file. Un virage, qui aboutit sur deux directions différentes. Ses jambes flageolent, et elle s'appuie d'une main contre un lampadaire. Penchée à 90°, ses yeux fixent le pavé gras, et elle reprend son souffle avec difficulté.

Où? Où? Où?
Ses yeux s'affolent dans leurs orbites, mais elle relève la tête, son souffle dessinant des nuages de buée dans l'air. Les prunelles d'ombre croisent alors trois silhouettes...
-------------------------------

Une suite à venir... Peut être?