Dis le moi ...

"Tu viens ce soir ?" Je ferais mieux de dire non, je sais comment ça va finir. Et je veux pas. Faut plus qu'elle me torture. C'est toujours la même chose...
"Bien sur, tu sais que ça me fait plaisir. Tu veux que je sois là pour quelle heure ?" Bon sang, pourquoi j'ai accepté ? Je sais comment ça va finir. Oublie moi. Juste une fois. Oublie moi...
"Huit heure, ce sera parfait. Tu peux prendre le pain avant de passer ?" J'ai pas le choix de toute manière. C'est juste une de tes putains de phrases de rhétorique. Si je dis non...
" Y a pas de problème. Une baguette, ça ira ?" Pour nous trois ce sera suffisant de toute manière. Je n'aurai certainement plus d'appétit quand tu commenceras à me parler. Comme d'habitude.
"Oui. Alors à tout à l'heure mon Chéri. Je compte sur toi. Tu n'oublieras pas le pain ?" Comment je peux l'oublier. Sérieusement...
"Oui. A tout à l'heure." Pourquoi j'ai accepté ? Et si j'avais eu le choix ...


"Huit heure tapante, comme promis." Tu souris, mais je le sais. C'est faux. Mais moi je t'imite. Pourtant je veux pas te ressembler. De visage, c'est déjà suffisant.
"Oh, tu as pensé au pain. Entre, ne reste pas sur le palier voyons." Je ne préfèrerais pas tu sais. Je peux même faire demi-tour. Enfin, je peux pas mais j'aimerais.
"Après tout, je te l'avais dit Maman. Il n'y avait pas de raison que j'oublie. Par contre j'ai du partir plus tôt. Il y avait du monde sur la route." Tu t'en fous mais c'est pas grave. Fallait que je te le dise, au moins pour avoir l'impression que tu m'écoutes.
"Au fait, tu as grossi. Tu me fais honte parfois." Nous y voilà. J'ai pris des kilos.
"Il est pas là..."
"Non." J'ai pas eu le temps de le voir venir celui-ci. Pourvu qu'il rentre pas tard. En attendant faut que je tienne le coup. Que je continue de lui sourire.
"Il rentre tard ?" Regarde moi en face. Souris moi. S'il te plait.
"Oui, il a du travail." On y est. C'est gelé. Et ça ne fait que commencer. Vas y, je suis prêt.
"C'est idiot, il aurait pu manger avec nous." Bordel ! Pourquoi j'ai du mal à déglutir ? Pourvu qu'elle ne le voit pas.
"Je préfère être seule avec toi. Tu le sais bien voyons." Je sais. Mais moi je veux pas. Y a pas de mal à ça. Pourquoi tu tiens jamais ta promesse.
"Oui, ça me fait plaisir aussi." Tu dois plus t'en souvenir. Pourtant c'est tellement frais dans ma mémoire.
"Aller, viens te mettre à table. Tout est déjà prêt." Tu as menti. A l'époque j'avais pas tout compris.
"Ça sent bon, c'est quoi ?" Blanquette de Veau, j'en suis pas friand mais ça ira. Regarde moi.
"Blanquette de veau avec du riz. Je me suis dit que ça te ferait plaisir." Non pas avec ses yeux là. Pas le ton mielleux non plus.
"Tu as vu juste. Je n'en ai pas mangé depuis un moment."Si tu as des choses à dire, vas y ! Mais ne fais pas semblant. J'ai besoin de savoir.
"Viens prendre place. Sinon elle va refroidir."J'aimerais que tu le dises à tout le monde. J'en ai assez que tu fasses semblant.
"Non, pas autant. J'arriverai pas à tout manger. Merci." Est-ce que tu t'es excusé auprès de moi une seule fois. Est-ce que dans ta vie tu m'as déjà dit "désolée" ? Je crois pas.
"Alors, quand est-ce que tu penses revenir me voir ? Tu me manques tu sais ?" Non justement, je sais pas.
"Tu es vraiment mesquin pour laisser ta pauvre mère toute seule." J'ai mes raisons que ta raison ignore.
"Je suis désolé. J'essaierai de passer en début de semaine prochaine." Je trouverai bien un truc à faire. Sinon ça recommencera.

"Au fait, comment vas ton père ? Bien je suppose. Et sa pute au grand sourire ?" Ils vont bien. Je peux pas dire le contraire.
"Bien, mais tu ne devrais pas l'appeler comme ça. Je la trouve gentille." Mais qu'est-ce que t'y comprends de toute manière. Tu préfèrerais qu'elle disparaisse.
"Tu es de son côté ? Évidemment." Vas-y dis le. Je suis le fils à mon père. De toute façon je ne suis rien de plus qu'un objet. Rien d'autre à tes yeux.
"Le dessert est très bon. Tu l'as acheté où ?" De toute façon tu le diras jamais.
"Dans la petite boutique qui s'est ouverte à l'angle. Tu sais, juste en dessous du bureau." Tu t'en fiches de ce que je ressens.
"J'irai y faire un tour." Tu me traites toujours d'égoïste.
"Tu as bien mangé ?" Mais lequel de nous deux l'est vraiment ? Y a peut-être pas à réfléchir.
"Oui, c'était délicieux Maman. Merci pour le repas."S'il te plait laisse moi y croire.
"Tu dois vraiment partir ?" Juste une seule fois.
"Je veux pas trop trainer. Je dois me lever tôt demain." Comme quand j'étais qu'un môme.
"Très bien. Mais tu reviens vite alors." Dis le moi encore une fois.
"Oui Maman. La semaine prochaine. Peut-être mardi." Pour que j'y croies.
"Alors porte-toi bien. Au revoir mon Chéri." Dis moi ...
"Au revoir Maman. A bientôt." ... que tu m'aimes.

Franchement, j'ai pas du tout accroché. Mais je pense que c'est entièrement dû à la mise en forme du texte lui-même.

L'alternance entre les dialogues des deux personnages et les pensées d'un seul des deux est assez déroutante. J'ai très vite était perdu entre les lignes de dialogues pour ne plus vraiment distinguer les interlocuteurs.

De même la grande absence de forme de négation dans la prose (la partie "pensée") ajoute à cette impression. Regarde cette phrase :

Citation :

J'aurai certainement plus d'appétit quand tu commenceras à me parler.

Vu que tu n'utilises pas du tout la forme conventionnelle ("NE... pas") pendant tout ton texte, on se demande quel est le sens de cette phrase : avoir d'avantage d'appétit ? ou ne plus en avoir du tout ?

L'abstraction de ces "ne / n' " peux passer dans le langage parlé (dans les dialogues donc), si on sent bien cette volonté de contraction ("j'veux pas" par exemple), pour en appuyer la rapidité. Mais curieusement, ils apparaissent dans presque toutes tes lignes de dialogues, et presque pas dans la narration sous-jacente. Alors que ça aurait dû être l'inverse.

Attention également à ta conjugaison : on dirait que tu as un peu de mal avec l'impératif :

Citation :

Aller, vient te mettre à table.
Vient prendre place.

: " vienS "

de même dans ton titre (c'est un peu dommage de se faire griller avant même d'ouvrir le message du texte XD ) :

Citation :

" Dit le moi "

: dis-le moi


Du coup ce sont autant de petits détails qui viennent parasiter la lecture du récit, qui aurait mériter une meilleure compréhension.

En fait je pense que c'est juste une question de mise en forme, facilement modifiable, donc rien de bien méchant ^^

Par contre un bon point positif, c'ets le réalisme des dialogues : tout y est crédible (les platitude et les banalités mornes au possible) et surtout le contraste est bien rendu grâce aux pensées implorantes et désabusées du personnage principal.

J'ai bien aimé ce texte : l'histoire banale qu'il raconte ; ses personnages ; sa chute, non moins banale et pourtant surprenante - je ne m'y attendais pas. Bien vu. Toutefois, je me suis perdue dans le dialogue, j'ai eu du mal à raccrocher par moments. Contrairement aux autres, je ne pense pas que ça soit la forme en elle même qui pêche : l'idée de mélanger paroles et pensées est intéressante. Mais il faudrait peut-être y rajouter un peu de clarté, en retravaillant peut-être la mise en page. Sinon, il y a quelques autres fautes. Les voici :

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