A l'écoute : Sébastien Tellier - La Ritournelle (version non originale)
Fais moi violence, sous la lune à ta belle étoile.
Emmène moi par le bras à bord de la falaise pour mettre les voiles, et raconte moi encore une fois comment tes doigts glissaient sur ma toile.
Lorsque tu errais au fond du jardin, entourée de tes innombrables soeurs au teint d'ivresse. La nôtre, celle que nous partagions enlacés l'un et l'autre sur le parvis de la liesse. Elle nous consume à grand feu, ta main dans la mienne, quoi qu'il advienne.
Alors tourne toi encore, et abrite ta tête dans le creux de mon cou pour que de toi je m'ennivre avant que ne cesse la fête. Nous n'y sommes pas à cette dernière, et pourtant à tes lèvres, tu portes les miennes pendant qu'au creux de ta cambrure, je m'empare de hanches dont tu me sèvres. Tes longues boucles d'ébène coulent sur mon épaule, sans amertume, et mes doigts sur ton ventre d'allégresse se consument ; peut-être y ferons nous naître la vie, après tout, s'il nous en prenait l'envie. Elle nous anime d'une énergie nouvelle, ta peau contre la mienne, quoi qu'il advienne.
Alors caresse moi encore, et glisse tes mains dans mes cheveux d'or, pour que de moi tu t'empares lorsque sonne l'hallali. Aux abois nous crions notre désir, mais que peuvent-ils si la violence a fui. A moins qu'elle n'ait pris un tout autre visage, au détour d'un gémissement fugace, pendant que nous nous enlaçions avec rage. Peut-être même conditionne-t-elle notre étreinte et la fougue avec laquelle ta bouche s'aventure sur mes lèvres, la sensualité avec laquelle tes formes épousent les miennes, le plaisir, l'ardeur, l'excitation, que nous attisons pourvu qu'il convienne. Amoureux de la chair nous idolâtrons sans vergogne les vers de la poésie éternelle, pour qu'enfin la mélodie rime, au son du plaisir charnel. La moiteur de ta peau se joue sur les notes exquises de mes doigts, glissants sur ta sensibilité exacerbée au détour du feu de joie, lui qui illumine notre union flatteuse de passion sans foi. Ni loi. Ni même règle acérée ou blême déstinée. Tu me fais face sans rougir et je suis prêt à tous les sacrifices : celui de la luxure, de la débauche, celui du vice. Peu importent le Père et le Fils, ce soir nous ne rendons compte qu'aux saints épris, et ils ne sauraient nous faire souffrir pour les démons qui nous agitent, lorsqu'ils satisfèrent les leurs toute une vie. Les nôtres s'embraseront d'érotique folie sous les assauts de nos pulsions irréfléchies, sans faim tes ongles marqueront la sueur sur mon dos, en son sein graveront de bien jouissifs credos. Ils nous incombent avec douceur, ton envie dans la mienne, quoi qu'il advienne.
Alors endormons-nous rassasiés, en cette nuit enflammée : je garde en moi les vapeurs suaves qui émanèrent de ton être, sans pour autant savoir ce matin, de quoi nous serons maîtres.