La nuit même de leur union, le fidèle Alas et la dévouée Athea, tout deux dans une extrême passion, s'étaient allongés dans leur lit nuptial et s'étaient aimés longuement avant de sombrer dans un profond et doux sommeil.
Ils avaient ordonné qu'on les laissât absolument seuls jusqu'à nouvel ordre de leur part.
C'est ainsi qu'ils s'éveillèrent tous deux au petit matin, le coeur si plein qu'ils n'avaient besoin de rien d'autre que leur amour.
Ils s'embrassèrent, ainsi comblés.
-Bon matin, lança Alas d'un ton enjoué.
-Bon matin mon amour, répondit Athea en bâillant.
Les yeux dans le vague, ils ne dirent mot pendant quelque temps. Puis Alas hasarda :
-Veux-tu quelque chose à manger ?
-Non, non, merci.
-Moi non plus.
-Parfait.
Longtemps s'écoula en caresses, puis finalement ils refirent l'amour passionément.
Midi vint.
Les ventres appelèrent, mais si faiblement au milieu de ce déluge de caresses effrénées, que personne ne les entendit vraiment.
Personne ne mentionna midi, car aucun des deux ne voulait sortir de ce nid d'amour.
Les deux amants réitérèrent leurs actes amoureux à l'infini, et jamais l'ivresse ne semblait vouloir les quitter.
Seuls au monde, ils étaient heureux.
-Tu n'as pas soif ? demanda Athea dans le silence serein qui régnait.
Le jeune homme remua la tête en signe de dénégation.
-Moi un peu.
-Bois ma salive.
Il l'embrassa langoureusement.
-Cela va beaucoup mieux ! dit-elle en riant.
Leurs ébats se prolongèrent jusqu'au soir. Tous deux avaient cependant perdu la notion du temps. Ils se rendormirent dans les bras l'un de l'autre.
Un certain temps s'écoula ainsi, aucun ne voulant sortir du lit d'amour. Le monde était bien pauvre en dehors d'eux deux, et ils étaient heureux.
Un moment qu'ils venaient d'achever un ébat follâtre, Athea fit une longue conversation à Alas. Au départ, l'amant répondait avec ferveur à son amante. Mais au bout d'un moment, la jeune fille constata qu'il ne disait plus rien. Elle scruta le visage de son cher époux du mieux qu'elle le put, car ses yeux distinguaient étrangement mal les choses depuis un certain temps.
Alas ne bougeait plus.
-Ah, murmura Athea. Il s'est endormi. Je ferais mieux de l'imiter, je me sens étrangement faible...
Et elle ferma les yeux à son tour.
Ils devaient être vraiment exténués, car aucun d'entre eux n'ouvrit plus jamais les yeux.