L’air est frais, et mes lèvres brûlent, et mes doigts s’enflent, et le vent m’assaut, et la vie me tente encore.
Dans le ciel couleur d’automne, de longs filets fumant tuent mon aurore. Ma vie, de chaume et de toi s’enflamme dans la plaine de nos amours et de blé, et d’orge, blond et pourpre.
Je la voie encore, cette colombe qui s’étouffe dans mes bras ruisselant, et peine à voler, mon ange. Je te sais au moins, plus heureuse à présent. Pardonne mon bras, et mon cœur, qui te serrant, souhaitent la mort de nos assaillants.
Tu entends au loin, le rythme des chevaux ? C’est la mort que j’attend défier.
Chantes, ma belle, et mon aimante, un requiem de vengé.
L’air est frais, mes lèvres brûlent, et mes doigts s’enflent, tenace à cramponner l’épée de ton père. Et le vent m’assaut, sifflant, fond sur moi, et m’écorche. Et la vie me tente encore, de la leur ôter.
Le blé se couche à mes parades, et j’assène la première estoc, le premier sang, le corps chute lourdement. Mon âme est tâchée, de la faute qui m’éloigneras de toi à tous jamais.
Je sens une autre larme me lécher la cuisse, et je ploies, devant nos bourreaux, et le pique au cœur, il chute, lentement.
J’hurle, la lame de mon seigneur, qui n’aime plus que lui, toi mon ange sacrifié, arrache en lambeau, mon dos, ce lâche. Ton père se venge, car son arme se jette sur son visage, et je lui fend la face, dans une gerbe de cris et de sang.
L’air est frais, cristallise mes plaies, mes lèvres brûlent de te baiser, mes doigt s’enflent de douleur, le vent m’assaut, étouffe ma peine, la vie me tente encore, à tes côtés.