Mortel

Attente, longue attente. Masse noire et quasi homogène devant l'édifice religieux.
Silence complet, silence de mort. Personne ne bouge, tous baissent le regard.
Pas un mot, pas un sourire. On entend un chat miauler, personne ne lui prête attention.
Lourde ambiance, les cœurs saignent, les corps se raidissent. Esprits en berne.
La cloche sonne. Trois coups, trois heures. Toujours ce chat qui miaule, toujours l'indifférence.
Plus un bruit. Pas de voiture circulant sur la route. Rien. Le temps s'arrête. Une éternité.
La cloche sonne. Un coup. On sursaute, retour à la réalité. Il est l'heure.
Le cortège est là. La famille suit. Masques de tristesse, pas de pleurs. Pas encore.
Le cercueil, porté par quatre hommes. Les cœurs s'arrêtent, souffles coupés. Premières larmes.

Voix aigue, cantatrice chantant. C'est beau, ça prend aux tripes.
Des pas lents, pas de bousculades. Respect. Humilité.
Discours du prêtre. Il sonne juste. On l'écoute. Touchant.
Certains regardent ailleurs. D'autres baissent le regard. Personne ne regarde la Mort en face.
Personne ne comprend la mort. Comme aucun bébé ne comprend la vie. C'est vrai.
On passe des chansons. Cabrel, Simon & Garfunkel. Bons choix. D'autres larmes.
Une fille chante Imagine. Belle voix, tremblant légèrement. On l'écoute. Tous. Magnifique.
Longue file, on passe devant le cercueil, les couronnes de fleurs, la photo.
Signes de croix, toucher le bois, regards, murmures. Au revoir.

La cloche sonne. Plusieurs coups, lents intervalles. Dernier voyage pour dernière demeure.
Cortège funèbre, chemin boueux. Dernières prières, derniers mots. Cercueil prêt à être enterré.
Dernière marche, dernier regard. Les cœurs finissent de pleurer.
Benne croix en argent, matériau simple, sans ornement. Pour un homme discret, au cœur d'or. Adieu.

Bon alors on va tenter de pas mettre les pieds dans le plat. Toutefois je ne sais pas si tu nous décris quelque chose que tu as vécu ou que c'est pure imagination.Je ne veux pas manquer de respect mais il faut commenter.
Pour moi c'est trop " élogieux", trop blanc, pas assez réaliste.
Sinon j'aime bien ce format de phrases comme si l'idée de raconter était difficile et qu'il ne se faisait que par bribes.
Belles images, même si certaines sont de gros clichés je trouve qu'elle colle, et je n'ai pas envie de les remettre en question.
Il y a certains arrêts du narrateur, pour donner son avis en même temps c'est déstabilisant mais ça fait plus vrai en même temps, par exemple qu'il se pose pour dire que les chansons ont bien choisis, ou qu'il réalise une question sur la vie et la mort en faisant un parallèle avec les bébés.

J'aime plutôt mais je pense que tu peux vraiment améliorer ce texte.

C'est en effet quelque chose qui s'est passé pas plus tard qu'hier. Et le pire, c'est que j'étais complètement détaché alors que j'étais bien présent à ce "rendez-vous" et qu'il m'a tout de même touché par moments.

La narration aurait été complètement différente si c'était quelqu'un de plus proche.

Je m'en doutais ça se sentait mais je suis désolé si tu postes ton texte on va te le commenter sous fond et forme, ça ne remet en rien ce que tu peux vivre mais forcément ça pourrait te vexer qu'on remette en cause ce récit qui est pour toi du vécu personnel.

Je me suis d'ailleurs toujours posé la question de faut - il retranscrire ce que l'on vit?
Et dans ce cas ne faut- il pas prendre une distance, ce vécu devenant un écrit, et ce vécu se transformant du fait de la transcription.

Disons que dans ce cas précis, le texte est venu de lui-même, pendant les obsèques. J'aurais très bien pu le garder pour moi, mais c'est un peu une échappatoire que de le diffuser, peu importe si ce texte touche ou pas. J'ai toujours cette envie d'évoluer dans mon style d'écriture, tout comme le graphisme, d'où le fait que j'ai posté ce texte. Car les commentaires m'y aideront. Je sais très bien qu'ils visent le texte, et non ce qu'il y a derrière, j'en suis tout à fait conscient.

Oui je comprend l'idée de catharsis par l'écriture, l'idée après est de ne pas juste déverser et de tenter de stylisé, recréer le moment.