Bonjour à tous. Je viens poster une nouvelle d'un ami qui a la flemme de s'inscrire.
Il a eu une soudaine envie d'écrire et voudrait savoir ce que vous en pensez.
Soyez indulgent il y a passé du temps =)
Prologue
On n’aimait pas trop les nuits sombres et pluvieuses ces temps-ci. Quelque chose rôdait dans les rues nazies de cette année de 2100, fêtée comme il se doit par l’érection du portrait holographique d’Adolf Hitler, glorifié depuis 50 ans déjà, mort depuis 165 ans déjà…
Le cardinal Wilhelm Schröder avait justement l’impression d’être poursuivi par ce quelque chose.
Pourtant escorté de trois colosses au complet noir et aux lunettes assorties, le cardinal pressait le pas. Aucun des gardes du corps n’y prêta attention.
Les quatre sinistres hommes serpentaient à travers les rues, malgré un réseau de téléportation accessible à tous. Arrivé devant une énorme bâtisse noire dont on ne distinguait dans l’obscurité qu’une masse informe, le cardinal franchit ce qui devait être un portail électronique à reconnaissance vocale ultra perfectionné, dont un grand aigle en or massif couvrait de ses ailes déployées.
Une fois devant une porte en titane frappée simplement de deux immenses croix gammées, l’homme prononça une longue série de chiffres et de lettres, sans hésiter une seule fois.
Sans un grincement, la double porte s’ouvrit et la demeure laissa le cardinal nazi pénétrer en son sein.
Les trois hommes demeurèrent à l’entrée, sous la pluie battante. Ils attendirent ainsi deux heures, pendant lesquelles ils ne bougèrent pas d’un iota. Quiconque eût passé près de la résidence les aurait pris pour des statues.
Enfin, le cardinal ressortit, la porte se refermant automatiquement derrière lui.
Il se retrouva dans la rue où le sentiment d’insécurité le gagna de nouveau. Il fit quelques pas, augmentant encore plus son stress, alors que les hommes en complet noir ralentirent la marche.
Au cou du religieux pendaient deux croix en or : un crucifix et une croix gammée. Les deux pendentifs semblaient visiblement se battre, tant ils s’entrechoquaient à chaque pas.
Le cardinal entendit soudain des pas, qui n’étaient l’écho d’aucun de ses gardes ni de lui-même. Les hommes en noir semblaient l’avoir remarqué depuis quelques minutes. Ils s’arrêtèrent et se groupèrent autour du séminariste.
Ce fut une mesure des plus futiles. Malgré leur ouïe surentraînée, leur odorat imparable et leur vue implacable, un des hommes s’écroula, un petit trou rouge à l’arrière du crâne. Une petite balle de plasma. Personne ne pouvait y survivre, sang du Christ en lui, comme ces hommes, ou pas. Le plasma était extrêmement radioactif et s’il ne tuait pas par blessure organique, il détruisait les cellules qui, en un temps record, dégénéraient et se retrouvaient muées en cellules cancéreuses qui se métastasaient dans le corps en quelques minutes.
Cela se traduisait par une décomposition de l’individu touché. Cette dernière prenait tout de même une heure avant de vieillir un cadavre frais de plusieurs mois.
Ici, la mort avait fait son œuvre bien avant qu’une quelconque métastase n’ait pu se former.
Les cellules cancéreuses ne pourraient donc pas gâter le corps, les cellules saines ayant cessé leur activité, les cancers seraient réduits à néant.
L’un des gardes allait sortir une paire de lunettes thermiques quand un éclat de lumière jaillit de nulle part et le frappa en plein cœur, maculant de sang le complet noir.
L’homme s’effondra au sol, commençant à baigner dans la mare de son propre sang qui ne cessait de s’étendre.
A présent, les soupçons du cardinal étaient bels et bien fondés : quelque chose, voir quelqu’un tuait en ces lieux. Cependant, au sein du parti ennemi avec lequel l’Etat nazi était en guerre froide, le parti fasciste, des meurtres avaient aussi lieu. Mais les deux affaires pouvaient très bien n’avoir aucun lien entre elles. Malgré cette hypothèse, celle de l’assassin non satisfait des régimes prédominait : l’homme tuait nazis et fascistes, généralement des hauts placés, sans aucune revendication. Le cardinal imagina également une supercherie de l’Etat fasciste.
Mais il n’eût pas le temps d’y réfléchir plus. Le dernier de ses hommes de main venait d’être abattu d’un tir dans la nuque.
Finalement, il se retrouva devant la mort elle-même. Celle-ci avait la forme d’un gigantesque individu, entièrement recouvert d’une épaisse tenue dont la noirceur n’avait d’égale que l’âge qu’elle devait avoir. Plus personne ne se couvrait de cette manière depuis bien des siècles.
Wilhelm se souvint vaguement des moines du dix-septième siècle avant de dégainer rapidement un pistolet à plasma et de faire feu trois fois sur l’homme. Les balles se matérialisèrent sous la forme de trois rayons lumineux qui frappèrent de plein fouet l’individu. Le religieux regarda, médusé, les petites flaques de plasma se former sur le sol.
Malgré l’absence de regard sous la capuche sombre, le nazi sentit le regard terriblement oppressant de l’inconnu peser sur lui. Il refit feu, visant cette fois la tête. Aucun effet.
Dans la pénombre de la ruelle, l’homme masqué sourit. Le cardinal vit luire dans une large bouche une paire de dents blanches, pointues et acérées. Un nuage de fumée se dégagea de la capuche.
L’encapuchonné s’avança lentement vers le petit homme, pétrifié de terreur. A chacun de ses pas, l’échéance semblait s’amenuiser. Arrivé à la hauteur de l’homme d’Eglise, le meurtrier le dominait de toute sa hauteur. Sans un mot, il saisit lentement le bras de sa victime paralysée.
La dernière chose que vit le cardinal fut un pan de mur gris, tout comme ses cheveux.
L’assassin avait projeté sa victime contre le mur en béton armé d’un immeuble miteux et visiblement abandonné.
Celle-ci avait alors littéralement explosé, répandant une bouillie d’entrailles et d’organes au pied de la bâtisse.
L’assassin s’approcha de ce qui restait du cardinal et saisit les deux croix qu’il portait, noyées dans une flaque de sang. Il tint un instant les deux pendentifs sanguinolents à la hauteur de son visage avant de les déposer dans le plat de sa main, cachée sous l’épaisse manche brune. Il serra cette dernière fortement, broyant les deux croix, qui ne formèrent plus qu’un petit amas d’or difforme, qu’il jeta sur le cadavre avant de disparaître dans l’obscurité.