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 Cybreizh Punk

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dale cooper

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MessageSujet: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeVen 10 Juil - 3:55

(c/c powa !!)


Note préliminaire :

J'étais parti pour faire un nouvel épisode des "contes du bout du monde", mais l'intrigue relativement futuriste ne semblait pas tout à fait coller avec le reste. Je me suis mis à écrire à l'arrache ce soir, voyant où ça allait me mener. Avant de considérer d'écrire la suite, j'aimerai avoir vos avis pour savoir si ça vaut la peine de continuer dans cette voie là...

Je suis moi-même un peu sceptique; le ton humoristique que j'essayais d'instiguer s'est peu à peu effacer devant l'envie de m'essayer à ce qui semble être un exercice de cyber punk pur et dur :-s

Donc n'ayez pas peur de laisser vos remarques et appréciations Cybreizh Punk Smile





PROLOGUE



A la suite des tragiques évènements de décembre 2012 qui ont provoqué l’effondrement des nations et l’anéantissement de l’économie mondiale, l’Europe est devenue un immense champ de bataille. Ce qui fut jadis le Royaume Unis est désormais redevenu un archipel imprenable où règnent le chaos et l’anarchie, depuis que les loyalistes fidèles à la couronne ont dynamité le tunnel sous la Manche. L’Empire Français, fondé sur les ruines d’un pays ravagé, est désormais dominé par un ancien chef d’Etat mégalomane et belliqueux. Après son sacre en tant qu’Empereur, lors d’une parodie de vote populaire permise par ce qui reste de l’Eglise Catholique, l’Empereur s’est enfermé dans une forteresse souterraine
des Yvelines. De là il mène une guerre acharnée contre ses alliés d’antan. La Prusse Réformée tente tant bien que mal de résister aux assauts de ses voisins slaves et des résidus de monarchies continentales. Depuis des mois, nul ne sait ce qu’il est advenu des
Nations d’Amérique du Nord, autrefois florissantes et dominant le Monde civilisé. Des rumeurs contradictoires circulent, annonçant tantôt des guerres opposants les supers états continentaux de l’Est et de l’Ouest, tantôt l’invasion des Etats-Unis par ses voisins du Sud, ou encore l’irradiation complète du reste de la planète.

Dans ce maelström de guerres civiles et de catastrophes démographiques, quelques poches de civilisation perdurent cependant. La Confédération Helvétique joue de ses influences auprès des cours royales pour maintenir un semblant d’économie internationale, les anciennes Républiques Marines d’Italie tentent quant à elles d’ouvrir des voies
de commerce maritime vers l’Afrique du Nord et l’Asie Mineure.

A l’Ouest des territoires impériaux, la Confédération Bretonne ressemble à un havre de paix avec son réseau informatique, ses groupes d’entreprises technologiques et une agriculture auto-suffisante pour nourrir sa population. La crise de l’énergie a été évité de justesse,
notamment grâce au Consortium Quéméré et à son président Jean-Yves Quéméré, multimilliardaire et héritier d’une holding industrielle séculaire. Les usines marémotrices et les immenses champs d'éoliennes lui permettent d’alimenter les villes en électricité. Les gisements fabuleux de téhachecium, minerais radioactif et hautement volatile, lui ont permis de faire main-basse sur les ports de l’ancienne marine française, devenue désormais sa milice personnelle. Des dizaines de milliers de personnes essaient désormais de rejoindre ce pays afin d’y trouver paix, prospérité et nourriture.

Mais la réalité est bien loin du rêve armoricain. Petit à petit la Bretagne de Quéméré et de ses sbires annexe les territoires voisins encore relativement épargnés par les ravages. D’immenses lignes de défenses interdisent l’accès à ce nouvel Avalon, et des patrouilles
surarmées patrouilles le long de ses côtes. Les fusiliers de Marine tirent à vue et les abords de la frontière sont parsemés d’immenses camps de réfugiés, attendant d’obtenir un visa leur permettant de se voir attribuer la nationalité bretonne. Encore faut-il qu’ils puissent
prouver une quelconque appartenance à la culture celte, unique critère
de sélection pour pouvoir trouver refuge dans ce qui semble être le
dernier refuge de l’Ancien Monde.






Chapitre Un



Gaël avait les yeux rivés sur son écran d’ordinateur depuis des heures. Il se souvenait de l’époque lointaine d’internet et des réseaux sociaux d’envergures universelles ; il était alors tout gamin. Depuis le crack down informatique de 2012, la plupart des ordinateurs étaient devenue inutilisable ; on avait dès lors dû relancer la production d’une ancienne technologie, que le conglomérat Métra avait réussi à ressusciter et améliorer. Le réseau MaxiTel permettait aux usagers de consulter des bases de données sur des bornes publiques ou des terminaux privés à domicile pour les plus aisés. La résolution des écrans était minimale mais suffisante pour y lire les informations essentielles. Cependant le contraste affaibli des moniteurs monochrome fatiguait très vite le confort visuel, et on devenait vite sujet à violents maux de crâne au bout de plusieurs minutes consécutives. De plus les informations y étaient systématiquement filtrées voire censurée par le Parlement.

C’est justement sur le Parlement que portait les recherches de Gaël. Après le « don de l’Indépendance » faite aux Bretons par Quéméré lui-même en 2014, il avait fallu mettre en place un système politique et administratif qui tienne la route et qui soit suffisamment
démocratique pour recueillir l’approbation du Peuple. On état vite à ce constat que la Bretagne si elle était indépendante et protégée de la folie qui régnait à l’extérieur de ses frontière, se devait d’être un modèle pour les autres pays, lorsque l’Histoire reprendrait son cours normal. On avait dès lors décidé de garder plus ou moins les instances de l’ancienne République. Le pouvoir était divisé entre un Parlement rassemblant des députés de tous les cantons qui siégeait dans l’ancien palais du Parlement moyenâgeux de Rennes et un Conseil National qui tenait lieu d’exécutif, composé des Préfets des neuf départements actuels et d’un Président élu par les grands électeurs, à savoir conseillers municipaux et maires, officiers de Justice, membres du Parlement et amiraux. Le peuple élisait ses députés et conseillers municipaux, le Parlement désignait les Préfets. Ca s’était pour la théorie, et sur le papier tout semblait fonctionner à merveilles.

La réalité était bien différente. Le Président et les Préfets étaient virtuellement désigné s par la vraie instance dirigeantes : les conglomérats industriels, et parmi ceux-ci, Jean-Yves Quéméré tirait la plupart des ficelles. Le président était plus ou moins un homme de paille, et les Préfets pour la plupart des cadres des conglomérats qui obéissaient aux instructions des conseils d’administrations des groupes financiers et industriels. Ils avaient plein pouvoir pour laisser le Parlement discuter pendant des heures sur des lois aussi inutiles qu’incompréhensibles. Pour le reste, les résolutions exécutives étaient prises par eux-mêmes, et dans l’immense majorité des cas elles ne servaient que les intérêts des conglomérats.

Gaël, qui avait jadis eu son diplôme d’informaticien, faisait ces recherches afin d’approfondir ses connaissances dans le domaine institutionnel. Non pas qu’il avait des prétentions politiques, mais il souhaitait intégré une administration quelconque afin d’assoir son statut social. Un fonctionnaire d’état, en ces temps troublé, pouvait subvenir aux besoins de toute une famille avec ses seuls revenus. Sans compter les pots de vin et commissions occultes dont il avait entendu parler à maintes reprises.

Et puis, avec un tel poste, il pourrait très certainement être au fait de nombres de magouilles et collecter des informations vitales qui pouvaient se monnayer très cher sur le marché noir du renseignement industriel. Lui et ses potes se faisaient parfois des extras juteux en bidouillant certaines bases de données jugées inaccessibles et protégées. Leur plus gros coup avait sans doute été la fois où ils avaient réussi à obtenir les codes d’accès à l’Arsenal de Lorient pour toute une semaine. Il avait ainsi pu falsifier des laisser passer et les vendre une fortune au marché noir à des trafiquants et espions en tout genre. Ca leur avait permis de se payer toute une année d’alcool et de gandjine, cette drogue next gen, aussi synthétique que paradisiaque. En y repensant, ils auraient pu se faire encore plus d’écus en la revendant au lieu de la sucer jusqu’au dernier cube.

gaël sentit un courant d’air dans son dos. Aussitôt il se redressa, ce qui le sorti immédiatement de la torpeur dans laquelle il s’enlisait peu à peu. Un fusilier venait d’entrer dans la bibliothèque municipale. Ces salauds là avaient toujours eu la belle vie depuis des siècles. Quand Quéméré leur proposa de faire sécession et de rester servir ses intérêts, ils avaient tous été naturalisés et vus attribuer encore plus de privilèges. Désormais ils avaient remplacé la Police et était devenu le bras armé du Conseil National. Ils étaient flics, douaniers, militaires, pompiers et on leur avait même confié l’administration des hôpitaux publics. En fait ils espionnaient et surveillaient le peuple pour le compte de Quéméré et des autres du même acabit.

Gaël fit profil bas et se replongea dans la lecture de son article. Mieux valait croiser au large de ses têtes brûlées si on ne voulait pas finir au bagne pour le reste de la semaine. Les gardes à vues étaient devenues des procédures administratives communes et les patrons se
faisaient un malin plaisir de ne pas rémunérer les jours passé à l’ombre, ce qui pouvait arriver régulièrement et pour des motifs aussi futiles qu’incongru. Un jour Gaël avait passé trois jours d’affilée au bagne pour avoir été coupable d’outrage à officier ; un uniforme l’avait accusé d’avoir volontairement empuanter l’air ambiant dans un cinéma à proximité de lui. Ce crétin de Loïk avait bel et bien eu une colique au cinéma ce jour-là, et c’ets pourtant lui qui avait fait les frais des intestins indélicats de son ami. Jamais pu ils n’étaient allé au cinéma après un kig a farz.

L’article du maxitel finissait par faire un rapide énoncé des sièges géographiques des diverses Institutions. Il apprit ainsi, que Quimper avait été désignée pour être le siège du Conseil National, après que Nantes ait été jugée trop dangereusement proche de la frontière de
l’époque pour tenir ce rôle. C’était bien sûr avant la prise de Cholet et l’annexion d’Angers. L’amirauté était quant à elle toujours basée au Château de Brest, forteresse historique des forces armées de tous temps. C’est sans doute pourquoi on trouvait ici plus qu’ailleurs des
patrouilles de « flicmar » comme on avait gardé l’habitude de les appeler.

Gaël sursauta d’ailleurs, quand celui qu’il venait de repérer un instant plutôt s’arrêta derrière lui pour lui poser sa matraque sur l’épaule.

« alors jeune homme, on potasse dur ? lui demanda le flic.
_ oui Monsieur.
_ Qu’est-ce que c’est ? t’es pas en train de pirater un des serveurs au moins ?
_ non ! Bien sûr que non ! Quelle idée !
_ le responsable de la bibliothèque vient de me dire que t’es là-dessus
depuis deux heures au moins. C’est beaucoup ça, deux heures entières."

Gaël déglutit difficilement, le militaire le sondait de ses yeux de fouine. Il avait l’air assez futé pour un flicmar. Plus que bon nombre d’entre eux en tout cas. Il valait mieux ne pas essayer de la lui faire à l’envers.

« Je… je suis en train d’étudier les inst…, bredouilla le jeune homme.
_ ouai ouai ! éloigne toi du terminal, je vais regarder ça moi-même. Recule. Lève tes mains du clavier. Doucement ! »

Gaël obtempéra de bon gré, pour une fois qu’il n’avait strictement rien à se reprocher. Mais cela n’était malheureusement pas un motif suffisant pour garantir son impunité.

L’uniforme dégagea Gaël du bout de son bâton puis pris place devant l’écran. Il parcouru l’historique des recherches et inséra une clef électronique dans le moniteur afin de remonter toutes les opérations que le garçon avait effectuée sur la machine. Les flics avaient accès à
bien plus d’outils informatiques que le commun des mortels. Avec une clef comme celle-ci, un type comme Gaël deviendrait le roi du pétrole en quelques jours. Mais s’il se faisait prendre ça serait l’exil à coup sûr.

Il regarda le second-maître procéder sans bouger, n’osant faire aucun commentaire avant que l’autre n’est fini son inspection.

« dis-moi mon garçon, tu t’intéresse à la vie publique on dirait. Pourquoi ça ?
_ euh… C'est-à-dire que. En fait…, Gaël cherchait ses mots ; la simple présence de ce sale type le rendait nerveux.
_ oui ? Quoi ? Qu’est-ce que tu ne comprends pas ? Je t’ai posé une question simple non ?
_ en fait je voudrais devenir assistant parlementaire. Ou quelque chose comme ça. Travailler pour la Bretagne en somme. Parce que…
_ ah ?! le flic émit un sifflement qui aurait pu paraitre respectueux s’il n’y avait pas eu tout cette franche ironie dans son regard. Et bien mon garçon, si tu veux te rendre utile pour ton pays, tu peux toujours t’enrôler chez nous. Tiens étudie ça plutôt. »

Le flic lui plaqua une brochure sur la poitrine. Un recruteur. Gaël eut envie de soupirer de soulagement mais il se retint. Ces enfoirés patrouillaient parfois dans les endroits publics à la recherche de jeunes recrues suffisamment désespérées ou serviles pour entrer dans la Marine. Gaël prit vivement le dépliant et fit mine d’y jeter un œil avec un regard vaguement intéressé.

« On a une réunion jeudi après-midi au centre de recrutement, rue Yves Collet. Hey gamin ! Je veux t’y voir hein ! compris ?
_ euh ! Oui oui m’sieur. »

Ce crétin ratissait large. A vingt-sept ans Gaël avait passé l’âge de se faire incorporé depuis longtemps. Il avait désormais trop de plomb dans la tête pour pouvoir encore avaler les couleuvres servies par la propagande gouvernementale, aussi appétissantes fussent-elles. Il avait pris goût au reste de liberté qui subsistait dans ce monde. Et il avait prit goût au piratage et à la gandjine. Mais surtout, il avait déjà choisi son camp depuis un bon moment ; il userait tous les moyens possibles pour pourrir la vie des conglomérats, y compris se faire
passer pour un de leur fidèle employé.


Dernière édition par dvb le Mar 21 Juil - 14:47, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeVen 10 Juil - 4:08

Je crois que j'ai un petit soucis d'édition au niveau des sauts de lignes depuis que j'ai changé de traitement de texte (un coup de main quelqu'un ?) :-s
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MessageSujet: Re: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeVen 10 Juil - 11:30

Cet après-midi, quand j'aurais du temps, je te commente ça. Content Vert

Si j'oublie, envoie-moi un MP !
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MessageSujet: Re: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeLun 13 Juil - 20:29

Rapport :

« Note à l’attention des parents.

L’Histoire est comme toute autre science ; elle évolue au fil du temps. Ce qui un jour fut la découverte d’un morceau de pain moisi, abandonné sur la paillasse d’un laboratoire, devint par la suite constatation, phénomène observable, puis fait scientifique et enfin invention majeure d’un procédé qui sauva des millions de vie.

Il en va identiquement des faits et gestes des hommes ; chacun de vos pas, alors que vous arpentiez le dur chemin de la vie et de la fatalité, s’est aujourd’hui fait l’écho du Temps, contribuant à créer ce que vos enfants appellent désormais « l’Histoire ».

N’oubliez pas que ce qui fut pour vous un jour une réalité intangible et un mode de vie naturel, sera désormais connu de nos descendants comme la grandeur et la décadence d’un monde aujourd’hui disparu.

La postérité nous jugera, nous admirera ou nous condamnera, mais aujourd’hui le temps est venu pour que nous reprenions le cours de l’Histoire en main.

Enfants d’hier, ne regardez pas en arrière car la vie et l’avenir est devant vous, dans les yeux de vos propres enfants.

Edouard LeGall, historien et Conseiller chargé de l’Education »



Extrait de la première édition du manuel scolaire « l’Histoire de Nouvelle Bretagne », 2025





Chapitre deux



Luc Le Bot tirait sur sa roulée jusqu’à s’en faire brûler les doigts. Son petit plaisir quotidien consistait à se tenir le dos appuyé contre ce mur et à profiter des quelques petits grains de tabac qu’il parvenait à récolter durant la journée.

Travailler au mess des officiers de la Royale avait somme toute quelques avantages. Pouvoir chiper les restes de tabac dans les cendriers à moitié plein des réfectoires et des salles de réception en faisait partie. Certains jours il trouvait même des blondes à moitié fumées de marques étrangères rescapées du crack down ; rarissimes et délectables, il les gardait pour les grandes occasions et en avaient quelques unes planquées dans une boite sous son sommier. Pour le reste du temps, il se contentait de gratter les mégots ornés de l’Hermine officielle, marque des manufactures de tabacs de Morlaix, rouvertes des années après leur faillite. La production était censée être suffisante pour toute la population, mais il y avait toujours pénurie, sauf dans la Marine. Le Conseil National avait considéré que puisqu’il existait une production de tabac dans la région, autant en faire une industrie à part entière. La vérité, c’ets que le trafic était si important que le Conseil dû se résoudre à officialiser la production, jusqu’alors souterraine, pour bénéficier d’un secteur juteux. Depuis, le marché noir était alimenté par la Marine elle-même, détentrice des trois-quarts des réserves et administratrice des manufactures.

Ce qui aurait pu faire le bonheur de Luc, si ce n’est que les officiers supérieurs ne se mouillaient jamais les mains avec ce genre de missions non-officielles. Du coup, il ne voyait jamais la couleur d’une cartouche, tout au plus en surprenait-il parfois passer de mains en mains. Luc, comme grand nombre de larbins des administrations, n’avait pas le statut militaire. Il avait obtenu ce poste en faisant semblant d’être invalide de guerre, et il avait feinté d’être à moitié simple d’esprit pour ne pas éveiller les soupçons. Les marins aimaient s’entourer de demeurés pour effectuer les tâches essentielles qui leurs semblaient pourtant ingrates, comme tout ce qui touchait à l’intendance. Aujourd’hui le prestige dont se revêtait cette milice ne pouvait souffrir de voir dans ses rangs de simples ouvriers aux compétences terre à terre. Les marins se devaient avant tout d’être les agents violents d’un pouvoir corrompu. Il ne restait plus rien de la Royale qu’avait connu Luc dans sa jeunesse. De nos jours, les uniformes passaient à tabac qui ils voulaient, à n’importe quel prétexte; le but était bien entendu de montrer à tous qui tenait les rênes du vrai pouvoir.

Alors, puisqu’il était désormais trop vieux et trop diminué pour pouvoir prendre les armes, il s’était résigné à se laisser vivre. Pourtant, il avait toujours eu envie de faire quelque chose pour se sortir de cette situation, pour lui, et pour tout le monde. Il faudrait bien un jour que tout redevienne normal, comme avant. C’ets pourquoi souvent il furetait dans le sillage des officiers, à la recherche d’informations sensibles qu’il aurait pu transmettre à des insurgés. Un jour grâce à lui, il y aurait peut être un nouveau Saint Malo.

Il tirait sur sa cigarette mal roulée dans un vieux papier journal. Ca ne valait pas la cellulose d’antan car il n’y avait plus d’usine de papier digne de ce nom. On ne faisait guère plus que recycler ce qui pouvait l’être, tant bien que mal.

Il fumait et rêvait au jour où les uniformes ne le traiteraient plus comme un moins que rien, un jour où ils le regarderaient enfin en face, au lieu de lui lancer leurs miettes et leur condescendance hypocrite.

Il fumait et regardait les volutes s’élever au dessus du mur d’enceinte de la base navale de Quimerch.
Au milieu de la nuit, après que Luc Le Bot eut fini son service en tant que commis de cuisine il devint un héros du peuple. Un martyr, un exemple pour tous. Mais juste avant, il entendit le tintement électronique d’un détonateur qu’on armait à distance.





coupure de presse :

Le terrible cauchemar continue.

Dix ans presque jours pour jours après l’insurrection malouine, un attentat a été perpétré dans la nuit de vendredi à samedi en plein Centre Finistère. La cible était le centre de surveillance Radar des côtes Sud-Ouest, et plus particulièrement le bâtiment réservé aux officiers. Or le site accueillait ce jour précis une délégation de techniciens venus inspecter le matériel et les méthodes des ingénieurs Radar. C’est donc un crime odieux et organisé qui a ôté la vie à un civil ainsi qu’à cinq officiers dont le Commandant Lartigue, héros de la Libération de La Rochelle l’année dernière.

Cependant les terroristes n’ont, semble-t-il, pas été à la hauteur d’un quelconque fait héroïque comme ils essaient de s’en convaincre depuis de trop nombreux mois déjà. En effet la population en a assez de tels agissements qui ne font que rappeler à tous l’horreur du début de siècle.

Une enquête préliminaire de l’Amirauté a déjà permis de mettre la main sur une cache d’armes près de Pont-Aven, grâce à l’aide de gens bien attentionnés et de voisins attentifs, qui avaient remarqué depuis plusieurs semaines des mouvements de personnes suspectes dans le village. Heureusement que la Bretagne peut encore compter sur la vigilance des vrais héros d’aujourd’hui.


Extrait de l’édition française du quotidien « Ouest Libre » du 21 avril 2025.
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Ruby

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MessageSujet: Re: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeMar 14 Juil - 22:14

Je te l'ai déja dit mais j'ai beaucoup aimé ce texte, j'ai été pris de temps et je n'ai pu détacher que mon regard à la fin. Pourtant dans la vie je rebute à tout ce qui est scientifique ou politique autant dans les livres ça peut me passionner si c'est bien raconter!
j'aime ton côté familier, qui fait qu'on peut se sentir intégré dans l'histoire, en même temps que suit le charabia politique qui peut nous perdre mais que tu mènes assez bien pour qu'on le suive sans difficulté. Tu as imaginé tout un "nouveau monde" et on voit qu'il y a beaucoup de réfléxion derrière tout ça. Si tu continue, mets dans les tomes longs et j'espère bien que tu vas continuer j'aimerai bien lire la suite! ^^
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MessageSujet: Re: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeJeu 16 Juil - 21:31

Gaël jeta un œil par la fenêtre. Le temps était couvert, mais ça devrait se lever d’ici peu. Les débuts de soirée étaient souvent ensoleillés dans la région. Ainsi l’humidité des averses de l’après-midi viendrait rafraîchir l’atmosphère de cette soirée de printemps. Il se décida pour une tenue légère, mais qui lui permettrait cependant d’affronter la pluie si le temps venait à se gâter par la suite.

Il était bientôt vingt et une heure et s’il ne se dépêchait pas, il aurait une ou deux tournées de retard sur ses amis.

On manquait parfois de lames de rasoir dans les raillons des dépôts, mais rarement d’alcool. Le choix était réduit en variété et se limitait exclusivement à quelques différents type de bières, de cidre et d’un ersatz d’hydromel qui n’avait plus de chouchen que le nom, l’apiculture à grande échelle ayant disparue depuis des années. On pouvait aussi se procurer assez facilement du gros plant du Pays nantais ; les cuvées spéciales et ce qui restait des anciens celliers était bien évidemment réservé à l’élite.

Gaël quitta son appartement de Recouvrance en prenant bien soin de barricader tous les accès. Le quartier était réputé pour être l’un des plus « agités » de la ville et il n’était pas rare de voir des uniformes en patrouille aussi bien que des activistes, chacun cherchant à provoquer l’autre. Les combats de rues réunissaient parfois des bandes armées jusque tard le soir. Gaël passait alors des heures à regarder ce petit monde s’entretuer à sa fenêtre ; du moins tant que les émanations toxiques de plastiques brûlés ou de grenades dispersantes ne lui prennent la gorge.

Ce soir il devait retrouver sa bande d’amis habituels au pub. Il ne pensait pas rester trop tard, car il avait peur que la tension provoquée par l’attentat de ce week end ne dégénère.

Il se présenta devant la barrière de sécurité et présenta son carnet d’Etat-Civil afin de pouvoir traverser le pont et rejoindre le bas de Siam, l’endroit qui réunissait aujourd’hui encore la vie nocturne et les espaces de détente. En cette fin avril, et malgré le ciel incertain, les terrasses étaient bondées, les places les plus en vue occupées par de jeunes marins en civil affairés à chasser la donzelle et à étaler leur fric.

Gaël se retint de les toiser alors qu’il se frayait un chemin dans ce dédale de tables en plastiques.
Le pub où il avait l’habitude de se rendre était un peu en retrait, et n’accueillait presque exclusivement des ty zefs, qui appréciaient de se retrouver entre eux pour pouvoir parler et débattre librement, sans avoir peur de déclencher de baston générale.

Le jeune homme entra donc discrètement par la porte basse et étroite qui menait directement au sous-sol de l’immeuble. L’ambiance sombre et souterraine se prêtait assez bien aux activités intellectuelles qui s’y tenaient. Combien de fois n’avaient-ils pas refait le monde les soirs d’automne, réchauffant leurs corps près de l’âtre de la cheminée et leurs cœurs dans les verres d’alcool.

Dès qu’il entra, il perçut cependant la morosité des clients. Ils étaient pour la majorité d’entre eux des sympathisants, et pour certains mêmes des membres des Fils de l’Hermine ou de l’ARB. Ils se savaient plus ou moins surveillés, mais on tolérait l’exutoire que constituaient les lieux comme celui-ci. Après tout, dans ces temps de crise et de doute, il était normal que certains se terrent pour ruminer leur doute et le noyer dans l’alcool. Et si jamais ils causaient problème, on se faisait une joie de leur rappeler ce qu’il en avait coûté aux Malouins ; le bagne calmait parfois les ardeurs.

Une douzaine de personnes étaient attablées autour du journal du jour. C’était étonnant à une heure si peu avancée, d’habitudes les discussions des différents groupes ne se mêlaient qu’après de nombreux verres. Gaël se doutait bien de ce dont ils parlaient.

« Quelle bande de raclures ! Et ils osent appeler ça « Ouest LIBRE », grommela Yvon Graïc, un vieux pêcheur coiffé de son bonnet de laine bleue traditionnel. Ce journal est une vraie saloperie, tout juste bon à se torcher le cul avec !
_ à les entendre, tout le monde se fiche de ce qui s’est passé il y a dix ans, commenta un autre. Ils n’en ont qu’après leur anniversaire de la prise de La Rochelle. Saint-Malo n’a jamais eu lieu on dirait.
_ Ils ne veulent pas qu’on s’en rappelle, conclut Loïg.
_ « Celui qui a le contrôle du passé, a le contrôle du futur » cita Gaël en tirant une chaise vers la grande table centrale. « Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé ».
_ Ouai ! Et eux ils contrôlent le journal et la télé ! Et encore je ne parle pas du maxitel qui est un ramassis de conneries.
_ Vous pensez vraiment que les gens avalent toutes ces idioties , se demanda quelqu’un. Je veux dire, qu’ils y croient réellement ? Sans se douter que ce ne sont que des mensonges ?
_ La plupart des gens sont déjà bien contents d’avoir un toit et de quoi manger tous les jours. Ils se sont mis des œillères eux-mêmes. Et quand ils essaient de les écarter juste un peu, on leur fait voir les images de l’Extérieur. Face au malheur des réfugiés ou à l’horreur des charniers partout en Europe, ça leur enlèvent l’envie de regarder ce qui se passe en bas de chez eux, professa un ancien prof de lycée dont Gaël avait oublié le nom.
_ On voit l’aiguille dans l’œil du voisin, mais pas la poutre dans le notre, acquiesça Gaël.
_ Bien sûr qu’ils y croient dur comme fer. On ne peut pas les plaindre non plus. Beaucoup des plus anciens ont vu les atrocités de 2012, et pour les plus jeunes ce monde détruit est tout ce qu’il y a de plus normal.
_ Mais on se fait pourtant manipuler à longueur de journées ! La Marine se crée des ennemis qui peut être n’existent même pas, et le peuple a peur. Le Conseil National nous prévient que la guerre fait rage à nos portes, personne ne peut le prouver, on ne peut ni entrer ni sortir ! On peut nous raconter n’importe quoi qu’on serait obliger de le gober.
_ C’est exactement le point central de toute leur politique : ils ont dressé une scène parfaite et maintenant ils nous manipulent comme de vulgaires poupées : le « théâtre de Guignol », voilà ce qu’est la vraie Bretagne !
_ Mais quand même ! On ne peut pas nier que c’ets l’anarchie à l’Extérieur. Tous les réfugiés qui parviennent à entrer nous le disent : la situation est aussi désespérée qu’il y a treize ans. Le monde du dehors ne s’est pas relevé comme nous. Ils crèvent de faim, ils se font massacrer. On parle même d’armées entières de Chinois ou de Sibériens qui pillent les quelques places fortes de l’Empire.
_ Moi j’ai entendu dire que le Common Wealth s’était allié avec les Polonais et les Italiens pour faire tomber l’Empereur. D’après ce que je sais, c’ets lui qui entretient la guerre dans l’Europe.
_ Qui t’a dit ça ?
_ En fait mon voisin est un réfugié. Il est né à Plouescat et son frère a réussi à le faire entrer. Avant ce gars-là, mon voisin, était un genre de banquier en Pologne, il a réussi à faire entrer sa femme Polonaise avec lui aussi. Ils ont traversé tout l’Empire jusqu’au check-point d’Avranches. Il m’a raconté tout ce qu’il a vu : les bombardements la nuit, les villages assiégés, des milliers d’hommes et de femmes sur les routes, des villes fantômes et d’autres qui flambaient depuis des mois. Il a vu des gens se battre pour des puits et des points d’eaux non-contaminés. Il nous a dit avoir vu un champignon nucléaire il y a quatre ans sur ce qui semblait être Dresde ou Leipzig. La guerre dure toujours ! Vous pouvez me croire ! On est mieux ici qu’au dehors.
_ Peut-être. Peut-être pas. Mais en tout cas, ce n’est surtout pas une raison pour accepter notre situation ici !
_ Et quelle est-elle au juste notre situation ? On a de l’eau propre, de quoi manger, on a même de la bière et du cidre dans les pubs. Certes on ne vit pas aussi bien qu’il y a vingt ans, on a plus que deux chaines de télé et un journal. On n’a plus les dvd, les mp3, on a plus d’internet… Et alors ? Nos parents et grands-parents vivaient très bien dans ces mêmes conditions. Ils n’en ont pas soufferts pour autant.
_ Oui mais eux ils étaient libres !
_ ils n’étaient pas en guerre !
_ il y a eu la guerre avant aussi !
_ elle n’a pas duré quinze ans. Et eux au-moins savaient contre qui ils étaient en guerre. Ici on ne se bat pas contre un ou plusieurs ennemis, on n’est même pas occupés. On vit pourtant dans la peur permanente d’attaques de l’Extérieur.
_ On est attaqué parfois ! T’as oublié la tentative d’invasion d’Ouessant et de Belle-Ile ?
_ Belle-Ile c’était une bande de maraudeurs Espagnols ou Portugais. Des alliés de l’Empire ! Rien de sérieux.
_ Oui mais le bombardement d’Ouessant ! Tu ne peux pas nier ! Mon père a perdu la vue avec ce champignon. Le fils de Fanch a crevé à causes des irradiations un an après. T’étais là ! t’as vu deux soleils dans le ciel ce jour là aussi.
_ La Marine a été incapable de nous dire contre qui ils se sont battus ce jour là. Secret Défense. Tu veux mon avis ? C’était pour marquer une frontière psychologique dans la tête des gens. Pour leur montrer qu’il est impossible de fuir par ce côté-là aussi. Pour bien marqué au fer rouge l’esprit des gens : vous ne partirez pas par la côte, l’ennemi vous y attend là aussi. Qui nous dit qu’ils n’ont pas fait péter eux même cette bombe ?
_ Et tuer des civils ?
_ Et pourquoi pas ? Ils le font déjà tous les jours dans les rues. Pas plus tard que cette semaine, dans mon quartier, il y a encore eu une famille exilée. Les fusco sont venus et ont foutu le feu à leurs affaires en pleine rue, pour libérer leur maison. La famille a été chargée dans un camion et reconduite à un check-point. Deux jours après, il y avait deux autres familles de réfugiés qui emménageaient dans leur maison.
_ Vous oubliez un peu vite qu’il y a un prix à payer pour ce semblant de vie normale. Si le prix à payer pour protéger ma femme et mes enfants c’est accepter de voir des terroristes se faire exiler, je trouve que c’ets bien peu de chose.
_ Tu acceptes de fermer les yeux aujourd’hui, et demain tu iras toi-même à la Prémar dénoncer tes amis.
_ Mais ouvrez lez yeux enfin ! On ne sait rien de rien. Le seul moyen qu’on aurait pour se faire une vraie opinion, ça serait de sortir, de survivre assez longtemps au dehors et de revenir prévenir les Fils de l’Hermine.

Le silence tomba sur la table. Si les débats étaient parfois vifs et passionnés, ils prenaient cependant un goût amer dès que les noms des Fils de l’Hermine ou de l’armée Révolutionnaire Bretonne étaient évoqués.

Dès ce moment, tous rapprochèrent instinctivement leurs chaises et parlèrent un ton plus bas. Cette ambiance de conspiration pimentait toujours les conversations, mais pouvait aussi être un jeu dangereux si elles venaient à tomber dans les oreilles de flicmars trop zélés. Or le pub se remplissait peu à peu de clients, comme cela arrivait parfois quand les autres restaurants et bars de la surface étaient remplis. Certains jeunes couples aimaient à venir s’encanailler ou se procurer de petits frissons dans ce lieu qui avait une réputation aussi sulfureuse.

« J’ai entendu dire que l’ARB a envoyé plusieurs commandos à l’extérieur justement, chuchota Armel, un ancien fonctionnaire de Mairie à la retraite. Aucun n’est encore revenu, mais ils devaient essayer de joindre les anciennes cellules basques et irlandaises, en espérant qu’elles existent encore et qu’elles aient organisé des mouvements de résistance.
_ Résistance à quoi ?
_ je sais pas ! Toutes ces catastrophes ne sont pas venues par hasard. Il doit bien y avoir un point commun à tout ça.
_ Oui ben en voilà encore un sacré mystère. Pourquoi douze ans et demi après, on ne sait toujours pas ce qui s’est exactement passé.
_ Tous les ordinateurs civils se sont crashés en même temps. Seuls les militaires auraient pu enregistrer quelques informations.
_ Ca, rien ne le prouve non plus qu’ils en sachent quelque chose.
_ Oui mais le réseau intramar ?
_ intramar n’a été remis en place que trois ans après le crack down.
_ Oui mais il a bien fallu qu’ils aient des machines performantes pour le ressusciter.
_ oui et depuis ils font semblant d’ouvrir le maxitel au public pour déverser leur flot de conneries.
_ C’est l’Hôpital qui se fout de la Charité, énonça Gaël, le regard vide.
_ Mais qu’est-ce que t’as avec toutes tes citations à la con, souffla Loïg. Tu prépares une agrégation de philosophie ou quoi ? »

Il n’eut pas le temps de répondre à cette dernière remarque. Près du comptoir, une bande de jeunes gens aux cheveux courts et aux vêtements bariolés levaient leurs verres. L’un d’eux prit la parole.

« Mes amis. Portons un toast à la Mémoire du Commandant Lartigue ainsi que de ses compagnons, morts en héros sous les bombes des terroristes. »

Au moment où les choppes s’entrechoquaient, les jeunes marins en civil se tournèrent tous vers la tablée des sympathisants avant de vider leurs bières.

« Les salauds ! Ils sont venus chercher la merde ici.
_ restez calmes, cette bande de péquenauds ont tous un balais à chiotte planté dans le cul. Il n’y a qu’à regarder leurs coiffures pour le comprendre. »

Gaël et ses amis partirent d’un rire commun qui résonna dans toute la cave. Les fusiliers descendirent de leurs tabourets, sur le qui-vive. Celui qui avait porté le toast les héla de l’autre bout de l’établissement.

« J’ai dit quelque chose qui vous fait rire Messieurs ? C’est l’annonce de la mort d’un grand héros de guerre qui vous amuse ainsi ? »

Armel, se leva pour servir une tournée de cidre à ses amis attablés autour de lui, et sans lever les yeux vers le troufion il lui rétorqua bien distinctement, afin que toutes les personnes présentes l’entendent.

« Mais cesse de parler comme un petit nègre, esclave de ton maître. Fermes ta gueule de fayot et laisse-nous saluer la mémoire des vraies victimes de guerre. A la Santé de Saint-Malo ! » hurla-t-il enfin en se redressant, tenant son verre bien haut devant lui.

Gaël et les autres se levèrent en reprenant le toast à leur tour. Ils furent fiers et heureux de voir que certains autres clients en firent de même, malgré la menace que pouvait constituer la présence de ces marins.

Loïg entonna alors l’hymne.

« J'ai rencontré ce matin devant la haie de mon champ, une troupe de marins, d'ouvriers, de paysans ».

Il fut rejoint par l’assistance.

« Où allez-vous camarades avec vos fusils chargés. Nous tendrons des embuscades viens rejoindre notre armée »


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MessageSujet: Re: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeJeu 16 Juil - 21:31

A ces mots, les flics bouillirent et prirent cela pour un affront collectif. L’un d’entre eux brisa une bouteille sur le bord du comptoir, tandis que d’autres lancèrent leurs brocs vers les partisans.

Gaël sentit venir tout de suite le danger, et chercha du regard le patron des lieux. Celui-ci était déjà en train d’insérer sa carte dans son poste téléphonique. Il avait l’habitude de voir de telles altercations, mais il savait que ce jour particulier risquait de voir couler le sang chez lui.

Des chaises et des tables furent renversées, et dans la précipitation générale, certains clients trébuchèrent alors qu’ils tentaient de se diriger vers l’unique porte de sortie.

Certains des uniformes tentèrent de les retenir, mais finalement ils se contentèrent de barricader la porte avec une simple table renversée. Les clients étaient tous sortis, ne restaient plus que le groupe de sympathisants, faisant face aux membres des forces de l’ordre.

Loïg tenta de faire valoir leurs droits.

« c’est bon les gars. Calmez-vous ! vous n’êtes mêmes pas en service, alors c’ets pas la peine de vous la raconter. On n’a rien fait de mal.
_ tais-toi espèce de terroriste, tança celui qui semblait désormais être le chef du groupe. Je crois qu’on a mis la main sur une belle bande d’enfoirés. Ils m’ont tout l’air d’être des poseurs de bombes.
_ C’est bon, fiche nous la paix gamin, tonna Yvon. Vous avez rendu hommage à vos morts, et nous aux nôtres. La fête est finie et on va tous rentrer se coucher.
_ Ecoutez-moi ce vieux débris. Il croit qu’il peut apprendre la politesse à un premier maître de la Royale sans se faire de soucis pour son petit chapeau de paysan ! Mais tu oublies sans doute que tu nous dois respect. Après tout c’ets nous qui assurons votre sécurité. C’est nous qui prenons des risques pour surveiller les côtes, les check-points. C’est nous qui crevons en sous-marins, torpillés par le reste du monde. Et on devrait se battre et mourir pour une bande d’ingrats dans votre genre ? »

Les arguments étaient éculés, mais Gaël se sentaient toujours coupable quand un sous-officier lui faisait se genre de morale. Après tout, ils n’avaient pas tout à fait tort non plus. Chaque mois, des dizaines de fusiliers laissaient leurs peaux dans des escarmouches aux frontières ou contre des pirates au large. Mais cela suffisait-il à excuser leur tel mépris des civils ?

_ Oui et bien ce n’est pas une raison pour s’en prendre à nous. Ce n’est pas nous qui vous envoyons à la guerre après tout. On ne vous a pas non plus forcé à signer, tenta à nouveau Loïg.
_ Mais dis-moi jeune branleur. Tu sais ce que ça fait au juste de se faire tirer dessus ? T’as déjà pris une balle de mitrailleuse à travers le fuselage d’un patrouilleur ? ». Le sous-officier souleva ses vêtements pour montrer son abdomen mutilé. Il semblait lui manquer une partie de ses organes internes, tant le creux dans son ventre était impressionnant sous sa peau mal cicatrisée.

Loïg resta muet ; il se tourna vers Gaël, mais son ami lui fit juste un signe discret, lui intimant dorénavant de se taire.

« Alors si je veux lever mon verre à la mémoire de mon ancien officier, le Commandant Lartigue, je suis en droit de pouvoir le faire sans qu’un tas de blaireaux révolutionnaires viennent m’interrompre avec leurs gloussements de cochons.
_ Et il a fait quoi pour devenir un héros ton Lartigue, harangua Armel. Je veux dire, à part mourir dans un attentat.
_ Espèce de pourriture ! Le soldat fit un pas en direction du groupe antagoniste ; ses collèges le retinrent tout juste.
_ Il a libéré La Rochelle. Il s’est battu pour la Liberté, pour que règne la civilisation et non le chaos. J’étais à la bataille de La Rochelle, j’ai failli en mourir. Et je serai mort pour lui ! Pas pour des cul-terreux comme vous ». Le premier-maître avait désormais les larmes aux yeux, autant par colère que par émotion.
_ Et il a libéré La Rochelle de quoi exactement ? »

Bernard ne parlait pas souvent, mais quand il ouvrait la bouche c’était souvent pour produire ce genre d’effet. Un silence gêné se fit entre les deux groupes.

Déjà la porte calfeutrée cédait sous les coups extérieurs d’une brigade d’uniformes. Les flics en civil ne prirent pas le temps de se présenter ni de s’expliquer devant leur collègues en service. Ils se reconnaissaient entre eux et l’incident se termina là en ce qui les concernait. Mais pour les soi-disant « terroristes » il en irait sans doute autrement.

Alors que les matafs sortirent les matraques, Gaël fut pris d’une folle envie de tenter sa chance. S’il se faisait cueillir ce soir, il pourrait sans doute dire adieu à ses projets d’intégrer un cours de fonctionnaire. Il devait fausser compagnie à ses compagnons et à ces chiens de garde. Il ne faisait aucun doute qu’ils écoperaient tous d’au moins une semaine de bagne à Pontaniou ou à l’Ermitage. Et au-delà de cinq jours consécutifs une mention spéciale et indélébile était portée sur la fiche d’Etat-Civil.

Mais s’il ne parvenait pas à s’échapper, s’il se faisait prendre, on le soupçonnerait à coup sûr d’appartenir à un vrai groupe terroriste, et non pas simplement à un club d’agitateurs.

Et les conséquences dépasseraient bien évidement les quelques jours d’enfermement. Le jeu en valait-il vraiment la chandelle ?


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MessageSujet: Re: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeJeu 16 Juil - 21:32

Extrait des minutes du rapport final de la commission d’enquête concernant le dossier n°2018-01-233/7 « Insurrection de Saint-Malo »


"Alors qu’il ne doit plus faire aucun doute dans l’esprit des membres du Conseil National et de la Marine Nationale quant à la seule réponse rendue possible face à l’insurrection malouine et aux moyens d’une exceptionnelle violence déployés par les renégats, je souhaite ce jour confier mes inquiétudes concernant les conséquences d’un tel mouvement séditieux pour l’avenir.

Il est en effet apparu très rapidement que la population, éblouie par une logique populiste et manipulée par les arguments simplistes de groupuscules extrémistes, ait porté un jugement biaisé sur ce qui s’ets réellement passé lors des évènements de Saint-Malo. Je crains qu’un culte de ce que certains appellent déjà « La Malouine » ne prenne de l’ampleur dans les mois voire les années à venir, si nous ne mettons pas un terme définitif à cette propension. Le souvenir d’une rébellion juste, écrasée par un pouvoir totalitaire, est un fantasme dangereux, surtout dans un monde comme le notre, menacé tant de l’extérieur que de l’intérieur, de plus qu’il est bien loin de la réalité des faits établis.

Il en va de la Paix et de la Sécurité de tous.

Je ne saurais trop conseiller la présente Commission d’être la plus attentive possible quant aux éléments de l’enquête qu’elle rendra publics. Ainsi vous trouverez ci-joint en annexe, copies des pièces photographiques rappelant que nos forces ont d’abord tenté une négociation, puis une évacuation pacifique des lieux, avant d’être lâchement agressées. Les images des victimes et des corps mutilés de nos fusiliers doivent marquer le souvenir de la population, bien plus qu’un mythe populaire qui tiendrait les bandits et les assassins responsables pour des héros.

Les seuls héros qui doivent naître de ce triste évènement seront les 56 victimes des forces d’interventions de la Marine. A ce titre, le Comité des Familles, a demandé que tous soient décorés à titre posthume de la médaille du mérite. Pour ma part j’ai fait lever une quête pour que soient inscrits chacun de leurs noms à même la muraille extérieure qui ceint la ville close, afin que chaque terroriste enfermé se souvienne en passant devant eux, qui sont les vrais héros."


Rapport de l’Amiral Kerlann à la Commission d’Enquête, arch.pref.mar. avril 2018.










« Il y a quelque chose qu’il doit savoir avant l’entrevue ? »

L’amiral Le Lann toisa le capitaine en grand uniforme qui venait de lui remettre son rapport. Le chef du renseignement avait à peine eut le temps de prendre connaissance de toutes les pièces. Les rapports des agents infiltrés étaient d’habitudes soigneusement décortiqués, les éléments rapportés examinés avec la plus grande attention. Mais cette fois-ci tous avaient été pris de court.

La mission de collecte avait dû partir précipitamment dès qu’elle avait pris connaissance de la destination du destroyer NSp Clarion. Il fallait absolument qu’elle prévienne l’Etat-Major. Le commando avait dû embarquer de toute urgence à bord du sous-marin S615 « Inflexible », violant au passage quelques règles de sécurité et de discrétion élémentaire. Peut importe, l’information était trop "chaude" pour attendre.

Le Clarion, vaisseau de l’Etat de Pennsylvanie avait appareillé avec à son bord un officiel se rendant directement à Brest. Une visite impromptue, dont personne n’avait eu connaissance. Il se présenta aux abords de la zone militarisée bretonne et s’annonça par le canal habituel : code lumineux à distance. Evidemment il était hors de question que le navire s’approche d’avantage des côtes. L’officiel fut transbordé sur un patrouilleur avant d’être escorté à la Préfecture Maritime dans la plus grande discrétion. L’Amirauté le connaissait, c’était la troisième fois en cinq ans qu’une telle opération avait lieu, à ceci près que les deux premières avaient été organisées par les deux parties d’un commun accord.

Le renseignement n’informa le Commandement qu’à peine soixante heure avant l’arrivée sur zone du Clarion.
L’Amiral Le Lann voyait d’un assez mauvais œil cette démarche de leurs « alliés » américains. Il feuilleta le rapport succinctement. De prime abord, rien ne semblait avoir vraiment évolué outre Atlantique ces derniers mois. La guerre faisait toujours rage de l’autre côté du monde, les mouvements de sécession s’enchaînaient à rythme régulier, et le renseignement breton avait des difficultés à vraiment connaître la situation au-delà de l’Ontario et de l’Illinois. Les deux derniers rapports avaient confirmés que le Québec n’était toujours pas tombé aux mains de la coalition des Northern States, seule survivance de ce qui fût jadis les USA et le Canada.

Cependant si les Northern States constituaient le seul « Etat de Droit » qui s’était manifesté depuis dix ans à la Nation Bretonne, leurs conditions de survie étaient dérisoires par rapport à leurs alliés du vieux continent. En fait ils avaient vite compris que leur « ami » Quéméré serait un avantage crucial dès qu’ils auraient stabilisé la situation de leur côté de la Terre. S’ils devaient rejoindre l’ancien Monde, ils ne pourraient le faire qu’ici et avec l’aide d’une force militaire conséquente. Quéméré avait extrêmement bien planifié son accès au pouvoir. Le Président Wallach d’Amérique du Nord et lui seraient un jour où l’autre les pères fondateurs d’un nouvel ordre mondial. Du moins c’est ce qui s’espérait à Philadelphie, la capitale américaine. Car la situation n’était pas brillante : le sud-est du pays était aux mains des mafias hispaniques qui se livraient à des guérillas sans fin pour établir leur domination. A l’est le Nouveau Texas et l’Alliance de l’Est s’enlisaient dans une guerre frontalière allant de Monterrey jusqu’à l’Alberta. Le Mexique n’existait plus, pas plus que les autres pays d’Amérique Latine, où les alliances se faisaient et se défaisaient dans une folle danse révolutionnaire et meurtrière.

Les Northen States étaient régulièrement pris à partie par ses différents belligérants qui tentaient régulièrement des incursions sur leurs territoires.

Au-delà du Juneau, nul ne savait à quoi ressemblait le monde, mais de nombreuses explosions nucléaires avaient été observées. Le dernier rapport HAARP de 2019 avait annoncé une cadence moyenne d’une explosion nucléaire tous les quinze jours à travers le monde entre décembre 2012 et mars 2014. Depuis, soit le nombre de déflagrations s’était réduit, soit l’atmosphère était tellement saturée d’ondes parasites qu’il était impossible de ne plus rien détecter. De fait après le grand crack down, les réseaux hertziens étaient devenus inutilisables, sauf sur de très grandes ondes et avec du vieux matériel. Les Northern States constituaient un territoire bien trop grand pour que la survie des réseaux y soit possible. La taille modeste et la relative richesse des territoires de Quéméré avaient servi ses attentes, là où la démesure d’autres pays les avait précipité dans le chaos et l’anarchie.

« Monsieur, dit le capitaine du renseignement. Nous avons réussi à mettre la main sur presque tous les derniers numéros de « Whisdom and Freedom ». Je vous en ai fait des copies ; elles sont dans ce carton…
_ Il n’aura pas le temps de les consulter vous pensez bien. L’amerloque est déjà dans le salon ent rain de s’empiffrer de pâté Hénaff. Y a-t-il dans tout ceci une information « essentielle » qui risque de faire tourner la discussion en notre faveur ?
_ et bien, hésita l’espion. Il serait sans doute sage d’évoquer la question québécoise. Nos contacts francophones là-bas ont organisé leur administration et ont assis leur pouvoir. La plupart des bandes armées ont été chassées des grandes villes, ou se sont alliées à l’administration. Ils peuvent encore tenir des mois face aux américains. Si vous voulez mon avis, ils représentent une force plus digne de confiance que la Pennsylvanie, même si leur territoire a été un peu réduit.
_ bien… vous avez pris contact avec eux directement ?
_ l’Amiral Kerlann projette de lancer une mission pour remonter le Saint-Laurent avec matériel médical et armes pour la Résistance. »

L’Amiral sourit. Voilà qui plairait au « Dux ». Son vieil ami Kerlann était aussi doué pour les intrigues que lui ou Quéméré. Il se dit qu’à eux trois ils seraient bien capables de changer la face du Monde.

« Très bien. Merci capitaine. Dites à l’Amiral Kerlann que nous prendrons une décision avec lui, aussi tôt après cette entrevue. Vous pouvez disposer. »

Le Lann sourit derechef. Dans quelques instant il rejoindrait l’agent américain et Jean-Yves Quéméré. Et ils auraient tout le loisir de faire pression pour étendre leur domination encore un peu plus.

Oui, pensa-t-il finalement. Ils en seraient bien capables.


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MessageSujet: Re: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeVen 17 Juil - 2:41

« On me dit que l’Extérieur est un danger mortel duquel le Pouvoir doit me protéger. Mais est-ce pour me protéger du dehors qu’ils veulent m’enfermer ? N’y a-t-il de meilleurs endroits que cette vaste prison pour me sauver ? »


Ar Louarn





« article dernier :
Notre action prendra fin lorsque le combat pour la Liberté et pour la Paix nous aura vu vainqueurs. En attendant ce jour, tous nos membres actuels et futurs s’engagent à rétablir la Justice dans ce Pays et à protéger tout homme, femme ou enfant épris de Liberté. Le Monde ne saurait brûler dans les flammes de la Désolation sans qu’une dernière bataille soit livrée : celle du dernier Espoir. »


Charte & Statuts des « Fils de l'Hermine », juin 2013



« Allez ! sortez de là bande de bouseux ! »

Le chef de patrouille en tenue de combat faisait signe à tout le monde d’évacuer le pub. Les fusiliers en uniforme donnaient des coups de pieds dans les tables et les chaises renversées, sans aucun égard pour le patron. On le fit d’ailleurs sortir avec se clients contestataires. Il tenta bien d’expliquer qu’il n’était pour rien dans l’altercation, et que c’était même lui qui avait prévenu la Gendarmerie Maritime, mais un chouf le fit taire d’un coup de matraque dans la poitrine.

Ca s’annonçait vraiment mal. En haut des escaliers, la ruelle était envahie de fourgons blindées, grands ouverts, prêts à les accueillir.

Loïg semblait résigné. En voyant l’officier d’Etat-civil dépêché sur place et réclamant déjà leurs carnets d’identité, il soupira en ajoutant laconiquement : « Encore ! » .

Gaël regardait tout autour de lui ; il n’y avait aucune possibilité de fuite, les flics-mars s’étaient déplacé sen grand troupeau ce soir. Les bribes d’une conversation houleuse attirèrent son attention : un peu plus loin Bernard tentait d’expliquer qu’il avait perdu son carnet d’Etat-Civil, sans doute tombé dans les escaliers lors de son évacuation. Les trois flics qui l’entouraient, l’observaient d’un air moqueur, totalement insensibles à sa plaidoirie. Déjà on lui mettait les entraves réglementaires derrière le dos. D’un coup d’épaule vif il se libéra des mains d’un des fus-co. Il haussa le ton :

« Mais puisque je vous dis qu’il est resté en bas ! Allez voir bon sang ! »

On le fit taire d’un violent coup de bâton, ce qui provoqua une onde de contestation parmi les autres partisans. D’un geste désabusé, le chef de patrouille ordonna de sortir les bombes de gaz. Les flics se firent une joie d’asperger leurs proies de vapeur irritante. Les quintes de toux se firent entendre immédiatement. Le flic devant Gaël avait l’air très jeune et il se démenait tant bien que mal avec la goupille de sécurité de sa bonbonne. Il avait baissé les yeux sur ses gants trop gros pour manipuler correctement le spray. Il n’en fallu pas plus à Gaël pour se décider.

Dans un élan de bravoure il donna un violent coup afin de faire tomber l’arme du flic par terre. Celui-ci sous l’effet de la surprise relevant immédiatement les yeux vers sons prévenu ; Gaël projeta alors son front à l’encontre du nez du flic avant de le pousser férocement contre l’aile d’une des voitures de patrouille. Sans même réfléchir il plongea sur le capot du véhicule, bascula ses jambeset se retrouva l’instant d’après sur ses deux pieds, de l’autre côté du barrage. Il n’y avait de ce côté-ci de la ruelle que trois ou quatre sous-officiers, occupés à se partager quelques bouteilles de liqueurs volées un peu plus tôt dans le bar.

Ils ne réagirent même pas lorsque Gaël se précipita vers la rue de Siam. Il faisait désormais nuit, mais les pavés étaient toujours bondés de jeunes gens. Il voulu tout d’abord traverser les terrasses en renversant tout sur son passage, afin de ralentir ses poursuivants. Mais il se ravisa : il y avait parmi tout ces gens trop de matafs en civil, il n’irait pas très loin si un flic se mettait à siffler derrière lui. Il tenta alors un coup de bluff, voyant un fauteuil libre à une table, il s’assit, puis se cacha derrière la carte des boissons qu’il venait de ramasser à la volée.

Les flics-mar déboulèrent enfin dans l’esplanade mal éclairée par quelques lampions . Personne n’avait fait attention à lui, les flics essayèrent de le chercher du regard dans les allées, s’attendant à le voir détaler comme un lapin.

Au bout d’un moment, il se décida enfin à baisser sa carte protectrice. En face de lui était assise une jeune femme brune, visiblement irritée de le voir assis là. Gaël, dans sa précipitation ne l’avait même pas remarqué.

« Ecoute mec, je vais te donner un bon conseil : si c’est pour un plan drague, te fais surtout pas de faux espoirs. Mon mec est parti nous chercher des bières au comptoir et si t’es encore là dans vingt secondes je peux déjà t’annoncer que tu vas te faire exploser la tronche. »

Gaël, esquissa un sourire maladroit, mais sans donner plus d’explication il resta planté sur sa chaise.

« Putain ! tu manques pas d’air toi ! Dégages on t’a dit ! T’es suicidaire ou t’es complètement con ? Je te préviens, mon mec, c’est un commando, il va t’étriper à mains nues ! »

Il savait qu’il ne pourrait rester encore très longtemps, mais c’était l’affaire d’une minute ou deux tout au plus. D’ici quelques instants les flics-mar dégageraient de la zone des cafés et iraient rejoindre leurs collègues pour aider à contrôler les identités et embarquer les autres. Il devait gagner du temps. Si ce que disait cette fille était vrai, alors il pouvait espérer que le dit « fiancé » ne serait pas de retour avant un petit moment, vu l’attente qu’il semblait y avoir un peu plus loin au bar. Il lui fallait trouver un truc à dire à cette conasse avant qu’elle ne fasse un esclandre qui le fasse repérer.

C’est alors que, porté par l’excitation du moment, il jeta très virilement la carte plastifiée sur la table. Il ôta son manteau pour se retrouver en t-shirt, plus pour se faire oublier de ses poursuivants, que pour exhiber ses muscles quasi-inexistants.

« Et alors ? J’ai l’air d’un gars qui en a quelque chose à foutre de se colleter un putain de mataf ? »

Gaël n’en croyait pas ses oreilles, et pourtant son esprit venait de dire plus ou moins la vérité. Il avait trop d’adrénaline dans le sang pour pouvoir élaborer un mensonge crédible. Il venait d’avouer en un sens qu’il détestait tout ce qui portait l’uniforme, et qu’il était prêt à se faire lyncher par un commando, pour vu qu’il ne finisse pas au bagne ce soir.

La fille resta le regarder bouche bée, les yeux ronds. Visiblement elle non plus n’en croyait pas ses oreilles.

Gaël tenta de reprendre son calme. Il ne devait pas céder à la panique, mais devant le ridicule de la situation, il devait tout de même essayer de trouver un plan un peu moins suicidaire. Il analysa vite fait la situation : il venait de s’inviter à la table d’une jeune fille pour échapper à des flics. Ceux-ci désormais au nombre de trois sur la place, dont le jeune bleu de tout à l’heure, faisaient le tour des terrasses à sa recherche. Ils commençaient à perdre patience devant les dizaines de tables occupées. La fille devant lui le regardait intensément, attendant de lui une quelconque explication. Allait-elle faire le rapprochement entre lui et les flics en vadrouille ? Il valait mieux lui tenir le crachoir, il aurait l’air moins suspect à ses yeux et se fondrait d’autant mieux dans le paysage.

« Non sérieusement ! Je peux pas laisser une fille aussi jolie que toi entre les mains d’un abruti de marin. Tu sais ce qu’on dit non, à propos des marins : "une femme dans chaque port… et un porc dans chaque femme" ».

Là il sentait qu’il venait d’aller trop loin. Avant qu’il ne se mette à bafouiller il enchaina immédiatement.

« Tu voudrais pas qu’on te prenne pour une pute non ? Regardes toi ! T’es une fille bien. Tu as l’air d’une fille très bien. Qu’est-ce que vous avez toutes à vouloir traîner avec ces types là ? Ils sont brutaux, ils parlent de vous et vous traitent comme de la bidoche… non ! Sincèrement c’ets pathétique !
_ Et toi tu serais quoi ? Le chevalier servant venu me sauver de tous ces affreux vilains envahisseurs ?
_ Ouai ! Exactement ! »

Gaël ne savait comment, mais il se prenait au jeu du personnage qu’il venait d’inventer. Jamais il n’avait osé aborder une fille dans la rue. Jamais il ne draguait, et lorsqu’il réussissait à sortir avec des filles, c’était toujours au bout de longues et fastidieuses semaines d’approche. Il dévisagea son interlocutrice. Elle semblait plus ou moins de son âge, elle était brune, athlétique, élégante. Et vraiment belle. Dans la pénombre il avait du mal à distinguer la couleur de ses yeux, mais il vit parfaitement le teint très clair de sa peu le long de son cou, jusqu’à la naissance de sa poitrine. En tant normal, il n’aurait jamais abordé cette fille, non pas qu’il ne sentait pas attiré, au contraire, il ne se sentait pas de taille face à ce genre de personne.

« Et qu’est-ce que tu vas faire pour me sortir de là ? » demanda-t-elle en allumant une cigarette blonde et en tirant voluptueusement sur le filtre. Les yeux de Gaël s’habituaient peu à peu au crépuscule ; il vit le rouge profond de son maquillage envelopper le filtre de la cigarette.
« Et bien, je pourrai commencer par t’emmener dans un autre endroit, loin de tous ces prétentieux.
_ Mais tous ces prétentieux ont suffisamment d’écus pour suffire à mon bonheur. Pourquoi je devrais les laisser à une autre fille.
_ Mais parce qu’une autre fille ne mérite pas tout ce que j’ai à t’offrir.
_ Ah ?! souffla-t-elle avec un sourire amusé. L’amour ? c’ets ça ?
_ L’amour peut-être ! Et toutes les petites choses qui font le bonheur.
_ Il me faudra dire adieu à ma vie de luxe et de débauche alors ? »

Il n’y avait plus de colère dans les yeux de la fille. Elle le regardait comme on se moquait des rêves d’un enfant, à la fois attendri et jaloux.

Les flics étaient finalement partis et Gaël vit les fourgons sortir de la ruelle adjacente pour prendre la direction du Pont. Ce soir ça serait donc Pontaniou pour ses amis. Il n’avait plus besoin de rester ici. Pourtant il ne se décidait pas à quitter la charmante jeune femme.

« Le luxe ? Quel luxe ? Un paquet de cigarettes manufacturées, les merveilleux produits de la Distillerie Rennaise ? Et puis quoi encore ? Un stock de choux-fleurs ? Un cageot d’artichauts ? »

Cette fois-ci elle rit de bon cœur. Gaël ne put réprimer lui-même un sourire. La tension était retombée totalement et il faisait la conversation avec cette fille, comme s’ils étaient amis de longue date.

« Tu me fais rire tu sais ! En d’autres circonstances je serais sans doute partie avec toi et j’aurai planté tous ces cons de marins, comme tu le dis si ben. Mais malheureusement je ne peux pas. Pas ce soir. »

Son regard se fit plus triste, mais aussi plus profond en même temps, comme si elle venait de dévoiler un grand secret, un aveu de ce qu’elle était réellement, au delà de sa superficialité apparente.

« J’en suis sincèrement désolé, soupira Gaël.
_ Pas autant que moi, bel inconnu ».

Le temps se figea, juste assez longtemps pour que Gaël puisse sentir la morsure du froid dans son estomac. On ne lui avait jamais dit ça avec autant de spontanéité. Il aurait eu envie de lui prendre la main et de l’emmener loin de ce cauchemar où pataugeait l’Humanité.

« Il est temps de partir maintenant. Merci pour ce petit moment de trêve.
_ On se reverra peut être dans le coin à l’occasion, dit Gaël en se relevant.
_ Je n’en doute pas un seul instant. Tu sais ce qu’on dit : « le Monde est petit… de plus en plus ».
_ C’est qui ce type ? demanda un jeune homme aux épaules larges et au ton un peu trop sûr de lui.
_ Moi ? s’amusa Gaël en toisant le nouvel arrivant. Moi je suis un mec qui n'en a rien à foutre de se colleter des putains de matafs à longueur de soirée. »

Il contourna le commando en civil qui resta coi, un verre de bière dans chaque main. En partant il croisa une dernière fois les yeux et le sourire de l’inconnue. Elle lui fit un clin d’œil alors qu’il lui adressait un dernier regard.

Lorsqu’il arriva en bas de chez lui, la rue des Marches était en état de siège, et à travers les flash des grenades à gaz et des fumigènes, il tenta de regagner le pas de sa porte. En défaisant la chaîne et le cadenas, il se rendit compte qu’ils n’avaient pas échangé leurs noms.
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MessageSujet: Re: Cybreizh Punk   Cybreizh Punk Icon_minitimeMar 21 Juil - 2:46

"Chapitre Un

Le monde avant le crak down était vaste mais divisé. Les nations de la Terre se regroupaient parfois en alliances économiques ou militaires, mais chacun de ces regroupements avaient toujours pour but la domination et l’exploitation des richesses de la Terre. Ainsi des pays riches qui avaient exploité la totalité de leurs ressources, faisaient en sorte de piller celles de leurs voisins plus pauvres.

Les guerres éclataient entre ces nations et duraient parfois des dizaines, voire des centaines d’années. Certains des leaders invoquaient des prétextes comme la religion ou l’idéologie politique, mais toutes ces guerres avaient pour seule raison l’argent et l’appropriation des richesses géographiques. Quand un conflit ne pouvait pas se régler par le vol de territoires, alors les armées procédaient au meurtre de populations entières.

Certains pays riches vivaient de ces guerres incessantes entre les pays pauvres, en fabriquant et vendant des armes, puis en reconstruisant les villes et en rachetant les entreprises des nations détruites. Ainsi, en poussant des pays à se faire la guerre, certains autres garantissaient leur prospérité.

Lorsque le crack down se produisit, ce qui est aujourd’hui notre Nation, faisait alors partie d’un groupe appelé « Union Européenne ». Ce groupe, malgré une politique de paix et de partage des ressources, était en fait divisé entre plusieurs nations, et les injustices profitaient aux plus anciens membres, devenus les plus riches et les plus influents.

Mais en décembre 2012, le monde fut balayé par une catastrophe universelle, réduisant à néant la technologie et l’économie de tous les pays du monde simultanément. C’est ainsi que toutes les inégalités furent abolies, et que la Terre entière put reprendre un nouveau départ.

Aujourd’hui, notre Nation, parce qu’elle a su éviter les écueils de la guerre civile et de la jalousie, est désormais la région la plus prospère et la plus avancée, et participe ainsi à la reconstruction du Monde grâce au sacrifice de nos aïeux, au courage de nos parents, et à la force de la nouvelle génération : vous, les enfants du Nouveau Monde."


Extrait de la première édition du manuel scolaire « l’Histoire de Nouvelle Bretagne »,
Edouard LeGall 2025









Aruhl Matnaraha était jadis commandant du « Prana Bindu », un porte-containers battant pavillon panaméen. Lors du crack down de 2012, lui et ses 30 hommes d’équipage d’origine pakistanaise, convoyaient diverses cargaisons de matériel industriel et de produits manufacturés en provenance d’Indonésie, vers Copenhague. Aruhl se souvenait de ce matin où le Monde était devenu fou. Il venait de commencer son quart et le soleil se levait à l’horizon. Il fumait à l’écoutille de la passerelle, la vareuse bien serrée et il se frottait les mains pour se réchauffer de la brise matinale. En consultant sa montre il vit qu’il était exactement six heures du matin.

Il passait le rail d’Ouessant pour entrer dans La Manche, et l’opération se faisait généralement toute seule, dirigée par le système de guidage satellitaire. Aruhl avait de la chance. Depuis maintenant trois ans, il était aux commandes d’un des plus gros et des plus fiables porte-containers de l’époque. Il avait au préalable passé quinze ans à bord d’un immonde « navire poubelle » et ce passage précis des côtes, à l’entrée de l’Europe, était toujours un calvaire à cause de l’attention que portaient les autorités locales sur le trafic.

Il ne s’aperçut tout d’abord de rien. Le petit radio-cassette qu’il trimbalait partout avec lui depuis près de vingt ans cessa brutalement de chanter son vieil air d’Oum Kalsoum. Aruhl maugréa dans sa moustache sans pour autant lâcher sa cigarette. Il avait changé les piles de l'appareil seulement cinq jours, auparavant et généralement une paire suffisait à tenir presque la moitié de la traversée. Il trouva aussi étrange, que la musique s’était arrêtée d’un seul coup, car d’habitude la musique miaulait une ou deux minutes avant de cesser complètement de fonctionner. Ou alors était-ce la cassette qui venait de se déchirer, elle était aussi vieille que l’appareil lui-même, également achetée dans un souk d’Alexandrie, lors d’une escale. Ca serait bien sa veine.

Il finit enfin sa cigarette et la jeta aussi loin qu’il le put dans la mer. Il se dirigea vers son poste pour vérifier la radio. Il manipula tous les boutons, vérifia les piles et le compartiment à cassettes ainsi que la tête de lecture. Rien ne semblait fonctionner, c’ets comme si la machine avait rendu l’âme sans raison. Machinalement il vérifia l’heure sur sa montre. Six heures pile. La journée s’annonçait mal. Il était seul dans la passerelle et ne pouvant pas la quitter un seul instant, il voulu appeler en cuisine ; à cette heure-ci il y avait forcément quelqu’un debout qui pourrait lui apporter une nouvelle paire de piles. Il prit donc le combiné et composa le numéro des cuisines. Aucune tonalité. Etrange. Pourtant à cette heure-ci …

Il remonta sa manche et consulta à nouveau sa montre. Elle était morte, tout comme sa radio, son téléphone, son GPS et tout son bateau. Plus rien ne marchait à bord, même pas la sirène d’incendie. Il eut toutes les peines du monde à faire réveiller l’équipage, mais lorsque deux jours plus tard, alors qu’il avait enfin réussi à manœuvrer le géant d’acier vers les côtes de Paimpol sans le faire échouer contre le littoral, Aruhl découvrit que la panne ne s’étendait pas à son seul « Prana Bindu ». Le Monde entier était en panne.

Des années plus tard, lui et quelques autres de ses marins Pakistanais avaient réussi à se faire une place dans ce même port de Paimpol. Ils avaient fini par apprendre la langue et s’étaient parfaitement intégrés à la population. Ils avaient monté une petite affaire très florissante. Pour avoir travaillés des années durant sur de vieilles carcasses flottantes, ils étaient devenus des champions de la mécanique et des réparations de fortune. Depuis que les voitures électroniques ne fonctionnaient plus, ils étaient parvenus à réparer des centaines de vieilles guimbardes récupérées dans les casses ou à l’arrière des garages où beaucoup d’entre elles finissaient leurs jours. En 2025 rares étaient ceux qui possédaient un véhicule personnel, et le modèle le plus répandu semblait être la super cinq à colza. Les voitures flambantes neuves de Q-electrics, une filiale de Quéméré, étaient réservées aux hauts fonctionnaires et aux cadres supérieurs des conglomérats. Le reste de la population s’en remettait à la magie des sorciers de la mécanique.

Debout à l’entrée de son atelier, alors qu’il venait d’ouvrir de bon matin, Aruhl fumait un mélange de tabac local et de lichens séchés. Il regarda l’horloge électrique près de son établi puis se frotta les mains pour se réchauffer. Six heures précises. Le climat « doux et tempéré » de la région lui semblait toujours parfois hostile, même au mois d’avril. Il remonta le zip de son bleu de travail. Il réfléchissait à tous les évènements qui l’avaient conduit ici. Et plus il y pensait moins il comprenait pourquoi un vaguemestre de la Marine était venu le trouver en lui demandant de reprendre le commandement du « Prana Bindu », cette fois-ci pour servir la Nation qui lui avait si honorablement accordé asile. Au fonds de sa poche il sentit, plié en quatre, le papier de convocation de l’Etat Major de Brest. La journée s’annonçait mal.
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