Le Crystal de l'Espoir [Merveilleux]

Le Crystal de l'Espoir

Les arbres parcourent la terre aux prairies verdoyantes et aux parterres de fleurs chatoyants, aucune pollution n'existe, et les peuples vivent en harmonie avec la nature. Différentes créatures peuplent ces terres: Elfes, Nains, Fées, Lutins, Sirènes, ... et encore d'autres dont le nom reste inconnu pour les Humains. Ce monde est appelé Royaume Féérique. Dans ses veines coulent une eau dont les Hommes connaissent l'existence mais en ignorent l'origine, en raison de ses vertus de rajeunissement corporel, ils l'ont baptisés Jouvence. En ces terres la magie est connue et maîtrisée, et chacun à un rôle précis que Mère Nature a attribué dès la naissance.


Un champ de Fleur de Nacre renvoie délicatement la lumière que le soleil fait refléter sur ses pétales, le ciel bleu parsemé de quelques nuages invite les Elfes à se promener, et à courir au grès de la douce brise de printemps. Les Sirènes, étendues sur les pierres plates du lac, dorent leur peau laiteuse laissant leurs cheveux recouvrir pudiquement leurs seins nus. Seul les Nains restent enfermés dans leur Cité Souterraine, profitant de ce temps radieux pour boire quelques chopes dans une taverne.


Tout près de la Clairière aux Licornes trône un arbre de grande taille et dont les fleurs aux couleurs irisées attirent les papillons. Sur l'une de ses branches, une fée à la chevelure d'un rose aussi intense que beau, dort paisiblement bercée par la douce mélodie que les oiseaux sifflent pour elle. Drapée dans des voilages mauves, sa peau dorée scintille alors que ses ailes lumineuses éblouissent. L'enfant endormie se laisse emporter par ses songes et sent une voie murmurer à son oreille: "Trouve le Crystal de l'Espoir et le Sauveur ". Les oiseaux se sont envolés car une ombre approche, son pas est lent. La fée ne ressent pas la proximité de ce souffle et de ses deux mains prêtes à l'attraper, elle continue de rêver de la lumière quasi divine s'adressant à elle, et répétant inlassablement la même phrase: "Trouve le Crystal de l'Espoir et le Sauveur ".

Il existe un monde où la terre est polluée, où les mers ne sont plus fécondes. Plus un seul recoin de cette planète est sain, la race que l'on nomme humain y vit sans aucun respect pour elle, bien que des années avant des scientifiques les avaient prévenu, très peu y avaient cru. Mais voici que cette « Mère » était sur le point d'abandonner ses enfants, elle allait bientôt mourir. Pourtant aucun Homme entend ses cris d'agonie, ses gémissements brutaux, ses os qui craquent ... Comment pourrait elle s'éteindre maintenant alors que l'on dit qu'elle a encore quelques milliers d'années devant elle ? Et si c'était son dernier jour ? « Impensable ! » me crierez-vous, « Au meurtre ! Au scandale ! ». Et si ... après tout, impossible est un mot qui ne devrait pas exister...


A leurs pieds s'étend une mer plus bleu que le ciel, encore plus belle que tous les joyaux. Dans les airs, une mouette plane et rie au nez de ces innocents qui l'observent en souriant. L'herbe se fait caresser par le vent, la courbant, jouant avec ses mèches vertes et tendres. Le calcaire de la roche les soutenant reflète légèrement la lumière de ces doigts d'or. L'eau des vagues vient se briser sur les rochers pointant leurs têtes vers le ciel comme priant pour que quelqu'un vienne les sauver, mais ils restent là supportant que ces femmes perverses les enlacent à chaque fois, passant leur langue glacé contre ces corps de pierre. Les quelques arbres que l'on aperçoit au loin rappellent qu'au delà il existe d'autre terres plus fertiles que tout en ce monde. Tout les trois restent là dans ce moment où le temps n'a plus d'importance, où le monde s'est figé rien que pour qu'ils apprécient la beauté de ce paysage en silence. Rien, plus rien ne peut les troubler.

« Sauve moi ... »

Assis les pieds ballant dans le vide, chacun observe son havre de paix, personne n'ose prononcer ne serait-ce qu'un mot, mais pourtant ... il lui semble vaguement entendre une voix. Elle est si lointaine, comme sortie de son imagination, pourtant il ressent la peine et la souffrance la tenant.

« Sauve moi ... »

Cette fois il ne rêve pas. Il redresse ses épaules et se perd dans l'horizon d'azur. Peut-être qu'il est malade ... Peut-être est-ce une hallucination. Il veut savoir. Il étouffe, une chose lui maintient le coeur comme pour l'avertir d'un danger, mais que pourrait-il bien lui arriver ici ? C'est absurde, il oublie, il se débat pour se défaire de l'étreinte.

« Sauve moi ... Sauve moi ... Sauve moi ... »

Cette voix ... Elle s'insinue en lui comme un serpent, sillonnant ses veines, ses nerfs, pour aboutir jusque dans sa tête et dans son âme. Pourquoi ? Pourquoi lui ? Qu'a-il fait ? Pourquoi répète-elle encore et encore ces quelques mots qui sont pour lui une véritable torture ?! Soudain, sans savoir comment ni pourquoi, elle s'arrête, le libère sans résistance. La mer aussi s'est retirée, la marée descendante, sûrement. Il ose, seulement trois fois rien.

« - Vous l'avez entendu ? Sa voie tremble légèrement.

- Pourquoi, toi aussi ? Une fille blonde répond sans vraiment être rassurée.

- Je suis donc pas le seul, ça me rassure un peu. Le troisième regarde le ciel, perdu dans ses pensés.

- C'était quoi ? Toujours haletant, il a du mal à comprendre.

- Je ne sais pas Alex, mais éteins s'il te plaît ! Ca me fiche la trouille ton truc ! Elle panique.

- Oui, attend je trouve pas la télécommande. »

Saisissant un petit boîtier noir, le jeune homme appuie rapidement sur le bouton rouge. Toute l'illusion cesse, il ne reste plus que le noir. Tour à tour ils enlèvent leur casque. Devant eux se tient une jeune femme qui éclate d'un rire sonore. Sa jupe blanche et courte laisse dévoiler des jambes de mannequin.

«- Alena ! Espèce d'idiote ! Tu nous as fait flipper pour rien. Il est encore un peu sous le choc, mais plutôt mourir que de l'avouer.

- Vous auriez du voir vos têtes, vous ne supportez décidément pas les canulars.


- Pas quand c'est toi qui les fait. La petite blondinette fais grise mine face à la créature brune à l'air supérieur qui la toise.

- Tu ne vas pas me dire que tu ne t'en remettras pas ? Elle se saisit du troisième assis et le soulève, elle l'embrasse et l'entraine en dehors de la pièce.

- Quelle peste cette fille, comment il fait pour la supporter ?

- Il couche avec. »

Il semble ne plus rien comprendre de ce qui se passe autour de lui. Plus rien à de sens. Il ferme les yeux quelques secondes. Il cherche à savoir. Était-ce vraiment Aléna ou bien ... Il voit une fille allongée sur un arbre, les fleurs mauves qui l'entourent la rendent terriblement attirante. Ses cheveux d'un rose plus éclatant que ceux qu'il a pu voir l'envoûte. Elle porte une aura de lumière, à moins que ce ne soit autre chose. Une fée ? Quelque chose s'avance vers elle. Il crie, il l'appelle, il s'égosille, mais le sourire aux lèvres, elle n'entend rien.

« Attention !!!!! »

Il est trop tard, les deux mains la saisissent déjà.

Elle se sent chuter, ses ailes ... elle déploie ses deux ailes de lumière et se rattrape six branches plus bas. Une fleur violette vole dans la douce brise, elle se laisse emporter pour finir dans l'herbe au pied de l'arbre. L'enfant a le souffle court, elle a eut peur, elle ne s'en remet pas. L'eau de la rivière clapote dans son lit, elle suit son court, elle ne s'arrête jamais, quoi que le temps fasse elle continue. Elle se retourne pour voir celui qui l'a agressé.

- Imbécile, de triple buse !

Appuyée contre le bois, elle regarde celui qui l'observe.

- Pardonne mon manque de délicatesse Aakhlitéä, je voulais simplement te voler un baiser pendant ton sommeil.

L'homme plutôt grand pour une fée, replace ses longs cheveux d'argent derrière ses oreilles. Ses yeux encore plus vert que la prairie au printemps semble percer le coeur de la belle jeune fille. Sa peau laiteuse semble incroyablement douce. Ses ailes semblent faites de soie tissée à la main. Il descend de sa branche et s'approche de la jeune fée. De ses doigts d'une finesse à rendre jalouse toute les femmes, il caresse la joue fraîche de celle qu'il vient de surprendre. Elle ne se débat pas. Elle ne sait plus si elle doit se laisser faire ou le repousser. "Dame Nature" ne lui a pas encore accordé de mari, pourtant elle a fêté cette année ses deux cent vingt-cinq ans. Serait-ce mal que de profiter de la beauté d'un être ? Elle n'a pas de réponse. L'homme au ailes argentées se penche sur elle. Elle n'a pas le temps de bouger, que déjà elle sent sa main glisser le long de ses cheveux.

- Ta chevelure envoûtante me séduit, le sais-tu ? Il se rapproche encore. Elle peut sentir son souffle sur sa joue.

- Tu devrais me laisser Tyihömnë, ce que tu fais est une entorse à la loi qui régit ces terres et tu le sais.

Elle souhaite se défaire de son emprise mais sa volonté faiblit face au magnétisme dont la créature fait preuve. Elle ne peut le regarder droit dans les yeux, elle détourne la tête et recule. Jamais elle ne brisera les règles ... pas après ce que sa mère a vécu.

- Et moi je pense que depuis que le Roi et sa famille a disparu, il n'y plus de loi valable. Ne sois pas idiote, toute les fées sont folles de ma beauté, elles rêveraient de m'épouser. Aakhlitéä, deviens mienne, tu ne le regretteras pas, je te le promets.

Il saisit une fleur et l'accroche dans les cheveux de la demoiselle. Elle sent la branche arriver à son terme, elle n'a donc plus le choix.

- Je te l'ai dit, je refuse.

Ses yeux améthyste se dressent enfin devant l'oppresseur de jade. Elle résiste. Elle fait un dernier pas et se laisse tomber. Un violent éclair aveugle l'homme aux ailes de soie. Quand il réouvre les yeux, elle a disparu.

- Pourquoi me refuses-tu toujours Petite Fée du Destin ?

Il reste là, un sourire énigmatique sur les lèvres. Il n'a plus qu'à attendre. La roue du temps tourne, elle définit ce qui sera et ce qui devra-t-être. Les éléments de la destinée se mettent en place et ouvre la route des mondes.

Le jeune homme ne comprend plus rien. Quelle est cette créature ? Il a l'impression d'être connecté directement avec elle. Pourtant, il est toujours dans sa chambre. Il continue de voir cette fille à la peau dorée, à la chevelure d'un rose si pure qu'il n'en a jamais vu de pareille avant. Ses yeux ... des yeux d'une expression de douceur infini et d'autorité naturelle. Tout autour de lui plus rien existe tout est effacé par cette image qui reste, qui ne veut pas s'en aller. Aakhlitéä, c'est ainsi que l'homme l'a appelé. Aakhlitéä ... un nom bien difficile à prononcer pour lui. Un bien jolie nom.

- Alex ! S'il te plait répond moi ! Alex !

Il cligne des yeux, il a mal. Il se rend compte que la petite blonde le regarde affolée. Il secoue la tête. Elle a disparu. Dommage, il aimerait la revoir. Doit-il en parler ? Le prendrait-on pour un fou ? Après tout, peut-être qu'il l'est. Il se rend compte que ce qu'il vient de voir est impossible. Les fées n'existent pas sinon on le saurait. Et puis il y a cet endroit si fertile, si beau, si vert. Un endroit plein de promesse et d'avenir. Il le sait, il n'existe plus qu'une forêt sur la Terre. C'est elle qui permet encore au humain de survivre, mais bientôt il n'y aura plus rien.

- Euh ... Non, il n'y a rien. Je vais bien Cara, ne t'en fais pas.

Il sourit, il la rassure. Il désire la faire sortir de la chambre. De toute évidence elle ne le croit pas. Elle se plante devant lui. Doit-il lui dire la vérité ? Le croira-t-elle ? Ils se connaissent depuis treize ans, mais est-ce une raison ? Une petite voix au fond de lui répète qu'il ne devrait pas, qu'elle ne le prendra pas au sérieux.

- Tu te fiche de moi ? Je vois très bien que tu ne veux pas me le dire. Tu sais, je te connais Alex. Alors maintenant, crache le morceau !

Il craint ses colères bien plus que tout en ce monde. Il se demande même s'il y a pire que ça. Il soupire. Il n'a donc pas le choix. De toute manière elle ne le lachera pas avant d'avoir obtenu ce qu'elle désire.

- En faite, j'ai fait un rêve à l'instant, pourtant je ne dormais pas. Il y a un monde d'une pureté exceptionnelle. L'herbe est verte et abondante. Les rivières sont encore plus bleu que le ciel. Il y a des créatures magiques et d'une beauté que je n'avais jamais vu. Et elle était là en train de dormir dans un arbre. Elle, si belle. Aakhlitéä ... Et puis il est arrivé et il a essayer de ...

- Avoue !

- Hein ?! Mais avouer quoi ? Il n'a pas le temps de réagir qu'un doigt accusateur et deux yeux noisettes sont tournés vers lui.

- Quelle substance as-tu pris ? Qui te l'a donné ?

- Eh ?! Mais c'est toi qui délire !! Tu sais que je ne touche pas à ça moi ! Il n'en revient pas et la regarde droit dans les yeux.

- C'est bon j'ai compris ! Tu es allé en dehors de la ville ! Mais tu es inconscient ! Tu te rends compte que les toxines circulant dans l'air non traité t'atta...

- Stop ! J'ai pas envie d'entendre tes théories la dessus, tu sais très bien ce que j'en pense. Et non je ne suis pas allé à l'extérieur, j'ai pas envie de mourir aussi jeune. Il est surpris des déductions que son amie lui expose. Bon maintenant j'ai besoin d'être seul s'il te plait.

Il lui ouvre la porte. Elle sort la mine renfrognée. Il sait qu'elle reviendra, elle ne le laissera pas s'en sortir aussi facilement. Il soupire. Il se dirige à la fenêtre et tourne le bouton qu'il y a à côté. L'image visible sur les carreaux se change, il passe d'un soleil radieux à une pluie torrentiel. Il attrape sa télécommande et baisse l'intensité de la lumière. Il la pose et se laisse tomber sur le lit. Il ferme les yeux. Il se sent las. Il n'a plus envie de rien à part comprendre.

- Sauve moi ...

Il sursaute. Elle ... elle est revenue. Il se redresse brutalement.

- Sauve moi ...

La voix s'éteint petit à petit. Tout redevient calme. Tout sauf son esprit. Il n'y pensait plus. Il croyait que c'était le casque holographique qui avait créé la voix. Mais si ce n'était pas lui alors ... Qui ?

Comment a pu-t-elle être aussi idiote ? Pourquoi ne c'est-elle pas enfuie plus tôt ? Elle se sent bête, elle déteste les fées comme lui ! Ce n'est qu'un rustre persuadé de pouvoir avoir à ses pieds toute les demoiselles du royaume sans ce soucier du malheur que cela leurs apporteraient.

* Je te maudis, toi et tout les autres ! Je vous hais ! *

A travers les plaines verdoyante, un éclair dorée traverse sans toucher une seule créature, les évitant avec habileté. La petite fée s'engouffre dans la forêt, les arbres lui parlent, lui demandent de ralentir de faire attention, certain la saluent, mais qu'importe, elle s'en fiche elle veut simplement s'enfuir au delà des préjugées alourdissant ses frêles épaules. Son coeur suffoque de tout le dégoût que les autres ressentent à son égard, ici personne ne l'aime. Son rôle est mal vue, car il est bien vrai que le destin apporte tant de bonne que de mauvaise chose, mais les gens ne se rappelle que tu négatif et oublie le positif qui les a tant rendu heureux.

Ses yeux laissent dans son sillage des larmes, délicatement, dès qu'elles touchent le sol une fleur d'un rose éclatant et scintillant prend racine et nait. Si seulement elle pouvait comprendre toute les belles choses qu'elle peut accomplir. Mais elle est aveugle, ses yeux bandés par un lourd bandeau de velours noir. Si seulement une fois elle pouvait le retirer pour voir le monde merveilleux qui l'entoure, pour ne plus avoir peur de ces cris qu'elle entends et croit être de douleur alors que ce ne sont que le langage des êtres de son monde voulant attirer son attention. Encore et toujours elle fuit droit devant. Quand soudain une vive douleur la saisit, trop perdu dans ses sombres pensées, elle n'a pas vu l'obstacle droit devant. Assise par terre, sans comprendre se qui se passe, la vision trouble elle essaie de se relever, sans succès, elle titube, retombe, se relève et retombe encore.

- Attends, je vais t'aider, je suis désolé, je t'ai appelé mais tu ne m'as pas entendu, tu n'as rien au moins ?

Quelle voix douce et familière, pas hostile, juste inquiète.

- Issar ? Que fais-tu là ? Tu devrais être auprès de Niïlhya, prendre soin d'elle !

L'homme la coupe dans son élan et la saisit dans ses bras, pour décoller de ses deux ailes en cuir noir. Aakhlitéä est encore sous le choc de cette rencontre fortuite mais elle devine la peau dorée de son sauveur, comme trop exposé au soleil. Elle est toujours étonné de ce couple hétéroclite au possible et pourtant sur la même longueur. Dernier couple qu'a formé Mère Nature avant de devenir silencieuse, même si cela ne se voit pas le chaos est prêt s'emparer du monde féerique.

Coupant à travers les arbres, passant devant les maisons de ses congénères, il les salue de sa chaleur habituelle et pénétre dans le village perché aux cimes des vieux Chênes les abritant volontiers. C'est ainsi qu'il se pose sur le rebord d'un balcon fait d'un bois bien travaillé, presque blanc et naturelle, on aurait dit qu'elle avait été sculpté dans l'arbre lui même. Il entre dans sa demeure la petite fée dans ses bras.

- Nom d'un petit elfe de l'enfer, que c'est-il passé ? Aaklithéä tu vas bien ?

Légèrement embêtée, la jeune fille glisse sa main dans ses cheveux et soupira, visiblement elle allait lui dire la vérité sachant que s'en suivrait une remontrance venant du petit bout aux taches de rousseurs et cheveux rouges.

- Euh... en faite j'étais dans le bois, j'allais trop vite et , euh ... en faite, j'ai percuté ton mari de plein fouet ...

- Quoi ?!

Instinctivement elle ramene ses bras sur son visages, seule protections contre les colères ravageuse de la fée du printemps.

* Je comprends pourquoi on dit qu'il y a des giboulées à cette période de l'année ... *

- Promie j'ai pas fais exprès ! J'étais plongée dans mes pensées et ...

- J'en ai rien à faire, fait un peu attention à toi ! Je ne m'en remettrais pas s'il devait t'arriver quelque chose !

Elle semble se calmer un peu, comme pour changer de sujet elle se retourne vers le centre de la pièce où un cristal à la forme d'oeuf avec une petite chose à l'intérieur se tient en suspension dans les airs.

- C'est pour quand ?

- Ce petit bout naîtra d'ici un mois je pense, voir moins, il semble impatient de voir le jour et de voler.

La petite fée reste interdite devant l'expression de douceur qu'elle peut prendre après une telle colère. Mais visiblement quelque chose l'inquiéte.

- Aakhlitéä, j'ai besoin de te parler assieds toi s'il te plaît.

Un mauvais pressentiment s'empare de tout son être, la nouvelle qui va lui annoncer son amie est certainement des plus désagréable.

- Il y a quelques jours j'ai eut une vision, Mère Nature me disait qu'il fallait forcer le Destin pour ne pas que la fin du monde arrive prématurément. Elle m'a demander de t'envoyer avec Issar traverser les portes des dimension pour te rendre dans le monde des humains et trouver la cause du trouble.

Choc numéro trois de la matinée, elle crut s'étouffer.

- Pardon ?!

- Dis papa, pourquoi tu écris des contes pour enfants ?

L'homme à chevelure brune aux reflets d'or prend l'enfant dans ses bras. Son sourire illumine toute la pièce plongée dans la pénombre. Le petit lit de son fils est légèrement défait, de grands livres aux illustrations magiques et explosantes de couleur sont ouverts et donnent l'impression que les créatures magiques vont en sortir d'un moment à un autre pour danser dans le monde des humains.

- Crois-tu que ce ne sont que des histoires que j'écris pour les enfants comme toi Alexandre ?

Le petit garçon aux yeux bleus foncés fronce les sourcils, doucement il attrape le cou de son père et y dépose un baiser. Le bruit claque sur la peau un peu piquante de son père. L'enfant fait la moue.

- Ben oui, c'est pour moi, c'est parce que tu m'aimes que tu écris ces jolies histoires, pas vrai ?

- Alexandre, quelle est celle que tu préfères ?

Aussitôt le petit quitte les genoux de la grande personne pour se diriger vers un gros manuscrit qu'il soulève avec peine. Sur la double page une fée est assise au bord de l'eau, sa chevelure rose glisse avec douceur sur son corps. Une mèche cache son oreille, mais son visage triste reste apparent, quelques larmes coulent encore sur sa joue. Ses ailes d'une lumière presque aveuglante sont repliées comme pour montrer qu'elle ne souhaite plus voler. Les doigts fins du petit humain viennent caresser la feuille rugueuse où la petite créature est dessinée.

- Papa, c'est elle que je préfère. Elle est tellement triste ! Tu sais, si elle existe vraiment, alors un jour je lui redonnerais le sourire. L'enfant s'arrête pour contempler la fée. Surtout je lui dirais de ne plus pleurer.

L'homme caresse les cheveux de son fils avec tendresse, les fibres se mélangent avec les doigts épais de l'humain. Puis il se saisit du livre à la couverture de cuir et le ferme. Ses deux bras puissants enlacent le petit corps fragile, le soulèvent, le glissent dans son lit et le bordent.

- Maintenant il et temps de dormir avant que ta mère monte pour nous gronder. Il marque un court temps de pose où il embrasse son fils tout en souriant. Mais sais-tu comment elle s'appelle ?

L'enfant secoue la tête.

La porte s'ouvre violemment sur un brin de fille toute rousse aux taches de rousseurs apparentes, sa voix raisonne jusque dans l'esprit du jeune homme encore allongé sur le lit.

- Alex ! Cela fait maintenant une demi-heure que je t'appelle pour venir manger. Elle s'arrête et l'observe. J'y crois pas ! Alors que je prépare le diner, je te retrouve à dormir tranquillement !

- Bonjour Isa ...

- Pour la peine tu feras la vaisselle et à la main !

Sa paume frappe le mur avec peu de délicatesse et elle allume la lumière. Par réflex il amène sa main jusque sur ses yeux. Il est pris de vertige. Il entend la porte claquer et sa cousine parler toute seule.

* Elle a vraiment du passer une mauvaise journée pour être aussi énervée.*

Tout le haut de son corps se redresse, ses pieds touchent le sol, ses coudes viennent se poser sur ses genoux et ses mains viennent soutenir sa tête. Avant de voir sa colocataire s'énerver encore plus il se lève et descend jusqu'au salon où elle est déjà entrain de manger. Il s'assit à son tour sans un bruit.

- Tu n'allume pas le journal holographique ?

Il regarde le petit boîtier éteint. Ses cheveux bruns retombent sur son front comme pour montrer qu'il est déçu qu'elle ne prenne pas la peine de répondre. Puis une chose attire son attention. La bague de fiançailles qu'elle portait à disparu. D'un coup tout semble plus clair.

- Alors c'est fini ? Tu lui as rendu sa bague ?

Sans répondre la jeune femme continue de porter sa fourchette jusqu'à sa bouche. Son rythme est régulier, presque automatique.
Alexandre reprend sa question.

- �Çà n'allait vraiment plus ? Pourtant cela faisait quatre ans, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Il y a une autre fille dans sa vie ...

Alors c'est ça ... Il se tait, que pourrait-il rajouter. Son cœur se serre un peu. Tout deux se connaissent depuis leur plus tendre enfance, aujourd'hui même ils habitent ensemble. Comment peut-il faire pour lui remonter le moral.

- Tu veux être seule ce soir ? Si tu veux je couche ailleurs .

- Tu veux bien, je ne veux pas que tu me vois ...

Il se lève. Pour lui c'est une grande sœur douce et fragile. Il se baisse et la serre dans ses bras.

- J'irai chez Cara une fois la vaisselle terminée. Mais s'il te plait, repose-toi un peu.

Pour toute réponse, la demoiselle laisse s'écraser sur le sol une goutte salée. Peu à peu il la lâche. Sans finir son assiette il part se changer et claque la porte pour couvrir le bruit des sanglots.

Un silence pesant s'installe dans la pièce. Tous trois savent bien pourquoi elle refuse, mais cette fois c'est important. Une main compatissante se glisse sur l'épaule de la jeune fée. Aakhlitéä suffoque, les souvenirs affluent. Une amère douleur s'empare de sa gorge. Le son aigu d'une complainte aimerait s'envoler, mais la douleur ne sort pas ainsi, elle reste et vous ronge jusqu'à vous rendre fou.

Elle court... Une poigne de fer la retient. Un hurlement retentit mais ne semble pas atteindre la femme qui s'avance vers le trou béant. L'enfant à la chevelure rose crie encore plus fort.

- Non je t'en prie ! Maman ne me laisses pas !

Aussi brillant que l'or, les mèches se balance sur les hanches de la fuyarde. Pendant un instant elle l'aurait jurée ! Une larme éphémère s'écrase sur le sol. Mais aujourd'hui elle le sait, ce n'était qu'une envie, c'est ce qu'elle aurait voulu voir de sa mère. Un regret, un petit signe d'un quelconque attachement à sa fille, mais rien. Un cri retentit, une douleur atroce semble s'être emparé de la fugitive. La pauvre enfant s'écroule, ses petits yeux améthystes embuées se ferment.

- Théa ! Je t'en prie !

Ces quelques mots la font sursauter. Son regard se fixe sur le cristal battant régulièrement. les mains tremblantes, la jeune femme se relève pour faire face au couple.

- Ne me demandez pas l'impossible... Et ne me traitez pas d'égoïste non plus ! Vous ... Sa gorge étouffe difficilement un sanglot. Vous ne savez pas ce que c'est ...

Ils en ont conscience, elle a parfaitement raison. Pourtant Elle l'a bien précisé, ce sont ces deux là et personne d'autre qui doivent voyager.

- En effet, je ne sais pas ce que c'est, néanmoins je peux comprendre que tu souffres. Seulement voilà, je n'accepte pas que tu joues l'égoïste et que sous prétexte que les trous interdimensionnels te rappellent la disparition de ta mère tu te refuse à y aller ! Le souffle lui manque, elle fait une courte pause. C'est le moment de montrer aux autres que tu n'es pas une abomination comme ils en sont presque tous convaincus.

Son corps sent le sang à l'intérieur se glacer. Comment peut-elle arrivé à la faire douter dans de telles conditions ? La petite fée se sent flancher... Ses améthystes fixent l'enfant dont les ailes sont encore invisibles. Que lui arrivera-t-il si elle refuse ? Il vivra probablement dans un monde se désagrégeant. Un monde pourrit. Mais est-ce que malgré tout celui-ci ne l'était pas déjà si l'on regardait au delà de toutes les belles choses apparentes ? Son visage se secoue violemment puis elle ose enfin reprendre la parole.

- Quand devons nous partir ?

- Le plus tôt possible, maintenant si tu es prêtes, cela t'éviteras de changer d'avis entre temps.

La voix qui l'avait grondait était devenu soudainement compatissante. Aakhlithéä soupire et se redresse. Décidément, la fée du printemps n'est pas chef de la tribu pour rien. Tous trois se lèvent et sortent de la pièce, se jetant dans le vide, les ailes des fées s'ouvrent dans un éclatement de couleur et de lumière. Théa ne demande pas ou elle doit se rendre, elle se souvient très bien de l'endroit dans le quel les cérémonies ont lieu : La clairière aux Licornes.

Le trajet lui semble interminable. Les paysages féeriques défilent sous ses yeux inquiets. Enfin elle commence à apercevoir une forêt aux reflets bleutés typique de la magie coulant dans la sève de ses arbres qui deviennent luminescent quand un groupe de licorne se regroupe. Visiblement Niïlhya avait prévu qu'elle céderait car quand la fée du Destin pose un pied à terre, elle aperçoit une ombre aux ailes aussi clair qu'une nuit noire étoilée. Elle la déteste .Cette fée elle aimerait la voir morte depuis un certain temps. Elle aimerait qu'elle n'ait jamais existé. C'est à cause d'elle, tout est de sa faute.

- Aakhlitéä ?! Tu as grandi depuis la dernière fois. Tu es devenue une véritable femme.

Sa voix a beau être douce comme une brise d'été, pour elle c'est une torture, un son insupportable à vous en arracher les tympans. Elle l'ignore.

Les licornes n'osent pas s'approcher mais elles sont là, formant un cercle autour des quatre personnages. Tout est prêt, leur corne scintille dans l'ombre et leur robe banche apparaît grise par manque de lumière. Au loin on entend un cours d'eau, peut être même une cascade. La roue tourne... et ne s'arrête jamais .