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 Le Serment des Déchus

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Evalrin
Chromatique et rôliste
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Evalrin


Masculin Nombre de messages : 1581
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Localisation : Entre l'errance et l'oubli
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MessageSujet: Le Serment des Déchus   Le Serment des Déchus Icon_minitimeSam 3 Jan - 1:13

Il fût un temps où prononcer leur nom relevait de l'interdit mais c'est en ces temps que naquirent les légendes que nous contons aujourd'hui. Un temps où par delà les montagnes les ténèbres nous guettaient tapies dans l'ombre. Un temps où au plus profond de la terre, brisant le roc et frappant l'acier, les Nains veillaient. Un temps où arbres et forêts comptaient parmi leurs membres de minuscules êtres emplis de sagesse mais que le vent aurait pu balayer, ces êtres que l'on nomme aujourd'hui des Elfes disparurent après les évènements que je vais vous conter.


Je n'étais à l'époque qu'un jeune berger pour qui l'âge adulte miroitait encore à bonne distance. J'étais plein de fougue et d'entrain. Jamais les Monts Venteux n'ont vu en leur sein une aussi véloce créature que moi, toujours à sautiller, à courir après les bêtes bornées, leur assénant moultes coups de bâton et réprimandes pour les amener à bon port. Tous m'appelaient La Brindille à cause de mon corps élancé, beaucoup disaient d'ailleurs qu'à la prochaine bourrasque, je m'enverrai voir de nouveaux horizons avec tout ce vent, mais qu'importe, je suis toujours resté fidèle à Haiden, mon petit village. Soit, on y vit pas trop mal avec la rivière à proximité mais l'hiver, lorsque les hautes plaines sont gelées et que nous sommes coincés en bas, la seule activité se trouve être le guet pour être le premier à accueillir le premier voyageur de passage. Car oui, Haiden se trouvant sur la route entre la capitale Eïafel et le port le plus proche, nous voyons régulièrement des caravanes passer ou encore des voyageurs, qui pour certains sont assez étrangement vêtus ... Grandma dit même qu'elle en a déjà aperçu un avec la peau grise et des écailles, mais tout le monde dit qu'elle est folle, même mon P'pa le disait mais maintenant ...

Un jour que le soleil brillait et que le ciel n'avait pour seule limite que la mer à des centaines de kilomètres d'ici et les pics acérés des Montagnes Fourbes, je m'assis sur de vieux rochers lisses et ronds, d'ici, je voyais toute la vallée et même le reste d'Eväelis, notre contrée, je pouvais observer l'Illindael serpenter entre les collines des vallées de Cuibre, j'arrivais même à déceler en pliant les yeux, la grande Arche de Diamant et ses millions de couleurs, que j'aimerais pouvoir la toucher un jour, je serais peut-être l'Elu des Légendes Occultes, qui sait ?
Mais brusquement, les aboiements agressifs des chiens m'extirpèrent avec violence de mes songes pour me ramener à la dure réalité qu'était celle de berger. Je partis donc à pleine vitesse vers le point d'origine de ce vacarme. Après quelques dizaines de longues foulées, je fus horrifié d'assister au douloureux spectacle d'un cruel combat entre l'un des chiens et un loup faisant quelque deux fois sa taille. Bien que mon chien ne soit pas des plus frêle, il ne pourrait guère sortir vainqueur sans aide d'un si périlleux périple. C'est pour cela que, tremblant encore, je sortis ma fronde et entama la recherche d'un caillou adéquat comme projectile. Une fois ma fouille rendue fructueuse, j'armai rageusement la poche de cuir avant de faire tournoyer le lacet au dessus de mon crâne. Bien que manquant à diverses reprises de m'éborgner, le finis par lâcher l'une des deux ficelles, libérant ainsi une innocente pierraille devenue un redoutable outil de mort. Cette dernière alla directement se figer dans l'épaule de la bête, la faisant tressaillir de douleur, ouvrant ainsi la voie aux crocs acérés de l'animal dressé. Cette ouverture aura été décisive comme me l'indiqua l'entrée des canines pointues dans la carotide de l'agresseur.

Le combat achevé, je me hâtais vers la pauvre victime de ce conflit, lacérée au flanc, cette dernière ne pouvait plus que profiter des derniers instants que lui cèderaient les Dieux. Mais la présence de ce loup restait un mystère, jamais il ne m'avait été fait cas de leur présence si bas dans les pâturages, surtout seuls ...
Après quelques minutes à attendre la fin de ces gémissements plaintifs signe d'une agonie s'éternisant, je fis un semblant de sépulture à mon compagnon canin avant de l'abandonner ici, au proie avec les charognards qui nous guettaient jusqu'alors. La nuit approchant à vive allure, je pressais le pas afin d'atteindre l'étable avant que le ciel ne se drape de noir.
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MessageSujet: Re: Le Serment des Déchus   Le Serment des Déchus Icon_minitimeDim 4 Jan - 23:24

Ce fût ce jour, cette nuit étoilée même, que le destin m'a donné rendez-vous. Mais ce rendez-vous n'était guère celui de Monsieur tout le monde et semblerait-il qu'il ait en réalité été destiné à ma curiosité maladive.


La nuit était belle en cette fraiche période qu'est l'hiver. Au coin du feu, la gamelle de soupe sur les genoux, je regarde ma mère étendue dans son lit bordé. Elle est mourante et, je le sais, bientôt, je serais seul. Je termine ma portion et m'approche lentement de la fenêtre, comme parti à la recherche du miracle qui la sauverait. Mais alors que mes espoirs infondés s'écroulait, dans le ciel apparurent des lueurs dansantes, comme un ballet de lumière et de rêves. Jamais mes yeux n'avaient accueilli une telle beauté.
Je me mis à courir, comme un enfant inconscient, comme celui que j'étais, vers la porte, je saisis mon manteau de fourrures au passage et m'en alla à la conquête de cette lumière.

Alors que la neige crissait sous chacun de mes pas, les paroles du vieil homme aux dents pourries me revinrent et les légendes d'antan réapparurent à ma mémoire. Celles qui disent que tous les millénaires les cieux s'embrasent pour tracer le chemin de l'élu des dieux, celles qui disent qu'à l'issu de ce chemin se trouverait la porte de sa destinée et le début de l'Apocalypse. J'étais horrifié, mais mes pas s'enchainaient toujours, comme indépendants de mes pensées. Bientôt le sommet des Monts Venteux fût sous mes pieds et même en levant les bras je ne pus atteindre les flammes célestes et je crus que tout était perdu, que je ne serais jamais l'élu. Mais c'est cet instant que choisirent les flammes pour disparaitre et laisser place aux scintillement des étoiles dans un éclat de lumière qui n'eut, je le pensa tout d'abord, aucun effet. Mais lorsque j'ouvris les yeux, j'eus été contraint de me rendre compte que je me trouvait au milieu d'un étrange cercle qui n'avait jamais été là au préalable et, mes dents claquant les unes contre les autres, je m'écroulais, les genoux à terre, comme oppressé par l'air et les aurores désormais disparues.

Au centre du cercle trônait une sorte de table de pierre, comme celles qu'il y avait dans les grands temple. Toute ornée d'or et d'argent, je ne l'avais jamais vue, on y voyait des reflets de couleurs semblables aux flammes ayant embrasée les cieux. Mais le plus étrange, c'était ce livre qui semblait rongé par l'âge et divers nuisibles, il était là, dominant la vallée sur son piédestal d'argent, un halo de lumière blanche l'encerclant.

J'étais là, désormais épaté sur le sol, quand j'eus pour réflexe un geste que je ne comprend pas encore de nos jours, je me releva et mis un genoux à terre avant de m'incliner humblement. Puis, comme possédé, j'entamais la lente marche qui me conduisit au piédestal. Mais le geste le plus fou que j'eus fût celui de tenter de me saisir de l'ouvrage, sachant que je violais un interdit des plus sacrés. Au contact de mes frêles doigts, le livre s'ouvrit et peu à peu, chaque caractère le composant glissa sur le papier avant de venir se figer dans ma chair, comme indélébiles, chaque lettre venait s'incruster sur ma peau devenue blanchâtre et sur laquelle le moindre poil se hérissait de terreur. J'étais désormais l'héritier d'un savoir dont j'ignorais jusque là l'existence. Mais la surprise atteignit son paroxysme lorsque le symbole d'or cloué sur la couverture devint lumineux et se plaqua sur ma langue sous la forme d'un tracé noir presque invisible.

J'étais l'élu, cette nouvelle qui m'aurait extasié jusque là, m'horrifiait désormais. Que devrais-je faire ? Où devrais-je aller ? Quelle était vraiment ma destinée ?
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