De l'analyse de l'Adoration Déchue
Le vers structuré de Chikoun est déjà bien ancré dans notre esprit comme le produit d'un poète productif qui, malgré tout, répond à la règle mathématique qui compose ses oeuvres.
Chikoun compose comme un pied : il a de la rime riche, des vers harmonieux et il dégage un sens bien caché entre les syllabes. Dans la littérature, c'est un compliment.
Les petites incorrections :
- Spoiler:
tonnerre, âme à nu
C'est en bon progrès, tout ça, avec notamment un titre réfléchi en un oxymore humain ('On adore que Dieu', comme le disait ma grand-mère, et la déchéance qui souligne la perte de son état - s'il n'est pas Dieu, c'est qu'il est un homme).
Donc je peux aisément attaquer le contenu, le fond et les sous-entendus. On attaque fort avec l'orage, qui résonne par l'allitération en 'r', roulement de tonnerre qui martèle ton corps et nos oreilles (et un vers très long qui donne cette impression de durée, le tonnerre s'éloigne...).
L'orage est donc la métaphore d'une colère. La riposte par la langue assure qu'il s'agit dune belle engueulade entre l'être déifié de l'enfance (à savoir le père), et l'adolescent en pleine crise (de boutons).
Le corps du poème témoigne de l'impuissance du géniteur qui faiblit (et donc redevient fragile tel l'enfant), et de l'enfant qui s'affermit.
Tout d'abord, l'ado cède et tombe dans les bras de son père, c'est poignant. On constate l'inversion des rôles au niveau des vers "Il n'y a que deux êtres, Egaux dans leur douleur" ; qui s'avouent sans doute leur pathétique attitude. Cette soudaine égalité bloque même le champ lexical de la colère, de la tempête qui s'atténue (on entend gronder, dans le lointain) avec les mots : orage, tonnerre, éclair, bourrasque (très bonne métaphore de la baffe paternelle) et puis les pleurs symbolisés par la pluie, les yeux humides...
Et cette fin! C'est l'aveu. Le Dieu redevient humain, et il est radieux tout de même, car malgré les mots plus hauts que les pensées, les gestes inamicaux et les fréquentes algarades, ton père est fier de toi.
Et le Merci renforce cette fierté, cette acceptation de passer le relais et de transmettre une éducation.
Pour le choix des vers courts, c'est assez réussi ; cela donne du rythme au poème et permet de dérouler très facilement. Je t'encourage même à poursuivre, sur la lignée de ton 'Papa'.