Bégaiement d'un plaintif

J’aime cette poésie si bizarre, si différente de ce que je lis d’habitude.
J’aime ce rythme haché qui coupe tout, même le souffle. J’aime être en suspens, à la recherche de mots : des tiens autant que des miens. Ma pensée s’interroge et je m’y perds.
J’aime cette interrogation qui n’attend aucune réponse car les mots sont là au final. Ils sont tous présents, cachés… et je finis pas les sentir pour qu’il m’évoque toute une dérision douloureuse.
Tu écris vraiment différemment des autres…

Ces vers par exemple sont superbes dans l'expression forte qu'ils véhiculent :

Citation :

Mon cœur ! mon cœur : bats ! En poing ! en poing - dru
Des mots ! des mots - crus ! Profil ! profil - bas !

Voilà ! Tu es comme les peintres qui utilisent des couleurs violentes en les juxtaposant sans se préoccuper de leur dégradé mais qui le faisant savent que l'œil va réagir et que la tête suivra, juste de quoi rétracter le cœur et alors ressentir.

Merci beaucoup pour ton commentaire : il m'a fait plaisir. Pour le bégaiement et les plaintes, j'ai tâché soigneusement de ne pas composer un texte totalement rythmique et obscure ou d'un autre côté, un texte avec des épanchements plaintifs. J'ai gardé à l'esprit que l'énoncé devait être à la fois désarticulé, et souple par endroit (par des expressions figées principalement). Je dois t'avouer avoir eu à l'esprit la poésie de Corbière - d'où ce souci de la ponctuation !

Tu as entièrement raison quand tu parles de dérision douloureuse, car ce poème est une dérision douloureuse : une moquerie de soi-même, un venin cynique craché mais retournant toujours au narrateur. Cette image de lucidité immédiate, consciente pendant ou après le délire, les élans de coeur, etc. me plait beaucoup. Laquelle lucidité qui culpabilise.

(Encore, merci )