Conscience masculine

[Un premier jet toujours dans mon petit univers glauque]

Clopinant incontinent, avachi dans un piteux état, l'Homme est là. Affamé et amaigri, les pommettes creusées, squelettique et cadavérique. Sa tête difforme et son corps rabougri ne font plus qu'un avec le bar. Fusion du bois et d'un crâne, d'un âne qui boit. Dans ce cabaret malfamé, le pouilleux prolétaire traîne la patte, au rythme d'une miséreuse musique boitillante. Il louche déjà de la jambe. On en aurait mal pour lui. Les gueux ont leurs entrées chez Mireille, les mendiants nécessiteux recroquevillés comme des loques, purgent leurs estomacs au Schnaps. Efflanquée et osseuse, les camées terminent les rails en vue d'un dernier voyage à grande vitesse. La faiblesse de l'ivresse casse les entrailles des fauchés, des économiquement instables de la société, les clochards. Ça sert de l'alcool à la centaine d'hectopièzes, du digestif à la liqueur, du bon tord boyaux. Les tripailles rendent leur saoul sur les falsares. On se rince les dents à grands coups de bistouille. C'est l'orgie dégueulasse et infect. Limite obscène. On marmonne dans sa barbe, on baragouine à la pétasse qui traînasse. De la douceur efféminée dans les robes qui se dérobent, l'éloge d'une chatte masquait par l'épitoge, ça merdoie dans les plaidoiries cavaleuses des pisteurs à l'odeur de chien mouillé. Ça schlingue en somme, ça pue l'foutre et la vinasse. Un bistrot à outres : répugnant, repoussant, révoltant. Ça veut tremper du colosse nauséabond, du phallus viril et masculin sans cafouiller des mots d'amour débiles. Ici pas d'abstinence. Abject. L'apologie du stupre, et la débauche des pauvres. L'indécence et la lubricité, l'éthylisme des lavettes qui finissent déboulonné sur le comptoir. De la dipsomanie, ivrognerie, soûlerie à son paroxysme, de l'arroisoir dans les gosiers.

Quoi de mieux que d'être tenancier.

C'est ici sans tempérance, que naquit, mon accoutumance.

Et surtout...

Ma conscience.

Ça, j'aime bien. Heureux Cyan

J'aime les odeurs qui s'en dégagent et l'envie de s'écarter que l'on pourrait ressentir alors que le lieu nous attache. Plus tu le décris misérable, et plus il nous attire.
Peut-être que la misère apporte cette prise de conscience intérieure, celle qui apparaît à la fin de ton texte...

Il y a dans ton texte quelques jolis bijoux qui en font une poésie à coups sûrs:

Citation :: Les tripailles rendent leur saoul sur les falsares.

Citation :: C'est ici sans tempérance, que naquit, mon accoutumance.

Citation :: On se rince les dents à grands coups de bistouille, on marmonne dans sa barbe, on baragouine à la pétasse qui traînasse.

Citation :: Peut-être que la misère apporte cette prise de conscience intérieure, celle qui apparaît à la fin de ton texte...

Il est un double sens à ce petit texte. Celui que tu cites, et un autre, un tantinet plus subtil je te l'accorde et en rapport avec le titre. A défaut de parler de femmes pour une fois, je parle d'hommes. Le lieu n'est peut être tout simplement qu'un endroit de notre propre conscience.

Tu notes que j'ai dit à propos des dessous de ta conscience masculine qui sent le musc et qui charroie la vinasse :

Citation :: J'aime les odeurs qui s'en dégagent et l'envie de s'écarter que l'on pourrait ressentir alors que le lieu nous attache. Plus tu le décris misérable, et plus il nous attire.

C'est ainsi que les femmes arrivent à accepter les hommes. Malgré eux.

Je pense que la poésie du Tron est la plus satsifaisante que l'on puisse trouver sur ce forum. Ca me fait mal de dire ça d'un rugbyman.

(J'ai joui puisque tu as enfin reconnu l'évidence. Outre être surpassé dans le domaine physique, tu te dois désormais de t'incliner mentalement - et l'inclinaison, on sait où ça mène mon cher ami).