Il ne fallait pas plus que ces quelques vers tournés sur cette page pour y apposer un court commentaire.
A la première approche, c'est concis, ça se lit même très bien. pour la forme, quelques curiosités, comme l'aléatoire des majuscules en début de vers, sauf dans le dernier paragraphe ou la première phrase est immense.
Pour l'image qui ressort du poème, j'ai pu m'amuser à y attribuer une personnification de cervidés (rennes v.11 et élan v.13). Alors j'imagine un orignal qui marche péniblement dans une toundra couverte de neige, en quête de bourgeons à grignoter, ahanant vers les sommets (pique-assiette livré à soi-même). La bestiole agonise franchement (étoiles célestes dans les yeux, chute, camphre du dernier souffle), emporté par la crue d'une rivière charriant des glaçons.
Et puis tout renvoie au titre ; cette montée sinueuse vers les sommets (tout montagnard confirmera que monter en 's' ménage), déviation d'un axe droit (à vol d'oiseau) pour découvrir à gauche, à droite, les délices d'une existence toute tracée. Faut-il y découvrir la métaphore de la Destinée, qui oriente malgré l'illusion d'un choix?
Bref, un poème qui soulève de nombreuses interrogations dans l'idée globale du sujet. Le vieux chevreuil s'élève vers son chemin, puis chute, un peu comme un long trajet, instinctif, qui mène à une falaise infinie (je m'écoule sans fin). Il aura beau tout faire pour échapper à cette fatalité, voilà que la chute (du poème) le rattrape.
Semblant de compréhension pour ce poème stellaire. Les répétitions de fin accentuent la marche douloureuse (un, deux ; pas la peine ; plus haut). Et puis cette phrase magique : je marche droit ; l'acceptation, la résignation qui s'oppose au sens même du poème : Déviance.