Ce poème est maladroit à plusieurs niveaux. Du point de vue de la langue tout d'abord, l'adjectif numéral "mille" est toujours invariable, il est en outre assez malheureux de dire d'un papillon qu'il poursuit son envol "parmi" la toile : il évolue dans, à travers, au milieu, ou si tu veux, au sein de la toile. En ce qui concerne la versification, les vers oscillent de manière assez chaotique entre 6 et 14 syllabes, ce qui donne d'entrée de jeu une impression de flottement, une sorte de cafouillage encore amplifié par la naïveté de rimes plates et pauvres qui font penser à une comptine ou à une chansonnette plus qu'à une oeuvre poétique. Enfin, ce que ce poème perd en maîtrise et en virtuosité, l'on ne peut pas véritablement dire qu'il le gagne en simplicité ou en élégance. La recherche un peu systématique d'un lexique rare, le choix d'une posture dogmatique qui additionne les axiomes et les déclarations pseudo-philosophiques, enfin, la multiplication des inversions poétiques confèrent à l'ensemble une emphase, pour ne pas dire une enflure, qu'il ne me semble guère en mesure d'assumer. Je vois, en somme, trop de grands mots vidés de leur substance et pas assez de travail sur la qualité des images, sur le rythme des vers, sur la musicalité des mots. Je dirais que ce poème pèche par excès : il promet beaucoup, il donne peu.