Les poèmes de Questo

Je commencerai par vous partager mon intérêt pour la création en postant ici un acrostiche d'une amie dont l'anniversaire de ses 19 ans est dans quelques jours. Je réserverai ce sujet fraichement créé pour y poster mes poèmes au fur et à mesure (il me semble que cela serait plus simple). Bonne lecture.

FANTAISIE INTIME

Fantaisie et Caprice en flaves initiales :
Les romans sur son lit comme un front très marqué
Ont été les témoins des parades nuptiales ;
Récits inconséquents de l'amour démarqué !
Aimez-vous les romans aux amours glaciales ?

Couverture accolant sa robe de vélin,
Autour du bien-aimé comme deux parenthèses
Dont les mots susurrés pareils au sort malin
Ont saisi l'animal devant ce feu de braise :
Un enfant polisson, curieux comme un félin !

Je poste un second poème. J'espère que vous l'apprécierez.

LA ROUSSE PASSAGÈRE

Dans le bus l'autre jour j'aperçus une fille
Sur son vert strapontin dont les cils en cédille
Soulignaient la beauté de ses yeux céladon
Et desquels comme deux points d'interrogation
Ses beaux et roux cheveux en mèches rouge fraise
Se laissaient à côté et semblaient mal à l'aise.
Elle était angélique et enfant : d'autant plus
Qu'une odeur de porcins et de pets dans le bus
Y régnait tout autour. Elle était concentrée
Par un roman d'amour qui rythmait sa pensée
Ou par un policier, un fantastique, un noir.
Un goupil et un ange au milieu du bazar !

Et soudain par hasard : entre deux paragraphes
En montrant ses bijoux en flacon d'eau de naffe
Elle heurta du regard des pays bienheureux
Peuplés de silence où contempler est un jeu ;
Reposant son esprit aux vapeurs des tisanes
Je voyais franchement les secrets des gitanes
Ces yeux ont le don des changements temporels
Et comportent tous pleins de journaux personnels.
Les secondes vraiment semblaient durer des heures ;
Pratique de Renard ou potion de bon beurre
De belladone verte et de magique ingrédient :
J'étais tout ému face à ce regard absent...

Mais depuis ce jour-là son visage me hante
Je me souviens encor de cette saison lente
Excitant mon cerveau d'infusion de cumin
Et d'aneth que souvent je buvais le matin.
Quelquefois je la vois visiter tous mes songes
Ô saison du déclin dont la pensée éponge
La couleur des buisson et des arbres épars
Je reviens par moment par l'abeille et son dard !
Elle est dans mes visions seulement de passage
Pas à pas menus pour délivrer un message :
"On peint un avenir et puis on danse avec ;
La vie est un tableau mouvant et jamais sec !"

LE VOILIER QUI RÊVAIT DU CIEL

Orages et tourments au milieu de la mer ;
Le Voilier brun et dru est parti en campagne
Invitant en chemin tous les mâts au travers
Vers des eaux vert printemps et pays de Cocagne !

Intrépide et rêveur voilier : l'érubescent
Été des passions s'est blanchi avec l'âge !
Rutile de nouveau ton acier à présent
Aux appels incessant et nombreux du grand large !

«Halleluja, dit-il, halleluja mon frère
Coule à flot mon bonheur car je sais où ancrer ;
Hymne fier pour la mer : ô beau chant des corsaires !

A l'envers tomberai-je au ciel tant rêvé ?
Youppie en hurlement où tremblent mes ficelles
Et sur la mer encor : sur le reflet du ciel ?»

LES ALARMES MATRIMONIALES

Ell' hurlait en sanglot son amour à midi
Dans sa chambre
Dont le poing fermement accroché un gri-gri
D'or et d'ambre.

Son époux cru l'entendre au milieu du pays
Dans la chambre.
C'est normal car c'était le premier mercredi
De décembre !

Elle avait des chemins à son front pour marquer
Sa vieillesse,
Mais les traits de visage indiquaient sa beauté
De jeunesse.

Son époux dont l'amant rencontré fraichement
A la messe
Était un homme grand et barbu aux serments
De tendresse.

Ell' humait le nuage au parfum assommant
Et toxique :
Une alarme tinta du camion rouge sang
Métallique !...

L'époux consumait son cœur: il était comme à jeun
Où qu'il aille ;
Son amour pour sa femme était pourtant plus qu'un
Feu de paille !

Journaliste Nombre de messages : 403 Age : 40 Date d'inscription : 09/02/2008

Eh ben, y a du talent par ici !

Un bon rythme, de belles sonorités, un ton simple et contemporain.
Etrangement, c'est peut-être le fond qui m'attire moins ; pourtant y en a, du fond, mais quelque chose me chiffonne, les chutes ou peut-être la syntaxe...

En tout cas, je suis enthousiasmé par ton travail, continue comme ça, je te préviens dès que je mets la main sur ce bémol...

Il y a vraiment de la qualité, tu écris bien, tu as beaucoup de vocabulaire c'est agréable à lire, ça suit le schéma classique.
Mais , mais! Je reviens sur mon Mais, en fait je sais là première fois ta topographie m'a agressé et même si j'aime le beau langage au départ j'ai buté dessus ce qui n'est pas forcément habituel dans mes lectures, ce qui a donné comme cause à effet que j'ai arrêté devant la difficulté, je suis plus touché par les poèmes qui glissent facilement à mon oreille mais en les relisant tu sais quoi j'ai trouvé que c'était des putains de poèmes et que je les aimais vraiment bien, en particulier le voilier je ne saurai dire pourquoi.
Après au niveau de la forme te les commenter va m'être difficile.

Merçi pour la topographie! Bizarrement je rebondis sur ta remarque ( littéralement..) c'est vrai que le visuel a beaucoup d'importance dans l'appréhension d'un texte. Ce qui peut expliquer le fait qu'on aime les Calligrammes.

Je vous remercie pour ces remarques encourageantes bien qu'il y ait une répulsion qui demeure inexplicable. Il faut croire qu'il y a une part de l'œuvre qui échappe forcément à l'auteur ; c'est pourquoi vos avis m'intéressent pour clarifier ce point fâcheux qui gâte la lecture de mes poèmes. Content Vert

Xupinette, rien que pour toi, je choisis une autre police pour que mes prochains post ne heurtent plus ton regard. Lapin

C'est amusant comme la typographie est essentiel pour mieux adhérer à un texte, outre l'importance de la visibilité ; comme s'il y avait déjà une esthétique de la forme, de la graphie des mots avant même de s'occuper du contenu.

J'adhère aux propos tenus ci-dessus. Tu écris bien, et je me réjouis de te voir ici, comme je te l'ai déjà dit. Continues, Questo, continues.

Y a un truc qui titille en effet.

Ça tilt.

Les césures.

LES BOTTINES VERTES

Souvent sur ton bureau tes cahiers de couleurs
Amassés tout autour des briquets incendiaires
Rassemblaient des extraits aux pays des ailleurs
Avec des chants festifs et des parfums de bières...

Hébergeant pèlerins et mendiants sans maisons,
Libre à toi de marcher en foulant des bottines
Aux trottoirs parisiens tes mégots à foison :
Un gros tas de cahiers au foyer des usines !

Referme tes journaux que longtemps je lisais
En échangeant jadis nos discours réciproques ;
Nicotine en cheveux blondoyant et bouclés,
Tes cuisses de juments des haras à l'époque !

LA PROMENADE

Nous marchons sous un ciel azur et transparent
Tellement pénétrant que ce Toit j'imagine
Ressemble fortement aux immenses piscines:
Sur le sol sec égal à leur plafond géant !

Retenant du talon mon ombre et mon soleil
Provoquant du regard mon reflet sur la glace:
Mon ombre veut voler au-dessus de la masse
Mon reflet s'engouffrer dans un profond sommeil !

Ô mon cœur je te sens frémir en coup de poing
Ô mon cœur sens-tu l'air chaud et corsé des vacances
J'observe avec égard toute l'érubescence
De ton cou où coulent tes cheveux sarrasins

Et j'inscris sur ton corps des motifs mystérieux
Inspirés de tes seins abstraits que j'extrapole
Montre moi le chemin: prends ma main petite luciole
Pour rejoindre à nouveau l'odeur de tes cheveux !

L'ABYSSE

Je lançais deux à deux des galets colorés
Et mon cœur tout heureux imitait la cadence
Mais il était trop lourd: sans talent pour la danse
Pour l'Etang infini et chanceux des idées;
Je plongeais dans des eaux équipé d'un harpon
En voulant conquérir le savoir des grands hommes:
Au travers je voyais des couleurs et des formes
Du tréfonds retenant mon corps de goémons !
Quelquefois je heurtais de la main des coraux
Et mon sang s'échappait pour former des volutes
S'enivrant de fumée aux longs soupirs des flutes
Et dégageait autour des grands parfums locaux !
Quelquefois je fixais du regard mon éther:
Sans effort je vivais des amours inhumaines !
Tous les flux et reflux de l'océan m'emmènent
Vers des états altiers aux drapeaux trop amers !
Cependant les marins voguant sur leur vaisseau
Au-dessus de mon corps m'ont appris une chose:
Mon retour sur le sol au printemps d'ecchymose;
M'établir dans la Mer est un pas au tombeau !

Pastiche de Guillaume Apollinaire

LA PAYSANNE

Une danse en flot de champagne
Où se noient douze soutien-gorges
Ô Venus en fraîche campagne
Mon breuvage est fait de ton orge

Fondent un à un les muselets
Ô douce Junon quand pourrai-je
Contempler tes voies lactées
Quand volera le bout de liège

Chaste paysanne en mon havre
Verse le Coteaux-champenois
Viennent sous les draps des cadavres
Où mon cœur en fleur se déploie