Peau de pierre

J'ai une baguette de ronces dans la poitrine. Chaque mouvement m'oppresse. Chaque immobilité aussi. J'ai les épaules coincées par le poids de la perte qui grandit, grandit. Comme un œuf englué entre mes deux seins ; une tarentule qui, lentement, colonise mes sens. J'ai les courbatures de la fièvre, planquée, qui rugit en mon crâne.

Front, torse, bras, côtes, échine : je me rêve droite et forte, mais la peau la plus dure se plie sous les coups bas. Ne sais-tu pas que c'est mon bouclier que tu forges ainsi ? Tu plies ma peine et mon blason se pare du sourire piquant du hérisson. Mon rire pour épée, plongé contre ta face qui m'ignore.

Je me rêve droite et forte. Je serai froide et dure. Peau de pierre contre toute attente. Contre chaque demande.

Merci Xupi pour ta lecture et ton commentaire.

Ce poème était un défi lancé à moi-même : réussir à écrire un texte qui me plaise, sous le coup de l'émotion. J'ai donc tenté d'explorer mon corps et de mettre des mots sur mes sensations. J'ai pensé mon texte en deux parties : la première traite de ce que je ressens, à l'intérieur de ma carapace. D'où l'image de l'oeuf ou encore celle de l'araignée : elle cherchent à décrire cette douleur poisseuse qui prend possession de mon corps. Certes ça ne colle pas avec la rigidité du reste du texte, mais c'est justement parce que cette rigidité est traitée dans la deuxième partie et non la première. Le début parle de la souffrance. La fin de ce qui est mis en place pour vivre avec cette souffrance et la dominer.

Voilà voilà...