Scientifiquement littéraire

Quel plaisir que de savoir les mathématiques,
Quel bonheur que les théorèmes, la logique !
Mais j’entends Pythagore et ses bizarres noms :
Parallaxes, congruents, inéquations…
A la mention de ces mots, mon vers s’étrangle.
Si un triangle est la moitié d’un rectangle,
Souvenez-vous que le carré des deux cotés,
Est égal au carré du côté opposé.
Ou bien encore, dans deux triangles rangés,
Et si leurs deux bases sont droites parallèles,
L’on peut écrire des fractions qui s’amoncellent,
Où le petit côté est toujours sur le grand,
Ou, si cela vous plait vraiment, inversement.

Polymnie, les sciences offensent nos lecteurs,
Dans nos vers, faisons montre de moins de rigueur

Ah, on peut dire que c'est original, mais la première chose qui m'a frappé, c'est la couleur... Aïe mes noeils! Le premier conseil que je pourrais donc te donner c'est: change cette couleur!

Bon, à part ce petit détail douloureux, la formulation de ce vers: "Mais j’entends Pythagore et ses bizarres noms :" me gène un brin. L'ordre des deux derniers mots pour être exacte. Certes, cela peut être excusé par le dernier vers, je cite: "Dans nos vers, faisons montre de moins de rigueur", mais c'est tout de même gênant. Peut être pourrais tu remplacer "bizarres" par "étranges", qui comporte le même nombre de syllabe donc ne change rien au rythme, mais avec lequel la phrase coule mieux.

Pour ce qui est de la syntaxe, elle me paraît bonne et je trouve original le thème abordé et la manière que tu as choisie. Et quant à l'orthographe, rien à redire, sauf si mes yeux délirent.

C'est vrai que la couleur ce n'est pas trop mon fort ; moi qui faisait un essai me voila bien attrapée... Sinon pour pour l'ordre des mots, je sais que l'on me reproche cela à chaque fois, mais honnêtement cela ne me choque pas, mon oreille doit être trop habituée. Quant à "Bizzare", je me justifierai en disant que j'aime beaucoup ce mot, il a une manière de sonner...étrange !

Je me rends compte que je n'ai pas encore commenté un de tes poèmes. Ce n'est pourtant pas faute de les lire.
Je les lis chaque fois avec beaucoup de plaisir.

Pourquoi ? Parce que je ne suis pas une intellectuelle, mais plutôt une sensitive. Or dans tes poésies , bien souvent, tu t'exprimes avec une rigueur et un vocabulaire incroyables. c'est beau, c'est net. Mais le tout reste toujours un peu froid pour moi.
Ce n'est qu'une impression toute personnelle qui ne retire rien à ta valeur.

Il est étonnant que dans cette poésie "mathématique" tu libères le poète, toi qui le fait s'exprimer avec tant de conformité. Tu t'exprimes dans une verve classique. Tu gardes en tête des schémas comptables.

Pourtant je trouve cette petite poésie très sympathique !

L'inversion des mots peut paraître en effet chantante à l'oreille avertie. Par contre elle nécessite plusieurs relectures et écoutes de manière à voir si le syntagme est lisse, fluide et bien incorporé dans l'ensemble de la phrase et du discours. Dans le passage cité par Taranis, elle semble véritablement "poussive", placée là pour faire dans la technicité ce qui dénature l'aspect sensitif. On sent comme une volonté de classicisme qui porterait la poésie vers le monde du langage soutenu, volontairement recherché pour s'éloigner d'une simplicité pourtant mathématique.

Disons qu'il existe moultes techniques pour rendre la langue musicale. Le principe étant de savoir les utiliser et les inclure sans qu'on le remarque, sinon ressort toujours quelque chose de froid, de poussif et de dru - potentiellement vigoureux dans la volonté d'écrire, mais touffu, éloigné à la fois des sciences et des lettres.

Comment puis-je savoir que la technique est mal employée et que ce n'est pas volontaire ? C'est simple. L'étude des phonèmes montre que la rythmique est pauvre (en gros rimes à 1 phonème dans tous les cas). A cela on ajoute des parallélisations contraignantes, certes typiquement logiques (et donc dans le sujet), mais qui ne se marient pas avec le "sens" et la profondeur qu'on est en droit d'attendre pour "émettre" une émotion "littérairement" parlant. L'idée est interessante, la forme moins. Ca sent la "contrainte" technique qu'on a du mal à respecter, mais qu'on a envi d'imposer. Ca sent le travail de scientifique qui aime "complexifier" alors que la fluidité est dans le mot, de sa valeur à ses sons en passant par son sens. On perçoit "trop" l'emboîtement des "mots" et c'est ce qui donne les deux impressions émisent ci-dessus :

1/ L'apparente froideur, le manque de sensation, l'absence de sensibilité.
2/ L'impression que certains vers ne coulent pas (et pas uniquement celui énoncé).

Mérite qu'on retravaille cette poésie.

Je suis tout à fait d'accord pour dire qu'li n'y a pas, ou peu d'émotions dans mon texte. Mais ce que je n'ai pas chercher à en mettre, c'est un pur texte technique ( Mais j'admets que même lorsque je cherche l'émotion je n'arrive pas toujours à en prodiure). En somme je pense que j'ai atteint mon but dans ce texte : un jeu de la forme.