Transport de conscience

T'es la dans le bus en train de laisser vagabonder tes pensées sur le fil de la musique.

Et soudain ça te prend à la gorge violemment, brusquement sans préavis. T'en as le souffle coupé, la poitrine oppressée.

C'est du à un moment d'inattention, d'une chanson que t'as entendu et c'est revenu, tu te souviens. Tu te rends compte qu'il est plus la et ça t'en transperce le ventre.

Tu ne peux t'empêcher de pleurer silencieusement. Des larmes coulent le long de tes joues que tu essuie du revers de la main. Réflexe inconscient ; tu te fiches pas mal à ce moment du regard des autres, t'as juste envie t'exprimer ta douleur.

Les larmes embuent tes pensées. Dix mille questions à la minute et aucune réponse : pourquoi? A qui la faute? Tu ne sauras jamais et tu dois vivre avec.

T'essayes de te calmer,de chasser au loin ces idées dans un coin de ta tête pour les oublier mais elles ne sont jamais loin de la porte de sortie.

Tu reprends petit à petit tes esprits, vois le monde qui t'entoure et te renferme de nouveau sur toi. Le corps renfoncé dans le siège, et ton esprit dans la sphère musicale.

Brusque coup de frein. Ça y est t'es à ton arrêt. Tu pousses quelque peu les gens qui t'ont regardé tour à tour bizarrement puis compatissants.

Besoin d'air et d'espace. Marcher c'est ça dont tu as besoin. T'as pas le choix, faut avancer.

Poétiquement polymorphe. Voila ce que j'aime et ce qui saute au yeux lorsqu'on lit tes textes. Tu t'attaques à toutes les formes possibles, ce que je suis incapable de faire (du moins correctement) et c'est une surprise qui nous attend à chacun de tes posts. Certains diront que "passer d'une forme à une autre" est dû au fait que tu n'as pas assez d'expérience et que tu cherches encore ta "forme favorite" mais je pense qu'au contraire, c'est faire preuve d'originalité et de talent.

(C'est pas tout ça, il faut que je le commente un p'tit peu ce poème)

De la prose disposé en strophes et coupé à des endroits improbable. On a peine à trouver le rythme qui engagerait une lecture fluide et continue.
Je trouve ce poème assez troublant. La prose qui n'impose rien et la poèsie classique qui justement impose tout me donnent l'impression d'être melanger. Je m'explique :

-Présence de strophes
"main. Réflexe inconscient ; tu te fiches pas"
-Ici cesure en 6/4
"T'essayes de te calmer,de chasser au loin ces idées dans un coin de ta tête pour les oublier"
- Musicalité, assonances à profusion.
"dont tu as besoin. T'as pas le choix, faut"
-Ici cesure en 5/5

En revanche..

- Le mètre n'est pas respecté
- 9 strophes en 3/3/4/6/4/4/4/4/3
- présence de coupures cassant la musicalité :
"vagabonder tes pensées sur le fil de la
musique."

D'un côté on a des exigences qui peuvent par exemple être appliquées au sonnet et de l'autre la "liberté" de la prose. Est-ce voulu? j'aimerais en savoir plus.

Le contenu. Ici je crois trouver encore une mélange (quoi? ça vient de moi? oO) Un mélange que l'on distingue parfaitement ici :
"T'es la dans le bus en train de laisser(language courant, vocabulaire banal) vagabonder tes pensées sur le fil de la musique." (figures de style, recherche de l'harmonie dans la lecture)

On retrouve ce genre de disposition plus loin. Pour ma part j'aime ça, le contraste nous interpelle et inévitablement, nous captive.

Pour le fond, l'histoire d'une fille dont les souvenirs sont réanimés par une chanson et ceci dans les transports en commun, j'aime aussi l'idée de la souffrance dans le quotidien mais j'ai eu peine à accrocher (trop court peut-être)

Enfin le titre. Il me paraît très bien, court, rapelle implicitement les détails du thème, et accrocheur.

Merci de nous faire partager ces nombreuses oeuvres =) (il me semble que tu nous en offre un assez grand nombre)

Nombre de messages : 35 Age : 34 Date d'inscription : 08/06/2009

C'est très troublant : pendant un instant, j'ai cru que tu étais la réincarnation d'une amie proche. La puissance de ce poème, c'est la force brute des sentiments qui cohabitent avec la pensée. Finalement, il y a comme un dialogue qui se forme et c'est aux dilemmes de l'âme que tu nous exposes.
La deuxième personne est critique. C'est une dureté latente envers soi-même. Cette espèce de barricade de pacotille que le personnage se construit. Il s'endurcit et veut se protéger alors qu'il prend tous les coups de plein fouet, que chaque blessure est une plaie qui ne se referme pas et qu'il faut avancer chaque jour un peu plus abîmée. Les longs trajets de transport, tout ça... Bah, je fais surement des projections personnelles.
Poème émouvant, en tout cas, par sa sincérité presque gauche et son côté brut. Ca fait un moment que je voulais t'écrire un petit commentaire. Heureux