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 Sem, ou la création.

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Drystan
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Drystan


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MessageSujet: Sem, ou la création.   Sem, ou la création. Icon_minitimeDim 26 Juil - 3:41


Les Petits chiffres suivant certains mots sont des précisions sur l’emploi de ces termes. Vous pouvez les lire. Néanmoins, ça coupe légèrement le fil de l’histoire.


Chapitre 1.
Le Big-bang.


Tout commence à l’aube des temps anciens.
En cette époque sénile 1, l’univers, tel que nous connaissons aujourd’hui, n’existait point.
L’espace n’était que vide. Un monde de néant. Sombre comme les plus noires de nos pensées.
Quasiment rien ne pouvait y survivre.
Le quasiment en question concernait les abeilles évidées, les phénix sous vide, et les quelques autres créatures dont le nom comportait un morceau du vide qui les entourait. Des monstres adaptés à un monde sans nourriture, sans air...

Bien sur, une espèce échappait à cette règle. Sinon, il n’y aurait pas d’histoire.
Non. C’est vrai. Dans l’un des angles de l’infini 2 se tenait une coupole gigantesque, à mi chemin entre la bolinette et la gamelle pour chien. Une comparaison peu glorieuse, mais terriblement réaliste : Un objet, fortement cylindrique, avec des bords eux-mêmes recourbés, d’un blanc translucide… Il ne manquait plus que le Fido.
En cette coupole se trouvait une sorte de cité. Cette ville était uniquement composée de tours, qui s’élevaient tels des volutes dans les cieux. Ces buildings étaient d’une originalité sans pareille. Alors que, en notre époque, les immeubles sont d’un cubisme affligeant, ceux du saladier partaient d’une base des plus minces pour former de superbes feuilles, sur lesquelles les couloirs d’ascenseurs dessinaient de délicates nervures. La beauté d’une salade.
Les véhicules, quand à eux, étaient parfaitement cylindriques. Plats aux extrémités, circulaires sur toute la longueur. L’ensemble reposait sur quatre roues motrices. L’aspect général rappelait une boite de conserve.

De nos jours, ce lieu possède de multiples noms. Le berceau de la conscience, la mère de toutes pensées … À l’époque, par contre, les habitants, un poil matérialistes, se contentèrent de le nommer le Saladier.
Voyez-vous, au dessus de trois syllabes, c’était trop long à prononcer.
En ce qui les concernait, la populace hésita longuement sur le nom à prendre. Ils songèrent au Haricot, vert de surcroit. Il ne leur fallut pas longtemps pour ce rendre compte que ce nom induisait en erreur toute personne tentant de faire une description physique à partir de celui-ci.
Vint donc une multitude de congrès particulièrement ennuyants, nommés par les participants « À la recherche de notre identité ». Congrès, dont le seul véritable intérêt se trouvait être la fabrication de cocottes en papiers durant les interminables discours 3. Puis, un jour, sans que l’on sache véritablement pourquoi, ils choisirent enfin un nom qui conviendrait un tant soit peu à leur aspect.
Ainsi, le nom créant la créature, les Semoules naquirent. Oui. Du coté physique, nos héros étaient ronds, jaunes, petits. Du coup…

Cette question existentielle résolue, ils décidèrent de passer à la suite, c'est-à-dire la partie concernant les tenants et aboutissants de leur vie. Et pour savoir cela, quoi de mieux que de s’aventurer au plus profond de tous les domaines de la science, y compris les plus inutiles ? Exemple : Comment la culture des champignons influe t’elle sur l’angle d’incidence des ondes lumineuses ?

Oula. Ca sent le septique, ici. Comment ca un grain de semoule ne peut pas penser ? Mais si ! Vous pensez bien, vous. D'ailleurs, vous feriez mieux de vérifier si ceux que vous êtes en train de cuisiner ne sont pas en train de préparer un plan afin de s'échapper de la casserole.
Vérifiez ! Vous n'avez pas vérifié. Ne mentez pas, je le sais. Mon omniscience n’a d’égal que ma modestie. Je suis terriblement modeste. Vous ne pouvez acceptez que votre repas pense, car cela vous mettrait en inappétence - Tiens, une rime.

C’est cet amour de la science qui causa indirectement leur chute. S’ils s’étaient cantonnés à la culture de champignons, rien de tout cela ne serait arrivé.
Tous les Semoules ne sont pas habiles, loin de là. Ce qui a rapidement engendré deux problèmes.
Le premier, c’est que ces même semoules sont, sans exceptions, prédestinés à devenir, dès leur naissance, des scientifiques.
Le second se nommait l’administration. N’importe laquelle des institutions administratives, quelle que soit l’époque de sa création, est apte à commettre un nombre d’erreur incroyable par heures. C’est une loi universelle.
Du coup, il arrive que cette dernière place des semoules malhabiles dans des domaines ou manipuler des substances explosives fait partie du quotidien.
Ce qui causa la catastrophe. Pourtant, rien ne prédestinait ce Semoule à devenir un spécialiste en explosion. Légèrement stupide, maladroit, manquant de subtilité. Et en plus, il s’appelait Raymond !

Un beau jour, au volant d’une camionnette transportant une belle tonne de produits divers, dont l’action commune suffirait à déclencher l’apocalypse, le Semoule s’engagea sur un pont.
Il arriva un moment où Raymond, grand fumeur, fit tomber sa cigarette au sol 4. N’écoutant que son courage, il tenta de la rattraper. En s’appuyant sur son volant. Le camion commença à tourner, imperceptiblement, puis de plus en plus vite, pour finir contre la rambarde, dans un magnifique dérapage.
La chance souriant aux imbéciles, le Semoule trouva le temps de bondir hors du véhicule.
Malheureusement, ce dernier ne réussit pas à rester sur le pont.

Pour mieux appréhender la suite des événements, je me propose de vous fournir une description succincte de l’agencement du Saladier. Comme vous l’avez sans doute compris, c’est une demi-sphère vide, orientée vers le haut. Sur le rebord supérieur, se trouve le périphérique. C’est la que la plupart des voitures circulent. Raymond se trouvait dessus lors de l’accident. Puis, l’intérieur du Saladier est recouvert de feuilles de salades, abritant les habitations, les bureaux… Finalement, tout au fond se trouve la centrale énergétique de la cité qui alimente les parois, les demeures et l’ensemble de l’infrastructure Semoule en énergie.

Revenons au camion. Dans un envol majestueux, ce dernier dégringola les étages du saladier pour finalement atterrir sur le générateur central de la cité, celui la même qui assurait la cohésion entre les différents morceaux de la ville. Les produits transportés supportant mal les chocs, une légère explosion défigura le cosmos.
Ainsi, l’étincelle du Big-bang fut provoquée. L’univers apparut.



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Dernière édition par Darkfire le Ven 31 Juil - 20:35, édité 1 fois
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Drystan
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MessageSujet: Re: Sem, ou la création.   Sem, ou la création. Icon_minitimeMer 29 Juil - 20:25


Chapitre 2.
Sem.


Le superbe saladier n’était plus qu’une ruine. L’explosion avait tout dévasté. Les différents morceaux de la coupole, accompagnés par une grande part de la communauté semoulesque, s’étaient retrouvés catapultés aux quatre coins de l’univers.
On ne voyait plus d’eux que de petits points scintillants. Des étoiles 1.

Tout ce qui faisait la gloire du saladier avait disparu. Les majestueux Buildings aux délicates nervures, magnifiques feuilles de salades illuminant le saladier par leur beauté sans pareille, se retrouvèrent hachés menus par l’explosions. Ils flottaient mollement autour du Saladier, leur charme anéanti par la destruction dont ils furent victimes. Les voitures en conserves, de leur coté, étaient complètement découpées. En effet, au moment de l’explosion, une multitude de morceaux de générateurs, propulsés par l’explosion, lacérèrent la plupart des véhicules non abrités.
Il s’échappait de celles-ci une incroyable quantité d’une substance rouge que l’homme ne connait que trop bien. Nous n’allons pas épargner ces jeunes yeux qui lisent ce texte. N’ayons pas peur de la vérité. Ce que nous pourrions aisément associer à de la sauce tomate, pour ne pas avoir à expliquer à nos bambins la véritable signification de ce liquide, se trouvait être, en réalité, du Ketchup.
Horreur.
Ketchup qui attirait l’attention de toutes les abeilles évidés des environs, croyant y voir une nouvelle sorte de miel. Ainsi, la citée de saladier était devenu un véritable repaire de monstres vrombissants, aux dards acérés, à l’esprit terriblement lent… L’essaim volait en direction des restes du périphérique, encombré d’une multitude de voitures couvertes du sombre liquide.

Ffffzzzzz.
Excusez la coupure. L’un des insectes vient de passer devant le narrateur 2, suivant une trajectoire légèrement erratique. Normalement, un corps, quelle que soit sa forme, sa masse, et les frottements qui s’exercent contre elle, ne peut se déplacer sans utiliser son moyen de propulsion. Pour ceux qui ne sont pas rompus au langage scientifique, voici la traduction simultanée. Comment se fait t-il que cette créature vole sans battre des ailes ?
Ffffzzzzz.
Une deuxième.
Une chose est sure, quelque chose ne va pas au royaume du saladier.
Une troisième abeille passa, tout aussi vite que ses collègues, le crane à moitié défoncé.
En contrebas, une silhouette agitait les bras dans tout les sens, un objet dans l’une des ses mains.
Raymond. Logique. Il a du tomber avec le périphérique. Ce cataclysme ambulant est toujours vivant. Comme quoi, c’est bien les meilleurs qui partent en premiers, les pires trouvant toujours un moyen de survivre.

Le concerné reprit sa respiration, posa la caisse sur son épaule, à l’instar d’un joueur de base-ball. Puis, avec moult délicatesses, l’expédia dans la figure de l’insecte le plus proche. La bestiole fit un magnifique vol plané, pour finalement atterrir à la base de l’une des rares tours encore en état. Laquelle s’écroula dans une magnifique gerbe de pierres.
On appelle ca l’instinct scientifique : Le Semoule, considérait que, malgré la destruction quasi-totale de sa demeure, la recherche ne pouvait s’arrêter. Il prit donc sur lui l’étude de deux domaines inconnus de la science.
« Les différents moyens de propulsion d’une abeille. » et « Les conséquences d’une collision entre un corps vivant et un édifice. ».

Hélas, les semoules n’avaient pas investi dans le sport, quel qu’il soit. Pour taper sur les insectes, Raymond devait faire avec ce qu’il trouvait. Et, en l’occurrence, il avait trouvé une superbe boite d’explosifs, rouge qui plus est, dont le détonateur venait tout de s’activer, réglé sur cinq secondes.
Fallait s’en douter.
Cinq - Raymond releva sa boite explosive. Durant un instant, il regarda les petits chiffres affichés sur le compteur. Finalement, il jugea qu’ils manquaient d’intérêt. Cinq secondes, ce n’est pas tout de suite. Occupons nous d’abord de l’instant présent.
Quatre - Il posa la boite sur son épaule, campa solidement ses pieds sur le sol. Une abeille se mit à tourner au dessus sa tête.
Trois - L’insecte remonta haut dans le ciel, suivi par le regard de Raymond.
Deux - La bestiole amorça son piquet, droit vers la tête de l’imbécile.
Un - Raymond inspira un grand coup, attendant le dernier instant… Il frappa.

Une gigantesque fleur bleutée envahit l’immensité stellaire, sans aucun bruit. La citée du saladier se désagrégea, anéantie. La première demeure de la conscience périt dans un silence total, l’univers lui-même ne permettant à aucun son de se diffuser, pour ne pas troubler cette apocalypse.

- Ô sublimissime, grandissime maitre, regardez, une étoile filante !
Deux semoules se trouvaient debout sur des morceaux de bétons, flottant dans l’espace. En effet, les multiples explosions avaient engendrés des montagnes de débris qui vagabondaient à présent dans l’univers, créant de véritables autoroutes. L’un d’entre eux, écrasé par une multitude de sacs, un doigt pointé vers les cieux, regardait la sphère lumineuse s’élever au sommet de la voute stellaire. Sa contemplation fut interrompue par la voix de son compagnon de voyage.
- Tu as oublié le divin ! Pourtant ce n’est pas dur ! Di-Vin ! Deux syllabes ! On dit « Au grandissime, Sublimissime, Divin Maitre » ! Puis, se ressaisissant. Et alors, qu’est ce que ca fait ? Tant qu’elle ne vient pas vers nous, ca n’a aucun intérêt !
Durant un temps, la boule de feu continua de s’élever dans les cieux, pour parvenir, dans un monde de lumière, fermé par des portes d’or. Hélas, son temps dans l’univers n’était pas achevé. Dommage pour les êtres vivants. Pour plus tard, le bonheur au paradis. Une chaussure mécanique la réexpédia directement vers la terre des semoules.

- Divin seigneur, la comète, ou le je-ne-sais-quoi, vient de gagner en intérêt.
- De ? Tu veux dire qu’elle nous revient dessus ?
- Exactement maitre. Je pense, Ô apparition céleste, qu’il faudrait mieux se pousser.
- Non, Solom. J’ai entendu dire que les étoiles filantes étaient composées de nombre de matières non répertoriés dans l’encyclopédie du savoir semoule. On va la chopper, la disséquer, la marteler, la passer au mixeur, puis au four. A la fin, faudra la ranger dans des petits flacons. Scellés avec de la cire, les flacons.
Le Semoule continua à décrire les expérimentations à faire sur l’objet incandescent. Jusqu’au moment où il se rendit compte que, premièrement, ce dernier fonçait vraiment droit vers lui, et que deuxio, il ne semblait pas vouloir s’arrêter.
La chose - Car à ce stade, nous pouvons douter de sa condition d’étoile filante - percuta de plein fouet le rocher sur lequel se trouvait Solom. Ce dernier réussit à se rattraper. Malheureusement, une partie de ses sacs fut expédié par-dessus bord.
L’OVNI, de son coté, continua à rebondir sur les cailloux, pour s’arrêter quelques centaines de mètres plus loin, complètement éteint.
Le maitre sortit un scalpel de sa poche. Avec une agilité surprenante pour quelqu’un de sa corpulence - Comme tous les semoules, il était légèrement sphérique - il parvient au lieu d’atterrissage de l’OVNI. Pour y pousser un soupir de déception.

- Alors, maitre, qu’est ce que c’est ? S’écria Solom, essayant, tant bien que mal, de remonter sur son rocher.
- Pas une étoile… C’est un Semoule. Avec un peu de chance, il est mort.
- Je ne vous suis pas très bien, être sublime, en quoi sa mort nous serait t’elle bénéfique ?
- L’Académie ne m’a jamais refilé de crédits pour la dissection des êtres vivants. Du coup, je fais avec ce que je trouve…
Hélas, le cadavre espéré n’en était pas un. Sous sa peau complètement carbonisée, un reste de la caisse dans la main gauche, Raymond ouvrit un œil. Oui. Cet énergumène, malgré l’explosion dont il avait été victime, réussissait encore à respirer.
- Ou suis-je ? Réussit-il à articuler.
- Alors c’est vivant, Ô incarnation de la perfection ? Hurla Solom tout en bondissant vers son maitre.
- Oui… Je suis dépité. Alors que, pour une fois, j’avais une chance d’avoir un cadavre bien frais pour mes expériences, il s’avère être parfaitement vivant.
- Frais, grandiose scientifique ? À mon avis, il est plutôt carbonisé.
- Ne joue pas avec les mots, disciple. Tu as très bien compris ce que je voulais dire. Pense-tu que si on l‘égorge, je pourrais m’en servir comme cobaye ? De toute façon, il est fichu.
- Si on ne peut le sauver, faites… Mais présentez vous avant. C’est plus poli.
Le maitre ne releva pas l’absence d’éloges. Il se pencha vers Raymond.
- Bonjour, cher congénère. Je me vois dans l’obligation de vous assassiner froidement. Votre état est déplorable. Nous ne pouvons rien faire. Vous allez donc faire don, et je vous en remercie, de votre corps à mes expériences tordues. Néanmoins, mon apprenti et moi-même trouvons plus seyant de nous présenter avant. Je me nomme Sem.


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Dernière édition par Darkfire le Ven 31 Juil - 20:45, édité 1 fois
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Drystan
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MessageSujet: Re: Sem, ou la création.   Sem, ou la création. Icon_minitimeVen 31 Juil - 20:44

Chapitre 3.
Créationnisme.



- Sem ? Jo… Joli nom ! Vous m’avez l’air très sympa… thique, mon bon monsieur. Quand vous par… parlez de me tuer, c’est une blague, pour faire peur aux enfants, n’est ce pas ?
- Non.
Froid, glacial, net. La réponse ne laissait aucune alternative. Le maitre leva son scalpel.
- Comprenez. Il nous est totalement impossible de faire quoi que ce soit pour vous, si ce n’est abréger vos souffrances. Regard…
Un toussotement discret, jaillissant de derrière lui, l’interrompit.
Sem se retourna immédiatement. Pour trouver Solom, tenant un gros sac rouge, debout à ses cotés.
- Donc si j’ai bien tout suivi, vous refusez de le sauver parce que vous pensez en être incapable ?
Un juron se glissa insidieusement entre les lèvres du Semoule. Non seulement son disciple lui manquait ouvertement de respect, omettant volontairement d’employer les termes glorifiants qui devaient ponctuer l’ensemble de ses phrases, mais, en plus, il fournissait au moribond une échappatoire.
- En effet, répondit-il, rassemblant toute sa hargne dans ce simple ensemble de mots, histoire de faire comprendre à Solom qu’il n’avait aucun intérêt à continuer sur cette voie.
Lequel ne sembla pas remarquer le sens caché de la phrase. Ou n’essaya pas.
- Ben. Désolé de vous couper dans votre élan de destruction, mais l’objet que je tiens entre les mains se nomme une trousse à pharmacie. Je pense pouvoir y trouver, en cherchant un peu, quelques baumes miraculeux anti-brulures… Enfin bref. Réjouissez-vous, on peut le sauver.
- Youppie…
Difficile d’imaginer un cri de joie ayant une telle ressemblance avec une marche funèbre. Sem semblait sur le point d’enfoncer le scalpel dans la gorge de son compagnon de route. Ce qu’il ne fit pas. Dommage. Il resta debout, figé en position de combat, pesant le pour et le contre. Puis, rabaissa son arme.
Cet instant de flottement permit à Raymond de se trainer jusque derrière Solom, s’éloignant ainsi du danger le plus grave. Puis, tenant de trouver un semblant de force dans ses poumons carbonisés, il prit la parole.

- Arhem… cher ami… Vous avez parlé d’un bo… Baume miraculeux. Pourriez vous m’en tarte… Tartiner vite fait avant que je finisse de me désagréger ? Ce serait sympathique de votre part. Pas que je veuille déranger, ca va de soi… Seulement…
- Permettez un instant ? Derrière cette banale discussion se trouve un véritable conflit d’autorité. Donc, silence je vous prie ! S’exclama Solom.
Pour toute réponse, le concerné poussa un râle d’agonie, tout en songeant que c’était sur cette « Banale discussion » que se jouait son futur.
- Devrais-je comprendre, Disciple, que tu remets en doute ma suprématie ? Très bien. Quels sont tes atouts ? Tu as… Voyons voir. Le sac à pharmacie. Dans ce dernier, deux trousses complètes, avec un réparateur d’ongle intégré, une bouteille de baume miraculeuse antitout… Penses-tu vraiment pouvoir me renverser avec des ustensiles de soins ? J’ai toujours mes bagages personnels. Et, dans mes affaires… Il y a…
Solom n’abandonna pas le combat, continuant à regarder son maitre dans le blanc des yeux.

*Silence*


Un nouveau cri de douleur interrompit le duel oculaire. Durant quelques secondes, Les deux combattants continuèrent à s’observer. Puis, finalement, emporté par une poussée d’humanisme aussi déplacée que stupide, Solom baissa les yeux, tout en marmonnant :
- On retourne à son cas, Ô maitre ? Sans vouloir défier votre majestueuse autorité, bien sur.
- Ca ira, petit disciple de rien du tout. Sauvons-le. Je ne peux plus le hacher menu. Ca va me donner des scrupules, sachant que j’aurais pu le guérir. Du coup, ma sublime personne va avoir du mal à dormir.
Solom poussa un grognement, à l’intention de Sem, qui semblait prendre un plaisir mesquin à l’enfoncer dans la bouse à coups de mots doux. Puis, avec une lenteur recherchée 1, il sortit le baume du sac, écoutant avec grand plaisir les hurlements de douleur de Raymond, qui subissait ainsi le déshonneur dont il avait été victime.
Après avoir longuement savouré la torture que subissait le pauvre Semoule, il daigna le tartiner, avec une violence peu commune, de crème magique. Il se passa quelques secondes entre le moment où le disciple acheva de tabasser le carbonisé à coups de baume, et l’instant où il se prit un poing dans la mâchoire.

En toute délicatesse.

- Aya ! Efpefe de cloporte ! Tu ma brifé la maffoire ! Moi qui vient de te fauver la vie ! Je fuis même plus fiffu de prononcer les « f » et les « f » normalement ! S’exflama - Euh, pardon, s’exclama - Solom, hors de lui.
- Tu as pris tout ton temps ! Puis, j’avais plutôt l’impression que tu me considérais comme un punching-ball plutôt qu’un malade !
Raymond avait totalement retrouvé la forme. Il était donc à nouveau apte à provoquer toutes sortes d’apocalypses. Génial. Cette histoire manquait un peu de punch. Le Semoule observa un instant son ventre, contemplant les miracles que la médecine avait opéré sur son corps au paravent carbonisé. Puis, reprit, un sourire carnassier aux lèvres.
- Bien sur, vous devez avoir une quelconque crème réparatrice de mâchoire dans votre sac. Vous voulez que se vous en badigeonne ?
Solom comprit que, dans ce contexte, le terme badigeonner signifiait : Tabasser, briser, écarteler, désintégrer, et finalement, écrabouiller.
- Je vaif le faire moi-même, Néanmoinf, f’est gentil de proposer.
Tout en frommelant, il sortit un tube de crème écarlate de son sac, l’ouvrit, renversa le contenu dans un bol, avant de boire le tout. Ce n’est qu’a ce moment qu’il se rendit compte qu’il s’agissait au fait de la crème aux piments de tante Ursule. Solom eut alors l’impression qu’on lui enfonçait une centaine de rasoirs aiguisés dans la gorge. A son tour, il hurla de douleur.
Raymond se désintéressa vite du spectacle, pour se retourner vers l’autre personnage, lequel contemplait la scène, un rictus moqueur collé à ses lèvres.
- Excusez-moi, Sem, c’est ca ?
Le concerné acquiesça.
- Je ne connais que votre nom, et celui de votre compagnon de route. Pourriez-vous m’éclairer sur le reste ?

~


Qui était Sem ?
Tout ce qui se trouvait autour de lui criait « Un savant ».
Le code vestimentaire à la fois négligé et luxueux, accompagné de l’inséparable blouse blanche.
La multitude de sacs encombrants qui l’accompagnaient, assurément remplis d’une grande quantité de calculettes, de livres innombrables, de graphiques inexplicables, de bonbons pour la gorge…
Puis, il y avait le Disciple surexploité, constamment torturé par un maitre infâme. Qui, exception faite d’un scientifique légèrement imbu de sa personne, jugerait avoir assez de valeur pour s’encombrer d’un esclave ?
Personne. Sem était bien un savant.

Il n’était pas un chercheur parmi tant d’autres, l’un de ceux qui se contente de suivre la masse.
Non. Si son invention qui avait le mieux fonctionné restait le glorieux « Fil à couper le beurre », il possédait d’autres trophées à son palmarès.
Certes, ses idées farfelues, ses réflexions illogiques, lui avaient rapidement attiré la haine de ses collègues.
Oui. Il ne pensait pas comme les autres. Alors que le reste de la communauté semoulesque cherchait les raisons de leur existence dans l’ensemble des domaines scientifiques 2, Sem considérait que la réponse à cette question se trouvait dans la construction, puis l’étude, du peuple semblable au leur, afin de comprendre pourquoi les Semoules s’étaient retrouvés dans un saladier géant, dans un univers vide d’existence, sans aucun souvenir de leur passé.
Il s’était alors lancé dans l’écriture du créationnisme, un véritable mode d’emploi pour les bâtisseurs de monde. Ce gigantesque ouvrage, considéré comme l’œuvre de sa vie, mit des années à être achevé. Pour être hué par ses confrères. Sem fut massacré, humilié, ridiculisé. Ses crédits furent coupés, et le grand savant condamné à travailler dans les domaines les plus ennuyants de la science : L’amélioration du système de ramassage des ordures, la vérification du bon fonctionnement des véhicules d’entretiens…

Notre héros avait perdu tout espoir d’un quelconque changement quand Raymond déclencha la catastrophe.

Par chance, La destruction du saladier n’avait pas entrainé la fin des succursales interstellaires 3.
Toutes les matières premières étaient à portés. Il lui manquait seulement un peu d’argent.
La Banque des Semoules ferait l’affaire. En partie ravagée par l’explosion, la plupart des gardiens catapultés dans l’espace… C’était parfait.

N’écoutant que son courage, ainsi que son envie de voir son projet aboutir, Sem prit d’assaut la forteresse monétaire. Il se faufila entre les pièges, aidé en cela par les multiples ustensiles de nettoyage dont il avait contribué à la création, lesquels se rappelant encore de l’être qu’ils nommaient autrefois, avec énormément d’affection, « Tonton Sem ».
Aucune porte ne résista à sa hargne. La B.C.S. 4 fut vidée de fond en comble. C’est juste avant de sortir que le Semoule se souvient d’un détail. Dans le bureau du directeur se trouvait surement un nombre incroyable de passe-droit pour les zones dangereuses, ainsi que des bons pour les véhicules prioritaires…

Seulement, dans le bureau du directeur, il y avait le directeur. Un bonhomme rond, au demeurant sympathique, mais qui, malheureusement pour lui, avait participé à la mise au ban de Sem. Pourquoi se contenter des passe-droits alors qu’on peut embarquer l’une des figures du Saladier ? Le savant se posa la même question.
Puis embarqua le dénommé Solom, maitre incontesté de la plus grande banque de l’avant Big-bang. Il pouvait être utile. Conscient qu’il faudrait tout de même brouiller les pistes, le Semoule rentra illico presto chez lui, embarqua tout son matériel, le rangea dans des sacs, pour finalement empiler ces derniers sur le dos de son nouveau compagnon de voyage.
La suite, nous la connaissons. Alors qu’ils marchaient sur les routes, à la recherche d’une base valable pour leur monde, une comète manqua de les écraser.

~

- Et le fameux bouquin, on peut le voir ?
Solom bondit sur Raymond, tentant de le bâillonner. Trop tard. Le mal était fait. Il n’eut plus qu’à retenir son geste, histoire de ne pas passer pour un malade mental.
Tout en levant un sourcil interrogatif quand au comportement de l’ex directeur de la B.C.S, Sem hocha de la tête.
- Ca va de soi. Disciple, va chercher le manuel. Dans l’un des sacs marron.
Le visage de l’interpellé devient translucide. S’il n’assurait pas avec une défense d’enfer, sa vie risquait fort d’en pâtir.
- Euh… Vous vous rappelez le moment ou je vous ai proposé de vous pousser, majestueuse majesté ? Quand cet énergumène nous fonçait dessus sous la forme d’une boule de feu.
- Oui.
- Eh bien, vous ne m’en avez pas donné l’ordre. Du coup, je suis resté coi. Je suis un être très obéissant, voyez vous. Du coup, quand il percuta le rocher sur lequel je me trouvais, je fus légèrement secoué, mon seigneur. Ce qui entraina la chute intempestive…
Sem comprit.
- Tu veux dire que mon œuvre, le travail de toute une vie, a été catapulté dans le vide, à cause de ton incompétence ? Pourquoi n’a tu pas plongé à sa rescousse ?
L’art de rester calme dans les circonstances les plus dramatiques, tout en s’énervant pour des broutilles.
- Un seul mot de vous, et je l’aurais fait. Hélas… Vous étiez déjà en train de vous précipiter vers l’autre.
Le savant inspira un grand coup, puis se retourna vers Raymond.
- Je vais avoir besoin d’un nouveau souffre douleur. Je dois compenser le manque de données par une performance plus grande. À vrai dire, si je n’ai qu’une personne à tabasser, mes nerfs risquent de craquer. Cette horrible perte est en partie due à votre personne. Vous venez avec nous.
Raymond le regarda d’un air amusé.
- Et si je refuse ?
- Vous ne refuserez pas.
- Ben si, je refuse.
Le visage de Sem devient totalement inexpressif. Puis, tout en douceur, il sortit un magnifique objet métallique, qui, au nombre de canons, semblait être une arme. Pour le pointer sur la tête du contestataire.
- Il m’a sorti le même argument, lors de notre rencontre. Je n’ai pas moufté. Je vous conseille d’accepter. Il a l’air d’être assez fou pour vous descendre, souffla Solom à l’oreille du Semoule.
- Bien.
Raymond se retourna vers le savant.
- Pas de possibilité de négociation ?
- Non.
- Rémunération ?
- Aucune.
- Horaires ?
- Disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
- Repas ?
- Peu fréquents.
- J’accepte.
- Vous avez fait le bon choix. Votre nom ?
- Raymond.
- Bienvenue, Raymond.



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