Terres natales [RP concerté]

Grendelor avait été surprise quand Nichiren lui avait parlé de visiter sa planète natale. Puis elle s'était dit que c'était une occasion de passer du temps ensemble et de lui faire découvrir les personnes qui comptaient pour elle. Aussi s'était-elle attelée à la tache de la préparation du voyage avec entrain. Bien évidemment, la rumeur s'était vite répandue sur Warifi et les vacances se transformèrent rapidement en visite officielle. Exit l'arrivée discrète par téléportation, il leur faudrait un vaisseau pour faire le trajet. Détail qui avait profondément ravi son mari, au grand étonnement de la jeune femme.

Tout était enfin prêt et Grendelor attendait le chevalier, qui semblait avoir encore disparu, près de l'Alouette, le vaisseau personnel de l'Impératrice.

Le chevalier arriva près de sa femme avec un regard plein de surprise et d'étonnement, il embrassa sa femme puis ne put contenir son enthousiasme : "Waaaaa il est vraiment beau ce vaisseau et si grand aussi c'est vraiment impressionnant !".

La jeune femme rougit légèrement et murmura
« Le décorum tu sais... »

"Il y a tant à découvrir, et je veux le découvrir avec toi, tu m'avais dit que l'espace c'est immense comme une nuit intense et la pesanteur n'existait pas. C'est vraiment vrai ?"

Se reprenant, elle ajouta avec un sourire.
« Allons viens, je te fais visiter, tu pourras constater par toi-même pendant le trajet la beauté de l'espace. »

Prenant son mari par la main, elle l'entraina à l'intérieur de l'Alouette. Le sas d'entrée se présentait comme une antichambre. Les parois étaient tendues de velours rouge et un siège attendait les visiteurs.
"C'est beau ici, on dirait une sorte de mini palais dans le vaisseau, c'est volontaire ?"
« Oui, pour les voyages officiels je dois pouvoir recevoir mes homologues dans un décors correspondant à mon niveau si je puis dire. »

Ils passèrent ensuite dans une longue coursive desservant les différentes pièces du vaisseau. Sur la droite, l'on trouvait la chambre de l'Impératrice, un grand salon avec une verrière pour profiter de la vue sur l'espace et 3 cabines plus petites pour les invités. Tout au fond, on accédait à la soute, qui ressemblait à n'importe quelle autre soute. Ici pas de décors qui pourrait être abimé lors des séances de chargement/déchargement. Remontant la coursive, ils entrèrent dans la cabine de pilotage. Simple mais esthétiquement profilée, deux sièges étaient fixés face à un long tableau de commandes.

« Voilà l'endroit où nous allons passer le plus de temps pendant le trajet »fit Grendelor en souriant.
"Tous ces boutons ! Tu es capable de conduire ce vaisseau, les prouesses des gardiennes de la paix de Warifi sont vraiment indiscutables, j'ai de la chance d'avoir épousé une véritable génie." Fit le chevalier visiblement ravi de découvrir d'autres facettes de personnalités de sa douce femme. Ravi également de découvrir sa planète natale, là ou elle avait grandi. Cette planète dont elle avait beaucoup parlé mais bien rare sont ceux qui effectivement avaient visité ces lieux. Le lion d'or se sentait privilégié en tout cas, il regardait sa femme avec douceur, puis l'embrassa tendrement, la regardant avec des yeux pétillants, il lui dit alors :
"C'est un voyage rien que nous deux et je suis si content."

Grendelor rougit sous les compliments.

« A la base il doit y avoir un pilote mais comme je suis très... indépendante, j'ai appris à le faire moi-même. Ça a l'air compliqué comme ça mais c'est en fait assez simple. Je te montrerais si tu veux. J'ai déjà fait monter nos affaires dans la soute, donc si tu es prêt nous partons. »

La jeune femme regardait son mari avec bonheur. Enfin ils allaient être juste tous les deux. Évidemment la véritable tranquillité ne durerait que le temps de rejoindre Warifi, mais, mis à part un dîner officiel qu'elle n'avait pu éviter, ils seraient libre de leurs mouvements une fois sur place. Elle était impatiente de présenter le chevalier à ses sœurs et de prendre de leurs nouvelles. Cela faisait plus de 3 mois qu'elle n'était pas retournée les voir et elle s'en voulait un peu. La soute était en partie remplie de cadeaux pour sa famille d'adoption.

"Je suis prêt c'est quand tu veux." Fit il avec un sourire.

Hochant la tête, elle l'invita à s'asseoir et à attacher le harnais de sécurité du siège. Faisant de même, la jeune femme commença à pianoter habilement sur le tableau. Un léger chuintement annonça la fermeture de la porte extérieure. Un bruit sourd monta des entrailles du vaisseau quand les moteurs se mirent en marche. Concentrée, les yeux, rivés sur les différents cadrans, Grendelor vérifiait les paramètres de survie avant le décollage. Satisfaite, elle avait elle-même fait la révision de l'Alouette dans la semaine, elle entra une série de commandes et le vaisseau commença à s'élever doucement. La poussée était légère mais une fois l'altitude suffisante une accélération soudaine plaqua le chevalier et sa femme contre le dossier de leur siège pendant que l'Alouette fendait le ciel pour rejoindre l'espace.

La traversée de l'atmosphère se fit dans des délais très courts et sans encombres, quelques turbulences rien de plus. Le chevalier avait l'habitude en fait de ce genre de vitesse, lui même pouvait l'atteindre, mais pas en étant immobile cependant. Le calme arriva et l'espace fut visible, immensité noire pleine d'étoiles au lointain comme une nuit sans fin. Le chevalier était éblouit par ce spectacle, mais une autre découverte lui donnait un sentiment autant enthousiasme que de stupeur, il voyait la planète qui accueillait le continent de Ter Aélis, une planète bleue avec de nombreuses autres couleurs, une planète ronde et immense qui commençait à s'éloigner peu à peu.

"..."

Le chevalier n'arrivait plus à retrouver ses mots tellement le spectacle était grandiose. Il se détacha de son siège et là c'est le drame, en effet la pesanteur n'étant pas établie, le chevalier se mit alors à flotter dans les airs !

Grendelor éclata de rire devant le visage stupéfait de son mari.

« J'aurais du te prévenir, la pesanteur n'est pas encore établie, pas tant que nous sommes toujours dans l'accélération. Cela facilite l'absorption de la poussée. » Avec un sourire taquin elle ajouta « Veux-tu que je la rétablisse maintenant? »

Nichiren réfléchit, puis répondit :
"Non, sinon je vais m'étaler sur le sol, et puis c'est pas si mal, pour une fois que je vole dans les airs."
Le regard taquin, il approchait, flottant dans les airs et s'accrocha au niveau du siège de Grendelor : "Un bisou ? Jeune et charmante demoiselle."

La dame turquoise sourit à nouveau et, après avoir rentré de nouvelles commandes, détacha son propre harnais, rejoignant le chevalier flottant dans la cabine.

« Fais attention à ne pas faire de mouvements brusques. Il faut se déplacer tout en douceur. Sinon tu risques une belle bosse ou pire si tu n'as pas de chance. »

D'un geste mesuré, la jeune femme tendit le bras et attrapa Nichiren. Se collant à lui, elle l'embrassa doucement. Puis, comme démonstration, elle appliqua une brusque poussée sur le torse du chevalier qui commença à tourner sur lui-même. Grendelor, elle, percuta son siège avec le dos, sans mal.

"Woooaaah doucement quand même mon amour, c'est pas encore l'heure pour faire des manèges voyons" Fit le lion d'or dans un éclat de rire.

« Désolée, cela fait longtemps que je n'ai plus pratiqué et j'ai mal dosé ma force »

En quelques mouvements gracieux, la jeune femme rejoignit son mari et l'embrassa.

« Comme tu peux le voir cette histoire d'apesanteur est vraie. Veux-tu aller dans le salon pour profiter de la baie d'observation? La vue y est meilleure qu'ici. Le pilotage est en automatique et s'il y a un problème une alarme nous préviendra. »

"D'accord, je veux bien, mais avant un petit dilemme, on y va en volant, en marchant ou ... en nageant ?" Le chevalier étouffa un rire puis il poursuivit alors : "Viens m'attraper si tu le peux !" Une chose de sur, le chevalier était d'excellente humeur pour ce voyage.

Soupir faussement désabusé, sourire en coin, Grendelor s'élança derrière son mari qui maîtrisait de mieux en mieux le déplacement en apesanteur. Heureusement pour elle, il avait encore du mal avec le freinage et le changement de direction aussi c'est elle qui passa la porte du salon en premier en criant :
« J'ai gagné! »

"C'est pas juste, je n'arrive pas à user de ma vitesse sans la gravité pour m'élancer." fit le chevalier d'un air faussement boudeur.

Flottant dans les airs, tenant la douce main de sa femme, il regardait avec elle le panorama spatial qui s'offrait à eux. Des étoiles à pertes de vue, Ter Aélis qui avait déjà été dépassé et qui pouvait être vu de tellement haut que la réflexion "je vois ma maison" ne serait plus d'actualité.

"C'est immense, c'est l'espace ! Tout cet espace, tout ce vide, cette nuit éternelle avec pour seule compagnie toi, mon amour et les étoiles."

Pour cette fois, ils volaient tout les deux, dansant doucement dans les airs dans un slow romantique, une valse lente et dérivante que seul l'apesanteur avait le secret. Ce fut au bout d'une dizaine de minute d'une danse, douce les yeux dans les yeux que ceux de chevalier s'écarquillaient d'une crainte future.

"Je m'inquiète un peu quand même, quand est-ce que la pesanteur sera rétablie en fait .... pour éviter de tomber comme des enclumes ?"

Douce romance, moment de calme et de volupté.

"Je m'inquiète un peu quand même, quand est-ce que la pesanteur sera rétablie en fait .... pour éviter de tomber comme des enclumes ?"

Grendelor sourit à l'inquiétude de son mari.

"Elle est pour le moment bloquée, il va falloir la rétablir manuellement" expliqua-t-elle avec un clin d'oeil.

Entrainant Nichiren dans son sillage, la jeune femme regagna le poste de pilotage, s'harnacha au siège qu'elle occupait auparavant et invita son mari à faire de même. Avec à peine plus de contorsions qu'il ne lui en avait fallu celui-ci réussi l'épreuve en gardant le sourire. Une fois installés, elle rentra une nouvelle série de commandes. Un poids sembla alors leur tomber sur les épaules et il leur fallut quelques minutes pour s'y réhabituer. Vérifiant quelques données, Grendelor annonça :

Nous avons encore 2 jours complets de voyage. Avec un air d'excuse, elle ajouta : Il va falloir que je te fasse un petit cours sur la vie et la politique de ma planète.

Pas le moins du monde dérangé par cette idée, le chevalier s'enthousiasma au contraire

"Je veux tout savoir de là où tu as grandi !"

Avec un sourire tendre, la jeune femme hocha la tête.

Très bien. Par contre je préfère rester près des commandes. Même si le pilote automatique se débrouille très bien j'aime être prête à réagir. En plus il y a tout le confort ici.

Détachant son harnais, elle se leva et appuya sur une console. Un pan de parois glissa, révélant une réserve de boissons et de quoi manger. La jeune femme se servit un pineau et laissa Nichiren choisir ce qu'il voulait. A nouveau sur son siège, assise en tailleur, elle suivait du regard les mouvements de son mari.

Il faut savoir qu'il existe trois peuplades différentes sur Warifi, correspondant à 3 continents. C'est une petite planète, aussi chaque continent à une caractéristique climatique particulière unique. Le climat change peu d'un bout à l'autre du continent. Elle avait pris un ton docte mais doux. Commençons par les Ettins. Ils sont plutôt petits, à la peau dorée, et vivent sur un continent essentiellement désertique. Ils ont développé de grande capacités de pisteurs, sont très endurants et pratiquent surtout le troc. Les Norns occupent le plus grand continent, au climat plutôt tempéré. Ce sont des négociants dans l'âme, ils ont développé une agriculture et une industrie efficace tout en préservant leur environnement. Ils sont plutôt grands et ont la peau claire. Enfin les Grendels vivent sur un continent composé essentiellement d'une grande forêt tropicale, dense, humide et très sombre. Ils sont grands, à la peau très pâle et ont une grande capacité à lire les émotions des gens.

Nichiren écoutait attentivement, s'efforçant de déterminer de quel peuple était issu sa femme.

Depuis la création de l'Empire, il y a environ un millénaire, les échanges entre ces peuples ont beaucoup évolué et le brassage est très important. Les lignées "pures" deviennent très rares mais à vrai dire ce n'a aucun sens pour nous. La notion de généalogie n'existe pas si ce n'est celle immédiate des parents, frères et soeurs.

Elle réfléchit un instant à ce qu'elle pourrait ajouter.

Ha oui, contrairement à ce qu'on pourrait croire, la magie et autres pouvoirs sont très rares. Cependant, ils existent à l'état latent chez le moindre individu et sont facilement réveillables. Sur Warifi, l'environnement n'y est pas favorable, mais ceux qui voyagent beaucoup et se retrouvent exposés à de grands champs magiques reviennent souvent avec des "dons" qu'il leur faut apprendre à gérer. Il y a donc une sorte d'école, connue sur toute la planète, où viennent ceux qui se retrouvent soudainement affublés d'un pouvoir qu'ils ne connaissent pas. C'est ici que les quelques véritables mages les prennent en charge afin qu'ils ne soient pas en danger ni ne soit un danger pour les autres, leur apprennant le contrôle avant de les renvoyer à leurs occupations. Je suis un cas à part car j'ai été exposée à une champ magique très puissant et que, visiblement, le mélange des peuples est très équilibré chez moi. J'ai donc développé des particularités que l'ont retrouve dans chacun d'entre eux : télépathie, empathie et magie.

Fixant d'un regard incrédule son verre déjà vide, mais parler donne soif c'est bien connu, Grendelor sourit à Nichiren.

Bon je ne vas pas t'assommer de cours non plus. Demain je te parlerais de la politique et ce sera bien suffisant pour affronter ma famille, fit-elle avec un sourire.

Le sommeil avait gagné les tourtereaux qui partageaient la chambre diplomatique où un grand lit les attendait. Ils s'endormaient sans aucun soucis, le pilote automatique enclenché ainsi que le détecteur de collision. Rien ne pourrait atteindre ce vaisseau qui pouvait anticiper jusqu'à 10000 cas de figures de la simple météorite à la comète périodique. Des contres-mesures automatisées étaient aussi une solution aux tirs de pirates de l'espace si jamais ils appliquaient.
Mais la nuit se passa sans incidents et le réveil fut agréable, notamment à la simulation et à la stimulation lumineuse qui copiait les effets d'un soleil.
Le chevalier toujours curieux demanda désormais les aspects protocolaires et politiques de Warifi, s'ils étaient différents des coutumes Aélissiennes, Ogamienne, Terrienne ou d'autres dimensions lointaines.

Mais une chose de sûr, le peuple de Warifi serait sans doute plus accueillant que le peuple Terrien et sans doute plus évolué. Ils avaient un rapport à la magie différent, pouvant l'accumuler (avec un seuil de tolérance) et non l'apprendre (d'où la création d'une école pour la maitriser) ou encore l'avoir un don inné. L'exposition à la magie est rare, ce qui implique que les moyens de magimancie, objets ou vecteurs soient occasionnels au gré de fouilles ou encore de voyages. Vraiment le peuple de Warifi, humain avec des prédispositions innées est plus réceptif à la magie qu'un terrien, ce qui implique une culture bien différente. Nichiren s'était interrogé sur les aspects de la magie et ses répercutions selon les peuples, lui n'en étant pas un, mais essayant d'en démêler les fils afin de les comprendre. Beaucoup de civilisations la fondent à partir d'elle et Warifi n'en faisait pas exception.

"J'aimerai bien connaitre la politique de Warifi dont tu en es l'impératrice ainsi que les usages, les coutumes et la bienséance."

Grendelor souria et commença à expliquer la politique de Warifi.

Une nuit dans l’espace étoilé. Seuls au monde, comme deux naufragés. Ivresse du moment.
Aucune alarme n’avait troublé le repos du chevalier et de sa dame. Le voyage se déroulait sans heurt.

A peine debout, Nichiren s’enthousiasmait déjà de sa prochaine leçon, tel un enfant avide d’apprendre. Souriante, toujours autant charmée par les manières fraîches et prévenantes de son mari, Grendelor commença un rapide aperçu de la politique warifienne.

Comme tu le sais déjà, l’Empire est un matriarcat. Tout en haut de la hiérarchie se trouve l’Impératrice, qui officie jusqu’à l’âge qu’elle souhaite ou jusqu’à ce qu’elle incapable d’exercer le pouvoir. Dans les faits, les Impératrices règnent dès leurs vingt ans et jusqu’à 50-60 ans. L’Impératrice est secondée par 4 Grandes Prêtresses comme on les appelle. Ce sont des femmes qui ont suivi la même formation à gouverner que l’Impératrice et ce en même temps qu’elle. Normalement, elles forment un groupe soudé et complémentaire, ayant développé des liens durant leur enfance. Ce sont ces 5 femmes qui forment le gouvernement de l’Empire. A elles 5, elles contrôlent tous les pans de la vie du peuple. Elles sont secondées par un Conseil, de 12 personnes, hommes et femmes à égale représentation.

La jeune femme suivait sur les traits de son mari les idées et interrogations qui germaient en lui, s’efforçant de les anticiper.

Il y aurait beaucoup à dire, je vais me contenter des grandes lignes de l’idéal qui réunit notre peuple. Nous sommes pacifistes. Nous croyons en la paix. Pour autant, comme tu as pu le remarquer, j’ai suivi une formation au combat très intense. Car si nous sommes pacifistes, nous ne sommes pas utopistes. Nous savons bien que dans l’Univers nombre de gens sont totalement imperméables à cette idée. L’Empire a donc une flotte de combat, même si elle est réduite. Elle sert surtout à défendre Warifi et les colonies des attaques des pillards. A force de diplomatie, les Empires voisins ont fini par comprendre qu’ils n’avaient pas gain à nous attaquer. Leurs vaisseaux revenaient bien souvent vides et parfois moins nombreux. Alors que ceux qui ont noué des relations commerciales avec nous s’en sont toujours trouvé très contents. C’est là-dessus que nous jouons : la diplomatie et le commerce. Cela nous permet de créer des liens et de répandre nos idéaux.

Grendelor se leva pour leur servir deux jus de fruits. Tendant son verre à Nichiren, elle but le sien avec délectation.

Un point délicat à exposer est le choix de l’Impératrice et de ses prêtresses. Contrairement à beaucoup d’autres empires où la succession se fait au sein d’une même famille, sur Warifi c’est plus simple mais plus mystérieux.

Elle s’arrêta un instant, réfléchissant à la meilleure façon de présenter les choses.

Chez nous, toutes les grossesses sont répertoriées et suivies de manière à connaître le sexe de l’enfant et le jour de sa naissance. Tous les vingt ans environ, 5 femmes à travers l’Empire tombent enceintes le même jour et donneront naissance à une fille le premier jour de l’année. Ce sont ces cinq enfants qui deviendront l’Impératrice et ses Prêtresses. C’est assez mystérieux car personne ne comprend comment il est possible qu’elles soient toujours uniquement 5 alors que l’Empire s’agrandit de jour en jour. Toujours est-il que ces enfants sont enlevés à leurs parents le jour de leur naissance pour être élevés au Palais afin de recevoir l’éducation nécessaire à leur futur rôle au sein de l’Empire. Ainsi, il n’y a pas de discrimination de classe, de religion ou de quoi que ce soit d’autre dans le choix des futures dirigeantes.

Avec un soupir résigné, elle termina.

Cependant c’est quelque chose de très mal perçu dans les autres peuples et, pour l’avoir vécu, c’est parfois difficile à supporter. Nous sommes séparées de notre famille jusqu’à l’âge de 15 ans. Eux sont tenus au courant, reçoivent lettres et photos fournies par le Palais, mais nous ne savons pas. Tout est révélé pour nos 15 ans quand nous partons à travers l’Empire. Cela donne lieu à une grande fête et il est très émouvant de voir ses amies se jeter dans les bras de leurs parents retrouvés, faire connaissance avec leurs frères et sœurs…

La voix de Grendelor était passée dans un registre très neutre qui démentait l’émotion évoquée. Ce moment rouvrait visiblement une blessure. Le chevalier prit la main de sa femme et lui baisa doucement le bout des doigts, la laissant se reprendre avant de continuer.

Je crois que c’est tout ce qu’il y a à savoir pour le moment. Mais si tu as des questions n’hésites pas. Tu rencontreras bientôt mes sœurs et toute ma famille d’adoption au Palais. Demain soir un grand dîner sera donné en notre honneur et ensuite nous pourrons nous esquiver pour que je te fasse découvrir la planète.

Le sourire était revenu sur le visage de la dame turquoise et c’est avec malice qu’elle proposa sa première leçon de pilotage à Nichiren.

Nichiren resta grave à l'annonce du passé de Grendelor à savoir sa formation qui a nécessité le fait qu'elle ait été enlevé de ses parents pour devenir l'impératrice de Warifi, un destin lourd pour des supposés biens nés. Une très lourd sacrifice de priver de famille pour le bien de la planète. Le chevalier en était triste, c'est triste d'être enlevé et d'être placé dans l'ignorance de ses origines, quelle qu'en soit les raisons.

"C'est tiste d'enlever des enfants si jeunes pour ce destin haut placé, je comprend que c'est pour le bien de Warifi, mais c'est aussi une peine et un fardeau triste quand même d'être privé de son passé uniquement pour l'avenir de Warifi, c'est un bien triste héritage et un sacrifice immense."

Nichiren arrêta son discours après quelques inspirations, puis repris la parole.

"Même si c'est pour le bien, c'est courageux de vivre ainsi autant que c'est douloureux, toutefois le bien et l'harmonie règne avec ce sacrifice, mais je trouve que c'est parfois cher payé. Beaucoup plus pour ceux qui n'ont pas eu de parents et qui se retrouvent seuls quand les autres enfants revoient les leurs."

Le chevalier prit la main de sa dame, doucement en lui disant qu'elle a une famille immense qui est Warifi elle même et qu'elle devait être fière d'être l'impératrice de la paix, que même au delà de Warifi elle a une famille, et qu'un jour elle en fondera une et qu'elle serait plus qu'une impératrice, mais une mère accomplie et une femme comblée.

Grendelor sourit tendrement à son mari. Malgré la tristesse qui lui resterait toujours de n'avoir pu connaître sa "véritable" famille, elle avait depuis tissé des liens au moins aussi forts, si ce n'est plus, avec des personnes qui formaient aujourd'hui un cocon familiale où elle pouvait se réfugier en toute sûreté.

Le reste de la journée fut occupé à familiariser le chevalier avec les commandes du vaisseau. L'Alouette, bien que d'une taille conséquente, était fort maniable et rapidement Nichiren s'amusa à contourner les météores qui se trouvaient sur leur route, sous la vigilante surveillance de sa femme bien entendu.

En début de soirée, si tant est qu'on puisse parler de soirée lors d'un voyage spatiale, ils pénétrèrent dans le système solaire de Warifi. Grendelor reprit les commandes, ralentissant leur vitesse et envoyant un message au Palais pour signaler leur approche.

Nous atterrirons demain en début d'après-midi, heure locale, fit la jeune femme en souriant. En elle l'excitation et l'impatience de retrouver sa famille du Palais le disputaient à l'envie de rester des jours encore seule avec son mari.

Afin de profiter au maximum de ces moments de tranquillité, elle leur prépara un dîner aux "chandelles" (sauf que dans un vaisseau spatiale on évite ce qui prend feu). Ambiance intime et joyeuse, une douce mélopée résonnait dans tout l'appareil.

Un diner aux chandelle, romantique avec un repas de la haute diplomatie, un repas délicieux qui était un met de Warifi aussi bon et délicieux qu'un poulet au curry, mais différent. Il s'agissait de quelque chose de local que Grendelor montrerait une fois sur place pour plus de mystère. Le champagne et le vin par contre n'était pas de Warifi et était tout bonnement délicieux.

Le vaisseau est vraiment surprenant ainsi que les différents mets présentés, Warifi serait tout aussi impressionnant. Le chevalier se demandait à quoi elle ressemblerait la planète.

"J'ai hâte mon amour de découvrir ton chez toi, là ou tu as passé ton enfance et les personnes qui ont partagé ta vie."

Après le repas, le vaisseau annonça une comète visible au loin, sans aucun danger pour le vaisseau. Ainsi Le chevalier et sa femme se levèrent pour regarder la comète qui laissait trainer sa longue chevelure au lointain.

Debouts face à la verrière, ils contemplaient le passage d’une comète, vision fugace mais magique, comme la Vie. Grendelor se tourna vers Nichiren et l’embrassa longuement. Le vin lui faisait tourner la tête et ses joues étaient enflammées. Se réfugiant contre le corps fin et musclé du chevalier, elle picora son cou de baisers avant de lui tendre la main en souriant. Dans un pas de danse sensuel, elle l’emmena jusqu’à leur cabine.

Toujours aussi attentionné, Nichiren apporta le petit déjeuner de sa femme au lit. S’étirant langoureusement, la jeune femme sourit à son mari avant d’attaquer avec appétit son repas. Il ne restait que quelques heures avant l’atterrissage. L’Impératrice les passa à se préparer avec soins, coiffant sa longue chevelure en une lourde natte qui s’appuyait sur son épaule gauche. Bien que sa robe soit de la coupe habituelle de celle qu’elle portait, elle était finement ouvragée de broderies et de gemmes qui en faisaient une pièce unique à la hauteur du prestige de l’Impératrice. Parée de bijoux fins et discrets, elle portait nombre de cadeaux qu’elle avait reçu de sa famille aelissienne. Un parfum léger et frais l’entourait rappelant la fragrance du printemps.

Le chevalier n’était pas en reste et son armure dorée resplendissait sous la lumière crue du vaisseau. Ses cheveux flamboyant et éternellement décoiffés étaient aujourd’hui disciplinés. Ses yeux verts pétillaient d’impatience et d’excitation.

Les dernières heures filèrent à une allure astronomique et bientôt l’Alouette entama sa descente dans l’atmosphère, l’Impératrice aux commandes. Sous les nuages apparurent bientôt d’immenses étendues d’eau. On ne distinguait que 2 des 3 continents, l’un rouge-ocre, le second, plus grand, vert clair. Le vaisseau se posa tout en douceur sur l’astroport de Maïona, la capitale de Warifi. Légèrement nerveuse, Grendelor enlaça ses doigts dans ceux du chevalier et commanda l’ouverture de la porte de sortie. La lumière inonda le couple. Le soleil brillait haut dans le ciel alors que l’air d’une chaude journée de printemps les accueillait. Eblouis, ils ne distinguèrent pas tout de suite la foule massée autour de l’appareil et ce fut seulement en entendant les vivats qu’ils en mesurèrent l’ampleur. Souriante, Grendelor s’avança et descendit les quelques marches qui la séparaient du sol, suivie de son mari. Le peuple acclamait le couple selon la formule rituelle, appelant Paix et Prospérité sur les dirigeants et la planète. En bas, les attendaient ses quatre sœurs ainsi que les membres du Conseil. Chaleureux malgré le protocole, l’accueil emplit le cœur de la jeune femme de joie. Celle de se retrouver parmi les siens, à sa place. Cette réaction la surprit, alors même qu’elle se sentant chez elle en Ter Aelis. Elle avait bien deux Terres en son cœur et deux Familles.

Après les formules de bienvenue traditionnelles, le cortège partit, à pieds, jusqu’au Palais qui se trouvait en plein cœur de la capitale. Si les routes étaient dégagées, une masse grouillante de badauds attendait avec avidité le passage du couple Impérial. Discrètement, Grendelor décrivait chaque membre du cortège à son mari. La grande et brune Tikra, à la démarche d’un chasseur en affût, la petite et ronde blondinette Naïcha, Lika et ses longues robes laissant parfois apparaître l’éclat argenté d’une dague, Sentana aux cheveux roux flamboyant qui s’appuyait nonchalamment sur un long bâton pour marcher. Ainsi, deux de ses sœurs étaient clairement armées, rappelant leur rôle de Gardiennes. La dame turquoise avait elle-même passé ses revolvers à sa ceinture, leur crosse d’ivoire brillant au soleil. Le Conseil suivait derrière eux, solennel.

Il leur fallut pas loin de deux heures pour traverser la ville jusqu’aux portes du Palais. Entouré de jardins resplendissants, il y régnait une ambiance affairée mais légère. Ses sœurs les escortèrent jusqu’à leurs quartiers avant de les laisser sur les dernières recommandations de Tikra.

« Reposez-vous. Le dîner commencera vers 19h et ça risque d’être long. Nous aurons du temps pour discuter demain une fois que les choses seront revenues à la normale. »

Son regard aussi noir que ses cheveux se posa sur le chevalier un instant avant qu’apparaisse fugitivement un sourire. Se penchant à l’oreille de Grendelor, elle lui chuchota quelques mots qui firent éclater de rire la jeune femme alors qu’elle lançait un « Trop tard ! » joyeux. Laissant ses soeurs, Grendelor et son mari entrèrent dans la suite Impériale.

Dans la loge impériale, tout était si immense, riche en couleur et en décorations grandioses mais pas superflue, juste assez pour ne paraitre excessif et ostentatoire. Les variations de couleurs se détectait en fonction du soleil de Warifi et son degré d'ensoleillement.

Tout était immense en tout cas au niveau du palais, de ses jardins. Les sœurs de Grendelor étaient toutes différentes et certaines étaient d'ailleurs armées, de manières diverses. En rien elle n'étaient faibles et devaient au moins être aussi puissantes que ne l'était la dame turquoise elle même. Le chevalier avait remarqué la surveillance de Tikra ainsi qu'un légère empathie qui l'envahissait sans trop comprendre les intentions, sans doute autant de méfiance que de réjouissance, après tout il est bien normal de se méfier un peu des personnes encore inconnus qui ne demandent à être découvertes et appréciés.

Le chevalier avait ouvert ses affaires pour sortir un costume, hésitant beaucoup mais à ce moment là seul l'avis féminin de sa femme pourrait le départager de son dilemme.

"Ma douce amour, si tu le souhaites, je peux m'habiller avec un costard beaucoup plus chic plutôt que mon armure, afin c'est à ta convenance, je ne voudrais pas faire de mauvaises impressions au diner de ce soir, ni brusquer, ni faire de torts."

Grendelor considéra la remarque du chevalier un instant. Pour finir, elle déclara.

Tu as vu que mes soeurs étaient armées? Le jeune homme hocha la tête, le détail n'étant pas passé inaperçu. Elles le seront tout autant ce soir, et moi aussi. Non pas qu'il y ait quoi que ce soit à craindre lors du repas mais bien parce que cela fait partie de nos attributions. Elle s'assit sur le lit, entrainant son mari auprès d'elle pour continuer la conversation. Comme je te l'ai dit nous sommes pacifiques mais pas utopistes. Le rôle de l'Impératrice et du gouvernement est d'apporter paix et prospérité. Pour cela nous devons être prêts à défendre notre peuple. Maintenant que nous sommes mariés, c'est aussi ton rôle et, plus précisément, tu veilles sur ma vie. Un grand sourire éclaira le visage du chevalier qui embrassa Grendelor.

Je te protégerais toujours ma reine.

La jeune femme sourit aussi avant de reprendre.

En te présentant en armure ce soir, tu montreras que tu prends ce rôle au sérieux et que tu es capable de l'assumer. Avec un ton espiègle elle ajouta, Bien sûr ne mets pas une armure rouillée, il faut avoir la classe tout de même !

Riant, sa femme reprit son rangement, bien que la plupart de ses affaires soient toujours à leur place dans les placards du Palais. Tout en se préparant, ils devisaient sur les caractères de chacun.

Ne te laisse pas impressionner par Tikra. Elle a toujours eu tendance à vouloir me protéger et donc cherchera à savoir tu es capable d'assumer ce rôle à sa place. Elle est très exigeante mais elle a un très bon jugement. Sous ses airs nonchalants de femme bien en chair, Naïcha cache un esprit acéré. Et ses ordres claquent comme le fouet qu'elle manie à merveille. Lika, celle qui a les cheveux argenté comme l'acier de ses dagues, est quelqu'un de très réservé. Si tu la regardes un peu trop longuement tu la verras rougir comme une adolescente alors qu'elle a déjà 2 enfants. Elle parle très peu mais ses paroles sont d'or. Pour finir, Sentana est celle qui me ressemble le plus en caractère, bien qu'elle soit plus calme que moi.

Nichiren écoutait avec attention sa femme, essayant de comparer ce qu'elle lui disait avec ce qu'il avait ressenti au premier contact. En même temps il l'aidait à natter sa longue chevelure en une myriade de tresses.

Il y a tellement de choses que j'aimerais te dire, sur elles, sur la vie au Palai, sur Warifi... mais ce soir je dois me contenter de l'essentiel. Le reste tu devras le découvrir au fur et à mesure de notre séjour.

Ils étaient enfin prêts. La main posée sur le bras de Nichiren, Grendelor le guida au travers des couloirs du Palais pour le mener à la salle de réception. Arrivés devant les doubles portes, on annonça leur entrée et les battants tournèrent, dévoilant une salle lumineuse et finement décorée. Pas de grands lustres ostentatoires, pas d'or ou de pierreries. Mais un mariage de subtiles touches, couleurs, tableaux, sculptures dans des niches, qui formaient un décors raffiné. Une petite centaine de personnes étaient là. Ils tournèrent tous la tête lorsque le couple entra. Les conversations ne s'arrêtèrent pas mais les regards et autres marques de respect formèrent une ambiance digne et sobre.

Une silhouette connue attira l'attention de Grendelor qui entraina son mari à sa suite, celui-ci se laissant faire tout en regardant autour de lui. En quelques pas il se retrouva devant le spectacle étrange de sa femme serrant dans ses bras un enfant barbu... Non, un nain. Celui-ci avait les larmes aux yeux tandis que Grendelor rayonnait de joie.

Nichi, je te présente Krapos. C'est le forgeron du Palais. C'est lui qui fabrique toutes mes balles ainsi que les autres armes. Et c'est un peu mon père adoptif.

Un grommellement gêné sortit de la barbe du nain avant qu'il ne se reprenne et ne réponde en s'inclinant.

Votre Majesté est trop gentille...

Grendelor le coupa.

Allons, ne joue pas à ça avec moi, tu sais bien que je déteste ça. Une lueur amusée passa dans l'oeil brun du forgeron. Je te rappelle que c'est toi qui m'as tout appris de la vie et pas seulement des armes et que c'est toi qui m'a donné plus d'une fois la fessée devant l'Impératrice...

...Pour des fautes commises par l'une de tes soeurs..

Qu'importe, balaya la jeune femme d'un geste de la main. Ne fais pas ton courtisan avec moi et j'éviterais de te donner une nouvelle fournée de filles à former quand tu auras l'âge de la retraite.

Cette répartie fit sourire les deux protagonistes. Ce devait être un sujet de plaisanterie qu'ils abordaient souvent. Se tournant vers le chevalier, le nain reprit son sérieux et le détailla de la tête aux pieds.

Solide... Bien équilibré... Il devrait survivre à la vie avec toi, conclut-il en souriant à Grendelor. Sa main se tendit vers Nichiren. Bienvenue sur Warifi, jeune homme. J'espère que vous vous y plairez et qu'ainsi on verra plus souvent notre fille!

"Enchanté de vous connaitre Maitre Nain Krapos, votre art et votre talent m'eut été compté autrefois, il y a un certain temps par la personne qui partage ma vie actuellement, mais j'ignorais que j'allais vous rencontrer en personne. D'après l'impératrice vous êtes le meilleur artisan forgeron et orfèvre de la planète et au delà, c'est un vrai honneur un rencontre telle que la votre."

Se tournant vers sa femme souriante et radieuse, il l'embrassa doucement, aimant voir ce regard plein de douceur et de candeur. On aurait dit que Grendelor était rajeunie en ces lieux, sans doute parce qu'elle se sentais de nouveau chez elle. Les souvenirs liés à son enfance et au début d'adulte se bousculait dans son esprit et empathiquement il fut aisé de découvrir tout ces moments nostalgiques parfois difficiles mais aussi empreint de bonheurs intenses et certains.

" Ma foi, vous avez une belle armure dites donc, rare voire unique en son genre."

"C'est exact, elle est unique si on prend par rapport à sa représentation, mais similaire à ses frères et sœurs au nombre de 12, en or et d'autres matières que votre œil exercé a pu déjà déceler. Grendelor m'avait demandé de ne pas prendre une armure qui rouille, mais l'or ne s'érode pas et représente le titre que j'incarne dans la protection de mon monde."

"Aussi un protecteur dans un monde, au nombre de 12, il doit y avoir de sérieuses menaces qui encourt votre monde, soyez prudent, jeune ami. De nombreuses menaces existent dans cet univers et mes longues années de nain a pu en découvrir certaines."

"Je prend vos mots avec respect et humilité Maitre Nain, votre enseignement m'honore."

Nichiren s'agenouilla, se mettant au niveau de taille de Krapos, mais celui-ci se mit à râler avec humour toutefois.

"Humpf mais relevez vous bon sang, vous me mettez mal à l'aise en ces lieux ! Sur ce je vous retrouverais un peu plus tard dans la soirée probablement, à la prochaine !"

Grendelor était heureuse que Krapos entame la conversation avec Nichiren. Elle avait un peu peur que celui-ci ne se sente à l'écart alors qu'elle retrouvait ses amis et sa famille. Alors qu'ils discutaient armure, la jeune femme en profita pour examiner les gens présents. Tous devisaient calmement, émettant doléances et conseils. Mais pas un ne manquait de discrètement surveiller le couple impérial, notant qui étaient les membres du conseil à avoir leur faveur, scrutant leurs gestes et s'inclinant respectueusement lorsqu'ils croisaient le regard de l'Impératrice. Celle-ci dispensait ses sourires à tout un chacun, sans préférence notable.

"Humpf mais relevez vous bon sang, vous me mettez mal à l'aise en ces lieux ! Sur ce je vous retrouverais un peu plus tard dans la soirée probablement, à la prochaine !"

La remarque du nain ramena Grendelor à la réalité et elle sourit largement en voyant son mari agenouillé devant le forgeron. Elle le quitta en lui murmurant quelques mots qui lui valurent un regard intrigué de la part du nain. Repartant vers une autre partie de la salle, toujours au bras de son chevalier, ils furent souvent arrêtés. Que ce soit pour demander conseil ou faveur ou encore simplement pour approcher Nichiren et en prendre la mesure, le tout était fait dans une ambiance cordiale, voir bon enfant. Passant d'un groupe à l'autre, ils furent surpris lorsqu'un tintement cristallin retentit. Le chevalier lança un regard interrogatif à sa femme. Celle-ci murmura à son oreille.

Le dîner va commencer.

En effet, de nouvelles portes s'ouvrirent, dévoilant une salle aux nombreuses tables dressées. C'étaient des tables rondes, accueillant entre 6 et 8 convives. Les gens s'installèrent, semblait-il à leur convenance. Le couple rejoignit une table légèrement excentrée et bientôt les 4 soeurs de Grendelor vinrent s'asseoir avec eux. En tirant sa chaise, Tikra souffla.

Ouf, enfin un peu de tranquillité ! Même si c'est vous qui avez essuyé le plus gros des commérages, il s'en trouve toujours pour nous solliciter...

Les autres filles hochèrent la tête avec un sourire entendu. Ce soir, elles n'avaient eu que peu de choses à faire, Grendelor et Nichiren ayant retenus l'attention de tous.

La table fut immense, les invités étaient sans doute en plus de l'impératrice, des sœurs, des diplomates mais aussi la haute société de Warifi. Un nombre d'invité particulièrement impressionnant si bien que même le chevalier ne pouvait les compter.

"Ouf, enfin un peu de tranquillité ! Même si c'est vous qui avez essuyé le plus gros des commérages, il s'en trouve toujours pour nous solliciter..."

" Il faut les comprendre, ils ont besoin de savoir après tout, c'est normal de les rassurer."

Il était compréhensible que pour la population, ça faisait un changement, joyeux notamment, pour certains des inquiétudes étaient naissantes et il fallait les rassurer. D'autres étaient friand de ragots, rumeurs et détails croustillants. La vie à Warifi était au moins aussi riche que sur Terre, la nouvelle célébrité ou les annonces d'union étaient toujours un facteur de curiosité. Leur répondre évidemment leur permettrait d'avoir un avis ainsi que les moyens d'être rassurés.

Nichiren regardait les soeurs parler entre elles de la gouvernance de l'Empire, l'une commençant une phrase finie par une autre. Elles se connaissaient tant ainsi que leur monde que même une absence de plusieurs mois s'effaçait en un instant. Il se laissait porter par la conversation, goutant les mets typiques de Warifi avec ravissement, quand quatre paires d'yeux se fixèrent subitement sur lui alors que Grendelor lui serrait brièvement la main en signe d'encouragement. Surpris, il en avala de travers avant de jeter un regard effaré aux jeunes femmes qui avaient toutes un grand sourire... carnassier. Il se sentait comme un cerf devant une meute de loup, mais fit bonne figure et fit face en souriant. Sa femme gardait une main posée sur sa cuisse, soutien invisible. Un feu roulant de questions commença à se déverser sur le chevalier.

Comment vous êtes vous rencontrés?
Que ferez-vous pour l'Empire?
Où vivez-vous?
Où êtes vous né?
Vous faites la cuisine?
Etes-vous prêt à vous donner corps et âme?
L'avez-vous déjà faite pleurer?
Savez-vous vous battre?
A quand les enfants?
...

Elles voulaient tout savoir et ne seraient satisfaites que lorsqu'il aurait répondu à bien plus encore, épluchant tous les aspects de sa vie.

A chaque réponse, Nichiren sentait 8 yeux qui le scrutaient, 4 cerveaux qui l’évaluaient. Après chaque réponse, les 4 femmes se regardaient instinctivement, semblant communiquer, mais gardant un visage neutre. Grendelor n’intervenait en rien. Elle restait en retrait, simple spectatrice de cette conversation aux enjeux multiples. Non pas qu’elle s’en fasse pour le chevalier. Il avait la tête sur les épaules et ne se laisserait pas démonter par 4 prêtresses changées en inquisitrices. Cependant leur façon d’agir de concert semblait le déconcerter intérieurement. Grendelor se permit un léger sourire et rassura son mari mentalement.

*Non, elles ne sont pas télépathes, mais plus de 25 ans à vivre ensemble peuvent donner cette impression. Nous nous connaissons suffisamment pour deviner ce que chacune d’entre nous pense…*

Le flot se tarit sur cette dernière question fort indiscrète.

« A quand les enfants ? »

« Bientôt, bientôt » répondit le chevalier sans se départir de son amabilité.

Cette réponse provoqua une émotion intense chez la dame turquoise. Ils n’avaient pas encore abordé le sujet entre eux à vrai dire et le voir prêt à s’engager sur cette voie fit naître une joie immense dans le cœur de la jeune femme. Elle sera doucement la cuisse du chevalier tout en souriant.

Tu es honnête

Droit

Travailleur

Sans complexe

Il n’est pas besoin d’en savoir plus

Il suffit de vous voir ensemble en vérité

Pour savoir que même si nous nous y opposions

Rien ne changerait à votre amour

Les cinq femmes souriaient joyeusement et une atmosphère chaleureuse se répandit autour de la table. L’acception était totale et sans retenue.

Mais si tu lui fais du mal…

Je te tuerais, firent d’une même voix les quatre sœurs.

Et la menace n’était pas à prendre à la légère. Pour Grendelor, elles se sacrifieraient s’il le fallait. Tout avait été dit. Le dîner se poursuivit dans une ambiance bon enfant, les sœurs racontant les derniers potins à l’Impératrice, aussi bien les choses sans importance que la nomination d’un nouveau membre du conseil. Elles évoquèrent leurs familles respectives et Nichiren put constater que toutes, mis à part Tikra qui semblait intimider les prétendants, étaient mariées et mères. Plusieurs personnes vinrent à leur table solliciter l’Impératrice. Grendelor répondit toujours avec joie, s’attachant à prendre des nouvelles de chacun. Le repas tirait en longueur et malgré la saveur des plats et la joie pétillante des prêtresses la fatigue commençait à se faire sentir pour le couple impérial. Une fois les desserts entamés, Grendelor s’excusa auprès de ses sœurs.

Je leur avais dit qu’il fallait vous laisser quelques jours de repos avant de faire cette soirée, mais tu connais le Conseil… fit Tikra d’un air désabusé.

Ne t’en fais pas, je le sais bien, c’est à chaque fois la même chose quand je reviens, c’est pour ça que je préfère les arrivées plus discrètes, répondit la jeune femme avec un clin d’œil.

Les cinq sœurs éclatèrent de rire.

Allons, filez vite avant que vous ne tombiez de sommeil en plein milieu de la salle, ça ferait mauvais genre, renchérit Sentana.

Et profitez bien de vos vacances ici, fit Naïcha avec un sourire malicieux.

Embrassant la tablée, Grendelor et Nichiren prirent congé. Dans les bras l’un de l’autre, ils parcoururent les couloirs du Palais sans croiser âme qui vive à cette heure avancée de la nuit, il était plus de deux heures du matin. Ivres de fatigue, ils se couchèrent dans le grand lit aux draps frais. Nichée au creux de l’épaule du chevalier, la jeune femme murmura.

Je suis heureuse. Elles t’aiment bien tu sais ? Ça m’a fait plaisir de vous avoir tous auprès de moi…

Sa voix s’éteignit doucement et sa respiration se fit plus profonde. Le sommeil l’avait emportée, laissant le chevalier fasse à ses propres réflexions sur cette soirée. Demain, commencerait leur voyage dans l’Empire.

Le chevalier s'était levé avant dans la nuit, laissant sa douce dormir pour regarder sur les toits la beauté de Warifi. Il regardait les astres essayant de les reconnaitre. Il était au niveau le plus haut et jouait les équilibristes sur les toitures du palais. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait plus joué ainsi sur les hauteurs sachant qu'il ne risquait absolument rien, pouvant se rattraper et se raccrocher au sol ou sur les tuiles par réflexe. Il observait les étoiles et voyait une comète au fort lointain, sans doute celle du voyage, qui allait dans le sens opposé du voyage. Il observait et s'amusait à jouer de ses réflexes, voire de jouer avec sa technique de vitesse, dont quelques éclats lumineux pouvaient ou pas être perçeptibles. Dans une heure, l'aube serait au rendez vous, alors Nichiren retrouva sa femme dans le lit pour dormir un peu en attendant les premiers rayons de l'astre solaire.

Grendelor se réveilla quand il fit jour et ne vit le chevalier à ses côtés, une frayeur ne l'avait pas envahie parce qu'elle l'entendit clairement quelque part :

"Mon amour est réveillée ? Oui ? Tu viens sur les toits mon amour avec moi ? le lever de soleil est magnifique ici !"

Une main était tendue prête à emmener Grendelor sur les toits, elle savait bien sur les merveilles du lever solaire sur Warifi depuis sa naissance, mais là, elle pourrait le contempler avec la personne qu'elle aime et ce fut sur un pas décidé et bienheureux qu'elle se leva et prit doucement la main du chevalier qui la hissa auprès de lui afin de voir le soleil.

Emportée par la poigne du chevalier, la jeune femme, à peine éveillée et légèrement vêtue, se retrouva transportée sur les toits. Frissonnant dans la fraicheur matinale, elle se réfugia dans les bras de son mari. Son regard se porta sur l'horizon où l'astre commençait son ascension. Un flamboiement embrasa les cieux, miroitement chamaré et mouvant. Comme toujours stupéfaite par la beauté de la nature, Grendelor profitait de ce moment à sa juste valeur, dans la chaleur protectrice de Nichiren. Levant la tête, ses lèvres se posèrent sur la peau fine de son cou où elle sentit battre son pouls.

Que dirais-tu d'aller prendre le déjeuner en ville?

Où tu voudras tant que c'est avec toi mon amour.

Reste là, je reviens.

Souriant, Grendelor se faufila dans leur chambre, où elle passa une robe légère. Dénattant ses cheveux, elle les attacha d'un simple ruban avant de se munir de ses pistolets. S'accrochant au rebord supérieur de la fenêtre, un mouvement de balancier la propulsa sur le toit à côté du chevalier qu'elle embrassa passionnément. Sa main se glissa dans la sienne et elle l'entraina dans une course sur les toits pentus. Grendelor en profitait pour désigner les différents quartiers à son mari. Bondissant, louvoyant et riant comme des gamins, ils rejoignirent assez rapidement le centre ville. D'un saut vif, ils arrivèrent dans la rue au milieu des passants. Etonnés, ils eurent un mouvement de recul avant de reconnaitre l'Impératrice. Un hochement de tête et les citoyens reprirent leurs activités. Le chevalier fut surpris de leur réaction.

Tout comme les gens ne vont pas s'étonner de notre disparition, le peuple est habitué à me voir dans les rues, comme tout un chacun. Et j'ai toujours parcouru les rues... à ma façon, expliqua Grendelor en souriant. Désigant une auberge à quelques pas de là elle ajouta. Viens, ils font de merveilleux petits déjeuners ici.

Suivant sa femme à l'intérieur, il admira la salle au décors chaleureux, tout en bois. Une femme d'une quarantaine d'années, grande, aux yeux bleu et aux cheveux de la même couleur les accueillit avec amabilité.

Grendelor, cela faisait bien longtemps que vous n'étiez pas venu ici. Se tournant vers Nichiren elle ajouta avec un sourire charmeur, Et voici votre mari je suppose? Il est tout à fait charmant. Bienvenue dans notre ville jeune homme. Qu'est-ce que je peux vous servir? Impératrice, je suppose que vous n'avez pas changer vos habitudes?

La jeune femme secoua la tête en souriant.

Non Marie, même si je ne fais pas les petits pains aussi bien que toi.

La maitresse aubergiste leur servit un repas copieux tout en discutant joyeusement avec eux. A cette heure matinale il y avait peu de monde aussi furent-ils tranquille. La jeune femme en profita pour questionner Marie sur le travail quotidien, sa vie de famille. Par petites touches, elle se faisait une idée de comment se portait le pays tout en nouant oure nouant des liens avec les gens du peuple.

Je n'aime pas me tenir loin des gens, on perd de vue la vraie vie, ce qui est d'autant plus facile que je ne l'ai connue que tard dans ma vie.

Nichiren hocha la tête, comprenant les raisons de sa femme.

Je m'étonne tout de même que tu puisses te promener si librement. Les gens ne t'assaillent pas, finalement ils font comme si tu étais leur voisine de palier.

Tu te trompes. Effectivement je ne suis pas assaillie, parce qu'ils savent que s'ils commencent à le faire je serais obligée de quitter la rue. Certains vont venir me voir mais en général ils attendent que ce soit moi qui fasse le premier pas. Ce n'est pas ce qu'on fait avec sa voisine, n'est-ce pas? fit la jeune femme. Ils me montrent comme cela tout le respect qu'ils ont pour moi et pour ce que je fais pour eux.

Après ce petit déjeuner, ils repartirent dans les rues. Main dans la main, ils visitaient la ville. Grendelor lui parlait de l'architecture, lui présentait les échoppes, s'arrêtant parfois pour discuter avec les marchands, recueillant informations et doléances dans la bonne humeur. Au bout de quelques heures, NIchiren s'étonna.

On dirait qu'il n'y a pas de pauvres dans cette ville... Sont-ils mis à l'écart?...

Non. En fait, nous essayons que tout le monde ait de quoi vivre et pas simplement survivre. Bien sûr il y a toujours des gens riches, voire très riches. Mais ils sont régulièrement taxés afin de mettre en place des programmes de développement dans des régions en difficulté. Des aides sont données jusqu'à ce que les choses se rétablissent. Changements dans l'agriculture ou l'élevage, mise en place de sanctuaires pour la sauvegarde des espèces... Toutes ces choses sont prises en charge par les gens de la région afin de les responsabiliser. Bien sûr, nous devons surveiller tout cela, mais c'est aussi un avantage pour la population puisqu'il faut que nous recrutions de nombreuses personnes pour gérer ces projets. Par ces moyens nous essayons de mieux répartir les richesses.

Le chevalier était étonné mais en même temps l'explication était tout à fait conforme à ce qu'il avait appris du peuple de Warifi.

"Je suis content, on est pas dans une ploutocratie comme ça l'est sur le Terre."

Le chevalier ayant été élevé et entrainé loin des considérations humaines dans le but ou sacerdoce de protéger l'humanité, ne comprenait pas toujours les buts et motivations politiques toutefois il avait bien pu voir les effets quand il lisait les histoires du monde hors de ses entrainements, après tout l'esprit et le savoir avaient eux aussi besoin d'entrainement.

"J'aime bien cette vie, c'est si paisible et si fraternel."

Le chevalier salua timidement mais avec un sourire franc les habitants qui le lui rendirent tout simplement.

"Les gens ici sont si charmants et si gentils, et c'est grâce à vos efforts conjugués"

Grendelor rougit mais gardait sa réserve, le chevalier insista en lui disant qu'elle était modeste et que les efforts consentis maintenait une paix et une prospérité durable qu'il n'y avait nul exemple dans d'autres mondes. Nichiren embrassa sa femme puis finirent de manger le petit déjeuner.

"Durant le lever de soleil j'ai vu au loin les paysages naturels hors de la ville, ça me semble joli, irons nous ?"

Grendelor sourit à son mari.

Bien sûr que nous allons sortir de la ville, après tout c’est la planète que je veux te faire découvrir.

Elle embrassa tendrement Nichiren. Petit à petit leurs déambulations les amenaient vers les faubourgs extérieurs et bientôt les habitations s’espacèrent avant le laisser place à de grandes étendues herbeuses. Des troupeaux paissaient calmement, insensibles aux allées et venues des véhicules rapides tout autour d’eux. Maïona était située dans une large plaine, fertile et parcourue d’une rivière majestueuse. Quelques bois parsemaient le paysage, vestiges d’une forêt plus imposante, défrichée plusieurs siècles auparavant. Sur l’horizon au sud, on pouvait distinguer une chaîne de montagnes imposantes. Quelques sommets blancs étaient encore visibles à cette époque printanière. C’est dans cette direction que la jeune femme entraîna le chevalier. Il leur fallut encore une bonne heure de marche avant d’arriver à un bois dense. Celui-ci dégageait une aura mystérieuse qui imposait le silence et le respect. C’est avec révérence qu’ils pénétrèrent sous les frondaisons des arbres majestueux.

Cet endroit a toujours été protégé et les arbres y sont plusieurs fois centenaires. La légende veut que certains soient là depuis la naissance de la planète, chuchota Grendelor. On le dit peuplé de fées et ce n’est pas tout à fait faux. Sens-tu le pouvoir qui s’en dégage ?

Le chevalier hocha la tête. Il était à la fois émerveillé et fasciné. Le pouvoir qui émanait était fort mais pas étouffant, recelant paix et bienveillance comme si les arbres veillaient sur eux.

C’est l’un des rares lieux de pouvoirs de la planète. La plupart des gens les craignent et n’y viennent pas, ce qui explique aussi pourquoi si peu de mes concitoyens développent leurs talents psychiques.

Grendelor chuchotait toujours en conduisant Nichiren à travers les bois. Le bruit d’un ruisseau vint caresser leurs oreilles. L’espace se dégagea et une petite clairière apparut. Une source en sortait formant un bassin avant de devenir un cours d’eau chantant. Un rocher plat trônait au centre du bassin, inondé de soleil. Ici, l’impression d’une présence était encore plus forte.

Depuis que mes propres pouvoirs se sont éveillés c’est un endroit qui m’attire. J’aime y venir pour méditer…

Lâchant la main de Nichiren, Grendelor entra dans l’eau, plus profonde qu’il n’y paraissait. Sa robe forma une corolle pendant un instant avant qu’elle ne plonge entièrement dans l’eau, ressortant près du rocher sur lequel elle se hissa, ruisselante. D’un sourire, elle invita le chevalier à la rejoindre, ce qu’il fit sans se faire prier. Sous le soleil, dos à dos dans leurs vêtements trempés, ils restèrent un moment sans rien dire.

Le passage dans l’eau est devenu un rituel pour moi, une sorte de purification. Ici, j’ai l’impression d’être connectée à la planète de pouvoir la sentir respirer et vivre. C’est comme si je pouvais l’ausculter et savoir ce qu’il faut que je fasse pour qu’elle aille mieux…

La voix de la jeune femme n’était toujours qu’un doux murmure qui s’entendait à peine par-dessus le chant du ruisseau.

Nichiren avait retira instantanément son armure, révélant ses vêtements de tout les jours, une chemise ainsi qu'un pantalon et c'est ainsi qu'il entra dans l'eau, guidé par sa douce Grendelor.

Il avait ressenti une telle douceur dans ses mains et une telle fraicheur en entrant dans les eaux limpides et calmes de ce lac improvisé. Un lieu fort adéquat certes pour développer son mental et apprendre sur soi. Ainsi par ce calme et ce cadre idyllique, le chevalier voyait une partie du passé de Grendelor, celle qui permit à la jolie dame d'être en partie celle qu'elle est devenue, une partie de son histoire qui l'a sensibilisée aux besoins de la planète.

"Ainsi tu comprends et ressens vraiment la planète, toute la planète, c'est vraiment impressionnant."

Le chevalier était impressionné mais Grendelor répondit alors en riant :

"Puissante non quand même pas, mais c'est qu'ici que je peux vraiment savoir, c'est un peu comme le cœur de la planète ici, une impératrice de la paix peut ressentir vraiment cet état, mais ce lieu est, comme si il était fait pour moi."

"Je comprend, ici c'est ton havre, l'endroit qui t'es consacré, ton coeur de la planète. Et toi tu es telle l'eau calme et bleuté, similaire à tes cheveux du plus pur turquoise, l'onde réfléchi en toi et l'ondulation de tes cheveux mouillés me fait de l'effet, celui de battre mon cœur."

D'un sourire, il s'approcha doucement de sa femme et l'embrassa.

Répondant à son baiser, Grendelor noua ses mains derrière la nuque de Nichiren. Le soleil les chauffait et la magie les imprégnait. En ce lieu sans nul pareil, mari et femme, chevalier et prêtresse, s’unirent.

Allongée près de Nichiren, la jeune femme se laissait porter par les flots émanant de la planète. Un picotement au niveau de ses avant-bras la fit revenir à la réalité. Une lumière bleutée commençait à apparaître à travers le tissu de sa robe. Un éclair d’inquiétude traversa son visage, remplacé par un tendre sourire lorsque son regard tomba sur le visage détendu de son mari. D’une caresse sur la joue elle l’éveilla.

Il est temps de repartir. Il y a trop d’énergie ici pour y rester longtemps.

Intrigué, le chevalier mit quelques secondes avant de se rendre compte qu’une légère aura entourait Grendelor et que lui-même se sentait parcouru de fourmillements.

Et où allons-nous ma douce reine ?

Changeons de continent ! fit-elle d’un ton joueur.

Leurs affaires prêtes, la jeune femme enlaça Nichiren.

Ce sera plus rapide que tu ne l’espérais, mais il faut que j’évacue le trop plein de magie.

Pendant qu’elle prononçait ces mots, le monde bascula. Le ruisseau avait disparu pour laisser la place à une mer émeraude, ondoyante et bruissante. Le rocher sur lequel ils se tenaient auparavant était maintenant une large branche d’arbre, culminant au-dessus de la canopée verdoyante. Le chevalier en eut le souffle coupé, non seulement par la beauté du paysage, mais aussi par le climat, lourd, moite, étouffant.


Le chevalier avait ouvert les yeux, peu de temps après le passage à un autre monde, la paysage avait changé pour une jungle colorée et luxuriante, chaude et humide.

"Alors comment trouves-tu ce continent ?" Fit malicieusement Grendelor amusée comme toujours de changer de monde par cette manière peu courante.

"C'est .... différent je trouve, c'est chaud et humide, c'est vert de partout, c'est merveilleux à mes yeux."

"Et encore tu n'as pas tout vu, par contre je te préviens évite les moustiques, ils sont énormes par ici." Elle en montra un du doigt pour étayer ses dires, il était sur l'épaule du chevalier à l'instant, ce dernier n'avait pas réagit de suite à la remarque.

Bzzzzzzzzzzzzzzzzz, clac !

"Mais elles sont énormes, de la taille d'une main ! Elle n'a pas eu le temps de me piquer, heureusement !"

"Oui c'est vrai mais c'est le seul désagrément des lieux, allez viens il faut que je te montre quelque chose !"

Nichiren voyait les moustiques d'un sale œil, cette bête suceuses de sang n'était pas là pour lui plaire, mais si sa Reine disait qu'il y avait quelque chose de merveilleux dans cette jungle, c'est qu'elle avait raison, peu importe les moustiques ou les autres créatures sauvages.

Traversant main dans la main la jungle, enfin parfois la main écartait ou balayait les vils moustiques géants avides de sang frais, le couple contemplait les plantes toutes aussi exotique, étranges et colorés.

"J'ai déjà vu ça dans le parc !"

"N'est ce pas ? Oui ce sont les fameuses roses tu sais ..."

"Je m'en rappelle, tu m'en avais offerte une, donc c'est d'ici qu'elles sont originaires"

"Exactement, mais ce n'est pas ma surprise, allez viens, il ne faut pas trainer, tu es trop lent, tu n'attraperas jamais, je connais la région comme ma poche !" Grendelor commença à courir, sauter et faire des acrobaties de branches en branches avec une souplesse déconcertante, toujours mobile et réactive. Pour arriver à une position un peu plus haute au niveau des branches.

"Bah alors ! Tu viens ?" La reine s'accroupit légèrement avec grâce et douceur, faisant mine au chevalier de venir la rejoindre

Le chevalier s'illumina et rapidement rejoignit sa femme dans un effet de lumière.

"Bon on y est !"

"Où ça ??? ....... OOOOOOOhhhhh !!!!"


Ils étaient arrivé en haut d'une vallée, du haut on pouvait voir toute la jungle et haut delà, on était sur un sommet rocheux couvert par la jungle, le Chevalier ne pouvait pas le savoir. Du haut de sa position, il pouvait voir un vol de papillons multicolores parader en nombre conséquent.
Il y en avait des rouges, jaunes, bleus, blancs, orange, turquoise, jade mais aussi indigo. Tous battaient des ailes parfaitement visibles alors que la distance entre le couple et les insectes volants était relativement vaste.

"C'est actuellement la période des amours pour ces papillons, ils se montrent de toutes les couleurs pour séduire et danser comme c'est le cas ainsi."

"Et si on dansait nous même ?"

Grendelor éclata de rire et entraina Nichiren dans une valse rythmée. Tournant, riant, la jeune femme se donnait entièrement à la danse et au moment présent. Des instants merveilleux, hors du temps, baignés de lumière et entourés de la multitude féérique des papillons. Elle finit par capituler.

J'ai la tête qui tourne, ralentit.

Nichiren resserra son étreinte sur sa femme, respirant son parfum. Elle nicha sa tête au creux de son cou et murmura.

J'aimerais rester ici, dans la nature, avec toi, pour toujours. Sans rien ni personne pour nous retenir. Libres. C'est un rêve que je caresse souvent même si je sais qu'il est impossible.

Ses lèvres déposèrent un léger baiser sur la peau du chevalier. Ils restèrent encore quelques minutes ainsi, perdus dans leurs pensées, pendant que les papillons tournoyaient encore, cherchant à séduire leur future partenaire. Dans le ciel, le soleil commençait à décliner.

Il serait peut être temps de déjeuner et de se remettre en route, qu'en penses-tu?

Son mari approuva, lui rappelant qu'elle était la maîtresse de ce voyage. Ce qui la fit sourire.

Ho mais tu pourrais vouloir t'arrêter, te reposer, profiter plus particulièrement d'un endroit... De toute façon, nous allons rester dans la jungle jusqu'à demain. Déjeunons et je t'emmènerais dans un village grendel à quelques heures d'ici.

Ils se restaurèrent donc, cueillant des fruits aux couleurs exotiques et aux formes étranges mais toujours parfumés et agréables au palais. Ils auraient pu chasser aussi, mais l'idée leur avait déplu au milieu de cette faune gigantesque. Cependant, le repas fut loin d'être frugal, la taille des fruits étant à l'image du reste de la jungle : démesurée. Ce qui ne laissait d'intriguer le chevalier.

Pendant qu'ils marchaient dans la moiteur étouffante, Grendelor lui expliqua que la terre très riche, combinée à un climat exceptionnel permettait d'obtenir ce paysage fantastique. Toutefois c'était un environnement dangereux pour les humains. Les prédateurs y étaient énormes aussi et la jungle recelait nombre de pièges. C'était pourquoi ce continent était peu peuplé et essentiellement composé de petits villages repliés sur eux-mêmes. Avec l'avènement des transports aériens, les échanges s'étaient développés, permettant aux habitants d'atteindre un niveau de vie meilleure tout en gardant leurs propres caractéristiques. Ici, il ne verrait jamais de construction en béton, ni d'immeuble. Par contre, très peu de nouveaux colons étaient venus, peu de gens supportant le climat et les moustiques...Nichiren hocha la tête. Lui-même ne restait que parce qu'il la suivait, sinon il serait certainement reparti rapidement.

"Les moustiques c'est dur à vivre, y compris là où je vivais. Par chance je ne suis jamais tombé malade à cause de ces bêtes."

"C'est normal je pense mon amour, toi qui a vécu longtemps lors de tes entrainements dans des déserts ! Les points d'eaux, rares et la chaleur attise la prolifération d'insectes dont les moustiques."

Nichiren approuva, Grendelor avait raison, sa science était grande, la formation d'êtres impériaux était plus que complète.

En découvrant la jungle Warfienne, Nichiren se rappelait aussi son propre entrainement, lorsqu'il ne développait pas son potentiel, il lisait avec sa mentor Zelnaga. Il avait bien aimé les livres sur la vie des jungles. Ses grands arbres, la densité, ses formes, ses nuances de verts, tendres ou profonds. Une vrai découverte pour le chevalier qui découvrait un autre univers.

"Alors prêt pour voir un village Grendel ?"

Nichiren sourit à l'idée annoncé par sa reine, une part de ses origines pouvait ainsi être dévoilé et partagé. Peut être que Grendelor un jour, verra la Terre, ses immensités de paysages, les différents peuples mais aussi qui sait, le sanctuaire.

"J'en serais enchanté, mais avant je constate une chose, c'est que vos peuples sont unis, c'est pour ça qu'il y a des impératrices de la paix sur Warifi, j'aimerai bien que sur Torm ce soit la même chose, nos peuples ne sont pas tous unis et la paix est toujours menacée. J'aimerai vraiment qu'un jour, mon monde soit comme le tien, en paix et en communion."

"Cette forêt est aussi enchantée tu sais, elle remonte à la surface les souvenirs du passé, une énergie particulière flotte, spécialement en ces lieux." Fit Grendelor en riant.

"C'est pour ça que tout me revient en ce moment là ?" Nichiren était intrigué, la magie coulait en chaque lieu, subtile et indiscernable hormis pour ses affins.

"Exactement ! On envoie ici les personnes souffrants d'amnésies ou ceux qui ont des troubles de mémoire. Mais également, les couples viennent ici pour partager encore plus leurs souvenirs, leurs passés. Ils se confient davantage et s'offrent l'un à l'autre vraiment. J'aimerai connaître plus de ton passé, et j'aimerai aussi t'offrir le mien, veux tu de mon passé ? De la vie telle que j'étais ? Le passé qui a construit Grendelor telle que je le suis ?"

"Je le veux ! Je le veux vraiment !"