Malsaine bâtisse [RP concerté]

Les ruelles de Galvorn, seconde époque.

Dans les bas quartiers de Galvorn, l'on avait souvent l'impression que le soleil fuyait plus rapidement que partout ailleurs.
En quelques secondes, les chatouillis rougeoyants d'un soleil bas, sur les façades boisées et salines, se muaient en pâles reflets argentés d'une nuit lourde de mauvaises pensées. Les ruelles revêtaient ainsi leur manteau poisseux pour la nuit, les ombres se creusaient d'un noir plus dense, les silhouettes se voûtaient pour mieux s'embusquer.

Le quartier résonnait encore de la joute sanglante qui avait opposée Smirtnoff et Gregovi, quelques mois plus tôt.
Les vampires faisaient rarement esclandres, mais ces deux-là avaient véritablement terrifiés les quelques riverains encore assez fous pour habiter le quartier. Ce dernier avait été déserté progressivement, de peur que d'autres "dents pointues" prennent la manie de rôder encore. Les ruelles n'étaient pas sûres ... il n'aurait pas fallu qu'elles deviennent mortelles.

C'est précisément pour cela qu'un quatuor de miliciens armés opérait des rondes, la nuit tombée. Il paraissait même que l'un deux pratiquait la magie (foutaises). Flanqués de trois griffons aux poitrails cuirassés, les patrouilleurs ne risquaient pas grand-chose. Si tenté qu'il y avait quelque chose à craindre, maintenant.

Ce soir-là, la patrouille de miliciens eut un souci supplémentaire à prendre en compte, lorsqu'une Âme damnée s'était présentée au poste, leur annonçant sans détour qu'il participerait exceptionnellement à la ronde.

Ainsi, quelques minutes plus tard, alors que la lune s'élevait sur les chaumières désertées, on pouvait discerner le quatuor habituel, les trois griffons marchant à leurs côtés, et Ramrod qu'on avait disposé avec mille précautions, précisément au centre de la formation. Il marchait tranquillement, la tête levée et les mains dans les poches, occupé à faire un état des lieux du quartier.
Les quatre hommes, eux, alternaient coups d'œil aiguisés aux environs et coups d'œil inquiets vers Ramrod.
'Manquerait plus qu'il soit abîmé, lui ...

Ouais, ouais, ouais ... Ca sent toujours aussi mauvais ici ?
Un conseil : ne faites ja-mais venir Dounette, dans le coin. Elle s'évanouira plutôt que de laisser ce relent putride arriver jusqu'à ses narines sur-équipées.
Oui, monsieur, avança avec le plus grand sérieux le milicien à sa gauche.

Les bâtisses étaient désespérément vides et lugubres.
L'odeur, le climat humide, l'obscurité malsaine ...
Il allait être difficile de réhabiliter le quartier.
Ramrod soupira un grand coup.

Tiens, Hédo !
Ramrod s'était redressé en apercevant l'élève et co-équipier qu'il commençait à bien connaître.
Y voyant une opportunité pour s'échapper de la rigueur lente des miliciens et de leur toutous à becs, il tapota l'épaule de leur capitaine, lui glissant :

MMM ... Mes chers amis, je vous laisse poursuivre votre inspection, je crois que je préfère promener avec le dangeureux terroriste, là-bas.
Il est moins armé, plus loquace et moins poilu que vous. Ne vous inquiétez pas, je fais un petit tour et je rentre à Belthil, ne m'attendez pas.
Le capitaine écarquilla les yeux, visiblement surpris :
Mais ... mais ... Nous ne pouvons vous laisser seul .. Les ruelles ne sont pas sûres .. Si jamais ...
l'Âme damnée le coupa, et prit un ton plus protocolaire.
Allons, allons militaire. Il n'arrivera rien, les ruelles sont abandonnées depuis des mois.
Je suis un grand garçon, Hedoniste aussi.
Faites votre travail, oubliez-moi. J'ai de quoi me défendre en cas d'apocalypse galvornienne.
Ah bon ? Vous êtes armé ?
Oui et non. Ouste.
Un griffon grogna son mauvais caractère après un impérial "En Avant", l'escouade s'ébranla au pas cadencé. Ils s'enfoncèrent dans la nuit, non sans laisser derrière eux quelques regards inquiets à Ramrod.

Les deux hommes se retrouvèrent seuls, au milieu d'une avenue morne et noire.
La lune éclairait faiblement les pavés qui séparaient deux rangs de bâtisses sinistres et hautaines, le silence emplit lentement le quartier, alors que les pas de la patrouille s'éloignaient.

Ramrod sourit en renfonçant les mains dans ses poches :
Alors, Hédo, on promène un moment ? C'est exactement le genre d'endroit et la bonne heure pour papoter de choses profondes, non ?

Mon cœur montre moi le chemin...




il s'accrochait à cette pensée, assis dans un coin sombre de la jonque, le regard perdu dans le paysage qui défilait lentement devant ses yeux. Rien ne pouvait le sortir des méandres de son esprit, ni la beauté du paysage, ni le regard soupçonneux du capitaine qui ne lui laissait aucun répits depuis leur départs d'ECHORIATH. Caché sous sa capuche, recroquevillé dans sa tuniques, mélange pratique, à l'inverse d'être esthétique, de toile rustique et de fourrure typique des tribus nordiques vivants par delà les montagnes, il ruminait, son choix, sa décisions et ses conséquences.

Tu ne retrouvera jamais ton corps, il est mort comme ce que tu étais. En signant ce papier en échange d'un corps tu t'engages à nous servir...

L'amertume des souvenirs, le regard perfide de son geôlier, soutenue par son visage glabre et par sa tunique pourpre élégamment porté le fit frissonner.

Je veux la revoir, ais je le choix?

Ah les mortels tellement prévisible, je t'ai entendu hurler dans les limbes, quand la mort ta embrassé je savais déjà que tu allais venir à moi. donne nous ton âme et entre dans l'immortalité en nous servant.

Ce sourire, cet air supérieur, l'envie de crier l'enlaçait doucement mais pourquoi faire, la situation était inextricable. Il était seul entre le désirs de revoir l'être chère et perdre son âme. le pacte signé, il éclata dans un rire glaciale démesuré par rapport à sa taille longiligne, fissurant son faciès mortuaire..

Soit mon petit soldat, prend tes quartiers, va ou tu l'entends mais rappels toi tu nous appartiens!

Les nausées lui reprirent, comme à son réveil dans ce corps qui n'était pas le sien. Perdu dans ce vaisseaux massif, inconnue, aux sensations nouvelles, sa première impression fut de ce maudire. Puis le temps aidant, il apprit à mieux appréhender cette nouvelle enveloppe.

Il sentit sous ses doigts sa peau rugueuse.

Tu es mort, les mots de son nouveaux maître vibre en lui, perçant sa chair. tu n'existes plus ! par quel nom devrons nous t'appeler?

C'est la pluie qui le sortit de son coma. Le jour s'estompait peu à peu, déjà obscurcie par l'orage. Les navires ce faisait plus présent entre GALVORN et BELTHIL, son voyage approchait de son terme. L'idée relança ses angoisses.


Il releva sa capuche laissant son crane chauve et morcelé en proie à l'averse, fermant les yeux il lâcha un soupir.

Daath. C'est le nom de son bourreau qui lui est venu en premier, le fautif l'éternel malédiction qui s'en est allé en aspirant sa vie. Ce sera son nom.

Il passa sa main sur son visage trempé et il remonta sa capuche pour ce rendormir. L'embarcation n'offrait qu'un seul abri et il allait de soit que jamais le propriétaire aurait laissé cet inconnu venu du nord y pénétrer.

La coque frappa l'embarcadère faisant craquer ses fondations. Daath ce souleva de tout son long, étirant sa carcasses. Recouvert de ses fripes il s'avançât vers le capitaine qui voyant l'imposant étranger, commençait à regretter d'avoir demander autant pour le trajet.


Sans rien dire il déposa dans la main de celui ci un pourboire conséquent afin qu'il ne soit pas trop bavard ce soir dans les tavernes alentours.

Il descendit à terre sous le clapotis infernal du déluge. Il avait choisit cet endroit pour débarquer, éloigner du ports et de ses tumultes, mais offrant la possibilités d'entrer directement dans le centre de la ville par ses ruelles.


Cela sert d'avoir vécu ici, l'endroit était désert.

A cette pensée il esquissa un rictus.

A la lueur des lanternes, il resta un instant silencieux, seul devant son passé.

Mon cœur montre moi le chemin...

Hedoniste avait à peine fini que Ramrod porta la main à sa poche puis plaça un objet sur son oreille. Hedoniste fixa celui-ci quelques secondes, se demandant comment il fonctionnait.

Hedoniste se concentra à nouveau sur l'intérieur de la bâtisse, plongeant son regard dans les ténèbres. Collé au mur près de l'entrée, il tendait l'oreille pour capter d'éventuels bruits suspects tandis que l'autre écoutait la discussion de l'âme damnée.
Celle-ci parlait du port de Galvorn, non loin d'ici.

Après quelques minutes, ils s'organisèrent pour l'exploration de la baraque.

"Hedo, l'inconvénient d'avoir de grandes oreilles te donne l'avantage de voir dans le noir : je te propose que tu passes devant."

L'elfe acquiesça silencieusement et se tourna vers la porte. Il glissa l'épaule dans l'ouverture et faufila le reste de son corps aussi avec une discrétion déconcertante. Il se retrouva dans la pièce. Il se sentit comme noyée par la masse informe des ténèbres. Ramrod arriva doucement dans le dos de l'elfe.

"Couvre mes arrières, s'il te plait. On va avancer dos à dos." dit Hedoniste.

Il restèrent ainsi un moment. Les yeux de l'elfe commençait à s'habituer au noir et peu à peu les détails de la pièce vinrent s'imprimer sur sa rétine en nuances de gris. Il régnait en ce lieu un désordre incroyable. Des débris et déchets jonchaient le sol, tant et si bien qu'il était difficile de ne pas marcher sans envoyer valser un tas de détritus.
Des habits pullulaient également, venant recouvrir les espaces laissés libres par la saleté.
Hedoniste examina du regard les bouts de tissus. Ils étaient couverts par endroits de tâches sombres et cela ne lui plut pas.

Les deux hommes avancèrent encore un peu et Hedoniste se figea d'un coup.

"Quoi?" demanda Ramrod

"Chut. souffla précipitamment l'elfe puis parla doucement : Il y a quelqu'un ou quelque chose ici. Je viens de tomber sur un os, au sens propre du terme, avec encore un peu de viande autour.

En effet, au coin de ce qui devait être l'ancien comptoir du boui-boui où il étaient entrés gisait un pied. Un pied humain. Hedoniste s'avança vers le bar. Au fur et à mesure qu'il progressait, la cheville puis la jambe se dévoilèrent petit à petit.
Jusqu'à la coupure.
L'elfe s'agenouilla et ausculta la blessure. La coupure était nette et une empreinte de mâchoire ressortait.
Se relevant, Hedoniste posa les yeux sur les murs et remarqua des traces qu'il n'avait jusqu'alors pas remarqué.
De grandes lacérations lézardaient les murs sur plusieurs mètres.

"Quoi qu'il y ait ici, c'est du solide. Il va falloir être très prudent. Avançons!"

Et les deux hommes s'enfoncèrent dans l'habitation.

Hedoniste ne put s'expliquer le phénomène dont il avait été spectateur. Ramrod avait disparu sans un mot, le laissant seul dans la pénombre.

"Ram?................Ram?!" chuchota l'elfe le plus discrètement possible.

Dans sa voix trahissait une pointe d'angoisse. Il s'en voulut de laisser s'exprimer ses émotions. Il fixa alors le palier qui s'élevait à peu près 5 marches plus haut. Il réfléchit à ce qu'il devait faire.
Ramrod lui avait dit de ne pas bouger et de l'attendre ici. Mais il l'avait laissé en plan sans s'expliquer. Il n'aimait pas cette situation. Rester ici sans rien faire n'était pas pour lui plaire.

Il décida donc de braver l'autorité de l'âme damnée et d'avancer également. Après tout, il était le mieux placé pour explorer la bâtisse. Il voyait dans le noir et sa souplesse naturelle en faisait un traqueur à la discrétion hors-pair.
Il gravit doucement les marches, espérant qu'aucune n'ait la mauvaise idée de craquer. Il atteignit le palier sans encombre et se plaqua contre le mur. Il inspecta la pièce où il venait d'arriver. Elle s'ouvrait sur le palier et contenait un secrétaire délabré. Le sol charriait toujours son flot de détritus, à croire que la maison avait toujours été ainsi.
Un couloir partait derrière lui. Il se pencha doucement pour l'inspecter mais n'aperçut rien qu'il put identifier.
Il se demanda alors où Ramrod avait bien pu passer. Etait-il ne serait-ce qu'encore dans la maison?

Se disant qu'il valait mieux agir que cogiter, il entreprit de traverser le couloir afin d'aller voir ce qui se trouvait plus loin. Il se retrouva donc bientôt coincés entre deux murs avec, pour seule ligne de vue, la pièce qui s'ouvrait au bout de la circulation.
Hedoniste prenait une grande peine à évoluer discrètement et à éviter les détritus qui auraient pu trahir sa présence.
C'est alors qu'il entendit une sorte de grattement sur sa droite. Une grattement presque humain, comme des ongles sur une peau un peu sèche, mais légèrement plus fort.
Ce son le figea sur place. Il tourna vivement la tête en direction du bruit et observa le mur qui se dressait devant lui.

*Quelque chose se tient derrière cette paroi!* se dit-il intérieurement.

Il avala sa salive, prêt à avancer toujours plus discrètement. Concentré sur ce dont il venait d'être témoin, il n'entendit pas qu'on venait dans son dos. Et une main s'abattit sur son épaule.

Il est à moi.

Les deux hommes se retournèrent et trouvèrent face à eux un vieil homme. Il était petit avec un léger embonpoint, les cheveux frisés et gris. Celui-ci fixait tour à tour les visiteurs et la chose à terre.
Il se précipita soudain vers cette dernière, s'agenouillant près d'elle comme pour voir si elle était gravement blessée.
Les deux hommes se regardèrent pour savoir comment réagir. Ils décidèrent de ne rien faire pour le moment.

"Monsieur, qu'entendez-vous par : "il est à moi"?" s'enquit Hedoniste.

"C'est mon fils."

Cette révélation estomaqua l'elfe autant que Ramrod.

"C'est impossible. Avez-vous vu cette horreur? Il ne peut être humain."

"Et pourtant, vous devez me croire. Il est bel et bien mon fils. Je l'ai vu sortir des cuisses de ma femme. Elle est d'ailleurs morte en l'enfantant. A l'époque où ma femme est tombée enceinte, nous vivions dans un taudis à l'abandon. Personne n'en avait l'utilité alors nous le squattions." commença à expliquer l'homme.
"Hélas, un jour, nous avons été chassé de notre abri par les nouveaux propriétaires. Notre seule solution fut alors de nous enfoncer dans les égouts de Galvorn. Là-bas, nous avons eu une vie très dure, nous étions malades sans cesse. Nous ne mangions pas à notre faim chaque jour. Et ce, malgré le fait que je me prive pour ma femme et mon futur enfant. Nous avions cependant assez d'eau. Mais nous ne savions pas que celle-ci contenait de dangereux produits. Ma femme est tombée encore plus gravement malade. Elle parvint malgré tout au terme de sa grossesse et l'accouchement commença. Ce jour devait être le plus beau de notre vie. Mais elle y a laissé la vie."

L'homme s'arrêta une minute afin de calmer les sanglots qui commençaient à saccader ses paroles. Il serra son fils dans les bras et reprit.

"Donc ma femme est morte ce jour-là. L'accouchement a été trop dur. Quand j'ai découvert notre enfant, j'ai d'abord eu un geste de recul. Il ne ressemblait pas à un nouveau-né. Déjà son visage présentait des signes de difformité. J'ai pensé à l'abandonner aux côtés de sa mère défunte, puis je me suis dit qu'elle l'aurait aimé quoiqu'il soit. Il était le produit de notre amour et il devait vivre."

Les sanglots s'étaient transformés en pleurs à présent. Des larmes ruisselaient le long de ses joues et ses mains agrippaient le tissu qui servait de chemise à son fils.
Ramrod et Hedoniste restaient là, sans rien dire, médusés par ce qu'ils entendaient. L'homme reprit une nouvelle fois.

"Je l'ai donc emmené avec moi après avoir embrassé ma femme une dernière fois. Je l'ai éduqué, nourri, instruit. Et au fur et à mesure qu'il grandissait, je voyais sa difformité s'accentuer.
Mais je l'aimais, c'était mon fils.
Nous avons réussi à trouver un nouvel abri à la surface et nous y sommes installés. Là, j'ai continué son éducation. Tout s'est bien passé durant les 15 premières années. Jusqu'à l'adolescence. Il s'est mis à avoir de violentes crises de nerfs, à se révolter contre moi et je n'ai pu le maîtriser bien longtemps. Je ne faisais pas le poids. Alors une fois, j'ai dû le laisser partir à l'extérieur. Je ne savais pas s'il reviendrait mais je n'avais pas le choix. Il m'aurait tuer si je m'étais interposé. Et je ne pouvais mourir, qui se serait occupé de lui? "

Le vieillard regarda tendrement son fils et lui caressa les cheveux, doucement, du bout des doigts.


"Et un jour, il est revenu avec cette jeune fille. Vivante. Il l'avait sur son épaule, comme une proie de chasse. Elle hurlait, paniquée, m'appelait au secours pour que je l'aide. J'ai tenté de le raisonner mais il m'envoya au tapis d'un coup. Quand je me suis réveillé, il l'avait dévorée en grande partie. Et il n'avait pas prit la peine de la tuer avec de commencer son funeste repas.
Il recommença régulièrement. J'étais révolté, dégoûté mais je ne pouvais rien faire. Je lui ai donné mon amour en espérant chaque fois que c'était la dernière victime."

Le père du monstre avait maintenant un regard heureux, comme celui qui venait d'avouer un secret qui lui pesait depuis des années.

"J'aimerais savoir quelques chose, monsieur. Cela peut paraitre bizarre mais veuillez répondre quand même. Votre fils a-t-il violé ses victimes avant de les tuer?"

L'homme fixa l'elfe mais il n'était pas seul, Ramrod le faisait également.

"Pourquoi tu veux savoir ça?"

"Afin de savoir si l'on a affaire à un prédateur sexuel en plus d'un tueur fou."

"Non, non!! Jamais il ne les a violés. Je l'ai vu un jour manger une de ses victimes, c'est à jamais gravé dans ma mémoire. Il ne prenait pas la peine de les tuer! Il les mordait vivantes et les laissaient mourir ainsi !
Mon fils est trop... simplet pour violer. Il n'a pas cette chose en tête, il ne semble pas avoir de désirs sexuels. Peut-être la nature bloque-t-elle ces envies afin d'éviter qu'il ne se reproduise. Il n'a jamais violé, croyez-moi, s'il vous plait."

Hedoniste vit la sincérité dans les yeux du père. Mais on ne pouvait décemment pas laisser cette bête en liberté. La décision revenait à Ramrod, c'était lui l'âme damnée.

"Très bien. Ramrod, il faut décider quelque chose pour cette chose. Quelles solutions a-t-on pour l'empêcher de nuire à nouveau?"

Le craquement attira l'attention des gardes qui tournèrent tous la tête en direction du bruit. Les gardes se regardaient les uns les autres, ne sachant que faire lorsque le chef de section ordonna que l'on se rende sur place. La petite formation grimpa sur les griffons et s'élancèrent dans les ruelles boueuses.

Ils mirent quelques minutes pour arriver sur les lieux de l'incident mais la poussière n'était pas encore retombée. Un tas de gravats d'où sortaient plusieurs pièces d'une charpente vermoulues, mangée par le temps, se tenait devant eux.

"Que s'est-il passé Chef?" demanda l'un des soldats.

"Comment veux-tu que je le sache?! Tu trouves que je ressembles à un devin?" s'énerva l'homme, "A en juger par ce qu'il reste de la charpente et du plancher, je pencherais pour les termites."

C'est à cet instant que les gravats se mirent à bouger

"Y a quelque chose en-dessous, Chef !"

"Je le vois bien, espèce d'andouille! Sors ton arme et tiens-toi prêt au lieu de jacasser!"

Plusieurs blocs s'écartèrent soudain et allèrent s'échouer paresseusement au pied du monticule. C'est à cet instant que le tête d'Hedoniste sortit du tas, pile vers les gardes.
Ils regardèrent tous l'elfe, la bouche grande ouverte, les yeux comme des soucoupes.

Hedoniste se hissa au-dessus des pierres et tendit la main pour aider Ramrod à sortir. Un bout de plancher plus résistant que les autres était venu se loger au-dessus d'eux, les protégeant des éboulements. Mais l'elfe devait son salut à l'Âme Damnée. Il lui avait agrippé la cheville pour le dématérialiser le temps où la maison s'écroulait.
Hedoniste remercia vivement son ami et aperçut les deux corps sans vie du père et du fils. Ils étaient maintenant bien loin du tumulte du combat.