Les chiens de guerre

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Furie

Les Chiens de guerre dansaient un ballet mortel, où les armes sifflaient, pareilles à de macabres instruments, une mélodie de mort sur leurs ennemis. Pauvres d'eux. Rien n'étanchait leur soif de vaincre, l'appel de la mort les rendait ses esclaves et toujours ils tranchaient des têtes, arrâchant pesamment de longs râles d'agonie, rauques et profonds, à l'adversaire terrifié.

Les lames s'émoussèrent, rendant plus douleureux encore les coups de ces fatals messagers, puis les cieux, jusqu'alors dégagés et éclairant le carnage du rougeoiment du crépuscule, accentuant encore la splendeur rubis de la scène, s'emplirent d'une grêle mortelle qui voila un instant la chiche lumière de cette fin d'après midi. La grêle s'abattit, transperçant les derniers marauds encore en lice.

Ceux qui, par un malheureux sort du hasard, échappèrent aux épées des chiens de guerre ou à leurs mortels traits s'enfuirent au loin.

Les chiens de guerre reprirent leurs esprits, lorgnèrent le massacre et leurs rêves se dissipèrent comme la brume au-dessus du charnier, poussée par la douce brise d'été qui soufflait désormais sur la prairie, théâtre de la Furie.

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Les chants de la négation

Les Chiens de guerre gravirent le monticule des cadavres désarticulés. Au sommet, ils déployèrent leur insigne, étoffe de mort flottant dans les airs, afin que tous n'ignorent pas par qui furent occis ceux qui aujourd'hui reposent sans sépulture au milieu de la plaine. Portant leurs cors à leur bouche, ils en firent résonner le son sourd et grave sur les contreforts des montagnes qui cisaillaient le pays à l'Est, immense cicatrice de pierre, produisant un écho assourdissant.

Puis l'un d'eux fit donner de sa voix, que l'on eût crue beaucoup plus rude pour un corps tant taillé pour le combat. Les autres reprirent en chœur son triste chant. Et ils entonnèrent cette mélodie glacée, celle là même qui retentit à la genèse de ce monde, alors que les démons déferlaient dans les cieux avant d'être enfermés à jamais derrières les portes infernales.

C'est ainsi que, pour la première fois depuis plus de mille ans, on entendit les chants de la négation, augures de mauvais présages, que les chiens de guerre ne manqueraient pas de transmettre avec fureur à ceux que le destin mettra en travers de leur route.

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De pierre de Vie et de Gloire

Les chiens de guerre chevauchaient depuis l'aube. ils s'étaient mis en route aux prémières lueurs du jour tant par dilligence que pour profiter de la fraîcheur matinale, ce qui n'était pas un luxe, au vu de la chaleur accâblante qui était le lot quotidien de ces contrées en cette période du mi-an. Les sous-bois étaient vastes, mais certes pas assez pour qu'ils ne croisent personne.

Ils émergèrent de la lisière peu après le midi, et empruntèrent la route principale. Le ciel bleu, les plaines dorées et le soleil d'été offraient un paysage émerveillant mais cepandant pas autant que ce qui les attendait après le coude que faisait la route.

C'est alors qu'apparut la grande Toure de Kikango, une flèche dans les cieux comme pour déchirer le voîle, en percer le mystère, en défi aux Puissants. Puis ce furent les imposantes murailles de l'Ondinorat qui se dévoilèrent aux yeux des chiens de guerre, laissés sans souffle devant la promesse muette qu'offrait la vision de ces murs de pierres, promesse de défaite à quiconque oserait les braver, promesse de mort.

Hautes comme troit cent hommes, on raconte que ces murailles ont vu coûler tellement de sang sur la noirceur de leur pierre, qu'elles étaient animées d'une vie propre et se teintaient de vermeil au crépuscule.

Jamais prises, toujours convoitées, jamais conquises, toujours sous quelque menace, la Gloire les avait fait tenir et le ferait encore tant qu'elle ne se lasserait pas.

Les chiens de guerre les franchirent pour pénétrer dans l'Ondinorat, cité des plus grands mages de Lumière. Ils les franchirent par la porte du Deuil.

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Terres de feu, terres du Passé

Souffle de mort. Odeur de souffre. Souffle brûlant. Odeur de mort.

Une terre ravagée, une terre sans combustibles mais toujours rattrapée par les flammes. Un désert, vaste, inhospitalier, innaccessible. Les chiens de guerre effectuaient ce pélerinage pour la première fois et ils n'y reviendraient sans doute de leur vie.

L'espace était calme, puisqu'inhabité et pourtant... Et pourtant il se dégageait de ce territoire une mauvaise effluve, de celles qui se manifestent rarement chez les chiens de guerre. Le doute, l'angoisse, la peur ?

Malgré tout, les chiens de guerre gardaient entière leur résolution, et la troupe progressait au milieu de ce qui fut le champ de bataille des affrontements de l'ancienne Guerre opposant les sombres sorciers et leur volonté de mortaux mages de Lumière, grands créateurs. Un âge aujourd'hui révolu.

Cundurat, dans toute sa splendeur. dévasté et pourtant si beau. Le seul endroit de tout Kikango qui ne grouillait pas d'échopes. Témoin de sa grandeur et aussi de sa décadence. Aucun relief, aucune forme de vie quellle qu'elle soit, animale ou végétale, bonne ou mauvaise.

Puis l'obélisque au milieu du néant, seul et sobre, se dressant vers le ciel sans aucun espoir de l'atteindre un jour, témoin muet des atrocités du passé. Lieu de culte, lieu de mémoire.

Les chiens de guerre mirent pieds à terre, puis s'agenouillèrent, respectueux.

Souffle brûlant. Odeur de mort. Souffle de mort. Odeur de souffre.

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