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 nouvelles élémentaires

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Lothindil
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Lothindil


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MessageSujet: nouvelles élémentaires   nouvelles élémentaires Icon_minitimeMar 30 Sep - 14:40

Je reprends donc mon texte ici, vu vos remarques sur le trophée, y a du boulot dessus, donc on y va.

Citation :
Long et pénible a été mon voyage depuis que j'ai quitté Ystaël, la cité divine, quasiment trois semaines auparavant. La nuit tombe sur ce dernier jour de voyage pour le moins humide et boueux. Dans un coin de ma tête, je peste contre le gamin qui m'a indiqué cette route, sachant à mon avis pertinemment que c'est celle des marais. Mais rien de tout ça ne serait arrivé si des malandrins ne m'avaient pas volé carte et laisser-passer il y a dix jours de cela, avant que j'arrive à Nayal. Depuis, à part ce détour par le marais qui m'a fait perdre trois jours et mon cheval, il ne m'est plus rien arrivé de fâcheux, malgré les troupes de bandits que j'ai aperçues ou entendues au loin. Il ne fait pour moi aucun doute que si l'Aynori, l'autorité suprême, fournissait cotte, épée, jupe d'armes et heaume à ses prêtre, comme la Dame Asary de Nayal l'a fait pour moi, nous aurions moins de problème. Certes, j'ai fait le serment de ne pas faire faire de mal aux créatures de la trinité et je ne saurais de toute façon pas utiliser mes équipements, mais ça effraye, c'est le seul but.

J'ai fini par trouver la colline, sortant enfin de la fange qui m'a ruiné définitivement mes chausses et mes bottes. Epuisé, je grimpe cette montée salvatrice, espérant qu'il s'agisse bien de la dernière et non d'une énième butte qui me fera sombrer à nouveau dans l'eau gluante et puante de ce marécage décidément trop grand pour ma patience. A défaut, il a cessé de pleuvoir et j'en remercie Yanor, déesse des vents et du ciel, même si c'est sans doute plutôt à Argor, le soleil, son époux que je devrais plutôt adresser mes prières pour être parvenu à calmer sa divine tristesse. Loin, à l'Ouest, Argor se rapproche de l'horizon et j'espère que Naera, la lune, son amante parviendra à garder les yeux d'Yanor secs encore quelques heures.

La terre devient plus sèche, manifestement, plus détrempée ici par les divines larmes que par l'eau naturelle des marais. Mon soulagement est d'autant plus intense, que, là-bas, j'aperçois enfin une borne de pierre. Je m'en approche, tremblant de froid à cause de l'humidité, mais encore assez vif malgré la fatigue et la frugalité de mes repas ces derniers jours. Un blason orné d'une balance est gravé sur la roche. Je soupire de bonheur, non seulement je ne me suis pas perdu, mais qui plus est, je suis plus proche de ma destination que ce que j'escomptais.

Ramyël, la ville du commerce, ma destination, possède en effet ce blason : balance d'or sur champs de sang. Brusquement ragaillardi par cette découverte pour le moins encourageante, je me hisse au sommet de la colline et découvre, dans le soleil couchant, les remparts de Ramyël. Avec sa coupole d'azur, il est impossible de ne pas repérer le tribunal, juste hors des murs. J’y serais donc à la tombée de la nuit, voilà une bonne nouvelle, du moins s’ils ont été mis au courant de ma venue et que je puisse y trouver le minimum requis pour passer une nuit correcte. D’ailleurs, même si ce n’est pas le cas, un toit sur la tête et un sol de pierre sera toujours mieux que la boue du palus ou l’herbe humide de la route.


Après une bonne heure d’une marche harassante au pas traînant, je parviens à l’entrée de la ville où s’étend un vaste cimetière, le résultat des guerres interraciales dans la région. Je m’y arrête quelques minutes pour prier Yanor d’accueillir toutes ces flammes en son sein et de faire d’elles des étoiles nous éclairant tout au long de notre vie ici-bas.

Cela fait, je me dirige droit vers les huis du tribunal. Le temple est éclairé et, de surcroît, il y a du bruit à l’intérieur. Je m’approche d’une des fenêtres et constate que la lumière est bien supérieure à celles que produiraient les chemins de feu. Curieux, je prête l’oreille et entends de nombreuses voix, des réprobations pour l’essentiel. Je hausse un sourcil et les épaules avant de frapper à la porte du temple judiciaire.
On vient m’ouvrir la porte. La personne qui se dresse devant moi est vêtue d’une robe blanche avec une ceinture rouge à la taille. Sa profonde capuche tombe sur un masque aussi bleu que la cape qui ceint ses épaules massives. Il est nettement plus courtaud que moi, il ne serait pas aussi large, je parierais pour une jeune braise qui n’a pas encore cramé son premier brasier. Sa tenue est celle d’un prêtre de mon ordre, ce qui attise ma curiosité déjà bien en place, je suis sensé être le seul ici et mon prédécesseur est mort, tué lors d’une offensive des humains.

« Ôtez vos armes avant de pénétrer en ces lieux, chevalier. »

Ainsi, il me prend pour un mercenaire errant venant simplement prier en ces lieux. Je tâche, tant bien que mal, de cacher ma surprise à l’absence de la question et de la salutation rituelle. Bien que physiquement éreinté par mon voyage, mon esprit est désormais aiguisé par cet individu. Si cet homme est un de mes frères, je suis prêt à avaler l’arme prêtée, lame la première.
Je hoche cependant la tête et défais maladroitement mon baudrier auquel pend le fourreau. Ce combat, je le mènerais à la langue plutôt qu’à l’arme, à moi de voir, qui, de lui ou de moi trompera le mieux l’autre. Je tente de voir ses yeux de feu, cherchant la trace d’un quelconque doute en lui, mais l’ombre de la capuche ne le protège que trop bien.
Je dépose mon casque à l’entrée, trop heureux de laisser mes braises s’épanouir en liberté après ces jours cachées dans le métal ignifugé. Cette petite flambée vient me réchauffer et me revigorer comme je ne l’espérais plus après ces longues journées sous le temps maussade dans cette fange puante sous les collines. J’ôte mes gants pour profiter aussi de la douce chaleur de ma peau de feu, je profiterais du spectacle, pour me sécher un peu, même s’il me manque de l’énergie pour le faire confortablement.
Je m’installe sur un des rares bancs de libre au milieu de l’assemblée, c’est à croire que tout le village s’est rassemblé pour écouter et prier. Je me laisserais bien aller à observer mes concitoyens, leurs flammes rouges, jaunes et oranges éclairant les lieux, mais j’ai mieux à faire dans l’immédiat.


« Je disais donc qu’il est fort dommage de ne pas apprendre à les connaître. Sommes-nous des brutes assoiffées de sang pour commettre de tels forfaits ? »

Les termes qu’il utilise ne sont pas ceux présentés dans les séminaires, ce qui ne fait que confirmer mes doutes. Son discours est beaucoup trop engagé, violent. Puis, on nous apprend à caresser nos disciples dans le sens du poil, tout l’inverse de ce qu’il fait. Mais surtout il y a cet accent, à la fois doux et chantant, mais malgré tout… heurtant, comme s’il butait sur certains mots.

« Que connaissons-nous des humains ? »

Ainsi c’est de cela qu’il parle, voilà qui est intéressant, et qui peut encourager autant de monde à venir l’écouter, dans cette région si proche des conflits armés. Mon prédécesseur officiel n’est-il d’ailleurs pas mort sous les coups d’une épée trop froide pour être tenue par un des nôtres ?

« Leur culture n’est pas la nôtre, mais est-elle moins bonne ? Mérite-t-elle qu’on les tue ainsi ? »

Erreur stratégique de sa part, il laisse un temps de pause, censé permettre à ses ouailles de digérer ses paroles, un délai amplement suffisant pour moi, rôdé au rôle délicat de la dissertation et du débat. Je décide de démarrer en douceur, avec l’argument le plus simple et classique :

« Ils croient qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Ils sont assez stupides pour ne pas voir que la Lune et le Soleil sont deux êtres différents.
- Un enfant à sa naissance ne croit pas, est-ce pour cela que vous le tuez ?
- Nos braises, aussi jeunes soient-elles sont capables de faire la différence entre le soleil et la lune et sont capable de savoir que l’un n’est pas l’autre. Et non, nous ne tuons pas les idiots. », conclué-je avec un sourire.

Des petits rires sont prononcés dans l’assemblée, qui s’est tournée vers moi pour l’occasion.

« Parce qu’ils sont idiots selon vous ? Est-ce ainsi que vous considérez tous les étrangers, voyageur ? Ou seulement ceux dont la peau est différente de la vôtre ? »

De la mienne ? Pourquoi n’a-t-il pas dit de la nôtre ? Serait-il … ? Non, ce n’est pas possible. Je préfère occulter mes pensées en rapport avec cette dernière question et me concentrer sur la question de l’intelligence humaine en retournant la question. Il y a tellement d'exemple prouvant leur idiotie qu'en entendre sur leur intelligence m'intéresserait presque.

« En passant outre le fait même de la religion et de leur croyance en un seul être supérieur qui pourrait nous diriger tous, en quoi leur trouvez-vous de l’intelligence ?
- Leur architecture, par exemple. Ils savent faire des maisons, de l’agriculture, des routes, dompter des animaux… comme nous finalement. »

Un vague murmure d’assentiment monte de la salle, très vague d’ailleurs. J’ai encore toutes mes chances, il n’a pas encore corrompu l’âme de mes fidèles. Il est temps d’attaquer très fort, ses arguments sont bidons et classiques et même si le jeu est drôle, je voudrais bien faire mes prières et me reposer.

« Ce sont des cannibales aussi. Un de leur "prophète" n’a-t-il pas dit "Manger car ceci est mon corps ?" et "Buvez car ceci est mon sang ?" ? »

Le murmure d’assentiment est ce coup-ci en ma faveur, et un poil plus fort que précédemment, cet argument a toujours fait mouche dans les assemblées, et j’avoue que les cours de théologie humaine m’avaient choqué, ainsi que de nombreux autres étudiants à cause de ce genre d’idées.

« En effet, mais il ne s’agit que d’une image. Ce n’est que du pain et du vin, mais vous devez le savoir, avec vos voyages ?
- Même si ce n’était que du pain et du vin, la volonté n’en est pas moins la même.
- Et vous condamnez quelqu’un pour sa volonté et non pour ses actions, maintenant ? Et c’est eux que vous traitez de sauvages ? »

Là, je me suis fait piéger, et en beauté. En effet, même si leur rite est absurde et est totalement hors de notre foi, leur action, elle, n’est pas répréhensible. Je ne suis plus dans un temple où je prêche notre vérité, mais dans un tribunal où je dois juger les actes et leurs morales.

« L’acte en effet, n’est pas amorale, je vous accorde ce point. Mais leur religion et leur culture ne l’est pas moins pour si peu.
- Leurs commandements sont-ils amoraux ?, me questionne-t-il.
- Je suppose que non, vu la teneur de votre discours. Mais entre la Loi et les Actes, il y a des différences, sinon ce lieu béni n’aurait pas lieu d’exister ! »

Cet être commence sérieusement à m’échauffer les oreilles, au sens le plus littéral du terme.

« En effet, aucun de nos peuples n'est capable de tenir le commandement le plus simple et le seul utile. Tout serait alors tellement simple si nous avions su écouter ce qu’il fallait et non nous concentrer sur le reste ?
- Aucun de NOS peuples ? »

J’insiste sur le « nos », il vient de se trahir et je tiens à ce que tout le monde le sache aussi bien que moi. Ainsi, mes doutes se révèlent parfaitement fondés. Pour la première fois, il relève la tête vers moi, pas de lumière derrière le masque, mais pas non plus d’ombre pour cacher son regard. Ce sont des yeux brillants d’eau, des yeux humains.

« Nos peuples, en effet. »

A ces mots, il ôte capuche et masque, dévoilant une longue chevelure brune, attachée près de la nuque et un visage au teint de cuivre aux yeux bruns, une barbe, légère, brune elle aussi. Je me rassieds sous le choc, c’est le premier humain que je vois en vrai, tandis que des cris d’horreurs parcourent l’assemblée. Il est d’ailleurs vis-à-vis de tous nos critères de beauté, moches. C’est quoi ces poils partout comme les animaux ? Et cette peau lisse, qui ne protège de rien, ne chauffe pas, comme celle du pis des vaches ?

« Oui, je suis un humain, cela change-t-il quelque chose au débat et à mes idées ? »

Manifestement, aux yeux de mes ouailles, oui, ça change beaucoup. Je n’ai jamais vu un temple se vider aussi rapidement, me laissant en moins de cinq minutes en tête à tête avec cet individu qui me regarde avec… désespoir ? Comment peut-il, sans changer de teinte, sans s’éteindre, être aussi expressif ? Ses yeux se retournent vers moi tandis que je me lève, ne sachant pas si je dois l’aider ou le livrer à la foule.

« Qui êtes-vous vraiment ? »

La question s’est posée des deux coté à la fois, je lui souris, sensible à cet être finalement si différent.

« Je suis prêtre. »

La réponse est sortie de nos deux bouches à la fois, et nous partons dans un éclat de rire.

« Daenyr, prêtre de la divine trinité : Argor, le soleil, Yanor, le ciel et Naera, la lune.
- Aymeric, prêtre de la divine trinité : Père, Fils et Saint Esprit. »

Je soupire, mais reste interdit face à cette révélation d’une autre trinité. Je me rassieds, accusant le coup. Et si l’Aynori se trompait depuis le départ ? Et si ces humains n’étaient pas des déchets ? Et si ces humains avaient eux aussi une âme, et étaient ces fils maudits d’Erna, le premier prophète ? Je me souviens qu’Emari avait posé la question, lors du séminaire. Il avait alors été pris à part par le clergé, procédé nécessaire selon les Aynoris pour lui démontrer à quel point il avait tort. Suite à quoi, et sans un mot, il avait décidé de quitter les études théologiques avant de disparaître.
Je suis interrompue dans mes réflexions par le mouvement de mon vis-à-vis qui se dirige vers moi, jusqu’à s’asseoir sur la chaise devant la mienne.

« Et moi qui croyait avoir plus d’espoir avec mon discours de paix parmi les vôtres. Vos missionnaires nous ont tellement prêchés la beauté de votre culture et votre intelligence. Mais il y a la même haine dans vos cœurs que dans les nôtres. »

Mon cœur se rappelle les tombes devant lesquels j’ai prié, avant de venir ici, et il s’enflamme de désespoir et d’une colère que je ne contiens que difficilement. Je lui renvois sa phrase qu’avec un mépris quasiment craché :
« La haine que ceux de votre peuple sont venus poser quand ils ont ruiné leurs vies et massacré leurs familles.
- Vous nous tuerez donc jusqu’au dernier parce que leurs arrière-grands-pères ont tué vos pères ?
- Parce que vos fils ont tué nos fils et parce que vos Dieux sont une hérésie !
- La cendre appelle le sang, n’est-ce pas ?
- Le ciel appelle le sang pour purifier vos âmes de toutes vos déviations et vos tromperies !
- Et pourtant le message était si simple…»

Il hoche la tête de gauche à droite en soupirant. Il laisse couler une larme, une faiblesse typique de ces êtres misérables. Il se lève et marche jusqu’au voile, séparant la partie publique des autels du temple. Je le vois avancer avec calme, se glisser entre les deux pans du tissu rouge translucide. Parvenu à la croisée mystique, d’où partent les chemins de feu vers nos trois Dieux. Il se retourne vers moi avec un sourire triste :

« Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! »

L’instant d’après, deux projectiles enflammés jaillissent de la porte et le touchent en pleine poitrine alors qu’il se tient droit, les bras écartés. Dehors, Yanor hurle dans un tonnerre de fracas, alors que dedans toutes les flammes s’éteignent brusquement d’un coup de vent qui vient déchirer le voile du temple.
Je tombe à genoux au sol et, pour la première fois, regrette de ne pas pouvoir pleurer comme un humain…



Je vous propose de démarrer ça avec la relecture orthographique.


Et si possible, pour ceux qui vous m'aider à corriger, vous pourriez expliquer pourquoi le soucis d'accord ou d'orthographe, parce que c'est pas un soucis de relecture, et donc sans la règle, je serais incapable d'éviter de refaire l'erreur.

Un grand merci à tout ceux qui vont m'aider.


Notez qu'à terme, j'aimerais en faire une série de 4 à huit nouvelles, basées à chaque fois sur un peuple élémentaire. Chaque nouvelles devrait comporter quelques chapitres de la taille de celui-là. (il manque ici au minimum deux chapitres avant et deux après)
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MessageSujet: Re: nouvelles élémentaires   nouvelles élémentaires Icon_minitimeSam 18 Oct - 3:51

Citation :
Long et pénible a été mon voyage depuis que j'ai quitté Ystaël, la cité divine, quasiment trois semaines auparavant. La nuit tombe sur ce dernier jour de voyage pour le moins humide et boueux. Dans un coin de ma tête, je peste contre le gamin qui m'a indiqué cette route, sachant à mon avis pertinemment que c'est celle des marais. Mais rien de tout ça ne serait arrivé si des malandrins ne m'avaient pas volé carte et laisser-passer il y a dix jours de cela, avant que j'arrive à Nayal. Depuis, à part ce détour par le marais qui m'a fait perdre trois jours et mon cheval, il ne m'est plus rien arrivé de fâcheux, malgré les troupes de bandits que j'ai aperçues ou entendues au loin. Il ne fait pour moi aucun doute que si l'Aynori, l'autorité suprême, fournissait cotte, épée, jupe d'armes et heaume à ses prêtre (« fournissait un équipement adéquat », pas besoin d'en faire des tonnes (: ), comme la Dame Asary de Nayal l'a fait pour moi, nous aurions moins de problème. Certes, j'ai fait le serment de ne pas faire faire de mal aux créatures de la trinité et je ne saurais de toute façon pas utiliser mes équipements, mais ça effraye, c'est le seul but.

(ça fait beaucoup trop de durée et de lieux en un paragraphe, tu perds le lecteur en donnant tant de détails dès le début. Il vaut mieux commencer par des banalités : le temps, des odeurs etc.)

J'ai fini par trouver la colline, sortant enfin de la fange qui m'a ruiné définitivement mes chausses et mes bottes. Epuisé, je grimpe cette montée salvatrice, espérant qu'il s'agisse bien de la dernière et non d'une énième butte qui me fera sombrer à nouveau dans l'eau gluante et puante de ce marécage décidément trop grand pour ma patience. A défaut, il a cessé de pleuvoir et j'en remercie Yanor, déesse des vents et du ciel, même si c'est sans doute plutôt à Argor, le soleil, son époux que je devrais plutôt adresser mes prières pour être parvenu à calmer sa divine tristesse. Loin, à l'Ouest (ouest ; règle expliquée ici), Argor se rapproche de l'horizon et j'espère que Naera, la lune, son amante parviendra à garder les yeux d'Yanor secs encore quelques heures.

(pareil ici : c'est beaucoup trop lourd de lister les divinités à la suite, ça ne fait pas naturel)

La terre devient plus sèche, manifestement, plus détrempée ici par les divines larmes que par l'eau naturelle des marais. Mon soulagement est d'autant plus intense, que, là-bas, j'aperçois enfin une borne de pierre. Je m'en approche, tremblant de froid à cause de l'humidité, mais encore assez vif malgré la fatigue et la frugalité de mes repas ces derniers jours. Un blason orné d'une balance est gravé sur la roche. Je soupire de bonheur, non seulement je ne me suis pas perdu, mais qui plus est, je suis plus proche de ma destination que ce que j'escomptais.

Ramyël, la ville du commerce, ma destination, possède en effet ce blason : balance d'or sur champs (champ, si c'est « de gueules à la balance dorée » ce que tu imagines) de sang. Brusquement ragaillardi par cette découverte pour le moins encourageante, je me hisse au sommet de la colline et découvre, dans le soleil couchant, les remparts de Ramyël. Avec sa coupole d'azur, il est impossible de ne pas repérer le tribunal, juste hors des murs. J’y serais (serai, le futur simple ne prend pas de « s » à la première personne du singulier) donc à la tombée de la nuit, (soit tu coupes la phrase ici, soit tu déplaces « voilà une bonne nouvelle » au début) voilà une bonne nouvelle, du moins s’ils ont été mis au courant de ma venue et que je puisse y trouver le minimum requis pour passer une nuit correcte. D’ailleurs, même si ce n’est pas le cas, un toit sur la tête et un sol de pierre sera toujours mieux que la boue du palus ou l’herbe humide de la route.


Après une bonne heure d’une marche harassante au pas traînant, je parviens à l’entrée de la ville où s’étend un vaste cimetière, le résultat des guerres interraciales dans la région. Je m’y arrête quelques minutes pour prier Yanor d’accueillir toutes ces flammes (espace en trop) en son sein et de faire d’elles des étoiles nous éclairant tout au long de notre vie ici-bas.

Cela fait, je me dirige droit vers les huis du tribunal. Le temple est éclairé et, de surcroît, il y a du bruit à l’intérieur. Je m’approche d’une des fenêtres et constate que la lumière est bien supérieure à celles que produiraient les chemins de feu. Curieux, je prête l’oreille et entends de nombreuses voix, des réprobations pour l’essentiel. Je hausse un sourcil et les épaules avant de frapper à la porte du temple judiciaire.
On vient m’ouvrir la porte. La personne qui se dresse devant moi est vêtue d’une robe blanche avec une ceinture rouge à la taille. Sa profonde capuche tombe sur un masque aussi bleu que la cape qui ceint ses épaules massives. Il est nettement plus courtaud que moi, il ne serait pas aussi large, je parierais pour une jeune braise qui n’a pas encore cramé son premier brasier. Sa tenue est celle d’un prêtre de mon ordre, ce qui attise ma curiosité déjà bien en place, je suis sensé être le seul ici et mon prédécesseur est mort, tué lors d’une offensive des humains.

« Ôtez vos armes avant de pénétrer en ces lieux, chevalier. »

Ainsi, il me prend (« confond » ? toujours bien de varier le vocabulaire) pour un mercenaire errant venant simplement prier en ces lieux. Je tâche, tant bien que mal, de cacher ma surprise à l’absence de la question et de la salutation rituelle. Bien que physiquement éreinté par mon voyage, mon esprit est désormais aiguisé par cet individu. Si cet homme est un de mes frères, je suis prêt à avaler l’arme prêtée, lame la première.
Je hoche cependant la tête et défais maladroitement mon baudrier auquel pend le fourreau. Ce combat, je le mènerais (mènerai) à la langue plutôt qu’à l’arme, (point) à moi de voir, qui, de lui ou de moi (malhabile) trompera le mieux l’autre. Je tente de voir ses yeux de feu, cherchant la trace d’un quelconque doute en lui, mais l’ombre de la capuche ne le protège que trop bien.
Je dépose mon casque à l’entrée, trop heureux de laisser mes braises s’épanouir en liberté après ces jours cachées dans le métal ignifugé. Cette petite flambée vient me réchauffer et me revigorer comme je ne l’espérais plus après ces longues journées sous le temps maussade dans cette fange puante sous les collines (trop de détails). J’ôte mes gants pour profiter aussi de la douce chaleur de ma peau de feu, je profiterais (profiterai) du spectacle, pour me sécher un peu, même s’il me manque de l’énergie pour le faire confortablement.
Je m’installe sur un des rares bancs de libre au milieu de l’assemblée, c’est à croire que tout le village s’est rassemblé pour écouter et prier. Je me laisserais bien aller à observer mes concitoyens, leurs flammes rouges, jaunes et oranges éclairant les lieux, mais j’ai mieux à faire dans l’immédiat.


« Je disais donc qu’il est fort dommage de ne pas apprendre à les connaître. Sommes-nous des brutes assoiffées de sang pour commettre de tels forfaits ? »

Les termes qu’il utilise ne sont pas ceux présentés dans les séminaires, ce qui ne fait que confirmer mes doutes. Son discours est beaucoup trop engagé, violent. Puis, (espace en trop) on nous apprend à caresser nos disciples dans le sens du poil, tout l’inverse de ce qu’il fait. Mais surtout il y a cet accent, à la fois doux et chantant, mais malgré tout… heurtant, comme s’il butait sur certains mots.

« Que connaissons-nous des humains ? »

Ainsi c’est de cela qu’il parle, voilà qui est intéressant, et qui peut encourager autant de monde à venir l’écouter, dans cette région si proche des conflits armés. Mon prédécesseur officiel n’est-il d’ailleurs pas mort sous les coups d’une épée trop froide pour être tenue par un des nôtres ?

« Leur culture n’est pas la nôtre, mais est-elle moins bonne ? Mérite-t-elle qu’on les tue ainsi ? »

Erreur stratégique de sa part, il laisse un temps de pause, censé permettre à ses ouailles de digérer ses paroles, un délai amplement suffisant pour moi, rôdé au rôle délicat de la dissertation et du débat. Je décide de démarrer en douceur, avec l’argument le plus simple et classique :

« Ils croient qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Ils sont assez stupides pour ne pas voir que la Lune et le Soleil sont deux êtres différents.
- Un enfant à sa naissance ne croit pas, est-ce pour cela que vous le tuez ?
- Nos braises, aussi jeunes soient-elles sont capables de faire la différence entre le soleil et la lune (pourquoi est-ce qu'il n'y a plus de majuscules ici ?) et sont capable de savoir que l’un n’est pas l’autre. (espace en trop) Et non, nous ne tuons pas les idiots. (pas de point) », conclué-je avec un sourire.

Des petits rires sont prononcés dans l’assemblée, qui s’est tournée vers moi pour l’occasion.

« Parce qu’ils sont idiots selon vous ? Est-ce ainsi que vous considérez tous les étrangers, voyageur ? Ou seulement ceux dont la peau est différente de la vôtre ? »

De la mienne ? Pourquoi n’a-t-il pas dit de la nôtre ? Serait-il … ? Non, ce n’est pas possible. Je préfère occulter mes pensées en rapport avec cette dernière question et me concentrer sur la question de l’intelligence humaine en retournant la question. Il y a tellement d'exemple prouvant leur idiotie qu'en entendre sur leur intelligence m'intéresserait presque.

« En passant outre le fait même de la religion et de leur croyance en un seul être supérieur qui pourrait nous diriger tous, en quoi leur trouvez-vous de l’intelligence ?
- Leur architecture, par exemple. Ils savent faire des maisons, de l’agriculture, des routes, dompter des animaux… comme nous finalement. »

Un vague murmure d’assentiment monte de la salle, très vague d’ailleurs. J’ai encore toutes mes chances, il n’a pas encore corrompu l’âme de mes fidèles (« fidèles », il s'approprie vite sa paroisse...). Il est temps d’attaquer très fort, ses arguments sont bidons et classiques et même si le jeu est drôle, je voudrais bien faire mes prières et me reposer.

« Ce sont des cannibales aussi. Un de leur "prophète" n’a-t-il pas dit "Manger car ceci est mon corps ?" et "Buvez car ceci est mon sang ? (point d'interrogation en trop)" ? »

Le murmure d’assentiment est ce coup-ci en ma faveur, et un poil plus fort que précédemment, (point) cet argument a toujours fait mouche dans les assemblées, et j’avoue que les cours de théologie humaine m’avaient choqué, ainsi que de nombreux autres étudiants à cause de ce genre d’idées.

« En effet, mais il ne s’agit que d’une image. Ce n’est que du pain et du vin, mais vous devez le savoir, avec vos voyages ?
- Même si ce n’était que du pain et du vin, la volonté n’en est pas moins la même.
- Et vous condamnez quelqu’un pour sa volonté et non pour ses actions, maintenant ? Et c’est eux que vous traitez de sauvages ? »

Là, je me suis fait piéger, et en beauté. En effet, même si leur rite est absurde (leurs rites sont absurdes) et est (sont) totalement hors de notre foi, leur action, elle, n’est pas répréhensible. Je ne suis plus dans un temple où je prêche notre vérité, mais dans un tribunal où je dois juger les actes et leurs morales.

« L’acte en effet, n’est pas amorale, je vous accorde ce point. Mais leur religion et leur culture ne l’est pas moins pour si peu.
- Leurs commandements sont-ils amoraux ?, (virgule inutile) me questionne-t-il.
- Je suppose que non, vu la teneur de votre discours. Mais entre la Loi et les Actes, il y a des différences, sinon ce lieu béni n’aurait pas lieu d’exister ! »

Cet être commence sérieusement à m’échauffer les oreilles, au sens le plus littéral du terme.

« En effet, aucun de nos peuples n'est capable de tenir le commandement le plus simple et le seul utile. Tout serait alors tellement simple si nous avions su écouter ce qu’il fallait et non nous concentrer sur le reste ?
- Aucun de NOS peuples ? »

J’insiste sur le « nos », il vient de se trahir et je tiens à ce que tout le monde le sache aussi bien que moi. Ainsi, mes doutes se révèlent parfaitement fondés. Pour la première fois, il relève la tête vers moi, pas de lumière derrière le masque, mais pas non plus d’ombre pour cacher son regard. Ce sont des yeux brillants d’eau, des yeux humains.

« Nos peuples, en effet. »

A ces mots, il ôte capuche et masque, dévoilant une longue chevelure brune, attachée près de la nuque et un visage au teint de cuivre aux yeux bruns, une barbe, légère, brune elle aussi (description mal menée). Je me rassieds sous le choc, (demi-cadratin) c’est le premier humain que je vois en vrai, (demi-cadratin) tandis que des cris d’horreurs parcourent l’assemblée. Il est d’ailleurs vis-à-vis de tous nos critères de beauté, (deux-points) moches (moche). C’est quoi ces poils partout comme les animaux ? (baisse brutale du niveau de langue) Et cette peau lisse, qui ne protège de rien, ne chauffe pas, comme celle du pis des vaches ?

« Oui, je suis un humain, cela change-t-il quelque chose au débat et à mes idées ? »

Manifestement, aux yeux de mes ouailles, oui, ça change beaucoup. Je n’ai jamais vu un temple se vider aussi rapidement, me laissant en moins de cinq minutes en tête à tête avec cet individu qui me regarde avec… désespoir ? Comment peut-il, sans changer de teinte, sans s’éteindre, (espace en trop) être aussi expressif ? Ses yeux se retournent vers moi tandis que je me lève, ne sachant pas si je dois l’aider ou le livrer à la foule.

« Qui êtes-vous vraiment ? »

La question s’est posée des deux coté à la fois, je lui souris, sensible à cet être finalement si différent.

« Je suis prêtre. »

La réponse est sortie de nos deux bouches à la fois (la répétition est trop lourde pour être conservée), et nous partons dans un éclat de rire.

« Daenyr, prêtre de la divine trinité : Argor, le soleil, Yanor, le ciel et Naera, la lune.
- Aymeric, prêtre de la divine trinité : Père, Fils et Saint Esprit. »

Je soupire, mais reste interdit face à cette révélation d’une autre trinité. Je me rassieds, accusant le coup. Et si l’Aynori se trompait depuis le départ ? Et si ces humains n’étaient pas des déchets ? Et si ces humains avaient eux aussi une âme, et étaient ces fils maudits d’Erna, le premier prophète ? Je me souviens qu’Emari avait posé la question, lors du séminaire. Il avait alors été pris à part par le clergé, procédé nécessaire selon les Aynoris pour lui démontrer à quel point il avait tort. Suite à quoi, et sans un mot, il avait décidé de quitter les études théologiques avant de disparaître.
Je suis interrompue dans mes réflexions par le mouvement de mon vis-à-vis qui se dirige vers moi, jusqu’à s’asseoir sur la chaise devant la mienne.

« Et moi qui croyait (croyais, « moi » est le sujet) avoir plus d’espoir avec mon discours de paix parmi les vôtres. Vos missionnaires nous ont tellement prêchés la beauté de votre culture et votre intelligence. Mais il y a la même haine dans vos cœurs que dans les nôtres. »

Mon cœur se rappelle les tombes devant lesquels j’ai prié, avant de venir ici, et il s’enflamme de désespoir et d’une colère que je ne contiens que difficilement. Je lui renvois sa phrase qu’avec un mépris quasiment craché :
« La haine que ceux de votre peuple sont venus poser quand ils ont ruiné leurs vies et massacré leurs familles.
- Vous nous tuerez donc jusqu’au dernier parce que leurs arrière (arrières)-grands-pères ont tué vos pères ?
- Parce que vos fils ont tué nos fils et parce que vos Dieux (dieux, uniquement une majuscule pour « Dieu ») sont une hérésie !
- La cendre appelle le sang, n’est-ce pas ?
- Le ciel appelle le sang pour purifier vos âmes de toutes vos déviations et vos tromperies !
- Et pourtant le message était si simple… (il manque un espace) »

Il hoche la tête de gauche à droite en soupirant. Il laisse couler une larme, une faiblesse typique de ces êtres misérables. Il se lève et marche jusqu’au voile, séparant la partie publique des autels du temple. Je le vois avancer avec calme, se glisser entre les deux pans du tissu rouge translucide. Parvenu à la croisée mystique, d’où partent les chemins de feu vers nos trois Dieux (dieux). Il se retourne vers moi avec un sourire triste :

« Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! »

L’instant d’après, deux projectiles enflammés jaillissent de la porte et le touchent en pleine poitrine alors qu’il se tient droit, les bras écartés. Dehors, Yanor hurle dans un tonnerre de fracas, alors que dedans toutes les flammes s’éteignent brusquement d’un coup de vent qui vient déchirer le voile du temple.
Je tombe à genoux au sol et, pour la première fois, regrette de ne pas pouvoir pleurer comme un humain…



Ce sera tout pour cette nuit, je suis fatigué. Tu devras tout d'abord revoir plusieurs choses, en plus de ce que j'ai indiqué dans la correction :
– la longueur et donc la lourdeur des phrases
– effectuer un enrichissement du vocabulaire
– définir le temple judiciaire
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