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 [Votes] Trophée Poe

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MessageSujet: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeMer 1 Oct - 19:55

[Votes] Trophée Poe Ban_po10



Le trophée Poe est pour la toute première fois mis en jeu !
Pour rappel, ce trophée regroupe les thèmes du fantastique et de l'horreur !

Mike001 a defié Marcus Junius Brutus pour s'en emparer !
Surgit alors Aillas, qui se présente en tant que challenger !

Le duo devient trio, puis redevient duo suite à l'abandon de Marcus Junius Brutus.





Ce sera donc Mike001 et Aillas qui s'affronteront pour tenter de s'emparer du trophée Poe !



Thème et contrainte : Abilly 1918.

Fin des votes : mercredi 15 octobre, 23h59.

Texte n° 1 :

Citation :
Abilly, novembre 1918

La routine reprenait son cours à Abilly. La France victorieuse avait été la cause de deux semaines de festivités amicales dans le village ; désormais les tables installées dans les rues pouvaient retourner à leurs places et les moulins nettoyer la farine à plein rendement.

Madeleine Comty se brossait les cheveux, assise à son bonheur-du-jour. Le meuble en acajou de facture anglaise était le dépositaire des lettres secrètes transmises par ses soupirants ; elles étaient cachées dans la plinthe. Certains soirs elle les relisaient pour flatter son ego ; l'expéditeur importait peu. Madeleine ne regrettait pas d'avoir fait des pieds et des mains auprès de son père pour obtenir la coiffeuse. Même si elle avait dû promettre de bien se tenir et de l'accompagner à plusieurs soirées officielles. Elle comprenait que son père désirât la présenter à la haute société, après tout elle serait majeure l'année prochaine et il fallait un bon parti à la fille d'un diplomate français. Mais ça ne l'empêchait pas de l'agacer, elle préférait choisir seule ses relations. Elle se considérait pleinement apte à charmer les garçons de bonnes familles et à repousser les autres. Un langoureux regard dans le miroir de sa coiffeuse la conforta dans ses pensées. Elle avait de longs et fins cheveux noirs, des yeux amandes de couleur châtaigne, une petite bouche en cœur, un menton rond. Elle se trouvait belle et elle savait à la façon dont les hommes la regardait qu'ils étaient du même avis. Du reste, son sourire n'avait jamais été aussi éclatant. Cela faisait quinze jours qu'il s'affichait ; Madeleine peinait à le contenir. Il s'était installé depuis que la fin de la guerre avait été annoncée et que son père en avait profité pour prendre des vacances du Danemark. Il avait été absent pendant quelques mois et mine de rien, il lui avait manqué.

La famille Comty – la conséquente famille puisque Alexandre-Robert Comty et son épouse, Nelly Le Roy, avaient eu sept enfants – était tout juste réunie au complet que se tenait déjà une soirée de départ en l'honneur de monsieur Comty. Amis, connaissances professionnelles et autres personnages influents furent conviés. La haute société de province serait représentée.

Fernande, l'aînée de la fratrie, entra dans la chambre de Madeleine et referma vite la porte.
— Tu pourrais frapper ! se plaignit Madeleine.
— Et comment je te surprendrai, petite sœur ? rétorqua Fernande, avec malice. La plus âgée s'approcha de l'autre, se baissa et  lui ceignit le torse d'un geste chaleureux. Les deux jeunes femmes s'examinèrent dans le miroir. Fernande et Madeleine se ressemblaient énormément.

Sauf pour le nez, pensa Madeleine. Elle a le nez droit de papa ; je suis plus jolie qu'elle.

— Tu ferais mieux d'aller te préparer, plutôt que de me déranger. Les invités seront arrivés que tu ne seras toujours pas prête.
— J'ai largement le temps.
— Si mère entre tu seras punie. Et ta relation avec Jacques en pâtira, signifia d'un ton narquois Madeleine.
— Tu sais pertinemment bien que non. C'est mère qui l'a choisi, pas moi. Elle ne fera rien qui nuirait aux affaires de la famille.
— Hmm...
— Tu vas encore t'entêter à essayer de séduire le beau Jean ?
— Je ne vois pas de quoi tu parles...
Fernande relâcha son étreinte. Elle battit des paupières et prit une voix de comédienne, faussement perchée :
— Ô, Jean, comte de Hautecoque, embrassez-moi ! Vous ne voyez pas que votre présence m'émoustille, faites votre œuvre et prenez...
L'actrice ne put finir sa représentation car le parquet de spectateur balança maladroitement une brosse en sa direction.
— Raté, petite sœur, dit Fernande après avoir esquivé l'objet qui finit sur le lit. Tu lancerais ta coiffeuse pour le même résultat. Enfin, cela pourrait être dangereux, du papier volerait dans la pièce.
Madeleine conserva le silence.
— Allons, je sais que tu caches des lettres de garçons dans le meuble.
— Tu as fouillé mes affaires ?! Je devrais le dire à mère.
— Et te dénoncer ? Dénoncer que tu as utilisé tes pouvoirs alors que ça t'était interdit ? Non, je ne crois pas. Ce qui est étonnant c'est que tu ne l'aies pas fait sur le beau Jean — parce que le fait qu'il n'ait pas succombé prouve que tu n'en as pas usé, non ? Tu comptes l'envoûter sans artifice, grâce à ton physique et ton bon esprit ?
— C'est l'idée, oui, reconnue, timidement, Madeleine.
Fernande s'agenouilla puis saisit les mains de sa cadette.
— Fais attention, petite sœur. Si mère te revois lui tourner autour sans en avoir reçu l'autorisation ça va barder. Je préférerais que tu t'abstiennes. Je te taquinais, là, mais je ne veux pas qu'elle soit en colère contre toi. Non, vraiment pas.
— Mais... mais l'année prochaine j'aurai dix-huit ans et elle choisira quelqu'un pour moi, comme elle l'a fait pour toi, Fernande. Maintenant tu as Jacques ; en plus, j'ai entendu papa dire à mère que bientôt vous vivrez ensemble. Je n'ai pas envie qu'on décide pour moi ! ni que tu partes d'ailleurs.

Le discours était quelque peu confus, mais Fernande comprenait ce que ressentait sa sœur, elle l'avait en partie vécu l'année précédente. En particulier en ce qui concernait le choix imposé.

— Il n'y a pas d'alternatives par milliers, Madeleine : tu fugues, tu plies devant mère ou...
— Ou ?
— Ou tu l'attires dans ton camp.
— La convaincre tu veux dire ?
— Oui. La convaincre.
— Bon Dieu... comment suis-je supposée m'y prendre ?

Madeleine évita sa mère, trop effrayée pour risquer une confrontation. Heureusement, les derniers préparatifs de la réception puis l'accueil des convives accaparèrent l'attention de la maîtresse de maison. L'adolescente se laissa aller à une flânerie songeuse. Un canapé entamé dans la paume, elle mâchait tranquillement près du bar. Le mobilier du salon avait été déplacé pour la soirée, permettant à la pièce de contenir une trentaine de personnes. Fonctionnaires, politiciens, militaires et industriels discutaient affaires du monde et économie ; des sujets qui n'intéressaient pas Madeleine. Peu lui importait les clauses de l'armistice, les fraudes à la pension de guerre ou la reconstruction ; elle se demandait quels arguments feraient que sa mère dirait : « Parfait, Madeleine. Si c'est lui que tu veux épouser, ainsi soit-il ». Ses pensées continuaient de l'occuper quand Fernande la rejoignit.

— Tu ne parviendras pas à tes fins en t'empiffrant de la sorte. Tout ce que tu auras ce sont des boutons.
Madeleine sursauta.
— Ah, ce n'est que toi. Pendant un instant mon cœur a cessé de battre, j'ai cru que c'était mère.
— Il ratera un nouveau battement tantôt, prévint Fernande, souriante.
— Pourquoi ? Je n'aime pas tes cachotteries, d'autant plus lorsque tu as cette expression étrange sur le visage.
— Certains appellent ça un sourire. D'autres, l'expression du démon.

Madeleine remercia in petto son aînée pour le réconfort qu'elle lui apportait. Elle n'eut pas le temps de répliquer que Fernande poursuivait déjà :

— Mais tu ne sais pas le meilleur. Attends, je vais te le dire. Jean est ici.
— Hein ?
— Oui, n'est-ce pas merveilleux ?
— Si... mais... Comment je suis ? demanda Madeleine précipitamment. J'aurais dû mettre ma robe en velours rouge !
— Pour te faire remarquer par toute l'assemblée ? Mauvaise idée.
— Qu'est-ce que je dois faire ? s'enquit Madeleine.
— Surtout, ne va pas lui parler.
— Quel intérêt de me dire que Jean était à la maison dans ce cas ?
— Au moins, tu ne seras pas surprise. Une femme ne doit jamais être surprise ; nous devons tout savoir. Sinon les hommes ne sauront que faire.
— Bah, j'ai assez de soucis avec moi-même.
— Il faudra bien que tu décides pour ton Jeannot, si tu comptes l'avoir. On se marie à des hommes pour qu'ils prennent ce qui est en réalité nos décisions, pas les leurs.
— C'est ce que tu fais avec Jacques ? Tu l'ensorcelles pour le compte de mère ?
— Pour le compte de la famille, Madeleine. Je le fais pour la famille, même si mon avis n'a pas été requis.
— Je n'ai pas envie d'user de mes pouvoirs sur Jean, dit Madeleine, un ton plus bas.
— Tu ne t'es pas retenue de t'y essayer sur une dizaine de garçons pourtant, accusa sa sœur.
Madeleine attrapa un nouveau canapé qu'elle mit en entier dans sa bouche. Un répit accordé par les bonnes manières. Fernande ricana face à cette grossière échappatoire qui ne faisait que confirmer ses dires.
— Bon, file lui parler maintenant.
— À Jean ? questionna Madeleine, projetant quelques postillons.
— Non, tête de linotte bouchée des étuis qui te servent d'oreilles. À notre mère.
— D'accord.

Fernande la poussa en avant. Contrainte, Madeleine quitta sa cache et se fondit dans la masse des invités. Quelqu'un l'appela, tandis qu'elle passait à côté d'un groupe ; ses frères François et Jean-Marie faisait partie de la compagnie.
— Ces jeunes gens sont tout à fait prodigieux, Madeleine, complimenta un homme qu'elle savait être un ancien ministre mais dont elle avait oublié le nom. Je ne suis pas surpris que les enfants d'Alexandre et de Nelly soient si matures. Jean-Marie a une conversation passionnante à propos des aéroplanes. Il connait les biplans, triplans et autres engins volants, aussi bien que je connais les couloirs de l'Assemblée. Encore que lui a le mérite d'être intéressant, ce qui n'est pas forcément la chance de nous autres, politiciens. Quoique à entendre votre frère François, nous gagnerions là un sacré orateur. Quand est-ce que je vous prends comme suppléant ?
— Vous me flattez, monsieur Besnard, répondit François en rougissant.
Évidemment, René Besnard. J'ai vraiment la tête ailleurs pour ne pas m'en souvenir.
— Cependant, monsieur le député, je me verrai plutôt dans la diplomatie.
— Suivre les traces de votre père en somme. Une carrière honorable, je ne doute pas de votre réussite, François, assura le parlementaire. Ça me fait penser : le jeune Jean de Hautecoque prévoit également de devenir diplomate. Je vais le faire venir, ce serait bénéfique de mettre en relation deux jeunes et brillants esprits. Je reviens.
Le député ne mit pas longtemps à trouver Jean et à revenir. L'estomac de Madeleine se contracta et une bouffée de chaleur monta en elle au moment où elle le vit.
— Je l'ai emprunté à mademoiselle de Puyter, vous noterez le sacrifice qu'il consent à vous faire, François. Quant à vous, Madeleine, je ne vous néglige pas. J'entends vous complimenter personnellement. Je me souviens d'une robe rouge que vous portiez à un gala sur Paris – c'était votre père qui vous avait emmené si ma mémoire ne me fait pas défaut – vous étiez ravissante.
— Merci, monsieur le député.

Après cette réponse sans grande conviction, Madeleine ne suivit plus la conversation. René Besnard était trop énergique à son goût, il fallait lui accorder une entière attention pour ne pas perdre le fil. Or elle avait un autre un sujet sur lequel se pencher. Jean de Hautecoque était en face d'elle, pareil à la précédente fois qu'elle l'avait croisé. Ses yeux perçants scrutaient chaque détails, son sourire en coin et le calme de sa voix démontraient son humilité. Il s'agissait de cette réserve mesurée qui avait attiré Madeleine. Il était à mille lieux des hommes qui lui faisaient la cour ; ce n'était ni un fanfaron ni un prétentieux. Jean était mature et sûr de lui.
Mais cette de Puyter, Valentine de son prénom, apparaissait être un nouveau grain de sable dans le plan de séduction. Madeleine pouvait désormais l'observer par dessus l'épaule de Jean-Marie d'où elle se tenait. Valentine de Puyter était une jolie blonde au teint halé et au corps élancé.

Pas étonnant que Jean et elle fussent en conversation, se dit Madeleine. Je n'ai plus aucune chance de l'avoir par les voies normales. Il m'a déjà repoussé en me disant que j'étais trop jeune. Il est à moi ! Je vais faire ce que m'a conseillé Fernande.

— Excusez-moi, je dois m'absenter, avisa Madeleine au petit groupe.
Elle s'éloigna immédiatement, la boule au ventre, avant qu'un mot de politesse ne soit prononcé. Elle contourna plusieurs cercles et atteignit celui qu'elle cherchait. Elle se plaça derrière sa mère et guetta un silence profitable. Alors Madeleine put s'adresser à elle. Nelly Le Roy tourna à peine la tête.
— Oui ?
— Puis-vous parler, mère ?
— Bien sûr, qu'y a-t-il ?
— En privé, si possible.
— Ah, les secrets d'une fille à sa mère, lança Nelly aux personnes présentes qui les pardonnèrent avec un petit rire.

Un étroit couloir de plusieurs mètres mena au cabinet de travail du père de Madeleine dans lequel les deux femmes s'isolèrent. Madeleine, anxieuse, hésitait à prendre la parole ; sa mère l'intimidait. Elle lui faisait l'effet d'une prédatrice froide et calculatrice : ses cheveux châtains clairs, parsemés de mèches grises, étaient coiffés en un chignon ; ses lèvres pincées trahissaient son impatience ; sa robe à corsage ajustée devant et derrière affinait sa taille, et sa gorge était suggérée par une encolure en « v » ornée d'une modestie de satin gris perle.

— Je-je veux la permission d’ensorceler Jean de Hautecoque, mère. Pour que l'on se marie.
— Ah, rien que ça... Tu as encore un an devant toi avant que je ne t'assigne un époux. Tu comptes réellement en parler tout de suite ?
— Oui.
— Pourquoi lui ?
— Il est issu d'une famille de nobles qui a su conserver de l'influence, mère. Les Hautecoque ont de nombreux amis. Si j'étais sa femme, nos intérêts seraient assurés.
— Tu ne sais même pas quels sont ces intérêts, Madeleine. Je reconnais que posséder Jean de Hautecoque de notre côté serait bénéfique. Le problème, c'est que tu ne crois pas à tes propres arguments. Tu l'aimes, n'est-ce pas ?
— Oui...
— Fernande et toi me détestez, déclara Nelly.
— Non, ce n'est pas...
— Ne me mens pas, Madeleine, coupa sa mère. Ne me mens pas. Je le vois, je l'entends. Je le sens. Premièrement, vous me détestez parce que c'est moi qui choisis qui vous épouserez. Fernande s'est mariée à Jacques Lachèvre, et toi tu as peur de perdre ton amour en ne saisissant pas ta chance au bon moment.
— C'est cela.
La gorge de Madeleine était sèche et ses mains tremblaient, les mots peinaient à sortir. Son pouls battait fort ; enfin elle avait la conversation qu'elle voulait.
— Sauf que tu ne l'as jamais eu, Madeleine. Il n'a jamais eu un quelconque signe d'affection. Deuxièmement, vous me détestez parce que j'ensorcelle Alexandre, votre père, et qu'il est bon envers vous. Ça au moins je ne suis pas obligée de le provoquer, son amour pour vous est tout à fait réel. Non, si j'utilise mes pouvoirs sur lui c'est que je suis dans la même situation que toi, Madeleine. Je l'aime et ce n'est pas réciproque.

La jeune femme fut décontenancée. Sa mère ressentait de l'amour ?

— Je ne suis certainement pas la plus chaleureuse des mères, mais je ne suis pas un monstre pour autant, Madeleine. Cela me peine que vous ayez pu penser une telle chose. Tu veux Jean de Hautecoque donc ?
— Ou-oui.
— Tu veux passer les restants de tes jours avec lui, l'ensorceler continuellement et l'inciter à agir en fonction des besoins de notre famille ? Réfléchis bien à ta prochaine réponse. Il n'y aura pas de retour en arrière.
Madeleine pesa le pour et le contre. Finalement, elle en tira plus de bienfaits que d'inconvénients.
— Oui, je le veux.
— Va le soutirer à cette Valentine de Puyter, ma fille.
— Comment vous...
— Une femme se doit de tout savoir, révéla sa mère.




Texte n° 2 :


Citation :
Une énorme pile d'archives dégringola du bureau depuis l'équilibre précaire qu'elle occupait un instant plus tôt. Paul n'y prêta même pas attention, il avait bien d'autres préoccupations que de veiller au confort de quelques paperasses. Cela faisait déjà quatre bonnes journées qu'il s'abîmait les yeux en déchiffrant des manuscrits et imprimés vieux de presque un siècle. Le café qu'il ingurgitait comme un automate commençait à avoir un effet plus néfaste qu'appréciable sur son acuité et, surtout, sur son estomac.

Paul pris une pause, s'allongeant un instant sur le canapé de la vieille salle. Sa thèse avançait bien, il avait compilé une masse colossale de données sur son ordinateur, agencé le tout en un ensemble cohérent. « L'impact des Guerres Mondiales sur la démographie en milieu rural et péri-rural » était un sujet comme un autre pour se mettre un jury dans la poche, les guerres ça a toujours passionné les foules et les pontes de l'intellect aiment qu'on cherche la petite bête au milieu du reste. L'idée ne le séduisait pas plus que ça lui-même, mais l'objectif n'était pas de se faire plaisir. Il soupira en étendant le bras vers quelques documents traînant à même le sol et en porta un à ses yeux. Le papier était jaunissant et l'encre qui avait perdu de son pigment tendait à devenir translucide, ce n'est pourtant pas cela qui retint son attention alors que son regard glissant sur les lettres et les chiffres. Il fronça les sourcils tout en se relevant. Pris d'une inquiétude, Paul se hâta de rejoindre son ordinateur et pianota dessus quelques minutes, fébrile. Un silence s'installa alors que l'internet lui prodiguait sa sciences.

-Merde ! S'exclama-t-il.

XXX


Un vieil homme s'approcha de Paul, la main tendue et le geste franc.

-Paul Delrault ?

-Lui-même. Il lui serra la main, dans l'attente des présentations.

-Ah, bonjour. Je suis M. Vignac de la Mairie d'Abilly, c'est moi qui suis chargé de vous accueillir.

-Merci à vous.

Son hôte lui indiqua une direction du doigt tout en se mettant en marche.

-Venez, je vais vous faire faire un tour en ville, que vous visitiez un peu le coin.

-Je préférerai aller tout de suite aux archives de la ville si vous le voulez bien, mon travail est quelque peu urgent.

Monsieur Vignac s'arrêta pour étudier Paul, l'air contrarié qu'il ne décline sa proposition.

-Si vous le dîtes... L'atmosphère s'était rafraichie tout d'un coup, sûrement la brise légère de ce début d'octobre, ou la froideur de la réponse du vieillard.

Le trajet en voiture lui paru particulièrement long, une heure et demie quand on est avec quelqu'un qui se tait ostensiblement, c'est très long. Paul en profita donc pour réfléchir à ce qu'il lui restait à faire sur place. Prendre le train Paris/St Pierre des Corps lui avait semblé une bonne idée de premier abord, lui permettant d'aller vérifier sur place les données contradictoires qu'il avait à disposition à la capitale. Pourquoi pas même aller voir quelques anciens s'il en restait. Maintenant qu'il y était, il se demandait s'il n'aurait pas mieux fallu faire l'impasse sur le document et le traiter comme une anomalie sans conséquence dans ses tableaux de traitement.

XXX



Finalement, l'étape dans les archives de la mairie avait été plus simple qu'il ne l'avait craint, malgré quelques réticences administratives, il était parvenu à mettre la main sur les dossiers qui l'intéressaient. Son problème était désormais le suivant : comment la commune d'Abilly, malgré la réquisition de plusieurs centaines d'hommes, a pu voir sa population rester stable lors de la première guerre mondiale ? Les familles Duchamps, Tourrain, Cliquot, Périsson Soignon, Trevoux, Morvan...
Paul décortiquait avec fébrilité des papiers vieux de presque un siècle, certains réédités il y a de ça plusieurs décennies. Les chiffres auraient dû être clairs, près de 20% de la population française avait été mobilisée lors de cette guerre, presque 17% de ceux-ci n'en reviendraient pas et Abilly n'avait pas fait exception à la mobilisation. Alors pourquoi tout continuait de lui indiquer que cette ville avait été comme épargnée. La population entre 1914 et 1918 à Abilly était restée quasi-identique, pourtant, le déficit en naissance aurait dû impacter la ville. Même si cela avait pu ne pas créer de trou démographique, comment expliquer qu'il n'y ai pas de pertes militaires ?

Loin d'être un statisticien hors pair, Paul restait tout de même quelqu'un de pragmatique, si plus de deux cents hommes se sont vus mobilisés, si normalement une quarantaine aurait dû périr, si les femmes de ces hommes n'avaient pu enfanter durant ce laps de temps, c'était pratiquement impossible que la population n'aie pas changé. Pourtant, les chiffres qu'il ne cessait de lire et relire lui attestaient avec une ténacité agaçante que c'était bel et bien le cas.

Paul se leva, allant s'allumer une cigarette et s'asseoir à la fenêtre de sa chambre d'hôtel, regardant en face de lui les petites rues de la ville, claire et chaleureuse malgré la nuit qui venait de poindre. Sur quelle singularité statistique était-il tombé ? Fumant, le regard perdu dans les probabilités de ses calculs contradictoires, Paul était seul dans son travail. Non pas qu'il soit un être asocial et dépourvu de talent humain, il était plutôt de ce genre d'individus qui trouvait que partager son labeur était se le multiplier. A quoi bon avoir à relire et comprendre les analyses d'un autre là où une seule personne pouvait très bien ne pas avoir à se perdre à s'expliquer lui-même ce qu'il avait fait ? Quel temps perdu que de devoir attendre les résultats d'un autre, d'avoir à se les faire transmettre, d'être dépendant à ce qu'on lui apporte ce qu'il cherche. Non, Paul était un solitaire par choix, quand un cerveau se suffit à lui-même, il est superflu d'en ajouter un second pour en brouiller l'efficacité.Il écrasa son mégot dans le pot de géranium et ferma la fenêtre sans en clore les stores, appelant ainsi le soleil du mâtin en réveil naturel. Le lendemain, il irait regarder dans les archives de la presse du coin les éditions d'époque, parfois plus parlant que les myriades de paperasse administrative. Toujours propre, nette, froide.

Il ferma les yeux en tentant de mettre en sourdine ses questions. Trop propre, nette et froide pour raconter avec précision les faits. La presse, elle, savait mettre ce pathos et cette dose d'humanité dans les données brutes. Les pistes des investigations improbables.

XXX


Il rencontra au petit mâtin Martine Michelle, journaliste à Centre France, et s'entretint une longue heure avec elle. C'était une femme charmante, sur la fin de la trentaine, quelque peu athlétique, portée sur la politique et la cause humanitaire dans le tiers monde. Elle avait un chat qui s’appelait Minou et même que ça désolait que l'ancien propriétaire ai eu aussi peu de bon goût. Il apprit aussi qu'elle avait travaillé avec une archiviste l'année passée afin de numériser tous les numéros des journaux locaux depuis 1883. Ça avait été une expérience éprouvant malgré les pépites sur lesquelles elles avaient pu mettre la main. Paul lui demanda avec chaleur où il pourrait trouver ces numérisations et ils convinrent d'un heure l'après-midi même pour qu'elle lui montrât.

Au rendez-vous, ils passèrent encore une heure à discuter des numérisations ainsi que des diverses possibilités qu'offrait le logiciel. Paul fut heureux de découvrir qu'il pourrait à loisir sélectionner des mots ou des phrases pour se faciliter la tâche. Dès que Martine s'en alla, il s’attela au travail et entra ses premières recherches. Tout d'abord, voir les feuilles de choux qui parlaient des naissances durant la première guerre mondiale.

Le café coula longuement tandis qu'il usait de l'ordinateur mis à disposition par la mairie. Cela avançait lentement car malgré les facilitations, il se perdait souvent dans les digressions journalistiques et devait s'extirper d'articles sans fond dont il ne comprenait souvent pas grand chose tellement le patois était présent. Il téléchargea le logiciel sur son ordinateur portable alors que la nuit tombait et rentra à l'hôtel pour continuer son labeur jusque tard dans la nuit. Une fois réinstallé plus à l'aise dans un espace qui lui était davantage intime, il entreprit d'imprimer et d'afficher au mur les articles à intérêt qu'il arrivait à trouver dans la toile immense qui lui était mise à disposition.

Un article tout particulier avait rendu à sa recherche la fébrilité qui l'avait amené dans ce trou paumé. Madame Cliquot, dont le mari avait été mobilisé dès l'été 1915 après son travail aux fouilles du site paléolithique, avait accouché en mars 1918 du petit Joseph Cliquot. Sauf qu'à moins que ce dernier ne soit un bâtard ou que sa mère aie accouché en retard de presque deux ans, ce n'était pas possible. C'était aussi le cas de Germaine Trevoux qui avait hypothétiquement un ans et cinquante sept jours de retard sur l'accouchement de son bébé. Plusieurs autres étaient dans le même cas, plus d'une demi-douzaine. A chaque fois, le père avait été mobilisé dans l'été 1915 après la fin des fouilles et l'enfant naissait dans le début de l'année 1918. Paul se demanda l'espace d'un instant s'il n'y avait pas eu une sorte de viol collectif ou d'espèce d'insémination de masse, mais une recherche supplémentaire sur des éventuelles photos des enfants plus vieux lui appris que chacun ressemblait comme deux gouttes d'eau à leur père. Tous différents donc.

Il prit un instant avant de réfléchir. Déjà, c'était étonnant que ces hommes, ces maris, puissent n'être mobilisés qu'à partir de 1915. Il alla donc gratter davantage autour du site paléolithique, une cinquantaine d'hommes d'Abilly avaient été embauché de l'été 1911 à l'été 1915, sur des temps fragmentés pour la plupart. Seule une demi-douzaine avait reçu une mission complète sur la totalité du temps de fouille. Comme par hasard, il s'agissait des familles sur lesquelles l'anomalie natale était présente. Rendu à ce point là de ses recherches, Paul ne savait pas quoi penser, le hasard n'était que trop absent de l'équation et les chiffres et données ne concordaient pas, ou concordaient trop, suivant les cas. Il compris assez rapidement qu'il ne trouverait pas le sommeil cette nuit là et que tant qu'à avoir le matériel adéquat sous la main, il pouvait toujours mettre les bouchées doubles pendant la nuit et résoudre son mystère. Ce serait autant de temps d'économisé pour le reste de la thèse.

XXX


Effectivement, Paul avança énormément pendant la nuit, cela lui avait permis par ailleurs de suivre sa piste avec une grande assiduité. Il se sentait tel un chasseur tapi dans l'ombre, progressant derrière sa proie, invisible. L'outil qu'on lui avait mis entre les mains était basique, mais d'une richesse assez incroyable. C'est ainsi qu'il avait arpenté l'histoire même des fouilles du site paléolithique, les premiers grands travaux de 1911-1915, abandonnés avec les guerres et repris en 1976 par Jacques Allain, un docteur renommé du coin. C'est en lisant par hasard des articles sur lui qu'il avait été davantage intrigué, Jacques disait ceci : « Nous avons personnellement conscience d'évoluer dans une pénombre qui rejette dans un passé désuet les attitudes péremptoires. Dans cette conviction, nous avons progressivement adopté, quant aux industries humaines objet de nos recherches, une attitude de plus en plus libre vis-à-vis des notions reçues ». Au fond, qu'avait-il découvert là-bas pour qu'il en fuit les investigations et se terre chez lui jusqu'à mourir en 1983 d'une « mort paisible » telle que se l'imaginaient les journaux ?

Le téléphone sonna dans la chambre, Paul décrocha le combiné.

-Monsieur Delrault ? Demanda la voix d'emblée.

-Oui.

-Claude Vazejvnick à l'appareil, je suis chargé des missions culturelles de la ville d'Abilly. On m'a dit que vous portiez un grand intérêt au fouilles du site des Roches d'Abilly ?

Paul hésita un bref instant, perplexe.

-Heu... Oui, c'est le cas, comment êtes vous au courant ?

-Le logiciel que vous utilisez est sous contrôle du service technique et informatique, nous avons donc les relevés des recherches effectuées.

-Ah.

-Puis-je vous demander pourquoi vous faites ces recherches ? Si je lis bien le mail que vous nous aviez adressé, votre thèse porte sur « L'impact des Guerres Mondiales sur la démographie en milieu rural et péri-rural », n'est-ce pas ?

Il attendit encore un instant avant de répondre, quelque peu pris au dépourvu d'une telle inquisition.

-Et bien, j'essaie de trouver les liens qu'il y a entre les diverses personnes ayant travaillé sur ce site dans le début du vingtième. Par exemple, certains...

Il se fit interrompre.

-Vous m'avez mal compris monsieur Delrault. J'ai assez peu d'intérêt pour votre thèse, mais nous souhaiterions vivement que vous vous cantonniez à celle-ci. Nous n'avons pas mis à votre disposition ce logiciel afin que vous satisfassiez une curiosité saugrenue.

-Je...

-Nous serions contraints de vous en supprimer l'accès si vous vous écartiez encore de votre sujet. Me suis-je bien fait comprendre ?

-Oui. Paul répondit simplement, abasourdi.

-Bien, finissez vite vos travaux.

-Merci.

La tonalité se fit entendre, son interlocuteur avait raccroché, laissant Paul Delrault hébété devant le téléphone avec un sourire interloqué sur le visage. Cette conversation était surréaliste ; surveillé dans son utilisation du programme de numérisation, on lui faisait comprendre qu'il allait trop loin, ce qui n'avait évidemment pas d'autre effet que de créer chez lui une formidable envie de s'engouffrer plus profond dans le mystère qu'il effleurait du doigt. Son regard se posa sur l'ordinateur, les pages des journaux punaisés au mur, mais plus question de passer par ce logiciel. Maintenant, c'était un travail de terrain qui l'attendait. Il prit son manteau, calepin, stylo et paquet de clope avant de sortir.

XXX


« J'apporte ici un témoignage sur des temps révolus rendus alors plus accessibles du fait de l'isolement imposé par la guerre. J'ai tenté de restituer quelques aspects authentiques d'un pensée, de croyances et de comportements faute desquels il sera bientôt impossible de toucher du doigt le socle millénaire de notre Pays. »

Certaines allusions du docteur J. Allain étaient nébuleuses et mystérieuses. Paul se remémorait ces mots lus et qui lui évoquaient davantage qu'un simple remerciement à une région qui avait été chère  à l'initiateur des fouilles de 1976. C'est pourquoi il avait pris la décision d'aller trouver en personne le fils Allain pour discuter de son père. Il ne put toutefois l'approcher et dû rapidement se résoudre à lui téléphoner plutôt que de le rencontrer, il composa sur son portable le numéro trouvé dans l'annuaire, préférant éviter d'utiliser le téléphone de l'hôtel, faute à un début de paranoïa. Une voix se fit entendre.

-Allo ?

-Bonjour, je me présente, Paul Delrault, je souhaiterai parler à monsieur Allain, s'il vous plaît.

-C'est lui, que voulez vous ?

-Ah. Très bien. Je fais une thèse qui m'a poussé à m'intéresser aux travaux de votre père, pourriez-vous m'éclairer sur quelques points ?

Un silence pesa quelques secondes avant la réponse, un léger soupir l'accompagnant.

-Dîtes toujours, je peux peut-être vous aider.

-Je vais aller droit au but pour ne pas abuser de votre temps alors. Le docteur a dirigé les fouilles de 1976 sur le site des Roches d'Abilly. Cependant, il a abandonné en cours de route et je n'ai trouvé que de vagues mentions de ses travaux... Comment cela se fait-il ?

-Rappelez moi pourquoi vous posez ces questions ?

-Je suis sur une thèse et les découvertes supposées de votre père sembleraient en être un point important.

Cette fois-ci, un long silence s'installa, laissant Paul dans l'incertitude d'avoir encore quelqu'un en ligne avec lui. Mais la voix reprit.

-J'aimerai clarifier quelque chose déjà. Mon père n'a pas abandonné ses travaux, on l'a forcé à le faire. Je ne sais pas qui parce que ce n'était pas mes affaires et que ça ne m'intéressait pas, mais il est certain qu'il s'est vu obligé d'y mettre un terme. Ce qu'il a fait là-bas l'a démoli à l'époque, il ne s'en est jamais remis. J'étais jeune quand il est revenu à la maison pour s'y cloîtrer, j'ai peu de souvenirs, toujours est-il qu'il nous est revenu vieilli et en mauvaise forme.

-Je vois... Dîtes moi, vous auriez des traces de ses recherches de l'époque encore ?

-Désolé, je ne crois pas.

-Je vous en prie, après autant de temps, c'est bien très compréhensible. Je vous laisse mes coordonnées si vous trouvez quelques chose.

Peu de temps après, Paul raccrochait, la curiosité à peine satisfaite et la ferme impression que le fils Allain avait nettement minoré les événements. Pour quelle raison, Delrault n'en savait rien, mais il tâcherait de le découvrir.

XXX


De retour à l'hôtel, Paul s'installa une nouvelle fois devant son ordinateur, se demandant s'il allait contrevenir à la demande de la mairie ou non, les mains calées de chaque côté du clavier, prêt à transgresser. Un mail lui parvint avant qu'il ne choisisse, lui ôtant le choix par la même occasion. Le message était anonyme, mais il était évident qu'il venait du fils Allain. Le corps de texte était vide, mais il y avait une énorme pièce jointe. Paul se frotta les mains en entamant le téléchargement.

L'attente fut pénible et c'est à coups de clics fébriles qu'il ouvrit le dossier lié. Des dizaines de photos ainsi que quelques pages de mémos et de notes passés au scanner. Paul fit de grands yeux, ouvrant une bouche béate, en découvrant la teneur des photographies. Des crânes, des dents, des squelettes entiers et dépouillés jonchaient ce qui devait être un terrain de fouille. Ce n'était pas ça qui subjuguait Paul, mais les annotations faites à côté des cadavres reconstitués. Chaque mort était un habitant d'Abilly. Gérard Trévoux, Marc Tourrain, Etienne Deraixe, Robert Cliquot... Le docteur Allain avait même fait dater au carbone 14 les ossements et était formel. Tous étaient morts en 1918.

Paul imprima toutes les images pour en avoir un aperçu plus net, avec davantage d'ouverture. Il constata avec désarroi que non seulement ces hommes n'étaient pas censés être morts, mais n'étaient pas non plus censés être morts plusieurs fois ! Sur l'une des photographies, on pouvait clairement lire l'annotation « Robert Cliquot – Janvier 1918 » à côté d'une des dépouilles, puis « Robert Cliquot – Février 1918 » près d'une autre.

Il laissa la révélation le submerger. Soit Jacques Allain était un fou doublé d'un manipulateur pernicieux, soit... Soit quelque chose de glauque et d'absolument malsain s'était passé dans les Roches d'Abilly. On toqua à la porte et Paul dû se retenir de ne pas se cogner au plafond en sursautant comme un beau diable, il ne répondit pas, encore sous le choc de la nouvelle monumentale qui commençait à s'imposer à lui.

-Monsieur Delrault, êtes-vous là ?

Cette fois, il donna signe de vie.

-Oui ?

-Ouvrez je vous prie.

Secouant la tête pour tenter de chasser son regard hagard, Paul s'avança vers la porte et s'apprêta à la déverrouiller lorsqu'il s'arrêta.

-C'est pour quoi ?

La voix se fit plus insistante.

-Ouvrez, nous devons parler.

-Qui êtes-vous ?

Paul entendit des murmures colérique à moitié étouffés derrière le bois avant de recevoir sa réponse comme un grondement menaçant.

-Ouvrez ou je défonce cette porte.

Il s'écarta et chercha instinctivement du regard une échappatoire. Quelque chose lui disait qu'il était dans un sacré pétrin. Il cria « Non ! » et la porte vola en éclat dans le même temps, laissant apparaître une foule d'hommes masqués. Il reçu avec une force démentielle un coup dans le ventre, puis à la mâchoire, qui l'envoyèrent valser contre le mur et s'affaisser au sol. Les hommes prirent toutes les photos, tous les articles, les déchirèrent, éclatèrent l'ordinateur au sol en le piétinant férocement avant de vider méticuleusement toutes les affaires de Paul dans la pièce, examinant tout. Il devina que c'était fini pour lui quand il vit la lame du grand couteau briller à la lumière de la lampe dénudée.

XXX


Paul balaya de la main une pile de papier qui le gênait. Il se rongeait les ongles, en général, c'était quand il éprouvait de la frustration ou de l'impatience. Le café qu'il ingurgitait par seaux entiers n'aidait en rien et ne faisait qu'ajouter à sa mauvaise humeur. Il frappa du poing sur la table et finit par souffler un grand coup. Paul s'alluma une cigarette et en inspira la fumée en se passant une main sur le visage. Il lui fallait relativiser, après tout, une donnée perdue au milieu du reste ne restait qu'une singularité et pas une contradiction. Le fait qu'Abilly refuse de lui donner accès à ses archives n'affecterait finalement que très peu sa thèse après tout. N'est ce pas ?
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeMer 1 Oct - 21:03

Difficile de se décider... D'un côté le premier texte m'a beaucoup plu (très typé dans son genre) et de l'autre, même si j'ai eu plus de mal à entrer dans l'histoire, le second texte a aussi des qualités. J'ai notamment préféré la fin car l'histoire est un peu longue sur le début/milieu. Dans les deux cas, je suis un peu surprise qu'il n'y ait pas eu de lien direct avec l'irl mais bon, soit.

Mon vote ira au premier texte que j'ai eu plus de facilité à lire et à apprécier.
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeMer 1 Oct - 21:31

Les deux textes ont leurs qualités, mais un seul répond vraiment au thème : le second.

Dans le premier, si ce n'est l'annotation en début, rien ne laisse soupçonner ni le lieu, ni l'époque. Si l'intrigue a son intérêt, elle pourrait se passer n'importe où, n'importe quand.

Le second respecte bien mieux le thème et le côté mystérieux de l'intrigue est bon.

Mon vote pour le texte n°2
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeMer 1 Oct - 21:52

Je vous remercie toutes les deux pour ces votes.

Grendelor, pour ce qui est du respect du thème, il me semble nécessaire de préciser que la plupart des personnages mentionnés dans le premier texte ont existé (ou que leur nom ont été légèrement modifiés) et que dans le second, les lieux et citations sont tirés de recherches documentées.
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeJeu 2 Oct - 0:03

Comme Grendelor, je crois que le texte 2 répond bien au sujet. On retrouve l'esprit "Poe" dans le récit et le thème est très présent.
Quelques erreurs de correspondance de temps à signaler, mais c'est un très bon texte.
Le premier texte est sympathique et le final bien amené. Il pourrait cependant être valable pour un Tolkien tout aussi bien. Un filtre d'envoutement ne donne pas une ambiance suffisante de Fantastique et Abilly est trop succinctement abordé à mon avis.
Je choisis dont le n°2.

Mais tous les deux étaient très agréables à lire. Merci.

Edit : Suite à un droit de réponse bien à propos. Le texte n°1 est tout à fait dans le cadre du Fantastique si l'on considère la définition du Fantastique comme était l'intrusion de l'irréel dans un contexte réaliste.
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeJeu 2 Oct - 21:45

Deux textes agréables à lire, je note cependant un peu de longueur dans le second sur le milieu du texte.

J'ai été plus séduit par la vision du premier texte qui se situe dans l'année 1918, plutôt que sur le second qui porte sur une enquête (qui date d'ailleurs d'avant 18), même si le côté POE en ressort un peu plus par l'apport fantastique de celui-ci que dans le premier texte.

Mon vote ira au texte n°1
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeMar 7 Oct - 9:16

Deux votes partout pour l'instant !

Continuez de voter !
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeVen 10 Oct - 14:00

Je suis encore une fois agréablement surpris de la qualité des productions consacrées aux duels. On a affaire à de vraies nouvelles bien écrites. Et quant au respect du thème, aucun des deux textes ne me semble avoir buté sur la contrainte.


La première nouvelle est tout à fait bien écrite, agréable et d'un style sobre rigoureusement maîtrisé. C'est ce qui a le plus de mérite à mes yeux. Ça m'a fait pensé à des nouvelles fantastiques de Balzac. La sorcellerie bien connue du centre de la France est traitée à travers le prisme rafraîchissant du regard de la jeune fille et évite ainsi les lourdeurs. Vraiment très bon.

Pour ce qui est de la seconde nouvelle, le caractère nébuleux dépasse le cadre d'une intrigue fantastique et recouvre des logiques, dont celle du narrateur, qui me semblent un peu trop vagues. Le décalage entre la clarté scientifique et l'ombre qui pèse sur Abilly, voilà ce qui fait naître le malaise, mais la première pêche un peu trop à mon goût. L'expression bute aussi au détour de quelques phrases mais dans l'ensemble est bien ficelée.


On aura compris si on m'a lu que je vote pour le premier texte.
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeDim 12 Oct - 19:58

Ces deux textes sont un plaisir à lire, et pour ça, vraiment, merci.

Le premier texte m'a beaucoup intéressée mais m'a malheureusement laissée sur ma faim : Les pouvoirs ne sont qu'effleurés, la fin me semble un peu rapide, c'est dommage. J'aurais aimé le double ! Quelques erreurs et maladresses aussi, mais rien qui ne gène la lecture. En revanche, l'ambiance est vraiment bien transcrite, je m'y croyais.

Le second, je l'ai trouvé vraiment excellent. J'ai été absorbée tout de suite par l'histoire, ce mystère qu'on sent venir et se développer, ce malaise qui s'installe ... Quelques lourdeurs de formulation et une fin encore un peu rapide sont les seules choses que j'aurais à lui reprocher.

Mon vote va donc au texte #2.
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gaba

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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeDim 12 Oct - 21:12

Le second texte laisse plein de questions en suspens et invite à la spéculation. C'est vraiment troublant, surtout ce qui arrive à Paul à la fin, cloné ? reconditionné ? on ne sais pas vraiment.

Du vrai fantastique. je vote pour le texte 2
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Melow
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeMar 14 Oct - 20:09



Il ne vous reste plus qu'un jour pour voter !!

Venez les départager !
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dale cooper

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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeMer 15 Oct - 12:50

La lecture du texte n°2 m'a emporté très rapidement. La tension, le mystère, l'enquête sont autant d'éléments qui m'ont beaucoup plu. La découverte de cette Abilly fantastique sur laquelle pèse une aura magique est particulièrement bien menée. Ceci dit, il y a quand même pas mal de coquilles. Et surtout la fin est pour moi trop précipitée, elle enlève toute saveur au travail qui précède. Une fin aussi abrupte, aussi convenue et qui se conclut sur... une pirouette stylistique dont la véritable signification m'échappe, a beaucoup gâché mon plaisir, je dois l'avouer.


La lecture du texte n°1 quant à elle m'a un peu ennuyée, dans le sens où le style tient une place prépondérante sur l'action. J'ai un peu été perdu parmi les nombreux personnages qui s'y croisent. Toutefois, je dois admettre que c'est vraiment, vraiment bien maîtrisé. L'aspect fantastique est à la fois omniprésent, central et très discret, ce qui donne une saveur toute particulière. Ce qui m'a le plus marqué, reste cette attention permanente au travail de forme : le vocabulaire, la construction et le rythme rappellent exactement le monde du siècle dernier (avec ces quelques faits d'époque et ces détails distillés avec grâce et discrétion). Techniquement irréprochable, donc.


Je vote donc pour le texte n° 1
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Chikoun
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeMer 15 Oct - 23:12

Je voterai pour le premier texte, finalement, que j'ai tout simplement préféré au second, qui n'est pas pour autant mauvais (: Félicitations aux deux participants !
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D.A.

D.A.


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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeJeu 16 Oct - 0:10

Je constate que les commentateurs précédents ont énoncé plus ou moins tout ce que j'aurais pu dire si j'avais eu mon cerveau pour les imiter. Le premier texte est maîtrisé, assez savoureux, techniquement propre, l'ambiance est légère, à la fois assez insouciante et rouge, avec un mystère qui plane en dessous, caché sous le maquillage de la surface : Bon.

Le second a pas mal de qualités notables aussi : une tension est créée et plutôt bien menée, l'aspect fantastique est clair (les enquêtes, ça fonctionne souvent bien dans ces situations), Abilly est bien présente aussi, on pourrait reprocher à Paul un petit manque de charisme, cependant. Pour avoir peur dans un texte à caractère fantastique (et c'est le cas ici il me semble) il faut que le lecteur s'attache aux personnages. Dans une nouvelle, pas facile à négocier... A la fin, ce qui se passe m'a laissée assez froide, c'est dommage.

Je préfère le OS de Madeleine, il est charmant. Texte 1 !
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Melow
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitimeJeu 16 Oct - 23:02

[Votes] Trophée Poe Poe_t110




Le trophée Poe a enfin un détenteur !


Mike001 remporte le trophée, avec son texte n°1 qui a obtenu 6 votes !



Aillas le suit de près avec le texte n°2 qui comptabilise 4 votes !

Félicitations aux deux participants.
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MessageSujet: Re: [Votes] Trophée Poe   [Votes] Trophée Poe Icon_minitime

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