Laid

Il est laid. Peut-être est-il grand, peut-être petit, je ne suis pas bien sûre. L’essentiel, c’est qu’il est laid. Mais ça ne se voit pas. Il sait être laid discrètement. C’est comme s’il ne le faisait pas exprès. Finalement, son apparence a quelque chose d’anecdotique, de presque accidentel. Personne ne souhaite le faire comparaître en justice pour atteinte à la beauté. On accepte, voilà tout.

       Et finalement, heureusement qu’il est là pour rompre la monotonie d’un monde tellement lisse qu’on a du mal à concevoir qu’il est rond. S’il était moins laid, je m’ennuierais. J’aurais beau partir, revenir, je ne verrais que des cartes postales. Parce que je suis comme ça, moi : idéaliste. Et c’est pour ça que je l’aime tant : une telle laideur est à l’épreuve de n’importe quelle forme d’optimisme. Une telle laideur, ça ne s’invente pas, ça dépasse l'imaginaire. En clair, il est parfaitement laid.

       Cent petites nuances de laid qu’une main divine semble avoir semées sur l’ensemble de son corps, comme pour punir cet homme qui, sans tout cela, aurait probablement pu être beau. C’est à lui seul un panel de laideurs, un musée des laideurs, un éventail de toutes les façons d’être laid. Je le plaindrais, si je n’étais pas trop occupée à en rire. J’en rirais sincèrement, si je n’étais pas aussi nerveuse à l’idée de le côtoyer. Je cesserais de le voir, si sa laideur ne me manquait pas autant. Mais je préfère varier les plaisirs : le voir, l’oublier, le retrouver, fermer les yeux, le scruter, et finalement me demander ce que je préfère.

       Il m’agace : il fait l’intéressant. Il ose vivre, respirer et manger normalement alors que la seule raison pour laquelle on le regarde, c’est sa laideur. Il pense être une personne normale. Il est bien plus que ça, mais il a la prétention de l’ignorer. Finalement, on le regarde comme on ne me regardera jamais : avec fascination. Et c’est ça qui me contrarie.

Le mot laid a beau être le mot d'ordre, ce texte ne l'est certainement pas. Je suppose qu'ici on aimerait une critique constructive et donc je ne peux me contenter d'énoncer ce que je trouve bien. C'est pourtant assez difficile avec ce texte car je le qualifierait d'espiegle: dès qu'on pense avoir saisit le sens, la raison même de ce texte nous glisse des doigts. Le narrateur possède cette même nature aussi, il semble prendre un malin plaisir à prendre des chemins détournés pour expliquer ce qu'il pense du laid. Sans jamais le décrire pour autant! Nous n'avons jamais une description clair du laid, juste une entrêvu: on suppose qu'il est laid physiquement. Le narrateur, quant à lui ne cesse d'aller et de venir, n'arrivant pas à se décider que penser du laid: s'il lui plaît, où l'embête, s'il veux qu'il reste, ou qu'il parte.
Au final, après un commentaire qui n'est, finalement, absolument pas instructif ni constructif, je m'achève épuisé et rend les armes. Je ne parviens pas à trouver de réelles failles dans ce texte. Il est tout simplement espiegle.
Bravo.

Je suis tout à fait en accord avec l'analyse de mon camarade précédent :

ce petit texte est un petit bijou bien scintillant, bien joyeux, bien acidulé tout comme il faut (ouais Prévert tout ça ^^).

J'aurai pas pu dire mieux en fait. En tout cas je suis bien content d'être passé dans la section ce soir pour y trouver cette petite perle légère et truculente.

A mon avis, ça n'a pas sa place en WIP, mais dans la bibliothèque ><


Merci

Merci à tous les deux, je suis contente que mon texte vous ai plu!
dvb, je suis encore relativement nouvelle sur le site... c'est quoi le wip?

Donc sur simple demande, on peut le changer de place (:

Ben dans ce cas-là oui je veux bien déplacer mon texte. Merci pour la petite explication! Je suis un peu longue à la comprenette, désolée...

je l'ai mis en poésie... je savais pas trop