SOLOS

ses dernières pensées sont pour un chien
étrangement
appelé Existence
la fin de ce rêve agité
est brusque
le réveil
s'éteint
puis
un œil s'ouvre
elle a trop dormi

Les os se craquent
La lumière kaléide se diffracte
S'écrase sur la rue nue
Par la fenêtre, le soleil bouillonne
Poussée par une main goliath, elle s'élance
Hors de son lit
Il n'y a rien qui ne l'exalte
Autant qu'un air de Dvořák
Les murs sont grisaille
Mais plus pour longtemps
Elle est en vie
Et voudrait diaprer le monde
Dvořák s'échappe
Car le disque est rayé
Ça n'est pas grave
L'univers est une ronde


Au rez du métropolitain
Un vieux s'adresse à ses mains
Aziza silencieuse l'entend
RESSASSER – RÉIFIER – RESSASSER
Elle l'ignore et entame son mantra

Laisse parler les démons
Quantité négligeable
Tu sais qui tu es
Ne te renie pas
Pour qui que ce soit
Ne te prends pas
Dans les pièges
Surtout marche droit

Un mendiant l'interrompt
Carcasse d'airain s'ébranle
Pensive, elle met sa vie en balance

terrible !
malgré la bruine en chape
les Mayas qui menacent
d'apocalypse, il y a
comme un parfum
dans les travées
de miel d'oranger
mais il n'est plus temps de rêver
le wagon ralentit


Fuite en avant
Bureau labyrinthe
Otto et Natan, minotaure et tyran
Sans faillir, elle les embrasse
Les ombres autour d'elle
Se dispersent gracieusement
Son envie d'en découdre
Son esprit, son discernement
La catapultent de front
Rancœur, deuil, aigreur
Adieu !

l'issue
elle aperçoit
Ève, au fond, est bouleversée
deux âmes se calcinent
des pensées d'amour
se glissent
dans le vide, entre elles
elle parle

»  Je suis juste une fille amène
Aziza à Ève grince
»  Ce que tu prétends être !
»  Tu n'es pas
»  Comme moi
»  En lambeaux, tu finiras
»  Du cygne, j'ai l'innocence
»  C'est mon tour, c'est mon chant
Sourire forcé


Le déclin de l'une
Fait
L’ascension de son autre