La vie passait. Les rues, remplies, vides, sillonnaient à travers les différentes villes. La brise de Galvorn dans les cheveux d’une jeune femme, assise là. Les vents violents sur les plus hautes tours de Wilwarin, le souffle chaud de Sul Nar, la bise d’Echoriath, le sel d’Atalante. Ces impressions, préservées en Ter Aelis, Mido les connaissaient toutes.
Sur les terres lointaines, de l’autre côté de la mer, là où les Aelisiens n’étaient jamais encore allé, l’elfe dormait. Sur une pierre sèche, il avait ôté sa robe déchirée, retiré ses bijoux et broches, qui tenaient ses cheveux. Sa vie n’était plus. Il avait quitté son monde si doux, sans se soucier de sa propre personne et de son existence, une fois éloigné de ceux qu’il aimait. Il était partit de nuit, secrètement, utilisant ses dons pour marcher sur l’onde, cristallisant le liquide sous ses pas. Il n’avait pas eut le courage de saluer ses amis, ses amours, et ses ennemis. Le repos lui manquait tant.
Quand il fut arrivé sur ces terres inconnues, il fut heureux de découvrir qu’elles étaient vierges de toute population. Il s’y installa. Il décida aussitôt de revenir dès qu’il irait mieux. Il pensait que cette attente ne serait pas longue. Mais au contraire, son état empirait de jour en jour.
Il avait construit un petit abri en cas d’intempéries. Plus le temps passait, plus il se terrait au fond de cette case improvisée. Le souvenir de Taranis, Dounette, Ramrod, Séphiroth, Juliette, et tant d’autres encore, peuplait son esprit. Sa boutique, ses responsabilités, lâchement abandonnés, lui manquaient. Mais le courage lui faisait défaut pour revenir. Il attendit.
Ce jour maussade, où l’elfe dormait sur cette pierre, presque nu, allait changer quelque peu son existence. Ouvrant doucement ses yeux après une longue nuit, il vit dans l’eau une bouteille. Il sauta sur le sable et la ramassa. Il ouvrit délicatement le bouchon, puis, déplia la missive. Les lettres étaient manuscrites, de deux personnes. Les Âmes Damnées.
Il s’empressa de les lire. Les mots étaient doux, rassurants, mais le seul effet qu’ils eurent fut de faire pleurer une fois encore Mido. Mais il était décidé. Il allait repartir vers ses amis, vers son travail, vers sa vie.
Il récupéra les quelques affaires qui lui restaient. Ses préparatifs étaient terminés peu avant la nuit, similaire à celle du jour où il était partit si loin. Son énergie magique était remontée à bloc. Malheureusement, il ne l’avait pas utilisé depuis longtemps, et il craignait faiblir tout au long de la traversée de l’océan. Il avait revêtu une toge blanche, recoiffé ses cheveux, remis de l’ordre dans ses traits. Il s’en alla.
Ses craintes se vérifièrent sur le chemin. Plus le cristal se formait sur la surface instable, plus son corps se faisait lourd, dur à bouger. Mais il tint bon. Quand il aperçu au loin les montagnes d’Echoriath, son soulagement fut immense. Il accéléra le pas. Toute son image qu’il avait façonnée avant de partir était détruite. Une fois de plus, sa création mystique avait déchiré les tissus, sa chevelure se soulevait dans le vent. On aurait pu croire à un ermite.
La plage d’Atalante fut alors sous ses pas. Il avait fermé les yeux depuis déjà quelques heures. Il savait qu’en gardant la même direction, il arriverait là. Il ne s’était pas trompé. Il relâcha ses efforts.
Il avait commencé à remonter vers les digues, dont celle de Saint Adobe, quand ses membres se raidirent. Il fut alors dans l’incapacité de bouger ne serait ce qu’un doigt. De tout son long il tomba sur le sable. Un nuage vaporeux s’éleva au dessus de lui. Il voyait le ciel, nuageux, en ce début d’après-midi. Il était revenu, mais dans quel état. Peut être était ce sa punition. Ou bien la fin …