Apnée d'amour

Je vis en apnée dans un carcan,
blottie, agressée par le boucan.
Ma raison se dissout dans le stress
des démons jaloux de ma tristesse.

Sourire afin de ne pas souffrir
Appeler mais toujours se tromper
Pousser un cri, sombrer dans l’oubli

Je veux jeter mon corps dans l’amour,
me livrer sans espoir de retour,
vibrer au sommet de l’orgasme,
crier, puis mourir dans un spasme.

Nombre de messages : 133 Date d'inscription : 06/01/2008

Ce texte relève davantage de la nymphomanie que de la poésie, mais la nymphomanie a son charme aussi.

Le premier vers est assez ridicule, parce que les images ne vont pas ensemble:
Je vis en apnée dans un carcan,
L'apnée c'est être sous l'eau sans pouvoir respirer, le carcan c'est un collier de prisonnier. Du coup je visualise une femme sous l'eau attachée à un poteau par le cou. C'est aussi amusant que le type qui dans les idées noires de Franquin, réussit à se suicider noyé et pendu dans un accident de voiture.
Après, j'ai du mal a concevoir l'agression du boucan, en accord avec cette image première de l'apnée.
C'est le reproche principal que je ferai au poème: les images sont balancées les unes après les autres sans qu'il y ait suite entre elles. Or à mon sens il faut savoir créer un univers d'images, et travailler à ce qu'elles fassent sens les unes par rapport aux autres.
Eviter d'accumuler les images qui se piègent entre elles. Par exemple il serait mal venu de parler d'un coeur enflammé, qui bat très fort, et qui est transpercé par le glaive de l'amour, l'amour ! ce miel merveilleux qu'on butine, ce sucre, ce vin, ce suc gastrique, cette eau de vaisselle qui remue toutes les salissures, cet agent purificateur, cette lumière extatique ethérée, ce flot torrentiel de passion qui brûle etc.

Pour la deuxième strophe, il manque un point.

La troisième strophe est à mon sens ce qu'il y a de mieux, moins par ses qualités, que pour les défauts qu'elle n'a pas : elle est dépourvue d'images parasites, est claire, sans fioriture. Néanmoins, elle est un peu convenue dans les expressions et les idées.

Pour ce qui est de la forme, la deuxième strophe oublie les rimes, et les deux derniers vers sont des octosyllabes. Est-ce voulu?

D’abord, je tiens à te remercier d’avoir pris de ton temps pour lire et commenter ma poésie ( ou plutôt cet extrait de ma nymphomanie que j’appelais jusqu’à aujourd’hui poème... Heureux

) C'est très gentil de ta part.

Nymphe je veux bien mais nymphomane, c’est tout nouveau pour moi…

Oserais-je dire que tu tiens des propos qu’on pourrait nommés sexistes quand tu sous entends que c’est une exagération des besoins sexuels de la femme d’oser espérer « une petite mort » ?

Mais sans doute ce texte peut choquer les oreilles d’hommes vertueux.

Je trouve que tu limites le sens des mots « apnée » et « carcan » et ainsi tu modifies l’image désirée.
Comme tu as glissé quelques doutes dans ma conscience, j’ai pris le dictionnaire Larousse et je lis :
Apnée : suspension, volontaire ou non, de la respiration
Ainsi, la plongée en apnée n’est qu’une variante aquatique….

Et carcan : 2- ce qui entrave la liberté, qui contraint, asservit
Ici, le lien physique n’est pas obligatoire.

Donc mon image donne : Un corps recroquevillé, retenant sa respiration, environné de bruit et prisonnier… Mais tu ne l’as pas vue. J’en suis désolée, j’ai donc manqué mon coup car l’image que tu proposes n’est pas la même !

J’avais construit mon poème en 3 étapes relatives aux 3 strophes :
1- Le corps prisonnier et sans air
2- Les efforts fournis pour échapper
3- Une solution ultime

Mais tu n’as pas été sensible à tout cela… J’ai donc tout faux.

Est-ce vraiment gênant que les 2 derniers vers soient légèrement plus courts, au moment de « l’aboutissement salutaire » ? Je me suis posé la question…

Nombre de messages : 133 Date d'inscription : 06/01/2008

Les idées que tu exprimes par des expression figurées sont cohérentes entre elles. Mais quand on fait un texte poétique, il faut aussi faire attention à l'image elle même. Le fait que tu emploies "carcan" en pensant plus à son sens usuel et abstrait, qu'à l'image qu'il y a derrière montre précisément que tu ne te soucies pas assez de véhiculer des images. Ce n'est pas limiter une expression, que de sentir l'image qui est derrière. Quand une image est sans cesse répétée, au point qu'on oublie la figure, alors elle devient une expression fossile, un truc tout fait qui a perdu son sens, le contraire de la poésie.

C'est étonnant de t'entendre ( ou de te lire plutôt) parler de la poésie car tu présentes presque la poésie comme un objet visualisable à construire de la même manière que nous composons nos images graphiques.
c'est interessant : de la conceptualistion aux rendus visuel, rythmique, sonore et sémantique.

Mais la poésie, c'est cela: il ne manque que le talent - c'est-à-dire, très prosaïquement - le bon goût.