-A quoi tu penses ?
Aux mots. Aux mots que les gens se lancent, les beaux, les tristes, les insultants. Aux mots qui semblent parfois vides. Aux mots qui s’entrechoquent, qui se battent entre eux pour ceux qui les murmurent, qui les crient, qui les font chanter.
-Les mots vides ?
Prends un mot. N’importe lequel. Répète-toi-le. Tu verras. Tu comprendras. Peut-être…
-Et maintenant, a quoi tu pense ?
A la mort. A l’après. Quand on n’aura aucun souvenir sur Terre, quand on sera morts. Essaye d’imaginer. De ne plus être la. Enfin, si d’être la, enfoui sous la terre. Essaye.
-Et tu penses à quoi d’autre ?
Je pense aux gens, à des gens qui se croisent, qui pourraient être amis. A l’ignorance des autres. A la timidité. Au froid glacial qui peut s’installer entre deux êtres.
-Tu es triste ?
Non. Je suis heureuse. Mais je pense a ceux qui en ce moment même sont en train de pleurer leur désespoir. Les mal-aimés. Les veuves.
-Pourquoi tu penses a tout ça ?
Essaye un instant d’imaginer tout ça en même temps. Tu comprendras alors qu’être heureux, parfois, n’est pas suffisant dans la vie. On a toujours besoin de quelque chose de mieux, d’être connu parfois même. Mais quelle importance ? Quelle importance…