Exorcisations.

Tristesse, l’impression de ne plus être maitresse de sa vie. La maitresse d’un autre, ou d’une autre. Violence des sentiments qu’on ne peut contrôler. Connerie de vouloir tout contrôler.

Parfois j'aimerais mourir
Tellement j'ai voulu croire

Sentiments de merde, dans un monde impitoyable, où le mot même ‘réfléchir’ est interdit. Plus tu penses, plus on te case en marge, stabiloté, on te bouffe avec du rouge. Tes erreurs, triple-soulignées, te fouttent à la gueule les fioritures de l’amour. La trace de lèvres, couleur pourpre, sur le col de ta chemise, te fout en rogne comme jamais. Putain de parfum entêtant. Persistante, en plus.

Parfois j'aimerais mourir
Pour plus jamais te voir

Te voir une seconde, une minute, pas plus. Plutôt crever. Manu avait tout compris. C’te chienne d’amour, enragée comme une bête en chaleur. T’en chialerais presque, pourquoi faut que ce soit beau avec lui ? Avec toi, ça capote, ça chie, ça part en couilles. T’en baves, hein ? Tu t’es fait baiser. Ce que ça peut être con une bonne femme, alors…

Parfois j'aimerais mourir
Tellement y a plus d'espoir

‘L’espoir fait vivre’. Demande à ton grand père, s’il connaissait c’te niaiserie, enfoui dans les tranchées. Ben voilà, toi, c’est pareil. Assis là, entre un rat crevé et une petite coccinelle. Tu la prends, délicatement… Tu l’écrases, la pulvérises, la réduis en miette, pauvre petite chose. Tu croques dans le rat, à pleines dents, comme dans la vie y-parait, ça dégouline, ça crache du sang, ça se débat presque encore, pauvre chose infâme. Vautres toi dedans. Aimes ça. Jouis.

Parfois j'aimerais mourir
Pour ne plus rien savoir

'Allongée sur la mer, tu rêves que tu t’endors'. C’est vachement zen comme truc. Après tu crèves, mais c’est juste dit en bas, dans les p’tites lignes. Waouw, poétique à souhait, et tout le bordel. Avec l’assourdissante mélopée des vagues, impossible physiquement de dormir ainsi... T’y cracherais presque à la gueule quand elle te susurre ses conneries. Toujours ses vieux trucs de bonne femme? Naon, c’est des idées reçues tout ça. Faut sacrément être con, sinon, tu te fais vite avoir.

Parfois J'aimerais mourir

Faut être con, quand même.

Pour ne plus rien avoir

Allé, hop, j’me casse. J’laisse ma mère à mon chat, mon frère à mes bouquins, mon père a tout l’amour. Mes amis à tes conneries.

Je ne t'aime plus, mon amour
Je ne t'aime plus, tous les jours

Broutilles.

Deux axes, lorsqu'on lit ton texte, chère Soluno.

Le premier, instinctif, animal, les émotions, qui nous arrivent en pleine gueule. Tu craches, tu feules, petit chat blessé qui sort de dérisoires griffes pour racler une proie déjà trop loin pour lui.
Tu es en colère, tu es triste, ça se sent, ça se voit. L'amour est vache.
Ta révolte est clairement retranscrite dans tes mots.

J'imagine que tu n'as pas dû écrire ce texte à tête reposée.

Et c'est ce qui m'amène au deuxième axe de lecture. Le texte en lui-même, sa qualité.
Ta colère n'a pas étouffé ta plume, tu n'as pas craché les mots le plus vite et le plus mal possible, pour juste te purger de cet amour perdu.
J'apprécie la performance.

Il y a un bémol, tout de même. Ton tyle, décousu, incisif, rapide, phrases courtes, hachées, haletantes, le changement de perspective, ça fait tourner la tête. trop.
J'ai beaucoup apprécié tes trois premiers paragraphes, puis, je dois l'avouer, je me suis lassée, ou fatiguée. Un instant de calme m'aurait permis de trouver un second souffle, et de ne pas avoir la sensation de lire sensiblement la même chose.

Les paroles sont sensées rendre le texte moins lourd... Après, c'est sur que si tu peux les lire sans chanter dans ta tête, j'imagine même pas !

Désolée !!

Sinon, juste rajouter peut être qu'il n'y a absolument rien d'auto biographique ! Le "narrateur" est un homme, je sais que ça se ressent pas, mais bon ! Normal aussi que tu lises toujours la même chose, c'est juste les mots qui changent, mais le ton reste le même... Mais ça fait du bien, des fois, d'écrire des trucs pas biens et méchants ! ^^
J'aime ce texte, il dit des milliers de choses en plus de ce qu'on peut lire, pour moi, et les gens qui me connaissent.

Pas un texte à poster, mais j'avais zenvi :cat:

*Le chat griffeur*

Un homme parmi tant d’autre. Un homme là pour moi. Un homme qui n’est plus là.
Tu restes dans ma tête, dans mes idéaux, tu seras toujours là, au fond de moi.

Un homme de mai 68, un homme empli de convictions. Ancien anarchiste, tu m’as plus appris que les livres d’histoire, plus qu’on pourra m’apprendre sur la vie. Quand je te parle, encore aujourd’hui, tes opinions, enfouies au fond de moi, ressurgissent et me rappelle à quel point tu fus important. Toujours là quand j’ai un souci, toujours là pour me dire ce que je dois faire. Mais si absent en même temps.

Fumer une clope à tes cotés, te parler de tes filles, si belles et si fortes, malgré ton absence. Je me sens comme une dénaturée, une orpheline de père spirituel. Et même plus que ça. Tu es mon père à moi, celui du genre qu’on choisit, et qu’on veut toujours là pour soit. Plus là, tu me manques, je ne sais plus où te trouver, mais je sais où te chercher. Une tombe sans nom, sans plaque nulle et moche, la mienne à moi, où je vais quand je ne sais plus quoi faire.

Mais loin, si loin en même temps. Près et loin. Paradoxe fatal, du genre qui n’arrive pas souvent. Sentiment complexe et pourtant si con.

Un homme, avec tout ses défauts, et même plus. Tout dans l’excès, mais si honnête. Un modèle. J’aimerais que tout le monde le connaisse, que tout le monde voit sa vraie nature. Celle d’un homme blessé, dans ses convictions, et dans ses sentiments. Incapable de faire du mal, quoique vous pensiez, débiles annihilés d’amour. Dur d’être un homme, un vrai, un vieux, quoi. Et un pas con, encore pire.

Tu as encaissé tes erreurs, sans convictions, toi qui connaissais tout, quand j’étais gamine. Toujours une opinion, lâchée justement, avec ton sourire charmeur. Mais dur d’y croire, à la fin, quand on se sent mourir. Un homme de science, qui l’a ignorée au denier moment, avec un cœur gros comme ça, et une envie de vivre incommensurable.

C’est même ton cœur qui t’as tué. Les clopes, c’est bon. J’aime. Quand tu craquais tes allumettes, jeune, sur les semelles de tes godasses… J’en ai encore l’image imaginée dans ma tête. J’aurais aimé te connaitre plus, dans ta jeunesse, au moment ou tu comptais encore une once d’espoir dans tes idéaux. Tu voulais un monde plus beau, plus juste.