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| [Background] Le Noir Souvenir. | |
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Teclis Rôliste
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Personnages RP Pseudo: Pseudo : Pseudo :
| Sujet: [Background] Le Noir Souvenir. Jeu 29 Mai - 5:03 | |
| Chapitre introductif : Ter Aelis, le renouveau.
Lorsqu' Aëringor sombra, il y a quelques temps de cela, les colons de l'ancienne ville débarquèrent après maintes souffrances et déboires sur un étrange continent. Les plaines côtoyaient les montagnes, et le désert la forêt. Le climat était doux, aride ou glacial, selon le lieu où l'on se trouvait alors même qu'une agréable brise marine s'engouffrait dans les contrées proches du Grand Océan. Avec la venue de nouveaux colons, les arrivants fondèrent cinq cités principales : Belthil dominait les grands espaces nus et fertiles et l'Ouest. Au Nord, Echoriath restait la dernière demeure connue avant des monts encore inexplorés. Sûl-Nar et Wilwarin se partagèrent l'Est. Toutefois, certains Ter Aeliséens ne s'accoutumèrent pas à la chaleur ardente des déserts du continent, et inventèrent un prodigieux système permettant de maintenir la cité en lévitation permanente, au-dessus des nuages. Depuis ce jour, elle vogua au gré des vents partout dans les airs. En effet, les écrivains ont besoin d'un perpétuel renouvellement de leur environnement pour ressourcer l'inspiration. Un large fleuve coulait en Ter Aelis, et séparait le continent en deux. Ce cour d'eau est appelé par certains le Léviathan car il serpente jusqu'à Echoriath. Pour exploiter ce don géographique, on installa Galvorn à son embouchure. Une flotte de commerce et de guerre commença à grandir dans le delta. Pour finir, des falaises d'une petite île surplombant l'océan jaillit Atalantë. Construite à même la roche, elle se devait d'être un lieu de repos, et d'inspiration pour les artistes maniant le pinceau.
Quoi qu'il en soit, de nouveau, la civilisation prospéra. Les arts et les mécènes se développèrent. De nouveaux talents apparurent alors que d'autres s'affinaient. Peu à peu, chaque cité adopta des traditions et des symboles, et se peupla. Mais c'est par la nature même du continent que les Ter Aeliséens furent le plus surpris. Tous étaient de races et d'origines différentes mais peu envisageaient, ou ne soupçonnaient l'existence de Krakens du Grand Océan, ou de créatures serviables et intelligentes comme les ratons-laveurs géants du Lac de Cristal, une étendue d'eau située à quelques lieues au Sud-Ouest d'Adalerin. Qui aurait pu imaginer la beauté des nymphes peuplant les cascades glacées des monts du Nord ? De sublimes Naïades à la peau bleue, que les jeunes Aeliséens rêvent d'apercevoir en cachette se dévêtir sous l'eau fraîche coulant des hautes altitudes. Notons que même les plus chanceux, s'ils ont entrevu certaines choses, n'ont jamais réussi à en attraper. La prudence est de mise toutefois. Tous les animaux ne sont pas sociables ou inoffensifs. Les déserts entourant Sûl-Nar, et notamment les crevasses cachées par le sable, renferment d'immondes créatures. De gros reptiles venimeux et carnivores, ou de rapides et féroces félins. Cependant, en général, les habitants de la cité apprennent dès leur enfance à courir vite. Un marathon sous un soleil ardent, une panthère noire tachetée de jaune derrière soi, fait beaucoup suer : mais une foulée exemplaire préserve en général toutes les parties du corps. A l'inverse, il n'est pas exclu que le pantalon ou la toge ne subissent quelques dégâts. Parlons aussi des mythiques dragons, dont l'existence n'a jamais été confirmée, qui semblent être d'humeur variable. Parfois coopérants, parfois irascibles, ils ne sont guère à approcher. Ou tout du moins, seuls les scientifiques en herbe et les plus téméraires cherchent à en rencontrer.
Dans l'idée d'en apprendre plus sur les espèces du continent, et ses secrets, les Âmes Damnées et les Gardiens ont entrepris des fouilles partout sur Ter Aelis. Plusieurs animaux inconnus jusqu'à maintenant ont été recensés. On a appris à mieux prévoir la météo et le climat ce qui a permis de bâtir des lieux secrets, comme Alkhazzar. Mais le plus intéressant est la découverte de ruines. En premier lieu, certaines plongées dans le Grand Océan ont révélé qu' Atalantë et Galvorn se situent chacune à la pointe d'une ancienne cité engloutie qui s'étendait jadis sur une immense presqu'île, il y a des millénaires de cela. Aujourd'hui, cette mégalopole et son peuple ont disparu, mais d'intenses analyses topographiques ont lieu dans le but d'en apprendre plus. Dans un second temps, il faut préciser que certains Aeliséens ont découvert des ruines dans les collines séparant les régions de Belthil et Sûl-Nar. Les éboulis ont ravagé les édifices, mais l'on met progressivement à jour des salles et des complexes miniers, ou ce qui ressemble à des habitations. Petit à petit, Ter Aelis révèle ses secrets. Mais le continent est jaloux de son histoire, et conserve un voile de mystère sur les civilisations qui ont précédé la venue des Aeliséens, et leur disparition. En réalité, c'est un événement bien plus sombre et dangereux que l'on pourrait l'imaginer. Un nuage noir, qui est à nouveau prêt à frapper...
Dernière édition par Teclis le Dim 13 Juil - 4:54, édité 1 fois | |
| | | Teclis Rôliste
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| Sujet: Re: [Background] Le Noir Souvenir. Dim 13 Juil - 4:51 | |
| Chapitre I : Des ruines peu bavardes.
- Pousse toi ! J'analyse !
- Tu analyses rien du tout ! Tu es en train de commencer seul à dévorer nos provisions !
- J'analyse en dévorant nos provisions ! Fais silence maintenant.
Aligby attrapa une énorme cuisse de poulet et lança en arrière le sac de victuailles. Darkfire, derrière lui, se jeta dessus avidement ; son expression d'extase contrastant avec la perplexité de son camarade. Ce dernier, accroupi, ne cessait de se gratter le menton à l'aide d'une plume virtuelle. D'habitude, il ne connaissait d'autres instants de vide que devant une page blanche ; ou encore lorsqu'il tentait de faire adopter ses créations graphiques comme page de présentation du Canard à Hélice, et ce devant l'équipe de rédaction du journal. Toutefois, en ce moment, son problème résidait ailleurs. Inscrits d'un parfait tracé sur la roche de la caverne, dix symboles à la signification inconnue le narguaient. Narguaient son intelligence...
- Alors ? *shump shump* Tu y arrives au... *miam* ...au final ? *gloups*
- Si tu faisais quelque chose de constructif au lieu de m'interrompre ?
- *miam shump* Comme quoi ? *croc*
Aligby pointa la sortie de la caverne, à quelques mètres de là, avec sa cuisse de poulet.
- On a laissé notre matériel d'excavation dehors. Tu veux bien aller le chercher ?
Darkfire venait de s'attaquer à un morceau de tarte à la rhubarbe.
- Y a pas à dire *miam* Les gardiennes font 'achement bien la cuisine. *crunch gnap* Tu disais ?
Le journaliste poussa un profond soupir, et se massa les occiputs.
- J'ai-besoin-de-ta-pelle-et-d'une-pioche-qui-se-trouvent-dehors.
- Okay ! J'vais les chercher. Mais je crois pas, Darkfire avala une ultime bouchée de la patisserie qu'il tenait à la main, *gloups* qu'on trouvera quelque chose en plus.
- Moi non plus...
- Bah, pourquoi tu m'envoies là-bas ?
- POUR QUE TU SORTES DE MON CHAMP DE PERCEPTION AUDITIF !!!
- Ca va, ca va... J'ai compris... Dis, tu comptes manger ta cuisse de poulet ?
- ...
Après un marchandage sur le bout de poulet qui lui serait octroyé, Darkfire sortit de la grotte pour aller chercher les outils qu'il fallait à Aligby. Ce dernier restait envouté par les symboles anciens gravés à même la roche. Il chercha dans sa mémoire quelque chose de semblable, mais rien. Il sortit d'un gros sac en cuir "Histoire de la grammaire et de la numérologie Aeliséenne primitive" et "Comment percer les codes" mais aucun des deux ouvrages ne lui apporta une quelconque aide. Il soupira et reprit son raisonnement logique : deux des dix symboles étaient des chiffres, il en était sûr au regard de leur disposition et de leur forme. Au moins quatre des huit restant devaient évoquer des faits ou des points de repères temporels : ils se juxtaposaient au présumés-chiffres. Enfin, le reste des signes ne lui parlaient pas du tout. Ils semblaient avoir été jetés pèle-mêle sur la paroi de granite et ne ressemblaient strictement à rien. Des sortes de tortillons, très laids d'ailleurs, qui contrastaient étrangement avec le reste des écritures. Aligby effleura de ses doigts la surface polie en espérant qu'un contact physique puisse le guider, l'éclairer... Mais rien n'y fit. Tout resta muet d'explications. Rageur, le journaliste envoya valdinguer un os de poulet derrière lui.
- AIE ! Fais gaffe ! Ca fait super mal !
- Excuse-moi, grogna Aligby d'un ton faussement désolé.
- Tiens, voilà le matériel que tu voulais.
Darkfire revînt, l'air content, avec une pioche, une pelle et deux bâtons d'un bleu fluorescent. Son compagnon leva un sourcil en voyant les deux petits tubes briller avec éclat.
- C'est de la Daytonyte ?
- Ouaip ! Avec cet explosif, on devrait dégager la roche autour de ta stèle et peut-être trouver une entrée secrète.
- Tu sais très bien qu'on nous a interdit d'utiliser de la Daytonyte. L'invention de Dayto est destructrice. Au mieux, tout s'effondre sur nous, au pire, on endommage la plaque de granite.
- Pffff ! On va prendre des jours à tout dégager à la pelle et à la pioche tandis que, Darkfire agita légèrement le tube qui se mit à vibrer dans sa main, avec ça, on gagnerait de précieuses journées.
- Non. Je refuse qu'on s'en serve. Range ça ! On avisera demain, même s'il faut creuser à la main, on creusera à la main.
Aligby passa rapidement devant son collègue et se dirigea d'un pas lent vers la sortie. Darkfire se douta qu'il pensait toujours aux inscriptions sur ce "vulgaire cailloux". Le jeune homme décida de profiter d'un peu d'air pur pour lui ouvrir l'appétit et quitta l'ombre de la caverne. Dehors s'étendait une immense lande de collines rocailleuses, recouvertes d'arbres épars et de buissons d'épines, ou de bruyères. Tel était le paysage qui courait de la route reliant Bethil à Sûl-Nar, avant de s'évanouir aux abords des grosses falaises surplombant l'océan. Depuis un mois, les deux gardiens avaient marché de long en large dans cet étendue sauvage, dans le but de trouver des ruines antiques. Leur souhait avait été exaucé quand un jour, Darkfire était tombé du haut d'un rocher moussu, avant de finir sa course devant l'entrée de cette caverne. Elle était peu profonde, et Aligby avait assuré qu'elle n'était pas d'origine naturelle. On le remarquait grâce aux quelques pierres blanches à l'intérieur, qui formaient une vague voute ancrée dans une roche noire et crasseuse. La paire de compères avait été fortement réjouie de cette découverte mais la mise à jour, après quelques coups de pioche, de la stèle avait comblé de joie Aligby. Depuis, le journaliste ne cessait d'envoyer des courriers-pigeons à Bethil, pour informer le Haut Conseil de ses progrès... et de ses absences de progrès depuis peu. Le journaliste s'arrêta à coté de Darkfire, le regard fatigué. Toutefois, il sembla intrigué en voyant le ciel.
- Il fait plutôt moche aujourd'hui. J'ai jamais vu un temps aussi mauvais en cette période de l'anliséen.*
De gros nuages gris, noirs et menaçants, erraient comme animés de mauvaises intentions, au-dessus de la région. De là où ils étaient, les archéologues devinaient plus qu'il ne voyaient l'immense tour de Bethil se dessiner dans le lointain. Les cumulo-nimbus semblaient aller jusque là-bas.
- Tu ne le remarques que maintenant ? Ca fait une semaine environ que c'est comme ça.
- J'ai été trop pris par mon boulot ces derniers-temps... Viens à l'intérieur, on va se faire une grillade et se détendre un brin. Ca te dirait une partie de Wilwarinoly* ?
- Aucun problème !
Très rapidement, alors que le ciel se faisait de plus en plus menaçant dehors, une partie acharnée de jeu de plateau venait de commencer. Durant une bonne demi-heure, ce fut serré jusqu'à ce que...
- DOUBLE 6 ! Tu tombes sur mon Académie de Littérature avec une chambre de torture et quatre salles de classe dessus. Ca va faire mal... Tu me dois 850.000 couronnes d'or !
- Et zut... Bon, ça va me forcer à hypothéquer ma Bibliothèque Poétique. Je vais faire un emprunt à la banque pour payer le reste...
- Merci, éructa Darkfire en se saisissant d'un tas de billets fictifs. T'as fait un double, rejoue !
Aligby se saisit des dés avec appréhension et les jeta en l'air. Lourdement, les deux petits morceaux de plastiques chutèrent et rebondir à terre avant de se muer en un sept.
- Sept ! Tu tombes sur une case "Chance" ! Pioche ta carte.
- Je crains le pire.
Le journaliste prit une carte dans la pile rouge et lut à haute-voix.
- "Vous venez de tomber sur Goldmund au détour d'un couloir. Vous devez décliner le verbe ouïr à tous les temps et toutes les personnes ou payer 10.000 couronnes." Haaaaa, la poisse ! Moi j'arrête ! Ce jeu est truqué !
- Tsssss, mauvais perdant... Enfin bon, franchement, cette grillade fut *burps* délicieuse.
Paresseusement, Darkfire se lécha les babines d'un air endormi puis s'affala contre la paroi humide de la grotte. Son homologue gardien rangea pèle-mêle le jeu dans une vieille boite en carton puis jeta un coup d'œil pensif à la stèle découverte il y a peu, puis tourna son attention vers le feu.
- Darkfire ? Passe moi le seau d'eau à coté de toi s'il te plaît.
- Hmmmm ? Quel seau ?
Le jeune homme se retourna dans un rapide mouvement qui fit basculer une buche enflammée sur le coté...
- ATTENTION !
Trop tard, Aligby trébucha en essayant de rattraper le rondin de bois en feu. Ce dernier roula vers le fond de la caverne et heurta dans un bruit sourd la pierre. Le journaliste se précipita pour voir si les inscriptions n'avaient pas subi de dommages. Toutefois, il s'arrêta à mi-chemin...
- Qu'est ce que...
L'un des symboles, sensé représenter un chiffre ou une date, venait de luire ardemment, les flammes lèchant l'écriture fine. Lentement, Aligby s'approcha... Il sentit la peur et l'excitation monter en lui. Avec une certaine appréhension, il effleura des doigts le tracé rayonnant. Il n'était pas chaud. Darkfire surgit à ces cotés.
- C'est quoi ça ?
- Darky ? Tu sais quoi ?
- Heu... Non ?
- Tu es un génie !
- Tsssssssss. Tu m'apprends rien jusque là.
Et alors que les deux gardiens se penchaient sur ce mystère, ils ne remarquèrent pas l'ombre qui passa dans la nuit. Le ciel se faisait de plus en plus noir...
*l'anliséen représente une année normale, à laquelle on retire ou on ajoute certaines variables particulières comme par exemple, les expériences ratées de mages ouvrant par inadvertance des failles temporelles. Ces néants chronologiques aspirent le temps lui-même ce qui induit certains changements ; certains Aéliséens rajeunissent par exemple durant ces phases...
* Wilwarinoly est un célèbre jeu dans lequel on doit acheter des terrains et reconstruire la cité volante en triomphant financièrement de ses adversaires. Le jeu est décliné en six versions -une pour chaque cité de Ter Aelis- et une septième est attendue bientôt : Alkhazaronoly. | |
| | | Teclis Rôliste
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| Sujet: Re: [Background] Le Noir Souvenir. Dim 13 Juil - 13:14 | |
| Chapitre 2 : Raz de marée sur Atalantë.
Les mouettes chantaient au-dessus d'Atalantë alors qu'un pâle levé de soleil pointait son nez à l'Est. Il était encore tôt, mais les quelques Aeliséens debout en cette heure matinale se réjouissaient de la chaleur agréable de l'air, malgré un ciel déplorable. De gros nuages noirs et affligeant de tristesse se massaient dans les cieux. Dans une des plus hautes tours de la cité, surplombant le Collège des Arts Graphiques, Idrial se leva en grognant. A moitié endormie, elle se dirigea vers la fenêtre pour gouter à l'air marin avant de devoir esquiver une fiente d'albatros. Maudissant tous les oiseaux océaniques et volatiles maritimes, elle rentra à l'intérieur de ses appartements puis s'enferma dans sa salle de bain. Une bonne heure venait de s'écouler avant qu'elle ne consente à sortir. Lorsque la porte s'ouvrit, une vague de vapeurs parfumées emplit sa chambre. Rapidement, l'elfe se coiffa, puis s'habilla. D'un pas souple et rapide, elle descendit l'escalier en colimaçon reliant sa propriété au reste d'Atalantë pour s'aventurer prestement dans les méandres de l'école graphique. Plusieurs fois, elle croisa des élèves qui s'écartèrent prudemment sur son passage. Aspharoth se précipita derrière une grosse statue en bronze alors qu'il voyait sa mentor arriver. Heureusement, il échappa à l'ire de sa maitresse dont l'esprit semblait occupé. Après quelques minutes de marche, Idrial arriva devant la salle des professeurs, grogna la formule magique permettant d'en déverrouiller l'accès, et entra. La pièce était presque vide, excepté Smirtnoff qui ruminait dans un coin. Le gardien semblait plongé dans des affres de perplexité devant le papier qu'il tenait entre les mains. Idrial s'affala lourdement sur une chaise devant lui, une tasse de café à la main. Smirtnoff ne leva pas les yeux.
- 'Lut Idrial ? Ca va ?
L'elfe porta à ses lèvres la tasse de liquide brulant, et marmonna un vague "bonjour" avant de s'enfermer dans un silence plein de dignité. Après quelques minutes à bougonner, Smirtnoff porta enfin son regard sur la nouvelle venue.
- Dis moi, pourrais tu me rendre un service ?
- Hmmm. S'il ne nécessite ni mon déplacement, ni un effort, ni de réfléchir... Potentiellement, oui...
- Parfait, regarde donc ça, Smirtnoff lui tendit le papier qu'il avait entre les mains, et éclaire moi quant au sens dans lequel c'est sensé être admiré.
Idrial parut un instant perplexe, retourna la feuille une fois, puis deux, avant de la mettre de travers, dans un angle étrange de 70 degrés.
- Heu... Je ne saurai pas vraiment te répondre dans l'immédiat. T'es sûr qu'on est sensé voir quelque chose ? On dirait un peu la photo délavée d'un fond de poubelle en décomposition...
- Justement, je me demande si ce n'est pas ça... C'est un devoir d'un de mes élèves.
Idrial eut une expression dégoutée.
- C'est un élève qui t'a rendu ça !?
- Puisque je te le dis...
La mentor avala une gorgée de café et grimaça.
- Si j'étais toi, je ferais jeter cet élève aux cachots sur le champ avant de l'envoyer en salle de torture où on lui chatouillera les pieds avec des plumes d'écrivains !
- Que tu es dure tout de même, je pense que quelques coups de fouets règleront le problème, et un nouveau devoir.
Idrial prit un air sévère et agita son index de droite à gauche dans une expression agacée.
- Tu vois, c'est ça le problème chez toi Smirtnoff, tu es trop bon ! Je peux t'assurer qu'on doit sévir quand il le faut ! Par exemple, moi, aucun de mes propres élèves n'aurait osé me rendre ce... cette horreur !!
Elle fit un geste expressif de la main vers le papier, aspergeant son interlocuteur d'un peu de café.
- Oups, désolé Smirtnoff. Bon, à part ça, dis moi qu'elles sont les nouvelles de la cité !
- Ho, rien de bien spécial. Le dévoreur de nutella a encore frappé. On a retrouvé la réserve pillée et des cadavres de pots un peu partout. Les enquêteurs ont parlé d'une véritable boucherie.
- Mince alors ! Si seulement on savait qui c'est... Et... Ils n'ont aucune piste ?!
- Non, le voleur -ou la voleuse- semble très méthodique. Tout est dévoré jusqu'à la moindre petite cuillerée. Pour l'instant, on est dans le flou.
Idrial poussa un soupir de soulagement et but une nouvelle gorgée de café
- Par contre, on a de nouveaux indices concernant cette sombre affaire d'escalade de poteaux.
Il y eut une toux étranglée et la mentor réapparut hors de sa tasse, ruisselante de déca.
- Quoi ?!
- Oui, il semblerait que le plaisantin qui s'amuse à escalader les pylônes de la cité soit en réalité un...
Mais Idrial ne sut jamais ce qu'était sensé être le "plaisantin" car la porte de la salle des professeurs s'ouvrit à la volée, et une Ju' à moitié fanatique entra en trombe.
- Haaa, Smirtnoff, je te cherchais partout ! Viens, il s'est produit un truc pas croyable ! Idrial, accompagne nous aussi ! Tu pourrais être utile.
- Oulà, du calme Ju', qu'est ce qui s'est passé ?
- Ca concerne la Bibliothèque Graphique, il y a eu un accident... Mais venez sur place, vous comprendrez là-bas.
Aussitôt, le trio de mentors sortit dans le couloir. Intrigués, Idrial et Smirtnoff suivait une Ju' aux yeux exorbités. Devant ces trois terribles professeurs, les élèves fuyaient dans le couleur. Il y'en eut même un pour se jeter par une des fenêtres du Collège pour échapper à leur passage. Rapidement et sans encombre, les deux gardiens et la mentor atteignirent une étrange plate forme de pierre, vestige de la civilisation pré-aeliséenne, les Atalantëens.
- Haaaa, je hais ce moyen de transport, grogna Smirtnoff.
Ju' lui jeta un regard venimeux.
- Arrête de grogner, c'est le plus rapide que nous ayons, et la sensation n'est pas si désagréable...
- C'est toi qui le dit...
Les enseignants se placèrent à trois endroits bien distincts les uns des autres. Idrial ferma les yeux et Ju' aspira une grande bouffée d'oxygène alors que leur collègue masculin serrait les poings. Quelques secondes passèrent, puis, soudainement, une énorme coulée d'eau argentée envahit la plate forme, étrangement contenue par des murs invisibles. Un rayonnement doré agita le liquide, et les silhouettes des graphistes semblèrent se dissoudre dans la masse. Enfin, comme si quelqu'un avait tiré la chasse, un trou apparut dans le sol de pierre et l'étrange substance s'écoula. La masse coruscante parcourut à une vitesse faramineuse d'anciennes veines taillées à même la roche, et suivies le chemin d'un ancien égout. En quelques endroits, le réseau était fissuré et les parois craquelées, mais pas une goutte d'eau ne fut perdue. Enfin, après une course folle, des corps prirent consistance dans la nasse et furent recrachés à travers une épaisse membrane dans un crépitement magique caractéristique. Ju' s'écrasa contre le mur d'en face dans un craquement sinistre et Smirtnoff s'écroula sur Idrial qui en eut le souffle coupé. Le vampire eut le temps de lorgner quelques secondes sur le cou de la mentor avant d'être brusquement poussé en arrière. L'elfe se releva, trempée de la tête aux pieds alors que Ju' s'adossait contre la cloison de ce qui semblait être une ancienne salle de style gréco-romain.
- Le seul truc chiant, c'est que ça mouille,! fit Idrial en se séchant les cheveux avec une grande serviette blanche qui se trouvait à coté de la sortie du tube.
Smirtnoff grogna et se massa les reins.
- Parle pour toi, j'ai à chaque fois une trouille monstre qu'une partie de moi-même ne soit perdue pendant le trajet...
- Ce que tu es rabat-joie. C'est très utile pour gagner du temps et descendre dans les Ruelles immergées.!
- Ouais, et forcément... Ca marche pas en sens inverse, on doit se taper des milliers de marches à pinces pour remonter à la surface !!
- Arrête de geindre ! L'unique souci, c'est que nos vêtements sont humides, mais à part ça...
- Je ne cesse de le répéter ! On devrait se déshabiller avant d'emprunter ce machin ! | |
| | | Teclis Rôliste
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| Sujet: Re: [Background] Le Noir Souvenir. Dim 13 Juil - 13:14 | |
| Les deux filles lancèrent un regard noir à Smirtnoff qui balbutia un vague "bakoijecherchejusteàaider" avant de battre en retraite. Le petit groupe s'aventura alors dans les couloirs vides et déserts de ce dédale sous-marin. A certains endroits, d'épaisses fissures laissaient rentrer un peu d'eau, et des cascades miniatures se formaient parfois dans le plafond. On remarquait le bricolage maladroit de magiciens aeliséens dans quelques parties de la structure, dont les sorts d'imperméabilité n'empêchaient pas le liquide salé de l'océan de goutter. A travers les dalles de marbre du sol, on pouvait apprécier la croissance de petites algues assez jolies et variées. Certaines se recroquevillaient peureusement lorsqu'approchait quelqu'un alors que d'autres s'agitaient d'un air courroucé quand on les effleurait. Un bon quart d'heure s'écoula sans que le trio ne rencontre âme qui vive, puis, lentement, après avoir escaladés un léger éboulis, les professeurs revinrent à la civilisation. Il était encore tôt mais déjà, des habitants d'Atalantë sillonnaient les ruelles immergées habituellement fréquentées, et surtout sûres. On les saluait de temps à autres mais en général, les gens semblaient trop endormis pour les remarquer. Après quelques détours, ils arrivèrent devant une grande porte en bronze gardée par deux automates. Ces derniers brandissaient chacun une hallebarde imposante, et étaient passablement rouillés. On les avait retrouvés en organisant des fouilles archéologiques dans les Ruelles immergées, puis reprogrammés pour protéger le joyau d'Atalantë... Les robots se mirent au garde-à-vous en voyant arriver l'élite des graphistes. Les humanoïdes d'acier poussèrent les lourds battants de métal et Smirtnoff, suivi de Ju' et d'Idrial, entra dans la Bibliothèque Graphique. La Grande Coupole, immense dôme de verre incassable, abritait des milliers d'œuvres. Sur d'énormes étagères s'alignaient des toiles, des croquis, des dessins alors que par-ci, par-là fouinaient des graphistes en quête d'inspirations. Des centaines d'ouvrages poussiéreux envahissaient les rayonnages, où les élèves passaient des heures à rechercher le nom d'artistes disparus ou d'œuvres plus ou moins connues. Un peu plus loin, dans une boutique miniature, on trouvait tout un assortiment de fusains, de pinceaux fins et épais, en passant par des dizaines de nuances et de couleurs allant du "Jaune Damné Graal" au "Rose Galvornien", tout en passant par le très célèbre "Noir d'Ivoire". Pour l'instant, la Bibliothèque était relativement vide, mais dans l'après-midi, elle fourmillerait d'activités diverses.
- C'est par là, fit Ju' songeuse, suivez-moi.
Smirtnoff et Idrial emboitèrent donc le pas à la gardienne qui les conduisit entre les rayons. Idrial ne pouvait s'empêcher d'admirer la Grande Coupole. A travers le verre transparent d'une pureté inégalée, on pouvait admirer environ trois cents mètres de fonds marins d'ici à la surface. De petits bancs de poissons évoluaient dans d'harmonieux ballets en tentant d'échapper à des meutes de requins affamés. Un peu plus loin, un petit groupe de Dauphins d'Orient -des mammifères à la peau étrangement orangée- jouait avec un coquillage géant. Au-dessus, un baleineau et sa mère chantaient en nageant paresseusement vers la surface. Même si le ciel était sombre et gris, quelques rayons de soleil parvenaient à se glisser à travers les nuages et à atteindre l'océan, qui paraissait d'ici, calme et reposé. La mentor attarda son regard sur un couple de murènes lorsqu'elle heurta Smirtnoff.
- Aie ! Fais gaffe !!
- On y est.
- Et on est sensés voir quoi ?
- Ceci.
Ju' montra du doigt une partie du dôme. Dans le verre, il y avait... une fissure ! Longue d'environ deux mètres et large d'une trentaine de centimètres, la fêlure s'étendait comme une toile d'araignée dans le matériau cristallin. Sa vision dérangeait vraiment, comme une tâche dans un paysage parfait, ou "un grumeau dans un pot de nutella" pensa Idrial. Smirtnoff fut le premier à se ressaisir.
- Mais... Mais... C'est impossible, qu'est ce qui a pu...
Il regardait d'un air sombre et surpris la faille qui courait dans la Grande Coupole, à une trentaine de mètres au-dessus d'eux.
- Beaucoup de gens ont vu ça ?!
- Non, très peu. On pense que s'est arrivé dans la nuit, mais il n'y a pas de témoins. Mais le mystère reste entier... Qu'est ce qui a bien pu occasionner ce cataclysme...
- La Bibliothèque Graphique est-elle menacée ?
- Non, la structure pourra largement tenir le coup, et il est peu probable que la fissure s'élargisse à moins qu'il y ait un nouveau choc...
- Quand même ! Il faudrait un coup d'une puissance inouïe pour briser ce verre. Il est sensé être incassable. Je ne suis même pas sûre qu'une famille de cachalots y arriverait... Encore moins un sorcier ou un mage... !
- Peut-être le son qu'émet Tr0n en chantant sous la douche, ironisa Smirtnoff avec un sourire sarcastique.
Ju' le regarda d'un air sévère.
- Ce n'est pas le moment de plaisanter ! On devrait entreprendre des travaux pour colmater la brèche par précaution. Puis ensuite...
Mais la gardienne fut interrompue par l'arrivée impromptue de Corruption. Ce dernier semblait essoufflé.
- Argh... Je vous... Je vous ai cherché partout ! Il y a... quelque chose... Je dois... vous avertir...
- Qu'est ce qui se passe ? demanda Smirtnoff d'un air inquiet.
L'élève déglutit avec difficulté, puis continua.
- On... On ne sait pas... mais les guetteurs du phare semblent avoir été attaqués. L'alerte a été donnée trop tard. Atalantë... Atalantë va être attaquée.
Quelques secondes s'écoulèrent, puis...
- Allons, ne dis pas de bêtises Corruption. Qui pourrait attaquer Atalantë ? Cette cité est quasiment imprenable ! Il faudrait être fou...
- Oui... Mais au large, on a repéré une immense flotte de navires à l'air étrange. Ils sont encore loin, mais progressent vite ; et on dirait que quelque chose se tapit dans l'ombre des nuages. Certaines personnes assurent avoir aperçu des créatures volantes à l'air farouche passer dans le ciel.
- Qu'est ce que c'est que cette histoire ? D'abord cette fissure, puis maintenant ç...!
Idrial ne termina pas sa phrase. Quelque chose venait de changer dans la Grande Coupole. On avait l'impression que la lumière ne parvenait plus dans la Bibliothèque. Tous levèrent les yeux sans comprendre. En effet, quelque chose bloquait bien les rayons du soleil. Quelque chose d'énorme, d'impossible... Et pourtant, il était là, évoluant à la manière d'un monstrueux serpent long d'une centaine de mètres, recouvert d'écailles et de pourriture. Le Kraken ouvrit une gueule béante et déchiqueta un orque qui passait à sa portée. L'hémoglobine teinta l'eau de rouge alors que les créatures marines s'enfuyaient en tous sens. Sous le dôme de verre, le silence était absolu, comme si se taire pouvait éviter d'attirer l'attention de la créature. Ju' et Idrial reculèrent instinctivement d'un pas. Smirtnoff laissa échapper un son étrange et Corruption ouvrit la bouche d'un air hébété, puis, ce fut la débandade.
- FUYEZ !!
Le groupe prit ses jambes à son cou. Autour d'eux, les quelques personnes présentent à cette heure-ci dans la Bibliothèque s'égayèrent vers la porte en beuglant. Comme étrangement attiré, le Kraken tourna un regard laiteux vers le dôme et poussa un rugissement qui se répercuta en échos dans la mer puis, avec la rapidité d'un ouragan, il s'élança en découvrant des crocs énormes. Entre ses babines, on distinguait les restes d'embarcations et de marins malchanceux, pourrissant ici depuis des décennies.
- IL ARRIVE !
Les aeliséens redoublèrent d'ardeur pour atteindre les portes de bronze. Le Kraken mugit dans un flot de grosses bulles et s'écrasa de tout son poids contre la Grande Coupole. Certaines de ses dents se brisèrent nettes sous le choc mais la structure de verre vacilla dangereusement. Plusieurs fissures apparurent nettement un peu partout et de l'eau se déversait maintenant dans l'immense salle.
- Misère, murmura Smirtnoff, hors d'haleine.
- Tais toi et cours !!
Ils y étaient presque... Le Kraken recula pour reprendre de l'élan... La porte était à quelques mètres... L'immonde créature fonça une fois de plus... Enfin, ils y étaient... Dans un fracas du tonnerre, une seconde secousse eut lieu et le dôme de verre se craquela de toutes parts. Les mentors et aeliséens présents s'évertuèrent à fermer les portes de bronze juste à temps : un morceau de plafond transparent s'écrasa sur la boutique graphique au même instant et laissa l'eau pénétrer à flots dans la grande salle.
- Misère de misère, toutes ces œuvres perdues à jamais...
- Et moi qui devait faire une recherche tout à l'heure...
- Estime toi heureux d'être en vie!, souffla Idrial en tenant son point de coté douloureux.
- Au moins, maintenant, on sait ce qui avait provoqué cette fissure...
- Ca... ca n'est pas le plus important... Il faut faire parvenir un message aux autres cités... Atalantë est... Atalantë est attaquée...
Derrière les portes de bronze, un rugissement de triomphe secoua l'océan entier... | |
| | | Teclis Rôliste
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| Sujet: Re: [Background] Le Noir Souvenir. Ven 18 Juil - 4:33 | |
| Chapitre 3 : La revanche de Léotard l’Infâme, le Roi Tyran.La neige tombait à gros flocons dans les monts et vallées entourant Echoriath. En cette saison, les habitants de la région ne sortaient guère, les vents et tempêtes se faisant traitres. La glace avait recouvert la plupart des sources de la région, ce qui avait conduit loutres, castors et pollux* à hiberner plus tôt que prévu. Les cerfs et loups se faisaient assez calmes tandis que la forêt bordant la Forteresse des Bas Glaciers sombrait dans une longue léthargie. Les conifères perdaient leurs épines et le sous-bois se flétrissait sous les températures négatives. Même les lapins dodus et recouverts d'une épaisse fourrure ne sortaient plus de leur terrier que pour glaner quelques racines de-ci de-là. Echoriath elle-même, bourdonnante d'activités habituellement, paraissait s'enfoncer dans un sommeil profond : les prospecteurs et aventuriers avaient du mettre un terme à leurs recherches de métaux précieux et de créatures oubliées. En effet, le froid gelait la roche et la craquelait, si bien que de nombreux conduits miniers s'étaient effondrés, les boyaux tapis d'or et d'argent bouchés par d'énormes éboulements. Quand aux chasseurs, ils ne pouvaient entreprendre la recherche de griffons ou la traque de manticores par ce temps. Ces dernières d'ailleurs, semblaient s'être rapidement reproduites durant l'hiver passé, et ne cessaient de harceler les convois commerciaux et les voyageurs isolés. Heureusement pour les vagabonds, un peu de chance, une bonne dose de courage et une lame de qualité pouvaient permettre de gagner assez de temps pour rejoindre les murs de la cité, ou se cacher dans l'ombre des arbres de l'ancienne forêt elfe. Ainsi, c'est un immense tapis blanc qui recouvrait cette région escarpée. On ne voyait plus le soleil depuis une dizaine de jours déjà, et l'obscurité se faisait dense. Même les magnifiques montagnes alentours semblaient s'être rapprochées, étrangement menaçantes. Un poête aurait sûrement clamé que les monts se serraient les uns les autres pour se protéger du froid mordant. Il n'aurait d'ailleurs pas eu tort, car chaque aeliséen un minimum raisonnable clamait haut et fort à la taverne que c'était une des pires saisons que la contrée ait jamais connu. Malgré ça, on voyait tout de même quelques couples sortirent aux abords de la forteresse pour profiter de la fraicheur.Grendelor et Nichiren avançaient cote à cote, se tenant la main. Le vent effaçait derrière eux instantanément leurs traces de pas, et ils n'y voyaient pas grand chose ; toutefois, ils ne risquaient pas de se perdre. Ils connaissaient le chemin, qu'ils avaient parcouru des dizaines de fois auparavant. Le rire cristallin de Grendelor éclata soudainement et se perdit en écho entre les arbres et roches. A mesure que leurs silhouettes s'estompaient, perdues dans la brume et les flocons blancs, quelque chose d'autre bougea. Le sol gelé remua quelque peu, faisant fuir une famille d'écureuils qui passait par là, alors que la glace accumulée sur les berges du Lac de Cristal craquait dans un fracas sinistre. Une brève rafale de vent souffla tandis qu'une petite forme charnue émergeait du lac et tâtonna la glace. Un instant plus tard, la main putréfiée tirait hors de l'eau un corps squelettique et décomposé. La créature émit un râle sinistre, à peine audible, et un rictus macabre anima ses traits alors que ses orbites vides jaugeait le ciel et les alentours. Tout autour d'elle, la terre grouillait et l'eau commençait à bouillonner : d'autres formes au teint spectral émergèrent à l'air libre... *** Une symphonie de flûtes et d'harmonicas jouait un air rapide et joyeux sur la place d'Adalerin. Les rues pavées étaient recouvertes de neige fondue par les passages incessants. Le froid ne semblait pas avoir anesthésié la soif d'achat des aeliséens qui se pressaient, engourdis, autour des nombreuses échopes de la ville. Deux silhouettes marchaient d'un pas vif au milieu des allées, des capes de voyage virevoltant derrière elles. L'une des deux portait à son coté une des meilleures lames qu'aurait pu produire les forgerons elfes d'antan, dont l'acier luisait avec éclat sous les pâles et fugaces rayons de lune. Son comparse ne semblait pas aussi richement vêtu, mais une sacoche de cuir à sa ceinture avait la forme d'un pistolet et deux ailes repliées ornaient son dos. Ils tournèrent à l'angle d'un petit passage et débouchèrent sur une place puis contournèrent une fontaine muette représentant une licorne. Passé la statue argentée, le duo finit son périple dans une auberge assez placide. Le patron, un gros barbu, grogna en les voyant entrer et prépara instantanément deux bières bien mousseuses. Après s'être attablés, les nouveaux venus enlevèrent leur capuche respective. - Haaaaaaaa, un peu d'air chaud ne fait pas de mal. On se les pèle dehors...L'autre eut un sourire. - Mon cher Angel, j'ai toujours pensé que tu avais un don pour évoquer les choses vraies avec un magnifique naturel.Kaname haussa un sourcil et fit une grimace à Aillas. - Je ne dis que la vérité. Et je parlais de mes ailes, il agita d'un air impatient ses membres aux plumes blanches, quand j'ai dit "qu'on se les pèle". Tu as tout simplement l'esprit mal placé mon pauvre.Aillas eut un ricanement appréciateur et but une longue gorgée de bière. Un silence se fit, chacun savourant le liquide ambré, sous l'oeil du patron attentif. Des bourrasques frappaient les vitres et secouaient l'établissement entier. Un volet claqua plusieurs fois de suite avant de se briser en de multiples éclats. Il était infiniment réconfortant d'entendre la tempête souffler dehors et d'être là, à l'abri, à siroter une bonne cervoise. Le gardien et le maître des jeux mirent un certain temps pour finir leur boisson. Sûrement n'étaient-ils pas pressés de retourner dehors : ils devaient terminer leur ronde ce soir par une ultime patrouille d'Adalerin. Aillas possédait un sentiment ambivalent sur le sujet. Il était vrai que la tâche fut vraiment futile. Si des bandits ou des pillards tentaient d'attaquer le village, ils seraient morts de froid depuis longtemps sur le chemin. Les meutes de lynx et de loups n'étaient pas agressives, ou en tout cas plus depuis que certains mages avaient communiqué avec elles, et il était très peu probable que des manticores osent s'en prendre directement au fortin avancé. La seule chose que Aillas craignait réellement fut qu'un géant traverse la tempête. Ces créatures dégénérées descendaient parfois dans les vallées pour chercher à manger et se révélaient très violentes. Généralement, on les voyait venir de loin, mais avec ce temps... Malgré ça, Aillas se rassura en pensant que si un géant venait à attaquer, l'artillerie d'Echoriath le réduirait en bouillie. Le bruit que fit son compagnon en posant son broc vide sur la table réveilla le gardien. - Comme dirait Ramrod, "damné graal", c'que ça fait du bien !Angel sourit en découvrant une paire de petites canines pointues. Chose rassurante pour ses amis, il préférait encore la bière au sang. - Bon, ça n'est pas tout ça, mais on finit une bonne fois pour toute cette ronde, et ensuite, je fonce me coucher... Si ça ne te dérange pas.Aillas se leva et massa ses reins douloureux. Kaname quand à lui, s'étira en baillant. Ses ailes vinrent frotter un lustre dont les chandelles s'écrasèrent au sol dans un bruit mou... - Oups. Désolé patron, il se dirigea vers le comptoir, voilà pour la consommation, il jeta sur le bar une poignée de sous noircis, et voici pour vos bougies, une pièce de cuivre sauta dans les grosses mains tendues du tavernier. Ce dernier renifla d'un air méprisant et n'eut pas l'air mécontent que sa clientèle parte enfin. Une fois dehors, Angel se tourna vers Aillas. - Il n'avait pas l'air très content de nous voir.- Je pense que je le comprends. Je te rappelle humblement que l'on a mis respectivement en pièces la moitié de son établissement lorsqu'une bande de maraudeurs s'était retranchée dedans. S'il n'y avait eu que les mousquetiers... Mais je me demande encore pourquoi tu as ordonné aux hallebardiers d'intervenir alors que nos ennemis allaient se rendre...- Certaines subtilités tactiques t'échappent encore mon ami.Angel donna une tape bourrue à son acolyte qui remit sa capuche, le visage agressé par la grêle. Il semblait que les flocons s'étaient étrangement mués en petites boules de givre. - Tu me donneras le nom du traité de stratégie qui te conseille d'utiliser des armes d'hast de deux bons mètres de haut chacune dans un lieu clos et surchargé de décors.- J'innove, j'innove...- Heureusement que tu ne graph' pas. La moitié des habitants d'Atalantë et Sûl-Nar mettraient fin à leurs jours en voyant une de tes œuvres...- MAIS JE GRAPH' JUSTEMENT ! Et aucun ne s'est encore suicidé à ce que je sache !Aillas soupira alors que le duo arrivait à une croisée des chemins. - Il n'est peut-être pas trop tard pour qu'ils remédient à cela tant qu'ils ont une once de lucidité...Boudeurs et las, ils firent le reste de la route en silence. Au loin, on voyait à quelques kilomètres les feux éternels d'Echoriath briller dans l'obscurité. En cette heure avancée, les infatigables forgerons battaient acier et fer dans le but de fabriquer de magnifiques armes et protections. Cependant, certaines lueurs plus petites venaient sans aucun doute de torches sur les hauts remparts de la ville. Les guetteurs étaient à leurs postes, fidèles dans la défense de la forteresse ; dans une région où il y avait un si grand nombre de dangers potentiels, l'immense édifice devait se dresser fièrement sans relâcher le moins du monde sa vigilance. Qu'il vente, qu'il pleuve, qu'il neige ou que le soleil brille, jamais les alentours de la cité n'étaient sans surveillance. Avec une certaine satisfaction, Aillas remarqua que le blizzard s'était quelque peu dissipé. On voyait un peu plus loin maintenant, bien qu'il faisait encore nuit noire. - On dirait que ça se lève, commenta le gardien en contemplant le ciel.- C'est pas trop tôt, ronchonna Angel qui semblait encore légèrement grincheux. Encore un peu, et on finiss...Mais le maître des jeux ne finit pas sa phrase. Aillas venait de poser sa main sur sa poitrine pour lui dire de stopper. - Qu'y a t-il ?- J'ai vu quelque chose là-haut... - Ou ça là-haut ?- Dans le ciel...Kaname sembla impassible quelques secondes, puis rit à gorge déployée. - Sans doute un pigeon ou un aigle... - Non, c'était plus gros, beaucoup plus gros...- Une... Une manticore alors ? Demanda l'autre d'un air suspicieux. - Je ne crois pas. Ca ne ressemblait pas à ces montres. C'était plus fin et plus rapide...- Mais à quoi alors ? Qu'est ce que tu racontes ! Il n'y pas d'autres créatures pouvant voler d'un temps par...Le vampire angélique ne termina pas sa phrase. Dans un cri assourdissant, une hideuse bête plongea vers eux. Elle avait les ailes et le bec d'un grand rapace d'environ cinq mètres d'envergure. Toutefois, elle aurait moins inquiété les deux veilleurs si elle n'avait pas eu l'apparence d'un squelette. Pire encore, chacune de ses serres tenait le corps mouvant d'une carcasse humaine. Avec un hurlement strident, elle fondit sur eux en lâchant ses prises. Aillas eut tout juste le temps de sauter sur le coté pour éviter l'attaque. Il entendit Angel jurer derrière lui. Un claquement sec retentit dans son dos et le gardien se retourna juste au bon moment pour éviter de finir décapiter par une vieille lame rouillée. Devant lui se tenait un mort-vivant, semblable aux légendes de son enfance. Le cadavre grogna et grinça des dents en broyant un malheureux asticot qui rampait là. Sa langue happa les restes de la larve goulument. Puis, lentement, le bras décharné se leva en l'air, prêt à attaquer à nouveau. Aillas fut vif comme l'éclair. D'un même mouvement, il dégaina sa lame courbe et sectionna avec aisance la colonne vertébrale de son ennemi. Ce dernier gémit alors que son adversaire effectuait une seconde roue pour transpercer sa boite crânienne. Un mélange de pus, de sang boueux et d'un peu de cervelle suinta de la blessure. Continuant sur sa lancée, le guerrier fit demi-tour pour aller aider son ami. Celui-ci pourtant n'était pas particulièrement en danger. Angel venait de briser les genoux de son assaillant, pointant sur lui le canon de son pistolet à six coups. A instant plus, une paire de balles rebondit sur les pavés et deux déflagrations vinrent exploser la tête de la bête. | |
| | | Teclis Rôliste
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| Sujet: Re: [Background] Le Noir Souvenir. Ven 18 Juil - 4:34 | |
| - Saleté... C'est quoi ?
- Je ne sais pas, ce que je me demande, c'est plutôt d'où ça peut venir...
Mais à peine la phrase terminée que le tocsin du village sonnait avec véhémence. Un peu plus loin, d'immenses rapaces pourris déposèrent de nouveaux zombis dans des rues alentours qui empruntèrent des passages adjacents, sans remarquer Angel et Aillas.
- Génial, on avait bien besoin de ça. Je fonce à la porte...
- Parfait, je vais m'occuper de nos amis les volatiles, le vampire enclencha un nouveau barillet dans son arme, je rêve de leurs présenter mon joujou...
Et sans plus attendre, il bondit en l'air et disparut dans les ténèbres du ciel. Aillas commença une course contre la montre vers l'entrée d'Adalerin. Si ces créatures étaient nombreuses, ce dont il ne doutait pas, elles tenteraient de prendre le corps de garde pour s'engouffrer dans le village; son souffle se fit rauque alors qu'il sprintait sur le sol glissant. Il crut entendre au loin plusieurs tirs de pistolet et espéra qu'Angel avait visé juste. La cloche d'alarme résonnait avec vigueur dans les rues, si bien que plusieurs habitants sortaient la tête dehors en se demandant ce qui pouvait créer une telle agitation. Quelques gardes jaillirent d'une auberge à la droite de l'avenue, et de la Bibliothèque des Arcanes. Au même instant, un hurlement à glacer le sang retentit et le tocsin se tut. Aillas eut un serrement au cœur.
"Plus vite, se dit il, plus vite."
Son sprint s'accentua alors que son appréhension se muait en panique. Des dizaines d'autres rapaces volaient maintenant au-dessus du bourg en poussant de petits cris excités. Un mort-vivant fut largué sous le nez de Aillas qui l'estoqua d'une traite sans ralentir l'allure. Des escarmouches commencèrent à éclater un peu partout dans Adalerin tandis que veilleurs et attaquants entamaient d'âpres combats. Des villageois innocents s'égayaient en tous sens et une foule discontinue s'amassa bientôt pour accéder à la Galerie du Golem dans l'espoir de rejoindre Echoriath par cette voie sécurisée. Le gardien parvenait en vue du corps de garde où une terrible bataille avait déjà lieu. Il semblait que les mystérieux assaillants avaient dressé des échelles sur le mur et tentaient de prendre les remparts par la force.
- TOUS AVEC MOI ! Hurla Aillas.
Tout autour de lui, les hommes et elfes reprirent courage. Plusieurs se détachèrent des combats de rue et lui emboitèrent le pas. Isolés, quelques gardes luttaient dos à dos, acculés devant le système d'ouverture des portes du village. Les zombis se pressaient de toutes parts, mais pas si amorphes que ça, se retournèrent d'un même mouvement en entendant les renforts arriver. Ils beuglèrent de rage en faisant trembler des amygdales sanguinolentes. En réponse, les rangs des aeliséens délivrèrent une salve diffuse de tirs de mousquets et de pistolets. Les balles explosèrent les membres osseux et déchiquetèrent les chairs en décomposition. Certains cadavres se désarticulèrent mollement. La tempête de givre sembla reprendre une seconde vie alors que dans des vociférations de rage, les deux groupes se percutaient avec fracas. Les larges moulinets de hallebardes brisèrent la formation des morts, qui, enragés et inépuisables, n'avaient de cesse de frapper d'estoc et de taille. Aillas fit danser sa lame au milieu de la foule ennemie, tranchant les têtes et sectionnant les tendons. Le gardien se détacha peu à peu de la mêlée et, laissant à ses soldats le soin d'exterminer la vermine, monta quatre à quatre les marches menant au rempart. Ce qu'il vit lui coupa le souffle. Partout où l'on portait le regard, une marée gigantesque de corps décharnés avançait inexorablement vers Adalerin et Echoriath. Il n'y avait pas que des fantassins... Non... Des rangs de chevaliers aux montures hideuses se tenaient en retrait et des milliers d'immenses rapaces volaient dans les cieux. On voyait aussi toutes sortes de bêtes avancer : des ogres, des trolls et des animaux forestiers décédés depuis des lustres. Aujourd'hui, tout ce monde marchait dans un seul but : détruire toutes formes de vie aéliséenne dans les environs. Au loin, d'énormes grondements firent trembler la terre. Les canons d'Echoriath venaient d'ouvrir le bal. Une volée de boulets s'écrasa en plein milieu de l'armée ennemie. Des rangs entiers de combattants étaient vaporisés en une déflagration ou fauchés par le rebond des obus ; mais les brèches étaient aussitôt comblées. En attendant, Adalerin avait bien plus de chances de tomber que la puissante forteresse et Aillas reprit ses esprits. Il s'évertua à organiser des charges, des replis et des contre-charges pour refouler l'assaillant hors des murs. A force de persévérance et de ténacité, les murailles furent peu à peu nettoyées mais un nouveau problème devait se poser. Une secousse fit trembler le corps de garde. L'homme se pencha au-dessus du parapet pour voir que l'ennemi avait amené un bélier devant la porte, improvisé à l'aide de poulies rouillées et d'un tronc d'arbre fraichement déraciné. Quelques flèches lui passèrent au-dessus de la tête et un squelette tenta de l'abattre en le visant d'une javeline. Heureusement, le bois vermoulu s'écrasa sur le créneau à droite d'Aillas. Les défenseurs d'Adalerin se portèrent sur le chemin de ronde et arrosèrent copieusement la masse compacte de flèches, de carreaux et de balles. Le son d'un cor fendu sonna dans la vallée et des nuées de rapaces s'élancèrent...
- VISEZ LES OISEAUX !
L'ordre fut aussitôt exécuté et d'énormes volatiles chutèrent vers le sol, transpercés ou disloqués par les projectiles, alors qu'une nouvelle salve des canons d'Echoriath fauchait les lignes adverses. Un nouveau coup de bélier fit trembler les portes et Aillas comprit le destin inéluctable du village. Les rangs des défenseurs furent clairsemés alors que le reste des rapaces atteignaient les remparts et déchiquetaient de leurs serres les aeliséens. Quelques malheureux furent emportés en l'air et dévorés vivants par une meute de ces charognards, se faisant écarteler à coups de bec. Les blessés commençaient à se faire plus nombreux que les valides tandis que de nouvelles échelles se dressaient. Le gardien vit avec soulagement que des mages alliés s'élevaient dans les airs et déchainaient toute la fureur des arcanes sur les oiseaux, laissant du répit à ses hommes. Une odeur âcre de chairs brulées lui parvint aux narines quand un rapace fut consumé par une boule de feu quelques mètres au-dessus de lui. Un coup de bélier fit trembler la structure encore une fois.
- Formez un mur de boucliers ! Un mur de boucliers devant la porte ! Intima t-il.
Dans un ordre parfait, des gardes se précipitèrent et baissèrent des lances, prêts à recevoir la charge et à renvoyer en enfer autant de créatures que possibles. Les gonds de la porte grincèrent sous un nouveau choc. Aillas se dirigea quand à lui vers le tocsin. Il fallait faire évacuer Adalerin. Enjambant une forme sombre, il fonça vers la tour à une trentaine de mètres d'ici. Un zombi s'opposa à sa progression. Son coup d'épée maladroit fut habilement paré. Le gardien le saisit à la gorge et serra le poing avec tant de force que les cervicales éclatèrent dans sa main. Aussitôt, le monstre s'affala. Devant, un aeliséen faucha une créature qui escaladait le parapet avant d'être saisi à bras le corps par trois assaillants. Une mêlée confuse s'engagea, puis, sous le poids, ils chutèrent tous dans le vide et s'écrasèrent au sol, en contre-bas. Au moins la voie était-elle libre... Aillas ne perdit pas une seconde et esquiva tant bien que mal les combats. Il arriva à l'entrée de la salle contenant le tocsin lorsqu'il faut projeté en avant. Il eut tout juste le temps d'apercevoir une serre lui tenailler l'épaule droite et lacérer ses muscles. En hurlant de douleur, il tenta d'asséner un coup de sa lame au rapace mais la bête, rusée ou chanceuse, arracha à l'aide de son bec l'acier elfique de la main du gardien. L'étreinte se resserra un peu plus et on entendit une griffe percer un os et broyer l'omoplate. Du sang coula à flot de la blessure et la douleur se fit insoutenable. Le volatile lança une sorte de croassement rageur et se prépara à abattre son bec sur l'occiput de sa proie. Aillas souffla, les yeux emplis de larmes de rage et d'impuissance. Son regard s'attarda sur un petit éclat argenté... Une dague... Il tendit le bras... Plus que quelques centimètres... Il poussa un grognement de fureur en contemplant sa tentative désespérée et infructueuse. L'immonde bête ailée gronda et son bec acéré fonça vers le crâne de l'homme. Non...Ca ne pouvait pas finir comme ça... Aillas hurla et allongea les doigts. Sa main se referma sur la petite arme. D'un geste, le poignard fendit l'air et se ficha dans la gorge du rapace qui pépia de douleur. Furieux, il recula une demi-seconde et pressa sa patte contre l'épaule meurtrie de sa victime. Alors qu'une nouvelle vague de souffrance engourdissait son être, Aillas laissa échapper la dague qui tomba par terre avec un petit crissement, sonnant le glas du gardien. Une nouvelle et dernière fois, la tête décharnée fonça... Mais une série de détonations hurla. Plusieurs balles dorées disloquèrent littéralement les membres frêles de l'oiseau. Une ombre passa et le poussa violemment sur le coté dans un craquement. Le corps brisé gisait à coté d'Aillas qui mit un temps avant de comprendre ce qui venait de se passer. Devant lui, Angel lui tendait la main.
- Allez, relève toi faignasse, on en a pas encore fini.
- Merci, balbutia le gardien qui se remit debout.
Son épaule le lancinait horriblement, et il sentait l'os grincer chaque fois qu'il faisait un mouvement. Toutefois, Kaname n'était pas vraiment en meilleur état. Une de ses ailes était griffée et balafrée alors qu'une morsure s'infectait au niveau de ses côtes. Autour d'eux, la bataille continuait avec de plus en plus d'intensité. Un nouveau coup de bélier retentit et les canons d'Echoriath parlèrent dans le lointain. Ramené à la réalité, Aillas fit quelques pas vers le tocsin et l'agita avec véhémence pour ordonner aux troupes de se replier. La petite pièce qui abritait la cloche ne contenait aucun corps mais il était préférable de ne pas savoir ce qu'il était advenu de la sentinelle chargée de la protéger : une quantité abondante de sang imprégnait les murs. Au même instant, une ultime frappe du bélier arracha les portes dans une énorme secousse. Des centaines de petits éclats de bois vinrent se ficher dans les torses et boucliers des aeliséens. Un flot de morts-vivants et d'horreurs se précipita en avant. Une curée terrible avec pour ultime et seul but de tuer. Les défenseurs résolus levèrent leurs lances en un éclair, décidés à vendre chèrement leur peau. Les assaillants s'empalèrent sur les terribles lames et une rangée d'hallebardes éventra l'avant de la marée d'os et d'entités charnelles pourries. Un combat important et acharné commença pour la dispute de l'entrée d'Adalerin. Un groupe réduit de gardes tenait tête dans l'espace étriqué à un ennemi des centaines de fois supérieur en nombre. Angel et Aillas redescendirent les marches après s'être assurés qu'il y avait assez d'hommes sur les remparts pour repousser les échelles adverses. Les deux commandants voulurent organiser la retraite mais une série de monstrueuses déflagrations soufflèrent les murs. Les pavés se craquelèrent et des éboulis de pierre ensevelirent des aeliséens et des zombis. Aillas eut un instant l'idée folle que les canons d'Echoriath venaient d'ouvrir le feu avant de se rendre compte qu'il n'en était rien. En effet, les artificiers de la forteresse n'étaient pas des manches au point de tirer sur leurs propres troupes : dehors, à travers les failles béantes dans la muraille, on pouvait apercevoir d'étranges machines de guerre. Elles n'étaient composées que de quelques cercles concentriques en métal en perpétuelle lévitation au-dessus de socles en bronze massif. Dans le centre des anneaux, une lumière verte irradiait d'une lueur malveillante et des étincelles crépitaient... | |
| | | Teclis Rôliste
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| Sujet: Re: [Background] Le Noir Souvenir. Ven 18 Juil - 4:35 | |
| - ON SE REPLIT SUR ECHORIATH !
- TOUS A LA GALERIE DU GOLEM !
Les squelettes se déversèrent dans le village en claquant des mâchoires, avides de sang. Les ultimes survivants du bref siège fonçaient à travers les habitations dans une formation totalement désordonnée. La débâcle était totale et les officiers ne pensaient même pas à rallier un temps soit peu leurs troupes. Il n'y avait plus qu'un objectif : fuir assez vite pour sauver sa vie. Des félins et une meutes de gros canidés invariablement décédés les talonnaient de prêt, une sensation d'extase sur les faciès. Les animaux bondissaient de plusieurs mètres et se repaissaient des aeliséens avec délectation. Angel vida son dernier barillet à l'aveuglette derrière lui, sans même se retourner pour viser. A ses cotés, Aillas subissait un véritable calvaire, sa blessure saignant beaucoup. Son visage devenait de plus en plus pâle, mais sa course était encore incroyablement vive à la vue de son état. Il empoignait de sa main gauche sa lame elfique, comme s'il pouvait y transférer une partie de sa douleur. Le froid et la grêle s'accentuèrent et de grosses rafales soufflèrent. Les engins adverses firent à nouveau feu et de la foudre magique mit feu aux maisons et boutiques du bourg. Des rapaces traversèrent le ciel et prirent en tenaille les défenseurs acculés et dispersés. L'un d'eux fut soulevé de terre et battit désespérément des jambes dans le vide avant d'être lâché dans un incendie. Une silhouette enflammée se tortilla un instant dans le brasier puis suffoqua. Angel voulut aider un mousquetier estropié à se relever mais une flèche empennée de noir se ficha entre les omoplates du vieux tireur. Agité de spasmes, il se convulsa les mains crispées dans une étrange expression. Une goutte se sang perla au coin de ses lèvres et son regard se fit lointain. A bout de souffle, et après une âpre course, une poignée de survivants arrivèrent à l'entrée de la Galerie du Golem. Sur son seuil, des mages déversaient un torrent de sorts sur quiconque autre qu'un allié osait s'en approcher. Une meute de loups affamés tenta sa chance avant de finir en cendre. Aillas fut le dernier à passer le pas de la porte. Aussitôt, les sorciers qui gardaient son entrée lui emboitèrent le pas et poussèrent les battants. Rapidement, ils invoquèrent quelques enchantements de protection, puis, les quelques personnes présentes décampèrent dans les profondeurs du tunnel secret qui débouchait à l'intérieur d'Echoriath. Cependant, il y a avait quelques ouvertures dans sa paroi gauche. Aillas y jeta un œil avec ses compagnons qui virent avec satisfaction une escadre de morts traverser le lac qui bordait les murailles sud d'Echoriath. Avec vigueur, certains ramaient dans de frêles esquifs alors que d'autres nageaient. Les fuyards savaient ce qui allait se produire... Ce fut immédiat. Une fois les zombis arrivés à mi-chemin, confiants dans leur entreprise, quelque chose grouilla dans l'eau. Celle-ci ne gelait jamais, et pour cause. De grosses vagues ressemblant à des griffes mirent en pièces les embarcations et leurs passagers. Des gueules béantes d'écume moussue avalaient les squelettes et les broyaient avec force. Des sortes de farfadets composés de petites algues serpentaient autour des cadavres avant de les happer sous la surface. Les démons du lac se réveillaient enfin... Personne n'avait jamais survécu à une traversée de ce lieu maudit, véritable protection pour la forteresse. Au bout de quelques minutes, il ne restaient plus du bataillon de morts que des os brisés flottant à la surface paresseusement. Angel, Aillas et le reste du groupe reprirent la route : ils avaient encore des kilomètres à parcourir avant d'être véritablement en sûreté et Adalerin était aux mains de l'ennemi.
* Pollux : nom donné aux ratons laveurs frugivores de Ter Aelis. Ils ont la particularité étonnante de changer de couleurs à volonté.
Dernière édition par Teclis le Dim 1 Nov - 6:24, édité 1 fois | |
| | | Teclis Rôliste
Nombre de messages : 1750 Age : 35 Date d'inscription : 23/12/2007
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| Sujet: Re: [Background] Le Noir Souvenir. Dim 1 Nov - 6:11 | |
| La carcasse du squelette s'effondra en arrière mollement. D'un gracieux mouvement, le chevalier elfe arracha sa lame d'un reste de colonne vertébrale, avant de faire tourner bride à son cheval. Son ouïe fine perçut des bruits de sabots un peu plus loin sur le chemin. Un nouveau groupe de morts-vivants approchait. Il se tourna vers Nahïs.
Ma dame, il est temps de repartir. D'autres viennent.
L'interpelée hocha brièvement la tête, et lança sa monture au galop sur la route sinueuse et noire. Le décor, d'ordinaire peu accueillant, s'était mué en un enfer blanc. La tempête de neige rendait tous les déplacements hasardeux, et ralentissait considérablement les deux cavaliers. Ces derniers avaient réussi à fuir Echoriath lors de l'attaque, pour quémander des renforts en Bethil. En cette heure, toutefois, la maitresse des jeux ne s'occupait plus que de sauver sa vie. Nahïs se força à ouvrir les yeux tandis que des rafales de flocons s'engouffraient dans sa capuche. Gelée de la tête aux pieds, elle se cramponnait aux rennes avec l'énergie du désespoir. Ses forces s'amenuisaient à mesure qu'elle menait son cheval à travers la route boueuse, pentue et glissante ; tout en continuant de garder une vitesse déraisonnablement rapide. Derrière elle, son garde du corps hurla quelque chose, sans qu'elle pusse saisir ce qu'il lui criait. Le vent soufflait dans ses oreilles plus puissamment qu'aurait tonné un canon. Avec crainte, elle se retourna, et la peur la saisit toute entière. Une dizaine de squelettes, chevauchant des montures aussi décharnées que leurs propriétaires, s'était dangereusement rapprochée. Quelques uns, maladroits, bandaient des flèches sur de mauvais arcs ; tandis que d'autres avaient rejoint le chevalier elfe. Celui-ci faisait tourner sa lame de droite à gauche, comme un beau diable, pour tenir à distance ses assaillants. Deux d'entre eux le prirent en tenaille, brandissant de vieilles lances barbelées. Aussi vif que l'éclair, le guerrier sectionna une tête d'un revers bien placé, et se pencha pour esquiver un coup qui ne vint jamais. Le squelette ne visa pas le cavalier, mais son destrier. La bête poussa un hennissement de douleur tandis que la pointe d'acier lui perçait le flanc droit. Du sang empourpra la neige, et le cheval s'effondra violemment. Sa masse écrasa l'elfe encore étonné, qui hurla de rage et d'impuissance. Coincé, le vaillant soldat ne put que gémir en voyant s'approcher les cadavres telle une nuée de vautours. Méthodiquement, il fut lardé de coups de lance sans réelle énergie.
La perte de son compagnon souleva un sentiment de saine fureur dans le cœur de Nahïs. Elle ne sentit même pas les larmes glacées qui ruisselèrent sur ses joues. Seule une sourde euphorie vitale embrasait son être. Oubliant toute prudence, elle fouetta les rennes de sa monture pour la pousser au triple galop. L'animal ne rechigna pas, préférant mourir écrasé sur les rochers après une mauvaise chute que de laisser les créatures impies s'approcher de lui. Une volée de flèches essaima autour de la messagère, qui n'y fit guère attention. Elle restait concentrée sur la route, tout en jetant de furtifs regards derrière elle, pour s'assurer que ses poursuivants ne la rattrapent pas. Ces derniers avaient été presque entièrement happés par la tempête ambiante, mais l'on devinait de temps à autre leurs formes spectrales parmi les bourrasques de flocons. Nahïs espérait encore les semer dans les bois qui approchaient lorsqu'elle se sentit projetée dans les airs par quelque chose qui venait de faire un bond extraordinaire. Totalement désorientée, elle perçut une respiration rauque et putride proche de son cou, alors que son coursier hennissait de terreur. L'être bestial qui venait de l'assaillir plongea dans ses chairs une dentition inégale. Les crocs aiguisés percèrent en partie la fine cotte de mailles qui protégeait la carotide et s'enfoncèrent dans la gorge. La maitresse des jeux voulut crier, sans que cela fut possible. Dans une averse de douleur, elle et son attaquant s'effondrèrent dans le sol boueux. Tout autour, de nombreux grognements affamés se faisaient entendre. Instinctivement, Nahïs dégaina le poignard qui pendait à sa ceinture et l'enfonça profondément dans les côtes de son ennemi. Il y eut un couinement de douleur mi-humain, mi-animal, puis un rugissement de colère. Se relevant à grande peine, l'aeliséenne recula d'un pas, puis encore d'un pas. Elle brandit son arme entre elle et ce qu'elle perçut comme une meute d'humanoïdes horriblement défigurés. Les sens confus, elle ne percevait que des formes blanches, nues, et noueuses. Seuls les yeux étaient parfaitement visibles dans la nuit : des scarabées dans lesquels brillaient une haine et une faim insatiable. Il y eut un léger temps de latence, puis un hurlement et le signal de la curée. La meute se rua sur la guerrière esseulée. Elle reçut un violent coup à la tête alors qu'elle ouvrait une gorge de sa lame. Un sang pâteux aspergea son visage tandis qu'une tornade griffes s'abattait sur elle. Au seuil de sa conscience, la mort se profilant à l'horizon, Nahïs pensa que tout était perdu. Le noir se refermait une fois pour toute sur son esprit...
Et pourtant, dans le monde réel, si lointain maintenant, il lui sembla que les créatures s'agitèrent. Elle reçut encore un liquide gluant sur le visage, et une forme se pencha sur elle ; puis plus rien. | |
| | | Teclis Rôliste
Nombre de messages : 1750 Age : 35 Date d'inscription : 23/12/2007
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| Sujet: Re: [Background] Le Noir Souvenir. Mer 23 Déc - 2:25 | |
| De gros nuages s'amoncelaient plus loin, au Nord. Ramrod posa sa pipe et ouvrit son journal à la page huit, en fronçant les sourcils. - Étrange, le Canard à Hélice prédisait un temps clair et doux pour aujourd'hui.Il y eut un grondement de tonnerre dans le lointain qui le fit sursauter. L'Âme Damnée disparut derrière son fauteuil dans un grognement de douleur. - Damné Graal, fit-il en se relevant, ça, ça c'est du coup de tonnerre !Assez dubitatif, il fit quelque pas avant de s'accouder au garde fou rouge cuivre du balcon. De là où il se tenait, le peintre pouvait embrasser du regard toute l'immense plaine entourant Belthil. Du vert à perte de vue, aux teintes plus ou moins nuancées. Seuls quelques dénivelés du terrain, ou buissons venaient égayer la solitude du décor. Sans compter les troupeaux de chevaux sauvages qui galopaient de-ci de-là au petit bonheur la chance. Un vent frais vint ébouriffer les cheveux blancs de Ramrod, qui préféra rentrer dans son bureau. Il pressa un rapide bouton et une porte de verre coulissante se ferma derrière lui dans un chuintement. Puis, dans un gros soupir, il s'assit dans son fauteuil moelleux, avant de, très doucement, le faire tourner sur lui-même. C'était une occupation comme une autre lorsqu'il s'ennuyait. Il voyait défiler lentement les mêmes peintures inachevées, des piles de dossiers incomplets et des montagnes de souvenirs qu'il conservait de ses multiples voyages. Et comme sa moitié ne voulait pas de « cet immonde fatras » chez eux, il était forcé de garder tout cela dans son lieu de travail. Avec nostalgie, l'Âme Damnée fit rouler son fauteuil jusqu'à une étagère et caressa une immense plume argentée aux extrémités racornies, avant de plonger son regard dans un bout de bois tordu. Le bâton avait l'étrange propriété d'être transparent... Il se remémorait une histoire de gnomes lorsqu'on sonna. - Qui est là ? Demanda Ramrod sans sortir de sa rêverie.- Odyssée VII, monsieur. Je viens vous transmettre un message. - Entre...Il y eut un léger grincement, et le robot, à l'air humanoïde, entra dans la pièce avant de s'immobiliser droit comme un piquet. - Monsieur, votre présence est requise pour un sujet important. - Présence requise, bougonna l'humain, qui requiert ma présence ?- D.D, monsieur. - Pour ?D.D était une abréviation que Odyssée VII utilisait pour désigner « Dame Dounette ». Ramrod trouvait surprenante cette capacité du cyborg à imaginer des acronymes idiots pour désigner les membres de l'administration de Belthil. Il se demandait quel pouvait être le sien lorsque le robot reprit la parole. - Bonne question. On ne m'en a pas informé, mais il paraît que c'est important. - Bon, et bien... Le peintre se leva de son fauteuil qui émit un couinement, quand faut y aller, faut y aller ! Et où dois je retrouver ma douce D.D... heu... Dounette ?- Elle m'a demandé de vous retrouver devant la grande entrée devant les plaines. Il y eut un nouveau sursaut. - Ho nooon ! On ne va pas sortir par ce temps...**
Le cheval noir portant Ramrod atteignit la grande entrée quelques minutes plus tard. La voir déserte était un spectacle insolite... - Presque déserte...Dounette, montant un destrier blanc, sortit de l'ombre d'un bâtiment. Comme d'habitude, elle pouvait en partie deviner ses pensées à lui, comme il pouvait en partie deviner ses pensées à elle. - Dounette, ma douce... très content de te voir. Dis moi, pourquoi... - Comment trouves-tu ma nouvelle coiffure ? le coupa t-elle en lui souriant.- Heu...Elle le regarda en plissant les yeux. - Oui ? - Très très belle, s'empressa de confirmer Ramrod. Parfaite à vrai dire, comme toi, renchérit il avec un sourire. Mais... Tu ne m'as tout de même pas fait venir pour ça ? - Non, bien sûr que non, le visage de Dounette redevint sérieux, il y autre chose...Les deux Âmes Damnées sortirent dans la grande plaine en trottinant côte à côte. Les longues herbes fouettaient les flancs de leurs montures et des bourrasques de vent soufflaient avec vigueur tandis qu'ils s'éloignaient de plus en plus de la grande cité. Ramrod ne regretta pas d'avoir pris une chaude cape, sans compter sa petite sacoche sur l'épaule qui rebondissait contre son dos au rythme du galop de son cheval. Elle contenait des fusains soigneusement entretenus, du papier, une pipe sans tabac, une dague et quelques petites bricoles technologiques dont leur possesseur avait totalement oublié l'utilité. Au bout d'un temps, il reposa la question. - Et donc, que se passe t-il ? Il y a des endroits plus romantiques pour une promenade. - Mon chéri, je t'assure que nous ne partons pas en promenade. - Alors quoi ? Ne me dis pas que Teysa a encore fait muté un troupeau de chevaux ? La dernière fois, les charmantes créatures ont mangé une dizaine d'habitants avant qu'on trouve la formule pour les ramener à leur état normal... Sa voix se perdit en échos aux alentours.- Non. Il faut juste qu'on aille observer cette tempête au loin.Le destrier de Ramrod postillonna dans un mouvement d'humeur. Son cavalier se demanda pourquoi il était nécessaire de se déplacer pour une simple histoire de météo. Il aurait trucidé n'importe qui pour l'avoir emmené ici pour des fables d'une telle futilité, à grand renfort de coups de pinceau, mais il savait, il sentait que Dounette avait ses raisons. Ils continuèrent donc à chevaucher une bonne demi-heure, avant de s'arrêter sur une petite colline, qui leurs permit de contempler les montagnes bordant Echoriath. - Damné graal...D'ici, on pouvait prendre conscience de l'ampleur de la tempête qui frappait la région. La foudre s'abattait à diverses reprises toutes les secondes sur les cimes enneigées. Le bruit du tonnerre faisait trembler la terre et une intense lueur verte, lointaine, semblait provenir d'Echoriath. - Et c'est de pire en pire selon les analyses de nos instruments météorologiques. Apparemment, il se passe quelque chose d'inhabituelle là-bas, murmura Dounette, une moue inquiète sur le visage. J'espère qu'il ne leurs est rien arrivé de mal.Ramrod posa une main compatissante sur son épaule. - Je suis sûr qu'ils s'en sortiront très bien. Pour l'heure, il faut se concentrer sur cette tempête qui a l'air de se diriger vers Belthil... - Oui... Oui... Tu as raison. Il semble aussi, selon certains messages qu'Atalantë a été attaquée... - Ce ne sont que des pigeons envoyés par des aeliséens affolés, Ramrod la serra contre lui mais il regardait d'un œil noir le ciel sombre. Les attaques de pirates ou de monstres marins ne sont pas rares. Rentrons donc maintenant Dou'... Je perçois un mal dormant dans ces nuages...Mais à peine avait-il prononcé ces paroles que le tonnerre se tut et le vent cessa de souffler. Quelques secondes, les Âmes Damnées crurent se trouver au milieu d'une cathédrale, puis, il y eut une terrible bourrasque. Leurs chevaux d'habitude calmes se mirent à se cabrer dans tous les sens en poussant des hennissements de terreur. Ramrod faillit être désarçonné par une ruade mais tînt bon, et d'un unique mot, terrible, ordonna à sa monture de se tenir immobile. Cette dernière baissa la tête en signe d'asservissement. Elle tremblait, craintive. Dounette, elle, était parvenue à apaiser sa jument, à sa manière. Ramrod croisa son regard qu'il vit en un instant virer du blanc pur à sa couleur marron habituelle. Il voulut lui parler mais il remarqua que son attention était captée par autre chose... Il se retourna et contempla la tempête... Au milieu des nuages, des volutes rouges et jaunes se mêlaient dans des « chocs » aétheriques violents. Des étincelles crépitaient dans le ciel, à quelques kilomètres d'eux maintenant, alors qu'une immense marée de flammes avançaient au-dessus des plaines. On aurait cru que des dizaines de petits soleils voraces s'entrechoquaient à qui mieux, pour savoir lequel d'entre eux arriverait sur Belthil en premier. Dounette était à la fois émerveillée et terrifiée par un tel spectacle. Néanmoins, l'Âme Damnée gardait les idées claires. Elle fronça les sourcils et interpella sa moitié. - Ramrod ! Il est temps de part... MAIS ! QUE FAIS TU DONC ?! - Rien rien ma chérie... J'te demande cinq petites minutes...Le peintre était en train de griffonner à toute vitesse sur du papier, avec un fusain, un bout de sa langue dépassant au coin de ses lèvres, signe qu'il était concentré. Fiévreusement, son regard passait de la tempête à son croquis, auquel il ajoutait de plus en plus de détails. Le teint de Dounette vira au rouge. - Ramrod... - Oui oui... - On y va... - … - MAINTENANT !A contrecœur, l'Âme damnée quitta son ouvrage et tourna bride avant de partir au galop derrière sa moitié, non sans grogner. | |
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