Je pense la création

Artiste bégueule s’en va tout seul.

Il hurle, il feule, il s’exaspère, balance ses crachats et reste fier.
Il joue, il jouit, il fredonne, rigole et de pus se ballonne.
Il saigne, il bave, il éjacule, évacue ses miasmes en sales tentacules.
Il mange, il crache, il gerbe, avale cette pourriture qui forme la plèbe.
Il grince, il grogne, il râle, transforme sa rage en récital.
Il prie, il supplie, il ment, tente de croire aux boniments.
Il dort, il rêve, il s’indigne, vend des pigeons pour des cygnes.

Artiste bégueule s’en va tout seul.

Le créateur se veut seul juge de son œuvre alors que d'autres ploient sous les bavures d’une rapidité d’où est née trop de parjures. On ne se refait pas, et cela s’applique à tout. Puis-je tout refaire, alors ? Pourrais-je reprendre le pinceau que mon maître a laissé sur le côté, pour s’atteler à la sculpture ? Pourrais-je entamer la reconstruction de ce qui fut délaissé pour les mérité d’autres félicités ? Est-ce seulement trop demander ou suis-je encore dans le champ de mes facultés ?

Parce que du cœur moi j’en ai, à vendre, à acheter et à donner. J’y mettrais des étiquettes, pour le reconnaitre de loin quand il ne sera plus le mien. Et pour voir ce que vous en avez fait, je regarderais avec un sourire en coin. Sera-t-il encore à moi, ce cœur qui bat dans votre poitrine ? Ou sera-t-il le vôtre ?

A force de voter, j’en ai conclu à l’unanimité, que je m’en attribuerais tous les mérites. Car je suis vénal et matérialiste. Humain jusqu’au bout des ongles, j’en oublie même mes bonnes manières, lorsque d’argent, d’honneur ou de gloire je peux m’auréoler. Je me passerais la couronne moi-même si votre bras n’est pas assez fort. J’exécuterais moi-même vos frères si vous n’en avez pas la volonté. J’affectionnerais moi-même vos femmes si vous ne les désirez.

Et puisque j’en suis à refaire le monde, pourquoi ne pas rayer mes impuissances, celles qui font que je suis le disciple et pas le maître, celles qui font que je suis limité et imité, celles qui font que je suis penseur et non créateur. Car je me dois d’avouer que c’est par mes faiblesses que je me retrouve à me lamenter sur le fait ou non que je puisse ou non refaire ou non le monde ou un autre.

C’est tout de même génial ça. Je n’en arrive à rien, sauf à une introspection finale qui ne vaut pas plus que le revers du clou qu’elle m’a coûtée. Alors à quoi bon penser ? Si ce n’est pour panser les blessures qui nous parsèment, celles qui nous hantent et nous éparpillent. Le penseur était imparfait, le créateur avait été plus que parfait.

L’Artiste bégueule s’en va tout seul.

Aujourd'hui, je ne sais pas si la pluie vient ponctuer mon humeur ou si elle en est l'expression fantaisiste, un peu comme le brouillard exprimerait mes lendemains de nuits blanches et le soleil une joie particulière. Au final, je ne sais plus si je dois être content de voir le temps se déchaîner ou devenir morose de pas de chance.

Amis du soir; bonsoir.
Amis du matin; malin.

Citation :: La composition de l'armurerie est telle que la tartine dégouline, si vous n'avez pas conscience du débat polinéaire, il est inutile de chagriner votre peau de ces miasmes populaire; en effet, l'origami conviendra mieux aux enfants...

Arménan disait ceci "Si la pensée t'écœure, retire les doigts de ta bouche". Aujourd'hui c'est la zone mondiale qu'il me faut nettoyer, j'ai assoiffé les intendants pour ne plus les détendre mais ça revient; dramaturgicalement ils sont là.

Temporel anachronisme la faute va à qui de non-droit s'est attribué le mérite d'avoir sué la recette. Travailleur charitaire, sagittaire travailliste, c'est la fin des haricots, toutes les liaisons sont permises.

Patron de sommeil, c'est le dommage qui s'élève; sans trouvaille d'aucune sorte, on le cultive, sans trame de forme, on le culture. j'invite à présent les parangon d'écrevisses à manifester leur pérennité plénière sur l'étendue de vos litières...

Canaliste vain, c'est le quignon de justice qui tient debout les immondices porcins, autorité imponctuelle qui remet dans le désordre cette route à sens atypique. je m'explique; il pleut.

Et bah c'est pas demain la veille qu'on trouvera de la guimauve dans ma chambre, c'est moi qui vous le dit. Prenez le pour dit, ou ne le prenez pas, mais dans tous les cas, déposez le sur le carrelage, vous serez bien gentil. Les choses sont telles qu'elles sont, même si on aurait préféré qu'elles soient telles qu'elles étaient. J'en dis que c'est une histoire de temps. Qu'il pleuve ou qu'on soit jeudi, c'est du pareil au même puisqu'au final je ne sais plus s'il n'y avait pas déjà ce même jeudi pluvieux, jeudi dernier. A moins que ce ne soit mardi. Bah. Qu'est ce que j'en ai à foutre de toute manière.

[A suivre]

Surréaliste.

Ton premier texte possède encore du sens, le deuxième a largué les amares de la compréhension. Et bizarrement, c'est pas gênant.

Ce que j'apprécie vraiment chez toi, dans tes textes, c'est rarement le sens, mais toujours la forme. Tu possèdes un vocabulaire extrêmement riche, que tu es capable d'utiliser sans effort apparent. Tu jongles avec les mots, les sonorités. Tu t'en amuses. Et ca nous enchante.

Je me concentre sur ton premier texte, celui que j'ai le plus apprécié.

Ton introduction est géniales. Des phrases très courtes, rythmées, insolites, sensées mais spasmodiques...On se dirait en pleine litanie.
Là aussi, ta richesse de vocabulaire est impressionnante.

Le texte ressemble à ton style, quand tu décides de péter un plomb. Un peu comme ton apologie de la violence.

Tu as une vraie patte, Aillas. Ton style, ta manière d'écrire est reconnaissable entre mille. Bravo. Heureux

Pour moi, tu es un vrai artiste.

Il manque... Il manque... Toujours la même chose Aillas. Le pinceau d'un artiste ne s'éclate pas en couleurs sur sa toile à la manière d'une gerbe de sang lorsqu'on colle un coup de marteau dans la tête de son voisin. Tu me fais toujours penser au style de Goldmund, sauf que ce dernier maîtrise la plume et l'oriente vers les "points" qui structurent le sens. Tu t'éloignes, tu t'en vas trop loin. Les débuts sont toujours exceptionnels, fascinant et agréables à découvrir mais dans le temps, tes mots perdent de leur saveur. Je ressens même l'agencement forcé, l'image qui titille mais qui ne se couche pas dans ton pieu. A vouloir "trop" jouer avec les sonorités tu perds la justesse du propos. Une justesse sur laquelle tu devrais te pencher un peu plus. Avec tout le vocabulaire que tu travailles tu devrais parfois "préférer" le mot exact plutôt que la musique car à trop vouloir en faire, un peu comme dans n'importe quelle symphonie, on en perd en douceur par la destruction du sens.

Bref.

A chaque fois que je te lis, je m'emballe au début, et je lâche l'affaire ensuite. Non pas que ce soit difficile, mais les mots n'ont plus de sens et forcent les sons. Pourtant j'aime la musique dans les lettres, mais j'aime la musique "juste" - subjectif certes -, mais ralentis ta cadence, la concision et la précision sont des atouts aussi intéressant que les consonnances et alitérations, dont j'avoue être friand quand même chez toi, même si je met un doigt là où ça cloche.

@+ sous l'bus p'tit père.

Merci à tous les deux :heart:

Alors je crois que j'ai fini par comprendre le pourquoi de ces textes. Je prends mon clavier, comme ça sur un coup de tête, et puis je me mets à évacuer tout ce que j'ai à grands coups de mots salvateurs. C'est un peu comme si je m'enlevais à la main mes petites souffrances personnelles en une explosion insensée. Parce que ces textes n'ont -vous avez bien raison- pas ou peu de sens.

Moi-même je me perds et laisse à peine une trame déformée et un fil rouge tout délavé. Mais ce que je recherche est atteint à chaque fois; l'exutoire. Et pour ça, je prendrais toute l'incompréhension du monde dans mixer et le mangerais à la petite cuillère.

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