Le décompte. Chaque jour, ça recommence. Monotone, habituel. Personne n'y fait vraiment attention. Personne sauf moi, je crois. 8 heures du matin, dans le bus.
- Maman... Regarde comme il est bien habillé, le monsieur !
"Blanc"
Je somnole sur mon siège, perdu dans mes pensées.
- Normalement les jeunes laissent leur place aux vieilles personnes !
"Noir"
Je ne réponds pas. La grand-mère est déjà loin. Je ne fais pas vraiment attention aux autres, en général. Mon arrêt. Je descends lentement. Un collègue sur le trottoir d'en face me fait signe, puis traverse.
- Alors François ? La forme ?
- Bof, pas terrible réponds-je
- Hé bah, petit père... Faut prendre des vacances, ou tu vas tourner en face de fantôme. Il sourit.
- Je sais pas...
- Bon je te laisse... Bonne journée, hein...
"Noir"
Réponse de merde. La matinée passe, lentement, elle aussi. Pause de midi... L'instinct de conservation reprend le dessus quand je croise le patron.
- Bonjour monsieur
- Ah, Bonjour François ! Vous allez bien.
- Oui, merci. Et vous?
- Bien, bien, je vous remercie.
"Blanc"
L'après-midi. L'instinct de reproduction, cette fois-ci
- Excusez-moi ?
- Oui ? Las. je lève les yeux. Heu... Oui? Motivé et énergique.
- Je peux vous emprunter votre agrafeuse?
- Bien sûr... heu ? Léger silence
- Charlotte. répond-elle
- Enchanté, François. Souriant.
- Je vous la ramène tout à l'heure, François.
- Pas de problème !
"Blanc"...?
La journée se finit. Je rentre chez moi. Affalé dans le canapé, j'argumente tout seul sur mon décompte. La balance penche d'un côté...De quelle façon les gens autour de moi m'ont-ils perçu ? Je fais mon total... je crois que j'ai été bien, aujourd'hui. Mais au final, toutes ces actions se mélangent... Alors, aujourd'hui, comme les autres jours, j'ai été gris... Anthracite?