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 Défenseur

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Aillas
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Aillas


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MessageSujet: Défenseur   Défenseur Icon_minitimeMer 9 Juil - 0:46

Les graviers du chemin crissaient sous ses semelles de cuir. Il avait l’allure lente et posée de l’homme réfléchi. Ses yeux se posaient successivement sur les barbelés enroulés du mur d’enceinte du centre militaire naval qu’il longeait, sur le chemin caillouteux qu’il empruntait, et sur les peupliers qui lui faisaient face. Dans son manteau noir de laine, il avait chaud et s’en félicitait. L’air avait cette teinte bleutée et grise de la froidure hivernale.

Enzo fouilla dans la poche de son pantalon gris et en ressorti la main agrippée à un briquet et un paquet de tabac. Tout en marchant, il se roula une clope, l’alluma et exhala un large et léthargique nuage de fumée. Il était neuf heure du matin et le sommeil venait d’être chassé de ses yeux bruns d’un ultime clignement d’œil.

Machinalement, il jouait avec son briquet, provoquant de temps à autres étincelles et flammèches. Il n’avait qu’une envie pour le moment et c’était d’arriver au Bistrot des chardons pour boire un café long et lire le journal du jour. Il marchait sur le Chemin des chardons, à côté du Camp des chardons, pour aller au Bistrot de chardons. C’était typique des immigrés en mal du pays de marquer ainsi la terre qui les accueillait. Heureusement, les écossais du coin ne valaient pas tripette comme nationalistes intégristes. Ils étaient semblables à de lourds chiens de meute ayant perdu leur foyer et leur maître ; un peu maussades et fatigués. La majorité de la communauté était sociable et s’adaptait royalement à la vie française.

Arrivant devant le bistrot, Enzo poussa la porte de bois aux petits carreaux de verre décorés de rideaux de toile carrelée de blanc et de vert. Avec l’assurance de l’habitude, il se dirigea vers le comptoir et commanda un café et le journal. Clyde vint le servir avec un regard profond et affecté qui en signifiait long ; il avait quelque chose à lui dire, et pas en publique. Enzo soutint vaguement son regard avant de baisser les yeux pour boire une gorgée de sa tasse et déplier l’Ouest-France du matin. Il passa rapidement sur les pages sportives, l’actualité et les badinages de voisinage -en notant tout de même que le quartier des chardons devait bientôt se renommer en quartier maritime-, pour s’attarder essentiellement sur les offres d’emploi à Nantes. Piégé entre baby-sitter et chaudronnier, Enzo fut contraint de fermer le journal et de le repousser sur le côté en maugréant. Il finit sa tasse d’une dernière gorgée amère et caféinée, et se détourna du comptoir pour aller dans le coin droit du fond du bar pour franchir la porte de service, débouler dans la ruelle attenante au bar et s’asseoir sur une pile de caisses de Heineken vides. Il attendit quelques minutes en se passant la langue sur les dents, regrettant de n’avoir pas eu de brosse à dent depuis quelques jours.

Au bout d’un instant, Gowan sortit du bistrot par la même porte et lui donna un petit bout de papier, un sourire enjôleur digne d’une speakerine et repartit aussi sec. Enzo lu l’inscription que présentait le papier, le rangea dans une poche, sortit son paquet de tabac de l’autre, se roula une nouvelle cigarette, l’alluma et ressortit le papier pour le relire.

« Toute la mâtinée : Quai de la fosse, 26 bis, deuxième étage »


Il grommela doucement. Le Quai de la Fosse était une des zones les plus fréquentée de Nantes, avoir son rendez-vous là-bas était on ne peut plus indiscret et ne lui convenait pas du tout. Néanmoins, il y a des jours où il vaut mieux agir pour son portefeuille que pour son confort habituel. Lundi. C’était exactement ça…

Pas vraiment discret, ni trop voyant dans son pull gris, Enzo se fondait dans la masse du tramway. Un passager de plus dans un univers uniforme. Il resta néanmoins debout tout le temps du trajet, préférant les secousses au douillet siège proposé par la TAN. Arrivé à Chantiers navals, il sortit du véhicule pour se repérer brièvement. A dix heure vingt le lundi, la foule était dispersée et peu nombreuse, donnant ainsi un peu de contentement à Enzo qui commençait déjà à se diriger vers son rendez-vous.

Ce fut avec une satisfaction toute particulière qu’il constata que l’immeuble bourgeois qui l’attendait était tout sauf bondé. Il monta jusqu’au premier étage par un escalier de bois usé et défraichi avant de s’arrêter sur le pallier et de sortir son calibre de sa poche. Adossé au mur, il enclencha une à une les balles dans le chargeur avant de l’emboiter dans la crosse et d’enlever la sécurité. Enzo plongea la main dans ses poches pour en retirer son paquet de tabac et un silencieux. Il vissa le second sur le canon de son arme avant de se rouler une clope du premier. A dix heure quarante deux, il alluma sa clope en chantonnant « Mon nom est personne » de Ennio Morricone.

Après avoir écrasé son mégot sous sa chaussure, Enzo entama l’ascension de l’escalier menant au second étage. Il n’y avait à cet étage qu’une seule porte, ce qui expliquait le manque d’indications du papier. Il ouvrit la porte qui n’était pas fermée et entra dans l’appartement. Celui-ci était de mauvais gout et sentait le vieux et l’antiquaire. Rien que le papier peint et les sculptures murales mettaient Enzo mal à l’aise. En ouvrant plusieurs portes et en jetant dans chacune un regard, il finit par arriver dans le salon où il pu trouver son homme qui lisait le journal. Par manque de bol, ce dernier était dans un fauteuil positionné face à la porte et il fit un bond sur le côté lorsqu’Enzo pointa son arme sur lui et tira deux balles. L’une se perdit dans le cuir du dossier et l’autre dans le cuir de sa jambe. L’homme gémit un peu avant de crier un « Pourquoi ?» suppliant.

Enzo regardait sa proie avec un désintérêt morne, constatant que son tir aurait pu être moins précis. Il répondit tout de même, par courtoisie.


-Parce que vos ambitions ne plaisent pas aux écossais, tout simplement.

Le blessé haletait.

-Juste pour ça ?

-Bien sûr, je viens de vous dire que c’était simple.

-Mais c’est stupide !

Enzo haussa un sourcil.
-Stupide ?

-Mais bien sûr ! Les écossais sont une minorité, ils n’ont pas de droit ici ! Ils ne sont rien, rien du tout !


Il abaissa son bras armé et fit deux pas en avant, vers l’homme qui perdait lentement son sang.
-Qui suis-je ?

-Quoi ?

Enzo cria.
-Qui suis-je ?

-Heu. Et bien. Vous êtes un mercenaire ?

Enzo feula soudain, franchit les derniers pas qui le séparaient de sa proie et l’agrippa par le col pour le soulever face à lui. Sa colère empêchant son bras de trembler mieux que des années d’entrainement.

-Je suis un défenseur, crétin !

-Un dé… défenseur ?
Demanda la proie avec incrédulité.

-Un chasseur de morale, un justicier contemporain, un prétorien de la plèbe.

-Vous êtes fou…

Enzo le lâcha, il posa le canon de son arme sur la tempe de l’homme et appuya sur la gâchette. Avant de partir il tomba sur la page que lisait sa proie avant qu’il n’arrive. Il y avait un cercle rouge fait au marqueur autour de l’article proclamant que le Quartier des chardons serait renommé en Quartier maritime grâce à un certain Poitevin Dominique. Il haussa les sourcils par une surprise légère et innocente.

-Alors c’était pour ça ?

Et il sortit de la pièce. Il entra dans la cuisine, s’assit sur une chaise, sortit de sa poche son paquet de tabac, se roula une cigarette et l’alluma. Il se dirigea vers la gazinière, ouvrit le gaz à fond puis enfonça le journal dans le grille-pain avant de le mettre en marche. Enzo sortit prestement de l’appartement de Poitevin et descendit très vite les deux étages de l’immeuble pour mettre le plus possible d’écart entre lui et l’explosion à venir. Qui souffla telle une bourrasque le Quartier maritime.

Enzo faisait parmi des rares personnes à faire partie du cercle des défenseurs. Ces hommes avaient pour ordre de restaurer la fierté des peuples brimés et mettent en péril leur vie pour la défense de ceux-ci. Les défenseurs n'étaient pas désignés, ils se désignaient tout seuls. C’était la particularité qui rendait leurs actions parfois discutables. Se mettre au service de ces communautés représentait pour eux la seule raison de vivre et les façons dont ces communautés les exploitaient faisaient rarement l’unanimité des population locale.

Les écossais du coin ne valaient pas tripette comme nationalistes intégristes, mais lui, si. Et personne ne le comprendrait jamais...
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Soluno

Soluno


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MessageSujet: Re: Défenseur   Défenseur Icon_minitimeMer 9 Juil - 1:14

Rha... Super ! Je ne me lasserais jamais de tes histoires toi !

Le petit coté jfaischiertoutlmondeetj'vousemmerde, comme d'hab, c'est génial que tu trouves toujours un truc à 'dén(f)oncer' comme ça. Le suspens, que tout le long on se demande qu'est ce qu'il fout de sa vie ce gars, et pis après on comprend (ou pas). Et pour finir le pseudo MSN qu'on est perplexe devant jusqu'à ce qu'on arrive ici.

Ca faisait longtemps que t'écrivais plus, et maintenant que tu t'y es un peu plus sérieusement remis, sérieux, ça fait plaisir ! Encore \o/

Sur ce, je vais direct à la case dodo, sans lire mon petit chapitre du soir (à demain, Dieu et nous seul pouvons ^^), t'es vraiment trop fortiche mec =D


Dernière édition par Soluno le Mer 9 Juil - 1:54, édité 1 fois
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Franz

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MessageSujet: Re: Défenseur   Défenseur Icon_minitimeMer 9 Juil - 1:52

Woaw, c'est vrai et je reprends les thermes précédents, j'adore tes petites histoires.
C'est très bien écrit encore une fois mais bon, honnêtement, ce n'est pas ton meilleur texte, c'est déjà du très bon, mais j'ai lu des choses que tu as écrites, bon sang, ça retourne le cerveau.

:heart:
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MessageSujet: Re: Défenseur   Défenseur Icon_minitimeMer 9 Juil - 2:16

Très Heureux J'aime, en plus je m'y repère facilement dans cette Histoire!
toujours ton style à toi, direct et efficace!
Ce n'est pas mon préféré mais j'aime bien!
Ecrire te réussi continue AIllas =)
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MessageSujet: Re: Défenseur   Défenseur Icon_minitime

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