L'arrivée

Jadis on l'appelait Axel, le Lombard. Sa renommée allait bien au delà de la Plaine et des Montagnes septentrionales qui l'avaient vu naître. Il avait fait route durant des années avec ses compagnons d'infortune.


Face aux murailles de Ter Aelis, il fut assailli par un vague sentiment.

Combien de villes avait-il déjà pénétrées ainsi ? Combien de vie s'étaient écoulées depuis... depuis ce jour maudit où...

Une brise marine souleva son vieux et long manteau, laissant apparaître son corset de cuir ouvragé, siège de son Orfèvre.

Jadis...

Un beau jour de printemps il fut envoyé au Séminaire de l'Ordre du Loup. Comme la plupart des premiers nés de fière extraction, on voulu faire de lui un Prélat. A ceci près qu'il n'était pas vraiment de si haute lignée que celà. En fait son père, l'Orfèvre devenu éleveur, et seigneur d'une terre sèche et glacée, entrevit la fierté d'avoir un fils qui put se hisser un jour au rang des plus hauts dignitaires de l'Ordre.

Axel saurait faire un bon étudiant, lui qui rendait grâces dès son plus jeune âge aux forces du Nord, aux Loups et au Vent.

L'homme s'ébroua... il n'avait plus pensé à ce jour sombre d'hiver depuis bien longtemps. Il avait su apprivoiser ses colères et ses peurs pour en faire un cri de guerre, une bravade à la Mort, à chaque fois qu'il dut dégainer son épée.

Et pourtant le souvenir était toujours aussi douloureux.

Le corps de son père, étendu et maculant de carmin la neige de son parvis. Tout le reste avait brûlé. Gens, maisons, mère et soeur, cheptel, atelier... La seule créature vivante qu'il trouva fut une zibeline accrochée à un collet dans la basse court.

Cet animal, qui venait régulièrement tourmenter son père lors de ses raids nocturnes, était enfin tombé dans le piège.

Machinalement Axel s'était dirigé vers le corps blessé et piaillant du petit animal. Il ôta son gant pour le ramasser afin de l'égorger.

Cependant le contact de la fourrure eut un effet étonnant sur lui. En un instant il se revit enfant, courant dans la neige vers son père. Sa mère l'attrapa en pleine course pour l'embrasser. Le nez de l'enfant vint alors se nicher dans la tiédeur du col en fourrure de sa mère. Une fourrure de zibeline.

Axel avait soigné et nourrit le rongeur pendant des jours, détournant sa peine jusqu'à ce qu'il fut capable de quitter les ruines. Le jour vint où il libéra la créature et s'en alla vers la Plaine, reconquérir sa vie.


En chemin, il fit de nombreuse rencontres, des bonnes et des moins bonnes. Il croisa le fer et terrassa plus de monstres et d'ennemis qu'il ne saurait jamais s'en souvenir. Ses aventures le conduisirent jusqu'aux Portes de l'Enfer, et même une fois au-delà... Mais il ne se souvenait plus très bien de cet épisode. Il savait juste qu'il en était revenu avec un étrange tatouage sur le torse :


Une autre brise.

Axel sortit de sa rêverie. Autour de son cou une onde chatoyante se mut. Les yeux luisants et le nez fin de la zibeline se dressèrent en direction de la porte de la Ville.


"Allons-y ma vieille Alyster ! Qui sait ce qui nous attend derrière ces nouveaux murs !!"

Le vent froid avait murmuré ce matin ... Une onde, un frisson ... le chuchotis était léger, mais pour l'âme damnée, le message était clairement passé; un être des anciens temps se dirigeait vers sa cité. Fermant les yeux, elle parvenait même à le distinguer, comme une illusion au delà de ses paupières. Elle le voyait, lui, légèrement titubant sous le fardeau de sa vie, sous un passé rempli d'une horreur qu'aucun être humain ne pouvait sereinement accepter. Elle le voyait, lui, mais également les ombres qu'il traînait. Sa venue aurait des conséquences. Bonnes ou mauvaises? Seuls les augures pourraient le dire, mais l'âme damnée ne pris pas la peine de les consulter ; il n'y avait plus rien à faire : les murailles de Belthil se profilaient déjà à son horizon.

Le temps était venu.

"Ouvrez les portes !". Les gardes dévisagèrent Dounette d'un air interrogateur; ils n'avaient pas entendu le gong signalant l'arrivée d'un voyageur tardif.

Mais lorsque les immenses portes d'acier s'ouvrirent, tous purent voir une silhouette solitaire se découper sur le ciel couchant de la plaine.

Dounette s'approcha, d'un pas léger. L'air sombre du voyageur cachait une personnalité lumineuse, l'âme damnée pouvait en sentir le chaud rayonnement. Un sourire éclaira son visage. Les augures n'auraient pu être plus sur qu'elle à cet instant : l'Homme apporteraient de bons changements. Sa présence sera une joie et son talent ralimentera les étincelles vascillante.

Passant une main légère sans la fourrure du petit animal accroché à son cou comme un alter ego, Dounette leva les yeux vers Axel :

"Bienvenue".

HRP : Bienvenue jeune homme ! je me permets de t'indiquer le lien de notre table d'orientation. Amuse toi bien en Ter Aelis, et n'hésite pas à poser tes questions aux gardiens ou à moi même, si tu as le moindre problème.

Oh! Il a un animal de compagnie. Comme moi et mon petit moustique. Serait-ce un grand frère? Non, non. Trop sombre, trop marqué par les batailles, physiques, morales. Ce regard... Il donne des coups de dents.

- Bonjour Axel. Bonjour.

Ce regard, Temple. On y voit brûler les métaphores de l'Enfer. Et ces murmures lancinants, ce glissement de lame.

- Qu'est ce qu'on va faire de vous? Vous n'avez pas l'air d'aimer danser.

Pas de réaction. J'aurais dû prendre une autre rue. Une plus sombre, certes, mais une autre. Je vais sûrement déménager, si j'obtiens le poste. Allons, le curriculum était tâché d'encre, mais c'était la meilleure feuille.

- Vous semblez venir du Nord. C'est plein d'animaux étranges, le Nord. Il doit y avoir beaucoup de marmottes comme la vôtre.

Ca n'a pas l'air d'une marmotte.

- On dirait qu'elle est douce. Vraiment, drôle d'animal. Oh, j'oubliais. Je devrais en quelque sorte vous accueillir. Je l'ai déjà fait, vous savez. Soit on s'attache, soit on poursuit son voyage. Mais beaucoup considèrent Ter Aelis comme un havre passager. Les résidents ne s'en plaignent pas ; nous raffolons des histoires. Etes-vous poète, peintre... Guerrier...? Il n'y a pas de place pour la guerre ici. Vous vous y ferez. respirez, voilà. Vous paraissez brûlant. La fièvre? Le Monde est vaste, regorge de bibliothèques, d'universités, de mécènes bienveillants... et d'âme damnées.

Damnées. Ce mot a provoqué une réaction chez cet interlocuteur vagabond. Oh, Temple, Dounette, Ramrod (d'autres?) auraient-il commis un quelconque sacrilège? On dirait un messager. Plutôt du genre à transporter des linceuls embrasés.

- Bon, bon. Bon. Soyez le bienvenu, Monsieur. Allez, le moustique, dis bonjour.

Un son strident, celui de Nicopo, d'ordinaire si timide (sauf lorsqu'il s'agit d'aspirer le suc des fées).

- Iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

- L'est timide.

Je laisse là ce rôdeur conquérant. Avec son étrange fraction sur le torse. Sans doute un irréductible.

Quel accueil attendait donc les voyageurs !!

Un émissaire, de haut rang semblait-il, vint le recevoir aux portes mêmes de la Cité.

Des gardes aussi raides qu'impressionnants observèrent le Lombard faire ses premiers pas dans l'enceinte fortifiée.

Puis se fut autour d'un étrange personnage de lui tourner autour. Il
semblait à l'image de cet espèce d'insecte qui lui satellisait autour.
Quelle mouche l'avait bien piqué ?! Etait-ce un quelconque saltimbanque
? Un conteur ? un bien pensant ou un page facétieux ?

Quelque peut décontenancé par l'architexture de l'endroit, Axel ne fit
pas bien attention à ce que lui racontait son guide, jusqu'à ce
qu'Alyster donna un coup de patte pour écarter le gros insecte trop
curieux.

"Plait-il ? Vous me voyez navré ! je suis éreinté par un long voyage,
ainsi pardonnez-moi si je ne me suis pas montré courtois... C'est
que... quel étrange libellule vous trainez là ??!! Je n'en ai jamais vu
de semblable !"

Axel tenta de garder toute sa contenance quand la bestiole s'approcha
de lui. Il réfrénait du mieux qu'il pouvait un réflexe chirotracteur
visant à chasser l'importun.

"Dites-moi, mon bon ami. Jadis je fut, entre autre, guerrier. Mais ça
vous l'aviez sans doute devinez à mon port d'armes. Sachez que je garde
cette parure lors de mes voyages, ne vous méprenez pas sur de
quelconque ambitions belliqueuses. Mes guerres étant finies, j'ai
ensuite pu exercer tout un autre art, requérant également finesse du
geste puisque je fus maître Orfèvre. Ma richesse étant faite au delà de
ses lointaines montagnes, mon échoppe étant devenue grande et belle
manufacture, je n'avais plus grande satisfaction à rester bras croisés.
Ma nouvelle quête est, dirons-nous plus... prosaïque ! M'ont été
contées les merveilles et les fastes de votre Cité, ainsi que la
richesse de ses Bibliothèques, Collèges et Académies. Pourriez-vous
m'entrainez jusqu'à un maître lettré, que je puisse apprendre de vos
arts ?"



Merci pour l'accueil, ça fait plaisir ^^ Je pense que j'aurai besoin de pas mal de temps pour prendre mes repères dans ce labyrinthe !!!(et je crois que j'ai un petit souci de mise en page pour commencer ...)