Souffrances incertaines.

Cela fait bien longtemps que je n'avais souffert,
Aux tréfonds de mon coeur, d'une passion si forte,
D'un sentiment si grand que l'amour que je porte,
Comme un bel étendard à cette triste affaire.

L'amour n'est pour moi qu'un bourreau éternel,
Lacérant, détruisant, toute sincérité
Que pourrait procurer la réciprocité
D'un plaisir si lointain du seul désir charnel.

Je souffre en ne sachant si ces regards lancés
Sont le fruit du hasard, s'ils me sont destinés.
Jours et nuits ses yeux noirs occupent mes pensées,

Et provoquent en moi des pleurs inopinés.
Que ne donnerais-je pas pour connaître son coeur,
Savoir si elle m'aime ou s'il faut que je meurs.

Une récente étude à démontré que les poèmes de chikoun aident à la digestion. Celui-là errait sans commentaires, le scalpel et l'écarteur déposés sur un plateau d'argent.

La rythmique, tout d'abord ; 'une sentiment en vers 3' qui allonge le pied d'une syllabe.
Etrange féminisation du sentiment et du bourreau (vers 5) ; je pense qu'il s'agit de coquilles. Le vers 6 vient rompre le rythme avec seulement 11 syllabes (peut-être l'ajout d'un gérondif 'En lacérant, détruisant...' rectifie le tir sans rompre le sens). Le vers 14 serait à retravailler selon moi, on dirait que le 'Et provoquant en' est posé là juste pour atteindre ton compte de syllabes. 'Les yeux noirs provoquent en moi'. Une suggestion : Et ils provoquent en moi des pleurs inopinés (si on parle des yeux). Enfin dernier vers, 's'il faut que je meure' (utilisation du subjonctif présent). Le 'Lacérant, détruisant... Jusqu'à charnel' est une succession de douceurs (allitération en se, ce, ch) encrassée de coups blessants et dur (allitération en p/t) témoigne de l'ambiance ambiguë du sonnet.

La thématique : je reconnais bien là le jeune homme plein de bonnes attentions, qui développe des sentiments pour une fille, n'ose lui avouer, lui parler, même. Chacun des regards est une bénédiction (ces regards, ses yeux noirs) mais au fond apporte plus de souffrance que de réjouissances. Je crois que chacun de nous possède une histoire similaire, la communication par signes évocateurs, mais l'incompréhension de ne pas avoirs les sentiments réciproques en face. C'est donc un poème sur l'amour platonique, sur la Passion proprement dite, 'loin du seul désir charnel' comme tu le dis. L'obsession d'une personne qui nous hante, qui nous accompagne dans nos rêves sans le concrétiser réellement, entraînant son lot de jalousies, de déceptions et de tortures. Mais cette souffrance est d'une incroyable beauté, puisqu'elle dévoile en nous de profonds ressentis, simplement dans nos espérances et non pas dans le complexe système hormonal qui brouille parfois les vérités. Dans le 'fruit du hasard', je lis une référence biblique au péché originel, la peur d'aimer ouvertement, de subir de quelconques moqueries. Mais au fond, on sent que le message passe, en douceur, d'un amour qui blesse mais demeure.

Un essai autobiographique mais tellement réel sur le paradoxe de sentiments, malgré quelques difficultés à rentrer dans la métrique du sonnet et l'effort à se maintenir dans un carcan d'alexandrins. Quelques améliorations sont à apporter pour une plus grande fluidité, l'ensemble reste correct.

les féminims étaient des coquilles de recopiage.

Le "et provoquant" étant aussi une coquille, et est en faits "et provoquent"



Je maitrise assez mal la conjugaison du subjonctif, je l'avoue. Merci.



Pour ce qui est du vers 6...


"La|cé|rant,| dé|trui|sant,// tou|te| sin|cé|ri|té"
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Parfait, donc.



Merci pour tes nombreux commentaires, je te promets de te faire ca soit ce soir, soit la semaine prochaine pour Cendres ; je te dois au moins ca.

Bon.

Ton poème suscite une lecture fluide, rapide, ce genre de lecture où on peut pas s'empécher de se dire "oh c'est mignon".

Pour être honnête avec toi, je n'aime pas. C'est trop "la vie est rose et les oiseaux chantent" et c'est un théme assez vicieux puisque l'auteur doit faire en sorte que son poème soit original pour ne pas tomber dans le stéréotype. Assez original pour éviter de tomber dans la caricature qui quand on touche à ce sujet-là, se transforme en niaiserie terrible. Quand je lis ce poème, je pense à une adolescente torturée par sa vie iddyllique, qui se complait dans sa "déprime du vendredi soir" ou qui se lamente sans cesse à cause de ses amours de collège. Et moi, ça m'empéche d'aimer ce poème. Tu sais pourquoi ? Parce que tu es capable de faire tellement mieux, j'en suis sûre et certaine. Certains font des poèmes ou des textes dénués d'originalité et pourtant qui touchent des sujets universels. Mais toi, tu ne fais pas partie de ces gens-là sauf ici. Tu as les bases, tu connais les règles à suivre concernant la poèsie et tu as un vocabulaire riche dans l'ensemble. Mais tu ne fais pas en sorte que tes poèmes soit plus que ça. Ca ne fait pas décrocher des mâchoires ou mieux, faire pleurer. Je t'en voudrais presque pour cela, alors s'il te plait, fait quelque chose d'extraordinaire, tu peux le faire, évite les clichés. D'autres ont fait cela bien avant toi, propose quelque chose qui fait ésperer tes lecteurs, qui ferait presque changer notre vision des choses, va plus loin...

Je sius d'accord pour dire que ce sujet est un peu rebattu, mais de la à dire qu'il n'a aucun intérêt... J'aime beaucoup, ne serait ce que par la fluiidité du style.